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9 mars 2019 6 09 /03 /mars /2019 14:53

La tapisserie de La Paix, 1993, d'après Marc Chagall par Yvette Cauquil-Prince au Musée du Pays de Sarrebourg.

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Voir aussi dans ce blog :

Et voir aussi sur les tapisseries :

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PRÉSENTATION.

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Cette monumentale  tapisserie de basse-lisse tissée dans les ateliers d'Yvette Cauquil-Prince mesure 4,71 m de haut et 6,96 m de large et occupe entièrement le mur placé devant l'escalier du musée. Elle a été réalisée pour la ville de Sarrebourg d'après la gouache préparatoire pour le vitrail La Paix de l'ONU à New-York posé en 1964.

Elle a été inaugurée en 1994 pour son entrée au musée du Pays de Sarrebourg.

Comme toute œuvre de (d'après) Chagall, elle peut être admirée et étudiée selon divers points de vue.

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Tapisserie La Paix, 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix, 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

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La signature ou mention de Marc Chagall.

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

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I. LA CONTEMPLATION FESTIVE.

 

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Avant toute analyse, le degré zéro de la lecture c'est l'accueil de cette grande palette de couleurs, l'entrée dans sa danse, l'écoute des mélodies de  son monde intérieur, la plongée dans ce Monde Bleu où nous attendent, au gré ravi de notre regard, sur des plages multicolores, cent motifs familiers. 

Ils nous sont familiers parce qu'ils ressemblent à ceux de nos Abécédaires, A comme Âne, C comme Coq, L comme Lion et S comme Serpent : la joie de leur retrouvaille vient de nos enfances.

Mais ce sont aussi nos vieilles connaissances car ils proviennent du Bestiaire d'oncle Chagall, qui nous les apprivoisés, à moins que ce soit nous qui ayons été charmés et envoûtés de les avoir vu dans tous les grands musées, les grandes expositions du monde ; pour ma part, c'est une connivence avec ma visite du MUba de Tourcoing, de la Piscine de Roubaix, du FHEL de Landerneau, des vitraux de Reims et de Metz,  et, surtout bien-sûr, du vitrail de L'Arbre de Vie des Cordeliers de Sarrebourg, dont je sors à peine.

Nous somme face à ce large sourire du Beau, toujours mystérieux et inépuisable par la fascination qu'il exerce en nos cœurs, mais ici aussi toujours amusé, malicieux,  gentil et tendre. Son doux venin, flèche d'un Cupidon de l'art, pénètre par notre œil, nous étonne l'âme, impose à notre intellect le silence, et, sous ce baiser, par haut miracle spéculaire, fait surgir sur nos propres lèvres le divin épanouissement de la béatitude.  Mais tellement tient mes esprits raviz, En admirant sa mirable merveille ...

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CLIQUEZ SUR L'IMAGE POUR ACCÉDER À LA BALADE.

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Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

 Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

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II. EN FAIT, C'EST D'ABORD UNE TAPISSERIE...

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Une tapisserie est une traduction en fils de laine, soie, lin, d'une composition dessinée ou peinte par un artiste. La plupart des artistes donnent une œuvre au maître d'œuvre qui en fait le carton. L'œuvre est ensuite donnée aux artisans lissiers qui respectent scrupuleusement le carton du maître d'œuvre.

On nomme « maître-tapissier » ou mieux « maître d'œuvre en tapisserie» l'auteur des cartons et superviseur des lissiers , c'est l'auteur attitré de la tapisserie. Celle-ci, qui a le statut d'œuvre d'art, ne peut être tissée à plus de six exemplaires à partir d'un carton et porte (sous forme d'un bolduc) la signature du maître-tapissier. On peut nommer Jean Lurcat et Dom Robert.

1. Yvette Cauquil-Prince.

La tapisserie La Paix est donc l'œuvre du maître d'œuvre en tapisserie Yvette Cauquil-Prince (1928-2005). Cette peintre d'origine belge a pris la nationalité française en 1972.  Née à Damprémy, elle a d'abord étudié la peinture à l' Académie royale des beaux-arts de Mons de 1943 à 1948 ; puis pendant trois années, de 1959 à 1961, elle est initiée à la liberté du tissage dans l'atelier expérimental créé par Pierre Wemaëre, rue Saint-Denis qui y supervise la réalisation d'une tapisserie de 14 m de long, Le Long Voyage . En 1961, s'inscrivant dans la tradition des lissiers flamands dont le rayonnement dans toute l'Europe au XVe et XVIe siècle fut immense, et qu'elle découvre au Musée de Cluny ou au Louvre, elle crée son propre atelier, l'atelier du Marais rue des Blancs-Manteaux, sur des métiers de basse-lice en créant une codification originale des cartons. Le lissier n'est pas interprète, il exécute le carton mis au point par Y. Cauquil-Prince. S'inspirant des techniques de tissage des lissiers du XVe au XVIIe siècle, mais aussi des tissages coptes de l'Égypte du début de notre ère, elle en reprend les procédés de tissage dans la forme, de hachure, dégradé, trames de différentes épaisseurs. 

 

Elle installe ensuite son atelier en Corse. Elle est connue pour sa longue collaboration qui la lia à Marc Chagall, avec lequel furent créées 40 tapisseries, mais elle réalisa également des tapisseries d'après Braque, Brassaï,  Max Ernst, Emile Hecq, Kandinsky, Klee, Xavier Lalanne, Fernand Léger, Henry Miller, Picasso, Nicky de Saint-Phalle et d'après ses propres œuvres. Elle a exposé  à Charleroi (Belgique) (1973), à Philadelphie, Milwaukee et Los Angeles (Etats-Unis) (1978), aux musées de Heidelberg (Allemagne) (1979 et 1991) et de Guéret (1979), au Centre de Teschigara à Tokyo (Japon) (1981), à l'abbaye de l'Epau (1983), au musée de l'Athénée à Genève (Suisse) (1985), à la Chapelle des Cordeliers à Sarrebourg (1991 et 1994), en Finlande (1992), en Espagne (1993), dans trois musées au Japon (1996), à Marseille (1996), à Liège (Belgique) (1997), au Mans (1997), à Karuisaroa (Japon) (1998), à Vienne (Autriche), à Balinguen (Allemagne) (2000) et à New-York (Etats-Unis) (2001-03), au musée de Sarrebourg (2005); Elle fut administrateur du musée national Marc Chagall à Nice à partir de 1973. 

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2. Yvette Cauquil-Prince et Chagall

Encore étudiante, Yvette Cauquil-Prince rencontre Marc Chagall par l’intermédiaire de Madeleine, la femme d’André Malraux, alors ministre de la Culture. « Je me suis rendue à son atelier, avec un Picasso sous le bras. Chagall était vert de rage. Il a dit : " Elle a osé amener l’Espagnol chez moi !" Il a tourné les talons… Puis est revenu en demandant : "Évidemment, Picasso est un génie, vous lui donnez tout votre cœur. Vous pourriez faire de même pour moi ?" ». Sa première réalisation en fut la transposition  d'une de ses lithographie, La Famille d'Arlequin (1965), débutant une collaboration qui n'a son égal qu'avec celle entre Chagall et les maître-verriers Charles Marq et Jacques Simon de  l'Atelier Simon Marcq à Reims.

"La première tapisserie de Marc Chagall est commandée par le gouvernement israélien pour la décoration de la Knesset (le Parlement). Amorcé à partir de 1962, lors de l’inauguration des vitraux de la synagogue d’Hadassah, le projet prend rapidement la forme d’un triptyque de tapisseries, élaborées à partir de trois gouaches préparatoires confiées à la Manufacture des Gobelins. Les tapisseries qui complètent le décor mosaïque du hall de réception sont inaugurées en 1969. En dépit de la qualité du tissage, l’ensemble souffre d’un certain manque d’unité et trahit les hésitations des lissiers dans l’adaptation chromatique des modèles picturaux.

 Entre-temps, Marc Chagall fait connaissance d’Yvette Cauquil-Prince, en 1964. Séduit par la sensibilité artistique de son travail de transposition au regard des œuvres qu’elle lui présente, il lui propose la réalisation d’une première pièce : La Famille d’Arlequin, qui prend pour modèle une lithographie originale, sera achevée en 1967. L’habilité d’Yvette Cauquil-Prince à traduire les compositions picturales de l’artiste en respectant les valeurs chromatiques de la palette originale a raison des réticences de Chagall. Yvette Cauquil-Prince devient alors son maître d’œuvre et réalisera toutes ses autres tapisseries, à l’exception de la pièce conçue pour l’entrée du musée national Marc Chagall, à Nice en 1973, dont l’exécution sera confiée aux Gobelins.

Le climat de confiance qui s’établit entre Chagall et Yvette Cauquil- Prince conduit à la création d’un ensemble de tapisseries d’une grande richesse expressive et conforte la marge d’appréciation laissée au maître d’œuvre. La réalisation de la pièce (choix techniques, carton et tissage) ne requiert donc plus l’intervention directe de l’artiste. Les nombreux échanges d’Yvette Cauquil-Prince avec Marc Chagall sont autant d’occasions pour elle d’approfondir sa perception de l’univers du peintre et d’affiner le choix des sujets. Cette empathie lui permet de nourrir la part de liberté créative nécessaire à la justesse d’effets de sa transposition.

Les premières tapisseries, de petite taille, sont suivies, dès 1973, de la première grande pièce, Le Prophète Jérémie (400 x 600 cm), commande du Jewish Community Center de Milwaukee Yvette Cauquil-Prince alterne alors les petites pièces et les plus grandes, pour lesquelles l’appui financier d’un commanditaire est indispensable. Au début des années 1980, elle entreprend parallèlement la réalisation de deux pièces importantes, Le Grand Cirque, de sa propre initiative, et Job, pour le Rehabilitation Institute de Chicago, toutes deux achevées en 1985. Par l’amplification spectaculaire que son travail donne au modèle, Yvette Cauquil-Prince satisfait l’aspiration de Chagall à développer de larges orchestrations murales : « Il faut poursuivre et, si possible, avec de grandes pièces » car « nous avons œuvré à de la musique de chambre, à l’expression d’instruments solitaires, nous aurons fait trop peu d’opéras, de symphonies », confiait Chagall à son maître d’œuvre. Ce vœu se réalisera avec le tissage de La Paix (471 x 696 cm), une pièce exécutée pour la Ville de Sarrebourg d’après la maquette du vitrail réalisé pour le siège de l’ONU. Faute de commanditaire, un projet de transposition de la gouache préparatoire pour la mosaïque Le Message d’Ulysse en une tapisserie longue de seize mètres ne verra finalement pas le jour.

En sa qualité de maître d’œuvre, et non de cartonnier ou de simple lissier, Yvette Cauquil-Prince ne limite pas son intervention à la reproduction d’un modèle ni à son agrandissement. Elle propose, par le changement de médium et de format, une autre lecture de l’œuvre originale. Au-delà de la satisfaction de voir son travail s’enrichir d’une nouvelle vocation spatiale, Marc Chagall trouve, dans cette expérience de la tapisserie, une approche de la matière de la laine qui s’accorde avec cette « chimie » associant composition, matière et lumière qu’il a toujours considérée comme inséparable du sens et de la raison d’être de l’œuvre." (Dossier de presse MUba Chagall de la palette au métier Renaissance 2015)

 

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Cartel du Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Cartel du Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

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Le musée du Pays de Sarrebourg montre dans un cartel un exemple des cartons préparatoires d'Yvette Cauquil-Prince. Il illustre parfaitement la complexité du travail de conception, mais aussi d'exécution par la mosaïque des différentes teintes de fil. Il s'agit de l'oiseau (un coq) chevauché par un garçon qui se trouve en haut à gauche de l'œuvre. La confrontation du carton et du travail effectué est passionnante.

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Cartel du  Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Cartel du Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

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Je donnerai deux exemples du "battage", passage d'un ton à un autre par des hachures qui s'interpénètrent. Ce procédé permet aussi des dégradés.

L'examen attentif montre que ces hachures permettent aussi de multiples modulations, soit des teintes, soit du trait noir.

 

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Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

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III. LE MODÈLE DE MARC CHAGALL : LA GOUACHE DU VITRAIL DE L'ONU (1964) LA PAIX EN HOMMAGE À DAJ HAMMERSKJÖLD, PRIX NOBEL DE LA PAIX .

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La tapisserie La Paix est la transposition d'une gouache préparatoire pour le vitrail The Peace du siège de l'ONU à New-York. Ce magnifique vitrail vibrant a été offert aux Nations Unies en 1964 en tant que mémorial à son deuxième secrétaire général, Dag Hammerskjöld, tué dans un accident d'avion à Ndola, en Rhodésie du Nord (l'actuelle Zambie), le 18 septembre  1961.   

"Dag Hammarskjöld né le 29 juillet 1905 à Jönköping en Suède  est un diplomate suédois, qui fut secrétaire général des Nations unies de 1953 à 1961. Le prix Nobel de la paix lui fut décerné l'année de sa mort, à titre posthume. Sa médiation en 1955 pour obtenir la libération de 15 soldats américains capturés par la République populaire de Chine pendant la guerre de Corée, ses interventions dans la crise du canal de Suez en 1956 — avec la création de la première force d'urgence des Nations unies — et dans la crise de Jordanie en 1958 lui valurent la réputation d'ardent défenseur de la paix. Après sa mort, John Fitzgerald Kennedy le qualifiera de « plus grand Homme d'État du xxe siècle». Son refus de choisir entre le camp occidental et le camp soviétique et son engagement en faveur des nations nouvellement décolonisées, notamment celles du Bloc afro-asiatique (il se rendit dans 21 pays d'Afrique entre décembre 1959 et janvier 1960) et contre l'Apartheid (il effectua un voyage en Afrique du Sud en janvier 1961) lui valurent cependant de nombreuses critiques et inimitiés de la part des Grandes puissances, notamment lors de la crise congolaise. Après Hammarskjöld, aucun autre Secrétaire général des Nations unies, n'osa affirmer, de façon aussi nette, l'autonomie et l'indépendance de l'Organisation vis-à-vis des États les plus puissants."

Marc Chagall a conçu le vitrail gratuitement dans son atelier en France et l'œuvre a été exécuté en vitrail par deux des artistes les plus en vue du monde dans ce domaine, Charles Marq et Jacques Simon. Cette fenêtre, dont le titre complet serait “The Window of Peace and Human Happiness” «La fenêtre de la paix et du bonheur humain», mesure environ 3,7 m de haut et 4,6 m de large (ou ? 358 cm de haut sur 538 cm de large, y compris la bordure) , il constitue un hommage visuel aux principes sur lesquels est fondée l'Organisation des Nations Unies. Aujourd'hui, il se situe dans la partie est du hall des visiteurs du bâtiment . 

On repère d'abord à droite du centre un homme assis, voûté, tête basse, une main à plat sur la poitrine : ce serait Isaïe, mais c'est une reprise de son Jérémie antérieur. Schématiquement,  à gauche, c'est la Vision d'Isaïe ; dans un cercle,  la Paix espérée, le paradis plein de lumière, où hommes et animaux  coexistent dans la joie et la paix. À droite une foule de personnages sont rassemblés sous la double évocation de L'Exode et du Décalogue de Moïse, et de la Rédemption par la crucifixion du Christ.  Au milieu se retrouve l'Amour (un couple s'embrassant sous un bouquet), et en bas à gauche est figurée la Mère et l'enfant

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La tapisserie de La Paix, 1993, d'après Chagall à Sarrebourg.

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IV. UNE SOURCE DIFFÉRENTE, LA TAPISSERIE LA PROPHÉTIE D'ISAÏE POUR LE HALL DE LA KNESSET.

Le vitrail La Paix partage des points communs étroits avec la tapisserie La Prophétie d'Isaïe conçue à la même époque (1963-1969) pour la Knesset. Cette dernière est la première pièce (dans une lecture de droite à gauche) d'un triptyque au contenu biblique manifeste, à coté de L'Exode et de l'Entrée à Jérusalem.

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© Copyright 2014, all rights reserved to the State of Israel .

 

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Voir la photographie icihttps://knesset.gov.il/birthday/photo.aspx?lng=3&md=262

Elle est décrite ainsi :

"The right tapestry was the first one to be complete. Its title was changed several times. Following the first discussion Chagall had with Knesset Speaker Kadish Luz, he wished to dedicate its theme to the “End of Days.” Articles written on the tapestries during their making, and news reports in Israel towards the hanging of the tapestries in 1969, spoke of the tapestry as “The Creation.” There is, however, a clear discrepancy between the expression Chagall gave to the concept of “Creation” in another biblical piece of his, and the biblical images in this work. The title “Peace” was then given to the tapestry during the early 1970’s, due to its similarity to the similar motifs in his stained glass window, entitle “Peace” in the United Nations building. The notable differences between the two pieces are the dominance of Christian motifs and of the color blue in the one in the UN. The most accurate name is probably “The Vision of Isaiah,” as the image of Isaiah is the most dominant in the work, and there is no doubt that the animals in it symbolize the passages, “A wolf will reside with a lamb, and a leopard will lie down with a young goat; an ox and a young lion will graze together, as a small child leads them along. A cow and a bear will graze together, their young will lie down together. A lion, like an ox, will eat straw. A baby will play over the hole of a snake; over the nest of a serpent, an infant will put his hand” (Isaiah 11, 6 – 8). 

Among the motifs in the tapestry that are not necessarily related to its main theme are: Moses portrayed as an angel with the Stone Tablets (on the top right), Jacob’s dream of the ladder (top center), and the image of Sarah with her son Isaac, below the image of Abraham holding a knife (bottom left). "

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La maquette de cette œuvre, sous le titre de Création, peut nous aider à l'interpréter.

 

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La tapisserie de La Paix, 1993, d'après Chagall à Sarrebourg.

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Nous disposons aussi de deux autres documents :

a) L'Esquisse préparatoire à l'encre de chine du vitrail La Paix, ONU, New-York 1963, Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Gérard Blot 

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Esquisse préparatoire à l'encre de chine du vitrail La Paix, ONU, New-York 1963, Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Gérard Blot

Esquisse préparatoire à l'encre de chine du vitrail La Paix, ONU, New-York 1963, Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Gérard Blot

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b) surtout, une gravure sur cuivre pour l'édition de la Bible .

Elle porte le titre de "La Création" et aurait été réalisée vers 1934 dans le projet d'une illustration de la Genèse et de l'Exode pour Ambroise Vollard, dans un corpus de 40 gravures.  A moins qu'elle n'appartiennent aux 105 gravures de Bible, publiée chez Tériade en 1956. Nous y retrouvons le cercle contenant 11 animaux, un nourrisson et un  garçon nimbé. Ce nimbe se retrouve dans le vitrail de New-York  et dans la tapisserie de Sarrebourg sous forme d'arcs polycycliques. 

Le thème en serait Dieu créant les animaux et l'homme, mais la contamination avec la Vision d'Isaïe est patente ; et l'auréole autour de la tête du jeune homme, incompréhensible dans la représentation de la Création, trouve son sens dans le "Rejeton d'Isaï" (le Christ pour les Chrétiens), dans la vision prophétique d'Isaïe. [le rejeton d'Isaï, c'est le descendant de Jessé, car Jessé et Isaï sont deux formes du même nom : à ne pas confondre avec le prophète].

 

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Marc Chagall, Gravure à l'eau-forte pour l'illustration de la Bible. Photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall, Landerneau juin 2016.

Marc Chagall, Gravure à l'eau-forte pour l'illustration de la Bible. Photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall, Landerneau juin 2016.

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V. DESCRIPTION.

 

Nous disposons maintenant d'au moins deux clefs d'interprétation pour cette tapisserie. Sur le plan laïc ou universel, c'est la représentation d'une vision utopique de la Paix sur terre, et on sait combien Chagall a été bouleversé, comme ses contemporains, par la Seconde Guerre Mondiale, par ses exodes, par la Shoah, puis par la guerre froide entre 1947 et 1989.

Sur le plan biblique, c'est la vision d'Isaïe du chapitre 11 (on retient habituellement les versets 11:6-8).

On sait que Chagall ne sépare pas ces deux domaines, et que pour lui la Bible est une source de poésie.

 

 Puis un rameau sortira du tronc d'Isaï, Et un rejeton naîtra de ses racines.

 L'Esprit de l'Éternel reposera sur lui: Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Éternel.

 Il respirera la crainte de l'Éternel; Il ne jugera point sur l'apparence, Il ne prononcera point sur un ouï-dire.

 Mais il jugera les pauvres avec équité, Et il prononcera avec droiture sur les malheureux de la terre; Il frappera la terre de sa parole comme d'une verge, Et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant.

 La justice sera la ceinture de ses flancs, Et la fidélité la ceinture de ses reins.

 6. Le loup habitera avec l'agneau, Et la panthère se couchera avec le chevreau; Le veau, le lionceau, et le bétail qu'on engraisse, seront ensemble, Et un petit enfant les conduira.

 7. La vache et l'ourse auront un même pâturage, Leurs petits un même gîte ; Et le lion, comme le boeuf, mangera de la paille.

 8. Le nourrisson s'ébattra sur l'antre de la vipère, Et l'enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic.

 Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte; Car la terre sera remplie de la connaissance de l'Éternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent.

 En ce jour, le rejeton d'Isaï sera là comme une bannière pour les peuples; Les nations se tourneront vers lui, Et la gloire sera sa demeure.

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Construction et composition.

Un grand cercle est tracé sur un peu plus de la moitié gauche, et c'est  à l'intérieur de ce cercle que sont représentés les animaux des versets  6 à 8 : le Lion, l'Agneau, le Loup, le Bœuf, la Vipère, la Vache debout devant l'Âne, l'Enfant et le Lionceau, mais aussi la Chèvre, et les Oiseaux.

D'autres motifs soit bibliques soit propres à l'univers onirique de Chagall sont placés sur la périphérie du cercle dont ils épousent les arcs. De bas en haut, Sarah et Isaac ; Abraham tenant un couteau, avec près de lui  l'ange et le bouc ; divers personnages, un cheval, un joueur de choffar ; un homme volant tête en bas ; Jacob allongé, la tête soutenue par l'ange (ou : la Création de l'homme) ; les Astres ; et enfin une femme  debout qu'un visage vient embrasser dans l'éclat  d'un bouquet. Quoique décalée, c'est l'image centrale de la fenêtre qui attire immédiatement le regard et  rappelle le "baiser de paix" du Nouveau Testament, qui signifie l'amour et l'harmonie entre le ciel et la terre. Ou c'est tout simplement l'Amour fécond, celui de l'Arbre de Vie de Sarrebourg.

 

Isaïe est figuré sur la partie droite, sur la ligne horizontale médiane ; c'est le personnage le plus grand de l'œuvre. Il porte une robe violette-rouge, il est pieds-nus, dans une posture en S humble, méditative  ou souffrante, avec un livre à ses pieds. Chagall a repris ici une figuration ancienne du prophète Jérémie, ou du prophète Elie. Il fait face à sa Vision.

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Tapisserie La Paix (détail). Photographie lavieb-aile.

 

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Derrière lui, mais face à un homme vêtu de rouge et accoudé à une canne se tient une foule. On y distingue facilement des hommes, des femmes, des enfants ou nourrissons, un couple enlacé, un danseur et une danseuse, des choristes, un homme tenant le chandelier, un autre soufflant dans une trompe. L'atmosphère enjouée n'est pas celle d'un exode ou d'une guerre. 

Plus haut, quelques maisons et deux clochers, puis le Christ crucifié que Nicodème vient déposer de la croix. Celle-ci s'inscrit dans un triangle : le Golgotha, ou bien la Montagne sainte ?

 

 

 

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Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

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Un homme ou ange vole en tenant un étendard : il va à la rencontre de Moïse, qui vole également en tenant les Tables de la Loi qu'il désigne de l'index . Le rayonnement de celui qui a vu Yahvé en face forme deux ovales semblables à des ailes, c'est le Moïse ailé récurrent chez Chagall .

Moïse, tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Moïse, tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

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Tapisserie La Paix, 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix, 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix, 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix, 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

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Nous aurions tort, et nous serions sûr de trahir le dessein de Chagall, si nous prétentions que ces identifications de motifs bibliques étaient certaines, établies et univoques. C'est tout le contraire ! Au fil des œuvres, ( et depuis les gouaches préparatoires de La Bible dans les années 1950), les figures se modifient et deviennent des icônes laïques, polysémiques et universelles, elles sont des vignettes poétiques  d'un collage basé sur la réminiscence.

Ainsi, rien n'assure que "Abraham", identifié car il tenait un couteau sur le vitrail de l'ONU, ne soit pas simplement le père de l'enfant placé plus bas. Le couteau s'est transformé en une chandelle, et cela peut évoquer les Nativités flamandes dans lesquelles Joseph éclairait l'Enfant-Jésus dans les bras de Marie.

Rien n'affirme non plus que "Sarah", nommée ainsi par sa proximité avec Abraham, ne soit pas tout bêtement la figure universelle de la Mère et de l'Enfant.

Mais cela peut aussi être la Vierge, par référence à la lecture chrétienne du verset d'Isaïe 11:1  Puis un rameau sortira du tronc d'Isaï, Et un rejeton naîtra de ses racines, où le "rameau" est la Vierge, et le "rejeton" est Jésus. 

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Tapisserie La Paix, photographie lavieb-aile.

 

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De même, le Songe de Jacob est identifié car, sur la tapisserie de la Knesset, cet emplacement était occupé par Jacob et sa vision de la fameuse échelle. Mais ici, (et sur le vitrail de l'ONU), nous ne voyons qu'un homme étendu (et peut-être est-il en train de rêver), la tête soutenu par un personnage, peut-être un ange. 

Anne Dopffer parle de "Bible réinventée", et si les figures de Moïse ( à cause des deux tables de la Loi) ou du Christ en croix sont incontestables, toutes les reprises des anciennes illustrations bibliques de Chagall sont métamorphosées pour s'insérer dans une grande métaphore universelle de l'Humanité et du Cosmos, nourrie par un patrimoine d'images chargées de sens. Nous pouvons nous accorder sans doute pour compléter le titre "la Paix" : c'est ici une Paix messianique et visionnaire fondée sur l'Espoir malgré la réalité du monde.

On a pu écrire à propos du vitrail de New-York : "La Fenêtre de la Paix est profondément influencée par l’ampleur de la vision de Chagall : par sa compassion et sa tolérance, et en tant qu’artiste juif exilé d’une grande patrie pendant la plus grande partie de sa vie adulte et témoin des deux guerres mondiales, de sa profonde compréhension de Souffrance. Il élève le langage symbolique d'une tradition spirituelle spécifique au niveau de signification universelle, en faisant quelque chose auquel tout le monde peut se rapporter."

On a souligné aussi l'influence de  la Neuvième Symphonie de Beethoven, l'une des œuvres préférées de Dag Hammarskjøld, avec sa reprise de l'Ode à la Joie de Schiller, devenu l'hymne de l'Union Européenne : elle est basée sur la notion de confraternité humaine. Après la Deuxième Guerre mondiale, la Neuvième  fut choisie symboliquement, comme message de paix et de fraternité,  pour la réouverture le 29 juillet 1951 du festival de Bayreuth, dont le nazisme avait tellement terni l'image.

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Ces discussions ne doivent surtout pas nous détourner de la figure centrale, celle du Baiser sous le bouquet : car nous ne trahirons pas Chagall en affirmant que seul l'amour humain peut accomplir le miracle, si improbable, de la Paix. Et qu'il a su y contribuer, par la tendresse cocasse mais engagée de son regard.

 "Au centre, à la charnière de deux espaces, se trouve le couple primordial autour duquel gravitent symboles et personnages mus par un mouvement cosmique, mouvement de joie saluant l'avènement de la paix universelle. Éminemment poétique, l'espace ainsi créé tient sa logique de l'imaginaire et de la spiritualité de l'artiste." (Forestier 2016)

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 "Au centre, à la charnière de deux espaces, se trouve le couple primordial autour duquel gravitent symboles et personnages mus par un mouvement cosmique, mouvement de joie saluant l'avènement de la paix universelle. Éminemment poétique, l'espace ainsi créé tient sa logique de l'imaginaire et de la spiritualité de l'artiste." (Forestier 2016)

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Tapisserie La Paix, 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix, 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

Tapisserie La Paix (détail), 1993, Yvette Cauquil-Prince d'après Chagall au Musée du Pays de Sarrebourg. Photographie lavieb-aile 2 mai 2016 .

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SOURCES ET LIENS.

 

— https://lesbottieres.wordpress.com/tag/yvette-cauquil-prince/

— FORESTIER (Sylvie, HAZAN-BRUNET (Nathalie), JARASSÉ (Dominique), MARCQ (Benoît), MEYER (Meret), 2016 Les vitraux de Chagall, Citadelles & Mazenod, page 112.

— FHEL, 2016,  Chagall, de la poésie à la peinture,  catalogue de l'exposition organisé par le FHEL à Landerneau.

Marc Chagall, des couleurs pour la Bible, Artlys 2014

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Published by jean-yves cordier - dans Chagall
14 septembre 2016 3 14 /09 /septembre /2016 10:37

PRÉSENTATION.

Lorsqu'il franchit le bras nord du transept pour accéder au déambulatoire qui contourne le chœur , le visiteur de la cathédrale trouve un panneau d'information n° 10 (le n° 9 est celui qui décrit la verrière de la Création) ; il y lit ceci :

 

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"Chagall, sur les deux fenêtres de l'abside nord, ouvre en couleurs quelques pages de la Bible, une histoire continue qui mène de la tragédie de l'Exil à la Shoah.

Tout en haut, la lumière arc-en-ciel, au temps de Noé, éclate en bleu et en rouge devant vous. Le sacrifice d'Isaac lié sur l'autel annonce celui du Christ en Croix. Au centre, deux épisodes de la vie de Jacob : le songe et la lutte avec l'ange, un monde tout en rouge qui tranche avec celui de la manifestation de Dieu à Moïse devant le buisson ardent tout en bleu.

A la fenêtre suivante, l'histoire se poursuit. Sur le Sinaï en flammes, Moïse comme aspiré vers Dieu, reçoit les tables des dix paroles. Au centre, David chante s'accompagnant d'une lyre ; enfin Jérémie, le prophète préféré de l'artiste, nous invite à méditer sur le sens d'une histoire qui interpella Chagall : « Plus notre temps refuse de voir le visage entier du monde pour n'en regarder qu'une toute petite partie de sa peau, plus je deviens inquiet en considérant ce visage dans son rythme éternel. »

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S'il lève les yeux, il sera ébloui par la lumière d'une vingtaine de spots montés sur un vilain luminaire dans une volonté, sinon  de desservir l'œuvre du peintre, du moins de privilégier le culte. Il cherchera en vain à  contourner ces odieux lumignons  pour bénéficier d'un regard d'ensemble. L'une des verrières, avec ses trois lancettes, se trouve au nord de la porte d'accès à la tourelle octogonale de la Boule d'Or (baie n°9), et la seconde,  à quatre lancettes, surmonte la porte de la Grande Sacristie (baie n°11 )  : ce lieu de passage  a besoin d'être éclairé, mais imaginez la Place de la Concorde, dont des projecteurs occulteraient l'Obélisque !

Cela n'ôte rien à la justesse du texte proposé, et on ne peut mieux exprimer, de manière si concise, 1) que les deux verrières forment un ensemble débutant à la baie n°11, 2) que la figure d'espérance de Noé sous l'arc-en-ciel est ici déterminante, initiant le code des deux couleurs bleu et rouge qui structurent les vitraux.

Donc : 

Baie n° 9 : 3 lancettes lancéolées (Moïse recevant les Tables de la Loi,  David jouant de la harpe , le prophète Jérémie ),  deux médaillons à quatre-feuilles, une rose à dix ajours centrée par le Christ. Verrière réalisée par Charles Marq de Reims en 1962, d'après les cartons de Marc Chagall, 1958-1961.

Baie n° 11 : 4 lancettes lancéolées bigéminées (le sacrifice d’Abraham, la lutte de Jacob avec l’ange, le songe de Jacob et Moïse devant le buisson ardent)  surmontées de deux mouchettes ; tympan de deux mouchettes et un soufflet, encadrés par deux ajours latéraux.  1962, 362 x 92 cm pour les lancettes.  

 

 

Baies n°9 et n°11 de la cathédrale de Metz sur un plan de Dehio 1902.

Baies n°9 et n°11 de la cathédrale de Metz sur un plan de Dehio 1902.

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Situation de la baie n°11, cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

Situation de la baie n°11, cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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 Marc Chagall, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Chagall, peintre de la Bible.

 

Si Chagall a été pressenti à l'été 1958 par l'architecte en chef Robert Renard pour créer de nouveaux vitraux en remplacement de ceux détruits lors de la Seconde Guerre à la cathédrale de Metz, c'est bien-sûr sous l'effet du formidable renouveau de l'Art Sacré impulsé par le père dominicain Marie-Alain Couturier, bien-sûr en raison de la participation de Chagall à l'ornementation de l'église du plateau d'Assy (deux vitraux et une mosaïque) au coté de Georges Rouault, Fernand Léger, Pierre Bonnard, Henri Matisse etc..., mais aussi en raison de son travail d'illustration de la Bible par 105 gravures éditées en 1956 par Tériade, mais préparées dès 1931 par des gouaches pour Vollard.

Autrement dit, Chagall a  puisé dans cet ensemble d'eaux-fortes et de peintures (surtout consacré aux livres de la Genèse et de l'Exode) pour choisir les scènes des baies 11 et 9 de Metz. Pendant les mêmes années, il travailla à un ensemble d'huiles sur toile connues sous le nom de Message Biblique, réunies au Musée du Message Biblique, aujourd'hui Musée National Marc Chagall de Nice, et les mêmes thèmes bibliques trouvent leur expression en couleur dans cet ensemble daté de 1960-1966.

 Pour la baie n°11, nous retrouvons : 

a) Les gravures de Bible (1931-1956) (précédées par des gouaches) accompagnant le texte biblique correspondant.

  • Planche n°2 : Noé lâche la colombe par la fenêtre de l'arche
  • Planche n°4 : Noé et l'arc-en-ciel.
  •  Planche n° 10 : Abraham prêt à immoler son fils selon l'ordre de Dieu
  • Planche n° 14 : Jacob voit en songe une échelle touchant le ciel, où montent et descendent les anges de Dieu
  • Planche n° 16 : La Lutte de Jacob avec l'ange
  • Planche n° 18 : Joseph berger.
  • Planche n° 20:  Jacob pleurant la perte de Joseph
  • Planche n° 27 : Dieu se manifeste à Moïse dans le buisson ardent

b) les toiles du Message Biblique.

 Elles reprennent et développent les eaux-fortes par des couleurs éclatantes. 

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Chagall et la monumentalité.

En se contentant de placer les vitraux de Metz dans la lignée des travaux de Chagall sur la Bible, on passerait à coté d'un axe essentiel : son ouverture à la monumentalité, aux décors. Peintre de chevalet d'abord, et rapidement aussi graveur d'eaux-fortes, cet élève de Bakst (auteur de nombreux décors des Ballets Russes)  s'initia en 1920 à la peinture de la salle du Théâtre d'art Juif, puis surtout, en Amérique, aux décors de ballets : Aleko en 1942 au Mexique, l'Oiseau de Feu en 1945 aux Etats-Unis, et enfin Daphnis et Chloé à Paris en 1959. Appliquer le terme de "décor" aux vitraux d'une cathédrale pourrait sembler un parallèle choquant, si on oubliait que ces expériences furent, pour le peintre, une expérience d'art total (peinture, musique et danse) et de transcendance. Quoiqu'il en soit, la commande des vitraux plaça Chagall face à un nouveau défi, celui de faire passer ses figures bibliques des dimensions d'une feuille de papier à celui d'une baie gothique, elle-même intégrée à une vaste structuration d'un espace sacré. Et quoiqu'il en soit aussi, sa palette s'était enrichie, depuis les gouaches bibliques des années 1930, de la lumière grecque ou des couleurs mexicaine, alors que les chorégraphies d'un Nijinski d'un Massine ou d'un Skibine impulsaient à ses  personnages une souplesse expressive remarquable (voir infra la Lutte de Jacob), et que son expression lyrique s'en trouvait exaltée. 

Chagall et le verre.

 

Enfin, le vitrail le confrontait aux impératifs d' un nouveau matériau, au moment où il multipliait les découvertes de nouveaux moyens d'expression : costumes, mosaïque, sculpture, céramique, tapisserie plus tard. 

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Les maquettes et études préparatoires.

Le Musée National Marc Chagall conserve un dessin, daté de 1959, correspondant à une maquette au crayon, crayons de couleurs et encre de Chine de la baie n°11. 

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RMN Gérard Blot : http://www.photo.rmn.fr/archive/12-576595-2C6NU023K6OT.html

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On apprécie aisément le programme iconographique, centré sur quatre manifestations de Dieu (théophanies) à trois Patriarches, Abraham, Jacob et Moïse, alors que dans le remplage du tympan, la fleur centrale illustre dans les deux mouchettes la foi et l'espérance de Noé lançant une colombe après le déluge, et dans le soufflet Noé et l'arc-en-ciel signe de l'Alliance entre Dieu et l'humanité  :

« L'arc étant dans les nuages, je le regarderai et me rappellerai le pacte perpétuel de Dieu avec toutes les créatures vivantes qui sont sur la terre.

 Dieu dit à Noé: "C'est là le signe de l'alliance que j'ai établie entre moi et toutes les créatures de la terre." (Genèse 9:16-17)

Cette fleur sommitale est encadrée à droite par un rouleau de la Torah, et à gauche par un couple tenant un bouquet.

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Je présenterai pour chaque lancette, en puisant dans la banque de données de la RMN (Réunion des Musées Nationaux) :

a) Le texte biblique

b) La gravure de Bible (et la gouache préparatoire le cas échéant)

c) la toile du Message Biblique. 

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LES QUATRE LANCETTES.
 

 

 

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 Marc Chagall, lancettes de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, lancettes de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, lancettes de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, lancettes de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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I. LANCETTE A. LE SACRIFICE D'ABRAHAM.

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a) Le texte.

« Lorsqu'ils furent arrivés au lieu que Dieu lui avait dit, Abraham y éleva un autel, et rangea le bois. Il lia son fils Isaac, et le mit sur l'autel, par-dessus le bois. Puis Abraham étendit la main, et prit le couteau, pour égorger son fils. Alors l'ange de l'Éternel l'appela des cieux, et dit: Abraham! Abraham! Et il répondit: Me voici! L'ange dit: N'avance pas ta main sur l'enfant, et ne lui fais rien; car je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique. Abraham leva les yeux, et vit derrière lui un bélier retenu dans un buisson par les cornes; et Abraham alla prendre le bélier, et l'offrit en holocauste à la place de son fils. Abraham donna à ce lieu le nom de Jehova Jiré. C'est pourquoi l'on dit aujourd'hui: A la montagne de l'Éternel il sera pourvu. » (Genèse 22 : 9-14).

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b)  La planche gravée n°10 pour Bible édité par Tériade 1956.  "Abraham prêt à immoler son fils selon l'ordre de Dieu ".  H 29,7 cm; L 24,5 cm.

 

—Voir "Abraham et Isaac en route vers le lieu du Sacrifice" : gouache préparatoire (1930) : 

http://www.photo.rmn.fr/archive/14-546960-2C6NU0AGXK71W.html

— eau-forte : "Le Sacrifice d'Abraham" (1931-1934) RMN Gérard Blot.

http://www.photo.rmn.fr/archive/08-523236-2C6NU0IGNGNG.html

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c) La toile du Message Biblique : Le Sacrifice d'Isaac.

On remarque sur cette toile des détails qui aident à la lecture du vitrail. Isaac est étendu sur les rondins du bûcher. Le bélier de substitution sacrificielle paît sous un arbre, mais on voit aussi Sarah (l'épouse d'Abraham) qui  supplie son mari d'épargner son fils unique. L'ange envoyé par Dieu est peint en bleu, alors que Chagall va utiliser dans tout son vitrail le rouge pour toutes les manifestations divines, et le bleu pour la sphère humaine et terrestre. Enfin le Christ est figuré en haut à droite, portant sa croix, alors que de fidèles se prosternent (nimbés), qu'une femme s'agenouille, qu'une autre gravit le Golgotha un enfant dans les bras. Un homme vêtu d'une pelisse et coiffé d'une casquette tient sous le bras un objet. Un carton à dessin ?

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http://www.photo.rmn.fr/archive/16-532097-2C6NU0A4CLS3L.html

 

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d) Le vitrail.

La toile du Message Biblique (contemporaine ou plutôt postérieure, mais non antérieure au vitrail), nous permet de mieux repérer le bélier sous son arbre. Pour attirer sur lui notre attention, le peintre a placé un triangle de verre rose et bleu, qui suppose un verre bleu plaqué de rose. La comparaison de l' arbre des deux œuvres précédentes avec celui-ci montre comment Chagall utilise la "contrainte" de l'usage des plombs pour faire du feuillage une force expressive, gonflée de la puissance salvatrice : l'échange des victimes. 

La présence du Christ en haut à droite passerait vite inaperçue, alors que sa présence atteste d'une démarche typologique ancienne reliant le sacrifice d'Isaac par son père, avec la mort sur la croix du Christ en obéissance de la volonté du Père. (Biblia Pauperum)

Un autre élément remarquable est le changement d'orientation d'Abraham, qui n'est plus tourné vers l'ange. La scène y gagne en acuité dramatique, car le Patriarche n'a pas encore interrompu son geste. Certes, il n'a pas le bras levé pour frapper (comme dans l'image de la Biblia Pauperum) mais il se prépare à exécuter l'ordre reçu de Dieu, il se concentre sur l'ardeur de sa foi. Au même moment, une lueur frappe son œil gauche : en fait, il a déjà perçu l'injonction de l'ange, il laisse retomber son bras, et l'affreuse tension de sa conscience. Nous voyons l'instant d'avant, et l'instant d'après.

En outre, Abraham n'est plus assis ou à genoux, mais debout, en déséquilibre vers l'avant (le même déséquilibre que dans la lancette A de la baie n°9 pour Moïse recevant les Tables de la Loi). Les deux œuvres picturales étaient statiques, fixant les deux visages d'Abraham et de l'ange tournés l'un vers l'autre. Une posture sculpturale. Mais il me semble que tout l'art des chorégraphes russes est passé par là, et que désormais les corps dansent, les bras se libèrent, les jambes bougent, les costumes tournoyent, et que les grandes lignes de construction structurent l'espace selon des flux pleins de dynamisme. Nous passons des figures bibliques vers les drames de l'histoire, Histoire Sainte ou Histoire Contemporaine. Et des Portraits vers les Chorégraphies. L'Ancien Testament à l'Opéra. (Je pousse loin le bouchon, non ? ) 

  Enfin, la comparaison entre la planche n°10, la toile et le vitrail peut porter sur le traitement du corps d'Isaac. Sur la gravure, l'arc convexe mais horizontal de son corps, et les bras noués derrière la tête évoquaient la passivité inerte d'une victime infantile et presque animale. Sur la toile, le  corps est celui d'un adolescent au torse musclé, les bras sont libres et allongés sur le coté, les yeux sont ouverts. Dans la confiance dans l'infaillibilité du père ? Mais dans le vitrail, la  diagonale du corps est tendue vers le haut et la gauche, dans l'axe d'animation principal de tout le vitrail. C'est l'axe du couteau, celui du visage incliné d'Abraham, celui de nombreuses lignes de plombs, l'axe d'expansion du feuillage de l'arbre. Puisque Chagall ne peint pas une feuille de gravure isolée, un tableau séparé, mais une des quatre lancettes d'un vitrail, cette diagonale se tend vers les autres lancettes et va s'y prolonger.

Inutile d'insister sur la beauté d'Isaac, gracieux androgyne assoupi . 

 

 

 

 

Marc Chagall, Le sacrifice d'Abraham, lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Le sacrifice d'Abraham, lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Isaac, in Le sacrifice d'Abraham (détail), lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Isaac, in Le sacrifice d'Abraham (détail), lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Le sacrifice d'Abraham, lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Le sacrifice d'Abraham, lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall,  tête de la lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, tête de la lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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LANCETTE B. LUTTE DE JACOB CONTRE L'ANGE. 

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a) le texte biblique :

« Jacob demeura seul. Alors un homme lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore. Voyant qu'il ne pouvait le vaincre, cet homme le frappa à l'emboîture de la hanche; et l'emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui. Il dit: Laisse-moi aller, car l'aurore se lève. Et Jacob répondit: Je ne te laisserai point aller, que tu ne m'aies béni. Il lui dit: Quel est ton nom? Et il répondit: Jacob. Il dit encore: ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël ; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur. » (Genèse 32 : 24-28) .

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b) La gravure de  Bible éditée par Tériade, planche n°16. La lutte de Jacob avec l'ange. H 30 cm; L 24cm.

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Estampe (1931-1934), RMN Gérard Blot 

http://www.photo.rmn.fr/archive/08-523237-2C6NU0IGNN00.html

 

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c) La toile du Message Biblique : La lutte de Jacob et de l'ange [1960-1966]. 2,51 m x 2,05 m. 

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RMN Adrien Didierjean

http://www.photo.rmn.fr/archive/16-532099-2C6NU0A4CLIB3.html

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d) le vitrail de Metz.

La posture de Jacob change d'une œuvre à l'autre. Sur l'eau-forte, Jacob, la jambe gauche engagée entre celles de l'ange comme dans une clef de judo, l'autre jambe tendue en arrière, succombe à la poussée de son adversaire qu'il regarde d'un air suppliant. Mais les traits de l'ange expriment aussi la souffrance. Dans le tableau, la scène biblique est placée au centre de nombreuses scénettes satellites. L'ange, beau, grand, domine largement son adversaire qui s'arqueboute dans une fente avant, sans que sa hanche gauche, cruciale dans l'affaire, ne soit menacée. Enfin, dans le vitrail, Jacob garde la position en fente avant genou gauche fléchi, mais l'ange le chevauche littéralement, ce qui amène la face de Jacob contre le torse de son adversaire, dans un corps à corps un peu maladroit ou complexe qui n'est pas éloigné d'un accouplement.

 Rébecca Massé comparait la première posture à celle d'une valse :

" Lorsqu'il se bat contre l'ange dans la seizième planche, Jacob saisit son adversaire avec des mains tellement maladroites que la violence attendue d'un combat ressemble ici davantage à une danse. Seuls les visages crispés des combattants démontrent que leur activité n'a rien à voir avec une valse. Cette analogie semble être l'écho d'un tableau de Rembrandt portant le même titre."

Voir ici le tableau de Rembrandt :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rembrandt_Harmensz._van_Rijn_063.jpg

Mais c'est dans le vitrail que l'analogie avec le tableau de Rembrandt est la plus franche, c'est là où   les antagonistes  sont entièrement collés. Les lignes de leurs corps s'entrelacent, le tronc de l'ange pivote de 90° par rapport à ses pieds, et, plutôt qu'une figure de valse, il me semble voir là une passe de tango argentin.  La lutte solitaire d'un homme charnel contre un être céleste se transforme en une dualité complice, ou un adoubement. Le virage du récit biblique ( "Je ne te laisserai point aller, que tu ne m'aies béni") devient parfaitement cohérent. 

Mais c'est dans le vitrail que l'analogie avec le tableau de Rembrandt est la plus franche, c'est là où   les antagonistes  sont entièrement collés. Les lignes de leurs corps s'entrelacent, le tronc de l'ange pivote de 90° par rapport à ses pieds, et, plutôt qu'une figure de valse, il me semble voir là une passe de tango argentin.  La lutte solitaire d'un homme charnel contre un être céleste se transforme en une dualité complice, ou un adoubement. Le virage du récit biblique ( "Je ne te laisserai point aller, que tu ne m'aies béni") devient parfaitement cohérent. 

Ce qui contraste de plus, entre les deux œuvres, est l'expression du visage angélique. Celui de Chagall est pleinement investi par l'attitude de combat tandis que la version de Rembrandt présente un ange au regard serein où les ailes largement déployées évoquent le moment final, lorsque la grâce de Dieu est accordée à Jacob. Alors que l'ange tente de s'enfuir, en dépit de son épuisement, Jacob le retient en le suppliant de le bénir. De par les poses et les regards la peinture témoigne donc de l'issue du combat. La lutte atteint son point culminant; le déboîtement de la hanche du patriarche. Nous voyons clairement l'ange prendre appui avec sa jambe contre un rocher au premier plan à gauche, tout en repoussant Jacob d'une main sur la hanche et le retenant dans son dos à l'aide de l'autre main.

Les couleurs.

La différence la plus marquante entre le vitrail et la toile tient au choix des couleurs. Dans la toile du Message Biblique, la couleur largement prédominante est le bleu, couleur choisie pour indiquer que ce combat se déroule pendant la nuit. Dans le Musée niçois, la toile est suspendue seule contre un grand mur (voir ici). Au contraire, la monumentalité de cette lancette  l'intègre dans une mise en scène intégrant les autres lancettes, le tympan et le vitrail voisin. Le rouge y indique la manifestation divine, aveuglante et brûlante. Non seulement l'ange enjambe Jacob, mais en même temps, c'est toute la présence divine qui descend sur lui, l'entoure, l'englobe, l'enthousiaste en un transport digne de l'extase que sculpta Le Bernin dans la Transverbération de Sainte Thérèse à Santa Maria della Vittoria de Rome. La couleur rouge est ici équivalente à l'or rayonnant depuis les Cieux sur sainte Thérèse exaltée, et l'équivalente encore de l'or du fond des icônes : elle désigne l'espace sacré. 

Les détails.

De l'ensemble des détails de la toile du Message Biblique, nous ne trouvons ici que : 

  • un arbre,
  • un alignement de maisons
  • un ange en tête de lancette.

(voir ici). Au contraire, la monumentalité de cette lancette  l'intègre dans une mise en scène intégrant les autres lancettes, le tympan et le vitrail voisin. Le rouge y indique la manifestation divine, aveuglante et brûlante. Non seulement l'ange enjambe Jacob, mais en même temps, c'est toute la présence divine qui descend sur lui, l'entoure, l'englobe, l'enthousiaste en un transport digne de l'extase que sculpta Le Bernin dans la Transverbération de Sainte Thérèse à Santa Maria della Vittoria de Rome. La couleur rouge est ici équivalente à l'or rayonnant depuis les Cieux sur sainte Thérèse exaltée, et l'équivalente encore de l'or du fond des icônes : elle désigne l'espace sacré. 

Les détails.

De l'ensemble des détails de la toile du Message Biblique, nous ne trouvons ici que : 

  • un arbre,
  • un alignement de maisons
  • un ange en tête de lancette.

 

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Marc Chagall, Lutte de Jacob contre l'ange, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Lutte de Jacob contre l'ange, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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La signature : "Chagall Riems" (sic).

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Signature de Marc Chagall, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Signature de Marc Chagall, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Lutte de Jacob contre l'ange, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Lutte de Jacob contre l'ange, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

1.

III. LANCETTE C. LE SONGE DE JACOB.

 

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a) Le texte 

 « Il eut un songe. Et voici, une échelle était appuyée sur la terre, et son sommet touchait au ciel. Et voici, les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle. Et voici, l'Éternel se tenait au-dessus d'elle; et il dit: Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham, ton père, et le Dieu d'Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je la donnerai à toi et à ta postérité. Ta postérité sera comme la poussière de la terre; tu t'étendras à l'occident et à l'orient, au septentrion et au midi; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. Voici, je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays; car je ne t'abandonnerai point, que je n'aie exécuté ce que je te dis. » (Genèse 28 : 12-15) 

 

b)  la gravure de Lider un poemen / Chants et poèmes , Abraham Valt (dit Avrom  Liessin), 1938 vol.2. Texte Yiddish.

http://www.photo.rmn.fr/archive/07-538676-2C6NU0J1DJLU.html

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c) Gravure de Bible, (Tériade 1956) planche n°14 :  "Jacob voit en songe une échelle touchant le sol, où montent et descendent les anges de Dieu."  .  estampe, H 30 cm; L 24,8 cm. 1931-1934.

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RMN Gérard Blot. http://www.photo.rmn.fr/archive/02-000120-2C6NU0GX5YHP.html

 

 

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c) Toile du Message Biblique. "Le songe de Jacob". [1960-1966].  1,95 m x 2,78 m

"Le tableau, en forme de diptyque, présente deux scènes nettement séparées, seulement reliées entre elles par l’arrondi de la colline où s’est endormi Jacob. A gauche, dans une nuit au ton violet, il voit en songe des anges monter et descendre une échelle, allusion à sa longue descendance. Les anges semblent danser comme des acrobates autour de l’échelle, évoquant le cirque que Chagall aime tant et soulignant la profonde parenté de ses sujets profanes et de ses sujets sacrés.

A droite, l’ange transparent souligné de blanc, couleur divine, porte un chandelier allumé qui éclaire la nuit bleue et rend manifeste l’éblouissement plein d’espoir du message divin." (MNMC)

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RMN Adrien Didierjean

http://www.photo.rmn.fr/archive/16-532098-2C6NU0A4CLLYY.html

 

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d) Estampe 1977

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Le vitrail de Metz.

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Là encore, la composition oppose la trouée rouge de la théophanie (les anges et l'échelle) à la plage bleue profane et terrestre, occupée par Jacob allongé, coiffé d'un bonnet, barbu, tenant un livre. 
Et là encore, les anges ont perdu l'allure nébuleuse et imprécise qu'ils affichaient sur la gravure pour devenir des athlètes à la gestuelle expressive et déliée. Sans faire offense à l'Eternel, il faut avouer qu'ils ont été s'entraîner, plutôt que sur la scène du Metropolitan ou de l'Opéra, sur l'arène des cirques. C'est  sous leur chapiteau qu'ils ont acquis cette habileté au trapèze, et ces saluts d'écuyère. 
Chagall a produit dès 1926-1927 une première série de gouaches à la demande de Vollard, qui l'entraînait dans les cirques parisiens. De 1962 à 1967, il produisit les 38 lithographies de Cirque, édité par Tériade. La frontière entre scènes de cirque et scène religieuse n'est pas étanche à ses yeux : 
"J'ai toujours considéré les clowns, les acrobates et les acteurs comme des êtres tragiquement humains qui ressembleraient pour moi, aux personnages de certaines peintures religieuses".
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Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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IV. LANCETTE D. MOÏSE ET LE BUISSON ARDENT.

 

 

a) Le texte. Exode 3 : 1-5

Page de Bible, tome 1 page 25.

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RMN Adrien Didierjean http://www.photo.rmn.fr/archive/16-532147-2C6NU0A4C94ZV.html

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b) La planche   27 (1931-1934) gravée pour  Bible édité par Tériade 1956. Dieu se manifeste à Moïse dans le buisson ardent .  H 29.5 cm; L 23.4 cm.

 

 

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RMN Gérard Blot  http://www.photo.rmn.fr/archive/08-523239-2C6NU0IGNQBV.html

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c)  Moïse devant le Buisson ardent, Toile du Message Biblique n°10 (1960-1966).1,95 m x 3,12 m. 

"Dans une composition en frise, trois figures légèrement obliques scandent les deux épisodes fondateurs de l’histoire de Moïse. Le sens de lecture est celui de l’hébreu : Moïse, à droite, tombe à genoux devant le buisson qui brûle et ne se consume pas. La mission divine, sortir les Hébreux d’Egypte, lui est annoncée par un ange flottant au milieu d’un cercle coloré, évocateur à la fois des mandorles qui soulignent la présence divine au fronton des églises romanes, mâtiné de souvenirs de l'orphisme de Delaunay.

A gauche, la scène de la traversée de la mer Rouge présente Moïse suivi du peuple juif en rang serré dans son manteau. Ici encore, des résurgences médiévales de Vierges de miséricorde abritant un peuple de croyants dans leur manteau montre l'intérêt de Chagall pour les représentations religieuses anciennes.  La vague qui se referme derrière lui, également évocation de la nuée divine, protège leur avance contre l’armée de Pharaon dont la colère est soulignée de rouge et de mouvements frénétiques. Chagall a représenté cette scène à de nombreuses reprises, ici dans sa forme la plus resserrée, véritable illustration de la métaphore en peinture dont André Breton attribuait l'invention à l'artiste." (Commentaire MNCM)

 

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RMN Adrien Didierjean  http://www.photo.rmn.fr/archive/16-532084-2C6NU0A4CJZ3Y.html

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d) Le vitrail de Metz.

 

Signature Marc Chagall en bas à droite.

Cette foi-ci, le buisson, qui aurait toutes les raisons d'apparaître en verre rouge pour signifier qu'il est "ardent", qu'il "ardait en feu", n'est pas séparé par une distinction de couleur de la zone bleue du mont Sinaï et de Moïse. Je pense que cela se comprend lorsqu'on replace cette lancette dans l'ensemble du vitrail, où le rouge de la manifestation divine commence dans la tête de la lancette A, se déploie largement dans la lancette B, traverse en diagonale ascendante la lancette C et se termine par le sommet de la lancette D. 

Cette disposition, réservant la théophanie à la partie haute du dessin, était aussi celle de la gravure (cercles concentriques sur fond blanc autour du nom YAHVÉ en lettres hébraïques) et de la toile du Message (bleu pour les 3/4 inférieurs, cercles concentriques rouge, bleu et jaune autour d'un ange). 

 

 

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Marc Chagall, Moïse et le buisson ardent, lancette D,  baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Moïse et le buisson ardent, lancette D, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

La référence au cubisme orphique de Delaunay, proposée par le commentaire du tableau du Message Biblique, est ici manifeste. Robert Delaunay a été le voisin et ami de Chagall pendant son séjour parisien de 1911 à 1914 à La Ruche, (visite ici) dans le 15e arrondissement.

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Robert Delaunay, Hommage à Blériot, 1914, Kunstmuseum, Bâle

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Mais l' utilisation de ce langage de pure poésie lumineuse est particulièrement appropriée ici, où, par respect avec les traditions hébraïques, Yahvé ne peut être représenté : Chagall l'évoque par une vibration musicale géométrique faite de cercles et de triangles, sortes de cosmos qui surgissent de la trompe d'un ange placé en tête de lancette. Cet éclatement prismatique de la lumière d'un soleil qui ne peut être fixé directement est la culmination du grand embrasement rouge qui débutait en tête de lancette A . Il rejaillit sous forme de touches de jaune d'argent sur le front de Moïse, et y suscite les rayons divergents. 

Mais surtout, cette citation  est d'autant moins gratuit qu'elle annonce l'arc-en-ciel du sommet du tympan, par lequel Dieu rappelle l'Alliance qu'il a conclu avec l'humanité entière depuis Noé.

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Marc Chagall, Moïse et le buisson ardent, lancette D,  baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Moïse et le buisson ardent, lancette D, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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V. LE TYMPAN.

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Il présente les scènes suivantes :  Joseph berger, Jacob pleurant la perte de Joseph, Noé lâchant une colombe de l’Arche, et Noé et l’arc-en-ciel

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Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Les 2  ajours inférieurs. 

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1. Joseph berger. Ajour inférieur gauche.

a) Le texte. Genèse 37:2

« Voici la postérité de Jacob. Joseph, âgé de dix-sept ans, faisait paître le troupeau avec ses frères; cet enfant était auprès des fils de Bilha et des fils de Zilpa, femmes de son père. Et Joseph rapportait à leur père leurs mauvais propos. »

 

b) Gouache préparatoire (1931)  à la Planche n°18 de  Bible, "Joseph, le dernier des douze fils de Jacob, à l'âge de dix-sept ans, au temps où il faisait paître le troupeau avec ses frères". 

Après les planches 14 à 17 consacrées à Jacob, Chagall réalise 8 planches (n°18 à 25) sur l'histoire de Joseph et de ses frères, fils de Jacob.

 

Dans la planche 18,  Chagall représente Joseph comme un jeune éphèbe vêtu d'une tunique. Celle-ci est le signe de la préférence donnée par Jacob à Joseph, fils de Rachel, plutôt qu'à ses demi-frères, fils de Léa (qu'il a épousé trompé par son beau-père,   en croyant coucher avec Rachel) et de servantes : " Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils, parce qu'il l'avait eu dans sa vieillesse; et il lui fit une tunique de plusieurs couleurs. " (Gn. 37 : 3). En arrière plan, les demi-frères dont on devine l'hostilité.

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RMN Gérard Blot.  http://www.photo.rmn.fr/archive/14-546964-2C6NU0AGX2AT1.html

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c) Le vitrail de Metz.

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Les deux ajours inférieurs.

 

"La partie haute présente Joseph berger, Jacob pleurant la perte de Joseph, Noé lâchant une colombe de l’Arche, et Noé et l’arc-en-ciel. Ce sont tous des épisodes tirés de la Genèse et de l’Exode. " (Park, 2008)

 

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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2.  Jacob pleurant la perte de Joseph. 

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a) le texte : Genèse 37 : 31-35.

 " Ils prirent alors la tunique de Joseph; et, ayant tué un bouc, ils plongèrent la tunique dans le sang. Ils envoyèrent à leur père la tunique de plusieurs couleurs, en lui faisant dire: Voici ce que nous avons trouvé ! reconnais si c'est la tunique de ton fils, ou non. Jacob la reconnut, et dit: C'est la tunique de mon fils! une bête féroce l'a dévoré ! Joseph a été mis en pièces! Et il déchira ses vêtements, il mit un sac sur ses reins, et il porta longtemps le deuil de son fils. Tous ses fils et toutes ses filles vinrent pour le consoler; mais il ne voulut recevoir aucune consolation. Il disait: C'est en pleurant que je descendrai vers mon fils au séjour des morts ! Et il pleurait son fils."

b) La planche gravée n° 20 de Bible :  "Jacob, ayant reconnu la tunique de Joseph que ses fils lui ont apportée teinte de sang, le croit mort et s'abandonne à sa douleur". H 30,7 cm; L 25 cm. 

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http://www.photo.rmn.fr/archive/02-015595-2C6NU0G2VEB4.html

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— la gouache préparatoire de 1931.

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http://www.photo.rmn.fr/archive/14-546965-2C6NU0AGX2HY8.html

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c) Le vitrail.

Verre bleu plaqué de verre blanc gravé à l'acide, rehaut de jaune d'argent, une pièce rose.

 

 

Les deux ajours placés au sommet des lancettes se répondent en accentuant l'émotion qu'elles suscitent : la beauté du jeune berger vêtu de sa tunique nous rend plus sensible le chagrin de son père croyant faussement à la mort de son fils préféré.

 

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Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Les deux mouchettes : Noé, dans l'arche, lâche la colombe.

 

 

 

a) Les planches de texte de Bible, édition Tériade 1956 tome 1 page 2 verso:  Genèse 8 : 20-22. 

 

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RMN Adrien Didierjean. http://www.photo.rmn.fr/archive/16-532105-2C6NU0A4CL6ZC.html

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 b) La planche de gravure n°2 de Bible, édition Tériade 1956 tome 1 :  "Noé lâche la colombe par la fenêtre de l'arche " H 30,3 cm; L 24,2 cm. 

Chagall  représente l'intérieur de l'arche. Noé, représenté de profil, légèrement tourné vers le spectateur, se tient à la droite de la fenêtre et y lâche une colombe par sa main droite. L'autre main est posée sur une chèvre, aussi présentée de profil. Une femme tenant un bébé dans ses bras se tient aux cotés de Noé.  Un coq est présent dans le coin inférieur gauche. Une grande tendresse se dégage de cette scène, faite d'intimité familiale. 

 

"Ce nourrisson dans les bras maternels pourrait donc très bien symboliser la renaissance de cette humanité nouvelle pleine d'espoir et d'amour qu'espérait tant Chagall." (R. Massé) 

"Universellement, le coq est le symbole de la ponctualité et de la fiabilité. Il annonce l'aube, et donc l'arrivée de la lumière. Dans cette même idée, il est celui qui annonce également la libération, le passage des ténèbres à la lumière."  (idem)

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 RMN Gérard Blot, http://www.photo.rmn.fr/archive/08-523231-2C6NU0IGNHGY.html

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Idem, gouache préparatoire.

http://www.photo.rmn.fr/archive/14-546951-2C6NU0AGXKOXU.html

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c) Le vitrail.

Les deux mouchettes forment une seule composition. Le point de vue est beaucoup plus large que dans les œuvres précédentes, permettant de voir derrière et au dessus de Noé sa famille , composée selon la Bible de ses trois fils Sem, Cham et Japhet et de leurs épouses (Gn 7:13) . Disons qu'il y a eu des naissances, ou des passagers clandestins, car je compte plus de 16 personnes. Rien que du coté tribord.

 

A bâbord, c'est un enchevêtrement de pattes et d'oreilles, d'ailes et de museaux, où une cane ne retrouverait pas ses poussins. Le plus amusant dans les arches de Noé, ce sont les girafes et les éléphants, les zèbres et les dromadaires, les macaques et les hippopotames (sans oublier la baleine) qui font le bonheur des peintres depuis la nuit des temps. Mais point ici.

 

 

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Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Le soufflet du sommet du tympan : Noé et l'arc-en-ciel.

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a) le texte : Genèse 9:8-16.

 

 

— Bible, éd. Tériade 1956, tome 1 page 4

http://www.photo.rmn.fr/archive/16-532108-2C6NU0A4CL8QS.html

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 Bible, page 4 verso.

http://www.photo.rmn.fr/archive/16-532109-2C6NU0A4CLDPZ.html

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b) La planche gravée n°4  de BibleL’arc-en-ciel, signe d'Alliance entre Dieu et la Terre (Genèse IX:8-17). 

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RMN Gérard Blot  http://www.photo.rmn.fr/archive/08-523233-2C6NU0IGN2XZ.html

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c) La toile du Message Biblique. "Noé et l'arc-en-ciel" [1961-1966]

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http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/marc-chagall_l-arc-en-ciel-signe-d-alliance-entre-dieu-et-la-terre_gouache_1931

RMN Adrien Didierjean

http://www.photo.rmn.fr/archive/16-532095-2C6NU0A4CLET0.html

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d) Le vitrail de Metz.

À la différence de la gravure et de la toile, Noé n'est plus couché, dans la posture du songeur,  mais il est debout et semble toucher du bras l'arc-en-ciel qu'un ange déploie dans la tête de lancette. Il n'y a plus ni maison, ni coq, ni chèvre, ni famille en liesse, tout au plus un beau rameau d'olivier. 

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Noé et l'arc-en-ciel, tympan de la baie n°11,  déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Noé et l'arc-en-ciel, tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Le soufflet de la baie n°11, présentant Noé et l'arc-en-ciel, et l'ajour central de la rose de la baie n°9 se répondent, si on se rappelle que le Déluge préfigure pour les chrétiens le Jugement Dernier, et que Noé sauvant un "reste" de l'humanité pécheresse préfigure le Christ (Matthieu 24:38-42). Après la création d'Adam, un nouveau départ est donné, avec des règles différentes, celles de l'Alliance noachique (Noé = Noah en hébreu). Cette nouvelle création sur fond de destruction radicale ne peut pas ne pas faire évoquer  la Seconde Guerre Mondiale, "le conflit armé le plus vaste que l’humanité ait connu, mobilisant plus de 100 millions de combattants de 61 nations, déployant les hostilités sur quelque 22 millions de km², et tuant environ 62 millions de personnes, dont une majorité de civils." (Wikipédia).

Le mot hébreu pour "alliance" est bérit et son étymologie provient peut-être de l'akkadien biritu, "lien". Dans l'alliance accordée à Noé, Dieu seul s'engage, inconditionnellement, en faveur de ses descendants, alors que  l'alliance accordée à Moïse sera réciproque et conditionnée à la fidélité d'Israël. Les Prophètes expliqueront alors les malheurs d'Israël par son inconduite et sa trahison unilatérale du contrat. (D'après Quesnel et Gruson,  La Bible et sa culture, Desclée de Brouver, 2011 p. 72).

L'Alliance de Dieu avec l'humanité est donc racontée par Chagall dans les vitraux qu'il créa pour la cathédrale de Metz. Elle débute avec la verrière de la Création dans la baie n°17, et l'alliance adamique qui concerne tous les hommes. Elle se poursuit ou se renouvelle dans la baie n°11 avec Noé au profit de la Création toute entière. Elle se conclue ensuite plus spécifiquement  avec le peuple d'Israël par à travers  Abraham, Jacob et Moïse. Dans la baie n° 9, elle s'établit avec Moïse sur des bases contractuelles  supposant le respect d'un Code de l'Alliance. Elle s'enracine par David au sein d'une lignée et d'une dynastie royale. Elle est remise en cause par l'inconduite d'Israël et des rois de Juda, provoquant la colère de Yahvé et la punition de l'Exil et la destruction de la ville et du Temple de Jérusalem mais par la voix prophétique de Jérémie l'Eternel s'engage malgré tout à accorder son pardon. Enfin le Christ en croix rachète par sa mort sur la croix l'humanité toute entière du Péché.

On sait que Chagall est opposé à tout prosélytisme religieux.  Mais si le mot Amour vient remplacer le mot Alliance, et que ces trois baies racontent l'amour du Créateur pour sa Création, malgré les exactions humaines, pour inciter les hommes à ne pas désespérer lors des périodes de conflit et de haine,  on peut rapprocher ce programme iconographique de ce qu'il déclara lors de l'inauguration des vitraux de l'église du Fraumünster de Zurich :

 

 

 

 

"Je prononce ce mot « paix », ce mot magique, surtout à notre époque, ce mot que l'on retrouve dans la Bible. (...) En dépit des difficultés de notre monde, j'ai retenu l'amour de la vie intérieure dans lequel j'ai été élevé et l'espérance de l'homme dans l'amour. Dans notre vie il y a une seule couleur, comme sur une palette d'artiste, qui donne le sens de la vie et de l'Art. C'est la couleur de l'amour. Je vois dans cette couleur d'amour toutes les qualités qui permettent l'accomplissement dans tous les domaines. (...) L'art que j'ai pratiqué depuis mon enfance m'a enseigné que l'homme est capable d'amour et que l'amour peut le sauver. Pour moi, c'est la vraie couleur, la vraie matière de l'Art".  Sylvie Forestier, Chagall—les Vitraux. Paris : Éditions Paris-Méditerranée, 1996. p. 185, cité par Rébecca Massé. 

Le signe que Noé adresse en levant la main droite, à coté d'un olivier, salue sans-doute l'avènement de l'Alliance, mais on peut y voir aussi le signe d'espoir adressé par Chagall à l'humanité rescapée du conflit mondial. Un salut d'artiste, dans une pirouette.

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Noé et l'arc-en-ciel, tympan de la baie n°11,  déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Noé et l'arc-en-ciel, tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

 

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SOURCES ET LIENS.

Base de données des photographies de la Réunion des Musées Nationaux : 

http://www.photo.rmn.fr/

http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PCD92LT2B&SMLS=1&RW=1280&RH=616&PN=30#/SearchResult&VBID=2CO5PCD92LT2B&SMLS=1&RW=1280&RH=616&PN=1 

— http://vitrail.ndoduc.com/vitraux/htm5/eg_StEtienne@Metz_Chagall.htm

— Exposition Chagall et la Bible au Musée d'art et d'histoire du judaïsme 2011.

 http://www.mahj.org/documents/Chagall-et-la-Bible-dossier-pedagogique.pdf

— http://vdujardin.com/blog/marc-chagall-metz-paradis-terrestre/

— http://hoffmangkor.fr/albums/metz-illuminee-de-jour/

— http://www.mesvitrauxfavoris.fr/cathedrale%20metz%20%20chagall.htm

—"La symbolique des vitraux de Chagall" - Robert Fery 

https://www.youtube.com/watch?v=sEYDDgkLbBQ

— BLANCHET-VAQUE (Christine), Les enjeux de la création contemporaine dans la restauration d'un monument classé. Les premiers vitraux de peintres à la cathédrale de Metz, 1952-1965  In Nicholas Bullock,Luc Verpoest Living with History, 1914 - 1964: la Reconstruction en Europe Après la Première Et la Seconde Guerre Mondiale Et Le Rôle de la Conservation Des Monuments Historiques, Leuven University Press, 2011 - 390 pages 

https://books.google.fr/books/about/Living_with_History_1914_1964_la_Reconst.html?id=P84es4zwTiAC&redir_esc=y

 

— GAUTRON (Jean-Claude), site kerdonis.fr

http://kerdonis.fr/ZCHAGALL/page5.html

— MASSÉ (Rebecca), 2010, l'illustration de la Bible par Marc  Chagall comme témoignage de sa position théologique personnelleMémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en histoire de l'art pour l'obtention du grade de maître es arts (M.A.) Département d'histoire Faculté des Lettres Université Laval Québec. Les 105 planches de gravure de Bible figurent en annexe.  En ligne :

http://www.theses.ulaval.ca/2010/27339/27339.pdf

— MEYER (Bella), 2015, "Chagall à New-York à la rencontre de la monumentalité", in Chagall et la musique, Gallimard/ Philharmonique de Paris / La Piscine-Roubaix, pages 280-283.

— MEYER (Franz), 1995,  Marc Chagall, Paris, Flammarion.

— PARK (Chan Young), 2008, La Bible illustrée par Marc Chagall (1887-1985) : un dialogue interculturel et son évolution , Thèse en Histoire de l’art , Université Paris IV Sorbonne sous la direction de Bruno Foucart. 

http://www.theses.paris-sorbonne.fr/thesepark.pdf

— PACOUD-RÈME (Élisabeth) ), 2000, «Chagall et le renouveau de l’art sacré en France après-guerre», dans Marc Chagall maquettes de vitraux, catalogue d’exposition, Paris, Réunion des Musées nationaux, 2000, 

—PINTELON (Véronique), 2004, Les conditions artistiques, administratives et historiques de la réalisation des vitraux de Marc Chagall à la cathédrale de Reims.

http://www.cathedrale-reims.culture.fr/documents/chagall-pintelon.pdf

 

— SCHMITT-REHLINGER, Geneviève, 2006 Jésus le Christ dans l’œuvre de Marc Chagall : le motif du crucifié, Thèse de doctorat de Théologie catholique sous la direction de PierreMarie Baude, Université Paul Verlaine de Metz, .

http://docnum.univ-lorraine.fr/public/UPV-M/Theses/2006/Schmitt_Rehlinger.Genevieve.LMZ0607_1_2.pdf

— ZELLER (Madeleine), 2009, Marc Chagall et le Message Biblique, in Françoise Mies, Bible et art: L'âme des sens, Presses universitaires de Namur, 2009 - 190 pages

 

— Marc Chagall et les vitraux de Metz : Rouen, Musée des beaux-arts : 22 mai-15 septembre 1964 /Marc Chagall / [Rouen] : Le Musée , [1964] 

— L'atelier Simon-Marcq :

http://www.ateliersimonmarq.com/public/site/parutions/141101%20VMF/ASM%20VMF%20FULL%20site.compressed.pdf

 
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11 septembre 2016 7 11 /09 /septembre /2016 19:22

PRÉSENTATION.

 

Baie n° 11 : 4 lancettes lancéolées bigéminées (le sacrifice d’Abraham, la lutte de Jacob avec l’ange, le songe de Jacob et Moïse devant le buisson ardent)  surmontées de deux mouchettes ; tympan de deux mouchettes et un soufflet, encadrés par deux ajours latéraux.  1962, Verre, 362 x 92 cm pour les lancettes, Metz, Cathédrale Saint-Étienne.  

 


 

 


 


 

 

 

Situation de la baie n°11, cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

Situation de la baie n°11, cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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 Marc Chagall, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, lancettes de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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I. LANCETTE A. LE SACRIFICE D'ABRAHAM.

 

Marc Chagall, Le sacrifice d'Abraham, lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Le sacrifice d'Abraham, lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Isaac, in Le sacrifice d'Abraham (détail), lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Isaac, in Le sacrifice d'Abraham (détail), lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Le sacrifice d'Abraham, lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Le sacrifice d'Abraham, lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall,  tête de la lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, tête de la lancette A, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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LANCETTE B. LUTTE DE JACOB CONTRE L'ANGE. 

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Marc Chagall, Lutte de Jacob contre l'ange, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Lutte de Jacob contre l'ange, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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La signature : "Chagall Riems" (sic).

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Signature de Marc Chagall, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Signature de Marc Chagall, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Lutte de Jacob contre l'ange, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Lutte de Jacob contre l'ange, lancette B, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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III. LANCETTE C. LE SONGE DE JACOB.

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Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Le songe de Jacob, lancette C, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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IV. LANCETTE D. MOÏSE ET LE BUISSON ARDENT.

 

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Marc Chagall, Moïse et le buisson ardent, lancette D,  baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Moïse et le buisson ardent, lancette D, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Moïse et le buisson ardent, lancette D,  baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Moïse et le buisson ardent, lancette D, baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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V. LE TYMPAN.

La partie haute présente Joseph berger, Jacob pleurant la perte de Joseph, Noé lâchant une colombe de l’Arche, et Noé et l’arc-en-ciel.

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Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Les 2  ajours inférieurs.

Les deux ajours inférieurs.

 

"La partie haute présente Joseph berger, Jacob pleurant la perte de Joseph, Noé lâchant une colombe de l’Arche, et Noé et l’arc-en-ciel. Ce sont tous des épisodes tirés de la Genèse et de l’Exode. " (Park, 2008)

 
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Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz,  photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, Tympan de la baie n°11, déambulatoire nord de la cathédrale de Metz, photographie lavieb-aile.

 
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11 septembre 2016 7 11 /09 /septembre /2016 17:19

PRÉSENTATION.

 

— Baie n° 9 : 3 lancettes lancéolées (Moïse recevant les Tables de la Loi,  David jouant de la harpe , le prophète Jérémie ),  deux médaillons à quatre-feuilles, une rose à dix ajours centrée par le Christ. Verrière réalisée par Charles Marq de Reims en 1962, d'après les cartons de Marc Chagall, 1958-1961.

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LA BAIE N°9 DU DÉAMBULATOIRE NORD. 

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Marc Chagall et Charles Marcq,  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.
 

Marc Chagall et Charles Marcq, baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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LA LANCETTE A. MOÏSE RECEVANT LES TABLES DE LA LOI

 

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Mishpatim 21:1-24:18

 

 

Marc Chagall,  lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall,  lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Le peuple d'Israël. La signature "Marc Chagall".

 

Signature Marc Chagall, sur la  lancette A .  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Signature Marc Chagall, sur la lancette A . baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Aaron et le chandelier d'or.

 

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Marc Chagall,  lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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LA LANCETTE B. LE ROI DAVID IMPLORÉ PAR BETHSABÉE.

 

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Marc Chagall,  lancette B, David jouant de la harpe.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, lancette B, David jouant de la harpe. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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1. Panneau inférieur. Le peuple d'Israël dansant.

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Marc Chagall,  lancette B.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.
 

Marc Chagall, lancette B. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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2. Deuxième panneau :  Bethsabée.

 

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Bethsabée dansant,  lancette B. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Bethsabée dansant, lancette B. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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3. Troisième panneau. David sur son trône écoutant Bethsabée.

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Marc Chagall, David jouant de la harpe,  lancette B.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, David jouant de la harpe, lancette B. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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La tête de la lancette B.

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Marc Chagall, tête de lancette B (inversée).  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, tête de lancette B (inversée). baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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LA LANCETTE C. LE PROPHÈTE JÉRÉMIE ET L'EXIL.

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Les pleurs de Jérémie, lancette C.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Les pleurs de Jérémie, lancette C. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Lancette C.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Lancette C. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Sommet de la lancette C.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Sommet de la lancette C. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN (1964).

 

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Tympan  de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Le Christ en croix.

 

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Tympan  de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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L'agneau pascal.

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Tympan  de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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L'ange sonnant de la trompe. 

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Tympan  de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

 

 

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3 septembre 2016 6 03 /09 /septembre /2016 17:03

PRÉSENTATION.

Lorsqu'il franchit le bras nord du transept pour accéder au déambulatoire qui contourne le chœur , le visiteur de la cathédrale trouve un panneau d'information n° 10 (le n° 9 est celui qui décrit la verrière de la Création) ; il y lit ceci :

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"Chagall, sur les deux fenêtres de l'abside nord, ouvre en couleurs quelques pages de la Bible, une histoire continue qui mène de la tragédie de l'Exil à la Shoah.

Tout en haut, la lumière arc-en-ciel, au temps de Noé, éclate en bleu et en rouge devant vous. Le sacrifice d'Isaac lié sur l'autel annonce celui du Christ en Croix. Au centre, deux épisodes de la vie de Jacob : le songe et la lutte avec l'ange, un monde tout en rouge qui tranche avec celui de la manifestation de Dieu à Moïse devant le buisson ardent tout en bleu.

A la fenêtre suivante, l'histoire se poursuit. Sur le Sinaï en flammes, Moïse comme aspiré vers Dieu, reçoit les tables des dix paroles. Au centre, David chante s'accompagnant d'une lyre ; enfin Jérémie, le prophète préféré de l'artiste, nous invite à méditer sur le sens d'une histoire qui interpella Chagall : « Plus notre temps refuse de voir le visage entier du monde pour n'en regarder qu'une toute petite partie de sa peau, plus je deviens inquiet en considérant ce visage dans son rythme éternel. »

S'il lève les yeux, il sera ébloui par la lumière d'une vingtaine de spots montés sur un vilain luminaire dans une volonté, sinon  de desservir l'œuvre du peintre, du moins de privilégier le culte. Il cherchera en vain à  contourner ces odieux lumignons  pour bénéficier d'un regard d'ensemble. L'une avec ses trois lancettes, se trouve au nord de la porte d'accès à la tourelle octogonale de la Boule d'Or (baie n°9), et la seconde,  à quatre lancettes, surmonte la porte de la Grande Sacristie (baie n°11 ) .

Donc :  

— Baie n° 9 : 3 lancettes lancéolées (Moïse recevant les Tables de la Loi,  David jouant de la harpele prophète Jérémie ),  deux médaillons à quatre-feuilles, une rose à dix ajours centrée par le Christ. Verrière réalisée par Charles Marq de Reims en 1962, d'après les cartons de Marc Chagall, 1958-1961.

—Baie n° 11 : 4 lancettes lancéolées bigéminées (le sacrifice d’Abraham, la lutte de Jacob avec l’ange, le songe de Jacob et Moïse devant le buisson ardent surmontées de deux mouchettes ; tympan de deux mouchettes et un soufflet, encadrés par deux ajours latéraux.  1962, Verre, 362 x 92 cm pour les lancettes, Metz, Cathédrale Saint-Étienne.  

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Les baies n° 9 et 11 de la cathédrale de Metz, sur un plan de Dehio 1902.

Les baies n° 9 et 11 de la cathédrale de Metz, sur un plan de Dehio 1902.

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 "La première réalisation importante de vitraux pour une église que Chagall entreprit fut celle des fenêtres de la cathédrale Saint-Étienne de Metz. En 1958, lorsque Robert Renard, architecte en chef des Monuments Historiques, lui demanda de créer deux petites fenêtres du déambulatoire du chœur, il hésita à s’engager formellement, de peur de ne pas y réussir  [Robert Renard écrivit, dans son rapport du 21 août 1958 envoyé au Directeur Général de l’Architecture, que « M. Chagall n’a jamais voulu s’engager formellement, disant qu’il ne pouvait être sûr de réussir et qu’il ne voulait rien promettre ». Archives, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Paris. ]. Mais le résultat satisfaisant de ces premières fenêtres dût l’encourager. Ainsi, jusqu’en 1968, il réalisa successivement les fenêtres de l’abside nord, du transept nord et du triforium est et ouest. " ( Chan Young Park, 2008)

Le choix de Robert Renard s'explique par la participation de Chagall à l'aménagement (une mosaïque et deux vitraux) de l'église du Plateau d'Assy (1937-1946), véritable manifeste du renouveau de l'art sacré  inauguré en 1950 sous l'impulsion du dominicain Marie-Alain Couturier,et qui a suscité une vive polémique connue sous le nom de "querelle de l'Art Sacré".

"Après la Seconde Guerre mondiale, le chantier le plus urgent est celui de la repose des 50000m2 de vitraux anciens déposés par sécurité. Or, l’architecte en chef des Monuments historiques, Robert Renard [de 1946 à 1974, mais nommé à Metz en 1951] considère que les seuls vitraux intéressants et représentatifs de notre époque sont les œuvres de grands peintres: Léger, Matisse, Manessier… En 1955, la cathédrale de Metz est donc le premier édifice classé Monument historique à recevoir les vitraux des artistes contemporains. Accepter les créations proposées pour Metz fut une décision audacieuse qui a ouvert la porte à de nombreuses créations dont celles de Sima à l'église Saint-Jacques de Reims, de Gérard Lardeur à la cathédrale de Cambrai ou encore de Bazaine dans l’église Saint-Séverin de Paris. " (Journal de l'exposition Chagall Soulages Benzaken 2015). Je note aussi le soutien apporté par Jacques Dupont (1908-1988), Inspecteur général des Monuments historiques. 

Robert Renard fait appel à deux autres artistes contemporains pour les vitraux de Metz : Jacques Villon et Roger Bissière (1960).

Le déambulatoire de Metz est éclairé par ailleurs par des vitraux du XVIe siècle, à petites scènes ; Chagall doit intégrer ses créations avec eux. Il a le choix de ses sujets et ce choix se porte sur des thèmes tirés de l'Ancien Testament, tels qu'il les avait illustrés par les gouaches préparatoires puis par 105 gravures pour Bible, édité par Tériade en 1956 et par les lithographies pour Dessins pour la Bible édité les éditions Verve en 1960.

Pour la baie n°9,   il choisit deux Patriarches (Moïse et Jacob), un Roi (David), et un Prophète (Jérémie), mais il ré-emploie d'autres planches. 

 

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LA BAIE N°9 DU DÉAMBULATOIRE NORD. 

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" L’artiste représenta alors Moïse recevant les Tables de la Loi, le roi David et le prophète Jérémie pour les trois lancettes, et il figura le Christ dans la rosace centrale. Cette composition avec trois personnages importants de l’Ancien Testament à la base convergeant vers le Christ est étonnante. Car, comme Sylvie Forestier l’écrivit, (Sylvie Forestier, Chagall – Les Vitraux, p.181), ces figures de Prophètes et du Roi poète sont considérées dans le christianisme comme annonciatrices de celle du Christ, selon l’idée fréquente que l’Ancien Testament comporte des préfigurations du Nouveau Testament. Néanmoins, au regard de la judéité de l’artiste, l’interprétation selon ce point de vue chrétien devrait être considérée avec précaution. Quant au choix de ce programme iconographique, nous ignorons comment Chagall fut amené à le faire. Mais les correspondances de Robert Renard nous informent que l’artiste avait établi ses maquettes avant qu’il fût officiellement engagé. Robert Renard écrivit dans sa lettre du 10 mai 1961 adressée à l’artiste : « Pour vos précédentes fenêtres, mon Administration m’a reproché de n’avoir pas attendu ni obtenu d’autorisation officielle. J’aimerais donc, pour la troisième fenêtre, avoir une lettre officielle de commande ». (Archives, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Paris. ). Par conséquent, nous pouvons croire que Chagall avait librement réalisé ses maquettes, sans avoir d’influences extérieures. Tout de même, les maquettes furent soumises aux examens de la Commission Supérieure des Monuments Historiques. Elles furent également présentées à Monseigneur Heintz, Évêque de Metz, qui les apprécia beaucoup, et reçurent ensuite l’approbation de la Commission d’Art Sacré de la Moselle. Cet ensemble d’informations nous montre que l’œuvre de Chagall avait satisfait l’Église et les Monuments Historiques, qui, par la suite, continuèrent à collaborer avec l’artiste.Chan Young Park, 2008)

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Les maquettes.

Nous trouvons en ligne trois maquettes datant de 1958-1959 :

a) L'une conservée au  Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle :  Papiers découpés, aquarellés, gouachés, collés sur papier 114 x 94 cm.

https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/c4yXde/razgkoX

b) les 2 autres conservées au Musée National Marc Chagall de Nice 

— Celle de 1959, où Bethsabée est absente de la lancette B  :

http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/marc-chagall_cathedrale-de-metz-david-et-jeremie-de-la-serie-vitraux_crayon-dessin_encre-de-chine_crayon-de-couleur_1959

— celle-ci, en couleur,  datant de 1958, (image) : Marc Chagall, maquette pour la baie 9, baie nord du déambulatoire de la cathédrale Saint Etienne de Metz (Moselle). © Adagp, Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Adrien Didierjean .

Elle fait clairement apparaître pour les lancettes une construction autour d'un point central (le siège de David) délimitant par deux diagonales quatre triangles opposés par leur pointe :

  • Un triangle rouge (Moïse), à droite , opposé/ s'inversant en :
  • un triangle violet à droite (Jérémie)
  • Un triangle bleu, en bas répondant à
  • Un triangle bleu, rompu par le vert, le jaune et le rose, en haut.

Cette construction se retrouve bien-sûr dans le vitrail, .

 

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Maquette pour la baie n°9, baie nord du déambulatoire de la cathédrale Saint Etienne de Metz (Moselle). © Adagp, Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Adrien Didierjean .

Maquette pour la baie n°9, baie nord du déambulatoire de la cathédrale Saint Etienne de Metz (Moselle). © Adagp, Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Adrien Didierjean .

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Le vitrail.

Chagall le surnommait "le blessé", car sa partie gauche a été amputée lors de la création de la tourelle, ce qui lui donne un air boiteux. L'axe médian de la rosace est décentré vers la gauche de l'axe médian actuel des lancettes.

J'y ai tracé les deux diagonales incontestables opposant, nous allons le voir, l'alliance contractuelle conclue par Dieu avec son peuple et la rupture de cette alliance prophétisée par Jérémie. J'y place aussi un axe vertical qui part de la mère à l'enfant, passe par le trône de David, et s'achève par le Christ de la rosace.

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Marc Chagall et Charles Marcq,  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.
Marc Chagall et Charles Marcq,  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall et Charles Marcq, baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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LA LANCETTE A. MOÏSE RECEVANT LES TABLES DE LA LOI. L'ALLIANCE MOSAÏQUE.

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  Chagall l'a préparée depuis 1931 par la planche 37 de Bible. (Sur 105 gravures de ce recueil, 17 traitent de Moïse et portent les n° 26 à 42) . Ce sujet est également traité dans une huile sur toile sur fond jaune conservée au Musée Marc Chagall et datée de 1960-1966.

 http://musees-nationaux-alpesmaritimes.fr/chagall/objet/c-moise-recevant-les-tables-de-la-loi

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"Chagall conclut sa série sur les patriarches avec dix-sept planches entourant la vie de Moïse, le nombre le plus important d'illustrations consacrées à un personnage dans son recueil. Pierre Schneider voit chez l'artiste un trait commun avec ce personnage biblique puisque tous les deux éprouvaient des difficultés d'élocution. Pour Moïse, ses problèmes de langage débutèrent lors de sa confrontation avec la voix de Dieu et sa mission de rapporter par la suite le message divin au peuple hébreu. Chagall, pour sa part, développa ce trouble plus jeune, lorsque son professeur lui demanda de réciter sa leçon devant sa classe. Alors petit juif du héder hébraïque transplanté dans une école russe, il ne put articuler un seul mot, bien qu'il connut son récital par cœur. La cause du blocage de ces deux hommes était en quelque sorte la même; l'incapacité de surmonter l'écart entre les exigences de l'expression et celles de la communication. L'artiste disait sans détour avoir « une âme douloureuse de gamin bégayant » . Son problème perdura avec les années puisqu'un peu plus tard, lorsqu'il tentait en vain d'expliquer les raisons qui l'avaient poussé à se rendre à Paris, il confiait dans ses écrits : « À ma bouche affluaient des mots venus du cœur. Ils m'étouffaient presque. Je bégayais. Les mots se poussaient à l'extérieur, anxieux de s'éclairer de cette lumière de Paris, de se parer d'elle. » Son affinité avec Moïse expliquerait alors en partie le nombre important de planches qu'il lui a consacré, mais une autre raison pourrait être envisagée : Moïse est l'homme qui a conduit le peuple hébreu hors de l'esclavage vers la terre promise. Ce conducteur représente ainsi l'aspiration profonde de l'artiste, juif et expatrié de surcroît, qui souhaite ardemment un monde nouveau et idéal pour tous les hommes de notre terre." (R. Massé, 2010)

 

 

 


C'est la planche n° 37 qui est intitulée  Moïse, au Sinaï, reçoit des mains de Dieu les tables de la Loi. Les planches n°38 ( Les Hébreux adorant le veau d'or ) et n°40  (Aaron devant le chandelier d'or à sept branches ) sont aussi  intégrées à la première lancette, en périphérie du sujet principal. Aussi peut-on dire que pour ses débuts dans la réalisation d'une verrière (et d'une façon qu'il maintiendra désormais constamment)  Chagall puise dans un travail biblique réalisé sans relâche depuis 30 ans,  en le découpant, en le recomposant et en le modifiant. Les planches bibliques, puisqu'elles illustraient quelques versets, ne représentaient qu'une seule scène (centrées sur un personnage). Les vitraux vont au delà de cette fonction d'illustration et de l'aspect narratif (que les planches dépassaient en fait ) et composent une saisissante méditation biblique, une grande variation poétique qui s'enrichira, vitrail après vitrail, par le jeu des collages et par celui des couleurs.

Car son but n'est pas d'apporter un énième commentaire biblique, mais de témoigner du sens et de la poésie aux personnages bibliques par la couleur. Qui est, pour lui, une expression visible de l'amour.

 

 Justement, la lancette est divisée en trois plages de couleur : deux en haut et en bas sont bleues, et elles sont pénétrées par un triangle rouge dont le sommet est dirigé vers la droite. Ce triangle correspond, par confrontation à l'étude et au tableau du MNMC, au Sinaï.  Mais cette construction doit être replacée dans le schéma global du vitrail.

 Au sommet du mont, Moïse, le front irradié par son contact avec la divinité, reçoit les Tables de la Loi. Dieu est représenté par une seule main, la main gauche, sortant des nuées bleuâtres. Le corps du Patriarche forme l'axe diagonal principal, axe souligné par les nombreuses lignes parallèles tracées par les plombs. Ainsi se crée un grand mouvement d'aspiration vers le Divin. Mais au sein de ce mouvement, le corps de Moïse, loin d'être linéaire, tourne et danse comme s'il perdait pied. Le bas de sa robe forme des vagues,  emporté par le grand cercle rouge-feu qui se gonfle devant lui. Toute la montagne est embrasée. Chagall fait une lecture soigneuse du texte biblique  d'Exode 24:16-18.:

 

 "La gloire de l'Éternel reposa sur la montagne de Sinaï, et la nuée le couvrit pendant six jours. Le septième jour, l'Éternel appela Moïse du milieu de la nuée. L'aspect de la gloire de l'Éternel était comme un feu dévorant sur le sommet de la montagne, aux yeux des enfants d'Israël.  Moïse entra au milieu de la nuée, et il monta sur la montagne. Moïse demeura sur la montagne quarante jours et quarante nuits."

La réception des Tables par Moïse a lieu, dans le Livre de l'Exode, à deux reprises. Voici un résumé d'un texte qui mérite d'être lu ou relu :

a) Moïse, ayant  conduit  son peuple au pied du mont Sinaï, y monte s'entretenir avec Dieu. Cela commence au chapitre 19, et Dieu met déjà en scène sa théophanie de manière très spectaculaire pour que le peuple prenne Moïse au sérieux.  "La montagne de Sinaï était tout en fumée, parce que l'Éternel y était descendu au milieu du feu; cette fumée s'élevait comme la fumée d'une fournaise, et toute la montagne tremblait avec violence. " (19:18). Seul Moïse a le droit de s'approcher, puis Moïse et son frère Aaron, puis Moïse et son guide Josué. Dans les chapitres 20 à 23, il reçoit les commandements  et lois, que Dieu énonce oralement. C'est très long, très précis, cela dépasse largement les "Dix commandements". Moïse offre alors un sacrifice en signe de l'alliance conclue entre Dieu et son peuple : il exerce la fonction de prêtre.

En Ex 24:12, Dieu s'engage à laisser une trace écrite de ce "Code de l'alliance" :

 "L'Éternel dit à Moïse: Monte vers moi sur la montagne, et reste là; je te donnerai des tables de pierre, la loi et les ordonnances que j'ai écrites pour leur instruction."

Moïse gravit une fois de plus le Sinaï, mais c'est pour entendre un long exposé divin (chapitre 25 à 31) sur les données cultuelles ou liturgiques du judaïsme. Il désigne Aaron et ses fils comme ses prêtres. Ce n'est qu'à la fin du chapitre 31 que nous lisons :

" Lorsque l'Éternel eut achevé de parler à Moïse sur la montagne de Sinaï, il lui donna les deux tables du témoignage, tables de pierre, écrites du doigt de Dieu. " (Ex 31:18).

 

Puis :

 

 

"Moïse retourna et descendit de la montagne, les deux tables du témoignage dans sa main; les tables étaient écrites des deux côtés, elles étaient écrites de l'un et de l'autre côté. Les tables étaient l'ouvrage de Dieu, et l'écriture était l'écriture de Dieu, gravée sur les tables." (Ex 32:15-16)

Le vitrail de Chagall correspond à ce moment.

Cette scène est fondatrice pour le judaïsme, puisque  elle institue l'Alliance de Dieu avec Israël, ses lois, son culte, ses rites (le sabbat), ses objets rituels (tabernacle, arche d'alliance ), sa caste sacerdotale, et les vêtements liturgiques, soit le passage d’une identité tribale et généalogique (les douze tribus d'Israël correspondant aux douze fils de Jacob) vers une identité « nationale ».  Dans cette lancette, Chagall illustre-t-il seulement les éléments de son identité juive ?

Ou bien met-il l'alliance mosaïque (précédée par celle de Noé et d'Abraham)  comme une préfiguration de la Nouvelle Alliance qui, pour l'apôtre Paul (Corinthiens 1 1:25 et 2 3:6) s'ouvre par la Croix du Christ à tous les hommes ?

 

b) Chagall mentionne déjà dans sa peinture la suite du Livre de l'Exode et ses chapitres 32 à 34 : en effet, le peuple d'Israël est représenté par une double colonne verticale dont chaque case reçoit un visage ; et tout en haut, on discerne le Veau d'Or. Poursuivons la lecture.

En redescendant, Moïse voit les Hébreux, sous la conduite de son frère Aaron, adorer un veau d'or et enfreindre le 3e commandement ! Pris de colère,  il fracasse les Tables de la Loi sur un rocher (Ex 32, 25-29). Il doit alors retourner au sommet du mont Sinaï afin de recevoir de nouvelles Tables ( Exode, 34, 18 ) . Après les chapitres témoignant de l'élection d'Israël comme nation sacrée et royaume de sacrificateurs, ceux-ci décrivent le péché, la faute, la rupture du pacte contracté par Moïse, le pardon de Dieu, et le renouvellement du pacte.

 

L'ange de la tête de lancette.

 J'y vois l'ange qui, durant l'Exode, guida la marche du Peuple d'Israël, selon la promesse divine : Ex 23:20, "Voici, j'envoie un ange devant toi, pour te protéger en chemin, et pour te faire arriver au lieu que j'ai préparé. ",  Ex 23:23  " Mon ange marchera devant toi, et te conduira chez les Amoréens, les Héthiens, les Phéréziens, les Cananéens, les Héviens et les Jébusiens, et je les exterminerai. " et Ex 32:34 : "Va donc, conduis le peuple où je t'ai dit. Voici, mon ange marchera devant toi, mais au jour de ma vengeance, je les punirai de leur péché. ".

 

 

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Mishpatim 21:1-24:18

Marc Chagall, Moïse recevant les Tables de la Loi, (1931), planche n°37, eau-forte, de "Bible" édition Tériade 1956. Illustration in R. Massè, 2010.

Marc Chagall, Moïse recevant les Tables de la Loi, (1931), planche n°37, eau-forte, de "Bible" édition Tériade 1956. Illustration in R. Massè, 2010.

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Marc Chagall,  lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall,  lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Le peuple d'Israël. La signature "Marc Chagall".

 

Signature Marc Chagall, sur la  lancette A .  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Signature Marc Chagall, sur la lancette A . baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Aaron et le chandelier d'or.

Je l'ai dit, Chagall reprend ici la planche n°40 des gravures de Bible (1931-1956). Cette association est propre à l'univers de Chagall. Aaron est le premier grand prêtre d'Israël :

Exode 28:2-5 " Tu feras à Aaron, ton frère, des vêtements sacrés, pour marquer sa dignité et pour lui servir de parure. Tu parleras à tous ceux qui sont habiles, à qui j'ai donné un esprit plein d'intelligence; et ils feront les vêtements d'Aaron, afin qu'il soit consacré et qu'il exerce mon sacerdoce. Voici les vêtements qu'ils feront: un pectoral, un éphod, une robe, une tunique brodée, une tiare, et une ceinture. Ils feront des vêtements sacrés à Aaron, ton frère, et à ses fils, afin qu'ils exercent mon sacerdoce."

Chagall a représenté Aaron coiffé, non de la tiare ou du turban de lin ( Mitznefet), mais du migbahat des prêtres, en forme de cône. Il porte le pectoral qui est longuement décrit en Exode 28:15-30 et qui porte les 12 pierres des 12 tribus : 

" Tu feras le pectoral du jugement, artistement travaillé; tu le feras du même travail que l'éphod, tu le feras d'or, de fil bleu, pourpre et cramoisi, et de fin lin retors. Il sera carré et double; sa longueur sera d'un empan, et sa largeur d'un empan. Tu y enchâsseras une garniture de pierres, quatre rangées de pierres: première rangée, une sardoine, une topaze, une émeraude; seconde rangée, une escarboucle, un saphir, un diamant; troisième rangée, une opale, une agate, une améthyste; quatrième rangée, une chrysolithe, un onyx, un jaspe. Ces pierres seront enchâssées dans leurs montures d'or.  Il y en aura douze, d'après les noms des fils d'Israël; elles seront gravées comme des cachets, chacune avec le nom de l'une des douze tribus. […] Lorsque Aaron entrera dans le sanctuaire, il portera sur son coeur les noms des fils d'Israël, gravés sur le pectoral du jugement, pour en conserver à toujours le souvenir devant l'Éternel. Tu joindras au pectoral du jugement l'urim et le thummim, et ils seront sur le coeur d'Aaron, lorsqu'il se présentera devant l'Éternel. Ainsi, Aaron portera constamment sur son coeur le jugement des enfants d'Israël, lorsqu'il se présentera devant l'Éternel. "

Dans l' iconographie, Aaron est figuré tenant soit la verge de son élection, soit l'encensoir de sa fonction sacerdotale, mais non le chandelier.

Ce chandelier à sept branches (la Menorah) est décrit longuement encore dans Exode 25:31-40, en des termes très poétiques qui ne peuvent qu'inspirer Chagall, d'autant que sa forme, inspirée dit-on de la Sauge Salvia palaestina évoque l'Arbre de vie qui lui est cher.

 

" Tu feras un chandelier d'or pur; ce chandelier sera fait d'or battu; son pied, sa tige, ses calices, ses pommes et ses fleurs seront d'une même pièce.  Six branches sortiront de ses côtés, trois branches du chandelier de l'un des côtés, et trois branches du chandelier de l'autre côté.  Il y aura sur une branche trois calices en forme d'amande, avec pommes et fleurs, et sur une autre branche trois calices en forme d'amande, avec pommes et fleurs; il en sera de même pour les six branches sortant du chandelier.  A la tige du chandelier, il y aura quatre calices en forme d'amande, avec leurs pommes et leurs fleurs. Il y aura une pomme sous deux des branches sortant de la tige du chandelier, une pomme sous deux autres branches, et une pomme sous deux autres branches; il en sera de même pour les six branches sortant du chandelier. Les pommes et les branches du chandelier seront d'une même pièce: il sera tout entier d'or battu, d'or pur. Tu feras ses sept lampes, qui seront placées dessus, de manière à éclairer en face. Ses mouchettes et ses vases à cendre seront d'or pur.  On emploiera un talent d'or pur pour faire le chandelier avec tous ses ustensiles. Regarde, et fais d'après le modèle qui t'est montré sur la montagne."

C'est en Exode 27:20-21 que se trouve mentionné le lien entre Aaron, et la lumière (Norah) 

  Tu ordonneras aux enfants d'Israël de t'apporter pour le chandelier de l'huile pure d'olives concassées, afin d'entretenir les lampes continuellement.. C'est dans la tente d'assignation, en dehors du voile qui est devant le témoignage, qu'Aaron et ses fils la prépareront, pour que les lampes brûlent du soir au matin en présence de l'Éternel. C'est une loi perpétuelle pour leurs descendants, et que devront observer les enfants d'Israël.

Veiller sur cette lumière, en entretenir les lampes, incombe donc aux enfants d'Israël par l'intermédiaire du grand prêtre. 

Néanmoins,  Aaron porte la responsabilité de l'épisode du Veau d'or, ce qui explique peut-être qu'il soit représenté en être fautif, accroupi dans un coin.

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Marc Chagall, Aaron et le chandelier d'or, planche n°40, eau-forte, de "Bible" édition Tériade 1956. Illustration in R. Massè, 2010.

Marc Chagall, Aaron et le chandelier d'or, planche n°40, eau-forte, de "Bible" édition Tériade 1956. Illustration in R. Massè, 2010.

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Marc Chagall,  lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, lancette A : Moïse recevant les Tables de la Loi. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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LA LANCETTE B. LE ROI DAVID IMPLORÉ PAR BETHSABÉE. L'ALLIANCE DAVIDIQUE.

 

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Je rappelle la construction en X du vitrail : ce panneau B est certes central, mais il est aussi situé en entre-deux, à l'intersection des deux triangles horizontaux rouge et parme, ce qui imposerait de sans cesse resituer la description dans sa globalité. A gauche, Moïse et son Alliance. A droite, Jérémie prophétisant la rupture de l'Alliance. Face à cet enjeu quasi cosmique, ce récit qui s'inscrit dans le Plan divin, que fait David ? Il joue de la musique, prépare un banquet et compte fleurette avec la belle Bethsabée. Et à l'étage inférieur (le triangle bleu), le peuple élu fait la fête à Jérusalem. Il s'agit de voir cela de plus près.

Trop de nos cathédrales affichent dans leur fenêtres hautes des successions de Patriarches, les uns après les autres, puis de Prophêtes, puis d'Apôtres, ou de Saints, en simples et pieuses et souvent superbes énumérations, pour ne pas laisser passer la chance de disposer d'un vitrail cohérent, construit sur une pensée artistique et  spirituelle, sur un "message biblique", et de tenter de le déchiffrer.

C'est la planche n°75 gravée pour Bible qui me révèle le sens de cette scène : son titre est "Bethsabée vient rappeler à David la promesse qu'il lui a faite de désigner son fils Salomon comme roi d'Israël après lui". Elle se réfère au Livre des Rois :

 « Bath Schéba se rendit dans la chambre du roi. Il était très vieux; et Abischag, la Sunamite, le servait. Bath Schéba s'inclina et se prosterna devant le roi. Et le roi dit: Qu'as-tu? Elle lui répondit: Mon seigneur, tu as juré à ta servante par l'Éternel, ton Dieu, en disant: Salomon, ton fils, régnera après moi, et il s'assiéra sur mon trône. Et maintenant voici, Adonija règne ! Et tu ne le sais pas, ô roi mon seigneur ! Il a tué des boeufs, des veaux gras et des brebis en quantité; et il a invité tous les fils du roi, le sacrificateur Abiathar, et Joab, chef de l'armée, mais il n'a point invité Salomon, ton serviteur. O roi mon seigneur, tout Israël a les yeux sur toi, pour que tu lui fasses connaître qui s'assiéra sur le trône du roi mon seigneur après lui. » (1 Rois 1 : 15-20) .

Cette scène, au début du Livre des Rois, se rapporte à la lutte pour la succession de David, question laissée en suspens à la fin du Livre de Samuel : parmi les fils du roi, Amnone et Absalom sont disparus, et Adonias, fils d'Haggith, rentre en lice. Mais le prophète Nathan s'oppose à cette investiture : 

"Alors Nathan dit à Bath Schéba, mère de Salomon: N'as-tu pas appris qu'Adonija, fils de Haggith, est devenu roi, sans que notre seigneur David le sache?  Viens donc maintenant, je te donnerai un conseil, afin que tu sauves ta vie et la vie de ton fils Salomon.  Va, entre chez le roi David, et dis-lui: O roi mon seigneur, n'as-tu pas juré à ta servante, en disant: Salomon, ton fils, régnera après moi, et il s'assiéra sur mon trône? Pourquoi donc Adonija règne-t-il? Et voici, pendant que tu parleras là avec le roi, j'entrerai moi-même après toi, et je compléterai tes paroles." (1 Rois 1:11-14)

Le vieux roi David, informé par Bethsabée, désigne Salomon comme successeur, et ordonne  à Nathan de l'oindre.

" Ainsi que je te l'ai juré par l'Éternel, le Dieu d'Israël, en disant: Salomon, ton fils, régnera après moi, et il s'assiéra sur mon trône à ma place, -ainsi ferai-je aujourd'hui.  Bath Schéba s'inclina le visage contre terre, et se prosterna devant le roi. Et elle dit: Vive à jamais mon seigneur le roi David! [...] Vous sonnerez de la trompette, et vous direz: Vive le roi Salomon! Vous monterez après lui; il viendra s'asseoir sur mon trône, et il régnera à ma place. C'est lui qui, par mon ordre, sera chef d'Israël et de Juda.[...]  Tout le peuple monta après lui, et le peuple jouait de la flûte et se livrait à une grande joie; la terre s'ébranlait par leurs cris." (1 Rois 1:30-40)

Ce passage est donc le moment crucial par lequel la dynastie de David (celle qui est illustrée dans les Arbres de Jessé comme l'élément royal de la Généalogie de Jésus) se forme et mène, par Salomon puis Roboam et les autres Rois de Juda jusqu'à Jechonias et l'exil à Babylone, avant que douze autres générations ne conduisent, pour les chrétiens, à Joseph, père légal de Jésus (Mt 1:7-16).

Ce passage est également crucial puisqu'il illustre, après l'alliance de Dieu avec Moïse, l'alliance davidique. On connaît comment David tomba amoureux de Bethsabée, femme de Urie, coucha avec elle, apprit qu'elle était enceinte, et ordonna la mort de Urie. Et comment Dieu le punit par la mort du premier enfant de David et de Bethsabée, puis accorda son pardon et permit la naissance d'un second enfant, Salomon. Ce récit figure dans le Livre de Samuel 2 Sa 11 à 12.

 Or, on lit en note de 2 Sa 11:3 la note suivante dans la Traduction Officielle  Liturgique :

« Bethsabée » : en hébreu Bat-Shéva, c'est-à-dire « fille de l'Alliance » : Dieu a fait surabonder sa grâce là où le péché avait abondé, et Bat-Shéva va entrer dans l'Alliance en enfantant Salomon." .

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L'alliance davidique.

Cette alliance se fonde sur la prophétie transmise par Nathan à David :Samuel 7:11-16

"Et l'Éternel t'annonce qu'il te créera une maison. Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j'élèverai ta postérité après toi, celui qui sera sorti de tes entrailles, et j'affermirai son règne. Ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom, et j'affermirai pour toujours le trône de son royaume. Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils. S'il fait le mal, je le châtierai avec la verge des hommes et avec les coups des enfants des hommes;  mais ma grâce ne se retirera point de lui, comme je l'ai retirée de Saül, que j'ai rejeté devant toi. Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône sera pour toujours affermi."

 L'oracle joue sur le mot bayit « maison », appliqué tantôt à la dynastie, tantôt au Temple qu'édifiera l'héritier, Salomon. Les fautes de l'héritier (l'idolatrie qui marque la fin du règne de Salomon) sont prévues, mais Yahvé promet son pardon. 

Cette alliance s'exprime encore dans le Psaume 89 versets 27-38 :

«Et moi, je ferai de lui le premier-né, Le plus élevé des rois de la terre.

Je lui conserverai toujours ma bonté, Et mon alliance lui sera fidèle;

Je rendrai sa postérité éternelle, Et son trône comme les jours des cieux.

Si ses fils abandonnent ma loi Et ne marchent pas selon ses ordonnances,

S'ils violent mes préceptes Et n'observent pas mes commandements,

Je punirai de la verge leurs transgressions, Et par des coups leurs iniquités;

Mais je ne lui retirerai point ma bonté Et je ne trahirai pas ma fidélité,

Je ne violerai point mon alliance Et je ne changerai pas ce qui est sorti de mes lèvres.

J'ai juré une fois par ma sainteté: Mentirai-je à David?

Sa postérité subsistera toujours; Son trône sera devant moi comme le soleil,

Comme la lune il aura une éternelle durée. Le témoin qui est dans le ciel est fidèle. "

 L'alliance n'est plus conditionnelle ou contractuelle, elle est scellée éternellement quelque soit la conduite des fils de David. Or après la scission du royaume en deux, Jéroboam roi d'Israël éleva des sanctuaires à Bethel et à Dane au dieu Baal, et, pour le royaume de Juda, tous les rois furent idolâtres sauf Ezechias et Josias. 

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Marc Chagall, Bible (1956),  planche n°75 : "Bethsabée vient rappeler à David la promesse qu'il lui a faite de désigner son fils Salomon comme roi d'Israël après lui". (in R. Massé 2010)

Marc Chagall, Bible (1956), planche n°75 : "Bethsabée vient rappeler à David la promesse qu'il lui a faite de désigner son fils Salomon comme roi d'Israël après lui". (in R. Massé 2010)

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Marc Chagall,  lancette B, David jouant de la harpe.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, lancette B, David jouant de la harpe. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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1. Panneau inférieur. Le peuple d'Israël dansant.

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a) Note technique. Le verre soufflé plaqué et gravé.

Sur le plan technique, l'atelier Simon Marcq de Reims a utilisé les verres soufflés fabriqués près de Saint-Etienne, à Saint-Just -sur-Loire dans une filiale de Saint-Gobain. Regardez sur le site en lien la vidéo  de You Tube "Le verre soufflé à la bouche par la Verrerie de Saint-Just", conté 

par Monsieur Claude Girard qui revient sur le passage d'artistes de renom et son travail à la Verrerie, de 1945 à 1979.

Le panneau est globalement bleu, sa tenue est renforcé par des barres horizontales ou vergettes. Il résulte de l'assemblage par les plombs d'une quarantaine de pièces de verre. Chaque pièce est d'une couleur donnée, ici, bleue ; puis elle est peinte à la grisaille. une peinture vitrifiable composée d'un fondant et d'oxydes métalliques, de couleur noire ou brune, plus ou moins opaque selon sa dilution. La grisaille se lie au verre après cuisson. Elle est néanmoins l'objet d'altérations.

Puisque nous constatons ici que le verre serti dans un plomb n'est pas uniformément bleu, mais qu'il présente des plages blanches et des taches jaunes, c'est qu'il y a un truc. Un verre plaqué est gravé à l'acide fluorhydrique.

Le verre coloré dans la masse est surcolorié par placage en surface. Le verre aisi constitué de deux couches d'épaisseur différente : la première est fine et coloriée tandis que la seconde est blanche ou légèrement teintée. 

 La gravure à l'acide du verre coloré plaqué éclaircit les couches de couleur ou les élimine pour laisser apparaître les teintes inférieures. Ce procédé permet d'obtenir des nuances plus variées dans un même registre de couleur et de composer finement des motifs à plusieurs teintes. 

Les deux taches jaunes (main du musicien et son chofar) sont obtenues par application de jaune d'argent, procédé de cementation entrainant des échanges entre les ions metalliques (cuivre, argent, platine et le verre durant la cuisson.

 La gravure à l'acide permet le chatoiement des couleurs que nous allons découvrir dans les autres panneaux. 

b) Description,

Ce panneau B est également signé : "Chagall" en bas et à gauche.

Cette scène est,à mon sens, l'illustration de la joie du peuple d'Israël à l'investiture de Salomon en 1 Rois 1:39-40.

"Vous sonnerez de la trompette, et vous direz: Vive le roi Salomon! […] Le sacrificateur Tsadok prit la corne d'huile dans la tente, et il oignit Salomon. On sonna de la trompette, et tout le peuple dit: Vive le roi Salomon! Tout le peuple monta après lui, et le peuple jouait de la flûte et se livrait à une grande joie; la terre s'ébranlait par leurs cris."

 L'instrument joué par les deux musiciens pourrait être une clarinette, instrument indispensable de la musique klezmer, mais on se plait à y voir un chofar, instrument rituel israélite fait d'une corne de bélier. Sa forme devrait alors être serpentine. D'autre part, le chofar est toujours joué seul. 

Si on insère ce panneau au sein du triangle bleu inférieur, on y voit aussi la boule blanche au sommet de laquelle danse une chêvre, boule qui est sans doute un astre (terre, lune ou soleil ?) au dessus des toits de la ville (Jérusalem) .

A gauche, un homme de profil, le front ceint, se tient à coté d'une mère tenant son enfant. Ces deux-ci nous regardent. David, Bethsabée et Salomon enfant ? Dans la photographie du vitrail sur laquelle j'ai tracé les lignes de force que j'y trouvais, j'ai souligné la ligne qui part de ce couple, suit la courbe du trône de David et s'achève avec le Christ en croix. Une ligne pleine de sens pour les chrétiens, pour lesquels le Christ accomplit ce qui est préfiguré dans l'Ancien Testament, et scelle la Nouvelle Alliance. Mais une ligne signifiante aussi pour celui qui, "simplement", suit la trajectoire de l'Amour jusqu'au don de sa vie pour l'humanité, vocation de l'artiste-prophète.

 

 

 

 

 


 

 

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Marc Chagall,  lancette B.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.
Marc Chagall,  lancette B.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, lancette B. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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2. Deuxième panneau :  Bethsabée.

Bethsabée vêtue d'une robe rouge, tient un bouquet. Le motif du bouquet est, chez Chagall, toujours relié à celui du couple d'amoureux. D'ailleurs, le couple David-Bethsabée tient, pour la mythologie personnelle de Chagall, le même rang qu' Adam et Ève : couple paradigmatique sinon primordial. Si David est l'un des alter ego du peintre, derrière David-Bethsabée se devinent Chagall-Bella et Chagall-Vava, ou tous les couples qui s'offrent des bouquets de fleurs. Rappellons que le frère de Chagall mais aussi le fils que Chagall eut de Virginie Haggard en 1946, se prènommaient David, ce qui signifie en hébreu "bien-aimé".. Et que Chagall avait 58 ans lorsqu'il connu — dans une relation adultérine— Virginie qui en avait 30, et qu'il avait 65 ans lorsqu'ils rompirent, en 1952. Il épousa alors Valentina Brodsky, qui avait 47 ans. 

 

Quoiqu'il en soit du pouvoir d'évocation du couple David-Bethsabée pour Chagall, sa présence dans ce vitrail parle de la filiation et de la fondation d'une lignée enracinée dans l'amour, mais aussi dans  une triple infraction envers les sixième, septième et dixième commandements du Décalogue : Tu ne tueras point,  Tu ne commettras point d'adultère, et Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain.  Mais David n'apparaît pas ici comme pécheur (comme dans tous les livres d'Heures chrétiens où les enluminures le représentent introduisant aux Psaumes pénitenciels avec le verset Domine ne in furore tuo arguas me)  mais comme chef de la Maison de David. Pour Chagall, et pour le texte biblique, le principe premier au nom duquel Bethsabée rappelle à David son engagement vis à vis de son fils n'est pas une dette contractée par une faute, mais c'est la puissance de leur amour.

 

 

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Bethsabée dansant,  lancette B. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Bethsabée dansant, lancette B. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Marc Chagall, David et Bethsabée au double profil, 1951. Collection privée. Photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall et la poésie, Landerneau 2016.

Marc Chagall, David et Bethsabée au double profil, 1951. Collection privée. Photographie lavieb-aile lors de l'exposition Chagall et la poésie, Landerneau 2016.

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3. Troisème panneau. David sur son trône écoutant Bethsabée.

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David est assis de trois-quart sur son trône royal et tient sa harpe. Derrière lui, une table est dressée, portant une coupe de fruits, une cruche et un verre, mais il s'en détourne. David a 70 ans dans la scène représentée ici. A peu près l'âge de Chagall lorsqu'il peint ce vitrail. Le roi d'Israël, après les coups d'éclat de sa jeunesse (sa victoire contre Goliath), a connu durant son règne beaucoup de vicissitudes, peintes et gravées par Chagall pour la plupart dans Bible (gravures   n° 66 à 75)  : outre la mort du premier-né de Bethsabée, citons la mort de son tendre et intime ami Jonathan, le viol de sa fille par son fils aîné Amnon, le meurtre du-dit Amnon par son 3e fils Absalon, la rébellion d'Absalon  l'amenant à fuir nu-pieds Jérusalem dans la Colline des Oliviers, le pardon qu'il accorde à Absalon, la trahison de ce dernier qui le chasse de son royaume, la mort accidentelle d'Absalon retenu par les cheveux à un térébinthe, son  desespoir en apprenant cette mort ( "Le roi s'était couvert le visage, et il criait à haute voix: Mon fils Absalon! Absalon, mon fils, mon fils! " : 2 Samuel 19:1-4).

Chagall, en peignant le visage du roi à la fin de son règne, la tête penchée, le front ridé, connait tout cela, et en tient compte.

Sur le plan technique,  c'est le panneau idéal pour admirer comment l'art du peintre et celui de son verrier se déploient. A gauche, c'est un panneau blanc à motifs de grisaille rehaussé de deux valeurs différentes de jaune d'argent. David et sa harpe, ainsi que le fond, doivent être peints sur un verre bleu, décoloré pour la moitié du visage et pour la harpe, et teinté en vert par du jaune d'argent. Quelques rares touches de jaune évoquent des reflets d'or, alors qu'un verre rouge à demi décoloré sur la manche droite laisse imaginer un joyau. L'application de la grisaille diluée sur le visage est subtile. 

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La harpe de David est aussi nommée sa lyre. Le lyrisme de Chagall.

 

 

Chagall voit dans le roi David un double de lui-même, un artiste (il a selon la tradition  composé les psaumes sur sa harpe) qui, en chantant les louanges de Dieu, et en offrant ces chants à la liturgie, incite son peuple à la joie, aux chants et aux danses, à l'exultation de l'allégresse : une mission  à laquelle le peintre n'a cessé de se vouer par ses couleurs et ses motifs. 

Parmi tous les points de rencontre entre David et Chagall, l'un d'entre eux est donc  le lyrisme. " Le lyrisme est l'expression d'une émotion personnelle intense. La poésie lyrique traite des sentiments du poète (les thèmes récurrents sont l'amour, la mort, la nostalgie, la fuite du temps, la communion avec la nature, le destin, le sacré, etc.)" (http://www.etudes-litteraires.com/figures-de-style/lyrisme.php).

" Les faits et les choses ne sont pas vus pour eux-mêmes, mais à travers une résonance intérieure dans l'âme humaine. " (Anne Souriau, Vocabulaire d'esthétique, P.U.F 1999 p. 965).

Mais Rébecca Massé souligne qu'ici, :

 "Ce lyrisme devient alors l'expression puisée dans le processus de la lutte de Chagall pour connaître le message de Dieu. Il fait par conséquent partie d'une modalité de connaissance du divin. Ce lyrisme n'est donc pas seulement une expression du sentiment intérieur, mais une ascension de l'âme. C'est avec celui-ci qu'il parvient à s'approprier le message biblique. "

 

Le lyrisme de Chagall n'est pas un vain mot, qu'on distribuerait sans discernement à tout artiste. Au contraire, c'est la caractéristique propre de son génie, précocement reconnue par Malraux. Celui-ci écrivait à son propos, dans la longue lettre datée de 1976, devenue la préface de Et sur la terre... :

 

 

« Votre surprise, toujours initiale, est toujours féconde, parce qu’elle exige la métamorphose. Non seulement celle-ci l’accompagne, mais encore votre création picturale affirme, d’une manière naïve si l’on y tient, mais d’une naïveté invulnérable comme la naïveté religieuse, que les choses (et pas seulement celles que vous représentez) ne sont pas ce qu’on croit, ce qu’elles croient. Si vous êtes devenu le plus grand coloriste vivant, c’est évidement pour des raisons spécifiques, mais elles me semblent inséparables de ce que tout réel, tout imaginaire est appelé par vous à sa métamorphose en peinture. »

 Cette métamorphose concerne les éléments narratifs bibliques, mais surtout les personnages qui se retrouvent ici apothéosés, au même titre que la lumière du jour lorsqu'elle traverse les couleurs du  verre. Et j'emprunte le terme "apothéosé" à cette définition du lyrisme par Baudelaire :

 

"Tout poète lyrique, en vertu de sa nature, opère fatalement un retour vers l’Éden perdu. Tout,  hommes, paysages, palais, dans le monde lyrique, est pour ainsi dire apothéosé." (Baudelaire, l'art romantique) .   

C'est à Chagall que s'applique aujourd'hui les lignes écrites par  Baudelaire sur le trait de génie particulièrement lyrique, c’est-à-dire amoureux du surhumain de  Banville :

"L'hyperbole et l'apostrophe sont des formes de langage qui lui sont non seulement des plus agréables, mais aussi des plus nécessaires, puisque ces formes dérivent naturellement d'un état exagéré de la vitalité. Ensuite, nous observons que tout mode lyrique de notre âme nous contraint à considérer les choses non pas sous leur aspect particulier, exceptionnel, mais dans les traits principaux, généraux, universels. La lyre fuit volontiers tous les détails dont le roman se régale. L'âme lyrique fait des enjambées vastes comme des synthèses. […] Il y a, en effet, une manière lyrique de sentir ...ces sortes d'impressions, si riches que l'âme en est comme illuminée, si vives qu'elle en est comme soulevée. Tout l'être intérieur, dans ces merveilleux instants, s'élance en l'air par trop de légèreté et de dilatation, comme pour atteindre une région plus haute. Ici, le paysage est revêtu, comme les figures, d'une magie hyperbolique ; il devient décor. La femme est non seulement un être d'une beauté suprême, comparable à celle d'Ève ou de e Vénus ; non seulement, pour exprimer la pureté de ses yeux, le poète empruntera des comparaisons à tous les objets limpides, éclatants, transparents, à tous les meilleurs réflecteurs et à toutes les plus belles cristallisations de la nature, mais encore faudra-t-il doter la femme d'un genre de beauté tel que l'esprit ne peut le concevoir comme existant dans un monde supérieur." 

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Par ce lyrisme, les personnages bibliques, les animaux et chimères, et les objets de son identité sont projetés par Chagall en véritables astérismes d'un Zodiaque qui nous régit, et sur lesquels ils tournent, ré-apparaissant cycliquement à chaque œuvre, mais dans des conjonctions différentes.

 

Mais ce qui est bien avec la Bible, c'est que les figures apothéosées ne sont jamais idéalisées. Adam et Éve sont magnifiés comme couple primordial, mais sont les héros de la Chute. Cain a tué Abel, Noé s'est enivré, Sarah a ri de Dieu, et  Moïse est grandiose mais bègue ; et indigne de pénétrer en Terre Promise. Aaron est le premier grand prêtre, mais il a ordonné le Veau d'or. David est le plus grand roi d'Israël, son plus grand poète, mais son amour est coupable. Le lyrisme de Chagall porte aux nues ces grandes figures mais loin d'occulter leurs failles, il les glorifie comme de vénérables blessures propres à l'humain de l'Homme. Les élus de Dieu qu'il fait entrer dans son Panthéon  sont des êtres blessés.

 

 

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Marc Chagall, David jouant de la harpe,  lancette B.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, David jouant de la harpe, lancette B. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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La tête de la lancette B.

Elle est divisée en une moitié bleue où est dessiné un croissant de lune entouré d'étoiles (surtout sur la maquette), et une moitié rouge où deux visages, l'un masculin, l'autre féminin à la longue chevelure, sont peints tête en bas.  (j'ai inversé la photo pour mieux les voir). La femme porte un demi-disque argent sur l'épaule.

En définitive, toute cette lancette ne trouve sa cohérence que dans l'amour et le plaisir des sens : ouïe (musique), odorat et vue (bouquet), goût (vin et fruits), et les autres !

Je vois ici l'illustration du Psaume 89 versets 36-37 où Yahvé dit de David :

"Sa postérité subsistera toujours; Son trône sera devant moi comme le soleil,

Comme la lune il aura une éternelle durée." 

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Marc Chagall, tête de lancette B (inversée).  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, tête de lancette B (inversée). baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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LA LANCETTE C. LE PROPHÈTE JÉRÉMIE ET L'EXIL.

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L'analyse des lancettes précédentes a été longue. Mais l'étude de la dernière lancette s'est avérée bien plus complexe. 

Elle poursuit la construction en X horizontal de l'ensemble du vitrail, un grand triangle mauve ou parme s'ouvrant vers le coté droit à travers un fond bleu. Deux motifs sont bien visibles, Jérémie en bas, de profil, accroupi et recroquevillé sur lui-même, et, en haut, un oiseau (un coq). Le triangle mauve est traversé de lignes verticales qui dessinent un damier. Deux séries de  cases de ce damier, qui se croisent, sont de couleur bleue et rouge, et on y distingue quelques silhouettes. 

Pour comprendre le sujet de cette lancette, je me réfère comme je l'ai fait aux peintures et gravures bibliques de Chagall concernant Jérémie afin de trouver le titre du modèle le plus proche :

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a) Le volume de Bible (Tériade 1956) contient 4 eaux-fortes consacrées à Jérémie.

C'est dans Jérémie jeté dans une citerne que je retrouve une posture proche de celle de notre lancette, mais la citerne n'est pas représentée ici. Cette planche n'est pas le modèle que je recherche.

 

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Marc Chagall, Bible, Planche gravée n° 102. Jérémie jeté dans une citerne par les gens du roi Sédécias.

Marc Chagall, Bible, Planche gravée n° 102. Jérémie jeté dans une citerne par les gens du roi Sédécias.

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b) Au bord droit de la toile du Message Biblique Moïse recevant les Tables de la Loi, au dessus d'Aaron, Chagall a représenté Jérémie se lamentant, entouré d'un couple, alors qu'un ange lui amène des rouleaux. Des rayons verticaux descendent du ciel, comme les lignes verticales du vitrail. Au dessus, se trouve le roi David. Cette présence montre le lien que Chagall fait entre les trois scènes qu'il a représenté, à Metz, en trois lancettes distinctes, et incite à penser que leur thème commun  est celui de l'Alliance entre Dieu et son Peuple, par les Patriarches, les Rois, les Prêtres  et les Prophètes, et celui de l'amour divin irradiant comme une lumière d'espérance et de soutien le peuple élu. 

Malgré des interprétations divergentes, l'ange n'apporte pas ici les rouleaux de la Torah, mais ceux des prophéties dictées par Dieu. (Jr. 36).

 

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Moïse recevant les Tables de la Loi, huile sur toile (1960-1966) © Musée national Marc Chagall © cliché RMN Gérard Blot.

http://musees-nationaux-alpesmaritimes.fr/chagall/objet/c-moise-recevant-les-tables-de-la-loi

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Marc Chagall, Moïse recevant les Tables de la Loi (détail), annotation sur   cliché RMN  © Gérard Blot

Marc Chagall, Moïse recevant les Tables de la Loi (détail), annotation sur cliché RMN © Gérard Blot

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c) De même, dans le tableau La Lutte de Jacob avec l'ange du même corpus du Message Biblique (1960-1966), le bord droit du tableau montre en bas un personnage tourné vers la droite, accroupi et voûté, surmonté d'un groupe de personnes (Joseph sorti du puits) , et, en haut, d'un coq présenté par un ange, soit un motif très proche de celui de la lancette C. Mais l'homme replié sur lui-même n'est pas Jérémie, mais Jacob pleurant sur la tunique de son fils.

 

Marc Chagall,  La Lutte de Jacob avec l'ange (détail), Message Biblique, Musée Marc Chagall, Nice

Marc Chagall, La Lutte de Jacob avec l'ange (détail), Message Biblique, Musée Marc Chagall, Nice

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d) "Pleurs de Jérémie", 1956.

Jusqu'à présent, je n'ai pas avancé beaucoup. De toute façon, les tableaux du Message Biblique, datant de 1960-1966, n'ont pu servir de source à Chagall pour le vitrail de Metz, qui date de 1958. 

 

Par contre, une lithographie en couleur de la série Dessins pour la Bible (Verve, 1956) montre, sous le titre " Pleurs de Jérémie", le prophète dans la même posture que sur le vitrail. (Voir aussi "Le prophète Jérémie", 1968, Centre Pompidou). Cette lithographie est précieuse car elle montre l'objet que le prophète tient dans ses bras : le rouleau qu'il a dicté à Baruc, le texte de l'oracle si embarrassant que Dieu lui a fait connaître et qu'il doit désormais révéler, au risque  de sa vie ou de sa liberté. Autour et derrière le prophète, une foule, un âne, et Jérusalem. Le ciel est mauve comme dans la lancette de Metz. Le titre Pleurs de Jérémie ne se réfère pas à un épisode précis du Livre de Jérémie, mais la présence de ce rouleau renvoie par contre  à Jérémie 36:1-3. 

 

 

"La quatrième année de Jojakim, fils de Josias, roi de Juda, cette parole fut adressée à Jérémie de la part de l'Éternel, en ces mots: Prends un livre, et tu y écriras toutes les paroles que je t'ai dites sur Israël et sur Juda, et sur toutes les nations, depuis le jour où je t'ai parlé, au temps de Josias, jusqu'à ce jour. Quand la maison de Juda entendra tout le mal que je pense lui faire, peut-être reviendront-il chacun de leur mauvaise voie; alors je pardonnerai leur iniquité et leur péché."

Yahvé est très irrité par l'inconduite du roi Joachim (Jojakim) et la corruption générale et il a fait dire par son porte-parole Jérémie ceci (qui va être recopié dans le rouleau, avec beaucoup d'autres choses) :

"Malheur à celui qui bâtit sa maison par l'injustice, Et ses chambres par l'iniquité; Qui fait travailler son prochain sans le payer, Sans lui donner son salaire; Qui dit: Je me bâtirai une maison vaste, Et des chambres spacieuses; Et qui s'y fait percer des fenêtres, La lambrisse de cèdre, Et la peint en couleur rouge! Est-ce que tu règnes, parce que tu as de la passion pour le cèdre? Ton père ne mangeait-il pas, ne buvait-il pas? Mais il pratiquait la justice et l'équité, Et il fut heureux; Il jugeait la cause du pauvre et de l'indigent, Et il fut heureux. N'est-ce pas là me connaître? dit l'Éternel. Mais tu n'as des yeux et un coeur Que pour te livrer à la cupidité, Pour répandre le sang innocent, Et pour exercer l'oppression et la violence. C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel sur Jojakim, fils de Josias, roi de Juda: On ne le pleurera pas, en disant: Hélas, mon frère! hélas, ma soeur! On ne le pleurera pas, en disant: Hélas, seigneur! hélas, sa majesté! Il aura la sépulture d'un âne, Il sera traîné et jeté hors des portes de Jérusalem." (Je 22:13-19)

La sépulture d'un âne ! Baruc écrit le rouleau et va le lire dans la "maison du Seigneur, aux oreilles de tout le peuple". Il est alors convoqué par les scribes et les princes qui, pris de frayeur à l'audition du prophète de malheur, conseillent à Jérémie et à Baruc de se cacher. On amène le rouleau au roi Joakim, fils de Josias, qui, furieux, en déchire les morceaux avec son canif et les brûle au feu du brasero !

AncreAncreAncreAncre"La parole de l'Éternel fut adressée à Jérémie, en ces mots, après que le roi eut brûlé le livre contenant les paroles que Baruc avait écrites sous la dictée de Jérémie: Prends de nouveau un autre livre, et tu y écriras toutes les paroles qui étaient dans le premier livre qu'a brûlé Jojakim, roi de Juda. Et sur Jojakim, roi de Juda, tu diras: Ainsi parle l'Éternel: Tu as brûlé ce livre, en disant: Pourquoi y as-tu écrit ces paroles: Le roi de Babylone viendra, il détruira ce pays, et il en fera disparaître les hommes et les bêtes? C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel sur Jojakim, roi de Juda: Aucun des siens ne sera assis sur le trône de David, et son cadavre sera exposé à la chaleur pendant le jour et au froid pendant la nuit. Je le châtierai, lui, sa postérité, et ses serviteurs, à cause de leur iniquité, et je ferai venir sur eux, sur les habitants de Jérusalem et sur les hommes de Juda tous les malheurs dont je les ai menacés, sans qu'ils aient voulu m'écouter." (Jr 1:27-31)

 

Sédécias, autre fils du  roi Josias, succède alors aux rois Joakim et Joïakin. C'est Nabuchodonosor, roi de Babylone qui l'établit roi de Juda (le royaume d'Israël a été détruit), mais Sédécias ne tarde pas à se tourner vers l'ancien suzerain, le Pharaon. Les "Chaldéens" (Nabuchodonosor) assiègent Jérusalem.  Jérémie ne cesse de prêcher la soumission à Babylone qu'il considère comme envoyée par Dieu pour châtier Jérusalem l'infidèle. Mais il se fait traiter de traître et accuser de collusion avec l'ennemi. Jérémie est arrêté au moment où il tente de sortir de Jérusalem pour toucher une part d'héritage, et on le conduit en prison pour motif de trahison. Sédécias le protège mais est assez impuissant face aux scribes et princes pro-égyptiens. Il demande à Jérémie son conseil, et le prophète, parlant au nom de Yahvé, lui prédit que s'il ne se rend pas aux Chaldéens, la ville sera brûlée, le Temple détruit, et lui et les siens seront tués alors que le peuple sera emmené à Babylone. Les scribes s'emparent de Jérémie et l'enferment au fond d'une citerne. Sédécias lui apporte secrètement son aide, mais Jérémie continue à lui annoncer la punition prévue par Yahvé.  En effet, en  588, l'armée de Babylone envahit Juda et assiège Jérusalem. Après un siège d'un an et demi, en juillet 587, la ville est prise. Sédécias en fuite est repris et déporté. Le temple et la ville sont incendiés (Jr. 39). Les habitants aisés sont déportés, seul un "reste" de paysans pauvres est admis à rester en Juda pour cultiver les champs et la vigne. Jérémie est parmi eux, lorsque des factieux organisent la fuite de ce "reste" en Égypte. Jérémie leur annonce la colère de Yahvé, la victoire de Nabuchodonosor contre le Pharaon, et la destruction des exilés judéens, et, une fois de plus, il est honni pour ces prophéties jugées défaitistes. Le Livre de Jérémie se poursuit par les Lamentations, cinq poèmes alphabétiques où le royaume de Juda est assimilé à une femme, "Juda", désormais dépravée et avilie en punition de ses fautes. 

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Marc Chagall Pleurs de Jérémie  1956 (C) ADAGP, Paris Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Gérard Blot http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/marc-chagall_pleurs-de-jeremie_lithographie_1956

Marc Chagall Pleurs de Jérémie 1956 (C) ADAGP, Paris Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Gérard Blot http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/marc-chagall_pleurs-de-jeremie_lithographie_1956

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La posture frappante de Jérémie, souffrante voire souffreteuse (nos "jérémiades"), incitant à l'apitoiement,  est l'inverse de celle de Moïse rayonnant, dressé et happé par son exaltation sinaïque. Au chef guidant la nation succède le prophète accablé par la parole divine dont il est la bouche, et comme honteux de sa tâche, comme frappé de culpabilité devant l'agonie de son peuple. Déchiré entre son appartenance au peuple, et son ministère prophétique. Il récapitule en son corps l'humanité, les souffrances et les fautes de son peuple, mais cette participation, paradoxalement, l'isole dans la solitude et le confronte au rejet.  Il ne peut lâcher le rouleau des exigences divines.

Cette lancette C est l'inversion de la lancette A. C'est la seule où ne figurent pas d'instruments de musique. 

Jérémie est le contraire de l'Artiste inspiré, prométhéen. Aucune inspiration créatrice, aucune dimension de démiurge. Yahvé est obligé de le secouer depuis le début :

 Je répondis: ---Hélas, Seigneur Eternel, je ne sais pas m'exprimer, car je suis un adolescent. Mais l'Eternel me répondit:---Ne dis pas: «Je suis un adolescent»; tu iras trouver tous ceux auprès de qui je t'enverrai, et tu leur diras tout ce que je t'ordonnerai.  N'aie pas peur de ces gens, car je suis avec toi pour te protéger, l'Eternel le déclare. Alors l'Eternel tendit la main et me toucha la bouche, et il me dit: ---Tu vois: je mets mes paroles dans ta bouche. [...] "Toi donc, mets ta ceinture et lève-toi, tu leur diras tout ce que je t'ordonnerai. Ne te laisse pas terrifier par eux, sinon c'est moi qui, devant eux, m'en vais te terrifier." (Jérémie 1: 6-7 & 17)

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La quasi-totalité des personnages et des animaux de Chagall sont ses avatars, ses hétéronymes, mais s'il s'est dépeint ici, c'est dans les moments les plus sombres de son existence.

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Les pleurs de Jérémie, lancette C.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Les pleurs de Jérémie, lancette C. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Lancette C.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Lancette C. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Lignes directrices de la lancette C.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Lignes directrices de la lancette C. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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e) La maquette.

 

Une autre aide à l'interprétation de la lancette C,  c'est, tout bêtement, la maquette en couleur ! Elle va me permettre de comprendre que la rangée horizontale de cases de damier bleues sont des maisons, mais que celles-ci sont dessinées à l'envers, avec le toit vers le bas. J'en conclue qu'il s'agit d'une figuration de la destruction de Jérusalem.

 

Maquette de la baie 9, détail : la lancette C à l'endroit, puis inversée.
Maquette de la baie 9, détail : la lancette C à l'endroit, puis inversée.

Maquette de la baie 9, détail : la lancette C à l'endroit, puis inversée.

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Si ces maisons sont renversées, abattues, les bulles mauves sont sans-doute là pour illustrer l'incendie de la ville et les volutes de fumée. Dans l'une d'elle, on distingue un homme à l'envers, et, lorsque je le recherche sur le vitrail, je découvre, à peine perceptible, un être , peut-être ailé, à tête cornue, debout mais tenant des sortes de canne. Je regrette de ne plus être devant le vitrail, avec de bonnes jumelles !

La rangée de cases verticales est composée d'une quinzaine d'hommes, de femmes et d'enfants figurés de face. Est-ce le peuple de Juda emmené en exil ? 

La lancette montre donc en bas Jérémie accablé par la terrible réalité qui lui tombe dessus alors qu'il n'avait cessé, au nom de Dieu, de l'annoncer pendant quarante ans à cinq rois successifs, Josias, Joachaz, Joakim, Joïakin et Sédécias. 

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Le sujet de l'ensemble de la verrière est-il l'Alliance entre Yahvé et son peuple ?

1) Dans la lecture hébraïque découpée en parashat, le texte de l'Exode 21-24 (Moïse au Sinaï) est relié à Jérémie 34:8-22. Ces versets parlent de l'esclavage des Juifs entre eux, aboli au Sinaï, puis repris dans le royaume de Juda : Yahvé annonce sa punition :

" C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel: Vous ne m'avez point obéi, en publiant la liberté chacun pour son frère, chacun pour son prochain. Voici, je publie contre vous, dit l'Éternel, la liberté de l'épée, de la peste et de la famine, et je vous rendrai un objet d'effroi pour tous les royaumes de la terre.  Je livrerai les hommes qui ont violé mon alliance, qui n'ont pas observé les conditions du pacte qu'ils avaient fait devant moi, en coupant un veau en deux et en passant entre ses morceaux;  je livrerai les chefs de Juda et les chefs de Jérusalem, les eunuques, les sacrificateurs, et tout le peuple du pays, qui ont passé entre les morceaux du veau;  je les livrerai entre les mains de leurs ennemis, entre les mains de ceux qui en veulent à leur vie, et leurs cadavres serviront de pâture aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre. Je livrerai Sédécias, roi de Juda, et ses chefs, entre les mains de leurs ennemis, entre les mains de ceux qui en veulent à leur vie, entre les mains de l'armée du roi de Babylone, qui s'est éloigné de vous. Voici, je donnerai mes ordres, dit l'Éternel, et je les ramènerai contre cette ville; ils l'attaqueront, ils la prendront, et la brûleront par le feu. Et je ferai des villes de Juda un désert sans habitants."

Ce n'est pas la rupture de l'Alliance, mais la conséquence de la violation de cette Alliance par les hébreux.

En 1958, quatorze années à peine après la fin de la Seconde Guerre Mondiale et de la Déportation des Juifs par le nazisme, l'attitude de Jérémie peut faire penser à celle de Chagall apprenant de 1936 à 1944 les persécutions de son peuple, la destruction de sa ville Vitebsk, la fuite des populations hors de leurs villages en flammes.

De manière plus surprenante, un article de Bella Meyer (Chagall et la musique, 2015, page 280) nous apprend que " une grande partie de l'intelligentsia juive et hassidique de l'Europe de l'Est succomba aux progroms meurtriers de cette époque, ainsi qu'à l'holocauste, dans la croyance ferme que l'Amérique, et le "Nouveau Monde" était un endroit démuni de toute spiritualité et de toute religion, pareil à l'ancienne Babylone". Chagall, qui se décida difficilement à partir en exil en Amérique, déclara lui-même à sa fille en 1941 : "Babylone, c'est New-York" ! Bella Meyer, petite-fille du peintre, se demande si il "n'exprima pas là un malaise envers un monde maudit par les rabbins hassidim ?"

On voit la complexité des interprétations de cette lancette...

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2). J'évoquerais à peine la lecture chrétienne selon saint Paul,  La prophétie de Jérémie relative à une nouvelle alliance (Jérémie 31:31-34) est reprise textuellement dans l'Épître aux Hébreux He 8:12 

 "Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, Où je ferai avec la maison d'Israël et la maison de Juda Une alliance nouvelle, Non comme l'alliance que je traitai avec leurs pères, Le jour où je les saisis par la main Pour les faire sortir du pays d'Égypte, Alliance qu'ils ont violée, Quoique je fusse leur maître, dit l'Éternel. Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, Après ces jours-là, dit l'Éternel: Je mettrai ma loi au dedans d'eux, Je l'écrirai dans leur coeur; Et je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple. Celui-ci n'enseignera plus son prochain, Ni celui-là son frère, en disant: Connaissez l'Éternel! Car tous me connaîtront, Depuis le plus petit jusqu'au plus grand, dit l'Éternel; Car je pardonnerai leur iniquité, Et je ne me souviendrai plus de leur péché." Jr  31:31-34

 Pour saint Paul, cette Alliance Nouvelle rend caduque l'Ancienne Alliance : "Par le simple fait d'appeler cette alliance-là nouvelle, le Seigneur a rendu la première ancienne; or, ce qui devient ancien et ce qui vieillit est près de disparaître" He 8:13. Le Christ est le grand-prêtre et sacrificateur de cette Nouvelle Alliance scellée par le sang de la Croix, il est un nouveau Melchisédech, un nouvel Aaron.

Jérémie 31:31-34 est à nouveau cité dans Hébreux 10:17.

Voir François Tonon, « L’« Alliance nouvelle » dans l’épître aux Hébreux et son commentaire par Thomas d’Aquin », Revue des sciences religieuses [En ligne], 82/2 | 2008, document 82.203, mis en ligne le 05 mai 2013, consulté le 10 septembre 2016. URL : http://rsr.revues.org/2149 ; DOI : 10.4000/rsr.2149

 3) Je passe aussi rapidement (on n'en finirait pas)  sur les références faites à Jérémie dans les Évangiles :  "C'est à Jérémie, messager fidèle et persécuté, que l'on songera plus tard à comparer Jésus (Matt 16.14). Mais surtout Jésus lui-même, à la veille de sa mort, partageant la Cène avec les siens, déclarera réalisée la « nouvelle alliance » annoncée par Jérémie (Luc 22.20; 1 Cor 11.25). (Société biblique française).

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 Plus haut encore, la maquette me permet de comprendre que le coq, que je croyais soutenu par un ange, est en réalité chevauché par un homme qui, comme pour un rodéo, lève les deux bras et agite un bouquet. Non content de cette acrobatie, il s'est tordu complètement la tête vers le bas. Mieux encore, je constate maintenant que le coq tient devant lui un livre grand ouvert ! Mais est-ce un homme ? 

 

Après l'affligeante peinture de Jérémie, ce coq glorieux, jubilatoire et gaulois est une explosion d'énergie vitale pour ne pas dire sexuelle.

Certes, selon le dossier du Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, le coq ...

" ...peut être perçu comme un souvenir de l’enfance du peintre : « Je me suis servi des vaches, des filles de ferme, de coqs et de l’architecture de la province russe comme de sources formelles, parce qu’ils font partie de l’environnement dans lequel j’ai grandi et qui a sans doute laissé une empreinte plus profonde dans la mémoire visuelle que j’ai gardée de mes expériences » (Marc Chagall). Le critique Franz Meyer met la présence du coq en relation avec les Kapparot (cérémonie de purification qui a lieu la veille de Yom Kippour, et durant laquelle on procède au sacrifice rituel d’un coq), l’animal évoquant dès lors la repentance et la demande de grâce à Dieu. Chez Chagall, le coq peut enfin exprimer l’espoir.

Il peut être intéressant de noter – même si l’on ignore si Chagall avait connaissance de ces significations –, que ce sens se retrouve conjointement dans l’iconographie chrétienne et la tradition folklorique russe. Le chant du coq est associé chez les chrétiens à l’attente du Dernier Jour tandis que le folklore russe voit dans cet animal le symbole de la victoire du bien sur le mal "

Mais le coq est surtout la forme (encore une) par laquelle Chagall se peint en amoureux. Aussi, je suis porté à penser que le personnage brandissant son bouquet est une femme. Et que cette figure d'écuyère saluant le public n'est pas étrangère au sentiment de liberté et de bonheur retrouvés par Chagall de retour de son exil américain, dans ces années d'après-guerre où il s'est installé en Provence. 

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Sommet de la lancette C.  baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Sommet de la lancette C. baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Quelques coqs de Chagall en diaporama:

  • L'Homme-coq au dessus de Vitebsk, 1925
  • Le Coq, 1928, Madrid.
  • Le Coq, 1947, Centre Pompidou, Paris
  • La Danse (détail), 1950-1952
  • Le cirque sur fond noir, 1967, Centre Pompidou, Paris.
  • La table devant le village, 1968, Collection privée.

Photographies lavieb-aile prises lors de l'exposition Chagall et la poésie, Fondation Leclerc, Landerneau, 2016.

Quelques Coqs de Chagall, photographie lavieb-aile.
Quelques Coqs de Chagall, photographie lavieb-aile.
Quelques Coqs de Chagall, photographie lavieb-aile.
Quelques Coqs de Chagall, photographie lavieb-aile.
Quelques Coqs de Chagall, photographie lavieb-aile.
Quelques Coqs de Chagall, photographie lavieb-aile.
Quelques Coqs de Chagall, photographie lavieb-aile.

Quelques Coqs de Chagall, photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN (1964).

LE TYMPAN (1964).

La maquette conservée par le Musée Marc Chagall de Nice, et datée de 1964, donne une meilleure vision du tympan que celle que réserve la visite sur place du vitrail. Voir : Le Christ entouré des symboles, vitrail d'étude pour la rosace de la cathédrale de Metz, 1964. (C) ADAGP, Paris. Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Adrien Didierjean

http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/marc-chagall_le-christ-entoure-des-symboles-vitrail-d-etude-pour-la-rosace-de-la-cathedrale-de-metz_verre-matiere_plomb-metal_vitrail-technique_1964

Pour le tympan, une seule couleur de verre semble avoir été utilisée, le bleu. Mais la gravure par acide l'a éclairci par endroits, ou a ôté complètement la couleur pour dégager des plages blanches, alors que les rehauts de jaune d'argent ont créé des touches de lumière (nimbe, lune, mains) ou d'or (chandelier), et que le même jaune d'argent, sur un bleu clair, a créé ce vert de jade pour le corps du Christ. 

La rosace est composée d'une fleur centrale, de cinq trilobes latéraux et de cinq demi-trilobes en périphérie

Au centre, une fleur à cinq pétales montre le Christ en croix. Il est encadré par David jouant de la harpe (à sa gauche) et par Aaron portant la menorah (à sa droite), soit deux des triples fonctions du Christ comme Prêtre, Roi et Prophète. Les autres trilobes contiennent une échelle (celle de Jacob), des feuillages, des oiseaux et des croissants de lune. Pour les trilobes périphériques, ces éléments décoratifs sont repris, sauf pour les deux ajours inférieurs qui contiennent l'un une colombe (du Saint-Esprit, ou plutôt de Noé) et l'autre une clarinette .  

 

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Le Christ entouré des symboles, vitrail d'étude pour la rosace de la cathédrale de Metz, 1964. (C) ADAGP, Paris. Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Adrien Didierjean

Le Christ entouré des symboles, vitrail d'étude pour la rosace de la cathédrale de Metz, 1964. (C) ADAGP, Paris. Photo (C) RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Adrien Didierjean

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Sous et autour de cette rose, le tympan comporte aussi neuf ajours :  quatre écoinçons négligeables, une forme triangulaire avec l'agneau pascal, et surtout deux quatrefeuilles. Celui de gauche montre un ange jouant de la trompe, et celui de droite un élément cosmique mêlant le soleil, les étoiles et l'arc-en-ciel.

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Tympan  de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Le Christ en croix.

La tête est légèrement inclinée, les yeux sont fermés, les lèvres dessinent l'esquisse d'un sourire. La Vierge, à sa droite, pose la main sur la plaie du flanc droit. 

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Tympan  de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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L'agneau pascal.

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Tympan  de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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L'ange sonnant de la trompe. 

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Tympan  de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie n°9 , déambulatoire nord, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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CONCLUSION.

Je pensais décrypter cette verrière mais malgré mes efforts laborieux, cette œuvre polysémique ne se conclue ni en un message chrétien (les alliances mosaïque et davidique, puis la nouvelle alliance annoncée dans le Livre de Jérémie sont accomplies par le Christ dans sa triple fonction sacerdotale, royale, et prophétique), ni en un récit biblique (Israël, peuple élu par un Dieu jaloux qui le punit s'il se tourne vers d'autres divinités), ni en un témoignage autobiographique d'un peintre à la vision prophète militant pour l'avènement  de l'Amour et de la Paix. 

Les photographies de Marc Chagall le montrent souvent habillé de rayures, ou de chemises à carreaux. C'est le peintre de la bigarrure, de la diversité, qu'aucune chapelle ne peut séduire, et dont la palette ne se résout jamais à la monochromie d'un système. Exilé à Babel, il en devient citoyen, en adopte toutes les langues et tous les styles et tente, pour la Paix, d'en être un habitant éclectique. Il mêle l'accent yiddish et l'accent russe, l'art de l'icône et les avant-gardes parisiennes du cubisme et de l'orphisme, la Bible avec Daphnis et Chloé, le klezmer et le jazz avec la musique de l'Opéra, les poupées kashinas des Indiens hopi et les animaux des Fables de la Fontaine, dans un panthéisme de la Joie.

Marc Chagall a fait don à l'état français de l'ensemble des œuvres du Message Biblique exposées à Nice.  J'emprunterai à Bella Meyer les lignes suivantes, qui concernent les costumes et décors d 'Aleko et de l'Oiseau de Feu créés en 1942 et 1945 en Amérique, mais qui s'appliquent sans-doute mutatis mutandis aux vitraux de Metz :

"C'est dans ces peintures murales que Chagall réussit, dans un geste monumental de gratitude pour le pays qui l'avait accueilli dans l'un des pires moments de l'humanité, en unissant les merveilleuses libertés du profane avec le spirituel du sacré, propre aux discours bibliques de Babylone, à transcender la réalité des couleurs vers une vision de mystère et d'amour."

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ANNEXE I.

Le texte de l'Exode chapitres 19 à 40 (le séjour au Sinaï) : résumé.

Exode 19. Arrivée au Sinaï / Alliance / Théophanie

Exode 21. Lois divines.

Exode 22. Lois : Si et Tu ne.

Exode 23. Lois divines, suite.

Exode 24. Montée de Moïse. Sacrifice . Dieu s'engage à donner des tables de pierre. Moïse monte sur le Sinaï 40 jours er 40 nuits.

Exode 25. ordonnances cultuelles : Tabernacle. Arche d'alliance. Chandelier.

Exode 26. Consignes pour le tabernacle.

Exode 27. L'autel d'acacia

Exode 28. Aaron et ses vêtements sacerdotaux. un pectoral, un éphod, une robe, une tunique brodée, une tiare, et une ceinture.

Exode 29. Aaron et les prêtres comme sacrificateurs.

Exode 30. Ordonnances rituelles.

Exode 31. Betsaleel, artisan de Dieu. 31:18 Don des arches de pierre.

Exode 32. le Veau d'or. Le peuple au cou roide. Moïse brise les Tables. Punition d'Israël. Moïse implore le pardon de Dieu

Exode 33. La Terre Promise.

Exode 34. Les secondes Tables. L'Alliance. Les dix paroles. Moïse au visage rayonnant doit se voiler.

Exode 35. Ordonnances de Dieu. Betsaleel sculpteur, orfèvre et tisserand des objets du culte.

Exode 36. Fabrication du tabernacle par Betsaleel et Oholiab

Exode 37. Betsaleel fait l'arche et le chandelier.

Exode 38. Fabrication de l'autel par Betsaleel.

Exode 39. Confection des habits sacerdotaux .

Exode 40. Consignes divines pour le sanctuaire. L'Eternel descend sous forme de nuées sur le tabernacle.

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ANNEXE II.

Chagall et  la lecture publique rituelle de la Bible.

La Torah est lue publiquement par les Juifs lors de chaque Sabbath, donc une fois par semaine,  de façon à lire toute la Torah entre la Sim'hat Torah (la fête de la joie de la Torah) d'une année et celle de l'année suivante. Le texte est donc découpé en 54 passages nommés Parashiyot (pluriel de Parashat) Hashavoua, " La Parasha de la semaine ", soit la portion hebdomadaire de la Torah. 

D'autre part, à chaque Parasha correspond une haftarah, passage des Livres Prophètiques (Nevi'im)  partageant une thématique commune à la section lue.

Or, dans ce découpage, on trouve d'abord 12 parashiyot pour le texte de la Genèse (Bereshit) , puis 11 parashiyot pour le texte de l'Exode (Shemot).

Le texte de l'Exode qui concerne Moïse et les Tables de la Loi s'étend en fait des chapitres 19 à 40 (voir en annexe I mon  résumé de leur contenu). Il correspond aux parashiyot hebdomadaires de  :

  • Yitro, Exode 18:1-20:23 ; couplé avec la haftarah Isaïe 6:1-7:6 & 9:5-6
  •  Mishpatim : Exode 21:1-24:18 ; couplé avec la haftarah Jérémie 34:8–22 & 33:25–26
  • Teroumah, : Exode 25:1 27:19 ; couplé avec la haftarah 1 Rois 5:26–6:13 (construction du Temple par Salomon)
  • Tetzave : Exode  27:20-30:10 ; couplé avec la haftarah  Ézechiel 43:10–27
  • Ki Tissa, : Exode 30:11-34:35 ; couplé avec la haftarah 1 Rois 18:1–39 (le sacrifice d'un taureau par Elie)
  • Vayaqhel, : Exode 35:1-38:20 ; couplé avec la haftarah 1 Rois 7:40–50
  • Peqoudei, : Exode 38:21-40:38 ; couplé avec la haftarah 1 Rois  7:51–8:21

J'ignore si Marc Chagall assistait à cette lecture à l'âge adulte​. Il y a  été initié dans son enfance. Moïse recevant les tables de la Loi correspond à Ex 31:18 et donc à Ki Tissa, mais la montée de Moïse sur le Sinaï et son séjour de 40 jours débute en Ex 24:18, soit Mishpatim. 

Mon hypothèse est que la correspondance entre l'Alliance établie par Moïse sur le Sinaï (lancette A) et la prophétie de Jérémie (lancette C) trouve peut-être sa source dans la correspondance entre Mishpatim et sa haftarah en Jérémie 34. Mais le peintre a pu retrouver lui-même cette relation d'opposition entre les textes (voir lancette C).

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SOURCES ET LIENS.

— http://vitrail.ndoduc.com/vitraux/htm5/eg_StEtienne@Metz_Chagall.htm

— Exposition Chagall et la Bible au Musée d'art et d'histoire du judaïsme 2011.

 http://www.mahj.org/documents/Chagall-et-la-Bible-dossier-pedagogique.pdf

http://vdujardin.com/blog/marc-chagall-metz-paradis-terrestre/

http://hoffmangkor.fr/albums/metz-illuminee-de-jour/

http://www.mesvitrauxfavoris.fr/cathedrale%20metz%20%20chagall.htm

—"La symbolique des vitraux de Chagall" - Robert Fery 

https://www.youtube.com/watch?v=sEYDDgkLbBQ

— BLANCHET-VAQUE (Christine), Les enjeux de la création contemporaine dans la restauration d'un monument classé. Les premiers vitraux de peintres à la cathédrale de Metz, 1952-1965  In Nicholas Bullock,Luc Verpoest Living with History, 1914 - 1964: la Reconstruction en Europe Après la Première Et la Seconde Guerre Mondiale Et Le Rôle de la Conservation Des Monuments Historiques, Leuven University Press, 2011 - 390 pages 

https://books.google.fr/books/about/Living_with_History_1914_1964_la_Reconst.html?id=P84es4zwTiAC&redir_esc=y

— CAQUOT ( André), 1961, . Remarques sur l'Alliance davidique. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire 1962-1963. 1961. pp. 3-31; doi : 10.3406/ephe.1961.17750 http://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0002_1961_num_74_70_17750 

— GAUTRON (Jean-Claude), site kerdonis.fr

http://kerdonis.fr/ZCHAGALL/page5.html

— MALRAUX (André), 1972,  préface aux Céramiques et sculptures de Chagall (Charles Sorlier (éd), éditions André Sauret, Monaco, 1972) .

— MALRAUX (André), 1976, lettre-préface écrite pour l'édition de luxe de Et sur la terre…, texte inédit, immédiatement postérieur à L'Espoir, que Chagall enrichit de quinze eaux-fortes (Edition originale limitée, Maeght éditeur, 1977). 

— MASSÉ (Rebecca), 2010, l'illustration de la Bible par Marc  Chagall comme témoignage de sa position théologique personnelleMémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en histoire de l'art pour l'obtention du grade de maître es arts (M.A.) Département d'histoire Faculté des Lettres Université Laval Québec. Les 105 planches de gravure de Bible figurent en annexe.  En ligne :

http://www.theses.ulaval.ca/2010/27339/27339.pdf

— MEYER (Bella), 2015, "Chagall à New-York à la rencontre de la monumentalité", in Chagall et la musique, Gallimard/ Philharmonique de Paris / La Piscine-Roubaix, pages 280-283.

— MEYER (Franz), 1995,  Marc Chagall, Paris, Flammarion.

— PARK (Chan Young), 2008, La Bible illustrée par Marc Chagall (1887-1985) : un dialogue interculturel et son évolution , Thèse en Histoire de l’art , Université Paris IV Sorbonne sous la direction de Bruno Foucart. 

http://www.theses.paris-sorbonne.fr/thesepark.pdf

— PACOUD-RÈME (Élisabeth) ), 2000, « Chagall et le renouveau de l’art sacré en France après-guerre », dans Marc Chagall maquettes de vitraux, catalogue d’exposition, Paris, Réunion des Musées nationaux, 2000,

 

—PINTELON (Véronique), 2004, Les conditions artistiques, administratives et historiques de la réalisation des vitraux de Marc Chagall à la cathédrale de Reims.

http://www.cathedrale-reims.culture.fr/documents/chagall-pintelon.pdf

— SAINT-CHÉRON (Michaël de)  : «Marc Chagall – André Malraux : un dialogue sur les hauteurs» © Présence d’André Malraux sur la Toile / www.malraux.org / 01.01.12

http://malraux.org/wp-content/uploads/2012/01/images_docs_msc_chagall.pdf

 

— SCHMITT-REHLINGER, Geneviève, 2006 Jésus le Christ dans l’œuvre de Marc Chagall : le motif du crucifié, Thèse de doctorat de Théologie catholique sous la direction de PierreMarie Baude, Université Paul Verlaine de Metz, .

http://docnum.univ-lorraine.fr/public/UPV-M/Theses/2006/Schmitt_Rehlinger.Genevieve.LMZ0607_1_2.pdf

— ZELLER (Madeleine), 2009, Marc Chagall et le Message Biblique, in Françoise Mies, Bible et art: L'âme des sens, Presses universitaires de Namur, 2009 - 190 pages

 

— Marc Chagall et les vitraux de Metz : Rouen, Musée des beaux-arts : 22 mai-15 septembre 1964 /Marc Chagall / [Rouen] : Le Musée , [1964] 

— L'atelier Simon-Marcq :

http://www.ateliersimonmarq.com/public/site/parutions/141101%20VMF/ASM%20VMF%20FULL%20site.compressed.pdf

— La Bible bilingue hébreu-français avec le découpage des paracha : 

http://www.sefarim.fr/

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Published by jean-yves cordier - dans Chagall
30 août 2016 2 30 /08 /août /2016 12:12

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Lorsque le visiteur de la cathédrale de Metz parvient au bras nord du transept, il découvre un Cartel portant le n° 9  et qui lui présente la façade ouest qui lui fait face : 

 "De 1958 à 1968 , Marc Chagall enlumina notre cathédrale avec la complicité des verriers rémois Charles Marcq et Brigitte Simon. Il sertit la pierre de rubis, de topazes, d'émeraude et d'améthystes. Du haut de ces marches, vous ne pouvez que contempler huit des seize fenêtres qui ornent le triforium avec ses grands bouquets, ses couronnes de fleurs, ses oiseaux, prélude au grand livre de la Création que l'artiste dévoile sur les quatre lancettes du transept nord bien visibles de ce point.

Ici, « les cieux racontent la gloire de Dieu, le firmament proclame l'œuvre de ses mains » (Ps 19)

Dans ce grand jardin, Adam est déposé par un ange à deux faces qui déjà regarde vers le Crucifié, le Nouvel Adam... L'ombre bleutée de la tentation annonce dès la troisième lancette le péché originel, le renvoi du Paradis lourd de conséquences."

C'est là la présentation chrétienne, parfaitement légitime en ce lieu et parfaitement exacte, du vitrail, et elle souligne que sa lecture se place dans un contexte : celui, juste au dessus,  des vitraux du triforium  (la galerie alternant ses étroites baies par où, sur ma photo, passe un rai de soleil aveuglant). Néanmoins, ...

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Situation du vitrail dans le bras nord de la cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Situation du vitrail dans le bras nord de la cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Partie droite du triforium, d'après une image modifiée de http://claude.hinsinger.free.fr/lorraine/cathedralemetz/metz124.htm

Partie droite du triforium, d'après une image modifiée de http://claude.hinsinger.free.fr/lorraine/cathedralemetz/metz124.htm

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Cette verrière de la façade occidentale du bras nord du transept comporte 4 lancettes lancéolées  (désignées de gauche à droite par les lettres A à D ) et un tympan à 7 ajours dont 1 soufflet, 2 mouchettes et 2 ajours latéraux. 

La couleur jaune citron y domine largement, mais la composition est rythmée par des masses colorées fulgurantes rouge-pourpre (lancette A), verte (B), rose (C) et bleue (D). 

Le titre admis est celui de La Création . Il définit ainsi  le sujet principal, basé sur la Création d'Adam (lancette A), de la Création d'Éve (B), du Péché Originel ou Éve et le serpent, (C) et d'Adam et Éve chassés du Paradis (D), selon le récit  biblique de la Genèse chapitres 2 et 3. 

Il porte au coin gauche la signature du peintre : CHAGALL 1963 REIMS, témoignant du fait que les cartons et les verres ont été élaborés comme tous les vitraux de Marc Chagall, par l’atelier Simon Marq à Reims (maîtres-verriers  depuis 1640). 

 

 

 

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Marc Chagall, La Création, 1959-1963, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, La Création, 1959-1963, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Une verrière palimpseste.

La critique littéraire a développé à la fin du XXe siècle les notions d'intertextualité et de transtextualité. Dans Palimpsestes (1982), Gérard Genette a comparé un texte avec un palimpseste, ce manuscrit dont on a gratté le texte pour en écrire un autre, et a proposé que cette métaphore exprime  la relation hypertextuelle : on peut trouver dans tout texte littéraire la trace d'un autre texte littéraire plus ancien. Donnons quelques définitions :

L’intertextualité  est « relation de coprésence entre deux ou plusieurs textes, le plus souvent, par la présence d’un texte dans un autre.» L'intertextualité est le caractère et l'étude de l'intertexte, qui est l'ensemble des textes mis en relation (par le biais par exemple de la citation, de l'allusion,  de la référence ) dans un texte donné.

La paratextualité out ce qui est périphérique au corps d’un énoncé. Il s’agit généralement d’une relation moins explicite et plus distante que l’énoncé entretient avec le paratexte ( ensemble des éléments textuels d'accompagnement d'une œuvre écrite (titre, dédicace, préface, notes, etc.).

La métatextualité, relation dite de commentaire qui lie un «texte à un autre texte dont il parle, sans nécessairement le citer (le convoquer), voire à la limite, sans le nommer".

 L’hypertextualité, « rapport d’imitation (ou de transformation) qui engendre quelque chose de nouveau, mais qui ne cache pas ce qui a derrière. ».

L’architextualité « relation tout à fait muette, que n’articule, au plus, qu’une mention paratextuelle » . 

Ce qui est vrai pour la littérature est vrai pour l'art pictural, et, sans utiliser les mots d' inter- ou de transpicturalité, l'étude d'une œuvre d'art ne peut éluder celle de son environnement immédiat (signature, cadre, emplacement), de son histoire (commande, genèse, esquisses), de sa réception,  des références qui y sont faites à d'autres œuvres du même artiste (auto-citation) ou d'artistes antérieurs ou contemporains, de la citation dans la peinture de textes assumés  ou discrets, de la biographie de l'artiste, des commentaires qu'il a donné de son travail, du corpus de ses écrits, des textes et analyses publiés par les critiques, etc.

Or, dans le cas de Chagall, cette intertextualité est une dimension incontournable, car il ne cesse de reprendre les thèmes iconographiques anciens pour les recycler, comme il ne cesse de faire évoluer son travail en relation spéculaire avec des corpus littéraires dont il métabolise les thèmes et les personnages. Si c'est évident pour l'œuvre de Chagall, c'est encore plus vrai pour la fraction, majeure, qui se réfère à la Bible. Et plus vrai encore pour cette Création, qui s'inscrit sur le parchemin gratté au dessus des travaux suivants :

  • 1930 : 40 gouaches préparatoires pour la Bible à la demande d'Ambroise Vollard .
  • 1930-1940 : préparation des gravures en eaux-fortes de la Bible.
  • 1943 : La Crucifixion en jaune.
  • 1950 : deux vitraux et un bas-relief pour l'église du Plateau d'Assy.
  • 1956 : Parution de Bible éditée par Tériade avec 105 gravures.
  • 1960 : Dessins pour la Bible. un ensemble de 96 dessins et 48 lithographies, 

  • 1959-1962 : 12 vitraux des Tribus d'Israël pour la synagogue de l’hôpital Hadassah à Jérusalem.
  • 1954-1966 : 12 à 17 toiles du Message Biblique. dont La Création de l'Homme ; Le Paradis ; Adam et Ève chassés du Paradis.

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    Mais cette dimension d'auto-citations et de références biographiques et historiques est si vaste, si argumentée et documentée, — parce qu'elle est essentielle —, qu'elle submerge le lecteur-spectateur sous la masse de données et de messages émis par cette chambre d'échos. Aïe aïe aïe, comment me sortir de ce touffu buisson ?  

     Je place un rappel de quelques données historiques en Annexe. 

     

 

 

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LES LANCETTES.

Chaque lancette est divisée par trois barlotières en quatre panneaux de taille homogène, eux-mêmes divisés en trois segments de hauteur différente dans chaque cas.

A la différence des vastes compositions adoptées depuis la Renaissance par les peintres-verriers, chaque lancette est indépendante quant à son sujet et à son dessin, mais l'unité provient de l'organisation des plages colorées et de la savante distribution des traits linéaires qui structurent l'ensemble.

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Marc Chagall, vitrail de La Création, 1959-1963, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, vitrail de La Création, 1959-1963, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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I. LA CRÉATION D'ADAM. LANCETTE A.

La lancette A illustre le texte de Genèse 2:7 (Louis Segond) 

L'Éternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant. 

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Marc Chagall, vitrail de La Création, 1959-1963, lancettes A et B,  cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.
Marc Chagall, vitrail de La Création, 1959-1963, lancettes A et B,  cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, vitrail de La Création, 1959-1963, lancettes A et B, cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Lancette A, panneau inférieur.

Ce panneau porte la signature Chagall 1963 REIMS

Il donne à voir trois oiseaux posés au sol, dont deux peuvent être des échassiers, des paons ou des cigognes, bien que rien n'empêche de voir dans leur plumage bleu-vert des poissons. Au centre, un cheval-âne-chêvre ( chimère indefinissable à laquelle Chagall est fidèle depuis ses débuts). Autrement dit, ce sont là par métonymie tous les animaux de la terre créés, dans le premier récit, (Genèse 1:20-25) le quatrième et le cinquième jour de la Création du monde par Dieu avant son repos du septième jour.

Les humains sont créés dans Ge 1:26-28 

 Puis Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme- Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.

 

 Puis le récit de la Genèse semble revenir en arrière à Ge 2:5 pour décrire la Création d'Adam .  

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Marc Chagall, vitrail de La Création, 1959-1963, lancette A (détail)  cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

Marc Chagall, vitrail de La Création, 1959-1963, lancette A (détail) cathédrale de Metz. Photographie lavieb-aile.

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Lancette A, la Création d'Adam.

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Ge 2:5-8 : Lorsque l'Éternel Dieu fit une terre et des cieux, aucun arbuste des champs n'était encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne germait encore: car l'Éternel Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et il n'y avait point d'homme pour cultiver le sol. Mais une vapeur s'éleva de la terre, et arrosa toute la surface du sol. L'Éternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant. Puis l'Éternel Dieu planta un jardin en Éden, du côté de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait formé.

Chagall a représenté ce thème dès 1931 dans une gouache intitulée Dieu crée l'homme

Dieu crée l’homme 1931 Gouache sur papier Nice, Musée national Marc Chagall . Respectant l'interdit hébraïque de représentation de Dieu, il a alors peint un ange portant sur terre le corps du premier homme, mais en donnant à cet ange une tête barbue, celle de Dieu dans les peintures chrétiennes.  Les couleurs et la composition forment un ensemble très serein, "océanique",  Adam les yeux clos semble reposer avec confiance et bien-être dans les bras d'un ange-nuées blanchâtre mais souriant tandis qu'un double cercle rond figure la divinité et en porte le tétragramme en lettres hébraïques.

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En 1956-1958, Chagall peint pour la chapelle de Vence (dans un ensemble qui deviendra le Message Biblique) une huile sur toile :  La Création de l'Homme : 299 x 200 cm, Musée national  Marc Chagall, Nice. 

"Au registre inférieur,  un ange portant Adam abandonné dans ses bras émerge de l’océan primordial où Chagall a représenté les animaux, créés avant l’homme. Les traits de l'ange, comme le port du pantalon [sic !], soulignent l'identification de l'artiste avec celui-ci : il s'affirme ainsi comme créateur et porteur du message divin." (MNMC)

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A Metz, Chagall reprend tous ces éléments, et nous les retrouvons, comme des connaissances familières, dans l'une des quatre lancettes. Mais on peut noter trois différences importantes :

a) Au lieu des ténèbres blafardes de 1931 ou des vapeurs bleues de 1956, c'est un triangle rouge qui déchire agressivement de sa pointe le cosmos pour faire advenir Adam. L'évènement a perdu son caractère paisible et prend une force tragique. Entre 1931 et 1956, le déchaînement de la barbarie nazie et la Shoah, puis les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki  s'étaient produits. La confiance dans le cheminement de l'Humanité vers les Lumières du Progrès n'avait plus lieu d'être  (rappel : le mouvement européen des Lumières fait  aussi partie du judaïsme . Cf Moïse Mendelsohn et le Haskala).