"Le terme "fonts baptismaux" est composé de deux mots empruntés l'un au verbe grec baptizô qui signifie plonger, immerger et l'autre au mot latin fons signifiant source, fontaine et qui donne au pluriel fontes. La "piscine baptismale" désigne une cavité creusée dans le sol d'un baptistère destinée à l'administration du baptême par immersion , supposant que le catéchumène soit partiellement ou totalement plongé dans l'eau. A partir du VIIIe siècle, quand l'administration du baptême n'est plus le seul privilège de l'évêque , des "cuves baptismales" de grand diamètre, non enterrées, destinées au baptême par immersion sont posées à même le sol dans les églises paroissiales. Le terme "fonts baptismaux "est réservé à la cuve de plus petites dimensions, de formes et matières variées, posée sur un socle, destinée à contenir ou recevoir l'eau utilisée lors du baptême par infusion ." (L. de Finance)
"L'intérieur de la cuve est divisé en 2 compartiments. L'un est destiné à conserver l'eau baptismale, l'autre, percé en son fond, permet l'évacuation de l'eau versée sur la tête du nouveau baptisé."
Les fonts baptismaux datés du XIIe/XIIIe siècle sont rares. Vingt sont enregistrés sur la base Palissy (sur un total de 200), dont 14 datent du XIIIe siècle. C'est alors que la forme octogonale, rare au XIIe, se diffuse.
Ceux-ci occupaient sans doute l'église de Paramé, puis ont été transportés de la cour du presbytère de Paramé au musée de Saint-Malo, et enfin dans la cathédrale près de la Porte Saint-Côme. En 1993, ils ont rejoint leur place actuelle au chevet (datant du XIIIe siècle) de la cathédrale. Ils ont été posés sur un soubassement en bronze, et ont été fermés par un couvercle, également en bronze, ce socle et ce couvercle relevant pour la conception de l'artiste peintre Arcabas (Jean-Marie Pirot) et pour la sculpture de son fils Etienne.
Un ambon et un chandelier complètent cet aménagement. En 2020, une huile sur bois d'Augustin Frison-Roche représentant l'agneau mystique de l'Apocalypse a trouvé place en arrière-plan.
Les fonts ont la forme d'un double octogone avec deux cuves de même taille. Je n'ai pu m'assurer de l'existence d'un système de vidange. Sur ses faces latérales, ils sont ceinturés par une ronde de six personnages. Ceux-ci, aux gros yeux sans paupières, souriants, et à la coiffure mi-longue bouclée à l'extrémité, sont vêtus d'une tunique plissée serrée par une ceinture et descendant sous les genoux. Certains se rejoignent par la main, et semblent parfois échanger un objet. Certains encore s'appuient entre eux par leurs chaussures.
Ce décor à personnages se retrouve fréquemment sur les fonts baptismaux du XIIe et XIIIe siècle. Ils sont parfois au nombre de quatre mais l'interprétation n'en est pas affirmée, qu'on y voit les quatre fleuves du paradis, bien logique pour les eaux du baptême, ou les points cardinaux, ou bien les quatre vents. Mais ici, cette ronde de six personnages, joyeuse et même guillerette, bondissante, évoque plutôt la force vitale qui s'élance, se transmet, et ne s'interrompt pas .
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Le socle en bronze est un parallélépipède irrégulier, aux bords frontaux concaves et aux bords latéraux enrichis d'un demi-cylindre.
Le pourtour du couvercle en bronze porte une inscription qui est inspirée de l'épître aux Éphésiens de saint Paul, Eph 5:14. "...et tout ce qui devient manifeste est lumière. C’est pourquoi l’on dit : Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera." :
EVEILLE-TOI Ô TOI QUI DORS ET SUR TOI LE CHRIST RESPLENDIRA
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Arcabas (1926-2018) et son fils ont également conçu et réalisé en 1991 le maître-autel et le mobilier liturgique sur le thème des Quatre Vivants (tétramorphe). Arcabas s'est fait connaître dans le domaine de l'Art Sacré après avoir réalisé de 1953 à 1983 l'Ensemble d'art sacré contemporain de l'église Saint-Hugues-de-Chartreuse en Isère riche de 111 œuvres.
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Fonts baptismaux (XIIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux (XIIe siècle/Arcabas XXe siècle) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
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Un risque de confusion : les fonts baptismaux, ou bénitier, à quatre personnages du fond de la nef, au sud.
Mais en outre, une autre cuve en granite, à quatre personnages jambes et bras écartés, est conservée près d'un escalier du fond de la nef. C'est sans doute le "bénitier du XIe siècle" décrit en 1973 par la SHA de Saint-Malo.
Fonts baptismaux ou bénitier (pierre) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux ou bénitier (pierre) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux ou bénitier (pierre) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux ou bénitier (pierre) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux ou bénitier (pierre) de la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo. Photographie lavieb-aile 2024.
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SOURCES ET LIENS :
Sur les fonds baptismaux :
—FINANCE (Laurence de), "Catalogue des fonts baptismaux datés, avec présentation typo-chronologique." Ministère de la Culture. Inventaire général du patrimoine culturel. 2007. ffhal-03184391f
— FAVREAU (Robert), 1995, Les inscriptions des fonts baptismaux d'Hildesheim, Baptême et quaternité Cahiers de civilisation médiévale Année 1995 Volume 38 Numéro 150 pp. 116-140
Fonts baptismaux : cuve qui sert à recevoir l'eau du baptême.
Les fonts baptismaux furent d'abord des cuves larges et profondes, enfoncées dans le sol pour le baptême par immersion. Vers le XIe s., l'usage de baptiser les enfants par infusion prévalut ; ils furent alors placés sur des supports de formes variées. La bénédiction des fonts au cours de la veillée pascale est plus exactement une bénédiction de l'eau baptismale.
Les actes de baptême devinrent obligatoire par l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 qui institua l'état-civil religieux : les actes signés par les parents, parrain et marraine permirent le recensement de la population.
Les fonts étaient placés à l'ouest, et souvent, comme ici, dans la première chapelle.
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Description .
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Dans la chapelle sud-ouest de l'église, ces fonts baptismaux à double cuve octogonale en granite se remarquent par les mascarons de ses faces.
La cuve principale (celle qui conserve toute l'année l'eau bénite dans un récipient en plomb, absent) est ornée d'une frise sur sa marge supérieure alternant des masques, aux angles des pans, et des rinceaux ou d'autres masques.
La "piscine" ou cuve dans laquelle est versée l'eau servant à baptiser l'enfant, centrée sur un trou de vidange, est seulement entourée d'une moulure.
Mais les deux cuves sont entourées, en partie basse inclinée vers les colonnes prismatiques qui les supportent, d'une série de masques grimaçants. Pour les voir, il faut se baisser mais cet effort est récompensé par un spectacle saisissant. Faut-il voir là une opposition entre le monde des enfers, ou des limbes, et le monde supérieur des baptisés, rachetés du péché ? La réalité est plus complexe puisque la frise supérieure n'est pas dépourvue de personnages hideux et difformes.
"Les fonts baptismaux (début du XVIème siècle) se composent de deux cuves octogonales en granite. Sur le front de la plus grande court une frise de grappes de raisin, de feuillages, de personnages : d'un côté des masques grimaçants représentant le péché ; à l'opposé un évêque et deux anges tenant un plateau sur lequel repose la tête de Saint-Jean." (Infobretagne)
E. Le Seac'h donne le chiffre de 28 masques au total dont 20 sur la piscine.
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Une série de huit fonts à mascarons de la région de Morlaix au XVIe siècle.
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Ces fonts de Saint-Jean-du-Doigt appartiennent, par leurs mascarons et leur décor végétal, à un groupe stylistique (ou plutôt thématique), avec sept autres fonts, tous de la région de Morlaix, groupe étudié par Emmanuelle Le Seach, (autrice d'une thèse sur la sculpture sur pierre en Basse-Bretagne), dans un article de 2004.
Elle a choisi comme prototype de cette série ceux de Plougasnou où les motifs floraux sont omniprésents.
Les huit fonts diffèrent par le nombre des masques : ceux de Plougasnou ont 11 masques dont 5 sur la piscine et 6 sur le bras de vidange, ceux de Saint-Jean-du-Doigt 28 masques dont 20 sur la piscine, ceux de Plourin-Lès-Morlaix, de Plouezoc'h , de Plouégat-Guérand et de Plougonven 7, ceux de Guimaëc 3 et ceux de Morlaix-Ploujean un seul.
Ceux de Plougasnou portaient selon Abgrall une inscription A MA VIE. A MA VIE. J. ALBI FECIT ISTVM, mais le nom J. Albus, transcription possible d'un Jean Le Guen, qui peut indiquer le nom du sculpteur avec la formule x... fecit, "m'a fait", pourrait aussi être le patronyme du commanditaire ou fabricien (mais on aurait alors la précision F. ou FAB).
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Datation.
Les 8 fonts de la série sont datés par estimation de la fin du XVe ou début du XVIe : "la forme et le modelé des visages sont traités de manière simple et schématique qui se rapprochent d'une technique de sculpture de l'époque romane caractérisée par son dépouillement, des traits justes et économes dans la ligne pour un rendu précis et sans fioritures. On est malgré tout bien ici en présence de sculptures médiévales comme on en rencontre énormément dans le Finistère servant d'ornementations décoratives dans les chœurs, l'appareillage des murs, sur les consoles à l'intérieur des églises et des chapelles mais aussi à l'extérieur, sur les crossettes, les gargouilles, les fleurons à personnages, les acrotères..." (Le Seac'h)
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Six sculpteurs différents.
Pour E. Le Seac'h, les six sculpteurs ont un style différents, même si celui de Saint-Jean-du-Doigt est le plus doué, suivi de celui de Plourin-lès-Morlaix pour sa maîtrise des chapeaux, alors que ceux de Plouégat-Guérand et Plouezoc'h, les deux "naïfs" viennent en queue de peloton et si celui de Plougasnou, "l'oriental" à cause des yeux de ses masques, se place au milieu.
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VUE GÉNÉRALE.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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LA CUVE PRINCIPALE : LA FRISE HAUTE ET SES SEPT MASQUES.
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Nous y trouverons 6 masques occupant les angles de l'octogone (sauf ceux de la réunion avec la piscine), et un septième masque, à l'envers, occupant un pan.
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1°) Vers l'est, une séquence religieuse associant une tête d'évêque (mitrée), puis deux anges présentant une tête barbue (celle de saint Jean, patron de l'église ?).
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La tête de l'évêque et celle de Jean occupent deux des angles de l'octogone.
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1. Tête mitrée (angle).
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Ce motif est également présent à Plougasnou.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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2. Ange volant et présentant la tête de saint Jean (pan).
5. Tête barbue (saint Jean-Baptiste décapitée sur ordre d'Hérode)
4. Ange volant et présentant la tête de saint Jean (pan).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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2°) En tournant dans le sens anti-horaire, le pan suivant est occupé par la jonction avec la piscine, puis les trois pans portent des rinceaux de vigne crachés par les masques occupant les angles.
Certes la vigne et ses grappes de raisins évoquent l'eucharistie, mais les visages au rictus grimaçant n'ont rien de très catholiques. À la différence des autres fonts de cette série, ils n'évoquent pas des personnages de la société paroissiale contemporaine.
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5. rinceau de vigne avec grappe (pan).
6. Masque crachant (angle).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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7. rinceau de vigne avec grappe (pan).
8. Masque crachant les rinceaux adjacents (angle).
9. Rinceau de vigne avec grappe (pan)
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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3°) En tournant encore, le pan suivant, encadré par des masques occupant les angles et toujours grimaçant, est sculpté d'une tête aux grandes oreilles, figuré à l'envers.
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10. masque masculin aux traits grossiers, bouche ouverte (angle).
11. Masque aux grandes oreilles, placé à l'envers (pan).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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12. masque masculin coiffé d'un bonnet, ou aux cheveux taillés au bol, crachant un rinceau qui part sur sa gauche (angle).
13. rinceau de vigne avec grappe (pan).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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LES 20 MASQUES INFÉRIEURS DE LA PISCINE ET DE LA CUVE PRINCIPALE .
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Les 8 masques de la cuve secondaire.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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Les 12 masques de la cuve principale.
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En partant, dans le sens anti-horaire, du point de contact avec la cuve secondaire.
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0. Une feuille.
1. Un motif indistinct (angle).
2. Une forme allongée indéterminée (pan).Animal tenant un os ou un rouleau?
3. Un masque léonin (angle).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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4. Un masque bouche ouverte (pan).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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5. Un masque de travers (angle).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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6. Un masque de femme coiffée de nattes (pan).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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7. Un masque bouche ouverte (angle).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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8. Un masque féminin placé tête en bas (pan).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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Voici la photo en position inversée.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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9. Un masque coiffé d'un bonnet à rabat, tourné vers sa gauche (angle).
10. Un masque jumeau, coiffé d'un bonnet à "plume", tourné vers sa droite (pan)
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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11. Un masque d'un homme coiffé d'un chaperon (angle)
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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12. Un masque d'une femme portant des nattes (pan)
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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13. Un masque d'un homme coiffé d'un chapeau rond (angle).
14. Un masque d'un homme grimaçant (pan).
15. Un masque d'un homme grimaçant (angle). Photo manquante.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Saint-Jean-du-Doigt. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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SOURCES ET LIENS.
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— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Saint-Jean-du-Doigt, Nouveau répertoire des églises du diocèse de Quimper et Léon.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2004, "Un art original : les fonts baptismaux sculptés du Trégor finistérien autour de 1500", Bulletin de la Société archéologique du Finistère pages 109-118.
Résumé :
"Les églises du Trégor fïnistérien possèdent six fonts baptismaux sculptés. Ils présentent une constante dans le décor, unique dans le Finistère : soixante-trois masques, sculptés vers 1500 attendent le visiteur. Même si les fonts baptismaux ne sont pas signés - comme c'est le cas de la majeure partie de la statuaire de l'époque - il ressort de l'étude que six mains différentes peuvent être distinguées, les styles variant du naïf au méditatif, de l'orientaliste au chapelier, jusqu'à la maîtrise parfaite. Ils permettent de découvrir un art original sur du mobilier caché dans l'obscurité des églises.
Sur la cuve baptismale de l'église de Plougasnou, est inscrite le nom du maître de l'œuvre "J : albi fecit istu(m)" et la devise des Montfort "A ma vie". L’hermine de Bretagne, le lys de France, et une autre feuille, avoisinent ce texte. Serait-ce un don de la reine ou un hommage des habitants de Plougasnou à leur souveraine?"
Fonts baptismaux : cuve qui sert à recevoir l'eau du baptême.
Les fonts baptismaux furent d'abord des cuves larges et profondes, enfoncées dans le sol pour le baptême par immersion. Vers le XIe s., l'usage de baptiser les enfants par infusion prévalut ; ils furent alors placés sur des supports de formes variées. La bénédiction des fonts au cours de la veillée pascale est plus exactement une bénédiction de l'eau baptismale.
Les actes de baptême devinrent obligatoire par l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 qui institua l'état-civil religieux : les actes signés par les parents, parrain et marraine permirent le recensement de la population.
Les fonts étaient placés à l'ouest, et souvent, comme ici, dans la première chapelle.
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Description .
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Dans la chapelle sud-ouest de l'église, ces fonts baptismaux à cuve octogonale en granite se remarquent par les mascarons de ses faces.
Selon E. Le Seac'h, les motifs floraux sont omniprésents sur ces fonts de Plougasnou, qui sert de type pour une série stylistique : "grains de raisins, boutons de rose, feuilles de lierre ou de chou, de hêtre, de chêne séparant, les 5 mascarons et les 2 écus, feuilles de marronnier ou de feuillage inconnu séparant les 6 masques du bras de vidange. Les mascarons sont marqués par les yeux tirés en amande, au contour tracé en méplat. Les visages sont pointus avec un front rétréci. Le tout donne un air oriental aux masques. Les lèvres sont dessinées avec une légère ouverture, les nez sont droits et épatés. Les coiffures varient d'un masque à l'autre : mitre, couettes soulignées d'une calotte, frange monacale lisse ou à mèches. L'un des masques esquisse un sourire énigmatique, et un autre tire la langue."
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Selon R. Couffon:
"Fonts baptismaux, granit et plomb, du XVIIe siècle (C.) ; ils portent les armoiries en alliance de Kersulguen et de Kernec'hriou, aujourd'hui martelées. Dans les moulures du pourtour, têtes humaines dont une mitrée. Le bassin de plomb, oeuvre de Morice Guernac'hant, de Morlaix, est daté 1617. L'inscription en caractères gothiques est en partie illisible : "I. ALBIN (ou ALBUS, Le Guen ?). FECIT. ISTUM... A MA VIE. A. MA. VIE." "
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Une série de huit fonts à mascarons de la région de Morlaix au XVIe siècle.
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Ces fonts de Plougasnou appartiennent, par leurs mascarons et leur décor végétal, à un groupe stylistique (ou plutôt thématique), avec sept autres fonts, tous de la région de Morlaix, groupe étudié par Emmanuelle Le Seach, (autrice d'une thèse sur la sculpture sur pierre en Basse-Bretagne), dans un article de 2004.
Elle a précisément choisi comme prototype de cette série ceux de Plougasnou où les motifs floraux sont omniprésents.
Les huit fonts diffèrent par le nombre des masques : ce sont ceux de Plougasnou (11 masques dont 5 sur la piscine et 6 sur le bras de vidange), Saint-Jean-du-Doigt (28 masques dont 20 sur la piscine), Plourin-Lès-Morlaix (7), Plouezoc'h (7), Plouégat-Guérand (7), Plougonven (7), Guimaëc (3) et Morlaix-Ploujean (1).
Ceux de Plougasnou portaient selon Abgrall une inscription A MA VIE. A MA VIE. J. ALBI FECIT ISTVM, mais le nom J. Albus, transcription possible d'un Jean Le Guen, qui peut indiquer le nom du sculpteur avec la formule x... fecit, "m'a fait", pourrait aussi être le patronyme du commanditaire ou fabricien (mais on aurait alors la précision F. ou FAB).
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Datation.
Les 8 fonts de la série sont datés par estimation de la fin du XVe ou début du XVIe : "la forme et le modelé des visages sont traités de manière simple et schématique qui se rapprochent d'une technique de sculpture de l'époque romane caractérisée par son dépouillement, des traits justes et économes dans la ligne pour un rendu précis et sans fioritures. On est malgré tout bien ici en présence de sculptures médiévales comme on en rencontre énormément dans le Finistère servant d'ornementations décoratives dans les chœurs, l'appareillage des murs, sur les consoles à l'intérieur des églises et des chapelles mais aussi à l'extérieur, sur les crossettes, les gargouilles, les fleurons à personnages, les acrotères..." (Le Seac'h)
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Six sculpteurs différents.
Pour E. Le Seac'h, les six sculpteurs ont un style différents, même si celui de Saint-Jean-du-Doigt est le plus doué, suivi de celui de Plourin-lès-Morlaix pour sa maîtrise des chapeaux, alors que ceux de Plouégat-Guérand et Plouezoc'h, les deux "naïfs" viennent en queue de peloton et si celui de Plougasnou, "l'oriental" à cause des yeux de ses masques, se place au milieu.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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Faisons le tour :
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1. Un personnage mitré entouré de rinceaux à deux feuillages différents .
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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2. Un écu martelé.
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Il portait dit-on les armoiries en alliance de Kersulguen (d'or au lion de gueules couronné, armé et lampassé d'azur ; au franc-canton écartelé d'or et de gueules) et de Kermerc'hou (d'argent à la croix tréflée de sable chargée de cinq étoiles d'or).
N.b .En 1501, Yves de Coatanscour, sieur du dit lieu en Plourin, épousait Jeanne de Kersulguen.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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3. Un écu martelé féminin (en forme de losange).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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La "piscine" ou cuve secondaire et ses 6 mascarons.
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a. 1er mascaron de la "piscine". Une femme portant une coiffe.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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b. 2ème mascaron de la "piscine". Un bourgeois coiffé d'un chaperon.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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c. 3ème mascaron de la "piscine". Un seigneur ou écuyer aux cheveux courts et peignés en mèches .
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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d. 4ème mascaron de la "piscine". Un seigneur ou écuyer aux cheveux courts et peignés en mèches ? Ou un clerc tonsuré ? .
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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e. 5ème mascaron de la "piscine". Un seigneur ou écuyer aux cheveux courts (ou coiffé d'un bonnet).
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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Sur le bandeau : hermines et fleur de lys.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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4. Un personnage masculin aux cheveux courts coupés "au bol".
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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5. Un bourgeois coiffé d'un chaperon.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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6. Un personnage coiffé d'un bandeau : un ange ? une femme ? .
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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6. Un homme tonsuré : un moine ?.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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Vue supérieure : la forme octogonale de la cuve principale et de la piscine.
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Le couvercle est fermé à clef. La cuve en plomb est décrite par Couffon.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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L'inscription citée par Couffon et Le Seac'h est encore visible, au dessus de "l'évêque" et du blason mais elle est en partie cachée par le couvercle, et son texte ne peut être vérifié. Quelque clichés :
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500) de l'église de Plougasnou. Photographie lavieb-aile octobre 2022.
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SOURCES ET LIENS.
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Plougasnou, Nouveau répertoire des églises du diocèse de Quimper et Léon.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2004, "Un art original : les fonts baptismaux sculptés du Trégor finistérien autour de 1500", Bulletin de la Société archéologique du Finistère pages 109-118.
Résumé :
"Les églises du Trégor fïnistérien possèdent six fonts baptismaux sculptés. Ils présentent une constante dans le décor, unique dans le Finistère : soixante-trois masques, sculptés vers 1500 attendent le visiteur. Même si les fonts baptismaux ne sont pas signés - comme c'est le cas de la majeure partie de la statuaire de l'époque - il ressort de l'étude que six mains différentes peuvent être distinguées, les styles variant du naïf au méditatif, de l'orientaliste au chapelier, jusqu'à la maîtrise parfaite. Ils permettent de découvrir un art original sur du mobilier caché dans l'obscurité des églises.
Sur la cuve baptismale de l'église de Plougasnou, est inscrite le nom du maître de l'œuvre "J : albi fecit istu(m)" et la devise des Montfort "A ma vie". L’hermine de Bretagne, le lys de France, et une autre feuille, avoisinent ce texte. Serait-ce un don de la reine ou un hommage des habitants de Plougasnou à leur souveraine?"
Fonts baptismaux : cuve qui sert à recevoir l'eau du baptême.
Les fonts baptismaux furent d'abord des cuves larges et profondes, enfoncées dans le sol pour le baptême par immersion. Vers le XIe s., l'usage de baptiser les enfants par infusion prévalut ; ils furent alors placés sur des supports de formes variées. La bénédiction des fonts au cours de la veillée pascale est plus exactement une bénédiction de l'eau baptismale.
Les actes de baptême devinrent obligatoire par l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 qui institua l'état-civil religieux : les actes signés par les parents, parrain et marraine permirent le recensement de la population.
Les fonts étaient placés à l'ouest, et souvent, comme ici, dans la première chapelle.
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Description.
Dans la chapelle sud-ouest de l'église, ces fonts baptismaux à cuve octogonale en granite de 90 cm de haut et 130 cm de large se remarque par les sept mascarons de ses faces, chacun séparé par des épis de blé ou des grains empilés. Ils sont classés à titre d'objet depuis le 30 décembre 1930.
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Une série de huit fonts à mascarons de la région de Morlaix au XVIe siècle.
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Ces fonts de Plouezoc'h appartiennent, par leurs mascarons et leur décor végétal, à un groupe stylistique (ou plutôt thématique) de sept autres fonts de la région de Morlaix, groupe étudié par Emmanuelle Le Seach, autrice d'une thèse sur la sculpture sur pierre en Basse-Bretagne, dans un article de 2004.
Elle a choisi comme prototype de cette série ceux de Plougasnou où les motifs floraux sont omniprésents : grains de raisins, boutons de rose, feuilles de lierre ou de chou, de hêtre, de chêne séparant les 5 mascarons et les 2 écus, feuilles de marronnier ou de feuillage inconnu séparant les 6 masques du bras de vidange. Les mascarons sont marqués par les yeux tirés en amande, au contour tracé en méplat. Les visages sont pointus avec un front rétréci. Le tout donne un air oriental aux masques. Les lèvres sont dessinées avec une légère ouverture, les nez sont droits et épatés. Les coiffures varient d'un masque à l'autre : mitre, couettes soulignées d'une calotte, frange monacale lisse ou à mèches. L'un des masques esquisse un sourire énigmatique, et un autre tire la langue.
Les huit fonts diffèrent par le nombre des masques : ce sont ceux de Plougasnou (11 masques dont 5 sur la piscine et 6 sur le bras de vidange), Saint-Jean-du-Doigt (28 masques dont 20 sur la piscine), Plourin-Lès-Morlaix (7), Plouezoc'h (7), Plouégat-Guérand (7), Plougonven (7), Guimaëc (3) et Morlaix-Ploujean (1). Ceux de Plougasnou portaient selon Abgrall une inscription A MA VIE. A MA VIE. J. ALBI FECIT ISTVM, mais le nom J. Albus, transcription possible d'un Jean Le Guen, qui peut indiquer le nom du sculpteur avec la formule x fecit, "m'a fait", pourrait aussi être le patronyme du commanditaire ou fabricien (mais on aurait alors la précision F. ou FAB).
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Datation.
Les 8 fonts de la série sont datés par estimation de la fin du XVe ou début du XVIe : "la forme et le modelé des visages sont traités de manière simple et schématique qui se rapprochent d'une technique de sculpture de l'époque romane caractérisée par son dépouillement, des traits justes et économes dans la ligne pour un rendu précis et sans fioritures. On est malgré tout bien ici en présence de sculptures médiévales comme on en rencontre énormément dans le Finistère servant d'ornementations décoratives dans les chœurs, l'appareillage des murs, sur les consoles à l'intérieur des églises et des chapelles mais aussi à l'extérieur, sur les crossettes, les gargouilles, les fleurons à personnages, les acrotères..." (Le Seac'h)
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Six sculpteurs différents.
Pour E. Le Seac'h, les six sculpteurs ont un style différents, même si celui de Saint-Jean-du-Doigt est le plus doué, suivi de celui de Plourin-lès-Morlaix pour sa maîtrise des chapeaux, alors que ceux de Plouégat-Guérand et Plouezoc'h, les deux "naïfs" viennent en queue de peloton et que celui de Plougasnou, "l'oriental" à cause des yeux de ses masques, se place au milieu.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Liste :
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Masque n°1 : Homme à cheveux courts en torsade .
Masque n°2 : Homme à cheveux courts en torsade .
Masque n°3 : Homme à cheveux courts en torsade et à menton à fossette.
Masque n°4 : personnage à face de lune, à cagoule plissée.
Masque n°5 : femme portant une coiffe carrée.
Masque n°6 : homme à cheveux torsadés (ou femme à coiffe plissée?).
Masque n°7 : femme portant une coiffe.
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Masque n°1 : Homme à cheveux courts en torsade.
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Les cheveux sont stylisés en torsades formant une couronne radiante. La bouche est très petite.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°2 : Homme à cheveux courts en torsade .
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Masque assez identique au premier. Les yeux ne sont pas à la même hauteur, et conservent, comme la bouche, des traces de polychromie ocre rouge.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°3 : Homme à cheveux courts en torsade, et à menton à fossette.
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Le visage est d'un ovale longiligne qui se retrouvera dans le masque féminin n°5.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°4 : personnage à face de lune .
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E. Le Seac'h le décrit comme un "masque à la cagoule plissée". Le style naïf, presque primitif, est patent.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°5 : femme portant une coiffe à bords droits.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°6 : homme à cheveux torsadés (ou femme à coiffe plissée?).
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Masque n°7 : femme portant une coiffe.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Décor floral du fût de la piscine.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Vue supérieure : la cuve octogonale, et le système de fixation du couvercle.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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Vue supérieure : la piscine, hexagonale, et son orifice de vidange.
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Les fonts baptismaux (granite, traces de polychromie, XVIe siècle) de l'église Saint-Étienne de Plouezoc'h. Photographie lavieb-aile oct. 2022.
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DOSSIER COMPLÉMENTAIRE SUR LA SÉRIE THÉMATIQUE.
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Liens :
—Plouégat-Guérand : Ces fonts conservent leur cuve intérieure en plomb et leur couvercle en bois.
"Fonts baptismaux : cuve octogonale de granite, décor de mascarons, XVIe siècle".
— LE GUENNEC (Louis), 1906,Excursion dans la commune de Plouézoc'h (B.S.A.F. 1906).
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2004, "Un art original : les fonts baptismaux sculptés du Trégor finistérien autour de 1500", Bulletin de la Société archéologique du Finistère pages 109-118.
Résumé :
"Les églises du Trégor fïnistérien possèdent six fonts baptismaux sculptés. Ils présentent une constante dans le décor, unique dans le Finistère : soixante-trois masques, sculptés vers 1500 attendent le visiteur. Même si les fonts baptismaux ne sont pas signés - comme c'est le cas de la majeure partie de la statuaire de l'époque - il ressort de l'étude que six mains différentes peuvent être distinguées, les styles variant du naïf au méditatif, de l'orientaliste au chapelier, jusqu'à la maîtrise parfaite. Ils permettent de découvrir un art original sur du mobilier caché dans l'obscurité des églises.
Sur la cuve baptismale de l'église de Plougasnou, est inscrite le nom du maître de l'œuvre "J : albi fecit istu(m)" et la devise des Montfort "A ma vie". L’hermine de Bretagne, le lys de France, et une autre feuille, avoisinent ce texte. Serait-ce un don de la reine ou un hommage des habitants de Plougasnou à leur souveraine?"
Louis Le Guennec (1878-1935) a signalé le premier ces fonts aux visiteurs, mais en qualifiant le décor de la cuve de "feuillagée". C'est Yves-Pascal Castel qui en a donné la première description attentive en 1991, dans l'un de ses passionnants articles du Courrier du Léon, en y découvrant les masques de sept personnages aux coiffures variées "médiévales" et en tentant de les interpréter comme autant de portraits des âges de la vie, ou de différentes conditions sociales.
Il en précisait le matériau, le granite, et la datation au début du XVIe siècle.
Il remarquait la présence d'un huitième personnage, celui qui, allongé, présente un écu dont le motif a été bûché à la Révolution : il pourrait s'agir des armes des Coatanscour, puisqu'en 1501, Yves de Coatanscour, sieur du dit lieu en Plourin, épousait Jeanne de Kersulguen (*). Yves-Pascal Castel indique que ces armoiries intactes ornent le baldaquin en bois , mais celui-ci est plus tardif.
(*) Les armoiries de Kermerc'hou, seigneur des Salles à Plougasnou, en alliance avec celles des Kersulguen (d'or au lion de gueules couronné, armé et lampassé d'azur ; au franc-canton écartelé d'or et de gueules) se trouvaient sur le blason des fonts de Plougasnou.
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Ces Coatanscour étaient seigneurs de Plourin, de Kermorvan, de Rozalec, de Kerbuzic en la paroisse de Locquémeau, de Kerduff en Ploumilliau, du Rest, de Launay en Ploubezre, du Roscouët, de Kervény et de Tromelin en Plougasnou. Leurs armes sont d'argent au chef endenché de gueules à cinq pointes. Elles figuraient sur un vitrail de l'Annonciation (daté de 1400??) où ils étaient présentés (J.P. Le Bihan) agenouillés en donateurs : "Jacques De Coatanscour et son fils Yvon, près de leurs femmes, Marguerite de Kerbuzic et Jeanne Barbier, avec leur blason mi parti timbrant l’armure du chevalier comme le surcot de la châtelaine." De même, et toujours selon Le Bihan, "Au-dessous un saint Yves présente un donateur en orant portant sur sa cotte d’arme d’azur à la fasce d’or et sur le tout, parti au premier d’argent au chef endenché de gueules au deuxième fretté d’or et de sable."
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Après Le Guennec et Castel, Emmanuelle Le Seach, autrice d'une thèse sur la sculpture sur pierre en Basse-Bretagne, s'intéresse en 2004 aux fonts de Plourin-lès-Morlaix, pour les regrouper stylistiquement avec ceux, porteurs de masques, de Plougasnou (11 masques dont 5 sur la piscine et 6 sur le bras de vidange), Saint-Jean-du-Doigt (28 masques dont 20 sur la piscine), Plouezoc'h (7), Plouégat-Guerrand (7), Plougonven (7), Guimaëc (3) et Morlaix-Ploujean (1). Ceux de Plougasnou portaient selon Abgrall une inscription A MA VIE. A MA VIE. J. ALBI FECIT ISTVM, mais le nom J. Albus, transcription possible d'un Jean Le Guen, qui peut indiquer le nom du sculpteur avec la formule x fecit, "m'a fait", pourrait aussi être le patronyme du commanditaire ou fabricien (mais on aurait alors la précision F. ou FAB).
Selon E. Le Seac'h, les motifs floraux sont omniprésents sur ces fonts de Plougasnou, qui sert de type pour la série : grains de raisins, boutons de rose, feuilles de lierre ou de chou, de hêtre, de chêne séparant, les 5 mascarons et les 2 écus, feuilles de marronnier ou de feuillage inconnu séparant les 6 masques du bras de vidange. Les mascarons sont marqués par les yeux tirés en amande, au contour tracé en méplat. Les visages sont pointus avec un front rétréci. Le tout donne un air oriental aux masques. Les lèvres sont dessinées avec une légère ouverture, les nez sont droits et épatés. Les coiffures varient d'un masque à l'autre : mitre, couettes soulignées d'une calotte, frange monacale lisse ou à mèches. L'un des masques esquisse un sourire énigmatique, et un autre tire la langue.
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Définition
Fonts baptismaux : cuve qui sert à recevoir l'eau du baptême.
Les fonts baptismaux furent d'abord des cuves larges et profondes, enfoncées dans le sol pour le baptême par immersion. Vers le XIe s., l'usage de baptiser les enfants par infusion prévalut ; ils furent alors placés sur des supports de formes variées. La bénédiction des fonts au cours de la veillée pascale est plus exactement une bénédiction de l'eau baptismale.
Les actes de baptême devinrent obligatoire par l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 qui institua l'état-civil religieux : les actes signés par les parents, parrain et marraine permirent le recensement de la population.
Les fonts étaient placés à l'ouest, et souvent, comme ici, dans la première chapelle nord.
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Datation.
Les 8 fonts de la série sont datés par estimation de la fin du XVe ou début du XVIe : "la forme et le modelé des visages sont traités de manière simple et schématique qui se rapprochent d'une technique de sculpture de l'époque romane caractérisée par son dépouillement, des traits justes et économes dans la ligne pour un rendu précis et sans fioritures. On est malgré tout bien ici en présence de sculptures médiévales comme on en rencontre énormément dans le Finistère servant d'ornementations décoratives dans les chœurs, l'appareillage des murs, sur les consoles à l'intérieur des églises et des chapelles mais aussi à l'extérieur, sur les crossettes, les gargouilles, les fleurons à personnages, les acrotères..." (Le Seac'h)
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Six sculpteurs différents.
Pour E. Le Seac'h, les six sculpteurs ont un style différents, même si celui de Saint-Jean-du-Doigt est le plus doué, suivi de celui de Plourin-lès-Morlaix pour sa maîtrise des chapeaux, alors que ceux de Plouégat-Guerrand et Plouezoc'h, les deux "naïfs" viennent en queue de peloton et que celui de Plougasnou, "l'oriental" à cause des yeux de ses masques, se place au milieu.
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Le sculpteur chapelier de Plourin-lès-Morlaix.
Les visages du sculpteur de Plourin-Lès-Morlaix sont plus aboutis qu'ailleurs.. Il organise les volumes avec facilité : fossettes rondes, mentons creusés au milieu, yeux avec une paupière. Les coiffures sont élaborées : capuchon, cagoule, aumusse et faluches (*) médiévaux incitent Le Seac'h à le surnommer « le sculpteur chapelier ». Les sexes des personnages peuvent êtres distingués.
n.b : le mot "faluche" ne désigne une coiffure d'étudiant que depuis la fin du XIXe siècle.
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Description.
La cuve est octogonale (comme c'est la règle depuis le XVe siècle) et posée sur un fût lui-même octogonal. L'une des 8 faces est occupée par le bras de vidange, également soutenu par un fût octogonal plus fin. Chacune des 7 autres faces est ornée d'un masque haut d'une vingtaine de centimètres. La pierre conserve les traces d'une peinture rouge foncée dont il semble douteux qu'elle puisse relever de la polychromie d'origine. (on retrouve des restes de polychromie bleu-clair à Plouégat-Guerrand, marron à Guimaëc et rouge à Plouézoc'h.
Il n'y a ici aucun décor végétal, mais de simples moulures et rebords droits. Cette exception par rapport au type se retrouve à Plouégat-Guerrand.
Le bras de vidange vers la petite cuve accolée, également octogonale, est taillée dans le même bloc de pierre, et elle est sculptée d'un ange (?) allongé et horizontal pour présenter entre ses deux mains un écu. La tête de ce personnage est bûchée, au moins partiellement, tout comme l'écu qu'il tient.
N.B Selon Le Seac'h, "les fonts baptismaux (de son étude) possèdent huit cotés dont un est occupée par la piscine qui renferme le conduit d'évacuation de l'eau". Mais la définition et l'usage de ce terme de piscine m'ont semblé imprécis et variables dans la littérature spécialisée (cf. biblio) et j'ai préféré celui de "petite cuve", accostée à la grande cuve.
"C’est vraisemblablement à la fin du XIVe siècle, que l’on prend l’habitude de juxtaposer à la cuve principale une seconde cuve de plus petite taille destinée à conserver l’eau lustrale utilisée pour le baptême par infusion, si la cuve principale n’est pas divisée en deux bassins. Cette réserve d’eau bénite peut être portée par un support accolé à celui de la cuve principale ; son décor s’inscrit alors dans la continuité du support principal comme à Nointel (60) (fig. 38). Mais chacune des cuves peut être posée sur un support différent comme à La Baussaine (35) où un petit héraut en bas-relief réunit les deux cuves hexagonales décorées d’une double torsade entourant une frise végétale. Ces fonts sont de plus intéressants à un deuxième titre : ils sont un des 4 fonts baptismaux du XIVe siècle à conserver les armoiries de leurs commanditaires, la famille de Tinténiac, pratique qui deviendra plus courante au siècle suivant." (source)
La grande cuve est fermée par un couvercle en bois de forme octogonale.
Un baldaquin est porté par quatre piètements en pierre et quatre colonnes galbés en bois polychrome sculptés de vignes en spirales. Le toit octogonal est coiffé d'un Baptême du Christ. La base Palissy indique que ces fonts (seul le baldaquin est décrit par la notice) sont classés MH au 24-12-1924, datent du XIXe siècle et mesurent 3,60 m de haut et 2,30 m de diamètre.
Il faut dire encore que les fonts, et les masques en particulier, ne sont pas très accessibles et que les photographies sont de réalisation difficile à l'amateur non équipé pour vaincre l'obscurité et le manque de recul.
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Vue générale
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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Le baldaquin.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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Les deux cuves et le couvercle en bois fermé et ouvert .
Vestige d'un gond en plomb sur la petite cuve, la seule à être équipée d'un orifice de vidange.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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La polychromie ocre rouge.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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Vestige de peinture murale dans une niche.
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Le premier masque, à l'ouest, après la petite cuve, est féminin.
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Il ne porte pas de chapeau, et les cheveux, libres, encadrent le visage ; une mèche est arrêtée par un simple nœud.
La bouche esquisse une moue. Le nez est droit . Les yeux sont moins schématiquement ourlés en amande que les suivants.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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Le deuxième masque porte un chaperon à larges plis regroupés vers sa droite.
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Ces plis partent d'un bourrelet frontal en "turban".
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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Le troisième masque porte également le chaperon à bourrelet frontal, dont un pli couvre l'oreille gauche, alors que trois plis partent vers sa droite.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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Le quatrième masque porte un chaperon dont les plis forment un panache au dessus du bourrelet.
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Il est plus jeune, avec un menton bifide, et un regard étonné.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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Le cinquième masque porte un mince bandeau frontal, et ses cheveux sont ramassés sur le côté en deux coques ou macarons : ce serait une femme.
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Le menton est triangulaire et pointu, sous une bouche petite et des pommettes saillantes.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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Le sixième masque porte un chaperon dont les plis forment un panache vers la gauche au dessus du bourrelet.
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Sa coiffure est retenue par une sangle sous la mâchoire. Il ou elle a une lèvre supérieure épaisse (ou une moustache ?), au dessus d'un petit menton rond.
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Les fonts baptismaux (granite, vers 1500 ?) de Plourin-lès-Morlaix. Photographie lavieb-aile mai 2022.
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Les photos et l'illustration de l'article d'E. Le Seac'h.
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L'article d'Y-P. Castel.
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SOURCES ET LIENS.
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— CASTEL (Yves-Pascal) 1991, Plourin-Lès-Morlaix, les masques des Fonts Baptismaux... articles du Progrès de Cornouaille / Courrier du Léon 11.05.91.
"Fonts baptismaux, première chapelle nord : cuve de granit à décor de mascarons et de feuillages sculptés, baldaquin en bois sculpté portant le groupe du Baptême du Christ, XIXè siècle."
" Le baptistère. Sur la cuve des fonts baptismaux, visages sculptés de sept personnages portant de grandes coiffes du XVème siècle. Cette cuve est surmontée d'un baldaquin de type Renaissance, aux armes de la famille de Coatanscour, qui serait bienfaitrice de l'église. Une colombe, symbole de l'Esprit Saint, domine l'ensemble. Sur le pilier, de l'autre côté de l'allée, statue polychrome, en chêne, de saint Fiacre (XVIème siècle). "
— LE GUENNEC (Louis), 1979, l'église de Plourin-lès-Morlaix, in Morlaix et sa région page 60.
"L'écusson des Coatanscour, un chef endanché, est sculpté sur l'un des piliers. On le retrouve sur une dalle tumulaire mi-parti d'un lion. Ce sont sans doute les armes d'Yves de Coatanscour, sieur dudit lieu en Plourin, et de sa femme Jeanne de Kersulguen, mariés en 1501. Une autre dalle offre le blason de la famille de la Boixière, un buis arraché. On remarque, en outre, plusieurs curieuses statues anciennes, dont un groupe triple de sainte Anne, saint Yves argumentant, saint Sébastien, les Evangélistes, saint Fiacre en jardinier, sainte Marguerite, etc. L'arbre de Jessé, qui existe dans une des chapelles latérales, n'est qu'une copie moderne plus ou moins fidèle d'un autre arbre de Jessé du xvie siècle que, sous prétexte de vétusté, un ancien recteur de Plourin crut devoir céder à un antiquaire à condition qu'on lui en fabriquât une réplique toute neuve. Les cuves feuillagées des fonts baptismaux sont surmontées d'un baldaquin aux armes des Coatanscour, que couronne un groupe du baptême de Notre-Seigneur. Sur les panneaux de la chaire, figures des quatre Evangélistes et bas-reliefs de l'Annonciation, de la Nativité et de l'Assomption. Le cimetière, dont les piliers d'entrée sont surmontés des statuettes mutilées d'un ancien calvaire, possède une petite chapelle, ancien ossuaire, dont la façade est percée d'une porte et d'une série d'arcades. A l'intérieur, on remarque les statues de sainte Barbe avec sa tour et de saint Mathurin, costumé en prêtre."
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Au sud de la commune, à cinq kilomètres du bourg, on trouve le vieux manoir de Coatanscour, massive construction du XVIe siècle, convertie en ferme. Elle domine un joli étang entouré de verdure, en un frais paysage qui forme contraste avec les croupes dénudées de l'Arrée. Le manoir, édifice du xvie siècle, flanqué d'une tourelle tronquée, est fort délabré, mais son moulin seigneurial conserve encore fort bon air, avec sa lucarne Renaissance. A l'intérieur du manoir, il faut voir quelques belles cheminées sculptées. Celle d'une salle, au premier étage, est ornée de deux diaboliques cariatides de granit, taillées en grandeur naturelle, complètement nues et portant, en guise de feuille de vigne, un masque humain appliqué sur le bas-ventre. Une motte féodale existe à l'est du manoir. La famille de Coatanscour portait pour armes : d'argent au chef endanché de gueules. Sa devise était : A galon mad (de bon cœur). Cette maison a possédé par alliance, au XVIIIe siècle, le marquisat de Kerjean, en Saint-Vouguay; elle s'est éteinte tragiquement en Mmes Suzanne-Augustine et Marie-Anne de Coatanscour, veuves de Kersauzon et Launay de l'Estang, arrêtées en 1793 à Saint-Pol-de-Léon. Conduites à Brest et traduites devant le tribunal révolutionnaire, pour incivisme, elles périrent sur l'échafaud, à l'âge de 70 et 65 ans, le 27 juin 1794. La terre de Coatanscour avait droit de haute et basse justice. On voit encore, dans Goarem arlustiçou, sur une colline de 240 mètres d'altitude, le soubassement en pierre des fourches patibulaires. De ce point se découvre au nord le magnifique panorama de la fertile campagne morlaisienne, fermée à l'horizon par la mer et l'île de Batz, dont le phare s'aperçoit à peine le jour, mais qui, la nuit venue, projette ses éclats intermittents jusqu'aux crêtes déchiquetées des Cragou, dans la montagne d'Arrée."
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2004, "Un art original : les fonts baptismaux sculptés du Trégor finistérien autour de 1500", Bulletin de la Société archéologique du Finistère pages 109-118.
Baptismal font. Wellen, Limburg, Belgium, 1155–70. Bluestone . The Metropolitan Museum of Art, The Cloisters Collection
— FAVREAU (Robert), 1995, Les inscriptions des fonts baptismaux d'Hildesheim, Baptême et quaternité Cahiers de civilisation médiévale Année 1995 Volume 38 Numéro 150 pp. 116-140
Ces fonts baptismaux portent deux inscriptions à deux dates différentes, mais qui impliquent à chaque fois le même personnage, un prêtre du nom d'YVON [LE] PAPE.
La première, en français, est inscrit sur le tour de la vasque, en deux lignes, la première en lettres majuscule en réserve et deuxième en creux et d'un style moins soigné :
CETTE / PISCINE : A : ESTE : FAICT : FAIRE : PAR : M : Y : PAPE : P : EN : SA :
VIE : LAN 1675
On trouve aussi un calice (placé habituellement comme blason par les prêtres) entouré des quatres lettres M / V [ou Y] et P / P .
Je transcris cela ainsi : "Cette piscine a été faict faire par M[essire] Y[von] Pape en sa vie l'an 1675." et autour du calice "Messire Yvon Pape Prêtre."
La seconde, en latin, et en lettres majuscules en réserve, court en cercle sur la marge supérieure de la vasque :
HIC : IACET : M : YVO : PAPE : P : MORTVVS : ANNO : 1715
"Ici repose M Yvon Pape prêtre mort en l'année 1715."
Les généalogistes mentionnent à Ploudiry un Yves le Pape (1613-1683), père de Hervé LE PAPE (1638 -1710), qui épousa en 1691 Catherine LE GOFF.
Sur le coté, le Christ en croix est sculpté sous le titulus INRI.
Cette vasque, dont le contenant intérieur est bien plus petit qu'on pouvait le penser auraient donc la double fonction de bénitier, et de dalle funéraire. Il est probable de penser que le prêtre obtint le droit d'être enterré dans son église, et sous cette "piscine" dont il avait été commanditaire, dans une rare mais très belle symbolique réunissant le rappel du baptême par l'onction, et la foi dans la résurrection.
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Le sculpteur n'est pas connu ; néanmoins, un bon candidat semble être l'architecte -sculpteur Jean Le Bescont, à qui est attribué le porche de Ploudiry en 1665, et qui a réalisé en 1680 (document d'archive du règlement) la "cuve de l'eau lustrale de la paroisse" portant l'inscription "LABRVM : PAROAE : AQVAE : LVSTRALIS :1680.". On versait chaque dimanche dans ce grand récipient qualifié de "piscine" l'eau lustrale qui était ensuite versée dans des bénitiers plus petits. Jean Le Bescond est l'auteur du bénitier de 1681 de La Martyre. Il est également l'auteur de l'ossuaire de Saint-Thégonnec (1676-1682), après avoir effectué ou supervisé sur l'église divers travaux de 1651 à 1656 (bas-coté sud). Voir Le Seac'h p. 294-299.
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Fonts baptismaux (kersantite, 1675-1715) de l'église de Ploudiry. Photo lavieb-aile.
Fonts baptismaux (kersantite, 1675-1715) de l'église de Ploudiry. Photo lavieb-aile.
Fonts baptismaux (kersantite, 1675-1715) de l'église de Ploudiry. Photo lavieb-aile.
Fonts baptismaux (kersantite, 1675-1715) de l'église de Ploudiry. Photo lavieb-aile.
Fonts baptismaux (kersantite, 1675-1715) de l'église de Ploudiry. Photo lavieb-aile.
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J'ai omis de prendre la photo du Crucifix de face.
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SOURCES ET LIENS.
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— COUFFON, René, LE BARS, Alfred. 1988, Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988. p. 269
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1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)