Iconographie des saints Côme et Damien en Bretagne : une enseigne de pèlerinage du premier tiers du XVIe siècle trouvée à Rennes dans les fouilles de l'hôpital Sainte-Anne.
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Voir les articles précédents sur l'iconographie des saints Côme et Damien :
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Iconographie de saints Côme et Damien en Bretagne (et ailleurs..) : Iconographie de Saint Côme et saint Damien en Bretagne, sur une vingtaine de sites, sur les porches de Landivisiau (1554), Bodilis (1570), et Saint-Houardon de Landerneau (vers 1554), à Saint-Nic, Plougastel, La Martyre, Ploudiry, Languivoa, etc, etc... .Avec une petite iconographie générale (enluminures, ...).
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Les statues du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.
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Le portail intérieur du porche sud de l'église de Bodilis.(1570)
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Le porche sud et la porte sud de l'église Saint-Houardon de Landerneau. (vers 1554-1570)
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Iconographie des saints Côme et Damien : la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal.
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l'enluminure des Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 173v par Jean Bourdichon (1505-1510) .
Hors Bretagne :
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Iconographie des saints Côme et Damien : les Heures d'Henri IV.
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Iconographie des saints Côme et Damien : la baie 133 (XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre.
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Saints Côme et Damien dans le Bréviaire d'Isabelle de Castille (vers 1497).
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PRÉSENTATION.
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Du douzième au seizième siècle, les enseignes - sorte de broches de plomb et d'étain - ont été largement répandues dans le monde chrétien occidental. Les enseignes de pèlerinage peuvent être tout d'abord considérées comme des souvenirs de pèlerinages et véhiculent ainsi une idée de mémoire. Fixées au vêtement du pèlerin, elles sont aussi des signes de l'identité et signalent ainsi la place, le statut de l'individu dans la société médiévale. L'enseigne de pèlerinage a pu être mise en contact avec les reliques du sanctuaire et acquiert ainsi les pouvoirs magiques des reliques ; l'enseigne de pèlerinage devient le support pour un imaginaire. Les trois principes de mémoire, d'identité et d'imaginaire semblent être également véhiculés par les enseignes profanes. Cette catégorie d'objets comprend les enseignes de livrée, les enseignes politiques, les enseignes funéraires ou commémoratives, les souvenirs de fêtes populaires et les objets semblant procurer une protection talismanique. Les enseignes apparaissent ainsi comme des témoins très importants de l'art et des mentalités au moyen âge. (D. Bruna) Elles témoignaient de l'accomplissement d'un pèlerinage en un lieu saint et identifiait ceux qui la portaient comme pèlerins. " Ces deux objets correspondent à des insignes – ou enseignes – de pèlerins. Ils ont l’apparence d’une broche que les fidèles arborent sur leurs vêtements au moyen d’une épingle ; ils sont largement répandus dans la vie quotidienne et religieuse de la fin du Moyen Âge. Tels des souvenirs en mémoire du pèlerinage effectué, les insignes sont achetés auprès de « faiseurs d’enseignes » qui installent leurs étals près des églises. Les deux enseignes de Rennes, comme les quelques milliers que nous conservons aujourd'hui dans les collections publiques et privées, sont réalisées dans un alliage de plomb et d’étain, matériau facile à travailler et bon marché. Cette dernière particularité permet à tous les groupes de la société d’acquérir ces pièces pour témoigner de leur attachement dévotionnel à un saint ou à un sanctuaire."
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Dans un article de 2014, Françoise Labaune-Jean a présenté la découverte d'une enseigne de pèlerinage représentant les saints Côme et Damien, enseigne du début du XVIe siècle découvert lors des fouilles de l'ancien hôpital Sainte-Anne de Rennes (Fouilles du métro V.A.L. station place Sainte-Anne). Celle-ci atteste du culte des saints médecins en Bretagne au début du XVIe siècle.
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L'hôpital Sainte-Anne date de la fin du XVe aux environs de 1564 avec successivement son essor, son déclin puis l’arrêt de l’activité hospitalière. Les enseignes en plomb ont été découverts, avec des rouelles et des pendentifs ou de la vaisselle dans un dépotoir, la vaste cuve d’une buanderie, utilisée comme dépotoir avant son remblaiement définitif au milieu du xvie siècle, installée dans le creusement d’une ancienne carrière médiévale, et qui se compose d’un vaste espace rectangulaire de maçonnerie délimitant la réserve d’eau d’une contenance d’au moins 400 m3. Restée inachevée pour une raison inconnue, la cuve a été transformée en dépotoir, fournissant ainsi une extraordinaire quantité de matériel archéologique. Outre deux tonnes de récipients en céramique, on compte bon nombre de verres, d’écuelles et peignes en bois, de jeux de marelles gravées sur des ardoises, de déchets alimentaires, de fragments d’étoffes, etc., autant d’objets illustrant la vie quotidienne du secteur. mais la présence d'un moule peut laisser "imaginer la présence, parmi les malades de l’hôpital, d’un artisan graveur continuant son activité dans l’attente d’une guérison prochaine, à moins que sa présence ne soit plus mercantile avec une installation à proximité d’une clientèle potentielle. N’oublions pas non plus l’afflux de pèlerins dans ce secteur de Rennes, le culte de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle se déroulant juste à proximité dans le couvent des jacobins. Avec l’enseigne à l’effigie de saint Côme et saint Damien, vénérés pour leur pratique de la médecine et leurs guérisons miraculeuses, et celle de saint Sébastien enrayant les épidémies de peste, on peut aussi envisager un artisan lié à l’hôpital ou profitant de sa proximité comme opportunité pour écouler sa production. Quelle que soit la solution retenue, ces pièces n’en demeurent pas moins importantes. Elles sont très bien datées du premier tiers du xvie siècle par leur association à des monnaies et des verres. Illustrant la vie quotidienne et les croyances de l’époque, tous ces souvenirs témoignent aussi de l’importance des pèlerinages à l’époque médiévale et du fort désir de rapporter une part de sacré lors de ces si populaires mouvements de piété."
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DESCRIPTION.
L'objet de 5,7 cm sur 2,7 cm et 0,05 cm d'épaisseur est conservé au Musée de Bretagne :
L'enseigne se compose d’une plaque en plomb et étain, avec un décor ajouré en faible relief (5,65 cm de hauteur ; 2,65 cm de largeur maximale ; 0,05 cm d’épaisseur) et dont l’ardillon servant à la fixation est conservé à l’arrière. Le décor se décompose en deux registres. Dans la partie basse, saints Côme et Damien, de face, portent de longues robes drapées et tiennent des lancettes de chirurgien (ou des cuillères à onguent) ; celui de gauche pose la main sur une tête (d'une femme, d’un animal ou du démon).
La scène est incluse dans un cercle plat sur lequel apparaissent deux inscriptions en faible relief indiquant le nom des deux personnages figurés : SAINT COME et SAINT DAMIEN. Une ligne de doubles cercles pointés ceinture ce bandeau sur l’extérieur.
La partie supérieure montre une figure de Marie portant le Christ enfant et tenant une palme (ou Saint Christophe portant l'Enfant sauveur du monde — il tient la sphère du Monde— et tenant le bâton de marche (brisé) qui produit miraculeusement des feuilles) ; elle ou il se tient dans une niche architecturale décorée de perles et dont le fronton triangulaire se termine par les trois branches d’une croix perlée. Les deux piédroits portent une inscription en faible relief.
Selon Denis Bruna, cette enseigne a pu être utilisée au XVIe siècle mais elle se rapproche d'un type plus ancien datable du milieu du XVe siècle environ.
Une autre enseigne en plomb (cf. infra) a été trouvée à l'effigie de saint Sébastien.
On sait que Côme et Damien étaient des frères jumeaux qui pratiquaient gratuitemement la médecine dans une ville de Cilicie, c’est pourquoi ils sont représentés sur l’enseigne avec des attributs médicaux : le bonnet et la robe de médecin, des instruments chirurgicaux et un pot à pharmacie.
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L'examen détaillé montre que la lancette ou "plume" ou "spatule" de chaque saint est tenue de la même manière et est assez comparable avec une extrémité élargie en feuille de saule, ne permettant pas de préciser s'il s'agit d'un ustensile de chirurgie (incision ou saignée) ou de pharmacie (spatule à onguent). Leur coiffure (bonnet de docteur), leur visage et leur ample manteau plissé (serré par une ceinture) sont identiques.
Par contre, l'un des saints (du côté où l'inscription indique Saint Damien) pose la main sur une tête (imposition de guérison ? Exorcisme ? Geste d'onction ?). Voir mes réflexions et documents iconographiques ici :
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L'autre , du côté de l'inscription Saint Côme, tient en main droite un pot à onguent. Mais au dessus, se trouve une ampoule sphérique qui pourrait très bien correspondre à la matula, ou vase d'urine, le fameux accessoire d'uroscopie qui est l'attribut de Côme comme medicus, son frère étant cyrugicus.
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La seconde plaque de plomb fragmentée est de forme rectangulaire . Le décor reconstitué sur deux registres montre, en partie basse, les effigies de saint Jean-Baptiste et saint Sébastien, séparés par une Vierge à l’enfant. Le registre supérieur délimité par une architecture stylisée ne conserve qu’un personnage couronné, de petite taille, vêtu d’une longue tunique et présentant devant lui une sorte de coffret.
La présence concomitante de deux saints médecins, d'une part, et d'un saint anti-pesteux, d'autre part, dans le dépotoir d'un hôpital, est bien-sûr intéressante.
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D'autres enseignes de pèlerinage dédiés à saint Côme et saint Dalmien.
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Trouvés à Paris et conservés au Musée du Moyen-Âge de Cluny, ils proviendraient de Luzarches (Val d'Oise), où les reliques de Côme et Damien attiraient les foules.
1. Enseigne circulaire au bord orné d'une torsade XVe siècle Musée Cluny, CL4747. Prov Luzarches étain moulé, plomb diam 0.027 m
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https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/joconde/50030022203
Saint Côme et saint Damien sont séparés au centre par un saint évêque indéterminé. Reconnaissables à leur robe au col fourré, à leur bonnet et à la boîte d'onguents, les saints jumeaux sont représentés debout et nimbés.
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2. Enseigne rectangulaire Premier quart XVe siècle Musée Cluny, CL 18011.
Enseigne ajourée de forme rectangulaire et sommée d'un gable dont les bords extérieurs sont ornés de crochets. A l'intérieur, deux arcs trilobés surmontés de deux arcs en plein cintre et d'une rose ajourée.
Figures identiques de saint Côme et saint Damien. Debout, vêtu d'une robe au col fourré et d'un bonnet, chaque personnage est montré nimbé et semblant tenir de la main droite une boîte d'onguents
2. Enseigne rectangulaire Premier quart XVe siècle Musée Cluny, CL 18011.
Prov Luzarches plomb étain moulé, H. 8.1 ; L. 5, Inscriptions S. COVME. ET. S. DAMIEN
https://www.photo.rmn.fr/archive/98-005212-2C6NU0NSJ7PM.html
Description
Enseigne ajourée de forme rectangulaire et sommée d'un gable dont les bords extérieurs sont ornés de crochets. A l'intérieur, deux arcs trilobés surmontés de deux arcs en plein cintre et d'une rose ajourée.
Figures identiques de saint Côme et saint Damien. Debout, vêtu d'une robe au col fourré et d'un bonnet, chaque personnage est montré nimbé et semblant tenir de la main droite une boîte d'onguents
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SOURCES ET LIENS.
— BAZOT( Claude). 1633 ,Le pélerinage de sainct Cosme et sainct Damian en l'église collégiale de Luzarches au diocèse de Paris / par C. Bazot,..., édité à Paris
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k35023f/f29.item
— BRUNA (Denis)1996, Les enseignes de pèlerinage et les enseignes profanes. Musée national du Moyen Âge (catalogue)
— BRUNA Denis (1999),“De L'agréable à L'utile : Le Bijou Emblématique à La Fin Du Moyen Age.” Revue Historique, vol. 301, no. 1 (609), 1999, pp. 3–22
— BRUNA D., Les enseignes de pèlerinage et les coquilles Saint-Jacques dans les sépultures du Moyen Age en Europe occidentale. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1991, 1993. pp. 178-190
— BRUNA D., Les récentes acquisitions d'enseignes de pèlerinage et d'enseignes profanes au Musée national du Moyen Age. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1995, 1997. pp. 349-360
— BRUNA D., Témoins de dévotion dans les livres d’heures à la fin du Moyen-Âge, Revue Mabillon, n.s., t.9 (= t.70), 1998, p. 127 – 161.
— BRUNA D. Un moule pour enseignes de pèlerinage à l'image de la «Belle Vierge » de Rastisbonne. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1992, 1994. pp. 317-324;
— BURKARDT A., L'économie des dévotions: Commerce, croyances et objets de piété à l'époque moderne, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2016
— LABAUNE-JEAN (Françoise), 2014,« Quelques enseignes de pèlerins et des moules de production de petits objets en plomb découverts à Rennes », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest 2014/4 (n° 121-4), Presses universitaires de Rennes pages7-12.
https://journals.openedition.org/abpo/2858#bodyftn12
— THUAUDET O., La pratique du pèlerinage en Provence à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne d’après les enseignes et les ampoules. Archéologie Médiévale, CRAHAM, 2017, 47, pp.89-129