Quelques sculptures de la chapelle de Locmaria-Lann à Plabennec. La Vierge à l'Enfant (kersanton, Roland Doré, XVIIe). L'autel (kersanton, 1512). Le retable (Yves Le Guern, recteur, 1682). Etc.
La Vierge à l'Enfant (kersanton, Roland Doré 1618-1663), niche sud du clocher-porche de 1580.
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On peut la comparer à celles de l'église de Rosnoën, ou de Plougourvest, ou de lachapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal, On constate alors que cette Vierge de Locmaria-Lann est plus petite, moins élancée, que son visage, tout comme celui du Fils, est plus rond, et que ces caractères lui confèrent un aspect simple voire naïf.
Elle est couronnée et la chevelure tombe librement sur les épaules. Elle est vêtue d'une robe, ajustée au dessus de la ceinture et plissée au dessous, et d'un manteau très ouvert.
L'Enfant est assis sur l'avant-bras gauche, bénissant de la main droite l'assistance tandis que la main gauche est posée sur la poitrine. Il porte une tunique longue et plissée
Les traits stylistiques de Roland Doré sont les sourires aux commissures creusées en fossette et au philtrum marqué , et les yeux aux paupières soigneusement ourlées ; mais dont les pupilles ne sont ici pas creusées.
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Vierge à l'Enfant (kersanton, Roland Doré, XVIIe s.) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
Vierge à l'Enfant (kersanton, Roland Doré, XVIIe s.) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Les dais en kersanton des contreforts du porche.
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Porche de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Ces dais de 1580 sont marqués par le style Renaissance qui a fait son apparition, très peu de temps auparavant, au château de Kerjean, mais qui a été introduit en Bretagne par la famille de Goulaine soit à Champeaux, soit à Notre-Dame-de-Kerfons à Ploubezre, soit au château de Maillé. Dans ce château Maurice de Carman et Jeanne de Goulaine y placent leurs armoiries vers 1570 dans un cartouche à cuir découpé caractéristique de ce style. On remarque les liens unissant Maurice de Carman avec la famille plaçan, à Plabennec, ses armoiries sur le calvaire de 1527 et dans la nef de la chapelle.
Ici, le cuir découpé à enroulement est orné d'un masque crachant des rinceaux, et il est entouré de deux anges sonnant de la trompe.
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Dais (kersanton) du porche de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Un autre dais est plus abîmé mais on y reconnaît deux anges autour d'un vase.
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Dais (kersanton) du porche de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
Dais (kersanton) du porche de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Le Christ Sauveur, fronton intérieur du porche (kersanton polychrome, Roland Doré ??).
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Voir ses homologues, entre autre, à l'intérieur des porches des églises de Bodilis, Guimiliau, Hôpital-Camfrout, Plestin-les-Grèves, Plougourvest, Rosnoën, Le Tréhou, tous attribués à Roland Doré par E. Le Seac'h, et dominant les apôtres disposés latéralement (ou les niches prévues pour les accueillir). C'est ce rapprochement qui me permet de proposer l'attribution à Roland Doré de cette statue.
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Christ sauveur (kersanton polychrome, Roland Doré ?, XVIIe s. ?) du porche de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
Christ sauveur (kersanton, Roland Doré ?, XVIIe s. ?) du porche de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Le maître-autel (kersanton, 1512, signature Yves an Du).
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"Le maître-autel, en kersanton, mesure 3 mètres 50 de longueur. Il est gothique et décoré de [12] panneaux finement ouvragés. Au-dessus règne une belle frise de feuillages découpes et évidés. Dans les panneaux du centre on aperçoit deux angelots : l'un tient un écusson chargé d'un calice et une banderole portant, en caractères gothiques, l'inscription suivante : Yves an Du lan mil cincq centz xII. Le second porte une banderole qui offre aussi une dizaine de caractères gothiques très distincts."
L'autel est taillé dans une seule pièce de kersantite de 3,10 m de long. La face principale est divisée en huit niches ogivales trilobées à crochets et fleuron. Seules les deux lancettes centrales sont habitées, par deux anges.
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Maître-autel (kersanton, 1512) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
Maître-autel (kersanton, 1512) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
Maître-autel (kersanton, 1512) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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L'ange de droite présente un écusson meublé d'un calice et entouré d'un phylactère. Je pense y lire :
Y LE / GALL Y
Avec un doute sur les deux Y. Je préférerai que le deuxième soit un P ..
Le patronyme Le Gall est attesté à Plabennec vers 1545. Le calice laisse supposer que le donataire, un certain Yves Le Gall, était un prêtre.
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Maître-autel (kersanton, 1512) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Le deuxième ange porte son phylactère entre les deux mains, mais la banderole en fait le tour.
Sur la partie verticale droite, je lit : LAN
Sur la partie diagonale, je lis, en écriture gothique textura dont les mots ne sont pas séparés :
MLCINCQCENTZXII
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Au total, j'obtiens : Y. LE GALL P / LAN M[I]L CINCQ CENTZ XII,
Soit "Yves Le Gall prêtre l'an 1512".
Le calvaire de la chapelle date de 1527.
Je propose donc de reconsidérer la lecture initiale, reproduite par tous les auteurs depuis 1938.
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Maître-autel (kersanton, 1512) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
Maître-autel (kersanton, 1512) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
Maître-autel (kersanton, 1512) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Le retable de l'autel (bois polychrome et doré, détail des inscriptions).
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Première inscription coté nord :
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:I:LE GUEN
R : DE : & :
Le sigle & tente de traduire le sigle intermédiaire entre un S, un P et une esperluette.
J'interprète l'inscription ainsi : "Y[ves] LE GUEN RECTEUR DE PLABENNEC".
Yves LE GUEN est attesté comme recteur de Plabennec en 1676 et 1680 (témoin de mariage) ou en 1675, 1676, 1677 et 1678 comme parrain
Il figure aussi, avec la date de 1682, dans la Liste des recteurs de Plabennec avant la Révolution dressée par H. Pérennès (1938).
Voici la description et la lecture faite par H. Pérennès :
"Le retable de l'autel, en bois sculpté, porte des têtes d anges et deux oiseaux. Quant au tabernacle, il es double : la partie inférieure offre un ostensoir, tandis que le tabernacle supérieur présente le Christ crucifié, avec la Vierge et Saint Jean, encadré de deux vertus supportant des guirlandes de fleurs. Plus loin figurent deux autres vertus dans les mêmes conditions. A gauche et à droite du tabernacle s'étale cette inscription : Y : LE GUEN R : DE L : L'AN 1682."
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Retable (bois doré et polychrome, 1682) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Deuxième inscription coté sud, lettres en réserve sur un cartouche doré sur deux lignes séparées par une réglure :
LAN
1682.
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Retable (bois doré et polychrome, 1682) de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Les armoiries des arcs nord de la nef.
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" A l’intérieur c’est une nef et deux bas-côtés à cinq travées au Nord, à quatre au Midi, toutes en gothique du XVIème siècle. Comme parquet, c’est le sol de terre battue ; des bancs apparaissent à la base des piliers.
A la clef de voûte de la première arcade à gauche on voit le blason des Carman-Lesquelen, mutilé, mais encore lisible.
La troisième arcade présente un écusson armorié portant une fasce de 3 quintefeuilles et surmontée d’un lambel.
La porte du bas de la nef est surmontée d’un écusson fascé de 6 pièces (du Chastel ?)." (H. Pérennès)
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Nef de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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L'écartelé Lesquelen-Carman.
En 1 et 4, d'azur à la tour d'argent portée par une roue de même (famille de Lesquelen). En 2 et 3 d'or au lion d'azur (famille de Carman.
"Ce sont les Kerman-Lesquelen qui y avaient fait placer la verrière du chevet. On y voyait un groupe de N.-D. de Pitié, entouré des effigies de Tanguy de Kerman et de Louise de la Forest. Celle-ci est présentée par l'apôtre Saint Jean qui tient une coupe, son mari par Saint Goulven, en évêque. Au-dessous on lit : Sancte Golvine ora pro nobis. Au quatrième panneau figurent Saint Pierre avec sa clef, Saint Paul avec son épée, et le roi Saint-Louis rendant la justice assis, en grand manteau d’hermines semé de fleurs de lys d'or, et en chaperon rouge... Au-dessous : 1508 — S Louys. Les armes des Rohan, avec le collier de l'Ordre et la devise A plus brillent au sommet de la fenêtre, et onze écus de Kerman et alliances — entre autres Pestivien (?) Coëtmen et du Perrier — occupent les jours du remplage. Dans le quadrilobe d’une petite fenêtre latérale apparaît le lion de Léon (L. Le Guennec, Prééminences de la famille De Maillé-Kerman..., p. 22)." (H. Pérennès)
L'origine de la tour posée sur une roue est racontée ici :
"Écartelé aux cases 1 et 4 de couleur Azur (bleu) à la tour sommée de trois tourillons d’Argent, le tout porté sur une demi-roue, de même aux cases 2 et 3 de couleurs d’Or, un lion Azur. Un chef de cinq hermines, noires sur fond blanc. Au-dessus du chef, la couronne Or, support de sinople (vert) feuilles d’acanthe romane formant l’encadrement de l’écu.
Ce blason, qui est désormais celui de Plabennec, est l’illustration d’un fait d’armes qui se passa au cours de la vie de saint Thénénan ou Tinodorus vers l’an 630. Les Danois qui avaient débarqué dans le Léon, mettaient le pays à feu et à sang. L’alarme fut donnée à Ploubennec. Les barbares détruisirent l’église dont on voit encore une partie des ruines. Saint Thénénan et certains habitants gardaient les trésors du pays dans la tour de la « motte féodale » quand les barbares les attaquèrent. N’ayant pas eu le temps de fermer la porte, le saint boucha d’une demi-roue de charrette qu’il trouva près de lui. Ils allaient succomber lorsqu’ils furent sauvés par une armée alertée et apparut au sommet de la tour un beau cavalier armé de blanc et monté sur un coursier blanc également. Les Danois battirent aussitôt en retraite pour embarquer vers l'’Élorn. Pour glorifier ce fait d’arme, le seigneur de Kermorvan mit en son blason le lion du Léon, la tour et la demi-roue de charrette."
Nef de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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L'écusson armorié portant une fasce de 3 quintefeuilles et surmontée d’un lambel.
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Nef de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Sainte Anne éducatrice (la statue de la Vierge est perdue) ou Anne trinitaire (les statues de Marie et de son Fils sont absentes). Pierre polychrome, XVIe siècle.
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Sainte Anne trinitaire ou éducatrice, nef de la chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Le Christ.
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Chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
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Vierge au calvaire, mains jointes. Kersanton, XVIe s.
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Chapelle de Locmaria-Lann. Photographie lavieb-aile.
Maître-autel en kersanton, de 3,5 m. de longueur (C.). Le devant est orné de panneaux finement sculptés et d'une frise de feuillages découpés et évidés. Un ange tient une banderole portant l'inscription en caractères gothiques : "YVES. AN. DU. LAN. MIL. CINCQ. CENTS. XII."
Retable en bois sculpté avec deux tabernacles superposés ; inscription : "Y. LE GVEN. R. DE. LAN. 1682."
Statues anciennes : Crucifix, Vierge Mère dite Notre Dame de Locmaria, XVIIè siècle, saint Joseph, sainte Anne seule, et celles en bois autrefois dans le porche.
Deux bénitiers en pierre ; l'un d'eux porte l'inscription : ".P G. 1604" - Bénitier portatif de bronze : "NOSTRE DAME DE LANDE DE LOCMARIA."
La Vierge à l'Enfant (kersanton, XVIe siècle ?) au dessus du porche sud de l'église de Crozon.
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Cette statue occupe la niche à dais dominant le porche sud de l'église Saint-Pierre de Crozon. Elle s'écarte des Vierges de Roland Doré (chapelle de Locmaria-Lann à Plabennec ou chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal, par exemple) et sous la couronne fleuronnée, le visage est plus rustre et peu amène. L'Enfant est tenu sur le bras droit. La main gauche retient vers la taille le pan du manteau, dont les plis épais tombent en éventail.
Le hiératisme des personnages peut évoquer le style du Maître de Plougastel (1570-1621), et à la chapelle Saint-Adrien de Plougastel, la Vierge à l'Enfant qui lui est attribuée par E. Le Seac'h porte également son Fils sur le bras droit.
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Église Saint-Pierre de Crozon. Photographie lavieb-aile.
Vierge à l'Enfant (kersanton, XVIe-XVIIe siècle) de l'église Saint-Pierre de Crozon. Photographie lavieb-aile.
Vierge à l'Enfant (kersanton, XVIe-XVIIe siècle) de l'église Saint-Pierre de Crozon. Photographie lavieb-aile.
Vierge à l'Enfant (kersanton, XVIe-XVIIe siècle) de l'église Saint-Pierre de Crozon. Photographie lavieb-aile.
"Le porche latéral sud datant du début du XVIè siècle a été remployé : l'arcade est en tiers-point sous une accolade à fleuron et crochets. Dans une niche à dais du tympan, Vierge Mère en kersanton."
—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne. Les atelires du XVe au XVIIe siècle, PUR éditions, page 193.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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PRÉSENTATION.
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L'église de Rosnoën porte à l'extérieur deux inscriptions lapidaires de fondation en caractères gothiques portant les dates de 1562 et de 1604 et le nom des fabriciens.
À l'intérieur, deux autres plaques plus tardives sont en caractères romains en lettres capitales. L'une porte le nom du recteur de Rosnoën Jean Boulart et la date de 1674, l'autre porte le nom d'un autre recteur plus tardif, François Luguern, décédé en 1732. Ceci a déjà été présenté ici.
Le calvaire visible actuellement a été construit en 1648 et porte le nom du recteur Maturin La Baron .
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Description.
Ce calvaire porte sur sa base les noms des commanditaires, prêtres et fabriciens, et la date de 1648. Il figure à son emplacement d'origine sur un plan de 1878. Ce calvaire a été remonté à une cinquantaine de mètres à l'ouest de son emplacement d'origine. Lors du déplacement et de la restauration intervenus en 1895, on remplace des statues géminées exécutées en 1648 par le sculpteur Roland Doré par des copies ; les originaux ont été remployés dans le monument aux Morts de la commune. La statue de la Vierge à l'Enfant, également l'œuvre de Doré, est placée dans une niche de l'élévation ouest de l'église.
Je ne parviens à connaître ni la raison de ce remplacement des statues, ni l'auteur des copies, de facture tout à fait honorable.
Le nouveau calvaire perd d'une part son orientation correcte (le crucifix fait désormais face à l'est, au lieu d'être symboliquement tourné vers le couchant), mais aussi sa cohérence, puis ce Christ en croix n'est plus encadré au pied de la croix par Marie et par Jean (ils sont remplacés par saint Pierre et saint Paul).
Les inscriptions du socle, fort précieuses sur le plan historique, et la base des statues de Roland Doré, sont partiellement dissimulées aujourd'hui par des potées de géranium.
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La quittance du 25 août 1649 de Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne, pour Ollivier Camus, fabrique, pour le calvaire de l'église de Rosnoën est conservée aux Archives départementales du Finistère (234G2, comptes de fabriques de Rosnoën, f°140 r°).
"Je soubsigné Rolland Dorée, sculpteur du Roy en Bretaigne cognois avoir receu de Ollivier Camus fabrique esté en l église parochiale de Rosnohen la somme soixante cinq livres moins (?) deux souls en parpayement de quatre cents cinquante [livres] ? dix livres à moy deubs pour la construction d'une novelle croix par moy faitte à l'yssue du bourg parochial dudist Rosnohen ; dont quitte tant le dist Camus que les précédants fabriq(ue) : les deniers desquels j'avois receu avant l'année dudist Camus en fabriq(ue) et dist ledist Camus comme je cognois avoir touché par ses mains la somme de cent soixante livres t(ournoi)s qi il debvoit par accord et acte raporté par noble Charles Robin notaire que ladiste somme soit à décompter et déclarer a (illisible) pour debvoir par le compte cydevant à Guill(aume) Bihan et Charles Crenen à p(rese)nt fabriques à la diste église le diste Bihan présent en tesmoign de quoy soubs mon segin (seing) le quitte généralement et enthierement [jusqu'] à ce jour ; faist le vingt et cinquiesme jour d'aoust mil six cents quarante et neuff le dist Bihan ne sachant signer a priè m(ess)ire Guill(aume) Camus de signer à sa requête."
L'acte est signé R le doré d'une écriture cursive nette et soignée.
Nous apprenons que ce calvaire de 1648 en remplace un autre, et qu'il est placé à la sortie du bourg. La somme de 460 livres est à comparer à celle de 198 livres déboursée par les commanditaires à Roland Doré pour la tombe de Jacques Barbier dans un acte du 23 février 1638.
Le nom du fabrique pour 1648, Olivier Camus, se retrouve inscrit sur le socle, comme celui de messire Guillaume Camus, curé de Rosnoën. Ses successeurs pour 1649 sont Guillaume Bihan et Charles Crenen. Mais il faut lire "Charles CREVEN", un nom propre bien attesté à Rosnoën. Charles Creven et Françoise Mallegol se sont mariés en 1630, et ont eu notamment un fils Jean Creven, prêtre, cité sur la plaque d'inscription de l'intérieur de l'église.
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I. LE CALVAIRE DE 1648/1895.
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Il est placé devant la mairie et il atteint 6 mètres de haut .
L'emmarchement et le soubassement sont en microdiorite quartzique ("pierre de Logonna"). Quatre degrés à moulurations portent un soubassement à niches vides.
Le socle cubique en kersantite porte des inscriptions sur trois de ses faces, elles seront étudiées infra. Le fût à pans y est érigé. Le calvaire est en kersantite.
Le croisillon porte des statues géminées. On identifie sur la face ouest : un saint évêque, une Vierge à l'Enfant au centre, et encore un saint évêque. Et sur la face est saint Pierre, puis au centre l'inscription RESTAUREE 1893, puis saint Paul tenant l'épée. Plus haut, le Christ en croix.
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Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Au centre : le Crucifié.
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Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Sur le croisillon à notre gauche : saint Pierre.
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Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Sur le croisillon à notre droite : saint Paul tenant l'épée de sa décollation.
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Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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LA FACE OUEST.
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Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Au centre : la Vierge à l'Enfant.
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Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Le saint évêque de gauche.
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Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Le saint évêque à notre droite.
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Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Calvaire (1895) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Le socle et ses inscriptions.
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Base du calvaire de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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L'inscription du coté est :
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MIRE : MATVRIN : /LE : BARON : RECTEVR
Soit "messire Maturin Le Baron, recteur".
Cette inscription est en réserve (en relief), les autres sont en creux.
Les auteurs y ont lu la date de 1648 que je n'ai pas trouvée.
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-Ce recteur est attesté en 1647 ("recteur de Rosnohen") comme parrain de Louise de Kersulguen, fille de François, et de Louise Menez. :
-Les archives mentionnent le 11 juillet 1649 la fondation par ses parents : "Maître Jacques Le Baron et Yvonne Le Dérédec, sa femme, fondent 3 livres 4 sols, pour jouir de la tombe où fut enterré Missire Mathurin Le Baron, leur fils, recteur de Rosnoën. " Les généalogistes signalent le couple Jacques Le Baron (v. 1595-1650) x Jeanne le Dérédec (Rosnoën 1595 -) et leurs sept enfants.
Socle (kersanton, 1648) du calvaire de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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II. LES STATUES DE ROLAND DORÉ (FRAGMENTS DU CALVAIRE de 1648) REMONTÉS AUTOUR DU MONUMENT AUX MORTS.
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La Vierge au calvaire.
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Chacune de ces statues illustre de façon exemplaire l'expressivité du sculpteur landernéen.
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Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Saint Jean au pied du calvaire (géminé avec Barthélémy).
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La statue de saint Jean d'un calvaire de Roland Doré est toujours l'une des plus remarquables ; mais hélas celle-ci a été abîmée au niveau de l'œil et de la tempe gauche. Nous retrouvons la chevelure bouclée triangulaire en perruque, l'ovale longiligne du visage, les narines larges, la bouche aux commissures évasées, les deux mains croisées sur la poitrine, le pan du manteau unique qui retombe sous l'avant-bras gauche, déjà détaillés à Croaz-Moudennou.
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Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Saint Barthélémy (au dos de Jean).
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Cet apôtre se reconnaît par le couteau qu'il tient contre lui : ce fut l'instrument de son supplice puisqu'il fut dépecé.
Sa présence est rare sur un calvaire.
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Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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Un saint évêque (au dos de la Vierge).
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C'est cet évêque qui a servi de modèle aux deux évêques du calvaire de 1895, mais ici il porte une croix, et non une crosse.
Sa mitre évasée évoque le bonnet carré des docteurs et recteurs, et cela se retrouve souvent chez Roland Doré ; on le retrouvera chez saint Audoën infra.
Le visage est en ovale allongé.
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Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648), monument au morts de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
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La Vierge de Pitié.
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Liste des Vierges de Pitié de l'atelier de Roland Doré (1618-1663) :
Elle se distingue des nombreuses Vierge de Pitié (pietà) du Finistère, car le corps du Christ est orienté tête à la gauche de la Vierge. L'inclinaison de la tête et du haut du buste de la Mère vers la gauche rompt avec l'habituelle composition parfaitement triangulaire des Prigent et rend la Vierge plus présente.
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Le dos du groupe est creusé, ce qui montre bien comment il se moulait sur le fût du calvaire.
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Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
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Saint Audoën, patron de la paroisse.
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Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
Fragments d'un calvaire (kersanton, Roland Doré, 1648) de l'église de Rosnoën. Photographie lavieb-aile 25 juillet 2021.
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LA VIERGE À L'ENFANT DE ROLAND DORÉ DU CALVAIRE DE 1648 REMONTÉE AU PORCHE OUEST.
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Le visage à l'ovale allongé, les yeux aux pupilles creusées, le nez en tour Effel (triangulaire à base élargie), la bouche aux commissures creusées montrent que nous avons affaire à une œuvre de Roland Doré.
Cette Vierge à l'Enfant très élancée ressemble à celle du porche sud de l'église de Plougourvest, mais cette dernière ne présente pas, comme ici, un fruit à son fils.
Ce calvaire est digne d'intérêt, notamment en raison de sa Vierge de Pitié qu'Emmanuelle Le Seac'h a attribuée à l'atelier Prigent dans son Catalogue raisonné de 2014. Mais je suis passé très souvent par cette rue (tronçon de la D712 par laquelle, longeant l'Élorn, on va ou on revient de La Roche-Maurice et Landivisiau) sans le remarquer. Il se situe entre le n°78 et le n°80 de la rue, à la sortie de Landerneau, avant le premier pont de chemin de fer, en amont de l'École Marie-Curie, dans un petit enclos fleuri d'hortensias.
Il est difficile pour moi de savoir s'il a été déplacé d'un autre emplacement, car il ne figure pas sur les cartes comme celle d'Etat-Major et de Cassini. En tout cas, cette route n'était pas employée par les voyageurs, sous l'Ancien Régime et jusqu'au premier quart du XIXe siècle, car la route vers Landivisiau (Grande route de Morlaix) passait alors au sud de l'Élorn (Cadastre 1827).
Sur le cadastre 1827, la parcelle 229 porte la mention "Signal Vierge", et sur le carrefour, le symbole d'une croix. Est-ce un indice ?
Mais tout laisse à penser qu'il fut déplacé. À commencer par le fait qu'il n'est pas orienté (face principale portant le Crucifix tournée vers l'occident), sauf par l'alignement urbain. Puis, par le fait qu'il est composite, une Pietà du XVIe siècle posée au pied d'un calvaire du XVIIe. Enfin, cet encadrement par des palmiers évoque la décision d'un décideur de l'embellissement urbain du début du XXe siècle.
Cette situation me contrarie, car la Vierge de Pitié qui m'intéresse est tournée vers le nord-ouest, sous le Crucifix, et elle est restée dans l'ombre du contre-jour lors de mes différentes visites. Aurai-je dû me présenter au couchant d'une belle journée d'été ?
De même, le saint Pierre de la face tournée vers le sud-est reste à l'ombre partielle de son palmier ...
Néanmoins, j'ai obtenu la réponse à ma question principale. Cette Vierge de Pitié de l'atelier Prigent présente-t-elle les trois larmes si caractéristiques de celui-ci ? La réponse est oui, sans atermoiement. Et les photos, insatisfaisantes sur le plan artistique, montre clairement les autres détails stylistiques.
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I. LA VIERGE DE PITIÉ (kersanton, vers 1527-1570, atelier Prigent de Landerneau).
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Introduction.
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L'article Wikipedia Statues of Pietà in Finistere propose plus de 80 photos des Pietà du Finistère, puisque le terme, plus correct, de "Vierge de Pitié" n'est pas encore complètement passé dans les usages. Mais on trouve regroupées sous ce terme, comme dans l'article de l'abbé Castel Les Pietà du Finistère, les "Vierges de pitié" proprement dites (la Vierge et le Christ mort), et les "Déplorations" (groupe incluant Jean et Madeleine, ou une sainte femme, ou un disciple).
Si, parmi les 80 "pietà" de l'article de Wikipedia , nous retenons celles qui sont en pierre (et, alors, en kersantite) et non en bois, et celles qui ne sont pas des Déplorations, le nombre des œuvres est inférieur à 25.
Le nombre des Vierges de pitié en kersanton dans le Finistère est bien plus élevé, car on les trouve, au nœud d'un croisillon, sur de très nombreux calvaires sortis des ateliers landernéens des Prigent (1527-1577), du Maître de Plougastel (1570-1621) et de Roland Doré (1618-1663), ou d'ateliers anonymes.
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Les Vierges de Pitié et aux Déplorations des Prigent (E. Le Seac'h):
Selon le schéma adopté par les Prigent, la Vierge est en chevalier servant, le genou droit fléchi soutenant le dos du Fils, et le genou gauche posé à terre. Sa main droite soutient le dos, et sa main gauche soulève celle de son fils. Sa tête est recouverte par le grand manteau qui l'enveloppe en formant une pyramide.
Cette forme triangulaire est barrée par le corps du Christ, lequel est comme disloqué en ligne brisée à cinq segments. Les bras le brisent plus encore puisque le bras droit tombe verticalement, le coude fléchi et la main demi-fermée paume vers le haut, alors que le gauche est horizontal, droit jusqu'à la main paume vers le haut.
Il y a donc un contraste entre la pyramide "monolithique" maternel, exprimant l'effondrement par le deuil, et la dislocation du Christ défunt, témoin de sa crucifixion.
Le regard se porte naturellement vers le visage de la Mère, encadré par le voile empesé et aux plis cassés et par la guimpe. Ce visage est sévère mais peu expressif, comme figé par le chagrin, et c'est toute la valeur des trois larmes aux longs filets sous chaque paupière d'exprimer, en épanchement venant du cœur et impossible à retenir, la douleur d'une mère recevant le corps de son enfant.
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Le corps du Fils s'abandonne au gré des appuis qu'il reçoit, sa nudité bien charpentée n'étant couverte que par un pagne, dont un pan ressort du coté droit. Les plaies sont peu visibles, sauf sur le pied . Les jambes restent parallèles et les pieds ne sont pas croisés.
Du visage au nez fort et aux yeux clos, nous remarquons surtout la moustache qui nait des coins des narines et trace un V inversé en deux virgules bouclées. La bouche est entrouverte sur une rangée de dents. La barbe aligne des mèches peignées, à peine bouclées. Les cheveux longs forment un triangle avec deux longues mèches peignées se dirigeant vers les épaules.
La statue montre plusieurs fissures, correspondant ou non à des lignes de faille sur le bloc de kersantite.
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La Vierge de Pitié (kersanton, vers 1550, atelier Prigent) du calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
La Vierge de Pitié (kersanton, vers 1550, atelier Prigent) du calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
La Vierge de Pitié (kersanton, vers 1550, atelier Prigent) du calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
La Vierge de Pitié (kersanton, vers 1550, atelier Prigent) du calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
La Vierge de Pitié (kersanton, vers 1550, atelier Prigent) du calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
La Vierge de Pitié (kersanton, vers 1550, atelier Prigent) du calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
La Vierge de Pitié (kersanton, vers 1550, atelier Prigent) du calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
La Vierge de Pitié (kersanton, vers 1550, atelier Prigent) du calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
La Vierge de Pitié (kersanton, vers 1550, atelier Prigent) du calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
La Vierge de Pitié (kersanton, vers 1550, atelier Prigent) du calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
La Vierge de Pitié (kersanton, vers 1550, atelier Prigent) du calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
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Autour du Crucifix, la statue de la Vierge et de Jean.
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Le calvaire (kersanton, 1681), de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
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II. SAINTE MARIE-MADELEINE ET SAINT PIERRE (kersanton, 1681).
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Je n'ai pu lire la date de 1681 signalée par Y.-P. Castel. Mais elle indique une réalisation plus tardive que les productions des grands ateliers de sculpture du kersanton, venu de ses sites d'extraction en Rade de Brest et achelminés à Landerneau, puisque l'atelier de Roland Doré s'achève en 1663. Parmi les "Petits Maîtres" dénombrés par E. Le Seac'h, seul Jean Le Bescont (vers 1664-1682) serait à envisager.
On remarque dans ces statues de belle facture un élément stylistique particulier, les yeux en drupes saillantes, mais dont les pupilles ne sont pas creusées, comme le faisait Roland Doré.
Marie-Madeleine s'identifie par ses cheveux longs et défaits et son flacon d'aromates, et Pierre par ses pieds nus, sa barbe et sa clef, tandis que son fameux toupet frontal est omis.
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Le calvaire (kersanton, 1681), de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
Le calvaire (kersanton, 1681), de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
Le calvaire (kersanton, 1681), de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
Le calvaire (kersanton, 1681), de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
Le calvaire (kersanton, 1681), de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
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Le calvaire (kersanton, 1681), de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
Le calvaire (kersanton, 1681), de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
Le calvaire (kersanton, 1681), de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau. Photographie lavieb-aile mai 2021.
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SOURCES ET LIENS.
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— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère, Landerneau, n° 998.
998. Landerneau, rue de La Tour-d’Auvergne, Croix-de-la-Vierge, g. k. 1. 6 m. XVIè s. 1681. Petit enclos fleuri. Base à larges pans. Socle cubique, griffes, Vierge de Pitié. Fût, croisillon, date 1681, statues géminées: Vierge-Madeleine, Jean-Pierre, fleurons-boules godronnés, crucifix. [YPC 1980]
L'article Wikipedia Statues of Pietà in Finistere propose plus de 80 photos des Pietà du Finistère, puisque le terme, plus correct, de "Vierge de Pitié" n'est pas encore complètement passé dans les usages. Mais on trouve regroupées sous ce terme, comme dans l'article de l'abbé Castel Les Pietà du Finistère, les "Vierges de pitié" proprement dites (la Vierge et le Christ mort), et les "Déplorations" (groupe incluant Jean et Madeleine, ou une sainte femme, ou un disciple).
Si, parmi les 80 "pietà" de l'article de Wikipedia , nous retenons celles qui sont en pierre (et, alors, en kersantite) et non en bois, et celles qui ne sont pas des Déplorations, le nombre des œuvres est inférieur à 25.
Le nombre des Vierges de pitié en kersanton dans le Finistère est bien plus élevé, car on les trouve, au nœud d'un croisillon, sur de très nombreux calvaires sortis des ateliers landernéens des Prigent (1527-1577), du Maître de Plougastel (1570-1621) et de Roland Doré (1618-1663), ou d'ateliers anonymes.
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Les Vierges de Pitié et les Déplorations des Prigent (E. Le Seac'h):
Pourtant, parmi toutes ces sculptures de kersanton, très rares sont celles qui ont gardé leur polychromie. C'est dire tout l'intérêt de la Vierge de pitié de l'église de Camaret.
Cette église datant de 1930, il est probable que les statues qui y sont regroupées proviennent soit de l'ancienne église (elle-même datant du XVIIIe en reconstruction d'un édifice antérieure), soit, pour le cas de notre pietà, d'un calvaire, comme par exemple celui de 1538 qui jouxte l'église et qui a perdu ses personnages. En 1908, Abgrall ne donne qu'une description très succincte de l'église et ne mentionne pas cette Vierge. En 1980, Couffon la signale dans sa Notice en la datant du XVIe siècle.
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La composition est celle adoptée par les ateliers landernéens, où le triangle maternel est barré par la diagonale du corps du Fils, elle-même en ligne brisée où les deux bras, l'un vertical et l'autre horizontal, participe à une croix schématique.
Elle pourrait évoquer celle de l'atelier Prigent, et, alors, nous sommes amenés à y rechercher les trois larmes que Bastien et Henry Prigent sculpte volontiers sous les paupières de Marie. Cette recherche est ici restée vaine, même si les couches de peinture peuvent dissimuler ce que la pierre nue dévoile mieux. Deux reliefs en forme de goutte sont en effet visibles.
Les couleurs choisies sont celles qui sont attendues : bleu à galon d'or pour le manteau, blanc pour la robe, rouge pour le pagne.
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Transept nord de l'église Saint-Rémy. Photographie lavieb-aile 13 juillet 2021.
Vierge de pitié (kersanton polychrome, XVIe siècle) du transept nord de l'église Saint-Rémy. Photographie lavieb-aile 13 juillet 2021.
Vierge de pitié (kersanton polychrome, XVIe siècle) du transept nord de l'église Saint-Rémy. Photographie lavieb-aile 13 juillet 2021.
Vierge de pitié (kersanton polychrome, XVIe siècle) du transept nord de l'église Saint-Rémy. Photographie lavieb-aile 13 juillet 2021.
Vierge de pitié (kersanton polychrome, XVIe siècle) du transept nord de l'église Saint-Rémy. Photographie lavieb-aile 13 juillet 2021.
Vierge de pitié (kersanton polychrome, XVIe siècle) du transept nord de l'église Saint-Rémy. Photographie lavieb-aile 13 juillet 2021.
Vierge de pitié (kersanton polychrome, XVIe siècle) du transept nord de l'église Saint-Rémy. Photographie lavieb-aile 13 juillet 2021.
Vierge à l'Enfant du transept nord de l'église Saint-Rémy. Photographie lavieb-aile 13 juillet 2021.
Vierge à l'Enfant du transept nord de l'église Saint-Rémy. Photographie lavieb-aile 13 juillet 2021.
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL, Jean-Marie, PEYRON, Paul. Notices sur les paroisses du diocèse de Quimper et de Léon. Quimper, 1908, vol. 2, p. 3-15.
— COUFFON, René, LE BARS, Alfred. Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988, p. 46-47.
Quelque soit la saison ou l'heure à laquelle le visiteur se présente, il n'aura pas un point de vue spectaculaire du calvaire de l'entrée nord-est de l'enclos de Saint-Divy, trop abrité par le feuillage des chênes et châtaigniers qui le dominent. Et quelque soit le point de vue qu'il adopte, la Marie-Madeleine placée au pied de la croix ne sera sans doute pas aussi visible qu'il le faudrait. Ou bien l'une des trois croix (celle du calvaire et les deux gibets des larrons) restera dans l'ombre et pourrait lui échapper. C'est que ce calvaire n'occupe pas son emplacement initial.
En effet, cet ensemble de trois croix édifiées sur les pilastres de l’entrée est a été déplacé pour permettre l’élargissement de la rue ouest au cours du XXe siècle, alors qu'il était placé à l’entrée opposée, au nord-ouest du cimetière. En outre, on a cru bon de le désorienter, c'est-à-dire de tourner la face principale vers l'est, alors que la règle, et la symbolique de la mort, veut que le Christ en Croix soit tourné vers l'ouest, coté du coucher du soleil. Hélas, cette licence que se permette les décideurs est fréquente.
Si notre visiteur distingue les trois croix, et s'il constate sur la croix principale l'existence d'un croisillon convexe et à deux consoles, il classera ce monument dans la typologie des calvaires bas-bretons (sans croisillon, avec un seul, ou deux croisillons). Mais hélas, les consoles ont ici perdu les statues (sans doute géminées) qu'elles portaient.
La formule adoptée, à trois croix séparées et avec un seul croisillon se montre finalement assez originale, sauf pour les grands calvaires monumentaux de Tronoën ou réalisés par les Prigent à Pleyben en 1555. Un calvaire proche de celui-ci, celui de Pencran, dispose de deux croisillons.
L'autre critère permettant des regroupements, c'est la Marie-Madeleine au pied de la croix, son manteau retombant sur ses reins. On retrouve cette statue bien reconnaissable à Pencran, Lopérec, Sainte-Marie du Ménez-Hom en Plomodiern, La Forest-Landerneau.
Emmanuelle Le Seac’h (Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne) a attribué ce calvaire à Henry Prigent, et on sait que l’atelier de Bastien et Henry Prigent a été actif à Landerneau de 1527 à 1577.
L'un des traits stylistiques de l'atelier Prigent repose sur les trois larmes s'écoulant des yeux de la Vierge et de Jean au calvaire (nous ne pouvons en juger ici puisque ces statues sont absentes des croisillons), de la Vierge de Pitié et de Marie-Madeleine. Sur ces deux sculptures, les larmes sont absentes (ou indiscernables).
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Description.
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Sa première et principale description est celle d'Yves-Pascal Castel pour son Atlas des Croix et calvaires du Finistère sous le n° 2694 Saint-Divy entrée est. Elle a été rédigée en 1980.
Les trois croix érigées sur les pilastres de la porte forment un monument de 7 mètres de haut en granite (soubassement) et kersanton (fût et statues). Le fût central, rond comme ceux des larrons, porte des écots, et Marie-Madeleine est agenouillée à son pied . Les culots de l'unique croisillon sont vides. Le nœud du croisillon porte coté principal la date de 1562 sous une inscription non déchiffrée, et l'écu des Rohan dont une des neuf macles est martelée. La croix est à fleurons feuillagés, au dessus de la statue d'un saint évêque portant une croix, tandis qu'un Christ au lien et une Vierge de Pitié occupent le revers.
Les lichens en altèrent déjà la lecture.
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Selon une tradition populaire tenace mais guère validée, le fût à écots témoignerait d'une épidémie de peste, par comparaison (guère crédible visuellement ici comme ailleurs) entre les écots et les bubons (abcès) de la peste bubonique.
Mais si on ouvre les yeux sur la réalité, ce sont bien des amorces de branches écotées qui sont sculptés, avec des tranches de section bien nettes, faisant du fût un arbre taillé pour le supplice, et reprenant la réflexion théologique initiée par sainte Hélène et développée dans la Légende de la Vraie Croix. L'arbre de la Croix aurait poussé sur la tombe du vieil Adam à partir de l'Arbre de Vie, et le Christ crucifié s'y présente comme le Nouvel Adam. Les fûts de l'atelier Prigent portent ces écots par exemple sur la calvaire monumental de Plougonven (1554) et sur celui de Pleyben (1555)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vraie_Croix
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Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
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LA FACE PRINCIPALE. LE CHRIST ; SAINT DIVY ; INSCRIPTION DATÉE ; LA MADELEINE ÉPLORÉE.
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Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
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Le Christ en croix.
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Au sommet de la croix, les lettres I.N.R.I du titulus sont de belle facture, perlées, aux hampes bifides, et s'inscrivent sur un phylactère aux extrémités élégamment torsadées.
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Le Christ, tête couronnée d'épines inclinée sur la droite, les yeux clos, porte un pagne noué sur le coté gauche.
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Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
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Saint Divy en évêque.
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Saint Divy, fils de sainte Nonne, est le patron de l'église paroissiale, église où sa vie est peinte sur les lambris, mais il très représenté aussi à Dirinon, où il donne aussi son nom à une chapelle et à une fontaine.
Il est un peu rapide d'écrire qu'il est représenté en évêque, car malgré la mitre, les chirothèques, les pantoufles épiscopales et la chape, il tient une croix à trois extrémités pommées, plutôt qu'une crosse. Laissons cette subtilité aux spécialistes du saint, de son iconographie en Bretagne et Outre-Manche.
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Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
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L'inscription datée de 1562.
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De cette inscription en caractères gothiques occupant le nœud du croisillon, seule la date, inscrite dans un cartouche en forme de parchemin aux extrémités enroulées en cornets, est parfaitement lisible : 1562.
L'inscription sculptée en réserve sur deux lignes dans des cartouches aux contours perlés n'a jamais été déchiffrée par les auteurs de référence, alors qu'elle semble accessible à une lecture pour peu qu'on s'en donnerait les moyens (accès rapproché ; éclairage adapté ; voire relevé par estampage comme le pratiquait ailleurs l'abbé Castel).
Dans l'ombre des arbres, je débute ici une première tentative afin de stimuler les érudits et les édiles (en rouge les éléments certains) :
P. LE GUERN
LORS : DE
1562.
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Le site Geneanet ne mentionne le patronyme Le Guern qu'à partir de 1672 à Saint-Divy (ou à Landerneau), mais cela témoigne peut-être des lacunes des actes paroissiaux. Néanmoins, cela incite à préciser mon incertaine lecture.
Une autre possibilité est de lire IORS, comme sur le socle de l'enclos portant l'inscription "LE PREMIER IOR DAOUEST L’AN MIL VCV, en belles lettres gothiques" (Castel, atlas n° 2693). Mais je ne parviens pas à intégrer cela dans l'emplacement disponible. Et le L est certain.
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Pour placer cette date de 1562 au sein de la production des Prigent (dont quelques œuvres sont datées), notons que la première date est celle du saint They de Plouguerneau (1527), puis du bénitier de Tréflez (1545), suivie par celle du calvaire de Plougonven (1554), de celui de Pleyben (1555), ou de Guisseny (1555), de la sainte Apolline de Pencran (1555), du porche de Landivisiau (1554-1565) et de celui de Guipavas (1563), de la croix de Kerabri en Lothey (1556), de la croix de Brondusval à Plouider (1562), du moine cordelier d'Irvillac (1566), du calvaire de Guiclan (1577). (E. Le Seac'h)
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Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
-chapelle Saint-Tugen en Primelin, contrefort sud-ouest.
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Les points communs (avec des exceptions à chaque fois) sont la posture agenouillée bras écartés, regard et tête levée ; les trois larmes ; le bandeau occipital ; la robe serrée par une ceinture nouée ; le manteau retombant en un éventail plissé derrière les reins ; le pot d'aromates.
Parfois (Plougonven), la sainte regarde vers le bas, et ouvre son flacon.
Ici, ces éléments sont présents, hormis les trois larmes. Le bandeau occipital, un large tissu de trois torons, vient entourer par des spires les longs cheveux devant la poitrine. La robe est luxueuse, avec deux manches ou fausses manches bouffantes, un épais plissé laissant deviner la préciosité de l'étoffe, et un revers de poignet en torsade. La ceinture, simple bande d'étoffe, est nouée en rosette.
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Je prends plusieurs clichés du visage pour y rechercher les larmes, recherche difficile en raison de la prolifération des lichens. En outre, ces larmes ne sont parfois bien visibles qu'à jour frisant. Mais je n'en vois pas la trace.
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L'ombre de la croix tourne comme l'aiguille d'un cadran autour de la sainte.
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Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
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LA FACE SECONDAIRE. LE CHRIST AUX LIENS ; LA VIERGE DE PITIÉ ; LES ARMES DES ROHAN.
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Le Christ aux liens.
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Comparer aux statues issus de l'atelier des Prigent (E. Le Seac'h) :
-Guisseny, calvaire n° 706
-Loc-Brévalaire, calvaire, atlas n°1160.
-Saint-Servais, calvaire atlas n° 2821
-Le Tréhou calvaire atlas n° 3063
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Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
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La Vierge de Pitié.
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Comparer aux Vierges de Pitié et aux Déplorations des Prigent (E. Le Seac'h):
Et plus généralement voir Castel, Les Pietà du Finistère, SAF. Ou taper vierge de pitié ou pietà sur l'onglet "rechercher", qui est là pour ça.
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La première chose que je dois dire, c'est que je suis venu ici, devant ce calvaire, pour chercher les larmes de la Vierge. Et que, comme pour Marie-Madeleine, je ne les ai pas trouvé, les larmes de Marie. Malgré le zoom, malgré l'éclaircissement du cliché cherchant à pénétrer l'obscurité du visage voilé.
Le visage est grave et beau, recueilli sur son intériorité plus que douloureux, les lèvres sont desserrées.
La Vierge est voilée dans son manteau, son corps formant une pyramide à base étroite, elle est en position de chevalier servant, le genou gauche posé à terre tandis que le genou droit soutient le dos du Fils, la main droite soulevant le flanc. Sa main gauche élève le bras gauche du Fils. Ainsi, le corps défunt du Christ forme une diagonale orientée vers le haut et la gauche, mais cette diagonale est brisée en quatre segments en M, et les deux bras, l'un vertical et l'autre horizontal, la traverse en croix. C'est le schéma le plus constamment adopté par l'atelier Prigent pour ses "pietà".
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Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
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Les armes des Rohan.
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Un autre calvaire des Prigent porte le blason armorié aux armes d'un seigneurs prééminenciers et/ou commanditaires, la croix de Saint-Sauveur à Kerlouan (Poulpry), et hormis les calvaires, d'autres œuvres sont blasonnées, à Plourin-Ploudalmézeau, à la chapelle N.-D. de Traon de Plouguerneau. À La Forest-Landerneau, le calvaire du cimetière bas porte les armes de France et de Bretagne (hors atelier ?).
Les armes des Rohan comporte un nombre variable de macles (losanges évidés), le plus souvent neuf comme ici, posées 3, 3, 3, où le dernier a été martelé.
Les armes des Rohan sont présentes à Landerneau (fondation du pont en 1510 et de l'hôpital Saint-Julien en 1521), ou, dans la vallée de l'Elorn, à La Martyre et sur le porche de La Roche-Maurice. On peut les trouver aussi à Sizun, sur l'ossuaire, ou, en Morbihan sur le château de Jean II à Josselin, ou à Quimper sur le palais épiscopal de Claude de Rohan son fils, ou à Daoulas, à Merléac, etc, etc.
Saint-Divy étant une ancienne trève de La Forest-Landerneau (sur l'Elorn juste en aval de Landerneau), ce sont celles de Landerneau qui sont les plus significatives. Mais en 1562, date de ce calvaire, ni Jean II, ni ses fils Jacques (1478-1527) et Claude (évêque de 1501 à 1540), ni sa fille Anne (1485-1529) héritière du titre,. Après son mariage avec Pierre II de Rohan-Gié, leur fils René Ier de Rohan (1516-1552) donne naissance à Henri Ier qui devient le 19ème vicomte de Rohan et adhère au protestantisme.
Il est impossible, à défaut d'archives, de savoir si ces armoiries témoignent d'une donation et d'une commande pieuse de Henri Ier de Rohan, alors qu'il ne fréquente pas le Léon mais le château de Blain, où il devient le protecteur du culte réformé comme à Josselin et Pontivy.
Pour ma part, j'y vois plutôt l'effet de la vigilance de ses lieutenants pour faire exercer ses droits, comme sur l'ossuaire de Sizun vers 1585.
Les armes figurent sur un calvaire de Camaret daté de 1538 (Atlas n° 175), ou encore sur la Croix de Penmarc'h à La Roche-Maurice, daté de 1625.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
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LES DEUX LARRONS SUR LEUR GIBET.
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Conformément à l'iconographie des calvaires bas-bretons et des enluminures, l'une des jambes est liée au gibet, tandis que l'autre est pliée à 90° pour témoigner du texte évangélique dans lequel Pilate donne l'ordre aux soldats de briser les jambes des larrons pour mettre un terme à leur agonie (en leur ôtant l'appui nécessaire pour respirer).
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Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
Le calvaire (kersanton, 1562, Prigent) de l'entrée de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile.
L'existence d'un lieu de culte à Trévarn est attestée dès le XIIe siècle : lors de la seconde fondation de l'abbaye de Daoulas en 1172 par Guiomar de Léon et sa femme Nobile, l'église Sanctii Baharnii lui fut donnée à perpétuité. Jusqu'en 1805 elle constituait une trêve de Dirinon. L'édifice actuel est daté par inscriptions intérieures et extérieures : les travaux de construction s'échelonnent entre 1682 et 1701.
Le toponyme, anciennement Treb Baharn, puis Trevaharn, qui avait en 1324 la forme Treffbarn trouve là son explication : du breton treff "trève" ou "habitat" et Barn, Baharn nom de saint.
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L'ensemble cultuel, à savoir la chapelle en totalité, le calvaire, les murs de clôture et la fontaine de dévotion est inscrit MH par arrêté du 18 août 1998.
Ce calvaire occupe le coté sud du placître (l'enclos) de la chapelle de Trévarn. Mais il est antérieur à la chapelle actuelle, car le style des sculptures le date du XVIe siècle. Il a été restauré une première fois par Roland Doré —dont le style toute en finesse se reconnaît très bien sur le Christ en croix et sur une tête de Sainte Femme —, et une seconde fois en 1995, grâce à l'Association des Amis de Trévarn et du Patrimoine. À cette occasion, une étude a dû être menée par des experts, et sa lecture serait passionnante, mais elle n'est accessible en ligne.
On peut remarquer, pour estimer la date de son érection, que, sur le territoire de la commune de Saint-Urbain, la croix en kersanton de Croas-Madec porte la date de 1570, que le calvaire en kersanton de l'église est daté de 1575, celui de Cleuz Braz celle de 1580 (ou, Atlas, 1518), tandis que celui du Quinquis porte sur son fût la date de 1543.
Mais puisque Trévarn était une trève de Dirinon, c'est à cette paroisse que nous devons nous intéresser : elle possède encore deux croix du Moyen-Âge, cinq croix du XVe siècle (Ty Croas, Cimetière, Bourg, le calvaire de Croas ar Vossen de La Grange, et Kerniouarn), quatre croix du XVIe siècle (Kermélénec vers 1550, Kergavarec en 1595, Comenec et Trébéolin), et le calvaire de La Croix Rouge réalisé par Roland Doré vers 1640.
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Ce calvaire est décrit dans l'Atlas des croix et calvaires du Finistère par Yves-Pascal Castel en 1980, avec un beau dossier photo de G. Lemoine 2009 sous le n°2882 :
2882. Trévarn, chapelle, l. k. XVIè s., vers 1630. Trois degrés. Socle cubique. Fût rond, écots, Christ lié, console-masque. Croisillon, entrelacs, culots godronnés, statues géminées: Vierge-Paul Aurélien, Jean-Pierre, au revers, angelots nus tenant la couronne d’épines. Croix, fleurons-boules godronnés, crucifix, groupe de la Vierge de Pitié, une tête refaite par Doré. Croix disparue: Pouldour. [YPC 1980]
Mais 15 ans plus tard, et juste avant la restauration de 1995, Yves-Pascal Castel en donna une description et une analyse précieuse. Je me suis permis de l'annoter (en rouge) :
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"Comme tout enclos d'église, Trévarn, trève paroissiale ancienne de Dirinon avait sa croix. On a exhumé récemment le socle de schiste du monument qui précéda le calvaire actuel. On peut découvrir cette dalle derrière le tronc d'un gros chêne à l'ouest de l'enceinte : il porte en son centre une cavité de 25 cm sur 35 cm approximativement, et ces dimensions correspondent à l'embase rectangulaire du fût.
Celui-ci fut érigé vers 1550 par un atelier de pierre de kersanton héritier du style du grand atelier de Bastien et Henry Prigent qui élevèrent le grand calvaire de Plougonven.Ce même atelier des Prigent, actif de 1527 à 1577, a sculpté le saint Antoine qui borne l'entrée dans l'enclos, du coté droit. Emmanuelle Le Seac'h a identifié (Les ateliers de sculpture sur pierre de Basse-Bretagne ...) trois "héritiers" des Prigent, dont l'un est actif à Pleyben en 1555, l'autre, désigné sous le nom pour moi douteux de "Fayet", actif de 1552 à 1563, et dont le style se confond avec celui des Prigent et ne correspond pas à celui de l'anonyme de Trévarn, et enfin Jacques Mazé, actif à Plounéventer en ... 1679 !
À l'atelier Prigent a succédé (dans le temps et le lieu landernéen, et peut-être par compagnonnage) celui du Maitre de Plougastel, actif de 1570 à 1620, et dont les calvaires se remarquent par les hiératisme sévère des personnages.
Ici, à Trévarn, tout comme à La Magdeleine de Briec-sur-Odet, nous pouvons retenir deux caractéristiques stylistiques assez faciles à reconnaître : les cheveux en boule de saint Jean, et des mains très malhabilement exécutées, en large palette digitée. On peut ajouter des drapés de Marie et Jean comparable entre les deux sites. Les éléments propres aux Prigent, les trois larmes des éplorés du Calvaire et des Déplorations, la forme en ovale des figures, la manière de disposer les cheveux avec un jour entre les mèches et l'épaule, les replis accentués des voiles "coqués" de la Vierge, sont absents.
Vu les boutons que porte le fût de Trévarn on se demande si l'érection du monument n'est pas consécutive à quelques recrudescence de la peste sur ces bords-ci de l'Elorn.
L'hypothèse qui attribue les écôts des fûts de calvaires bretons à des épidémies de peste en les comparant à des bubons, d'où leur surnom de croas ar vossen "croix de peste" relève plutôt, de l'avis même de l'abbé Castel, de la légende ; une hypothèse plus sérieuse y voit le rappel que la croix s'apparente à l'Arbre de la Connaissance, pierre d'achoppement d'Adam et Ève qui rendit nécessaire la Rédemption. Ou plutôt de l'Arbre de la Vie, dont une graine a germé, selon la Légende Dorée, de la bouche d'Adam pour former un arbre du Temple de Salomon, une poutre pour la piscine de Siloé, avant de fournir le bois de la Croix.
je crois qu'il s'agit plutôt de l'autre arbre de l'Eden,si l'on s'accorde pour effacer les bubons de la peste, l'arbre de Vie dont la graine placée dans la bouche d'Adam devait faire surgir un arbre pour le Temple de Salomon, une poutre pour la piscine de Siloé, avant d'être retrouvé pour fournir le bois de la croix, selon la légende dorée.
En revanche, on est sûr qu'il subit une grave agression trois ou quatre décennies après sa création. En effet, vers 1630, l'atelier landernéen de Roland Doré est appelé pour le réparer.
Les nombreuses restaurations effectuées à cette même époque semblent devoir être mises en relation avec les dégâts occasionnés au cours des troubles de la Ligue. Roland Doré restaure vers 1630 le calvaire du Quinquis et réalise un Crucifié comparable à celui de Trévarn. Il réalise aussi le calvaire de La Croix Rouge à Dirinon.
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Un monument attachant.
Au travers de ses avatars, l'analyse fine du monument n'en demeure que plus intéressante. Sur un emmarchement à trois degrés le socle cubique porte un fût à écots sur lequel est représenté le Christ lié, un roseau à la main, évoquant la scène de la Passion appelée Dérision du Christ. Le relief pris dans le même bloc que le fût est soutenu par une console au large masque, pur ornement sans signification religieuse particulière.
La branche terminée par des culots à godrons est ornée d'entrelacs et sur le revers deux angelots nus présentent une large couronne d'épines. Les statues géminées, c'est-à-dire à double face, sont à gauche la Vierge à laquelle s'adosse saint Pol terrassant le dragon, et à droite saint Jean appuyé à un saint Pierre. Ce saint Pierre inhabituel n'est pas représenté en apôtre, mais en pape, coiffé de la tiare.
Au revers du crucifix, une Déposition de croix groupe autour de Notre-Dame-de-Pitié portant son fils mort, une sainte femme et une Marie-Madeleine.
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Restauré par Roland Doré vers 1630.
Le travail de restauration du calvaire par Roland Doré n'a pas été une petite affaire. Le sculpteur de Landerneau refait de neuf le Christ, ménageant des trous latéraux dans le pagne destinés à fixer les anges porteurs de calices pour recueillir le sang du crucifié. Cette manière de faire particulière à l'atelier de Roland Doré s'est révélée peu efficace car peu solide. Les anges sont un jour tombés. L'un d'eux a été placé dans la fontaine de dévotion au Nord de la chapelle. Un second a été retrouvé dans le bénitier de la chapelle.
Roland Doré a eu d'autres problèmes à régler. Conservant le corps primitif du saint Jean, il en retaille la tête qui était fort abîmée. [ en légende de la photo de cette statue : "Roland Doré a retravaillé la tête de l'apôtre, dans le bloc même de la précédente qui avait subi de légères mutilations"]. On le voit bien, le style de cette tête, quelque peu menue, ne correspond pas à celui du bas du personnage. Voir discussion infra. En revanche, la tête de la sainte femme à gauche de la pietà étant trop mutilée, Doré en sculpte une nouvelle sans trop se préoccuper du raccord visible sur l'arrière.
Les anciens étaient respectueux du plus humble vestige, le Christ, trop mutilé pour être conservé dans la restauration de 1630, se trouve aujourd'hui posé dans une niche à la façade de l'église paroissiale de Saint-Urbain.
Et l'on se sera peut-être étonné de rencontrer sur ce calvaire cornouaillais, la représentation de Paul Aurélien et non pas celle de saint Corentin. Nous sommes ici sur un territoire proche de Daoulas qui releva longtemps des comtes de Léon et la commune de Saint-Urbain possède un lieu-dit toujours nommé Kerbaol.
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Restauration de 1995.
La restauration actuelle entreprise grâce au journal « Le Pèlerin » va être de réalisation délicate. Le restaurateur de 1995 aura à résoudre des problèmes différents de ceux auxquels fut affronté Roland Doré il y a trois cent cinquante ans. Il s'agit certes avant tout de consolidation d'un monument en relatif bon état. Mais saura-t-on y replacer les anges qui recueillent le sang ? Aux responsables de réfléchir.
L'équipe des restaurateurs bénévoles de Trévarn était composée de Jeanne Jézéquel, Marie-Louise Richard, Hélène Kernéis, Jean-Paul Kernéis conseiller municipal, et Francis Jézéquel, conseiller paroissial. Le président de l'Association était Jean-Luc Richard.
Les anges n'ont pas été replacés.
Et puis profitera-t-on de la liberté qu'on a ici ? Le calvaire n'étant point classé monuments historiques — il le sera en 1998 —, on pourrait envisager de le mettre en valeur. Les sculpteurs d'antan livraient rarement leurs œuvres brutes, sous le coup de l'outil. Ils confiaient au peintre le soin d'en faire de grandes choses polychromes. Une première qui vaut la peine d'être tentée. https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/bc9edb4c78f76877bd9fc64969d3156d.jpg
Le projet de rendre au calvaire sa probable polychromie (dont il ne reste aucune trace) n'a pas été retenu. Une association "Quand les calvaires étaient peints" a repeint trois croix de Plougastel-Daoulas. L'un des mérites de cette idée est, à mes yeux, de protéger sans doute les œuvres de l'attaque, parfaitement révoltante, des calvaires par les lichens nitrophiles, mais d'autres procédés plus conservateurs de lutte contre les saprophytes, et qui préserveraient l'exceptionnelle beauté du kersanton brute, auraient ma préférence.
On verra ici combien le visage de saint Jean, défiguré par les excroissances blanches ou grises des lichens, perd sa lisibilité, et, accessoirement, ne permet plus d'analyser finement l'intervention de Roland Doré.
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Sur cette restauration, voir le dossier photo du blog de l'Association des Amis de Trévarn
En mai 1995, Yves-Pascal Castel, comme pour répondre à ma sainte colère contre les lichens écrit dans un bref article :
"On a pu admirer le travail accompli par Michel Cann de Plounéventer qui a lavé les sculptures. Désormais, les sculptures apparaissent telles qu'elles sont sorties il y a bientôt un demi-millénaire du ciseau des sculpteurs de kersanton. Et le plus étonnant, c'est que chacun s'accorde à dire que débarrassé de ses lourds et disgracieux lichens, le calvaire resplendit de jeunesse. Les "putti" du revers du nœud, en particulier, révèlent la maîtrise des sculpteurs d'antan."
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En août 1995, Yves-Pascal Castel revient sur la description de ce chantier à l'occasion de la bénédiction du calvaire :
"Le remontage récent du calvaire confié à Michel Cann de Plounéventer a été fait de manière originale. Après avoir ceinturé le fût auquel était resté scellé le socle, le tout soulevé fut maintenu en suspens au milieu de l'échafaudage. Cela resta ainsi, tout le temps qu'il fallut pour réorganiser l'assise des degrés du triple emmarchement. On sait que dans cette partie des calvaires les pierres se disjoignent suite à l'envahissement de la végétation et au lavage des joints par les pluies. Il en est qui sont aussi bousculées par des engins lourds qui les accrochent par mégarde. Si on ne remédie pas à ces déplacements, minimes dans les débuts, des désordres graves se produisent qui peuvent entraîner la chute du monument.
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Le dimanche 27 août, l'abbé Kerléguer a procédé à la bénédiction du calvaire dûment consolidé et lavé afin de permettre de mieux en apprécier les sculptures et partant les personnages posés sur es branches.
François Lair du Pèlerin Magazine était présent, ainsi que Alain Denéchaux, président de l'Association Notre-Dame-de la Source, très impliqué dans la sauvegarde de ce qu'on pourrait appeler le petit patrimoine religieux."
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LA FACE PRINCIPALE. LE CRUCIFIÉ ENTRE LA VIERGE ET JEAN. LE CHRIST AU LIEN.
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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Le Christ crucifié (kersanton, Roland Doré vers 1630).
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"Les représentations du Crucifié [de R. Doré] sont caractérisées par des corps allongés, aux longs bras noueux et aux torses presque rectangulaires avec les muscles de l'abdomen en forme de poire. Les veines du cou sont saillantes, le Crucifié penche la tête sur le coté droit, les yeux clos. Les pagnes plats sont noués sur le coté gauche. Les visages sont presque émaciés, les joues creuses mangées par une barbe et une moustache aux mèches fines. Les crucifix courts dont le canon est à cinq têtes se différencient des crucifix longs à sept hauteur de tête. " (Le Seac'h)
On remarquera aussi la chevelure qui forme un voile triangulaire de la couronne jusqu'aux épaules.
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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"Dans la manière dont Doré a taillé ce Christ, on remarque un détail difficile à expliquer. Auprès de la grosse tête de clou en relief aux creux de chaque paume, est percée une petite cavité peu profonde. Nécessaire, pour fixer le condamné au gibet quand il s'agit d'un Christ en bois, on ne voit nullement la nécessité de pratiquer ce trou dans un Christ en kersanton. Est-ce un clin d'œil malicieux lancé aux ouvriers du bois affairés dans le même temps sur la charpente de l'église ?" (Y.-P. Castel 1995)
L'explication que je suggère est d'imaginer deux anges placés en diagonale entre les mains du Christ et son torse, et tenant le calice qui recueille le sang des plaies (comme nous en avons tant d'exemples, même s'ils sont rares chez R. Doré) : ces trous servent alors à leur fixation.
Le même détail se remarque sur le calvaire de Seven-Léhart.
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La Vierge au calvaire (anonyme, kersanton, vers 1550).
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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Saint Jean au calvaire (anonyme, kersanton, vers 1550).
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Je suis incapable — en partie à cause des lichens — de reconnaître ici l'intervention de restauration de Roland Doré. En tout cas, elle est fort minime, car les belles têtes de saint Jean de ce sculpteur, très caractéristiques avec des chevelures proches de perruques bouclées, et très vivantes, n'ont rien à voir avec celle-ci.
"Comme beaucoup d'ouvrages du genre, le calvaire de Trévarn a subi les outrages aux temps troublés de la Ligue. Si bien que, comme on le constate en d'autres endroits, le célèbre sculpteur landernéen Roland Doré a été appelé par la fabrique pour refaire entièrement le Christ. Il en profita pour retailler à même le bloc, avec son ingéniosité habituelle, la tête du saint Jean objet d'avaries de la part de gens qui s'arrêtèrent néanmoins leurs marteaux face au visage de la Vierge." (Castel)
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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Comparez avec le saint Jean du calvaire de la chapelle de la Magdeleine à Briec : le port de tête fortement inclinée et tournée vers le Christ, le livre sous le bras, le pli du manteau formant une boucle, la ceinture, et, une fois encore, les cheveux en boules, sont identiques.
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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Le Christ aux liens (anonyme, kersanton, vers 1550).
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Cette façon de sculpter en moyen relief un personnage inclus dans le fût, ce qui suppose un débitage important du bloc de pierre initial, est un point commun de nombreux calvaires de Basse-Bretagne.
Le Christ, les bras liés devant le bassin, tient, en dérision de la prétention qu'on lui reproche à la royauté, un roseau en guise de sceptre, sa nudité est recouverte d'un manteau (cape) pourpre, et on l'afflige d'une couronne tressée dans des rameaux épineux. Sa figure devient un exemple de l'abnégation devant les épreuves.
Je ne peux me livrer ici à une iconographie comparée des Christ aux liens de nos calvaires, mais on peut consulter ce travail de Charlotte CIRRET:
Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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Le culot : un masque disgracieux (anonyme, kersanton, vers 1550).
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On peut y voir une figure démoniaque, équivalent des diablotins qui occupent sur de nombreux calvaires le revers des bras des croisillons.
Ou le vieil Adam ?
Ou, mon hypothèse préférée, l'un des hideux bourreaux ?
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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LA FACE ORIENTALE. UNE DÉPLORATION ENTRE SAINT PIERRE ET SAINT POL AURÉLIEN. DEUX ANGES PORTANT LA COURONNE D'ÉPINES.
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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La Déploration à quatre personnages (kersanton, anonyme, vers 1550).
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Le dos du Christ, déposé de la croix, dépourvu de sa couronne d'épines , repose sur le genou droit de la Vierge, son bassin sur le genou posé à terre de sa Mère, tandis que sa tête est soutenu par une des saintes femmes (Marie Salomé ou Marie Jacobé, au choix). Son bras droit retombe sur les pieds de Marie, sa main gauche est posée sur le pagne. Seule la plaie du flanc nous est montrée.
La Vierge, les bras croisés devant la poitrine, contemple son visage, d'un air grave. Elle porte, comme il se doit, le voile (au pli à peine marqué au dessus du front) et la guimpe.
Comme toujours, c'est sainte Marie-Madeleine qui me séduit le plus. Non seulement parce qu'elle choisit toujours la meilleure part, la plus humble, cette place près des pieds de son Maître, son Rabouni, qu'elle vénère et qu'elle a jadis baigné d'un parfum hors de prix. Mais aussi parce qu'elle brille par son élégance, ses cheveux défaits et longs, forcément blonds, par sa robe au décolleté carré, par son bustier moulé sur la poitrine (pas un pli), ses manches plissées, par sa taille fine soulignée par une ceinture dont la boucle et l'ardillon, tout comme l'extrémité libre qui retombe verticalement, sont soigneusement détaillés et qui donne le départ de l'éventail du plissé de la robe.
Elle tient une albarelle dotée de son couvercle, et qui contient les aromates destinées à l'embaumement.
Son lourd manteau a glissé de ses épaules et est retombé au dessus de ses reins. Ce détail n'est pas anecdotique, puisqu'il s'agit d'une des caractéristiques de Madeleine au pied de la Croix des calvaires sculptés par les Prigent.
Voir le dernier article qui donne à voir ce détail et en recense l'iconographie :
Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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Le visage de la sainte femme (kersanton, Roland Doré, vers 1630).
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Il pourrait servir d'archétype de l'art doréen, avec ses paupières soulignant d'un double trait leur forme en amande acérée, ses yeux en drupe et ses pupilles creuses, son nez à la tige fine s'évasant en triangle, sa bouche petite, concave et lippue ou son menton pointu. C'en est en tout cas un bel exemple.
Une fissure en diagonale la menace.
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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La Vierge.
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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Marie-Madeleine.
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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Les anges nus présentant la couronne d'épines sur le nœud du croisillon (kersanton, anonyme, vers 1550).
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Ce tableau faisait l'admiration de l'abbé Castel :
"Érigé dans les années 1550, le calvaire de Trévarn, traditionnel comme tout calvaire analogue, montrait néanmoins une trace de modernité, dans le couple de jumeau qui tient la couronne d'épines au revers du nœud. Les anges médiévaux aux longues tuniques bien plissés ont laissé place ici à des putti ailés entièrement nus, bien dans le ton de la Renaissance et de l'âge classique qui s'annonce."
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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Saint Pierre en pape portant la tiare (kersanton, anonyme, vers 1550).
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Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
Le calvaire (vers 1550 et 1630) de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photographie lavieb-aile 3 juillet 2021.
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Saint Pol Aurélien tenant le dragon en laisse avec son étole (kersanton, anonyme, vers 1550).
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On connait sans-doute la légende selon laquelle Pol Aurélien, né au pays de Galles et ayant traversé la Manche pour évangéliser l'Armorique, débarrassa l'île de Batz et la région de Roscoff du dragon qui l'infestait, métaphore du paganisme, en l'asservissant de son étole. Il deviendra le premier évêque du diocèse de Saint-Pol-du-Léon au VIe siècle.
Vous pouvez réviser en lisant mon commentaire sur la jouée des stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon : vous y trouverez le texte des Vita du saint.
— CASTEL (Yves-Pascal), 2001, Les Pietà du Finistère. numéro 69 de la revue Minihy-Levenez de juillet-août 2001. L'auteur y étudie une centaine de Pietà et de Déplorations.
"La commune de Saint-Urbain, située à quelques kilomètres au sud de Landerneau, a été constituée, lors de la Révolution, par la réunion de deux trèves détachées de la paroisse de Dirinon et devenues communes en 1790 : la trève de Saint-Urbain et la trève de Trévarn. En 1792, la commune de Trévarn fut rattachée à Saint-Urbain. Après le Concordat, Saint-Urbain devint paroisse, Trévarn n’étant plus que simple chapelle, dédiée à Notre-Dame.
C’est son statut d’ancienne église tréviale qui explique sans doute l’importance de cette dernière. L’existence d’une église en ce lieu est attestée depuis le Moyen Âge : en 1219 est mentionnée là une ecclesia sancti Baharni (nom de saint obscur) ; en 1324, le village portait le nom de Treffbarn. Ultérieurement, l’église fut dédiée à Notre-Dame-de-Pitié. Aujourd’hui, le placitre est entouré d’un mur d’enclos que l’on franchit par une ouverture encadrée de deux piliers supportant les statues en kersanton de saint Sébastien et de l’ermite saint Antoine. Un calvaire du XVIe s. porte une représentation du Christ aux Liens, une autre du Christ en Croix, le groupe d’une Pietà et, sur les extrémités de la traverse, deux saints dont saint Pierre. Les têtes du Christ en Croix et d’une sainte Femme, dont le style diffère de celui des autres, portent la marque de l’atelier du sculpteur landernéen Roland Doré (première moitié du XVIIe siècle). Hors de l’enclos, une fontaine de dévotion est l’indice, très vraisemblablement, de l’origine ancienne du lieu de culte.
L’église, en pierre de Logonna aux chaudes couleurs, a été construite à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe s. (plusieurs inscriptions portent les dates de 1666, 1683, 1700, 1701, 1719), selon un plan simple de croix latine, avec une abside à pans coupés. La façade occidentale est très dépouillée : un grand mur-pignon dans lequel s’ouvre un portail en plein cintre avec entablement en faible saillie, reposant sur deux colonnes en kersanton, le tout surmonté d’un clocher à une seule galerie, deux chambres de cloches et une courte flèche. Du côté sud, le transept fait une énorme saillie sur le mur gouttereau : de façon inhabituelle, il est percé d’une grande fenêtre et d’une porte en plein cintre datée 1700, (dont l’agrafe représente un angelot) ; elle est flanquée de deux pilastres ; son fronton cintré abrite une statuette de la Vierge. Une porte identique s’ouvre sur la nef, mais l’agrafe est ici constituée d’une simple volute. Une petite sacristie d’angle a été construite entre le bras sud du transept et le chevet.
Les travaux récents n’ont pas encore permis la remise en place de la totalité du mobilier. Le maître-autel en tombeau galbé n’est plus surmonté du retable qui datait de 1781 ; le groupe de la Pietà à quatre personnages, en bois polychrome (XVIIe s.), ainsi qu’une statue de saint Étienne, revêtu de sa dalmatique de diacre, tenant d’une main la palme du martyre et de l’autre les pierres de sa lapidation, reposent sur le plancher du chœur. La chaire à prêcher a été démontée, et une partie de ses éléments sont remisés dans le bras nord du transept, où un autel est surmonté d’un grand retable du Rosaire, en bois polychrome : dans le corps central, le tableau qui représentait l’Enfant Jésus debout sur le globe du monde, a disparu – il avait lui-même succédé à une représentation du groupe du Rosaire -, mais subsistent treize médaillons sur les quinze traditionnels, et une longue inscription en breton, datant du xixe siècle : Ra zeuio en hano Jesus / Peb glin da staouet en ÂÂ / var an Douar ac en ifern / a ra zeui peb Teod da anzao / penaus on autrou Jesus Christ / a so asezet e gloar Doue an Tad (« Qu’en vienne, au nom de Jésus, / chaque genou à plier, au ciel, / sur la terre et en enfer, / et qu’en vienne chaque langue à reconnaître / comment Notre Seigneur Jésus-Christ / est assis dans la gloire de Dieu le Père ») ; de part et d’autre, des niches encadrées de colonnes torses à pampres abritent, à gauche un groupe de sainte Anne et de la Vierge portant l’Enfant Jésus, à droite un groupe de saint Yves entre le Riche et le Pauvre (groupe qui, à l’origine, ne figurait probablement pas dans ce retable, puisqu’on peut lire sous la niche le nom de Joseph) ; chacune de ces niches est elle-même surmontée d’une niche plus petite servant de cadre à des statuettes d’évêques non identifiés.
Le reste de la statuaire, dans le transept, comprend un panneau de bois polychrome représentant l’Ascension, une statue de la Vierge tenant un livre ouvert sur les genoux de l’Enfant qu’elle porte sur le bras gauche (c’est Notre-Dame de Trévarn), et la statue d’un saint non identifié.
Au fond de la nef, près de la porte occidentale, deux bénitiers en pierre : l’un, en forme de vasque ovale décorée d’un angelot et d’un écusson martelé, porte la date de 1666, un autre, de forme cylindrique, celle de 1776 ; une pierre tombale en ardoise remonte à 1719.
D’importants travaux de restauration ont été entrepris au cours de la dernière décennie. Entre 1992 et 1996, avec l’aide d’une association locale, la commune a fait procéder à des interventions sur le clocher et la nef. À cette occasion, de graves désordres sont apparus dans la charpente, et un échafaudage de soutien fut placé dans le chœur ; par la suite, la charpente a été entièrement reprise, en gardant le maximum d’éléments d’origine ; arbalétriers, entraits, voliges, couverture d’ardoises ont été changés.
La Sauvegarde de l’Art français a participé au financement de ces travaux pour une somme de 24 392 € qui ont été versés en 2001. "T. D.
— DEBIDOUR (V-H.), 1953, La sculpture bretonne, Rennes 1953, p. 109-116
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Presses Universitaires de Rennes
"L'existence d'un lieu de culte à Trévarn est attestée au 12e siècle : lors de la seconde fondation de l'abbaye de Daoulas en 1172 par Guiomar de Léon et sa femme Nobile, l'église Sanctii Baharnii lui fut donnée à perpétuité. Jusqu'en 1805 elle constituait une trêve de Dirinon. L'édifice présente un plan en croix latine avec transept saillant et chevet à trois pans. Sur le bras sud du transept se trouve une petite sacristie de plan carré, greffée à l'est. L'édifice actuel est daté par inscriptions intérieures et extérieures. Les travaux de construction s'échelonnent entre 1682 et 1701. Dans le placître, côté sud, se trouve un calvaire à personnages restauré partiellement par le sculpteur Landernéen Roland Doré vers 1630."
L'examen des cartes est éloquente. Au sein d'un hameau de cinq ou six demeures, la chapelle et son calvaire (étoile) sont implantés en contre-haut de la fontaine votive (astérisque *), et sur l'autre rive du ruisseau que le manoir de Pargamou dont la chapelle dépendait.
On voit aussi l'actuelle N165 Châteaulin-Quimper qui sépare désormais la chapelle et le manoir, et qui vient raser le cours d'eau.
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Par contre, la carte contemporaine ne montre pas le chemin qui reliait la chapelle et la fontaine sans passer, comme aujourd'hui, par Le Ty Men et son hangar. Remontons le temps, et consultons le cadastre de 1814, où ce chemin (cette route) apparaît. Elle traverse ensuite le ruisseau et appartient à un réseau de chemins reliant entre elles les différents hameaux comme Le Tymen, Lumunoc'h et Parc-a-mou.
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La carte d'Etat-Major rend bien compte du fait que Briec, comme Landrévarzec, est caractérisé par un territoire vallonné habillé par un paysage mêlant bocages et cultures positionné à une altitude comprise entre 44 et 230 mètres . Ce territoire, traversé par de nombreux cours d’eau, renferme également de plusieurs zones humides, tandis que de nombreux hameaux et écarts (habitat isolé) occupent le reste du territoire communal dans un maillage dicté par le réseau hydrographique. Il est par contre difficile d'y imaginer les tracés d'une voie romaine ou d'un chemin de Compostelle passant, paraît-il, à coté de la chapelle.
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C'est cette importance du réseau hydrographique que je voudrais souligner, car c'est lui qui détermine le paysage, mais aussi l'implantation des habitats, l'établissements des moulins (principale source industrielle d'énergie à l'époque), les voies de communication, la fertilité des cultures et donc la richesse économique, mais aussi sans doute l'implantation sans doute très ancienne voire pré-chrétienne, de fontaines à proximité des sources, avec leurs rituels de guérison.