L'Ophrys abeille Ophrys apifera Hudson 1782 à Crozon.
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Les Ophrys abeille sont apparues sur le bord des routes de la Presqu'île de Crozon, ou par essaims entiers dans des prairies où il est difficile de marcher si on ne veut les écraser.
Il n'est pas difficile de les photographier, il est difficile de cesser de le faire. C'est, à ras de terre, une telle féerie que vous butinez de l'une à l'autre, enivré de couleurs vert tendre, rose violine ou grenat. Surtout, ne faites pas comme moi, ne vous mettez pas en tête de collectionner les différentes formes de la macule jaune d'or de la labelle. Ou d'évoquer, en les contemplant de face, les peluches Kiki qui firent jadis fureur, ou encore les nains de jardins encapuchonnés. Ou de réussir une mise au point sur les pollinies, ces petites bourses jaunes se balançant au vent comme des cloches sonnées par un sacristain endiablé.
Sinon, vous serez punis de votre addiction par les heures passées à trier les centaines de clichés et à procéder à des choix impossibles.
J'ai sélectionner les sept photos que voici. Je regrette déjà celles que j'ai délaissées. Et je meure d'envie de retourner sur le terrain, à quatre pattes parmi le trèfle et le plantain.
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Ophrys apifera, Crozon, 23 mai 2020. Photographie lavieb-aile.
Ophrys apifera, Crozon, 23 mai 2020. Photographie lavieb-aile.
Ophrys apifera, Crozon, 23 mai 2020. Photographie lavieb-aile.
Ophrys apifera, Crozon, 23 mai 2020. Photographie lavieb-aile.
Ophrys apifera, Crozon, 23 mai 2020. Photographie lavieb-aile.
Ophrys apifera, Crozon, 23 mai 2020. Photographie lavieb-aile.
Ophrys apifera, Crozon, 23 mai 2020. Photographie lavieb-aile.
Lors de mon reportage de 2013 sur le Cimetière de bateaux (langoustiers mauritaniens) du port de Camaret, j'avais décrit un à un les huit navires qui s'y trouvaient.
Depuis, les deux premiers navires, les plus beaux à mes yeux, "La Salle" et le "Rosier Fleuri" ont dû être évacués et détruits.
Le spectacle de ces navires était poignant, puis qu'il parlait d'un passé maritime glorieux et florissant pour le port de pêche. Aujourd'hui, l'émotion est plus grande encore devant cette peau de chagrin, qui reflète tout autant la diminution des ressources halieutiques que celle de la flottille bretonne. Plus largement, ces coques échouées sur la surface minérale de la grève gardent comme la prescience de l'avenir de notre société.
Je tente d'en rendre compte, en présentant des cliches dont j'ai accentué la dramatisation. Je pense à tous les marins qui ont vécu cette grande aventure. Ou je pense aux larmes qui sont retenues dans beaucoup d'objets qui, dès lors, acquiert le statut de sujet car ils sont les interlocuteurs de nos interrogations.
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Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt. "Il y a des larmes dans les choses mêmes, et ce qui est périssable frappe l’esprit" (VIRGILE, Énéide, liv. I, v. 462). Énée, fugitif, a été poussé par la tempête sur les côtes d’Afrique, aux lieux mêmes où s’élève Carthage. Dans un temple que Didon a consacré à la reine des dieux, un spectacle inattendu frappe les regards du héros : il voit représentés, dans l’ordre des temps, les combats d’Ilion et les événements de ces guerres que la renommée a déjà publiés dans tout l’univers. Il reconnaît le fils d’Avrée, le vieux Priam et le terrible Achille. Il s’arrête et ne pouvant retenir ses larmes : « Achate, dit-il, quel lieu n’a retenti, quelle contrée de la terre n’est pleine du bruit de nos malheurs ! Jusque dans ces déserts, le courage trouve sa récompense. Il y a des larmes dans les choses mêmes et ce qui est périssable frappe l’esprit. »
Ces objets chargés de larmes ont été d'abord pour moi, en marchant sur la grève, les vieilles pièces de bois rongées, pénétrés de pointes rouillées, qui sont les seuls dépouilles des deux coques disparues.
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Cliquez sur l'image.
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Le Sillon, Camaret. Photographie lavieb-aile 15 mai 2020.
Le Sillon, Camaret. Photographie lavieb-aile 15 mai 2020.
Le Sillon, Camaret. Photographie lavieb-aile 15 mai 2020.
Le Sillon, Camaret. Photographie lavieb-aile 15 mai 2020.
Le Sillon, Camaret. Photographie lavieb-aile 15 mai 2020.
Le Sillon, Camaret. Photographie lavieb-aile 15 mai 2020.
Le Sillon, Camaret. Photographie lavieb-aile 15 mai 2020.
Le Sillon, Camaret. Photographie lavieb-aile 15 mai 2020.
Qui est Eugène Andrieux, de Trélannec (Crozon) ? Le linteau de l'élévation nord d'une longère appartenant à une exploitation agricole de Trélannec porte l'inscription :
FAIT FAIRE PAR
EUGENE ANDRIEUX 1867.
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Inscription lapidaire de Trélannec. Photographie lavieb-aile avril 2020.
Inscription lapidaire de Trélannec. Photographie lavieb-aile avril 2020.
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Le généalogiste Patrick Voirin consacre une fiche à Eugène Henri ANDRIEUX , né le 29 juin 1814 à Crozon et décédé le 5 novembre 1890 à Crozon à 76 ans. Il avait épousé Marie Anne LE CORRE le 3 octobre 1842. Il en eut trois filles, Jeanne Louise en 1843, Henriette Marie en 1852 et Rosalie Marie en 1863.
Il était le fils de Antoine Aubin ANDRIEUX 1775-1858 Lieutenant des douanes retraité, et de Marie-Henriette Le SENECHAL 1781-1861 ; il était le 6ème de leurs dix enfants.
Son épouse Marie Anne LE CORRE était la fille de Jean Marie et de Marie Claudine LASTENNET
La généalogie de Nathalie Bervas indique que la jeune fille était mineure, née le 12 novembre 1824 et âgée de 18 ans. À leur mariage, l'époux (notre Eugène Henri) habitait, comme ses parents, Kerarstrobel (le village voisin) et était cultivateur;
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La fille aînée, Jeanne Louise ANDRIEUX.
Elle est née le 7 octobre 1843 à Trélannec. Elle était domicilée à Trélannec lorsqu'elle épousa le 16 février 1867 à Crozon Jean Marie HERJEAN, né en 1843, cultivateur, né à Kerbasguen.
J'en déduis que Eugène Henri a quitté son domicile de Kerarstrobel pour s'installer dans le village de son épouse, dès son mariage. À son tour, Jean Marie Herjean, lorsqu'il a épousé la fille aînée Jeanne Louise, est venue s'installer dans le village de celle-ci.
C'est à Trélannec que le registre de recensement de 1896 les recense (page 124) : Jean Marie Herjean cultivateur, Jeanne Louise Andrieux femme, et leurs quatre filles Henriette, Marie, Marie et Claudine.
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Nous pouvons penser que Eugène Henri a fait construire le corps de ferme de 1867 sur laquelle il fait porter l'inscription, en raison de l'agrandissement de la famille liée à l'installation de son gendre. Ses deux autres filles (et leur époux Jean-Claude Danielou et Jean François POSTIC) ne sont pas mentionnées à Trélannec en 1896.
"Des résultats observés et plus particulièrement des chronogrammes relevés sur le bâti, se dégagent plusieurs tendances situant le corpus des constructions rurales dans une chronologie allant de la fin du 16e siècle aux années 1930. Les dates inscrites sur les bâtiments vont de 1580 à 1934, elles sont majoritairement gravées ou sculptées sur les linteaux de porte, rarement sur les souches ou les linteaux de cheminées. Le grès local étant très difficile à tailler, seul 14, 3 % du bâti rural est daté : 146 chonogrammes ont été relevés sur 1020 maisons rurales recensées. Les dates figurent sur des pierres importées, plus propices à la taille (microdiorite quartzique, granite, kersantite), parfois sur une ardoise incluse dans la maçonnerie. Deux dates gravées dans du grès armoricain ont été relevées : 1785 sur une maison de Ménesguen et 1854 sur une maison du Bouis.
En l'absence de chronogrammes, il est parfois délicat de dater avec précision des maisons construites entre la deuxième moitié du 18e siècle et la première moitié du 19e siècle car les proportions sont quasiment identiques durant un siècle et les baies sont dépourvues de décors. Les baies des maisons construites entre la fin du 16e siècle et le début du 18e siècle font souvent l'objet d'une ornementation sculptée sur des pierres importées (accolades, chanfreins, moulures, volutes et coeurs sur les linteaux, griffes, sifflets et amortissements à la base des piédroits).
LES COMMANDITAIRES
Quelques inscriptions ou monogrammes relevés sur des logis révèlent le nom des bâtisseurs : DV : PRE : 1590 : GVILLAUME CO : KANDRIN (Porte provenant de Kerandrin remployée à Morgat) ; RENE HERIAN 1626 (Le Bouis) ; F : M : 1627 (Kergonan) ; A L : STEHAN 1663 JC (Dinan) ; H : H : MICHEL LE : DV 1696 (Saint-Jean-Leïdez) ; FAIT FAIRE PAR EUGENE ANDRIEUX 1867 ; A : P : 1745 (Dinan) D V 1855 J (Penfrat) ; E 1927 R (Poraon). Deux beaux puits moulurés du 17e siècle sont également signés et datés, ils témoignent de l'aisance des constructeurs et d'une certaine fierté paysanne : JEAN CANVET 1644 (Tromel) ; Y. CARN 1646 (Kerellot-Tremet). Trois anciennes maisons d'artisan affichent les attributs professionnels de leurs propriétaires : à Kervezennec, la maison d'un tailleur de pierre se signale par une équerre et un marteau sculptés en relief sur le linteau de porte avec son nom YVON et la date 1688 ; à Kerigou, la porte d'un logis de maréchal-ferrant du 17e siècle conserve la pince, le marteau et l'enclume sculptés dans la microdiorite quartzique ; à Trébéron une tenaille et un marteau sont gravés à côté de la date et des initiales du maréchal-ferrant (H : D 1814) ; à Kernaou le linteau du puits est orné d'une navette de tisserand."
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L'inscription du moulin de Kereuzen, que je viens de relever (article précédent) employait déjà en 1795 la formule "fait faire par", mais par abréviation F F P.
La rareté relative de ces inscriptions justifie mon souci d'en rendre compte en ligne et de tenter de préciser, derrière les texte, le contexte anthropologique.
Mes remerciements à Mr Joseph Pigent pour son accueil.
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Je passe souvent, dans mes promenades autour de la Réserve naturelle de l'Aber, devant cet ancien moulin.
Le moulin à eau de Kereuzen, sur la rivière de l'Aber à Crozon, est connu depuis le XVIIIe. Il figure, sous le nom de Moulin Colin, sur la carte de Cassini de 1783, et sous celui de Kereuzen, sur le cadastre de 1831. Il a été fermé en 1961.
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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
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Toponymie.
Disons d'abord que ce nom de lieu Kereuzen est rare. Je le trouve attesté à Elliant sur un aveu de 1663.
(le village de Kereuzen ô ses issues & apartenances & autres terres non icy spéciffiées sont sittuées en la Trêve nommée Treffnevez en laditte paroisse d'Eslyan).
Comme l'a remarqué M. Guilcher (12), le déterminatif de la plupart des villages en Ker— est un nom d'homme. Il s'agirait de Ker -Euzen, le village d'Euzen ou Eusen. Albert Deshayes signale pour ce nom Euzen 1446, Ploemeur ; 1513, Remungol ; 1644, Quimper, etc. Il dériverait du vieux breton Eudon , "bon talent", et se diffuse sous les formes Abeozen, Euzenat, Euzénou, Euzénès . Aucune de ces formes n'est attesté à Crozon avant le XVIIe siècle (sauf Guillaume EUSEN 1678).
Si le toponyme KEREUZEN est rare, l'anthroponyme correspondant ne l'est pas moins. À Lannion , Jean LE GUALLES, écuyer, sieur de Kereuzen, Ledict sieur de KERYVON, se fait connaître en 1600 par ses prééminences en l'église de Baly. Un Kereuzen représente Plonéour à la montre de 1481. On trouve un Kereuzen-Brelivet en Châteauneuf-du-Faou ; un Jehan Nouvell Kereuzen à Plougasnou ; à Plouezoc'h en 1545-1550 une Françoise de Kereuzen puis en 1578-1608 Maria de Kereuzen ou Marie de Kereuzen de Kerjean. Et enfin à Bieuzy (56) Françoise Le RUYET DE KEREUZEN 1580-1611, Jan Le RUYET DE KEREUZEN son frère, Yvonnette Le RUYET DE KEREUZEN sa soeur.
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Pour en revenir au toponyme, Pierre Trépos note en 1953 : "Quant à Kerezen et Petit- Kerezen, j'ai d'abord hésité à les classer avec les toponymes en « Vrins » : M. Buffet a interprété le Kerezen de Port-Louis par Ker-Euzen ; mais deux formes relativement anciennes de ce toponyme morbihannais, avec 2 r, (en Hello Querrezen } Besquellec Querrezen , 1080) me font penser que l'hypothèse Kezen, au lieu de Euzen peut au moins se discuter — avant qu'elle cède peut-être la place à une troisième : Kerezen, cerisier."
Henri-François Buffet, étudiant la toponymie du canton de Port-Louis suggère de rattacher à Ker-Euzen les lieux-dits Querezen, 1640, et Kerzine.
Quoiqu'il en soit, ce toponyme en ker- est très ancien, vers le Xe siècle :
"Les Bretons venant de l’île de Bretagne apportent en Armorique leur système toponymique. Aux nobles, l’on doit les noms formés sur Lez (qui désigne une cour et résidence seigneuriales). Aux prêtres, les différents Lann (lieu consacré), remplacés par Log après le Xe siècle ; aux paysans, les noms en Trev (lieu habité et cultivé), puis en Kêr. Ce dernier désignait d’abord un lieu défensif, comme c’est toujours le cas en gallois (cf. Car dans Cardiff). Mais c’est à partir du Xe siècle que fleurissent partout les noms en Kêr, lorsque le terme prend le sens d'exploitation rurale et d’endroit habité." (Office Public de la langue bretonne)
Il signale peut-être une seigneurie disparue, puisque de nombreux moulins à eau dépendaient des manoirs de seigneurs, qui les affermaient à des meuniers.
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Je découvre pour la première fois aujourd'hui qu'une pierre a été conservée de l'ancien moulin, détruit au XXe siècle pour construire une exploitation agricole. Ce bloc de kersantite porte la date de 1795 et le nom du meunier d'alors, Isidore KERAUDREN. Les inscriptions, c'est ma passion. Surtout lorsque j'apprends que plusieurs ne sont pas parvenus à déchiffrer celle-ci. Un défi ?
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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
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L'inscription se déchiffre ainsi :
F : F : P : IIOSSE KINEC
ISIDOR KAUDREN 1795.
Soit "fait faire par [Joseph] Kerinec. Isidore Keraudren 1795".
Les lettres IIOSSE me tracassent un peu. On connait l'habitude d'abréger les noms en Ker- par la seule lettre K, aussi il n'est pas difficile de transcrire KINEC par KERINEC et KAVDREN par KERAUDREN. La date ne prête pas à discussion, lorsqu'on connait la façon d'écrire le 5 en forme de S.
Ma lecture va se trouver validée dès que je vais interroger les données généalogiques.
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Une deuxième inscription, en pierre de Logonna cette fois, est sculptée dans une pierre de réemploi de la façade ouest du logis : On y lit en réserve dans un cartouche :
ANNE / COLIN.
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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
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On trouvera aussi sur le mur est de la grange rénovée qui lui fait face le chronogramme 1831 : une inscription plus tardive donc.
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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
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Les deux premières inscriptions prennent tout leur sens lorsque l'on sait qu'Isidore KERAUDREN a été le meunier de Kereuzen au XIVIIIe siècle, qu'il avait épousé Anne COLIN, et que sa mère était Marguerite KERINEC.
Isidore KERAUDREN est né le 12 octobre 1741 à Kerdaniou – Crozon ; il faut assimiler le toponyme à celui de Kersaniou , noté Kerdaniou sur la carte de Cassini. Le lieu-dit Kersaniou se trouve sur le flanc sud de la vallée de l'Aber, à 1,2 km du moulin. Isidore a été baptisé le lendemain de sa naissance, à Kerdaniou.
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Il est né de Jacques KERAUDREN, décédé avant 16 février 1813, et de Marguerite KERINEC, décédée avant 16 février 1813.
Jacques KERAUDREN, né le 17 décembre 1721 à Kerdaniou, Crozon, est décédé le 18 octobre 1787 à Moulin Rhun, Crozon à l'âge de 65 ans. Il se maria le 21 novembre 1740 à Crozon, avec
Marguerite KERINEC, née le 20 avril 1715 à Kerglintin Tréboul - Crozon, et décédée le 6 août 1779 à Kerglintin Tréboul - à l'âge de 64 ans. Elle était la fille de Jean KERINEC, né en 1692 à Ranvédan (au dessus de Postolonnec) et décédé le 20 janvier 1716 à Kerglintin Tréboul à l'âge de 24 ans . Marié le 5 juillet 1714 avec Jeanne SENECHAL, née en 1683, et décédée le 14 mai 1771 à Kerglintin Tréboul : veuve à 31 ans, elle épousa Jean KERAVEL, d'où 6 enfants. Marguerite KERINEC avait un frère Jean, né en septembre 1716- (contradiction avec le décès du père) ; j'y reviens.
Quel est ce "Moulin Rhun" de Crozon où décéda Jacques Keraudren ? Était-il lui-même meunier ? La carte de Cassini indique, en aval du moulin Colin, le moulin Kerune.
Isidore a donc un oncle maternel, Jean KERINEC (Kerglintin 1716-Kerdaniou1782), qui épousa Gilette KERAUDREN, 1718-1776, née à Kerdaniou (comme Isidore lui-même, et comme son père) et décédée à Kerdaniou, où le couple s'était semble-t-il installé. Enfin, il faut remarquer parmi les 8 enfants de ce couple Joseph KERVINEC, né à Kerglintin en 1749, et dont la date de décès est ignorée. Je le rapproche du IOSSE KERINEC de l'inscription de kersanton.
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Isidore est l'aîné de 5 garçons, Jean (ca 1744-1747), Corentin (1749-1750), Allain (1752 -?), marié en 1775 avec Anne BOUSART, et Joseph, marié en 1767 avec Marie BOZENEC.
Isidore épousa le 8 juillet 1761, à Crozon, Anne COLIN, décédée avant le16 février 1813. Elle était la fille d'Yves et de Marguerite LE ROUX. Le couple eut 7 enfants.
Yves KERAUDREN ca 1767-1799
Joseph KERAUDREN 1767-1841 marié Avec Marie Françoise ROLLAND /1777
Marie KERAUDREN 1770- Mariée le 23 juillet 1788 avec Henry LE BOUSSARD. Leur fille Anne Marguerite épousera en 1811 à Telgruc Louis Maurice LE MONZE (Telgruc 1789-Crozon 1857) . Ils eurent trois enfants, Louis-Maurice (Telgruc 1816-Crozon 1878), Jean-Pierre (Crozon 1817 -Crozon 1853) qui épousa en 1850 Marie Perrine LE CAP, et Corentin (Crozon 1820-Crozon 1889) qui épousa en 1844 Marie HERJEAN.
Julien KERAUDREN 1772-1808 Marié le 16 février 1802 à Crozon, avec Marie LE CORRE/1785
Anne KERAUDREN 1776-1844 Mariée le 18 juillet 1799 à Crozon avec Pierre LE MIGNON ca 1771-
Marie Anne KERAUDREN ca 1780-1781
Jeanne KERAUDREN 1783-1859 Mariée le 16 février 1802 à Crozon, avec Pierre Marie GOURMELEN 1777-1808 dont un fils Pierre Marie GOURMELEN 1805-1863, qui se maria le 15 juin 1829, Crozon, avec Marie Jeanne POSTIC 1810-1850. Jeanne KERAUDREN 1783-1859 se remaria le 7 novembre 1810, Crozon, avec Yves QUEMENER
Pour ces sept enfants, nous disposons pour la plupart du lieu de leur baptême, à Kerglintin-Tréboul, près du Véniec, à près de 3 km du moulin. C'est a priori leur lieu de naissance. Anne Colin venait donc accoucher à Kerglintin ? C'était la maison d'origine de sa belle-mère (le domicile de ses beaux-parents ?) et certainement un lieu de convergence familiale. La petite Marie-Anne y fut inhumée le 21 novembre 1781.
- J'ai surligné en gras les enfants du couple Marie KERAUDREN/Henry LE BOUSSARD, car les naissances montrent que ce couple est venu s'installer à Crozon en 1817. Or, les noms de Louis LE MONZE et de Corentin LE CAP figurent au cadastre de 1831 pour les moulins de Pont-Men et de Kereuzen.
- J'ai surligné en gras le nom de Jeanne KERAUDREN, car c'est apparemment elle et son mari Pierre-Marie GOURMELEN I (déclaré meunier à leur mariage en 1802 et à son décès en 1808) qui reprirent le moulin. Elle est déclarée cultivatrice. Jeanne Keraudren est décédée à Kereuzen à 76 ans le 4 juin 1859. Son fils Pierre-Marie II Gourmelen est qualifié à son décès à Kereuzen de "forgeron cultivateur meunier".
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Isidore KERAUDREN est décédé le 13 février 1813 à Kerdaniou. Il était alors veuf de son épouse Anne Colin.
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Je note incidemment en 1838 un Philippe KERAUDERN demeurant à Trébéron et un Bernard KERAUDREN père et fils demeurant au Véniec.
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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
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Une pierre d'une forme particulière.
Le bloc de kersantite, actuellement déposé et présenté sur un muret fleuri devant la cour, n'est pas rectangulaire, mais le biseau du coté droit est sans doute intentionnel, puisqu'il est souligné par une moulure. Il est creusé de deux cavités de 4 cm de diamètre environ, et entaillé en sa partie basse par un onglet biaisé.
Ce n'est pas un linteau habituel, et il devait assurer un emploi précis dans le moulin.
Si on réfléchit au sens de l'inscription Fait faire par Joseph KERINEC / Isidore KERAUDREN 1795, nous pouvons penser que l'oncle et son neveu maternel ont fait exécuter des travaux suffisamment importants pour justifier la commande d'un tel travail de sculpture.
La date de 1795 ne correspond à aucun événement familial connu. Isidore KERAUDREN avait alors 54 ans.
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Ce que nous savons du Moulin de Kereuzen.
Aujourd'hui, le moulin a été rasé, les pierres et les meules ont été enfouis par les bulldozer pour permettre la création des bâtiments actuels, qui reprennent des parties anciennes. C'est aujourd'hui une exploitation agricole (Joseph et Laurent Prigent ?) consacrée à l'élevage de vaches allaitantes (Charolais et Blonde d'Aquitaine).
Deux vestiges en pierre sont conservés, qui portent la marque de leur adaptation au fonctionnement du moulin.
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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile avril 2020.
Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.
Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.
Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.
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Des fragments de la meule en silex.
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Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.
Le moulin de Kereuzen à Crozon. Photographie lavieb-aile juin 2020.
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Qu'apportent les cartes et photos aériennes ?
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Allons du présent vers le passé. Cliquez sur les photos pour les agrandir. Source Geoportail Remonterletemps
La station de distribution d'eau potable de Poraon et son bassin de stockage de 3000 m3, qui remplace le moulin de Pont-Men, n'est pas encore indiquée. Elle assure 20% de la consommation d'eau potable de la commune.
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La photo aérienne 2015.
L'usine de Poraon y est bien visible, de même que les bâtiments agricoles et d'habitation de Kereuzen et le petit pont.
Le trajet de la rivière peut se deviner par les hésitations de sa ceinture d'arbres, contrastant avec la rectitude des haies.
On lit aussi la persistance partielle de l'ancien maillage (jadis bien plus serré) des parcelles (mez, mezou) lanières orientés dans le sens de la pente.
En 1957, Pierre Flatrès, étudiant la structure rurale du Sud-Finistère d'après les anciens cadastres , écrivait : "Les parcelles des méjous bretons étaient de dimensions et de formes très diverses. On pouvait rencontrer des parcelles de dimensions très variables, depuis les parcelles minuscules des courtils, jusqu'aux lanières de certains terroirs de Crozon qui atteignaient 400 m de long. Dans cette commune, certaines parcelles étaient particulièrement étirées. Nous avons noté, près du Moulin Kereuzen (environs de l'Aber), une parcelle de 394 m x 3,2 m. Toutefois, sur la plupart des terroirs, les dimensions moyennes (100 à 150 m x 10 à 20) prédominaient. La forme des parcelles était aussi variable que leurs dimensions. La plupart, comme il est naturel, étaient longues et étroites, laniérées, mais certaines étaient rectilignes, d'autres incurvées, sans qu'on puisse en donner immédiatement une raison. "
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Photo aérienne 2005.
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Photo aérienne ancienne 1950-1976.
Deux remarques :
-le maillage plus étroit des champs-lanières
-la meilleure lisibilité du cours d'eau, qui se dédouble après Kereuzen .
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Scan50 historique des années 1950.
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Entre les villages de Poraon et Kerun au nord et de Kersaniou au sud, la rivière passe par Kerenzen (4 bâtiments, dont un sur la rivière), et Moulin de Pont-Men (symbole en roue dentée pour "moulin"). La rivière se dédouble entre les deux lieux en deux bras, forment une retenue apparente.
La graphie Kerenzen est étonnante pour la date de 1959.
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Carte d'Etat-Major 1820-1866.
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Même constatation, mais "Kerenzen" est précédé de la mention "Moulin". Un chemin descend de Kersaniou à Pont-Men , traversant la rivière en ce point pour regagner Trelannec ; un autre long la rivière au sud entre la route Quimper-Lanvéoc et Le Véniec et Kerglintin.
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Cadastre de 1831, vue générale.
Le plan montre mieux la rivière se dédoublant en deux bras distincts entre Moulin de Kereuzen et Moulin de Pont-Men. Le bras nord, formant bief, est barré par le bâtiment de Pont-Men. Le moulin de Kereuzen semble avoir aussi un usage de ferme, car les trois bâtiments sont sur le chemin, et non sur la rivière. Il pourrait , comme un petit hameau, rassembler plusieurs familles qui ne travaillent pas en meunerie.
"Les formes des toponymes proviennent des usages locaux. En effet, les ingénieurs ont reçu pour mission de travailler, pour leur collecte, avec les habitants — le plus souvent, les curés et les seigneurs — des lieux cartographiés."
La feuille Carhaix-Plouher n° 171 dressée les ingénieurs Langelay, Fessard et C. Aldring sous la direction de de César-François de Thury de Cassini (1714-1784) est divisée en 21 rectangles. Celui le plus occidental nous concerne. La route Quimper-Lanvéoc y rejoint la route Le Faou-Crozon au dessus de la chapelle Saint-Laurent, en un carrefour qui deviendra Tal-ar-Groas "croisement des routes"
Nous y voyons l'Ance de l'Aber , la Rivière de l'Aber dominée au nord par Trébéron et Trellanec puis Porraon et au sud par Ruguenes [Raguenes], la Presqu'ile de Rozan et Kerdaniou [Kersaniou]. Lorsque l'estuaire se referme en un trait noir, le tracé de la rivière, les moulins apparaissent, signalé par une roue dentée : celui de Kerune, et celui de Colin. Ce dernier est accompagné du symbole indiquant un hameau. Plus loin, après la chapelle de Port-Salut (Porzh-Salo) un moulin n'est pas nommé : c'est celui de Ronvarc'h.
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Nous constatons que le moulin Kereuzen a été nommé "moulin Colin" en 1783, du nom d'Anne Colin, la propriétaire (ou locataire), et non de celui de son mari Isidore Keraudren. Rappelons qu'Yves Colin, père d'Anne, y était décédé en 1766, tout comme sa mère Marie LE ROUX en 1779, et son frère Corentin COLIN en 1783 à 36 ans, alors que cette famille COLIN était passé par Landévennec (lieu de naissance d'Anne), Plogonnec ou Lennon, et Telgruc. Anne est venue à Kereuzen accompagnée dès 1766 (et vraisemblablement dès son mariage en 1761) de ses parents et de son frère.
Il n'est pas possible de préciser pourquoi le moulin n'est pas nommé KERAUDREN, alors qu'Isidore n'était pas décédé en 1783 et qu'il a inscrit son nom en 1795.
La limite entre Telgruc et Crozon passe par la rivière : le moulin de Kereuzen est décrit sur le cadastre de Telgruc, ainsi que les terrains du sud de la rivière
Plan cadastral 3P45/2/54 section 24-5.
Etat de section 3P 45/6 volume 4 sections 24-29. Section 24 de Saint-Laurent.
Treboul 3P 45/1/44 section 23-1. Les états de section ne sont pas disponibles (un seul volume, 3P 282/2-3)
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1. Telgruc, section 23-1.
Le dédoublement des bras, et donc le creusement d'un bief vers Pont-Men n'apparaît pas : il aurait été construit après 1831. Au contraire, c'est en amont de Kereuzen qu'un bief, rectiligne, suit, le long du chemin, le tracé serpentin de la rivière.
Les champs lanières qui descendent de Kersaniou sont orientés soit nord-sud, soit est-ouest.
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2. Cadastre de Telgruc, section 23-1. Le moulin de K[er]euzen.
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Parmi les bâtiments 12, 14 (en pointillé) 15, 18, 22 , le moulin correspond à 15, avec le symbole d'une roue : l'eau venant du bief et de la retenue 19 passe sous l'arche du bâtiment 15. Une autre roue est symbolisée près de 14, correspondant à un trajet accessoire de l'eau dessiné au crayon bleu. L'eau regagne le ruisseau juste après un pont.
Ce plan indique donc une roue horizontale sous le bâtiment, comme au moulin de Rosmadec à Telgruc, avant qu'une roue verticale y soit installée après 1831.
Cette roue à pirouette était sans doute mieux adaptée à un cours d'eau à faible débit et faible dénivelé : l'altitude passe de 23 m environ à Kerledan à 12 m à Kerezeun, 3 km en aval. On la retrouve à Pont-Men.
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Le plan cadastral de Crozon.
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Le moulin de Kereuzen n'y est pas représenté, hormis le "Pont du moulin de Kereuzen". Il correspond à une zone déchirée. Bizarrement (le plan est-il plus tardif ?), juste après ce pont, un bief est figuré, au nord du ruisseau, se dirigeant vers l'étang 2173 puis le moulin avec sa roue. Là encore, une deuxième roue occupe le bâtiment 2175.
Après les parcelles 2423 à 2425, la parcelle 2426, nommée foennec vras ar pont (grand pré du pont) est attribuée sur l'état de section à "Le Cap Corentin, meunier moulin de Kereuzen".
La parcelle 2299 appartenant à Pierre Le Corre est nommée foennec pont ar veil, "pré du pont du moulin".
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Entre le bief et la rivière, les parcelles 2175 à 2178 et 2294 à 2297 portent le nom de Tré an daou dour, "pâture entre deux eaux".
Sur la pente nord, les parcelles en lanières 2179 (foennec vras), 2180 (foennec voan) et 2181 (foennec arguyoarch), et suivantes sont soit des landes, soit des près.
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Le moulin de Pont Men.
Il est intéressant à étudier pour nous documenter sur celui de Kereuzen. L'état de section indique :
2167 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men : Pratiz ar veil ("la pâture du moulin")
2168 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men . [Soldiv ?] à eau et courtil.
2173 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men ; étang : al len ("la mare")
2174 : Le MONZE Louis, meunier. Moulin de Pont-Men ; ar veil hir du [le long moulin noir]; Moulin à eau [Soldiv ?] à eau et courtil.
Didier Cadou a lu ar rodo goll : "canal de décharge". Il précise comment Louis Maurice Le Monze, cultivateur, demeurant à Kerdaniou, a acquis le 15 septembre 1825 le moulin à Louis, René et Adélaïde Visdelou de Bedée, héritiers de leur père Charles-François Hyacinthe-Claude marquis de Bedée, et de leur mère Bonne du Han, décédée en 1816.
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Le bief aboutit à l'étang de retenue 2173 qui se déverse sous le moulin 2168 avec sa roue placée au milieu (et non latéralement) : une roue à pirouette ? Puis elle traverse la pâture 2167 pour rejoindre la rivière.
L'étang peut être dérivée directement dans la rivière par un canal, auquel se rattache un bâtiment comportant un roue de moulin : 2174, qui est décrit de la même façon que le moulin 2168.
Dans les deux moulins, l'eau passe sous le moulin et non à coté.
Le moulin de Pont-Men, mentionné dès 1725, sera définitivement fermé en 1956 par Alain LE CORRE.
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L'apparition de Corentin LE CAP, Meunier à Kereuzen entre (au moins) 1831 et (au moins) 1859.
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1°) Le nom de Corentin Le Cap avec le qualificatif de meunier au Moulin de Kereuzen apparaît dans l'état de section du cadastre de Crozon pour la parcelle 2426 Foennec vras ar pont.
Il est possible ou vraisemblable que nous aurions retrouvé ce nom pour les parcelles du cadastre de Telgruc correspondant au moulin de Kereuzen, mais l'état de section n'est pas disponible.
2°) Il apparaît comme déclarant sur l'acte de décès de Jeanne Keraudren, cultivatrice, 78 ans, le 5 juin 1859 au moulin de Kereuzen. L'acte précise l'âge de Corentin LE CAP, 65 ans, sa profession, meunier, et son domicile, Moulin de Kereuzen.. Il était donc né en 1794. Il est accompagné d'un deuxième déclarant, Michel LE CAP, cultivateur, 29 ans, Moulin de Kereuzen.
3°) Un généalogiste, François HARMEGNIES, signale son décès un an plus tard, le 27 décembre 1860, au Moulin de Kereuzen.Il indique les identités de son père, Jean LE CAP, né vers 1768, décédé le 4 août 1814 à Kerazoret - Crozon (au nord de Kergoff-Port-Salut), cultivateur, marié le 10 février 1790 avec Anne Le Corre (16 août 1765, Penanhoat en Crozon - 30 novembre 1844 à Crozon, cultivatrice)
4°) Un autre généalogiste, Jocelyn Person indique sa date de naissance le 12 Octobre 1794 et son décès le 27 décembre 1860, ainsi que son mariage avec Jeanne KERMARREC (12 janvier 1802-17 avril 1885 à Kerbastum, Crozon), fille de André KERMAEC et de Jeanne GOURMELEN.
La même source indique les neuf enfants de Corentin LE CAP :
Sa profession de meunier est indiquée sur l'acte de mariage du 16 février 1802 avec Jeanne KERAUDREN, sur l' acte de naissance de son fils Pierre-Marie en 1805, et sur son acte de décès à 36 ans.
Sa profession de meunier apparaît sur un acte de 1849. Cette année, (sans doute en renouvellement d'un bail de 1840), Pierre Gourmelen, "meunier et cultivateur", loue pour neuf ans l'île de Rozan à son propriétaire, Louis-Victor Bourassin. (J.J. Kerdreux, Avel Kornog n°24 p. 53).
Elle apparaît aussi en 1861, 1862, 1863, 1863 et 1865 sur l'acte de naissance de ses enfants Anne, Jean-Pierre, François-Mathurin, et Catherine.
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Enfin, les actes d'état-civil mentionnent deux femmes :
a) Marie-Anne Kerspern, cultivatrice à Kereuzen en Crozon en 1935
b) Marie-Berbiline RITA, cultivatrice, demeurant Moulin de Kereuzen où elle décéda le 12 avril 1953
Ce registre décrit deux lieux-dits "Moulin de Pont-Neuf": le second doit être assimilé à Kereuzen.
a) Moulin de Pont-Men n° 7863 à 7872. 8 personnes.
Louis LE MONZE, meunier.
Jean-Pierre LE MONZE, son fils, meunier.
Corentin LE MONZE, charpentier
Louis Maurice LE MONZE,, cultivateur,
Marie-Jeanne KERAUDREN, cultivatrice.
Marie-Claude LE BOUSSARD, domestique,
Alain LASTENNET, domestique.
b) Moulin de Pont-Men n° 8098-8118. 22 personnes (moulin de Kereuzen)
Corentin LE CAP, cultivateur
Marie-Jeanne KERMARREC, son épouse,
Anne, Marie-Anne, Perrine, Michel, Pierre, et François LE CAP cultivateurs
Jeanne Cor---ff, domestique, enfant trouvé
Pierre THIEC, domestique.
Pierre GOURMELEN, meunier et Marie-Jeanne POSTIC son épouse,
Jean-Pierre Marie, fils, , Isidore, Anne, Marie Corentine, et Joseph GOURMELEN, cultivateurs,
Anne KERAUDREN cultivatrice
Etienne KERAUDREN, Henry RIOU et Anne Alix, domestiques
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La population de Kereuzen en 1911.
Le registre de recensement (où Pont-Men ne figure pas) comptabilise trente personnes appartenant à cinq familles : celle de Yves KERSPERN, Pierre LE CORRE, Corentin DERRIEN, Joseph LE CORRE et Alain DERRIEN. Les chefs de famille sont qualifiés de cultivateur, et aucun de meunier. Ainsi :
Yves KERSPERN (né en 1868), "cultivateur", "chef, patron"
Marie-Yvonne (1874), son épouse
Marie (1901), Jeanne (1902), Anna-Perrine (1903?), Marie-Anne (1907) et Joseph-Marie (1911), leurs enfants
Marie-Anne LASTENNET (1834), "mère" (de Marie-Yvonne ?)
Pour évaluer la valeur de ces chiffres de nombre d'habitants au moulin de Kereuzen, je peux me baser sur le registre du recensement de Telgruc en 1841 — page 11— pour le moulin de Ronvarc'h, immédiatement en amont de Kereuzen, avec ses 9 habitants : outre les deux meuniers Jean MORÉ, veuf, ( et ses enfants Yves et Barbe), et Pierre-Marie MORÉ (et son épouse Marguerite FOUEST et leur fils Jean), 3 domestiques sont employés. http://www.notrepresquile.com/population/recensement/telgruc/1841.php
Au moulin de Kerloc'h, toujours sur Telgruc, le meunier Yves FOUEST habite avec sa femme Marie-Jeanne QUEMENER, leurs fils Nicolas et Pierre et leur fille Anne.
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CONCLUSION.
J'ai abordé ce sujet en simple curieux, sans connaissances locales ni compétences ; mon enquête sur place m'a appris que d'autres m'avaient précédé, mais je n'ai pas trouvé de publication ni de documents : je souhaite que cet article incite les auteurs plus qualifiés que moi à approfondir la connaissance sur ce moulin, et à corriger mes erreurs.
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Une mise à jour en novembre 2021 : Tanguy RIVIDIC, meunier de Kereuzen en 1743.
Cette information est attestée par un papier timbré découvert dans des archives familiales privées.
Il permet d'interroger la base Geneanet :
Jean RIVIDIC est né vers 1655 à Crozon et il est décédé à Kereuzen, précisément en cette année 1743. Sa profession est celle de meunier.
Il a épousé vers 1675 à Crozon Anne DAINCUFF (v.1655-1721) et a eu six enfants, dont le dernier est notre Tanguy.
Ce Tanguy RIVIDIC est né le 1er août 1705 à Crozon, et a épousé le 27 janvier 1724 Marie KERMARREC. Leurs enfants éventuels ne sont pas spécifiés. Les témoins du mariage sont son père Jean, mais aussi son beau-frère (Jean) LE MOIGNE, qui a épousé vers 1719 Anne RIVIDIC. Parmi les quatre filles de ce couple, les deux premières sont nés à Brospell, mais en 1728 et 1730, les deux autres sont nées à Kereuzen : Jean LE MOIGNE a-t-il travaillé auprès de son beau-père comme meunier ?
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Remontons maintenant au grand-père de Tanguy c'est un homonyme, Tanguy RIVIDIC, né vers 1625 à Crozon et qui eut 8 enfants, dont sept fils. Outre Jean, déjà nommé, il faut citer Guillaume, qui est mentionné comme meunier ; s'il est décédé en 1721 à Kervenguy, Crozon (à 800 m. au nord-est de Kereuzen), sa fille Françoise est décédée en 1726 à Kereuzen.
— 6 sur la rivière de l'Aber, Kerune, Colin, [Ronvarc'h], puis sur Telgruc Kerspern, Kerledan et sur Argol Kerenpren.
—2 à Telgruc sur le ruisseau alimentant le Port de Goat : ceux de Kergreac'h (Port du Craon) et Kerstaigoff [Rostégoff]
— 1 sur Roscanvel, "Pointe du Diable" (sur le ruisseau Ragadal IGN).
Cette quantité est sans doute sous-estimée, mais la recherche est rendue plus difficile sur les cartes postérieures. On signale aujourd'hui que plusieurs dizaines de moulins à eau existaient sur la Presqu'île.
Didier Cadiou en compte 10 sur le cours de la rivière de l'Aber : Pont-Men, Kereuzen, Ronvarc'h (ou Meil Gorré), Le Launay, Meil Jeun, Keredan, Peran, Kernon, Kerloc'h, et Moulin-Neuf sur Argol.
Parmi ceux de Telgruc, le Moulin de Kerledan a été restauré et remis en fonctionnement.
Sur la presqu'île de Crozon, il signale en outre ceux de Lostmarc'h, Tromel, Penfond (ou Penfont, sur la rivière de Kerloc'h), La Fraternité (Roscanvel), Poulmic (Lanvéoc), et Rosmadec (Telgruc).
" Le moulin de Rosmadec est lié au manoir disparu du même nom. La porte du 16e siècle semble être le seul vestige du moulin primitif. Le cadastre ancien figure un moulin à roue horizontale alimenté par un canal qui mène l'eau sous le bâtiment. Le moulin actuel semble avoir été partiellement reconstruit après 1831selon un autre système de fonctionnement. "
Les moulins à eau les plus nombreux se trouvaient sur les ruisseaux se jetant dans l'Aulne, à Trégarvan (n=4) et à Dinéault (n=16).
À Trégarvan, : "Des quatre moulins figurant sur le cadastre de 1831 (moulin de Garvan, deux petits moulins au Cosquer, moulin de Kerfréval), seul celui du Garvan subsiste en partie en élévation. Les trois autres, situés sur le Stêr ar Pont Men, un affluent de l'Aulne séparant Trégarvan d'Argol, à l'ouest de la commune, ont disparu. Envisagé en 1837, le projet d´installer un haut fourneau près du moulin du Garvan n'a pas été réalisé."
À Dinéault , il en existait 16 en 1848, dont 9 ont disparu. Il persiste les vestiges des moulins de Coz Veil, Kergoat, de Rouinstin et du Veyer. Le "Moulin d'Eau" dépendait du manoir de Trévoazec (Trefgoazec en 1536). Le Moulin de Rozarnou dépendait du manoir de Rozarnou.
"Pour la plupart déjà présents sur la carte de Cassini (vers 1770), les moulins à eau de Dinéault étaient particulièrement nombreux. Parmi les seize sites localisés sur le cadastre de 1848, douze figurent sur le Garvan, un affluent de l´Aulne (Cosquer, Kerveur, Veyer, Lézaff, Treffiec, Ty Voënnec, le Stir, Kernevez, Kergoat, Roscoat, Coz Milin, Rouistin), un sur un affluent du Garvan (moulin de Dourvénez), un sur un affluent de l´Aulne (Roudouhir) et deux sur des affluents de la rivière de l´Aulne (Moulin d´Eau, Rozarnou). Les édifices, pour l'essentiel bâtis aux 17e et 18e siècles, s'ils n'ont pas disparu, ont connu des remaniements successifs ou des reconstructions entières. En 1799, le moulin de Veyer, tenu à titre de domaine congéable depuis 1766 par un nommé Le Pennec, était couvert de chaume. A l'état de vestiges en 1968, le rez-de-chaussée était divisé en deux parties abritant les mécanismes d'un côtés (deux roues horizontales) et la salle commune de l'autre. Le moulin de Coz Veil, remanié, porte la date de 1799. Le moulin de Kergoat (Ty Coz) abritait en 1970 les vestiges de meules. Plusieurs moulins, dont deux dans un état de conservation critique (Rozarnou, Moulin d'Eau), conservaient encore une partie de leurs mécanismes lors de l'enquête de 1968-1970. Ils font, tout comme le moulin de Lézaff, l'objet de dossiers individuels."
Le moulin était alimenté par plusieurs cours d'eau dérivés du ruisseau du Garvan. Il dépendait à l'origine du manoir éponyme situé à quelques centaines de mètres au sud. En 1719, il fait toujours partie du domaine noble de Lézaff. Le bâtiment actuel, qui abritait à la fois les mécanismes et le logis du meunier, porte la date de 1792. L'activité s'est arrêtée dans les années 1950. Parmi les deux meules en place en 1968, une seule subsiste aujourd'hui. Le cadastre de 1848 fait état d'un système hydraulique complexe, encore en grande partie identifiable (retenue, canaux d'amenée) alors que le four à pain situé au milieu de la cour a disparu. D'une ferme au sud subsistent le logis et les dépendances (transformées).
Le site a gardé l'empreinte de son usage ancien. Le moulin de Lézaff est le seul moulin de Dinéault qui conserve encore une de ces meules en pierre calcaire concassé et cerclé.
le Moulin d'Eau (Dinéault)
Le moulin dépendait du manoir de Trévoazec (Trezfgoazec en 1536). Le cadastre de 1848 fait état de deux parties ; les bâtiments au nord correspondent au logis (18e siècle remanié au 19e siècle) et à un four à pain, les deux bâtiments au sud dont un portait la date de 1694 abritaient respectivement les mécanismes d'un moulin à pirouettes avec une roue horizontale et une remise surmontée d'un grenier, à l'origine également un moulin comme le montre le cadastre se 1848. Ces deux corps de bâtiments étaient traversés par un petit ruisseau, affluent de l'Aulne. L'ensemble était en ruine avant 1970. Le logis et le four à pain sont en cours de réhabilitation.
Le Moulin de Rozarnou
Le moulin dépendait du lieu noble de Rozarnou, propriété des Kersauson en 1536. Situé dans l'ancien bois seigneurial et alimenté par un affluent de l'Aulne, il a été reconstruit au 19e siècle. En 1968, la structure du bâtiment et les mécanismes, bien que désaffectés, étaient intacts et le bâtiment était partiellement couvert de chaume. Un nouveau logis a été récemment construit à côté du moulin ruiné. Le site, inaccessible lors de l'enquête, a été profondément restructuré à l'époque contemporaine, avec, notamment, la création d'un étang au nord.
Je signale en Finistère les moulins à eau conservés :
Moulin du Pont à Daoulas (écomusée)
Moulin de Keriolet à Beuzec-Cap-Sizun
Musée de la Rivière à Sizun (Parc d'Armorique)
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Plans cadastraux de quelques moulins.
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Plan cadastral du moulin de Ronvarch (Telgruc) 1831
Plan cadastral 1831 du moulin de Launay (Telgruc)
Plan cadastral du moulin de Kerledan (Telgruc) 1831
Plan cadastral du moulin de Penfont (Crozon) 1831
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SOURCES ET LIENS.
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— BUFFET (Henri-François), 1952, La toponymie du canton de Port-Louis Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1952 59-2 pp. 313-336
La croix placée devant l'actuelle chapelle Saint-Laurent (qui, en 1952, remplaça l'ancien sanctuaire détruit par les bombardements) à Crozon, quartier de Tal-ar-Groas, n'occupe pas son site d'origine, et résulte en fait de la recomposition d'éléments sans doute disparate du milieu du XVIe siècle. En effet, selon les experts de l'Inventaire général, une Vierge de pitié en kersantite, laissée, sur le revers, sous le coup de l'outil, est réunie à un nœud et un crucifix en granite.
Mais l'examen attentif, aux jumelles, de la Vierge décèle, sur son visage, les trois larmes caractéristiques de la production des frères Bastien et Henri Prigent, actif à Landerneau autour de 1550 et responsable des calvaires monumentaux de Plougonven (1554) et de Pleyben (1555), tandis que leur compagnon Fayet a signé le calvaire de Lopérec. C'est dire, et le choc esthétique qu'il suscite le confirme, que nous avons ici, sur un emplacement qui n'a rien de touristique, un vrai petit chef d'œuvre dont la commune peut s'enorgueillir, car parmi les 14 croix et calvaires répertoriés à Crozon par l'Atlas, et dont la plupart sont des vestiges sommaires, la croix de Tal-ar-Goas sort du lot.
Il faut reconnaître qu'elle n'est pourtant pas favorisée. Placée au centre d'un petit triangle de pelouse devant une chapelle fort ingrate, entre une route, un hangar et une maison individuelle, elle est en outre mal "orientée", c'est à dire que le crucifix qui est sa face principale et sa raison d'être n'est pas tournée vers l'occident, face au soleil couchant dont le déclin s'accorde, en règle, avec la mort du Christ.
D'ailleurs, le BDHA de 1907, René Couffon en 1988 ou le numéro d'Avel Kornog sur Tal ar Groas en 2015 n'en disent rien. Yves-Pascal Castel la décrit brièvement dans son Atlas (398. Tal-ar-Groas no 1 g. k. 1,5 m. XVIè s. Trois degrés. Socle orné d’armatures trilobées. Fût rond. noeud gravé, sainte Face, anges avec instruments de la Passion. Croix à branches rondes, crucifix, Vierge de Pitié. ) en 1980. Emmanuelle Le Seac'h l'ignore dans son catalogue des œuvres de Bastien et Henri Prigent de 2014, et ce n'est que récemment qu'a été mis en ligne le dossier de l'Inventaire Général de 2010 soulignant " Le groupe de la Vierge de Pitié s'inscrit dans une production artistique de qualité qui caractérise les créations des sculpteurs finistériens du 16e siècle, notamment l'atelier des frères Bastien et Henry Prigent actif autour de 1550 (calvaires de Lopérec et Plougonven)". (Dossier IA29004861). Les trois larmes de la Vierge ne s'y trouvent pas décrites.
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Description.
Sur son emmarchement en schiste et microdiorite quartzite à trois degrés est posé un socle carré orné d'arcades trilobées, puis un fût circulaire en granite, qui reçoit un "nœud" de kersanton, qui transforme la section circulaire en une base carrée. Ce nœud est sculpté sous le crucifix d'un "voile de Véronique" ou Sainte Face, et de l'autre de deux anges séparés par une croix, et tenant l'un les clous et l'autre le marteau, deux instruments de la Passion. On remarque aussi une couronne d'épines entourant l'intersection de la croix. Ces anges ont la chevelure frisée en boules qu'affectionne l'atelier ducal du Folgoët.
Au dessus de ce nœud, et du coté principal, une croix à branches rondes, en granite, porte le Christ.
C'est du coté opposé (heureusement le mieux visible de la route) se trouve la Vierge de Pitié. On constate vite que le bloc a été brisé (ou même scié) , mais assez habilement réparé par du ciment pierre : le bras droit du Christ est en deux morceaux, sa jambe droite (et sans doute gauche) est sciée, le buste de la Vierge et ses jambes sont brisées, tandis que l'arrière semble avoir été frappé par une lourde masse. La sculpture a-t-elle réellement été "laissée, sur le revers, sous le coup de l'outil," ou simplement brisée ?
Je commencerai d'emblée en soulignant la présence des trois larmes sous chaque œil, d'abord parce qu'elles sont difficiles à voir sous l'éclairage habituelle, et surtout parce qu'elles constituent la signature la plus sûre de l'atelier de sculpture de la kersantite de Bastien Prigent et de son frère (ou fils?) Henri, établis à Landerneau et actifs entre 1527 et 1577.
Mais l'image montrera aussi immédiatement la qualité de l'œuvre, plus fine et racée que beaucoup de Pietà sortis de cet atelier.
On remarquera les yeux en amande aux larges paupières, l'arcade sourcilière en éventail très pur, le nez droit, la bouche sans amertume, à la lèvre inférieure discrètement avancée.
On verra aussi le voile "coqué" (pour reprendre le terme d'E. Le Seac'h), c'est à dire formant autour de la tête un habitacle de toile raide, plissée au dessus et en auvent sur le coté.
Et l'admirable enchevêtrement des plis de la guimpe .
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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LA FACE SECONDAIRE : LA VIERGE DE PITIÉ.
Vue générale en fin de journée.
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Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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La Pietà.
La Vierge, assise, avance le genou droit en équerre, et supporte ainsi le haut du tronc de son Fils, dont elle soutient la nuque de la main. L'autre jambe est plus fléchie, et reçoit le haut des cuisses du Christ, dont le corps est ainsi incliné . Elle le retient par sa main gauche.
Le Christ a les jambes parallèles (et non croisées, comme on le voit souvent), et son bras tombe avec beaucoup de naturel en formant une courbe. C'est si naturel qu'on sera surpris de voir, dans d'autres Pietà du même atelier, ce bras, alors trop court, descendre sans courbure le long de la jambe maternelle ; mais c'est là le moyen d'exposer la plaie de la paume, ici non apparente.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Le contour rond de Marie forme une tente protectrice et tendre tandis que les lignes du corps de Jésus sont droites, cassées, croisées, inscrivant le drame de la Crucifixion et de la Mort.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Le thorax du Christ ne porte pas la trace de la plaie du flanc droit, ce qui est très étonnant, mais s'accorde avec le fait que le sculpteur n'a pas représenté non plus les plaies des pieds et des mains. Plus encore, il n'a pas représenté sur la tête la couronne d'épines.
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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Le nœud : les anges tenant les instruments de la Passion autour de la Croix et de la Couronne d'épines.
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Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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LA FACE PRINCIPALE : LE CRUCIFIX ET LA SAINTE FACE.
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Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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CONCLUSION.
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Par la finesse des traits de la Vierge, par la souplesse de ses drapés, et la délicatesse du mouvement du bras du Christ, la Vierge de Pitié de Tal ar Groas apparaît, malgré son état de bric et de broc, un des plus beaux exemples des Pietà des Prigent, dont je vais présenter infra plusieurs exemples. On pourrait même en contester l'attribution, si les trois larmes divergentes n'en était une marque de fabrique bien assurée.
Je souhaite donc que mon article incite les passants et les curieux à s'attarder d'avantage à sa contemplation. d'où ces trois dernières photos :
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Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
Vierge de Pitié (kersanton, Prigent, vers 1550), Croix de Tal ar Groas à Crozon. Photographie lavieb-aile septembre 2019.
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ICONOGRAPHIE : LES CROIX ET CALVAIRES DES PRIGENT, ET LEUR VIERGE DE PITIÉ.
D'après E. LE SEAC'H PAGES 166-170.
Outre les calvaires monumentaux de Plougonven (1554) et de Pleyben (1555), on conserve de l'atelier des Prigent 6 croix et 23 calvaires dont 13 sont complets. Sur ces 29 œuvres, 23 sont dans le diocèse du Léon, 6 dans celui de Cornouaille et 1 seul dans celui de Tréguier.
Les croix et calvaires peuvent être classés en :
1°) Croix à revers figuré d'une Vierge à l'Enfant ou d'une Pietà.
-Le Crucifié avec la Vierge à l'Enfant au revers .
Le Tréhou, croix de l'ouest du bourg
Guimiliau, croix de Laguen de 1572, signée des Prigent. Le sculpteur est Bastien, la Vierge à l'Enfant est tout à fait remarquable.
2°) Calvaire à un croisillon et 3 personnages C, V, J.. Le Christ crucifié est entouré de la Vierge et Jean sur le croisillon.
Calvaire du sud du bourg de Saint-Servais.
2°) Calvaire à un croisillon et 5 personnages (statues géminées du croisillon) ou 6 personnages (toutes les statues sont géminées, y compris celles du centre ).
Saint Derrien, 1557 ?, C, V, J, saint Georges et pietà.
Lanhouarneau, Croas-ar-Chor, saint Hervé au revers du Crucifié, le guide et le loup géminé avec la Vierge. Saint Houarneau sous le Crucifié
Pleyben, chapelle Saint-Laurent, 6 personnages : Crucifié/Christ ressuscité, Vierge / Laurent, Jean/évêque. On reconnaît ici le style de Bastien Prigent.
Bourg-Blanc, calvaire du cimetière, Crucifié/Christ aux liens, et croisillon à 3 personnages Vierge, Jean et Marie-Madeleine géminées aux trois acteurs de saint Yves entre le Riche et le Pauvre.
Saint-Divy, croisillon vide, le Crucifié/Christ aux liens et pietà en dessous, attribué à Henri Prigent.
3°) Calvaire à deux croisillons.
Loc-Brévalaire, église : Jean/Yves et Madeleine / Brévalaire, Christ aux liens/ pietà, selon le style délié de Bastien Prigent.
Les 17 vestiges de croix et calvaires :
Brignogan : calvaire de la chapelle de Pol : le Crucifié et l'ange orant, attribués à Henry Prigent Dans la chapelle elle-même, d'autres statues de Prigent, qui faisaient partie du calvaire, sont représentées dos à dos : celles de Saint Paul Aurélien et d'un saint non identifié, ainsi que de saint Nicolas une pietà et un "Christ ressuscité" .
Dinéault, Calvaire de l'église Sainte Marie Madeleine. les Prigent ont travaillé sur le piédestal supportant le calvaire, Bastien Prigent a sculpté Marie-Madeleine, la tête levée vers Jésus sur la croix et Jean-l'Évangéliste debout, la tête baissée et le front plissé, tandis que François d'Assise est représenté et, à l’avant du piédestal, un bas-relief représentant un moine tenant un tissu sur lequel est gravé un visage sacré. Ces œuvres datent de 1550. Les statues sur la traverse ne sont pas de l'atelier des Prigent, mais datent de 1696 et représentent des statues géminées de la Vierge jumelées à Saint Sébastien, un évêque soutenu par un pietà, Marie-Madeleine agenouillée soulève le couvercle de son pot à onguents et Jean l'évangéliste s'associe à Saint Pierre, tandis que la sculpture de Jésus crucifié renversé avec un "Christ aux liens" est attribuée à l'atelier de Roland Doré. Ce calvaire a une hauteur de 6,00 mètres. D'autres sculptures de Prigent peuvent être vues dans l'église Sainte Marie Madeleine elle-même
Guiclan, calvaires de la Croix-Neuve et de Kersaingilly. Il y a deux calvaires dans la région de Guiclan. Parmi les sculptures impliquées dans le calvaire de la Croix-Neuve, seules la statue de Sainte Véronique et la Vierge Marie avec son enfant sont de l'atelier Prigent. Le calvaire est simple et contient des statues de Sainte Véronique et de la Vierge Marie avec un enfant placé de chaque côté de la représentation du Christ crucifié. Le calvaire de Kersaingilly présente des représentations de Saint Yves, le Christ crucifié inversé avec la Vierge Marie avec son enfant et Saint Gilles. L'atelier des Prigent ne travaillait que sur la statue de Saint Yves. Bastien Prigent est attribué au travail. Saint Yves est représenté dans la robe d'un avocat. Cette statue venait de La Roche-Maurice et a été ajoutée au calvaire lors de sa restauration en 1889 par Yan Larhantec.
Guissény calvaire du cimetière de l'église. Il est inscrit "J. Habasc gouver (neur) 1555" et les statues sont attribuées à Henry Prigent. Le calvaire était à l'origine situé à la chapelle Saint-Yves à Kervézennec, mais après le pèlerinage de 1920 ("mission"), il a été érigé à Guissény par le restaurateur Donnart. Le calvaire a une représentation de la Vierge Marie adossée à une représentation de saint Yves, du Christ crucifié inversé avec un "Christ lié" et de Jean l'évangéliste soutenu d'une représentation d'un évêque. La tête de Jean l'évangéliste a disparu et la tête de l'évêque n'est pas la tête d'origine.
Kerlouan : Croix Saint-Sauveur : Trinité de Bastien Prigent.
La Forest-Landerneau : cimetière haut, statues géminées Jean/autre saint et Vierge/Madeleine et Pietà : présence des 3 larmes.
La Forest-Landerneau : cimetière bas : Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix.
Landerneau : Le calvaire de la Croix-de-la-Vierge. Il y a une pietà de Henry Prigent mélangée à d'autres statues qui datent de 1681.
Lanneufret : Calvaire de l'église Des statues géminées de l'atelier Prigent de la Vierge, associées à un "Christ liė", une pietà et à Jean l'évangéliste, associées à un moine, sont associées à une crucifixion du XXe siècle.
Le Folgoët Calvaire de l'église Notre Dame La pietà de l'atelier Prigent sur la face ouest du calvaire est associé à une représentation du cardinal de Coëtivy par le maître du Folgoët et à une crucifixion attribuée à la Maître de Plougastel.
Le Folgoët, musée : vestige d'un Crucifié par Bastien Prigent.
Plonevez-Porzay : Calvaire de l'église Le Crucifié et d'un ange portant un titulus est attribuée à l'atelier de Prigent.
Ploudaniel, calvaire de l'église : Dans la chapelle Saint-Éloi se trouvent les restes de deux calvaires. Il y a une statue géminée de Jean/un autre saint et un "Christ aux outrages".
Ploudaniel : calvaire de la chapelle Saint-Pétronille de attribué à l'atelier de Prigent avec les statues de Saint-Pétronille et de Jean l'évangéliste de Bastien Prigent et près du corps de la croix, une Marie-Madeleine attribuée à l'atelier.
Quimper, jardin du cloître de l'église Notre-Dame de Locmaria de Quimper, restes d'un calvaire et l'atelier Prigent est attribué à une statue géminée de la Vierge/Saint-Pierre.
Plouider, calvaire à Brondusval : Il ne reste plus grand chose du calvaire mais les statues de saint Yves, de saint Fiacre et d'un saint non identifié sont attribuées à l'atelier de Prigent.
Plouhinec, calvaire de la "Maison du sculpteur Quillivic" Il s’agit d’un calvaire contemporain où l’image du Christ crucifié est remplacée par la partie supérieure du cadre d’une fenêtre gothique. Le calvaire a des statues géminée de la Vierge /saint Yves et Jean
Plouvorn, calvaire de la chapelle de Lambader : des statues de la Vierge Marie et de Marie Madeleine sont de l'atelier des Prigent qui ont également sculpté le blason d'Audren de Kerdrel et l'emblème des "Cinq-Plaies" .
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A cette liste, on peut ajouter les calvaires de Fayet, un compagnon des Prigent au style « si proche de celui des sculptures des Prigent qu'il est parfois difficile de le différencier », s'il n'avait signé de son nom le calvaire de Lopérec avec la date de 1552.
Celui-ci rentrerait dans la liste des calvaires à deux croisillons avec la Vierge/Pierre et Jean/Marie-Madeleine en bas, les deux cavaliers de la Passion sur le 2ème croisillon et le Crucifié au dessus, avec le Christ aux liens au revers et deux anges au calice sous le Crucifié. Marie-Madeleine est au pied de la croix.
E. Le Seac'h lui attribue aussi :
Le haut du calvaire du cimetière du calvaire de Laz : le Crucifié, les anges au calice, et l'Ecce Homo au revers.
Le Christ mutilé de Coat-Nant en Irvillac.
Le vestige du Crucifié du jardin du Doyenné au Folgoët.
Le vestige du Crucifié du pignon de l'école Notre-Dame du Tromeur de Landerneau
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Les Pietà de l'atelier des Prigent (selon E. Le Seac'h)
Landerneau : Le calvaire de la Croix-de-la-Vierge, rue de la Tour d'Auvergne. Il y a une pietà de Henry Prigent mélangée à d'autres statues qui datent de 1681. http://croix.du-finistere.org/commune/landerneau.html
Lanneufret : Calvaire de l'église. Des statues géminées de l'atelier Prigent de la Vierge, associées à un "Christ liė", une pietà et à Jean l'évangéliste, associées à un moine, sont associées à une crucifixion du XXe siècle. http://croix.du-finistere.org/commune/lanneuffret.html
Le Folgoët Calvaire de l'église Notre Dame. La pietà de l'atelier Prigent sur la face ouest du calvaire est associé à une représentation du cardinal de Coëtivy par le maître du Folgoët et à une crucifixion attribuée à la Maître de Plougastel.
Enfin, il faut ajouter les Déplorations, souvent nommées "pietà" : celle de l'église Saint-Budoc de Plourin-Ploudalmézeau et celle de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic.
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LA STYLISTIQUE « RÉALISTE » DE L'ATELIER PRIGENT.
Henri (frère ou fils de Bastien) est le moins habile. Bastien, par sa manières plus souple, qui produit un effet expressionniste, voire maniériste, contraste avec le hiératisme , la raideur des réalisations d' Henri.
a) Le Crucifié :
Les yeux en amande à l'arcade sourcilière cassée
Les mèches de cheveux qui ne sont pas collés au cou, laissant un vide = un espace ajouré entre les mèches de cheveu et le visage.
La couronne tressée
Les yeux clos
Les grandes narines
La bouche charnue aux lèvres entrouvertes.
Une barbe étagée ou bifide
un torse étiré, aux côtes horizontales déployées en éventail ; le nombril en forme de bouton
Un pagne volant, noué sur le coté par une grande boucle
b) La Vierge
Elle porte une guimpe montant jusqu'au menton et un voile coqué.
Trois ou cinq larmes coulent sur la joue , en forme de patte d'oiseau avec une larme plus grande au milieu
b') Vierge de pietà :
agenouillée, se tenant bien droite, le visage impassible, elle tient son Fils dans ses bras, le corps de celui-ci renversé en diagonale, en appui sur le genou de sa mère.
c) Marie-Madeleine agenouillée (Pleyben et Plougonven, Bastien Prigent) : tête inclinée en arrière, elle porte une robe aux plis lourds et harmonieux. Son voile a glissé sur son dos.
Par ailleurs
Les visages sont rectangulaires ou ovales, aux arcades sourcilières « aiguisées ». Les yeux sont taillés en un petit losange horizontal. Les drapés sont fluides.
Les trois larmes.
« Le trait commun aux deux Prigent se repère à un détail qui devient leur signe distinctif : trois larmes en relief roulent sur les joues de leurs Vierges éplorées au calvaire, leurs Vierges de Pitié , de Saint Jean et de Marie-Madeleine quand ils lui sont associés. L'appartenance au même atelier se reconnaît à quelques autres traits : l'arcade sourcilière nette, et les visages pointus."
l'association de la statuaire gothique et d'un décor renaissance, avec les fleurons godronnés entourés d'un galon décoratif, des consoles moulurées et des feuilles d'acanthe sur les culots.
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
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1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)