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21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 16:20

Les sculptures extérieures (XVe siècle, vers 1442-1480) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët : héraldique  ducale, et consoles des niches à dais.

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Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët :

Et dans l'église du Faouët.

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PRÉSENTATION.

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1. Un mécénat ducal.

Le chantier de la chapelle Saint-Fiacre est à rapprocher de celui de la chapelle de Kernascleden, portant au transept  les armes de Jean V et de son épouse Jeanne de France (décédée en 1433), chantier peut-être débuté en 1420, mais terminé en 1453 (dédicace). La forme du clocher de Saint-Fiacre, le porche sud ainsi que la sculpture témoignent de l'activité d'un même atelier avec Kernascléden.

Kernascléden avait été précédé par un autre chantier bénéficiant du mécénat ducal de Jean V, celui de Notre-Dame de Quimperlé (v. 1425-1435).

À la fin du XVe siècle sera élevée la chapelle Saint-Herbot, relevant du même mécénat ducal, cette fois de François II et Anne de Bretagne).

Dans ces quatre cas, les armoiries et emblèmes ducales sont sculptées sur les façades, comme déjà à la collégiale du Folgoët (consacrée en 1423), à Runan (vers 1437) et sur les porches de la cathédrale de Quimper (1424-1433), associées à celles des grands seigneurs et prélats bretons.

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2. La construction.

Précédée par un hôpital fondé en 1436 par le seigneur de Boutteville (une pierre porte l'inscription : L'AN 1436 FUT FAIT CEST OSPITAL PAR C (BOUTE) VILE ), la chapelle Saint-Fiacre débuta au milieu du XVe siècle, mais l'érosion trop prononcée de l'inscription de fondation de la façade ouest ne nous permet pas de connaître la date exacte de celle-ci. Un mandement de Jean V, signé et daté du Faouët en 1442, ne faisant aucune allusion au chantier de la chapelle, laisse penser que cette date en est postérieure. 

Le pignon du chevet porte un complexe héraldique, présentée ici, où se reconnaissent les emblèmes des ducs de Bretagne, mais ceux-ci  ne permettent cependant pas de les attribuer avec certitude à Jean V (duc de 1399 à 1442) ou à l´un de ses successeurs, François Ier (1442-1450), Pierre II (1450-1457), Arthur III ou François II (1458-1488), les armes sculptées au chevet de Saint-Fiacre. Quoi qu´il en soit, la date certaine de 1480 portée par le jubé avec la signature de son auteur, Olivier Le Loergan, donne le terminus ad quem du chantier.

Les armes des Boutteville figurent sur un panneau héraldique de la face est de leur oratoire seigneurial, mitoyen au panneau ducal du chevet, et, plus modestement, sur le côté sud du chevet . Jean de Boutteville (1385-1463), fils de Bizien et époux d'Isabeau de Penhoët était seigneur du Faouët jusqu'en 1463, suivi par Jean de Boutteville (1405-) époux d'Alix de Coëtquénan puis par  Jean de Boutteville baron du Faouët et Marie de Kerimerc'h qui fondèrent en 1489 la chapelle Sainte-Barbe. Leur fils Louis et son épouse Jeanne du Chastel placèrent leurs armes vers 1512 sur la tribune et les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe  et sur les sablières et les vitraux  de Saint-Fiacre.

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 L´iconographie des sauvages, apparemment peu utilisée par les ducs bretons, figure toutefois sur un sceau de Jean IV entre 1370 et 1378, et la représentation de la bannière de Bretagne surmontant les armes ducales se retrouve sur les Portes Mordelaises à Rennes, reconstruites au XVe siècle en même temps que l´enceinte de la ville. Ces références ne permettent cependant pas d´attribuer avec certitude à Jean V ou à l´un de ses successeurs, François Ier, Pierre II, Arthur III ou François II, les armes sculptées au chevet de Saint-Fiacre. Quoi qu´il en soit, la date certaine de 1480 portée par le jubé avec la signature de son auteur, Olivier Le Loergan, donne le terminus ad quem du chantier. La verrière est du bras sud a conservé les deux tiers de ses panneaux, dont le style de la fin du XVe siècle semble confirmer l´achèvement du chantier à cette date. Sans préjuger de la réalisation complète ou non du programme décoratif de l´édifice à l´époque gothique, la totalité du reste des verrières date du milieu du XVIe siècle et le réseau de la moitié des fenêtres a été entièrement refait à la même époque.

L´édifice semble n´avoir fait l´objet d´aucune campagne de travaux entre le XVIe et le XIXe siècle : les archives totalement inexistantes jusqu´à cette époque ne renseignent guère. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs séries de travaux d´assainissement tentent de remédier au problème récurrent de l´humidité de la chapelle qui nuit à la conservation du jubé. Ce dernier fait l´objet entre 1862 et 1866 d´une restauration peu convaincante qui remplace des panneaux disparus par des pastiches sans grâce, puis d´une nouvelle intervention en 1951 qui supprime les apports inesthétiques du XIXe siècle et enfin d´une dernière et récente restauration, exigée par un taux d´humidité alarmant, qui a tenté de retrouver l´esprit de la polychromie originelle.

 

 

 

 

 

 

Motifs héraldiques H en rouges. Consoles figurées * en vert.

 

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I. MOTIFS HÉRALDIQUES H1 (EFFACÉS) ET INSCRIPTIONS DE LA FAÇADE OUEST.

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Au dessus du portail de la façade ouest, se trouvent une niche à dais (vide) placée au dessus du fleuron, et trois fausses baies ogivales soulignées d'une accolade à choux frisés, qui devaient accueillir des emblèmes et blasons, et, pour celle de droite du moins, un cartouche à inscription gothique.

 

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Cartouche de gauche.

Le cartouche est vide, mais une banderole en position basse indique une inscription effacée. L'accolade s'appuie sur des masques.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Cartouche de droite de la façade occidentale. Armoiries buchées et inscription non déchiffrée.

L'accolade vient reposer, à droite, sur un masque bifrons, et , à gauche, sur un blason muet.

On lit à la fin de l'inscription : LAN sans avoir accès au chronogramme.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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II. H2. LE PANNEAU HÉRALDIQUE DE LA SACRISTIE. Face Est, fenêtre du premier étage.

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Decrivons d'abord cette sacristie :

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" Le pignon de la sacristie élargit le chevet. La sacristie n'a pas de contrefort. Cependant l'arête de son angle nord-est est chargée d'une niche à dais que couronne un pinacle" (Wikipedia)

La sacristie actuelle est l'ancien oratoire seigneurial des Boutteville, communiquant avec le chœur par un hagioscope. Il s'agit en fait de deux oratoires seigneuriaux superposés. Description :

"Dans le mur nord du choeur, une porte ouvre sur une petite pièce dont la fonction récente de sacristie n´est certainement pas d´origine : cet espace comporte un petit autel, une crédence ainsi qu´une fenêtre basse que son appui presque au ras du sol signale comme un guichet destiné à recevoir la communion agenouillé, dispositions qui permettent d'y reconnaître un oratoire seigneurial. L´escalier qui mène à la pièce de l´étage est moderne et il est difficile de savoir l´emplacement et la forme de celui d´origine, si toutefois il en existait un. À l´étage, une fenêtre à coussièges* ouverte dans le pignon est, une cheminée dans le mur gouttereau nord et enfin, dans le mur surplombant le chœur, une baie actuellement murée qui formait hagioscope*, portant encore sur son linteau les armes des Boutteville, indiquent un autre oratoire seigneurial. Des photographies prises lors de l´enquête de l´Inventaire en 1966 montrent, entre l´oratoire de l´étage et la vis d´escalier, contre le mur nord du chœur, une coursière extérieure en dalles de granite sur corbeaux moulurés. Cette disposition, qui avait sans doute été assez fortement restaurée lors du remontage du mur ouest de la sacristie en 1911, présentait toutefois le grand intérêt de conserver la distribution ancienne de l´étage de l´oratoire. La présence d´un système de coursière semblable sur la façade principale du logis du château du Saint, résidence habituelle de la famille de Boutteville, aujourd´hui détruite, confirmerait l´authenticité du dispositif disparu de Saint-Fiacre."

"Entre 1911 et 1919, le mur ouest de la sacristie menaçant ruine a été refait entre 1911 et 1919. Le mur ouest de la sacristie est alors percé d'une porte au rez-de-chaussée permettant un accès direct depuis l'extérieur. Au-dessus, une autre porte est créée associée à deux fenêtres à meneaux. Cette porte ouvrant alors sur une autre création ; une coursière portée par des consoles de pierre reliant l'étage de la sacristie à l'escalier en vis du bras nord. Cette disposition a été supprimée lors des travaux de restauration des années 1970."

 

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Plan de la sacristie.

 

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Vue de l'escalier et de la tribune depuis le chœur. Photo lavieb-aile.

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Fenêtre murée du mur nord du chœur surmontée des armes des Boutteville : les tenants sont des lions (ou mieux des éopards lionnés) rampants.

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Chœur côté nord, Photo lavieb-aile 2023.

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Vue générale de la sacristie, façade est.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le panneau héraldique.

Sur la façade est, au dessus de fenêtres, un ensemble héraldique rectangulaire est coiffé d'une accolade gothique. Les deux tenants sont des hommes sauvages, barbus, aux cheveux longs, aux jambes et pieds nus. Le caractère sauvage est rendu par les lignes sinueuses du vêtement, pourtant à pans croisés tenus par un bouton.

Les hommes sauvages soutiennent un écu en bannière, aux meubles buchés.

À Runan, un écu, également buché, est présenté par deux hommes sauvages (H9 de mon article). De même à l'église de Champeaux sur des boiseries du XVIe siècle.

En l'abbaye de Daoulas, un homme sauvage présente l'écu de Léon dans la charpente de l'église.

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Bizarrement, ce panneau a été peu décrit. Dans la notice de 1965, il est écrit "sous une accolade flamboyante, un couple désormais mutilé soutient un blason martelé." Pourquoi parle-t-on ici d'"un couple", et, au dessus de la maîtresse-vitre, de "sauvages", alors que c'est l'inverse que l'on observe? Et pour quoi J.J. Rioult ne décrit-il pas cette pierre, et qualifie-t-il le couple du complexe ducal de "sauvages"?  

Lefèvre-Pontalis se contente d'écrire : "Un autre écu s'y trouve ".

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Sur ce cliché, il est possible de deviner la pointe des cinq fuseaux des Boutteville. 

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Détail d'un sauvage.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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III. PANNEAU HÉRALDIQUE DU CHEVET. Sommet de la maîtresse-vitre.  Armes ducales H3 dont les tenants sont un couple nu, avec un cimier  au lion. Lions portant la bannière ducale.

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"Au-dessus de la maîtresse-vitre, l´axe du pignon est marqué par l´importante composition des armes ducales qui occupe toute la hauteur depuis la pointe de la baie jusqu´au sommet du pignon et dont la qualité est encore perceptible, malgré les méfaits de l´érosion. Le fort relief de l´ensemble, les attitudes gracieuses du couple de sauvages qui tiennent l´écu, le lion du cimier traité de trois quarts et la bannière ducale légèrement penchée et flottant au vent confèrent à cette grande composition héraldique une dimension plastique qui affirme de façon brillante un message hautement politique."

 

"Les armes sculptées sur le pignon du chevet, parfois attribuées à tort aux Boutteville, et que Léon de Groër a justement restituées au duc, reprennent tous les éléments héraldiques dont usait celui-ci mais y ajoutent au-dessus de l´écu, sous le heaume, une hermine passante au naturel, et de chaque côté un couple de sauvages servant de tenants, et enfin au sommet du heaume deux lions tenant la bannière au champ d'hermine de Bretagne.

L´iconographie des sauvages, apparemment peu utilisée par les ducs bretons, figure toutefois sur un sceau de Jean IV entre 1370 et 1378, et la représentation de la bannière de Bretagne surmontant les armes ducales se retrouve sur les Portes Mordelaises à Rennes, reconstruites au XVe siècle en même temps que l´enceinte de la ville. Ces références ne permettent cependant pas d´attribuer avec certitude à Jean V ou à l´un de ses successeurs, François Ier, Pierre II, Arthur III ou François II, les armes sculptées au chevet de Saint-Fiacre. " (J.J. Rioult)

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Le panneau : le couple tenant le blason.

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Les deux personnages sont figurés de profil en partie basse, puis de trois-quart et enfin de face pour leur visage. L'homme n'est pas velu, mais porte une barbe carrée. La femme n'est pas velue, ses cheveux sont longs.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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J.-J.  Rioult qualifie les tenants de "sauvages" alors que je les décrirais plutôt comme un couple "au naturel", nus.

Le sceau de Jean IV entre 1370 et 1378 montre de veritables "sauvages", barbu et velus, qui ressemblent assez bien à ceux du panneau de la sacristie.

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Sceau de Jean IV entre 1370 et 1378, base Sigilla.

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L'homme semble écarter le lambrequin qui prend son origine d'un cordon coiffant le casque.

Ils tiennent un blason incliné pointe à droite, orné en moyen-relief d'une hermine au naturel, passante,  colletée d'une cape . Là encore, nous pouvons comparer avec les deux sceaux secrets de Jean V . L'écu est incliné pointe à droite, il est frappé d'hermines (au lieu de porter une hermine au naturel) et le cimier porte, dans les deux cas, un lion.

a) L'hermine passante.

L'hermine passante est présente également sur les autres chantiers du duc Jean V :

— Sur la façade et en frise, ou dans le porche des Apôtres à la Collégiale du Folgoët, où elle traverse les spires d'une banderole portant la devise A MA VIE :

http://www.lavieb-aile.com/2017/04/la-collegiale-notre-dame-du-folgoet.iv.les-emblemes-devises-et-marques-des-ducs-de-bretagne-1423-1505.html

— Sur le porche sud de la cathédrale de Quimper

https://www.lavieb-aile.com/2020/01/le-portail-sud-de-la-cathedrale-de-quimper.html

— Sur les sablières de l'église haute de Quimperlé  avec la date de 1430: hermine passante colletée de la jarretière dans une frise où est inscrit la devise A MA VIE.

http://www.lavieb-aile.com/article-les-sablieres-et-poin-ons-de-l-eglise-notre-dame-et-saint-michel-de-quimperle-123158720.html

—  Sur la façade de la chapelle de Quilinien à Landrévarzec : 

http://michel.mauguin.pagesperso-orange.fr/Les%20armoiries%20dans%20la%20chapelle%20de%20Quilinen.pdf

 

— Sur la façade méridionale de l'église de Runan, et sur la maîtresse-vitre.

https://www.lavieb-aile.com/2022/06/la-facade-meridionale-de-l-eglise-de-runan-et-ses-armoiries.html

https://www.lavieb-aile.com/article-la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-runan-22-123343694.html

— Sur le gable du porche de la chapelle Saint-Herbot :

http://www.lavieb-aile.com/2017/04/l-enclos-paroissial-de-saint-herbot-a-plonevez-du-faou-vi.le-porche-sud-1498-1509-par-le-second-atelier-du-folgoet-l-exterieur-et-le

— Sur la façade de l'église Notre-Dame-de-Grâces à Guingamp :

https://www.lavieb-aile.com/2023/03/retour-en-graces-cotes-d-armor-les-motifs-heraldiques-de-l-eglise-notre-dame-de-graces.html

Mais nous n'avons pas d'exemple d'écu avec l'hermine au naturel. 

Par contre, nous ne trouvons pas ici l'emblème de François II, repris par sa fille, la cordelière franciscaine présente sur le jubé de Saint-Fiacre.

Les cornes bovines du casque sont bien visibles sur ces sceaux, ce qui est moins le cas sur le panneau de Saint-Fiacre où elles se confondent un peu avec les pattes des lions.

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Sceau du secret de Jean V, 1409. Base Sigilla.

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Sceau du secret de Jean V 1420-1425, base Sigilla.

 

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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c. La tête de lion du cimier et les deux lions tenant la hampe de la bannière.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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c. La bannière frappée d'hermines.

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Ses bords sont frangés. On compte neuf hermines.

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Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les panneaux héraldiques (2ème moitié XVe) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

 

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III. LE BLASON DES BOUTTEVILLE H4, CONSOLE DE LA NICHE DU CONTREFORT MÉDIAN DU CÔTÉ SUD DU CHEVET.

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On  retrouve aussi ces armoiries, d'argent à cinq fusées de gueules posées en fasce, dans le chœur au dessus de la baie murée du côté nord, formant hagioscope, comme montré supra. Ici, la partie basse de l'écu, et des cinq fusées, ont été brisées.

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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IV. CONSOLE AVEC UN BLASON MUET PLACÉ SUR UN DRAGON.

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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V. QUELQUES CONSOLES DES NICHES À DAIS.

"L´élévation sud présente une alternance d´avancées et de retraits de proportions variées qui, comme autant de temps forts et de temps faibles, rythment la composition, et frappe par son unité de style que renforce l´emploi de contreforts ornés de niches à dais et dont le sommet en glacis à quatre pans, forme moderne massivement employée sur le chantier de Kernascléden, sert de socle à des pinacles aigus posés à 45°. Quelques légères différences entre le choeur et le bras sud suggèrent une évolution. Tandis que les consoles des contreforts du choeur sont ornées de feuilles refouillées, celles du bras sud sont sculptées de personnages grotesques jouant avec des chiens, mais surtout la petite porte qui donne accès directement dans le choeur présente encore de grêles colonnettes à peine perceptibles comportant bases prismatiques en flacon et minuscules chapiteaux, modèle sans doute repris des transepts de Quimperlé, alors que celle qui est murée dans le mur ouest du bras sud, dont l´arc externe anguleux vient se fondre dans les piédroits sans chapiteau et les pinacles latéraux atteignent la hauteur du fleuron sommital, témoigne d´une évolution stylistique indéniable semblable à celle constatée sur le porche sud. Enfin, au-dessus de la petite porte du choeur, la superposition d´une niche à dais et d´une rose, percée pour l´élégance du motif, distinguent l'accès réservé au clergé et au seigneur supérieur. " (J.J. Rioult)

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1.Façade sud, pignon du croisillon, détail du contrefort sud, angle sud-ouest, console de la niche. Homme (ou femme) tenant devant lui la patte antérieure de deux animaux (chiens? lièvres ?).

 

Le personnage au visage lunaire, au nez épaté et au sourire béat est coiffé d'un très large chapeau et porte une collerette crénelée ; ses genoux sont serrés mais  jambes sont écartées. Cela pourrait être un fou. Il tient réuni devant lui l'une des pattes antérieures de deux animaux, probablement des chiens, comme pour qu'ils se saluent. Le museau de l'animal de gauche est brisé. Les pattes postérieures sont larges, sans griffes,  et diffèrent des pattes de chiens.

Une scène semblable est sculptée au dessus du porche occidental de la chapelle Saint-Herbot à Plonévez-du-Faou.

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. Niche du contrefort sud du bras du transept sud. Homme ou femme tenant dans sa bouche la queue d'un animal fantastique (dragon?).

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Il s'agit plutôt d'une femme, à visage lunaire comme sur la console précédente, et nue (ou revêtue de chausses très ajustées mais marquant le milieu du pied droit), coiffée d'une sorte de chaperon à extrémité trifide. Dans un  geste  équivoque, elle place dans sa bouche la queue d'un dragon dépourvue de pattes postérieures.

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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3.Niche du contrefort sud-ouest du porche sud.

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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4. Niche du contrefort nord-ouest du bras du transept nord (perpendiculaire au mur nord). Visage de femme portant la coiffe.

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Là encore, le visage de la femme est très rond, ses yeux sont globuleux à grosses paupières, les commisures labiales sont accentuées. Elle porte une coiffe associant un bourrelet et un linge tuyauté, faisant retour sous la gorge.

Ce visage évoque celui d'une console intérieure de la chapelle.

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Elle évoque aussi les visages féminins caricaturés des sablières :

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Photo lavieb-aile 2023

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Photo lavieb-aile 2023

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Photo lavieb-aile 2023

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Photo lavieb-aile 2023

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Photo lavieb-aile 2023

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Photo lavieb-aile 2023.

 

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Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les consoles (2ème moitié XVe) des niches de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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SOURCES ET LIENS.

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— BONNET, Philippe, RIOULT, Jean-Jacques. 2008, l'architecture  gothique en Bretagne.

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/l-architecture-gothique-en-bretagne/edf099cf-f62b-4e87-a606-c2469d8ae1ab

— GROER (Léon de). L'architecture gothique des XVe et XVIe s. dans les anciens diocèses de Quimper et de Vannes. Etude de quelques ateliers. Thèse Ecole des Chartes, 1943. Doc dactylographié inédit, non consulté.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3370857s/f1.item.texteImage

—LEFEVRE-PONTALIS (Eugène), 1914. Le Faouët, chapelle de Saint-Fiacre, dans Congrès archéologique de France, LXXXIe session tenue à Brest et à Vannes en 1914 par la Société française d´Archéologie, Paris, 1919, p. 348-355.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4224131z/f512.item

- RIOULT (Jean-Jacques), 2021 , MOIREZ (Denise), 1965, 1969, 2021, Notice de l'Inventaire général IA00008411 réalisé en 1965.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00008411

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/4613b595-0f59-4fae-8e14-169027523909

—Etude d'inventaire sur le canton du Faouët, 1965 :

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_01.pdf

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_02.pdf

—Cantons Le Faouët et Gourin. Inventaire topographique. Paris, Impriimerie Nationale 1975, p 43-50. 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Héraldique XVe siècle Chapelles bretonnes. Le Faouët.
16 août 2023 3 16 /08 /août /2023 22:10

Les statues (atelier du Folgoët, granite, traces de polychromie,  XVe siècle) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Saint Christophe, sainte Catherine, sainte Marie-Madeleine, saint Fiacre, Jean V ou personnage en armure,  saint Yves, saint Faron, martyre d'Apolline.

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Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët :

Et dans l'église du Faouët.

 

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On s'agacera peut-être du nombre de mes photographies. Mais c'est le seul moyen à ma disposition pour  palier à l'inspection directe  et ne pas passer à côté des détails importants.

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I. Saint Christophe portant Jésus enfant Sauveur du Monde pour traverser le gué. Granite, traces de polychromie, XVe siècle.

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— Sur l'iconographie de saint Christophe : Voir :

 

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La statue occupe le coin nord-ouest de la nef, allongée au sol comme si elle attendait (depuis 1951) un emplacement meilleur. J'ai redressé mes photos pour mieux en rendre compte.  Elle est en leucogranite avec de rares traces de polychromie. Elle est mutilée, puisqu'il manque les jambes, le bâton et la tête du saint, ainsi que la tête de l'Enfant. Selon les auteurs de la notice de la base Palissy, elle serait du "XVIe siècle (?)" mais je pense qu'on peut l'estimer du XVe siècle (et même de la première moitié, par assimilation aux autres statues datées par E. Le Seac'h). Malgré les mutilations, elle est de très belle facture.

Le saint est de face, mais il traverse le gué dont l'eau est représentée, recouvrant ses pieds. Il tient du côté droit son bâton de passeur, écoté, mais on ne peut préciser si, comme le veut la tradition iconographique, ce bâton est en train de reverdir miraculeusement. Il est vêtu d'un manteau au dessus d'une robe boutonnée. La main gauche est posée sur la ceinture.

L'Enfant est vêtu d'une tunique laissant voir ses pieds. Il tient le globe terrestre de la main gauche, et entoure le cou de Christophe de son bras droit.

La présence de ce globe est capitale, puisque c'est parce que Jésus tient le monde avec lui que, malgré son allure d'enfant, il va peser si lourd que Christophe ne parvient plus à progresser dans le cours d'eau. Mais un acte de foi  sauve le passeur, et, miraculeusement, tandis que son bâton verdit, il gagne la rive opposée.

Un élément important de ce thème, c'est l'échange possible des regards entre Jésus et le passeur ; mais ici, nous ne savons pas si Christophe (Christophoros, "porteur du Christ") tourne la tête vers son passager.

Un autre élément de cette tradition, c'est la grande taille du saint, parfois figuré comme un géant.

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Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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II. Sainte Catherine d'Alexandrie (premier atelier du Folgoët, granite anciennement polychrome, XVe siècle).

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https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56005831

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La statue est adossée à la table d'offrande du bras nord de la nef, juste devant le saint Christophe allongé, et juste à côté de la statue de Marie-Madeleine.

La pierre est de même teinte que celle des autres statues qui l'entourent. La sculpture  date du XVe siècle. Elle mesure 1 mètre de haut, 25 cm de large et 26 cm de profondeur (Le Seac'h).

La sainte, à la taille très fine et à la belle poitrine, est vêtue d'un surcot à encolure ronde, si longue qu'elle ne dévoile qu'à peine ses chaussures pointues, et d'un manteau à manches très larges et dont le pan gauche fait retour vers le poignet droit. Sa main droite est posée sur le pommeau de l'épée qui longe sa jambe droite ; cette épée rappelle qu'elle subit la décollation.  Sa main gauche tient la roue, instrument de son supplice qu'elle surmonta miraculeusement. Une sangle oblique vers le bas et la gauche correspond à sa ceinture, comme le montre le gisant de Perronnelle de Boutteville, qui porte la boucle de ceinture bas sur la hanche.

La statue a été décrite par E. Le Seac'h page 68. Elle l'attribue au premier atelier du Folgoët (1423-1468), avec la statue de Marie-Madeleine et le groupe de Saint Sébastien entre les archers, et le personnage décapité en armure, mais aussi les gisants de Perronnelle de Boutteville et de Bertrand de Trogoff. Sa comparaison de sainte Catherine avec Perronnelle de Boutteville, qu'elle date vers 1425, l'incite à affirmer que les statues des saintes Catherine et Marie-Madeleine sont parmi les premières réalisées par l'atelier du Folgoët (1423-1468). Néanmoins, cette datation très précoce se heurte à celle de la chapelle. Enfin, l'encolure est ronde chez Catherine , mais en V chez Perronnelle et ches Marie-Madeleine...

Rappel :

 Un premier atelier dépendant du mécénat ducal attaché à la collégiale du Folgoët a travaillé entre 1423 et 1509, réalisant notamment l'autel des Anges, les Anges des façades, le porche des Apôtres, le tympan du porche occidental et de nombreuses statues de la collégiale du Folgoët, mais aussi le porche sud de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, le calvaire et le porche de Notre-Dame-de-Rumengol, le porche sud de l'église de La Martyre, la chapelle Notre-Dame du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon, le gisant de Sainte-Nonne dans l'enclos paroissial de Dirinon, le gisant de Jean de Kérouzéré dans l'église Saint-Pierre de Sibiril, plusieurs statues de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas, des sculptures en ronde-bosse à Kernascléden, Saint-Fiacre du Faouët, Quimperlé, etc.

Un second atelier ducal, qui a fonctionné entre 1458 et 1509 a réalisé entre autres le porche sud de Saint-Herbot et le porche de l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Plourac'h.

Deuxième rappel : les armoiries ducales, datées "pas plus tard que le milieu du XVe siècle", sont présentes sur le chevet de la chapelle. Le duc Jean V est passé au Faouët en 1442. La chapelle a été construite entre 1436 (date sur une pierre dont l' inscription mentionne la fondation d'un hôpital, en réemploi sur une maison au sud-ouest de la chapelle) et 1480 (date inscrite sur le jubé, installé postérieurement à la fin de la construction puisqu'un pilier a été retaillé).  Pour D. Moiriez et J.J. Rioult "la chapelle Saint-Fiacre est une œuvre caractéristique du rapide développement de l'art flamboyant selon des types originaux (*), en Bretagne dans les années 1440-1470, sous l'influence du milieu ducal." (*) comme, selon Léon de Groer, Kernascléden, Sainte-Noyale à Pontivy et Notre-Dame de Quimperlé.

 

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La main droite, photographiée en vue de détail, est très élégamment sculptée, et se révèle comparable à celle de saint Faron (ci-dessous), ce qui tend à prouver que c'est le même sculpteur qui a réalisé toutes ces œuvres : la "même main".

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Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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III. Sainte Marie-Madeleine (premier atelier du Folgoët, granite anciennement polychrome, XVe siècle).

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https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56005832

La statue, de même facture et de même matériau que les précédentes, mesure 95 cm de haut, 27 cm de large et 26 cm de profondeur. Elle est placée contre la banquette du mur nord du bas-côté, derrière la table d'offrande.

La tête, le haut des épaules, mais aussi un objet  tenu dans la main droite, sont brisés.

Marie-Madeleine, porte une robe très longue, à encolure en V, et un manteau épais. 

En multipliant les angles de vue, l'objet tenu en main droite se révèle être cylindrique, c'est donc bien un pot à onguent attribut de Marie-Madeleine.

La sainte tient entre ses mains sa chevelure divisée en deux nattes très longues et épaisses.

Du bas de la robe sortent les pointes menues de ses chaussures : ce qui confirme la datation au XVe siècle, avant 1475 environ.

Note. Une carte postale, ainsi qu'un cliché de la direction archéologique, montrent plusieurs têtes réunies sur la table d'offrande lors des travaux de restauration. Les têtes manquantes sur nos statues s'y trouvent-elles ? 

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Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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Les chaussures pointues.

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Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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IV. Sainte Marguerite. Granite, traces de polychromie, XVe siècle.

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Cette statue n'est pas identifiée par un cartel sur place, et n'est pas décrite sur la base Palissy, ni même ailleurs. C'est vrai qu'il faut bien connaître le modèle iconographique intacte, dans lequel la sainte qui a été avalée par un gourmand dragon en sort pour avoir su percer une sortie de secours sur le dos de la bête (avec son crucifix, dit la légende) : c'est la scène de "sainte Marguerite issant du dragon". Puisque nous parlons ici du Maître du Folgoët, voici par exemple le groupe réalisé — en kersanton et non en granite— pour l'église du Folgoët :

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Sainte Marguerite issant du dragon. Kersanton, traces de polychromie rouge, Atelier du Maître du Folgoët (1423-1433) ; Collégiale du Folgoët, photographie lavieb-aile avril 2017.

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En partant de ce modèle, on interprète mieux la pièce sculptée qui est conservée ici, avec l'éventail des nervures de l'aile, la ponctuation des pustules venimeuses de l'échine,  les pattes griffues, la gueule affichant dans un sourire féroce sa dentition, la queue (qui s'élève en face postérieure) et, enfin, le début de la robe de la vierge martyre d'Antioche. 

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Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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V. Saint Fiacre. Granite, traces de polychromie, XVe siècle.

Pas de description dans la base Palissy.

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Même en réunissant les deux blocs brisés du buste, il n'en reste pas grand chose : la tête, les bras et les jambes sont manquantes. Mais, sur le côté droit, la pelle est conservée, permettant l'identification sûre du saint, patron de la chapelle. Du coup, on remarque le camail qui couvre les épaules, et qui appartient à l'habit du saint moine.

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Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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VI. Personnage en armure (premier atelier du Folgoët, granite polychrome, XVe siècle, tête brisée).

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https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56005830

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Il mesure 95 cm de haut, 30 cm de large et 26 cm de profondeur. La tête et le bras droit sont manquants. Comme le montre la figure, il prend place sous un dais gothique sur un culot du pilier nord de la nef, à deux mètres du lot des statues précédentes.

L'homme est en armure complète, recouverte d'un tabard et d'une cape. Le bouclier, rectangulaire mais brisé, est porté au bras gauche, comme c'est la règle pendant le combat. L'épée est au côté gauche, tenue par la main gauche, tandis que la main droite devait être posée sur la poignée de la dague qu'on voit encore au côté droit.

Les chaussures ou solerets de l'armure sont à la poulaine, nous sommes  bien au XVe siècle, et le granite clair (un peu plus jaune peut-être) est le même que pour les œuvres précédentes.

Il pourrait s'agir (E. Le Seac'h) d'une représentation du duc de Bretagne Jean V, la représentation étant en effet similaire  à celle, également en granite, du porche nord de l'église Notre-Dame de Quimperlé. Ce porche nord avait été ajouté à l'édifice suite à une donation le 11 juillet 1418 de ce duc pour célébrer la naissance de son fils Pierre. Il daterait des années 1420-1450. 

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Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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VII. Saint Yves présentant un panonceau à inscription. Granite polychrome, XVe siècle. Tête et main gauche brisées.

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https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56005829

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Situation : angle sud-ouest du bras sud du transept. H = 95 ; la = 40 ; pr = 25

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Malgré les têtes et parties brisées, nous allons depuis le début de belle statue en belle statue, toutes du XVe siècle, et celle-ci ne fait pas exception : elle est remarquable par sa polychromie et notamment par un très beau bleu. Le saint est principalement identifié par les hermines de sa cotte talaire et par le camail à capuche qui couvre les épaules .

Mais la gestuelle n'est pas habituelle à ce saint, et le geste d'argumentation est absent. De la main droite, il désigne l'inscription d'un panonceau. La main gauche était levée.

L'inscription est effacée, ou presque effacée, elle semble encore capable de nous dire quelques mots, si on voulait bien se donner les moyens de l'étudier. Le panneau est séparé par des bourrelets en trois registres. Trois lignes de lettres noirs sont inscrites sur le registre médian. Je crois lire ----prigen--- et puis à la fin --lan mil -- ???

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Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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VIII. Saint évêque (saint Faron ?). Granite polychrome, XVe siècle. Mains et tête brisés.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56005828

Hauteur 115 cm, largeur 35 cm, profondeur 25 cm.

Est-ce saint Faron, évêque de Meaux, qui, comme le représente la verrière de la vie de saint Fiacre, accorda à celui-ci l'emplacement pour bâtir son ermitage ?

Vêtu de la chasuble rouge à croix jaune (or?) et d'une cotte talaire laissant dépasser la pointe de ses chaussures à la poulaine confirmant la datation du XVe siècle, il lève le bras droit pour tracer une bénédiction, et tient sa crosse dont l'extrémité est brisée.

 

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Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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IX. Martyre de sainte Apolline. Pierre polychrome, quatrième quart XVe siècle .

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56000269

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La sainte est suspendue par ses cheveux à une potence. Les deux bourreaux sont armés de tenailles et lui arrachent les dents.

La sainte : robe rouge et or mouchetée, à encolure retctangulaire, serrée par une ceinture : chemise à encolure en V

Les bourreaux : bonnets coniques, tunique à découpes  festonnées triangulaires, culotte courte sur des chausses ajustées.

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Les statues du  XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

Les statues du XVe siècle de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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X.La table d'offrande (?) : un système d'écoulement.

 

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La table d'offrande de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

La table d'offrande de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

La table d'offrande de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

La table d'offrande de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

La table d'offrande de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

La table d'offrande de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile 2023.

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SOURCES ET LIENS.

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—GROER (Léon de). L'architecture gothique des Xve et XVIe s. dans les anciens diocèses de Quimper et de Vannes. Etude de quelques ateliers. Thèse Ecole des Chartes, 1943. Doc dactylographié inédit.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3370857s/f1.item.texteImage

 — LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. Pages 69 et 314.

 

—LEFEVRE-PONTALIS (Eugène),  1914. Le Faouët, chapelle de Saint-Fiacre, dans Congrès archéologique de France, LXXXIe session tenue à Brest et à Vannes en 1914 par la Société française d'Archéologie, Paris, 1919, p. 348-355.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4224131z/f512.item

— MOIREZ ( Denise),  Rioult (Jean-Jacques), 1965, La chapelle Saint-Fiacre du Faouët,  Dossier IA00008411 de l'Inventaire général du patrimoine.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-fiacre-le-faouet/4613b595-0f59-4fae-8e14-169027523909

Présentation :

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_01.pdf

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_02.pdf

 

— Le Faouët et Gourin. Inventaire topographique. Paris, 1975, p 43-50.

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Le Faouët. Inscriptions Atelier ducal du Folgoët
2 août 2023 3 02 /08 /août /2023 18:17

Les ex-voto de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët : cinq tableaux peints à l'huile au XVIIe siècle exposés dans le bras gauche du transept.

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Voir sur Le Faouët :

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a. La chapelle Sainte-Barbe et ses vitraux:

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b. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre:

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c. Chapelle Saint-Sébastien, Le Faouet.

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d. Eglise du Faouët.

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e. le Musée du Faouët.


 

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PRÉSENTATION.

Je ne trouve aucune description patrimoniale des cinq tableaux peints avec la mention EX VOTO et la figure de sainte Barbe dans des nuées, suspendus dans le bras gauche du transept sous la tribune, hormis celui qui, daté de 1683, fait l'objet d'une notice succinte IM56002730 par Denise Dufief en 2009. Celui-ci est classé depuis 1939.

Les autres tableaux sont-ils classés également ? Certains, exposés en 2011, ne le sont plus. Une campagne de restauration est-elle en cours ?

N'ayant pas trouvé de réponse en ligne à mes questions, je dois me contenter de les présenter et de les décrire.

Tous ont la même taille (environ 90 cm x 135 cm), tous sauf un sont peints sur un support à quatre planches horizontales entre deux planches verticales, tous font apparaître la figure de sainte Barbe dans des nuées sur un des coins supérieurs et l'inscription EX VOTO dans un des coins inférieurs, tous ont un cadre assez identique et sont entourés de baguettes dorées.

Tous les paysans portent la même veste de drap blanc, les mêmes chausses (bagou), les mêmes guêtres boutonnées et le même chapeau rond à guides sur des cheveux longs bouclés.  Mais je m'attacherai à déceler certaines différences dans ces similitudes.

 

Tous les paysans et paysannes portent des sabots de bois.

Toutes les paysannes portent la même coiffe blanche à pans cassés encadrant le visage en rayon d'abeille, la plupart une chemise blanche et un corsage, toutes un ample tablier.

Car nous sommes ici, au Faouët, dans un pays qui a adopté la giz fouen de Cornouailles, sauf dans l'emprunt du costume masculin qui est du pays Pourlet.

Il est curieux de remarquer que R.Y. Creston, dans Le costume breton, cite spécifiquement, parmi les territoires importants de la giz-fouen, "Sainte-Barbe au Faouët" (p.80).

Voir sur ce costume :

 

http://www.collections.musee-bretagne.fr/resultat.php?index[]=repr&value[]=%22Costume+de+Basse-Bretagne%2C+Mouton+blanc%22&nr=1&bool[]=

 

https://www.lavieb-aile.com/article-bulat-pestivien-lutrin-anthropomorphe-en-costume-breton-97565171.html

https://www.lavieb-aile.com/article-guiscriff-lutrin-anthropomorphe-en-costume-breton-94968003.html

https://www.lavieb-aile.com/2015/09/la-tribune-des-peches-capitaux-de-la-chapelle-saint-yves-a-priziac.html

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1)° Ex-voto dédié à sainte Barbe : incendie d'une étable, trois paysans agenouillés.

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L'étable est en feu : le cochon et quatre boeufs sont sortis. La maison principale est indemne. Les occupants sont agenouillés face à sainte Barbe qui, dans des nuées, intercède pour eux, tenant la palme du martyre. Elle porte une robe blanche et un manteau rouge.

La sainte est invoquée contre la foudre, cause principale des incendies.

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Les deux femmes portent la coiffe ou capot à quatre pans et deux rabats devant la gorge. Leur robe à manche courte est rouge, au dessus d'une chemise fermée aux poignets par trois boutons. La seconde femme porte un tablier à rabat pectoral.

L'homme porte une culotte noire non plissée et des bas gris, mais surtout une veste de drap blanc, à manches, boutonnée aux poignets, à lisière brodée de rouge ( ou bien :au dessus d'un gilet rouge).

                                                                       

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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3°) Ex-voto dédié à sainte Barbe : un homme sauvé de la noyade dans le bief d'un moulin à roue. Peinture à l'huile sur bois.

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Tandis qu'un homme porte secours à un autre homme vêtu de rouge qui est en train d'être emporté par le fort courant du bief, une femme âgée, vêtue de noir, est agenouillée pour prier. Une autre femme, également agenouillée, invoque sainte Barbe en levant les bras et et en regardant le ciel. Précisément, la sainte apparaît dans une nuée. Elle porte, comme précédemment, la robe blanche et le manteau rouge, elle tient la palme, et ses cheveux sont noirs.

 

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Nous pouvons supposer que le moulin se trouvait sur le cours de l'Ellé, et que la chapelle qui est représentée dans les bois soit celle de Sainte-Barbe. En effet, deux moulins sont signalés précisément en contre-bas de la chapelle sur la carte de Cassini de 1784, et un figure toujours, avec la mention Moulin à papier du Grand-Pont, sur la carte Scan 1950 d'IGN.

La vue serait donc prise  d'est vers l'ouest.

En 1780, Ogée signalait au Faouët les moulins " de Barrigan, de Rerzen, du Mur, du Guel, de Diarnelez, à  eau; moulin à papier du Grand-Pont".

Comme nous voyons une route traverser la rivière (ou du moins le bief) sur un pont, je propose de localiser la scène au "Grand Pont". Sans garantie, mais cela permet d'imaginer que la femme que nous voyons est Catherine Le Gorgeu :

"Les vestiges du moulin du Grand-Pont sont encore présents à proximité de la retenue d'eau et du chemin de randonnée.Le moulin d'en bas situé en contrebas, en aval, a disparu. Trois moulins sont identifiés, à proximité les uns des autres, autour du Grand-Pont, sur la rive droite de l’Ellé qui sépare le Faouët de Priziac. Il est difficile de déterminer avec exactitude le nom de tous les maîtres papetiers qui ont dirigé, suivant les époques, chacun des moulins ainsi que ceux des ouvriers qui y étaient attachés. Il semble que parfois leur gestion fut autonome. Les moulins ont été dirigés par des familles liées entre elles. L'acte de naissance, le 12 juillet 1669, de Marc Le Gorgeu, fils de François, indique que la marraine, Catherine, sœur de François, demeure aux moulins à papier du Faouët, ce qui indique qu'au moins deux de ces moulins fabriquaient déjà du papier à cette époque. Dans la première moitié du XVIIème siècle, plusieurs patronymes de papetiers figurent sur les registres de la paroisse. Aucun élément écrit n'a pu toutefois apporter la preuve de la profession de ceux-ci. L'importance de la localité semble cependant indiquer que les seigneurs du Faouët aient soutenu bien plus tôt, comme à Priziac et à Lignol, la fabrication du papier nécessaire aux actes de leur juridiction. " (Caroline Leroy-Deniel)

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Carte de Cassini, Gallica

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IGN/Scan 1950

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Carte IGN

 

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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La femme porte la coiffe, un tablier ou devantier rouge à rabat, et une robe noire ouverte sur la poitrine, et une chemise blanche ourlée de noir aux poignets.

L'homme porte le costume masculin du Pays Pourlet dit gwennedour, ou "mouton blanc"  associant la veste (chupenn) de drap blanc et le gilet  (jiletenn) noir, largement pourvu de boutons de cuivre, ainsi que la ceinture large (gouriz) en cuir  à fermeture en cuivre ciselé.

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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3°) Ex-voto dédié à sainte Barbe : début d'un incendie dans les maisons d'un hameau, quatre paysans agenouillés . Peinture à l'huile sur bois.

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Le feu a détruit le toit d'un petit bâtiment et s'étend aux maisons voisines, couvertes de chaume a priori.

Une fois encore, sainte Barbe est appelée à la rescousse : c'est la patronne des pompiers !

Deux hommes sont déjà à genoux, un autre, plus jeune, joint  les mains.

Ils portent le chapeau rond à guide , les sabots , les guêtres à quatre boutons de cuivre, la culotte large (bagou braz), et la veste blanche, au dessus d'un gilet rouge (ou bien ourlée de rouge?) à quatre boutons dorés aux poignets, comme dans le premier tableau.

Mais nous voyons clairement les rangées de boutons de la veste elle-même, boutons qui deviendront de plus en plus nombreux en pays Pourlet selon la mode des "mille boutons".

La femme porte une jupe ou un devantier rouge et un corselet vert à manches. Et la coiffe locale, bien entendu.

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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4°) Ex-voto dédié à sainte Barbe : naufrage d'un trois-mâts . Peinture à l'huile sur bois.

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L'agencement des planches du tableu est différent mais la composition est la même que pour les autres tableaux, avec la mention EX VOTO et sainte Barbe dans le coin opposé.

Un peintre s'était-il installé  pour proposer aux pèlerins cette production?

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Dans une tempête, de fortes lames couchent deux trois-mâts et les menacent de naufrage. Un homme, un officier de marine en costume rouge et perruque, implore la sainte.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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5°) Ex-voto dédié à sainte Barbe : Marie-Jacquette Guegant de Kerbiquet sauvée après sa chute de son carrosse. Peinture à l'huile sur bois, 1683.

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Selon la notice IM56002730 cette peinture à l'huile de 90 cmx 135 cm, classée en 1939, représente dans un Ex-voto à sainte Barbe datant de 1683,  Marie-Jacquette Guegant de Kerbiquet épouse de Nicolas François du Fresnay, chevalier, seigneur marquis du Faouët : sur un fond de paysage, Marie Jacquette chute, depuis une voiture à attelage, tandis que  sainte Barbe  apparaît en providence dans une nuée.

François du Fresnay, baron du Faouët, par son mariage avec Jacquette-Marie Guégant, l'unique héritière du chevalier Claude Guégant.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM56002605

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La cloche "Claude Marie" de l'église paroissiale du Faouët  notice IM56002605 porte l'inscription  C.M. BENEDICAT A.V.D.I.B. MARITEAU RECTORE DU FAOUËT NOMINATA AB ILLUSTRISSIMIS D.D.C. DE GUEGANT DE ; 2 : K (ER) BIGUET ET D.M. DVFRESNAY DE DERNOTHON EX CONSENSU ILLUSTRI VIRI D.D. NICOLAI F DU FRESNAY D. MARCHIONIS DU FAOUËT ANNO 1681 ; 3 : I LE SOVEF FONDEUR

Elle a été commandée à l'occasion du mariage de Nicolas François du Fresnay et de Jacquette Marie Guegant de Kerbiquet, et fondue en 1681 par Julien Le Soueff.

Le manoir de Kerbiquet est situé à Gourin, au lieu-dit Kerbiquet. Le manoir actuel a été construit entre 1564 et 1580 par Louis Guégant, procureur royal de Gourin. La seigneurie de Kerbiquet appartient à la famille Guégant de 1445 à 1663. Elle passe à François du Fresnay, baron du Faouët, par son mariage avec Jacquette-Marie Guégant, l'unique héritière du chevalier Claude Guégant. En 1754, le manoir devient la propriété de Jean Joseph Euzennou de Kersalaün

  • https://laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=570
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Manoir_de_Kerbiquet

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Description.

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Devant une colline boisée au sommet duquel nous distinguons un manoir, un carrosse jaune et noir passe sur une route. Il est tiré par un (ou deux) cheval dirigé par un valet en livrée rouge à parements et boutons or, et tricorne. Deux autres domestiques sont grimpés à l'arrière. 

Le carrosse possède deux vitres et a priori deux portières, dont l'une est ouverte. C'est là, pour ce que nous voyons, la cause de la chute de la baronne, qui est étendue par terre, les bras écartés. Elle est vêtue de mousseline rose, on devine des colliers et bracelets de perles ou brillants sur ses bras nus. Elle porte une perruque.

Un homme, sans doute son mari le baron François du Fresnay, accourt vers elle : il porte un costume bleu, une chemise à jabot, et un tricorne.

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— COPY (Jean-Yves), MENOU (Jean-Claude), MOIREZ (Denise) ; BOISSÉ (Claude), CADIOU (Jacqueline), 1965 RIOULT (Jean-Jacques) 2021, Dossier IA00008412 de l'Inventaire et Etude d'inventaire sur le canton du Faouët:

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/b745903b-0b22-4047-90d0-10125fed6231

— DUFIEF (Denise) ; QUILLIVIC (Claude), 1992, 2009-2010, Notice Palissy IM56002709

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM56002730

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Published by jean-yves cordier - dans Peinture. Chapelles bretonnes. Le Faouët. Ex-voto.
2 août 2023 3 02 /08 /août /2023 18:08

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët.

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Voir sur Le Faouët :

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a. Les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe , Le Faouët:

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b. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët :

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c. Chapelle Saint-Sébastien, Le Faouet.

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d. Eglise du Faouët.

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e. le Musée du Faouët.

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PRÉSENTATION.

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La chapelle Sainte-Barbe adopte un plan atypique adapté à un site  exceptionnel à mi-pente d'un ravin: elle est dépourvue de nef, et uniquement composée d'un "transept" et d'une abside à pans coupés. Elle fut débutée en 1489 et achevée, pour le gros-œuvre, en 1512. Ses vitraux datent de la première moitié du XVIe siècle.

Jean de Boutteville en fut le premier commanditaire principal, suivi par son fils Louis, comme en témoignent leurs armoiries placées, avec celles de leurs alliés, sur les nervures des voûtes, au sommet des arcs formerets de l'abside, dans les vitraux et sur la tribune seigneuriale. En 1495, la seigneurie du Faouet avait été érigée en baronnie au profit de Jean par la duchesse-reine Anne. De sa femme Marie de Kerimerc'h, épousée en 1463, il eut deux enfants, Catherine, et Louis, vicomte de Coëtquenan, décédé en 1539.

Une tour d'escalier hors-œuvre, dans l'angle sud-ouest de ce transept, contient un escalier en vis accessible depuis l'intérieur de la chapelle : ce dernier conduit à une tribune en bois, contemporaine de l'édifice, tribune seigneuriale qui pouvait aussi servir pour des musiciens, puis au sommet de la tour où deux portes devaient ouvrir sur une coursière périphérique, à la base du toit qui ne fut peut-être jamais réalisée.

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Description.

Dans le bras gauche de la chapelle, la tribune en bois avec traces de peinture bleue est  portée par trois colonnes. Le garde-corps haut de 1,10 cm est composé de panneaux pleins (sauf trois ajourés avec des décors à pampre, à réticule et à hermines dans un réseau de cordelières dont deux en retour) ; les deux panneaux pleins portent un décor d'anges musiciens (harpe et rebec), les autres ne sont pas sculptés et remplacent probablement des panneaux d'origine. Les panneaux sont séparés par des candélabres et des pinacles. Une frise  court sur les parties supérieure et inférieure, sculptée en bas-relief en partie haute  d'une scène de Renart et la poule poursuivi par un moine ; d'un couple d'animaux fantastiques enlacés ; d'anges présentant un phylactère ; d'un dragon face à un lion, de rinceaux à fruits et en partie basse de deux anges présentant un médaillon à tête de mort ; de rinceaux et entrelacs ; et d'anthropomorphes hybrides s'affrontant derrière des boucliers. Une statue de sainte Barbe occupe l'angle sud.

Sous le sommier de la tribune, à la base des montants, six anges en vol portent les écus de la famille fondatrice de la chapelle, celle de Boutteville, et de leurs alliances.

Cette tribune classée en 1912 est datée du premier quart du XVIe siècle, après 1512

La voûte de pierre qui surmonte la tribune porte également des écus des Boutteville, des Du Chastel et mi parti Boutteville et Chastel avec l'inscription datant l'achèvement de la voûte en 1512.

On rapprochera cette tribune de celle édifiée à peu près à la même époque, mais en pierre, dans la chapelle Notre-Dame de Quelven en Guern débutée vers 1490.

Le décor des deux frises sculptées s'inspire de celui des sablières des chapelles et églises bretonnes contemporaines,  à charpente.

D'après J.J. Rioult 2021.

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VUES D'ENSEMBLE.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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I. LA FRISE SUPÉRIEURE.

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Description de droite à gauche.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Deux pièces de volutes feuillagées.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Un moine encapuchonné brandissant une branche et désignant Renart vers sa droite.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Renart surgissant des feuillets d'un  livre où il se cachait et bondissant vers la poule.

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C'est une autre version de l'épisode fameux de Renart prêchant aux poules, représenté sur le jubé (1480) de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët ou sur les sablières (1600-1608) de la chapelle Saint-Sébastien du Faouët. Mais aussi sur les sablières (1508) de Notre-Dame de Grâces, de celles (1500-1506) de l'église de Plourac'h ou de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre de Châtelaudren (fin XVe) ou de celles, plus tardives (v. 1574), de Bodilis.

En effet, au lieu de montrer Renart rejetant son déguisement de moine et se précipitant depuis sa chaire vers son auditoire de volailles, le goupil bondit des pages d'un livre, leçon de morale incitant à se méfier non plus des prêcheurs, mais des écrits fallacieux attirant les fidèles vers des mœurs ou des croyances contraires aux recommandations de l'Église.

Le livre est ouvert, et les pages (à cette époque, nous pouvons les imaginer imprimées) sont tournées vers le spectateur.

Nous pouvons comprendre pourquoi le moine criait haro sur le roux animal.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Deux animaux fantastiques hybrides enlacés par le cou.

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Ils ressemblent par leurs ailes, leur cou et leur bec, à des oiseaux, et par leurs pattes à des lions ou des dragons.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Deux anges déployant un phylactère encore à demi replié.

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Le phylactère présentait certainement au public une inscription votive ou datée, ou une sentence, une oraison ou une devise.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Un dragon.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Un lion.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Rinceau à deux fleurs en grelot grillagé.

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Ces fleurs ou fruits semblenet s'inspirer d'un modèle naturel que je n'ai pas identifié.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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II. LA FRISE INFÉRIEURE.

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Deux anges allongés présentant un médaillon à tête de mort entouré d'une collerette. Un "miroir de la mort " ?

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Le médaillon incite le spectateur à méditer sur sa fin dernière.

Nous pouvons noter que c'est en 1519 (date proche de celle, estimée, de cette tribune) que Jehan Larcher a publié à Plougonven le Mirouer de la Mort, poème en langue bretonne de préparation à la mort. La page de titre de l'édition de 1575 est ornée d'une gravure de ce miroir.

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Le Mirouer de la mort, en breton, auquel doctement et dévotement est trecté des quatre fins de l'home, c'est à sçavoyr de la mort, du dernier jugement, du très sacré Paradis et de l'horible prison de l'Enfer et ses infinis tourments.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Deux créatures anthropomorphes à corps et queue feuillagés s'affrontant à l'abri de rondaches, tout en tenant un rinceau à  fleurs à quatre pétales.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Un acrobate en renversement postérieur jambes écartées, réunissant les tiges d'un rinceau. La face et le postérieur ont été bûchées, témoignant du caractère obscène de cette posture, bien que le personnage soit vêtu d'une culotte.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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III. LES PANNEAUX SCULPTÉS :  DEUX ANGES MUSICIENS ET UN PANNEAU AJOURÉ À PAMPRES.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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1.L'ange joueur de harpe (dix cordes visibles).

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Les anges sont debout, les genoux légèrement fléchis, vêtus d'une aube de chœur à amict, bouffante à la taille. Leurs cheveux sont longs. La répartition des plumes est bien détaillée et naturaliste.

Le joueur de harpe tourne la tête vers son compagnon, dans une posture inspirée.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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2.L'ange joueur de rebec (ou vièle piriforme à archet).

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L'instrument semble monoxyle, il est piriforme avec une caisse large percée de deux ouies en parenthèse. On compte quatre ou six cordes. Le manche se termine par une crosse, et nous ne voyons pas de chevilles.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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3. Panneau ajouré à pampres de vigne.

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C'est peut-être un symbole eucharistique. Il me semble abusif de voir dans les vrilles des pampres une représentation de la cordelière franciscaine, adoptée comme emblème par François II et sa fille Anne de Bretagne.

Je n'ai pas photographié les deux panneaux ajourés du retour d'angle, de même motif.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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IV. LE RETOUR D'ANGLE.

Il n'a pas été photographié, hormis cette photo qui montre un cerf affrontant un dragon ou du moins un animal fantastique.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2020.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2020.

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V. LES SIX ANGES SCUTIFÈRES.

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Les six anges sont représentés en vol, jambes repliées, portant l'aube à amict, comme ceux du jubé de la chapelle Saint-Fiacre construit en 1480. Leurs cheveux sont bouclés en boules.

Les blasons ont été bûchés mais on voit encore un peu le tracé des meubles.

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Ange n°1.

Armes pleines de Boutteville  d'argent à cinq fusées de gueules posées en fasce.

 

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange n°2.

Armes mi parti Boutteville et ? [du Chastel]

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange n°3.

Armes mi parti Boutteville et ?

 

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange n°4.

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Armes pleines de Boutteville.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange n°5.

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Armes mi parti Boutteville et  du Chastel fascé d'or et de gueules de six pièces .

Cette alliance correspond à celle de Louis de Boutteville, seigneur du Faouët, fils de Jean,  avec Jeanne du Chastel, fille d'Olivier et de Marie de Poulmic. Ils se sont mariés en 1498. C'est donc bien eux qui sont seigneurs du Faouët en 1512 lors de la fin de la construction des voûtes , ce sont donc aussi eux qui sont vraisemblablement un peu plus tard les commanditaires de cette tribune seigneuriale.

Jeanne du Chastel est représentée, avec ses armes Boutteville/Chastel sur la baie 2 de la chapelle Sainte-Barbe, derrière son époux, agenouillés en donateurs devant la Vierge. Louis est présenté par saint Fiacre et Jeanne par Marie-Madeleine.

On trouve aussi ce blason mi parti Boutteville/Chastel sur le tympan de la baie n°1, et sur la jupe de la donatrice de la lancette A de la baie n°1.

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Baie 2 , Verrière de la Transfiguration, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange n°6.

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Armes mi parti Boutteville et ?

 

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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VI. LES ARMOIRIES DE LA VOÛTE.

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L'ange portant l'inscription de fondation et les armes de Boutteville.

L'inscription indique : LAN : MIL : Vdz : XII : FUT : FAICT : CESTE : VOUTE.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Ange à la chevelure bouclée en trois rangs de boules latérales présentant les armes des Talhouët d'argent à trois pommes de pin de gueules, affectées d'un lambel.

 

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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Écartelé à identifier, à trois feuilles de houx ( Toulbodou ?) et six fasces à la cotice brochant le tout.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

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VII. LA STATUE DE SAINTE BARBE.

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Elle tient en main droite la palme du martyre et en main gauche un livre signalant sa maîtrise des sciences théologiques et philosophiques, tandis que son attribut, la tour aux trois fenêtres témoignant de son attachement pour le dogme de la Trinité, est derrière elle.

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La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photo lavieb-aile 2023.

 

 

 

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SOURCES ET LIENS.

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— COPY (Jean-Yves), MENOU (Jean-Claude), MOIREZ (Denise) ; BOISSÉ (Claude), CADIOU (Jacqueline), 1965 RIOULT (Jean-Jacques) 2021, Dossier IA00008412 de l'Inventaire et Etude d'inventaire sur le canton du Faouët:

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/b745903b-0b22-4047-90d0-10125fed6231

— DUFIEF (Denise) ; QUILLIVIC (Claude), 1992, 2009-2010, Notice Palissy IM56002709

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM56002709

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. Presses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index . Voir pages 19, 169 (licorne), 226 et 227 (cornemuse), 238 (moissonneur), 241 (écureuil et lapin).

 — DUHEM (Sophie), 1998, "«Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la  sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle"  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1998  Volume 105  Numéro 1  pp. 53-69 http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

 

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26 août 2022 5 26 /08 /août /2022 20:38

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët.

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a. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët :

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b. Les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe , Le Faouët:

 

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c. Chapelle Saint-Sébastien, Le Faouet.

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d. Eglise du Faouët.

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e. le Musée du Faouët.

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PRÉSENTATION.

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Tous les jubés ou clôtures de chœur que j'ai visité en Bretagne comportent, de chaque côté, une table d'offrande. C'est donc le cas pour le jubé de la chapelle Saint-Fiacre, le plus ancien des jubés en bois de Bretagne (1480).

On (j'ignore qui et depuis quand, cf. lithos) a placé sur la table d'offrande de droite une statue du duc Jean V agenouillé, tandis que celle de gauche accueille un retable en granite polychrome représentant le martyre de saint Sébastien. Ce dernier est déjà visible sur les lithographies de 1845 et de 1865 : est-ce son emplacement originel ? Avant même l'installation du jubé, qui est établi, sur le pilier, en s'encastrant dans une niche crédence antérieure ?

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Léon Gaucherel (1816-1886) : Eglise Saint-Fiacre Le Faouët (lithographie, tirée chez Thierry frères à Paris, 1845)

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Jubé de la chapelle Saint-Fiacre près du Faouët (Morbihan) - Lithographie de FICHOT, d’après un dessin de Félix BENOIST, publiée dans La Bretagne contemporaine, Nantes, 1865, t.II

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D'après cliché GFreihalter Wikipedia

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Ce retable provient de l'atelier ducal du Folgoët et sa datation est estimée par Le Seac'h vers 1450 : c'est dire son intérêt. En outre,  sa beauté m'émeut beaucoup, et répond, par sa peinture écaillée, à mon goût pour l'esthétique de l'usé, du fané et du souffrant.

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Au même atelier dit du Folgoët, actif dès 1423, sous le mécénat du duc Jean V,  à la collégiale du Folgoët (1423-1468), aux porches en granite de la cathédrale de Quimper(1424-1442) et du Kreisker de Saint-Pol-de-Léon (1436-1472), de Kernascléden (1433-1464), de Quimperlé (1420-1450) et de Notre-Dame-des-Portes (1438) ou aux porches en kersanton de La Martyre et de Rumengol, est attribué le porche sud en granite de la chapelle Saint-Fiacre, daté par son style gothique flamboyant vers 1450.

C'est aussi au même atelier que sont attribués les deux gisants conservés en l'église du Faouët, datés vers 1425 et représentant Bertrand de Trogoff et son épouse Perronnelle de Boutteville.

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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Ce retable adossé à la pile nord-ouest de la croisée du transept et de la nef présente un haut-relief du martyre de saint Sébastien.

Il mesure 1,42 mètre de haut, 1,67 mètre de large et 24 cm de profondeur. Il est composé de trois hauts blocs principaux,  rectangulaires, et d'un appareillage en partie haute d'une dizaine de pierres. Il est mouluré sur les trois côtés non portants.

Les trois personnages en ronde-bosse sont placés sur des consoles de hauteur inégale, celle où est placée saint Sébastien étant la plus haute. Celle de droite est finement sculpté de croisillons, "une frise de feuilles de choux plates au dessin systématisé" pour Le Seac'h.

Les traces de polychromie sont abondantes et associent le blanc (pour les carnations), l'ocre jaune, le rouge (pour les lèvres), noir (pour les yeux), et un très beau bleu turquoise pour le tronc de l'arbre, les bas-de-chausses de l'archer de gauche et pour les feuilles et tiges des rinceaux.

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Le thème : le martyre de saint Sébastien.

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On sait que ce saint est invoqué pour lutter contre les épidémies de peste, au même titre que saint Roch, car les blessures de flèche évoquent les plaies et lésions de cette maladie. C'est dans le cadre de ce culte que sera construite, un siècle et demi plus tard (1598-1608) la chapelle Saint-Sébastien du Faouët lors d'épidémies de pestes.

On notera que la chapelle Saint-Fiacre s'est élevée près d'un ancien hôpital, ou un hébergement de pèlerins, dont témoigne une inscription lapidaire sur une maison voisine : LAN MIL CCCC XXXVI FUST FAIT CEST OSPITAL PAR C[BOUTE]VILLE. Il faut probablement attribuer aux Boutteville, famille normande passée dès le XIIIe siècle au service des ducs de Bretagne, l'introduction du culte de saint Fiacre, saint invoqué  contre les maladies de peau. Une fontaine située à 500 mètres de la chapelle a été redécouverte en 1979 ; il s'agit d'un ensemble exceptionnel de trois bassins, un véritable établissement thérapeutique dédié aux maladies de la peau" (J.J. Rioult 2021).

Le culte de saint Sébastien  est présent dans toute l'Europe. Et ses statues  sont aussi fréquentes dans les églises et chapelles que ses enluminures et prières d'invocations le sont dans les Livres d'heures.

https://www.persee.fr/doc/mefr_1123-9883_1997_num_109_2_3587

Il est représenté seul, les bras et les jambes liées à un arbre ou une colonne, et le corps nu transpercé de 5 à 7 flèches, ou bien entouré, dans la même posture, de deux archers bandant leur arc.

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Description.

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Saint Sébastien a les mains liées derrière le dos à un tronc d'arbre. Il est vêtu d'une simple culotte moulante à braguette distincte et ceinture serrée par deux lacets.

"Les côtes sont apparentes comme pour le Sébastien de Daoulas (atelier du Folgoët)  et celui du porche des Hommes de Kernascléden ( 1433-1464).

Son corps dégage une impression de vigueur caractéristique  de l'atelier avec un galbe musculaire marqué. Les cheveux sont coiffés en calotte, court sur le front et derrière les oreilles. Les yeux, le nez et les fossettes sont aux formes habituelles de l'atelier. Le pavillon des oreilles est large  comme sur les quatre évêques de la façade méridionale du Folgoët. Le saint esquisse un léger sourire qui est accentué par le carmin des lèvres et le sourcil  gauche en accent circonflexe." (E. Le Seac'h)

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La description d'Emmanuelle Le Seac'h, dont la préoccupation majeure  et bien légitime est de rattacher diverses œuvres, dont celles-ci, à l'atelier du Folgoët pour en dresser le catalogue critique, attribue "l'impression de vigueur" et le galbe musculaire marqué au style de cet atelier, mais par contre, il me faut souligner que cette constitution athlétique est propre au sujet iconographique lui-même. Saint Sébastien, qui était considéré comme un Athleta Christi,  est  représenté depuis le XVe siècle torse et jambes nues, c'est un éphèbe apollinien dont la virilité est, sans jeu de mots, un attribut au même titre que sa beauté solaire. Mais cette virilité est ambiguë, atténuée par une androgynie des traits, et souvent mais non ici par un  de la posture en contrapposto.

Un autre attribut (outre l'arbre auquel il est attaché, les flèches et les archers) est ce "léger sourire" qui, tout en participant à la grâce du visage,  témoigne, dans les choix artistiques modérés, d'une belle indifférence aux blessures qui le frappent, et dans des choix plus accentués, de la satisfaction du saint de souffrir en martyre pour son Dieu.

 

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Un élément remarquable est l'absence de flèches, ou d'orifice de flèches, sur le corps du saint.

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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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"Les pommettes hautes et la vêture des deux soldats sont similaires à celles rencontrées à Quimperlé sur la statue du duc Jean V ou au Folgoët sur celles des Rois Mages. L'archer de droite porte un pourpoint long aux plis verticaux, resserrés à la taille par une ceinture plate aux manches à gigots fendues pour l'aisance. Il est coiffé d'une calotte ronde. Il est sculpté de face tandis que ses membres et sa tête sont de profil. La marque médiévale se reconnaît ici dans la difficulté  à rendre les mouvements, dans le hiératisme des corps et la grande schématisation des visages qui tendent vers l'épure." (E. Le Seac'h p. 68)

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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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De chaque côté, des rinceaux à feuilles larges peints en bleu-vert s'élèvent de la gueule d'animaux, exactement comme sur les moulures des porches sculptés par l'atelier. Du côté droit, où le motif est le plus visible, on reconnaît un dragon ailé. 

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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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"Celui de gauche porte un chaperon enturbanné à un pan aussi appelé chapeau à bourrelet et à crête. Sculpté de profil, il porte une armure dont le plastron est arrondi  dans le bas et fendu sur les côtés et au milieu. "(E. Le Seac'h p. 68)

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Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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ANNEXE : ICONOGRAPHIE.

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Saint Sébastien, atelier du Folgoët, parc de l'abbaye de Daoulas. Photo lavieb-aile.

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Statue en bois de saint Sébastien, chapelle de la Magdelene à Briec-sur-Odet. Photo lavieb-aile.

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Eglise du Tréhou. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, bois, XVIe siècle, chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, kersanton. Photo lavieb-aile.
Calvaire de Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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Entrée triomphale de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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archer, calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

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archer, calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photo lavieb-aile.

 

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Saint Sébastien, kersanton, porche de Ploudiry. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, kersanton, atelier Prigent vers 1550. Chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, kersanton, atelier Prigent vers 1550. Chapelle de Trévarn à Saint-Urbain. Photo lavieb-aile.

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Verrière de saint Sébastien, XVIe siècle, église de Plogonnec. Photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, kersanton, vers 1640, Roland Doré, calvaire de la Croix-Rouge ou Creis Ru de Dirinon. Photo lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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—GROER (Léon de). L'architecture gothique des Xve et XVIe s. dans les anciens diocèses de Quimper et de Vannes. Etude de quelques ateliers. Thèse Ecole des Chartes, 1943. Doc dactylographié inédit.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3370857s/f1.item.texteImage

 — LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. Pages 69 et 314.

 

—LEFEVRE-PONTALIS (Eugène),  1914. Le Faouët, chapelle de Saint-Fiacre, dans Congrès archéologique de France, LXXXIe session tenue à Brest et à Vannes en 1914 par la Société française d'Archéologie, Paris, 1919, p. 348-355.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4224131z/f512.item

— MOIREZ ( Denise),  Rioult (Jean-Jacques), 1965, La chapelle Saint-Fiacre du Faouët,  Dossier IA00008411 de l'Inventaire général du patrimoine.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-fiacre-le-faouet/4613b595-0f59-4fae-8e14-169027523909

Présentation :

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_01.pdf

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_02.pdf

Jubé :

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_03.pdf

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_04.pdf

Vitraux :

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00008411_05.pdf

— Le Faouët et Gourin. Inventaire topographique. Paris, 1975, p 43-50.

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Atelier ducal du Folgoët Le Faouët.
18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 01:12

Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.

Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. II. Le coté du chœur (coté est).

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Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef (Ouest). A. La clôture.

Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef (Ouest). B. La tribune.

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Voir les autres articles sur le patrimoine du Faouët:

a. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre :

b. Les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët:

​c. Chapelle Saint-Sébastien

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Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef (Ouest). A. La clôture.

Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef (Ouest). B. La tribune.

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Voir les autres articles sur le patrimoine du Faouët:

a. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre :

b. Les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët:

​c. Chapelle Saint-Sébastien

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Chœur de la chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Chœur de la chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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A tout seigneur, tout honneur, débutons par le chœur.

— Et bien-sûr par le patron des lieux, Monsieur saint Fiacre.. Ah non?

— ...

— Vous me faites signe de commencer par votre Dame ? Ah, bien-sûr, la préséance va à la  Vierge à l'Enfant.

A droite du maître-autel, ce groupe en chêne de 1,24 m date de la fin du XVe, elle est donc contemporaine du Jubé et de la fin de la construction de la chapelle. La Vierge, élégamment hanchée, est coiffée d'un voile et d'une couronne royale, vêtue d'une robe rouge-pourpre et d'un manteau doré dont le large pan revient sur la manche droite. C'est à droite que cette Mère porte son Enfant, cheveux très court, en robe blanche, qui tient un livre ; son index droit suit avec attention un passage. Il s'agit sans-doute du même passage des Ecritures que Marie lisait, sur l'Annonciation du Jubé, celui d'Isaïe 7:14 qui annonçait  Ecce virgo concipiet, et pariet filium et vocabitur eius Emmanuel, Voici que la Vierge concevra et enfantera  un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel (c'est à dire Dieu avec nous) . Comme cela sera chanté plus tard, Virga jesse floruit, Virgo deum genuit, la tige de Jessé a fleuri, la Vierge a enfanté d'un homme Dieu.

Tige, fleur, mais aussi fruit puisque la mère présente dans la main gauche un objet rond qui évoque une pomme, rappel du thème du jubé, celui de la Rédemption : par son Incarnation, le Christ rachête la faute d'Adam, le Péché originel concrétisé par le Fruit Défendu, la pomme. En même temps, cet objet rond est aussi le globe terrestre que tiendra le Christ Sauveur du Monde. La "pomme" a été dorée : jadis objet de désir, de gourmandise ou de concupiscence, elle  a désormais acquis  un statut sacré.

René Couffon a retrouvé les indices d' "une très nette influence flamande" : figure ovale de la Vierge, front bombé avec des sourcils très arqués, cheveux nattés sur le dos, haute couronne. Denise Moirez (Inventaire Général, 1975) discernait "une facture d'inspiration savante où l'influence allemande se manifeste dans la structure générale comme dans le traitement des plis. Dans tous les cas, l'une des plus belles Vierges de Bretagne.

 

 

Vierge à l'Enfant, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Vierge à l'Enfant, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Ecce Homo 

Sculpture en bois polychrome du XVIIIe siècle,  de 1,92 m, jadis placé dans une niche ou dais sculpté à gauche du maître-autel. Poignets liés, ceint de la couronne d'épines, il est seulement vêtu d'un pagne (le terme perizonium doit être reservé au Christ en croix) et du "manteau de pourpre" que mentionne l'évangile de Jean Jn 19:1-5: 

tunc ergo adprehendit Pilatus Iesum et flagellavit  et milites plectentes coronam de spinis inposuerunt capiti eius et veste purpurea circumdederunt eum  et veniebant ad eum et dicebant have rex Iudaeorum et dabant ei alapas [...]ut cognoscatis quia in eo nullam causam invenio et purpureum vestimentum et dicit eis ecce homo

Alors Pilate prit Jésus, et le fit battre de verges. Les soldats tressèrent une couronne d'épines qu'ils posèrent sur sa tête, et ils le revêtirent d'un manteau de pourpre; puis, s'approchant de lui, ils disaient: Salut, roi des Juifs! Et ils lui donnaient des soufflets.[...] Jésus sortit donc, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit: Voici l'homme. 

 

Le long roseau que l'on voit dans la main droite est mentionné par l'évangile de Matthieu Mt 27:29-30 :

 et plectentes coronam de spinis posuerunt super caput eius et harundinem in dextera eius et genu flexo ante eum inludebant dicentes have rex Iudaeorum  et expuentes in eum acceperunt harundinem et percutiebant caput eius

 Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: Salut, roi des Juifs!  Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête.

 Le Gaffiot donne bien pour arundo, inis : "roseau". Il ne s'agit pas d'une extrapolation.

Ce manteau royal et ce sceptre végétal tourne ainsi en dérision la royauté de celui à qui le Sanhédrin reprochait de se dire Rex Iudaeorum, Roi des Juifs, et de menacer ainsi le pouvoir des Romains sur la Province de Judée (Iudaea).

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Ecce Homo, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Ecce Homo, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Ecce Homo, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Ecce Homo, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Saint Fiacre.

Nous pouvons voir ici trois objets d'art et de culte.

D'une part, la console de granite, et les cinq fusées de gueules en fasces des armoiries  de Boutteville sur l'un des culots.

Puis la niche de 3,10 m,  à candélabres feuillagés sur les montants, surmontée d'un dais à quatre niveaux, qui fourmille de feuillages, de rinceaux à tête de chimères ou de licornes (1er niveau), de candélabres et rinceaux peuplés et de frise fleuronnée (2ème niveau), de fenêtre découpée à réseau  gothique et médaillons à l'antique (3ème niveau)  et même, tout en haut, de petits personnages et (?) de licornes autour d'un vase. 

Enfin la statue de bois polychrome de 1,41m, du XVIe siècle. Le saint est vêtu en moine, d'un scapulaire et cape noire sur la robe blanche. Il tient ses deux attributs, la pelle témoin de sa préoccupation de nourrir les malades qui le consultaient (c'est un saint thérapeute avant d'être un saint-jardinier), et le livre où il se réfugiait dans ses chères études et ses pieuses lectures lorsqu'on lui en laissait le temps. 

La pelle-bêche "modèle Saint-Fiacre" est caractéristique, mais elle n'est pas bien représentée ici : elle est en bois, mais le tranchant en métal la prolonge en écusson. J'en ai vu une, datant du 18e, au Musée de Grenoble, qui a dû lui appartenir : je l'ai reconnue tout de suite.

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Niche et statue de saint Fiacre, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
Niche et statue de saint Fiacre, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Niche et statue de saint Fiacre, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Niche et statue de saint Fiacre, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Niche et statue de saint Fiacre, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

LE TRANSEPT.

Bras nord .

 Sainte Apolline et ses bourreaux.

C'est une statue en pierre du XV-XVIe siècle où la sainte est attachée par les cheveux à une potence, tandis que ses mains sont attachées dans le dos et que ses deux bourreaux, armés de tenailles, sont en train de lui arracher les dents. D'ailleurs, une belle molaire est encore entre les mors d'une de ces pinces.

Le martyre de sainte Apolline, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Le martyre de sainte Apolline, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Le martyre de sainte Apolline, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Le martyre de sainte Apolline, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Sainte Anne.

 

Sainte Anne, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Sainte Anne, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Bras sud du transept

Saint Antoine.

C'est saint Antoine l'anachorète, le fondateur de l'érémitisme chrétien, et représenté avec la longue barbe , la coule ou cuculle qui recouvre sa tête et descend sur son dos, sa canne en T ou plutôt en Tau et son petit cochon, qui sont toutes ses richesses, tous ses attributs.

Mais pourquoi un Tau ? Pourquoi un petit cochon ?

Rien à voir avec la vie du saint, en Égypte au IVe siècle. Mais avec l'Ordre Hospitaliers des Antonins, fondé après qu'un seigneur du Dauphiné ait ramené dans l'actuelle Isère les reliques du saint, lesquelles faisaient merveilles contre le Mal des Ardents, le feu de Saint-Antoine. Cette maladie était due à un champignon du seigle Claviceps purpurea qui vous donnait (et donne toujours) des hallucinations, car il est riche en acide lysergique (révisez l'article sur le LSD). Les moines antonins ignoraient cela, mais savaient qu'une alimentation équilibrée, riche en viande et en légumes, détournait les patients d'une mono-consommation de céréales contaminés. Ils obtinrent le privilège (exorbitant à l'époque) de la circulation de leur élevage de porcs dans les rues des villages, où ils se nourrissaient des eaux grasses et autres ordures. On reconnaissait les porcs des Antonins (et les moines eux-mêmes) à leur clochette.

Outre la viande de porc, ils utilisaient les bonnes herbes mélangées dans de la graisse...de porc  en un remède nommé le Saint Vinage : on en comptait 14, dont la scrophulaire (un anti-inflammatoire), le grand plantain et le plantain lancéolé (un anti-histaminique), l'ortie blanche (reminéralisante) le coquelicot, la verveine, et d'autres que j'ai oubliées.

Comme l'ergot de seigle et la dénutrition causaient des paralysies et des gangrènes, les moines organisés en Commanderies adoptèrent comme logo la béquille. La canne en T plus exactement, sous la forme du signe Tau. Les Antonins étaient experts en amputations et en appareillages. Ils eurent un succès fou, et bientôt on dénombra plus de 380 établissements  rattachés à la Maison-mère. L’Ordre s’enrichit grâce aux largesses accordées par les papes, les  rois, princes et puissants qui accourent auprès des reliques. Et parmi eux, Anne de Bretagne.

Saint Antoine est, avec saint Fiacre et saint Sébastien, l'un des trois saints thérapeutes contre les épidémies médiévales présents dans la chapelle. Ajoutons sainte Apolline, car il ne faut pas sous-estimer les problèmes dentaires.

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Saint Antoine,  chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
Saint Antoine,  chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Saint Antoine, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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LA NEF.

Le Martyre de saint Sébastien.

Ce qu'il faut savoir, c'est qu'un tel groupe, où l'officier Sébastien est la cible des flêches de ses propres archers, et où il reçoit les blessures avec la belle indifférence de ceux qui mettent leur foi dans le Seigneur, est caractéristique d'un culte où le saint est invoqué contre la "peste", ce terme désignant toutes les épidémies médiévales. 

Martyre de saint Sébastien, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Martyre de saint Sébastien, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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LEVONS LA TÊTE, ON NOUS REGARDE.

1. La charpente, diaporama.

Charpente, croisée du transept, Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile
Charpente, croisée du transept, Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile
Charpente, croisée du transept, Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile
Charpente, croisée du transept, Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile
Charpente, croisée du transept, Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

Charpente, croisée du transept, Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile

2. Diaporama

 

Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.

Suite, diaporama

 

Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.
Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.

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CONCLUSION.

Laurent Léna signale aussi les statues de sainte Elisabeth, de sainte Ursule et de saint Laurent. On peut comparer les statues encore conservées à Saint-Fiacre avec la liste des suffrages du Livre d'Heures du duc Pierre II de Bretagne proposée par Jean-Luc Deuffic :

f. 125v (suffrages, prières en français et en latin), martyre de S. Eutrope; f. 126v, S. Fiacre; f. 127v, S. Bernardin; f. 128v, S. Vincent Ferrier; ; f. 146v, S. Germain d'Auxerre; f. 147v, S. Dominique;; f. 148v, S. Pierre Martyr, frère Prêcheur; f. 149v, S. Thomas d'Aquin; f. 150v, S. Antoine; f. 151v, Martyre de sainte Apollonie; f. 152v, Ste MagdeIeine; f. 153v, Ste Catherine; f. 154v, Ste Marguerite; f.155v, S Julien; f. 156v, S. Christophe; f.157. S. Sébastien; f. 158v. S. Maudet ; f. 159v, martyre de S. Adrien; f. 160v, S. Michel; f. 161v, S. Jean-Baptiste; f. 162v, S. François d'Assise; f. 163, S. Gilles; f. 164v, Ste Anne, la Vierge et l'enfant Jésus; f. 165, S. Etienne; f. 166v, Ste Barbe; f. 167v, S. Donatien et S. Rogatien; f. 168v, Ste Ursule; f.169v, les Onze mille vierges; 

La chapelle n'a certainement pas conservée l'ensemble de sa statuaire du XV et XVI e siècle, mais il ne peut néanmoins nous échapper que les saints représentés ici sont ceux qui sont invoqués contre les maladies. Si on associe cette constatation à la notion d'un hôpital construit dès l'origine à proximité, à l'existence d'une fontaine de dévotion à trois bassins (dont les eaux avaient certainement un pouvoir thérapeutique), à l'existence d'un pélerinage , aux paroles d'un cantique breton à Saint Fiacre clamant que D' ar c'hlangour c'houi rè ar yec'hed ("Vous rendiez la santé aux malades"), on ne peut que porter crédit à un faisceau d'arguments présentés par Laurent Léna lorsqu'il envisage "que le service de la chapelle était peut-être assuré, ainsi que son hôpital annexe, par des hospitaliers de la Commanderie voisine. Les Hospitaliers, impliqués depuis les Croisades dans une lutte contre la lèpre, et implantés depuis le XIIe siècle dans le pays, possédaient une Commanderie de Saint-Jean, au Faouët, une Commanderie de Beauvoir à Priziac, et la Commanderie du Crosity, dans un espace de dix kilomètres environ.

Saint Fiacre est souvent présenté comme le patron des jardiniers, et, éventuellement comme le guérisseur des hémorroïdes, les "apostumes du fondement" ou "Mal saint-Fiacre" mentionné par le médecin Rabelais, ou par Antoine du Pinet dans sa traduction de Matthioli (1566). La première mention que je rencontre date de 1547.   Amboise Paré parle des "fics ou fils Sainct-Fiacre" comme des fungus de la Dure-Mère, ou des "espèces de verrues" du col de la matrice. Mais son invocation contre la lèpre,  contre les maladies de la peau, et contre toutes les maladies ne doit pas être négligée. La Molène ou Bouillon-Blanc Verbascum thapsus était jadis désignée sous le nom d'Herbe de saint-Fiacre. Elle est traditionnellement utilisée contre les maladies de la peau et de l'appareil respiratoire. On désigne aussi sous le même nom d'Herbe de Saint-Fiacre l'Heliotrope commune Heliotropium europaeum aussi nommée Herbe aux verrues. Ce lien entre Herbe de Saint-Fiacre et Herbe à verrues est attesté depuis au moins le XVIIIe siècle.

Il est attesté aussi que saint Fiacre passait pour le saint des lépreux (1684), et autres galeux, teigneux, rogneux et vérolés (1821). 

 

Culot de console, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Culot de console, chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

DIVERSES ENLUMINURES de saint Fiacre.

Amiens, BM 0201 f.140 Fin XVe siècle.

De Sainct Fiacre Anthaine

Beate Christi confessor fiacri ecce nomen tuum fulget per secula petimus.

 

Amiens BM ms 0201 f.140

Amiens BM ms 0201 f.140

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Bnf Latin 13279

 

Bnf Latin 13279

Bnf Latin 13279

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BM Chambery 001 folio 188 (vers 1470)

Beate Christi confessor fiacre cem nomen tuum. fulget per secula

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BM Chambery 001 folio 188 (vers 1470)

BM Chambery 001 folio 188 (vers 1470)

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Châteauroux BM ms 002 folio 313v heures à l'usage de Rome vers 1414.

Beatus fiacrius heremita magnus ficus [in melden si tento no sub] sanctissimu faronis epi~ protectione cons---

Châteauroux BM ms 002 folio 313v heures à l'usage de Rome vers 1414.

Châteauroux BM ms 002 folio 313v heures à l'usage de Rome vers 1414.

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Bnf Latin 1159

Qur me confessus..

Bnf Latin 1159.

Bnf Latin 1159.

Bnf Latin 10538

Qua --- confessore fiacrium fac nos semper...

Bnf latin 10538

Bnf latin 10538

Valencienne 1206 folio 193 recueil de prières 16e siècle.

Si te supplie devotement que a mon ame premierement –petre la gloire eternele Et au corps temporelement me donne sante corporele. Amen.

Item aultre oraison de [notre] sainct fiacre.

Beate Christi confessor fiacre cem nomen tuum. fulget per secula Petimus ergo ut tuis sacris precibus mereamur adm—ari a domino Ora pronobis beate fiacri.

SOURCES ET LIENS.

 — Inventaire Général des monuments et des richesses artistiques de la France. Cantons de Le Faouët et de Gourin, Morbihan. 1975.

 

— LÉNA (Laurent), 1990,  Le Faouët, la chapelle Saint-Fiacre, Presses E.T. Saint-Michel Priziac. 

Site mandragore .bnf.fr

Site enluminure.culture.fr.

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Published by jean-yves cordier - dans Le Faouët.
18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 01:01

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PRÉSENTATION.

De même que le coté ouest, le coté est du jubé est constitué de la clôture, surmonté de la tribune, elle-même formée des fausses-voûtes et, au dessus, du garde-corps.

 

 

Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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I. LA CLÔTURE.

Je n'en présenterai que la sablière. Elle est plus simple que son homologue du coté nef, et ne présente que deux figures, entourées de végétaux et de banderoles en spires.

Les deux personnages pourraient passer pour des géants écrasés par l'étroitesse de la poutre de bois, ou par le poids de la tribune. Avec leur allure de rustaud, ils ont un je-ne-sais-quoi de rabelaisien et de comique.

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Sablière de la clôture, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Sablière de la clôture, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Sablière de la clôture, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Sablière de la clôture, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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II. LA TRIBUNE.

Elle comprend cinq fausses-voûtes lambrissés, dont les cinq arcades s'achèvent sur six culots de retombés sculptés de personnages et d'animaux, et dont les écoinçons fournissent l'occasion de six scènes : deux anges porteurs d'écus et quatre humains. Puis vient une première frise végétale animée par un dragon central. Puis une deuxième frise à motifs géométriques. Viennent ensuite les dix panneaux à entrelacs multicolores, et enfin la main courante où courent des animaux fantastiques.

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Tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

A. Les arcades des fausses voûtes.

Je les décrirai de gauche à droite.

I. Le groupe de gauche.

 

 

Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Il faut d'abord voir le retour, coté sud.

On y voit, au dessus d'un acrobate, un homme portant sur ses épaules un mouton et tenant de la main gauche un couple de volailles (canards selon L. Léna).

Coin gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Coin gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Dans le premier écoinçon, nous voyons un homme (cheveux mi-longs, tunique rouge courte à ceinture, chausses bleues) qui escalade un pommier et remplit de fruits un petit panier passé au bras gauche. Cet homme qui regarde le spectateur est une allégorie du vol. Donc, il représente le péché. C'est très habile de la part d'Olivier le Loergan, car ce pommier correspond, du coté ouest, au pommier de l'Eden et à la scène du Péché Originel. Ainsi, un lien est créé entre la pomme croquée par Adam et Éve, et le fruit du (modeste) larcin, comme pour souligner que chaque écart par rapport à la loi reproduisait, par la fatalité de la déchéance de l'humanité, la désobéissance des Premiers Parents. Aussi, lorsqu'il nous regarde, c'est sans-doute pour nous dire : "Toi aussi, non ?".

 

Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Acrobate, Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Acrobate, Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Il y aurait beaucoup de chose à dire sur cet acrobate. Là encore, il faut se reporter mentalement au coté ouest, où tous les culots sont sculptés d'anges en train de voler, entourant à sa base l'équivalent de la Poutre de Gloire affirmant le dogme de la Rédemption. Nous sommes ici dans la face inverse de ce motif, dans sa face humaine, d'une humanité déchue et de son aspiration, non à l'élévation vers les Cieux et vers le Divin, mais vers le bas et vers l'animalité. C'est du moins l'une des interprétations possibles, car l'acrobate peut renvoyer aussi à l'inversion carnavalesque et libératrices des valeurs, du lâcher-prise qui s'exprime, traditionnement, dans les hauteurs sur les sablières. Ou bien, comme l'acrobate situé au centre du portail central de la basilique de Vézelay, au dessus et dans l'axe de la tête du Christ, qui est, selon Annick de Souzenelle, le symbole de l'homme accompli, capable de réunir ses pieds et sa tête.

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Acrobate, Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Acrobate, Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Passons maintenant à l'arcade voisine.

L'animal qui orne le culot n'a pas été clairement identifié (Inventaire Général) ou correspond (L. Léna) à "un chat avec son rat sur la cuisse" . Il me semblait voir un oiseau entre ses pattes.

Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Coté gauche de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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L'imposant personnage qui occupe l'écoinçon tient dans la main gauche un tonneau, alors qu'une gourde vide est figurée à droite de sa tête : c'est le péché de gloutonnerie ou d'ivrognerie. Bouche ouverte, penché en avant, une main sur la cuisse droite, il adopte  l'attitude d'un homme en train de vomir, mais c'est un renard qui est sorti de son gosier. Je n'ai pas compris immédiatement ce que je voyais : car ce renard a deux queues, ce qui indique qu'il est écorché, la partie postérieure (peinte en rouge) y compris la queue encore maintenue dans la bouche, étant dépecée, et la fourrure étant rabattue sur le dos de la pauvre bête. Cette énigme s'explique lorsqu'on apprend que depuis le XVe siècle, on disait d'un homme ivre en train de vomir qu'il "écorchait le renard". L'expression peut elle-même provenir d'une comparaison effectuée entre les fusées de vomissement et la queue  des renards ou "goupils", queue si fournie et touffue qu'elle a donnée notre terme de "goupillon". On trouve aussi au XVIe siècle "tirer au renard", et plus tard "piquer un renard" ou simplement "renarder". On la trouve pour la première fois à la fin du XVe siècle dans le Parnasse Satyrique sous la forme Renars escorchier, mais on lit déjà dans les chansons de Geste "escorchier le gorpil".

 

On trouve cette expression dans Rabelais, Livre I:6 ; Livre II :11 ; II:6 ; II:16 ; IV:41, etc...

Pantagruel II,16 : "Et tous ces bonnes gens rendoient là leurs gorges devant tout le monde, comme s'ils euffent efcorché le renard, " 

Pantagruel 6 "Tu escorche le latin, par sainct Jan, je te feray escorché le renard [rendre gorge ?]"

Gargantua I,11 : "Tous les matins Gargantua escorchoit le renard"

Gargantua I, 22 : liste des jeux de Gargantua : "Là, jouait [...] à escorcher le renard"

Marot en fait mention dans sa IIIe Epistre du Coq-à-l'asne (1536) "Et gardez bien qu'on ne l'escorche, Car ung homme bien empesché ,Seroit d'ung renard escorché.", ainsi que Mathurin Cordier : "Il a escorché le renard. Evomuit crapulam"

Le CNRTL indique :

Arg., pop., vieilli. (Queue de) renard. Synon. de vomissement, vomissure. Quelque chose qu'il ne peut pas retenir lui échappe avec la violence d'une fusée; il s'est avancé vers la portière, dans l'espoir d'y lancer son renard (Kock,Compagn. Truffe, 1861, p. 113). De grands silences se faisaient, coupés par (...) des chutes sourdes d'ivrognes (...) le vin coulait si fort depuis six heures, qu'il allait se promener sur les trottoirs. Oh! de belles fusées, des queues de renard élargies au beau milieu du pavé (Zola, Assommoir, 1877, p. 772).

♦ Loc. Aller au renard, écorcher le renard, piquer un renard. Vomir. On en avale un verre, deux verres, dix verres sans piquer de renard; mais quand on en a jusqu'au goulot, finalement, faut dégueuler (La Petite lune, 1878-79, no13, p. 2).Ça chlinguait drôlement (...). Ça (...) donnait envie d'aller au renard (Le Breton,Rififi, 1953, p. 146).

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L'Ivrogne "écorchant le renard", Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

L'Ivrogne "écorchant le renard", Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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II. Le groupe médian. 

Dans les écoinçons, les deux anges tiennent des écus qui ont été martelés à la Révolution. On peut y imaginer les armes de Boutteville , seigneurs du Faouët. Sous Jean V de Boutteville, chambellan de François II, la chatellenie fut érigée en baronnie en 1495. Et peut-être figuraient-elles en alliance avec celles  de Quimerc'h (alliance contractée en 1463).

Les ronde-bosses des culots représentent deux oiseaux, identifiés par les bons auteurs comme "une oie et un canard" . J'ignore quels sont les critères zoologiques, car les deux oiseaux me semblent identiques, mise à part la position de leurs ailes.

J'ignore aussi ce qui justifie leur présence, à une place centrale encadrant l'allée menant du portail de la clôture jusqu'à l'autel. Sont-ils héraldiques, issus des meubles des familles nobles locales? Certainement une fausse piste. Sont-ils des Phénix, symboles  du Christ réssuscité ? Des Oiseaux non spécifiés, contre-pieds naturels des Anges de la Surnature ? 

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Milieu de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Milieu de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

 

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III. Le groupe de droite. 

a) 5éme culot : un acrobate ?

 

Cinquième culot de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Cinquième culot de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Cinquième culot de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Cinquième culot de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

b) Ronde-bosse du sixième culot. Un singe.

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c) 5éme écoinçon : un couple. 

L'Inventaire Général indique "jeune couple se promenant : allégorie supposée de la luxure" . Laurent Léna décrit "un jeune homme vêtu d'une tunique bleue [qui] tient par la main une charmante jeune fille ; celle-ci est habillée d'une robe sur laquelle est drapée une jupe dont elle retient les plis de la main droite ; sa chevelure est recouverte d'un voile qui lui laisse cependant un front bien dégagé avant de retomber à la fois sur les épaules et le buste. Le jeune homme semble l'entraîner galamment. (La luxure ?)". J'ajouterai que la coiffure de la dame est peut-être un hénin ; que le jeune galant est coiffé d'un bonnet rouge sur une copieuse chevelure blonde ; mais surtout je m'interrogerai sur l'objet qu'il tenait dans la main gauche et dont il ne reste qu'un manche ou une tige. Et surtout, j'aimerais pouvoir préciser ce que font les deux mains enlacées : les époux ou amants se donnent-ils la main ? La femme tente-t-elle de puiser dans la poche de l'homme ? Ou bien le geste est-il plus ambiguë ?

 

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La Luxure, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

La Luxure, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

 

d) le dernier écoinçon. Joueur de cornemuse.

Après avoir dénoncé le Vol, l'Ivrognerie, et  la Luxure, si l'artiste offre aux regards le portrait d'un musicien, c'est sans nul doute pour participer à la dénonciation, par le clergé et l'Église, de la musique à danser et des débordements qu'elle favorise. A l'opposé des instruments joués par les anges (trompettes, mais surtout harpe et viole, flûtes et tambourins), la cornemuse est considéré comme un instrument diabolique.

Joueur de cornemuse,  tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Joueur de cornemuse, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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e) Retour d'angle : joueur de bombarde. 

Les sonneurs vont par deux, et le joueur de cornemuse ne va pas sans son comparse le joueur de bombarde, que l'on trouve donc à ses cotés dans l'angle de la tribune. Les deux portent le même bonnet rouge, la même tunique rouge courte sur des chausses bleues, et les mêmes chaussures.

Couple de sonneurs, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Couple de sonneurs, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

B. Le Garde--corps.

1. Les panneaux du garde-corps.

Ils sont semblables à ceux du coté ouest, on y retrouve les entrelacs, ainsi que la cordelière du duc François II et les hermines. Je n'en donnerai que deux exemples. 

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Panneaux du garde corps, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Panneaux du garde corps, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Le semé de moucheture d'hermines fut adopté par le duc Jean III sur ses armoiries en 1316. Hermines et cordelières sont donc antérieures à Anne de Bretagne et sont cohérentes avec la date de 1480 insctite sur le jubé du coté ouest par Olivier Le Loergan. Elles affirment l'influence du pouvoir ducal dans l'édification de la chapelle, comme le font les armoiries de la façade est.

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Panneaux du garde corps, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Panneaux du garde corps, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

2. La main courante du garde-corps.

Dans la partie gauche, un dragon ailé dont la queue se termine en une deuxième tête   se lance à l'attaque d'un homme-bête, au corps entièrement velu. Celui-ci tient dans la main gauche un miroir. 

Pour L. Léna, et pour les auteurs de l'Inventaire Général,  il s'agit d'un "basilic , sorte de dragon à queue terminée par une tête de serpent" : " l'homme se protège du venin de la bête à l'aide d'une cloche de verre qu'il porte sur le dos". Une précision me met sur la piste de cette étrange hypothèse en ajoutant "même motif à Vézelay".

Manifestement, l'auteur (Denise Moirez sans-doute) qui a fait cette interprétation s'est appuyé sur le texte d' Émile Mâle, 1922, L'art religieux du XIIe siècle en France : étude sur les origines de l'iconographie du moyen age : page 333 (avec une figure) :

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"Un chapiteau de Vézelay nous offre un sujet plus étrange.
Un personnage, qui tient devant sa face une sorte de cloche, semble s'avancer vers un animal composite, coq par devant, serpent par derrière. Il n'est pas possible de croire à une simple fantaisie d'artiste, quand on connaît le passage que le Bestiaire a consacré au basilic.
Le basilic, qui participe de là nature de l'oiseau et de la nature du serpent, naît d'un oeuf de coq couvé par un crapaud : « car il arrive que certains coqs, dans leur septième année, pondent un œuf». Le basilic n'est redoutable à l'homme que par son regard, mais qui rencontre ses yeux meurt sur-le-champ. Toutefois, le dangereux fluide ne saurait traverser le verre, et il suffit d'appliquer sur son visage une cloche de verre pour pouvoir regarder impunément le basilic ; c'est grâce à cet artifice que les soldats d'Alexandre détruisirent les basilics de l'Inde'.
"Qu'est-ce que le basilic? ajoute le Bestiaire, sinon une figure du démon : le Christ en triompha en s'enfermant dans le sein d'une Vierge plus pure que le cristal".

https://archive.org/stream/lartreligieuxdux00mluoft#page/332/mode/2up

Mais j'objecterai que si, à Vézelay, le personnage tend devant lui un récipient qui peut ressembler à une cloche, ici, à Saint-Fiacre, notre homme sauvage tient indiscutablement un miroir. D'autre part, ce miroir n'est pas "porté sur le dos", mais tenu par une main, qui pose seulement le problème qu'elle est en surnombre par rapport aux deux pattes antérieures. Il est bien connu que rien ne peut vaincre le Basilic, qui tue par la seule puissance de son regard, si ce n'est de lui renvoyer ce regard en lui présentant un miroir : c'était déjà la ruse que Persée utilisa pour venir à bout de Méduse aux mille têtes.

Peut-on en toute confiance, sur la seule foi de quelques lignes d'Émile Mâle, partir à la chasse au basilic armé d'une seule cloche de verre, si tant est qu'on en dispose d'une ? Je ne le conseille pas. Mâle s'est fondé sur Cahier, qui évoque Grégoire le Grand, mais il faut aussi consulter son Physiologus, son Pline, son moine Théophile (dans son Shedula diversarium artium) et on ne revient pas tout à fait indemne d'un tel parcours. Agrémenté d'un détour incontournable par le De Serpentibus d'Isidore de Séville (Etymologiae Livre XII, De Animalibus)

Prenons Charles Cahier. C'est lui qui décrivit le chapiteau de Vézelay, et qui en a donné une belle (mais très infidèle) illustration dans ses Nouvelles . On la comparera à la réalité (source image) pour en mesurer l'écart :

Mais surtout, le texte des Nouveaux Mélanges d'Archéologie permettra de constater que l'abbé Cahier est fort perplexe devant ce chapiteau. 

Dans les Mélanges d'Archéologie parus 30 ans auparavant, Cahier se rapportait à un auteur latin selon lequel  Alexandre le Grand en rencontra lors de son expédition en Inde. Il les vainquit en faisant faire des cloches de verre interceptant leur regard, coiffées par des cavaliers qui ont pu ainsi les tuer à coups de lance.

 : "Voici donc ce que disait Brunetto Latini  dans son Trésor, chapitre De toutes manières de serpens : "Basiliques est li roys des serpens, et est si plains de venin...que le veoir et le flairier de lui en porte venin et lonc et près...Et tel a qui de son odour ochist (occit) les oisiaus volans, et de son veir (de son regard) les hommes quand il les voit : ja soit ce ke li anchyen dient quu'il ne nuyst pas à chelui qui voit primes les basiliques que il eaus (qui le voit avant d'avoir été vu par lui) Et sachés que Alixandre les trouva, et fist faire grans ampoles de voirre (bouteilles ou cloches de verre) où hommes entroient dedens qui véoeint les basiliques, mais il ne véeoit aus ; qui les ochioient de saiettes (sajettes?). Et par tel engien en fu délivrés il, et son fort ost (son armée) »"

 

Muni de ce texte, il interprétait le chapiteau ainsi :  

 

"Avec ces renseignements, sans plus, nous saisirons la mise en scène du bas relief. Une sauterelle monstrueuse et un homme marchent comme de concert au devant du basilic ; et l'homme, pour affronter sans danger le terrible regard de son ennemi, s'apprête à se couvrir les yeux et la tête d'une cloche de verre."

 

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Chapiteau du Basilic, Vézelay, selon C. Cahier, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5698889x/f242.item.r=v%C3%A9zelay

Chapiteau du Basilic, Vézelay, selon C. Cahier, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5698889x/f242.item.r=v%C3%A9zelay

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Main courante,  tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Main courante, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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 tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Il est néanmoins possible que le chapiteau de Vézelay, ou sa copie  sur quelque cahier d'ymagier, vienne expliquer les bizarreries de ce personnage entiérement velu et à trois bras, s'il trouve son origine dans la fusion du poisson-sauterelle et de son cavalier sculpté à Vézelay.

 

 

Lutte contre le Basilic, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Lutte contre le Basilic, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Le personnage suivant est pour moi un paysan aux cheveux roux se protégeant du montre voisin à l'aide d'une branche de bois, mais les auteurs ont jugés qu'il avait un faciès de singe (L. Léna) et l'ont décrit (Inventaire Général) comme un "singe parmi les branchages". 

tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Bêtes sauvages, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Bêtes sauvages, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Bêtes sauvages, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Bêtes sauvages, tribune du Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 — Inventaire Général des monuments et des richesses artistiques de la France. Cantons de Le Faouët et de Gourin, Morbihan. 1975.

—  CAHIER (Charles), 1847-1849, Deux chapiteaux historiés du XIIe siècle,, in Mélanges d’Archéologie, d’Histoire et de Littérature, vol. 1, Paris, Poussielgue-Rusand page 153-156.

—  CAHIER (Charles), 1874-1877, Nouveaux mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature sur le Moyen-Age.... Curiosités mystérieuses /  Didot (Paris)   page 203-205.

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5698889x/f242.item.r=v%C3%A9zelay

DUFIEF-MOIREZ (Denise), 1989,  "Olivier Le Loergan un maître trégorrois du XVe siècle". ArMen la Bretagne, un monde à découvrir. n°21 juin 1989 pp. 50-58.

HABLOT (Laurent), 2004,« Pour en finir, ou pour commencer, avec l’ordre de la Cordelière », Actes du colloque Pour en finir avec Anne de Bretagne, Archives départementales de Loire-Atlantique, dir. D. Lepage, Nantes, 2004, p. 47-70.

— LÉNA (Laurent), 1990,  Le Faouët, la chapelle Saint-Fiacre, Presses E.T. Saint-Michel Priziac. 

— MOIREZ (Denise), 1973, Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, Revue de l'art n°20

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Le Faouët.
17 janvier 2016 7 17 /01 /janvier /2016 23:59

La tribune.

Jadis, à l'angle sud-est,  un escalier droit plaqué contre le mur ouest du bras sud du transept permettait à un lecteur d'y accéder et de s'adresser aux fidèles. Il a été supprimé par Lebrun en 1862-1866. 

En encorbellement sur les deux faces de la clôture, la tribune est décomposée  en deux niveaux séparés par deux frises, l'une à décor végétal et animal, l'autre à décor géométrique ajouré  :

– En bas, cinq fausses voûtes lambrissées à arc d'ogive : le décor y est localisé sur les écoinçons, sur les six culots des retombées (avec leurs anges suspendus en vol) et sur les clefs. On compte cinq autres fausses voûtes du coté est.

– En haut, un garde corps aligne onze panneaux carrés à motifs géométriques, séparés par autant d'accolades à fleurons et crochets. A chaque arcade des fausse-voûtes de l'étage inférieur correspond donc deux arcades.

Le garde corps s'achève en haut par une main courante de 25 cm, dont les sculptures répondent à celles de la frise sculptée de la clôture.

La façade ouest présente aux fidèles rassemblés dans la nef les cinq personnages d'une Crucifixion : le Christ en croix au milieu des deux larrons, à la hauteur du garde-corps. Et la Vierge Marie et saint Jean, au niveau des fausses-voûtes.

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Tribune et clôture, Jubé de saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Tribune et clôture, Jubé de saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Tribune, Jubé de saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Tribune, Jubé de saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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"Ce n'est pas un hasard si Mérimée et Viollet-le-Duc se sont intéressés au jubé de Saint-Fiacre. Bien intégré à la chapelle, au décor de laquelle il emprunte plus d'un motif , ce jubé, le plus ancien des jubés de bois bretons actuellement conservés, retient l'attention à plus d'un titre : la composition équilibrée est caractérisée par le jeu des formes qui, de la clôture à la tribune, se répondent en s'emboîtant ; la vision en perspective des fausses voûtes de la tribune anime l'ensemble en lui donnant du relief, impression à laquelle contribue la distribution, sur la face principale, des cinq personnages de la Crucifixion, sur trois registres et en quinconce. L'unité de style, (exception faite des vantaux Renaissance, est très nette, même si le décor héraldique porte logiquement à échelonner l'exécution de l'ouvrage sur une dizaine d'années après la date inscrite (1480) ; et la sculpture ornementale flamboyante reste étroitement liée au schéma architectural qu'elle souligne. Enfin, le programme iconographique choisi répond sans nul doute à un but didactique. Si certains détails restent difficiles à identifier, du moins peut-on définir les thèmes essentiels : sur la face Ouest, le Péché Originel, la Rédemption par l'Annonciation, le Roman de Renart ; sur la face Est, les Vices en symboles imagés, et divers animaux du Bestiaire." (Inventaire Général, 1975)

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Garde-corps de la tribune, Jubé de saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Garde-corps de la tribune, Jubé de saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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 Les cinq personnages de la Crucifixion. 

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Tribune, Jubé de saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Tribune, Jubé de saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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I. Historique.

 

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Une inscription (remise à jour en 1971) est  gravée sur l'écu tenu par l'ange  ornant la clef de voûte de la tribune à gauche de la Vierge  : L'AN MIL IIIJcc IIIIxx [1480] FUT FAIT CEST HEVPVRE  P[ar] OLIVI[er] / LE LOERGA[N] OVPVRIER . L'exécution de l'ouvrage, commencée sous François II, dut se prolonger au début du règne de sa fille Anne, duchesse de Bretagne et reine de France, en 1492, comme en témoigne l'association dans la tribune de cordelières [cet accessoire, allusion au Cordeliers ou Franciscains avait été adopté en emblème par François II ], d'hermines et de fleurs de lis.

— Le terme d'Hevpvre ou Heupvre doit se lire pour "œuvre". Cette forme n'est trouvée qu'ici. Les formes en ancien français sont ovre, euvre et uevre (XIIe), oevre (XIVe) .  Quelle est l'acceptation ici du substantif "oeuvre" ? Le CNRTL en propose 10 :

1. 1re moitié XIIes. «objet créé par l'activité, le travail de quelqu'un»

2. ca 1145  «action, fait de faire quelque chose»

 3. 1160-74 «production artistique ou littéraire»

 4. 1174-77 «union charnelle de l'homme et de la femme»

5. ca 1208 «tâche, action propre à quelqu'un ou à quelque chose»

6. 1225-30 «action considérée dans sa valeur morale ou religieuse» 

 7. fin XIIIes. «travail artistique d'une oeuvre d'orfèvrerie» 

 8. 1379-80 euvre «fabrique d'une église» (Compt. de la fabriq., Arch. Aube, G 1559, fo41 rods Gdf.); 1611 «banc des marguilliers dans l'église» (Cotgr.); 

9. 1611 maistre des hautes oeuvres (ibid.);

10.1567 marine. oeuvres mortes  oeuvres vives.

— Le terme d' Ovpvrier ou Oupvrier renvoie au terme Heupvre, car "ouvrier" et "œuvre" ont la même étymologie, venant du latin operarius qui mène à "ouvrier" ,  opera à "œuvre", et operari à " œuvrer".Celui qui œuvre à une chose est celui qui la crée, son auteur  et son artisan. "Ouvrier" ne désigne pas seulement un exécutant, une "main d'œuvre", mais le noble concepteur de l'ouvrage.

C'est la même réflexion qui s'applique au vitrail de la Vie de Saint-Fiacre de cette chapelle, où P. Androuet signe son travail avec la mention "P. Androuet, ouvrier demeurant à Kemparalé 1552".

— Olivier Le Loergan a laissé son nom en 1474 sur l'une des sablières de Saint-Nicolas-du-Pelem  : "Lan de grâce mil iiii c l xx iiii , estoit recté de céans M. J. de la Roche, Yvon Le Pennec en estoit le fabrique : q(uand) cest oupvre cy fist loupvrier nome Le Loergan 0llivier ".  On y retrouve les deux substantifs "ouvre" et "oupvrier". La même année, son nom apparaît sur une sablière de l'église de Canihuel et est transcrite ainsi : " fait faire en 1474 par le recteur M. J. de La Roche, et Yvon Le Pamel, de la fabrique, par l'ouvrier Olivier Loergan ". Originaire du Merzer (22, au nord-est de Guingamp), il  figure sur une liste d'annoblis de 1469 par François II, ce qui témoigne que son statut n'est pas celui d'un simple ymagier ou menuisier-sculpteur, et que ses mérites ont été récompensés 11 ans avant qu'il ne signe le jubé de Saint-Fiacre. 

 

 

 

Les commanditaires du jubé sont inconnus : leurs armoiries qui figuraient sur la tribune, à l'Est, ont été martelées à l'époque révolutionnaire. 

 

 

 

Inscription-signature, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Inscription-signature, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Puisque j'ai présenté cette inscription, il me faut montrer aussi celle qui lui est couplée, à droite de saint Jean.

TOUZ CEULX 

 QVI CEANS AN

TRERES AIES ME

MOIRE DTREPASSs

Soit : "Tous ceux qui ici entrerez, ayez mémoire des trépassés".  On doit garder en mémoire que les deux anges porteurs d'inscriptions surplombent le portail du jubé qui donne accès au chœur.

 

Inscription, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Inscription, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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II. Les six  anges des fausses voûtes.

 Je débuterai ma description par la présentation des anges des fausses voûtes, car lors de ma première visite, ce sont eux qui sont venus en premier, pieds nus comme des enfants en pyjama, virevolter autour de moi et me charmer de leur allures d'elfes aux chorégraphies d'acrobates, me présentant sur des phylactères leur invisible mais insistant message.  Quoiqu'il arrive, ces joyeux compagnons aux boucles d'or et aux yeux d'azur  ont toujours le sourire , et mènent sans se lasser de témoigner de la grandeur des Cieux.

Brassant l'air à la base de la tribune, ils en sacralisent l'atmosphère à la manière de l'encens et préparent, sur la tribune, l'énonciation de la parole divine. Inutile de tendre l'oreille pour savoir qu'une musique s'élève ici, vive comme le mouvement de leurs ailes, tendue comme l'arc de leur dos, capricante comme les courbes de leurs saltos, joyeuse comme du Mozart, exaltée comme du Bach.

Ces figurines de 33 centimètres  sont sculptés en ronde bosse sur lrs culots de retombées des fausses-voûtes .

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Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Culots des fausses-voûtes, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Après ce prélude musical, il faut passer à un sujet non moins joyeux, mais néanmoins plus grave : la Rédemption. Car c'est à ce mystère qu'est consacré toute la face ouest du Jubé. Vais-je savoir le présenter, alors que je ne suis qu'un amateur de grâce et de beauté ?  La rhétorique, si fréquente qu'elle est quasi constante dans le décor des sanctuaires du XIIe au XVIe siècle, est la suivante : Adam et Éve, en désobéissant à Dieu par le Péché Originel, ont dégradé la nature humaine et ont corrompu l'humanité. Dieu "rachète" (le latin Redemptio  veut dire "rachat" ) l’homme de l’esclavage du mal et du péché, afin de lui rendre sa liberté. Pour cela, Il s'incarne en un homme, Jésus-Christ, qui naît de la Vierge Marie. Par son sacrifice sur la croix lors de la Passion , Jésus rachète l'humanité. Les trois temps sont donc 1) la Chu​te, 2) l'Incarnation et 3) la Passion. Ces trois temps sont dramatiquement présentés dans le Jubé par un triangle spectaculaire avec  à la base 1)  Adam et Éve à droite, 2)  l'Annonciation faite à Marie à gauche (cotè noble dans une église) et au sommet 3) le Christ sur la croix.  

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Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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I. La Chute : Adam et Éve chassés du Paradis.

Cet épisode est traité de façon originale, dans le passage d'un arbre à un autre : du Pommier au Figuier. Ce traitement le rend passionnant.

a) A droite, le Pommier.

On reconnaît ses fruits ronds et rouges, mais aussi ses feuilles propre au genre Malus. Il joue ici le rôle de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Dans le jardin d'Eden, il y avait toutes sortes d'arbres aux fruits délicieux, mais aussi deux arbres bien particuliers :

 "Puis l'Éternel Dieu planta un jardin en Éden, du côté de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait formé.  L'Éternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal."

— (Genèse 2:8-9)

On connaît la suite, mais il est toujours utile d'en relire le récit biblique :

Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l'Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme: Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin? La femme répondit au serpent: Nous mangeons du fruit des arbres du jardin.  Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.  La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence; elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea. Les yeux de l'un et de l'autre s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s'en firent des ceintures." (Genèse 3:1-7)

On voit que le texte ne précise pas de quelle espèce est l'Arbre de la Connaissance, et le Fruit Défendu est figuré, selon les cultures et les traditions, comme une grenade, une figue, ou (dans l'Occident médiéval) comme une pomme.

  Le Pommier est un arbre autochtone en Europe et notamment en France depuis la plus haute antiquité et l'espèce Malus domestica a donné au XVIe siècle deux variétés porte-greffe, le Pommier Paradis Malus pumila ("nain")  et le Pommier Doucain. 

Le sculpteur a représenté, enroulé autour du tronc de ce pommier, un serpent, dont on croit distinguer la tête en bas à droite. Mais si on suit les orbes et méandres de la Tentation, on parvient à la face de pleine lune cachée dans les ramages, avec ses deux oreilles sinueuses et pointues. L'animal malin est bien camouflé, et son l'éventail crenelé de son aile de chauve-souris en abuserait pour un effet de feuillage.

Un  Ange aux ailes bleues lève son épée flamboyante à la fois pour chasser Adam et Éve, et à la fois pour s'opposer à Satan.

L'Arbre, l'Ange et le Serpent s'alignent sur un axe vertical commun, qui s'élève de l'angle de la voûte et se prolonge vers le garde-corps.

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L'Ange chassant Adam et Éve du Paradis. Photographie lavieb-aile.

L'Ange chassant Adam et Éve du Paradis. Photographie lavieb-aile.

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L'Ange chassant Adam et Éve du Paradis. Photographie lavieb-aile.

L'Ange chassant Adam et Éve du Paradis. Photographie lavieb-aile.

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b) Le Figuier.

Plutôt que de figurer, comme cela est habituel, Adam et Éve autour du pommier et croquant le fruit, l'artiste les représentent chassés du Paradis, et entourant un autre arbre, le Figuier, bien reconnaissable là encore tant à ses feuilles qu'à ses fruits.

Cela lui permet d'opposer les deux essences et de faire du figuier l'arbre de la honte d'être nu ; de la culpabilité ;  de la malédiction ; de la finitude (tu retourneras dans la poussière) ; du travail (c'est à la sueur de ton front que tu gagneras ton pain) ; et de l'exil.

Ce choix d'opposer Pommier et Figuier est original, puisqu'au contraire, dans la tradition rabbinique, le figuier est assimilé à l'Arbre de la Connaissance du Bient et du Mal. Ce choix évoque la mauvaise réputation du figuier lorsqu'il est maudit par le Christ dans la parabole du figuier stérile de l'évangile de Luc 13:6-9. Mais à l'opposé, la parabole du Figuier en bourgeons (Luc 21:29-33) fait du bourgeonnement l'annonce de la fructification, métaphore eschatologique du Royaume de Dieu.

Les deux arbres se dressent en parallèle sur leur fausse-voûte respective, mais les larges feuilles trilobées du Ficus carica rappellent l'aile du Malin dissimulée dans le Pommier.

 

 

Adam et Éve sous le figuier. Photographie lavieb-aile.

Adam et Éve sous le figuier. Photographie lavieb-aile.

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Adam et Éve sous le figuier. Photographie lavieb-aile.

Adam et Éve sous le figuier. Photographie lavieb-aile.

II. L'Annonciation.

La présentation de la scène est ici conventionnelle, bien que la Vierge soit ici placée à gauche alors qu'elle est à droite dans la majorité de l'iconographie. L'Ange Gabriel, agenouillé, tient le lis de la pureté virginale et le phylactère des paroles de l'Annonciation : Ave Maria plena gratia Dominus tecum benedicta tu in mulieribus. On lisait peut-être quelques-un de ces mots aujourd'hui effacès.

 

L'Annonciation, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

L'Annonciation, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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L'Annonciation, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

L'Annonciation, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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L'Ange Gabriel, Annonciation, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

L'Ange Gabriel, Annonciation, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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De l'autre cotè de l'arcade, Marie est agenouillée devant un livre posé sur un pupitre. Alors qu'elle lève la main droite en signe d'acceptation (Ecce ancilla Domini fiat mihi secundum verbum tuum), et que la colombe du Saint-Esprit "la féconde par l'oreille" et témoigne de l'intervention divine, elle pose l'index sur une ligne du texte (biblique) et réalise que ce qui lui arrive était annoncé dans les Écritures. Le vase posé devant elle est le vase intact  de son sein virginal, les fleurs qui s'y épanouissent témoignent de la fécondité annoncée par l'ange, la blancheur des lis (martagon) renforce l'idée de virginité, et enfin, les fleurs renvoient aussi (surtout) à la prophétie d'Isaïe  :

Egredietur virga de radice Jesse, et flos de radice eius ascendet. Et requiescet super eum Spiritus Domini.

Une tige sortira de la racine de Jessé, une fleur s’élèvera de ses racines. Et sur elle reposera l’Esprit du Seigneur. [Is. XI, 1-2]

Il ne s'agit pas là d'une sur-interprétation, car le prophète est sculpté sur le coté du même pilier, tenant en main le livre de ses Prophéties. Quelques centimètres seulement séparent Isaïe et Marie, comme le recto et le verso d'une même image, taillés dans le même bloc de bois.

J'ai omis de prendre la photo d'Isaïe. Une autre fois ?

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Marie, Annonciation, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Marie, Annonciation, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Marie, Annonciation, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Marie, Annonciation, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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III. La Passion.

1°) La Vierge et saint Jean au pied de la Croix.

 

La Vierge et saint Jean,  Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

La Vierge et saint Jean, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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La Vierge. 

Statue de 0,81 m sur l'écoinçon gauche de l'arcade centrale. La Vierge a la tête recouverte d'un voile. Elle est pieds nus.  

 

La Vierge, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

La Vierge, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Saint Jean.

Statue de 0,7m. occupant l'écoinçon droit de l'arcade centrale. L'évangéliste Jean, fils de Zébédée et frère de saint Jacques le Majeur, "disciple que Jésus aimait", figure ici en raison du passage suivant de l'évangile de Jean, Jn 19:25-27 :  

 "Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la sœur de sa mère, Marie la femme de Clopas et Marie de Magdala.  Jésus vit sa mère et, près d'elle, le disciple qu'il aimait. Il dit à sa mère: «Femme, voici ton fils.»  Puis il dit au disciple: «Voici ta mère.» Dès ce moment-là, le disciple la prit chez lui."

Avant la construction des jubés et après leur destruction, le groupe de la Vierge et de saint Jean autour du Christ crucifié figurait sur la poutre de gloire, en latin trabes doxalis. Doxalis vient du grec δόξα, doxa, "gloire" mais aussi "opinion".   Le latin  trabs, es renvoie certes à "poutre", mais, par sa racine indo-européenne *tr-b, à l'idée de poutre-maîtresse soutenant l'ensemble de la toiture. Elle reliait les impostes de l'arc triomphal marquant l'entrée dans le chœur des basiliques. On voit que ce groupe trinitaire Christ + Vierge + Jean a été considéré précocément comme une affirmation doxologique (de louange, de gloire ou de proclamation) de la Foi, comme son résumé glorieux.

Dans l'iconographie de ce motif, la Vierge porte toujours un manteau bleu, et Jean toujours un manteau rouge. De même, Jean est toujours imberbe et souvent beau, bouclé, apollinien. C'est donc le cas ici. L'apôtre lève les yeux et les paumes vers la croix, en signe de reconnaissance du caractère crucial de ce qui s'accomplit devant lui de la manière claire et révélatrice d'un kérygme.

Ce qui m'intéresse plus, c'est sa ceinture. Non pas la façon dont la partie libre trop longue, après que l'ardillon de la boucle ait été bloqué dans le trou qui lui convenait, a été  nouée cavalièrement , et à défaut de passant, sur elle même avant de venir retomber sur la robe vert-bronze. Mais les accessoires que le saint, émule anachronique des boy-scout, y a suspendu.

Nous trouvons d'abord son livre, celui qu'il est en train d'écrire, l'Evangile selon Jean. Il est introduit dans une poche de protection dont l'étoffe est bloquée par un arceau de métal ou de cuir. Lors de la lecture, les pans libre de l'étoffe se rabattront de chaque coté des plates de couverture.

Puis, à sa gauche, il a suspendu son encrier, à forme de clochette.

Enfin vient son plumier, accompagné de son grattoir qui lui permet d'effacer ses fautes. Pourtant, puisqu'il écrit sous l'inspiration divine, il ne peut commettre que des erreurs de transcription.

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Saint Jean,  Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Saint Jean, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Saint Jean,  Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Saint Jean, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

2°) Le Christ en croix et les deux larrons.

Le Christ est crucifié sur une croix à peine écotée mais dont la traverse se termine par un trilobe. Il est couronné d'épines, il porte le perizonium. Sur le titulus , l'inscription INRI est effacée.

Les Larrons ne sont pas crucifiés, mais suspendus par les bras . A la droite du Christ, le Bon Larron tourne son visage vers lui, et, pour cet acte de foi, il sera sauver. Ses traits sont paisibles.

A l'opposé, le Mauvais Larron s'est détourné. Il sera damné. Ses traits grimaçants témoignent d'une agonie tourmentée.

Crucifixion, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Crucifixion, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Le Mauvais Larron.

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Le Mauvais Larron, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Le Mauvais Larron, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

3°) La main courante.

La moitié gauche.

Les motifs de cette main courante restent mystérieux. Elle débute à gauche par un homme qui sort d'une structure en accordéon assez semblable à la gueule d'un Léviathan. Puis vient un  manoir fortifié à quatre tours crénelées à meurtrières, puis deux femmes lenant la tête vers un homme.  

Main courante, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Main courante, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Un personnage coiffé d'un bonnet tient un morceau de bois. Derrière le larron, un autre découvre partiellement son visage.

 

 

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Puis viennent deux anges (un vert puis un rouge) volant vers la droite séparés par des feuilles de houx.

 

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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La moitié gauche. 

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Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Derrière le mauvais larron, deux hommes semblent le narguer, ou le convaincre de se convertir. 

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Puis, nous voyons un homme blond levant les bras, puis un cerf broutant un buisson.

 

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Main courante de la tribune, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Avant de conclure, il me reste à montrer deux panneaux du garde-corps.

Le premier porte les hermines et la cordelière. L'hermine figure en plain dans les armoiries des ducs de Bretagne depuis 1316 et Jean III dit Le Bon. 

La cordelière était une corde à plusieurs nœuds comme celle que les franciscains, d’où leur surnom de cordeliers, utilisaient comme ceinture. Cette figure apparaît en Bretagne sous le règne du duc François Ier. Elle décore les manuscrits, les écus, les intérieurs de tous les ducs et duchesses ultérieurs et symbolise leur attachement à l’ordre franciscain. Dans les armoiries d'Anne de Bretagne, les nœuds franciscains seront remplacés par des lacs d'amour. Ce n'est pas le cas ici.

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Panneau à la cordelière,  Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Panneau à la cordelière, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Ce panneau porte non seulement le monogramme christique IHS, mais aussi les fleurs de lis qui incitent à retarder la datation à la période à laquelle Anne de Bretagne était reine de France, donc après le 8 février 1492.

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Panneau à la cordelière,  Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Panneau à la cordelière, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

Inventaire Général des monuments et des richesses artistiques de la France. Cantons de Le Faouët et de Gourin, Morbihan. 1975.

ABGRALL (Jean-Marie), 1904,  Architecture Bretonne: Etude Des Monuments Du Diocese de Quimper  cours d'archéologie professé au grand séminaire.  Quimper : imprimerie Arsène de Kérangal, 1904.

http://www.archive.org/stream/architecturebre00abgrgoog#page/n225/mode/2up

Ou bien p. 325:

 http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1902.pdf

— Excursion au Faouët, Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan 1909-1911, Vannes, 916 pages, https://archive.org/stream/bulletinpoly190911sociuoft#page/n15/mode/2up

CAYOT-DELANDRE (F-M.), s.d [1847], Atlas du Morbihan, Cauderan,Vannes, page 451

— BRETEAU (V.), «Olivier Le Loergan et le jubé de Saint-Fiacre du Faouët», Artistes, artisans et production artistique en Bretagne au Moyen Age, Rennes, 1983, p. 47-50 .

LENA (Laurent), 1990,  Le Faouët, la chapelle Saint-Fiacre, Presses E.T. Saint-Michel Priziac.

WAQUET (Henri), Art Breton, 1960 page 50

HILARIO ( Franco Júnior), 2006,, « Entre la figue et la pomme : l’iconographie romane du fruit défendu », Revue de l’histoire des religions : http://rhr.revues.org/4621 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Le Faouët.
17 janvier 2016 7 17 /01 /janvier /2016 23:58
Jubé vue de la nef, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Jubé vue de la nef, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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GÉNÉRALITÉS.

 

Paraphrasant l'auteur des articles Jubé et Chapelle de Saint-Fiacre de Wikipédia, je dirais que ...

 

Dans une église, le jubé est une tribune et une clôture de pierre ou de bois séparant le chœur liturgique de la nef. Il tient son nom du premier mot de la formule latine « jube, domine, benedicere » qu'employait le lecteur avant les leçons de Matine. Le jubé se compose de trois éléments : la tribune (le jubé proprement dit), la clôture (dite « chancel ») et le groupe sculpté de la crucifixion, surmontant la tribune dont elle est l'ornement principal, tournée vers les fidèles. .

La clôture/chancel a pour fonction d'isoler le chœur (réservé aux clercs et aux seigneurs prééminenciers) des fidèles qui, du fait de sa présence, voient peu ou pas du tout le maître-autel. De la tribune, on lisait l'Évangile et on prêchait, la chaire lui succède dans cet emploi. 

Il ne reste en France que très peu de jubés, mais la Bretagne en conserve une vingtaine : Wikipédia donne une liste de 33 sites hors de Bretagne et de 20 jubés bretons. Le jubé en chêne de Saint-Fiacre est plus ancien et le plus illustre des jubés de bois de Bretagne aujourd'hui conservés.

AncreAncreAncre Concernant les objets conservés, la chapelle est surtout célèbre pour son exceptionnel jubé en bois polychrome de style flamboyant réalisé de 1480 à 1492. Ce jubé est classé au titre des monuments historiques par la liste de 1862. 

 Commencé sous François II et, sans doute, achevé sous le règne de sa fille Anne, duchesse de Bretagne en 1488 et reine de France en 1492, il est dû au sculpteur Olivier Le Loergan dont le talent lui vaut d'être anobli par François II dès 1469.  La tribune est construite en encorbellement de part et d'autre de la sablière sur laquelle elle repose par de fausses voûtes d'ogives et qui la relie à la clôture.

Restaurations.

Classée dès 1862, la chapelle fut restaurée à plusieurs reprises. Le Jubé fut vraisemblablement repris au cour des siècles. Entre 1862 et 1866, les boiseries ont été restaurées par le sculpteur lorientais Lebrun puis repeintes à partir de 1866 par Lorgeoux ; l'artisan avait inscrit sur l'écriteau que porte l'ange à droite de saint Jean "Tous repeint en 1866. Lorgeoux peintre 1866". En 1951, on tenta d'atténuer l'agressivité des tons "peinturlurés d'une façon abominable" (A. de la Borderie) par Lorgeoux . 

La dernière restauration date de 2001, lors d'une opération d'un montant de 5,5 millions de francs qui reçut un soutien financier des fondations Velux pour un montant de 1,5 millions de francs.

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INCROYABLE ! LE JUBÉ A[URAIT] CHANGÉ DE PLACE !

Denise Moirez puis Laurent Léna ont levé un lièvre énorme : le jubé de saint-Fiacre aurait pu   occuper autrefois un autre emplacement, et fermer le chœur, le séparant de la croisée du transept. Devant l'escalier à vis percé dans le mur, qui donnait ainsi accès à sa galerie supérieure. Pour l'installer ensuite dans sa position actuelle, entre les deux piliers de la première travée de la nef, il a fallu condamner et entailler une crédence  située à l'angle nord-ouest de la croisée du transept, et qui accompagnait l'autel (actuel) du martyre de saint Sébastien. Il a fallu en outre fermer aussi le bas-coté nord par une clôture en bois. Et murer la petite porte qui donnait sur le bras sud du transept. 

 

PRÉSENTATION.

Présentons-nous d'abord au noble personnage agenouillé au pied de ce jubé. Il occupe en vérité l'un des "autels" latéraux, qui me semblent plutôt être des tables d'offrande. Cette statue en chêne du XVe siècle représenterait le duc Jean V, duc de Bretagne de 1399 à 1442,  identifié par le cercle ducal qui le coiffe et par la houppelande semée d'hermines "datant de la première moitié du XVe siècle" (Inv. Gén.) , à carcaille (col montant en fourrure) au dessus d'une robe rouge et de manches longues, en or, à huit boutons ronds. Agenouillé sur un coussin de velours gris et à glands d'or, il a la posture du donateur. 

Un "cercle ducal", dites-vous ?

 — C'est ce qu'affirme l'Inventaire Général.  Lisons dans l'Histoire de Bretaigne de Bertrand d'Argentré la description du couronnement du duc François III en 1532 :

 "L'évêque lui tint le fourreau de la dite épée, puis après mis réverentement sur la tête du Prince un bonnet de velours de couleur pourpre fourré d'hermines, puis après lui mit dessus une couronne d'or enrichie de pierreries de grande valeur, à fleurons tous d'une hauteur, qui est la couronné que les ducs ont porté depuis qu'ils ont laissé le titre de Roi : les écclésiastiques en leur cérémonies l'appellent le cercle Ducal. Ce fait l'évêque dit à moyenne voix ces mots : Reçois le cerle Ducal qui t'est mis et imposé par nos mains. "

 François 1er avait fait faire le cercle ducal en or pour un coût de 219 livres tournois et 9 sols. Les bourgeois de Rennes s'étaient cotisés pour offrir au duc "une hermine d'or de grandeur naturelle, reposant sur une terrasse émaillée, entre six beaux lis entourés de la couronne ducale, emblème de l'union de la Bretagne à la France", une oeuvre de l'orfèvre rennais Pierre Even .

De même, Richard Cœur-de-Lion avait, comme  Duc de Normandie reçut de l'archevêque de Rouen son cercle ducal fleuronné de roses d'or.

— Je ne vois guère de fleuron, et le Catalogue décrit cette coiffure comme un simple tortil, un bourrelet en torsade  décoré de perles.

— Un "tortil", soit, voilà qui est plus exact.

 La statue serait donc légèrement antérieure à la construction de la chapelle, et pourrait provenir d'un autre édifice, car sa disposition sur cette table d'offrande n'est pas naturelle.

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Statue de "Jean V", chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.
Statue de "Jean V", chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Statue de "Jean V", chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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Le visiteur doit d'abord repérer visuellement les deux ensembles qui composent le jubé, la tribune en haut et la clôture en bas. 

Jubé vue de la nef, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

Jubé vue de la nef, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

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    Puis, il faut découvrir la structure de chacun de ces ensembles. 

     

    La clôture est faite d'une porte centrale à deux vantaux (datant de 1864) et de six baies latérales : baies en accolade, à fleurons, choux et cordelières s'inscrivent dans un tympan rectangulaire ajouré à réseau flamboyant. Les montants des baies sont sculptés de colonnettes et de dais abritant des statuettes : six figurines en haut relief (26 cm) représentent des personnages pieds nus tenant un volumen, dont il est admis qu'ils représentent les apôtres. Dans l'encadrement de la baie centrale, deux figurines en haut relief de 40 cm sont identifiés par leur attribut : saint Pierre à droite et saint Paul à gauche. La clôture est délimitée dans sa partie haute par une corniche sculptée de 25 cm de haut sur 6 mètres de large, qui sera décrite en détail.

    La tribune. (voir partie B)

     

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      LA CLÔTURE ou CHANCEL.

      Je décrirai ici uniquement la corniche, en multipliant les clichés car le défaut d'éclairage naturel rend la prise d'images difficile à un amateur.

       

      Vue de la corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Vue de la corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      Vue de la corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Vue de la corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      La partie gauche de la corniche.

      Je décrirai 4 scènes numérotées de 1 à 4 de gauche à droite.

      Vue de la corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Vue de la corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      1. Un homme et une femme.

      Un homme, mains jointes, cheveux longs, robe rouge, se tourne vers le coté nord comme s'il voulait sortir de cette corniche, et lance un regard latéral désespéré vers une éventuelle issue. Tente -t-il d'échapper à la femme qui, mains jointes également, et comme agenouillée, sourit de manière énigmatique. Ou ce couple adresse-t-il ses prières à un personnage jadis placé à gauche. Dans tous les cas, on admirera l'art par lequel le sculpteur fait surgir les personnages de la poutre de bois pour les rendre crédibles et vivant au spectateur placé plusieurs mètres plus bas : voyez notamment le plissé de la robe.

      Pour l'Inventaire Générale : "femme suppliant un homme".

      Pour Didron, cela pourrait être saint Martin, dont il est dit dans sa Vita qu'il était "difforme dans ses vêtements et méprisable de figure". Il s'agirait du début de la scène suivante, et la femme viendrait ici troubler l'ermite en sa retraite de Liguré pour qu'il accepte de  se rendre auprès de son fils qui vient de décéder sans avoir eu le temps de recevoir le baptème. La légende dit : "Un jeune homme étant mort, sa mère vint prier saint Martin pour le rendre à la vie". J'adopte cette hypothèse, qui est la seule qui intègre cette scène dans un ensemble cohérent où toute la moitié nord de la sablière serait consacrée à la vie de saint Martin. 

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      Scène 1,  sablière de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Scène 1, sablière de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      Scène 2. Scène de la vie de Saint Martin : baptème d'un catéchumène à Ligugé.

       

      Nous trouvons ici représenté  le miracle le plus connu de Saint Martin,  la résurrection d'un jeune disciple qui se préparait au baptême : un "catéchumène". Le récit de ce miracle a été rapporté par son disciple et biographe  Sulpice-Sévère. L'histoire se passe à l'abbaye de Ligugé près de Poitiers, la plus ancienne communauté monastique de la Gaule, crée par saint Martin, et où il s'était retiré entre 361 et 370, avant d'être nommé évêque de Tours. 

      Selon De Guilhermy, "Le saint avait quitté pendant quelques jours le monastère qu'il venait de fonder à Ligugé. A son retour, les moines accourent pour lui apprendre qu'un catéchumène, qui l' avait suivi jusqu'à ce lieu, était mort sans baptême. Déjà, selon la légende, deux anges conduisaient aux régions ténébreuses la pauvre âme non régénérée, quand Martin lui vint en aide". On doit ajouter que c'est à la demande du père et de la mère du jeune homme que Martin procède à cette résurrection.

      La même scène est figurée sur les sablières de la chapelle Saint-Sébastien, au Faouët.

       

      On voit saint Martin (tonsuré, en tenue monastique avec la tête couverte par un scapulaire) poser la main sur le front  du catéchumène qui est à genoux, en robe à ceinture, mains jointes. Saint Martin tient dans la main gauche un objet, qui doit être le flacon de saint-chrême. Il est curieusement adossé à une sorte de pupitre. Je propose de considérer que cet élément triangulaire appartient plutôt à la partie gauche de la scène, où un homme vêtu d'une cagoule rouge se redresse. On y a vu un moine de la communauté de Ligugé. Cela pourrait être aussi le « sponsor » du catéchumène, « celui qui pousse », qui fait office de parrain. Ou bien, le défunt qui, ressuscité, se redresse : le "pupitre" serait alors son cercueil.

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      Au IVe siècle, lors de ce miracle, nous sommes alors dans la Gaule Romaine, avant les Francs, bien avant les Mérovingiens : en 362, nous sommes 50 ans à peine après la conversion de l'empereur Constantin, 32 ans après le Concile de Nicée, et donc tout au début de l'Église d'Occident et de la christianisation des Provinces Romaines. L'ex-légionnaire romain Martin (qui est né en 316) est le disciple de saint Hilaire évêque de Poitiers, mais il est plus jeune que de glorieux Pères de l'Église comme saint Amboise de Milan (333-394), saint Jérôme (347-420, saint Augustin (354-430), saint Jean Chrysostome, saint Grégoire de Nysse et saint Grégoire de Naziance. Bref, il peut représenter, pour les chrétiens du XVIe siècle de la paroisse bretonne, quelque-chose comme le Patriarche fondateur, d'autant que le diocèse de Quimper, dont dépend le Faouët, est rattaché à l'archi-diocèse de Tours.

      La scène du baptême /résurrection du catéchumène est placée juste au dessus du cintre de la porte donnant accès au chœur, comme pour montrer que le fidèle est appelée à une conversion lui donnant accès à la vraie vie auprès du Christ.

      Rappelons brièvement ce qu'était le catéchuménat , qui se mit justement en place au IVe siècle. Il s'agissait de la longue période de formation des adultes — 2 ou 3 ans — avant le baptême, accompagnées d'actes rituels et initiatiques, avec ascèses (pénitences, jeûnes, aumônes, abstinence de bains et de relations sexuelles, fréquentes veillées nocturnes de prière), et  examens de contrôle, appelés scrutins. Le baptême devait consister en un premier temps d'immersion complète, suivi d'un second temps d'onction par huile d'olive. C'est ce dernier qui est représenté ici.

       

       

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      Scène 2, Vue de la corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Scène 2, Vue de la corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      Scènes 3 et 4. La Messe de Saint Martin.

      Dans la scène 4, un dragon tend la patte antérieure gauche en avant, et tourne la tête en arrière. Il a le même rictus, la même queue trifide, le même pelage écailleux et verdâtre et les mêmes oreilles crénelées que le diable qui suit, si bien qu'il en est la présentation.

        Dans la scène 5, deux femmes voilées — deux commères — discutent, tandis qu'un diable recopie sur son parchemin les propos médisants de ces dames afin qu'elles en rendent compte lors du Jugement, et qu'il procure ainsi à son patron Satan deux recrues de choix pour les flammes de l'Enfer. Il tient la plume de la main droite, alors que sa main gauche tient non seulement l'encrier, mais aussi la lanière du plumier (plumes, grattoir). A défaut de se frotter les mains, il retrousse ses babines sur un sourire radieux. Pour lui, c'est du nanan ! 

      Voir un autre diable similaire, en train de noter le nom des danseurs au Pardon de Saint-Sébastien du Faouët : il porte ici son matériel d'écrivain à la ceinture.

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      Le baron de Guilhermy  fait observer que cette scène renvoie à l'anecdote dite de la Messe de Saint Martin, et il cite le Gargantua de Rabelais, écrit en 1534 :

      .."mesmement que le diable, à la messe de Sainct Martin, escripvant le caquet de deux gualoises* , à belles dentz, alongea son parchemin"...Gargantua, I, VI

      (*) Gualoises = gauloises : désigne depuis toujours les femmes publiques, de mauvaise vie.

      Pour comprendre un peu plus l'allusion, qui   ne figure pas dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, on peut lire les vers écrits par Pierre Grosnet en 1553,  :

      Notez, en l'ecclise de Dieu,

      Femmes ensemble caquetoyent,

      Le diable y estoit en ung lieu

      escripvant ce qu'elles disoyent.

      Son rollet plain de poinct en poinct,

      Tyre aux dens pour le faire croistre.

      Sa prinse eschappe et ne tient poinct,

      Au pillier s'est cobby la teste .

      P. Crognet, Mots et sentences dorés du maistre de sagesse, Cathon, Lyon et Paris 1553.

      A quoi on ajoute que :  "saint Martin, dans le temps qu'il se tournoit vers le peuple pour dire Dominus vobiscum, ayant vu cela, se mit à rire ; ce qui ayant surpris, donna lieu, après la messe, de lui en demander la raison ; qu'alors le saint révéla sa vision, et c'est de là qu'on a su l'histoire. Les contes d'Eutrapel la touchent en passant, chapitre de la goutte, et même on l'a vue, au moins jusqu'en 1678, représenté à Brest, dans l'église de la Recouvrance, en un tableau qui en contenoit aussi le récit en françois et en bas-breton." Tous ces renseignement ont été rassemblés par Esmangart et Johanneau dans leur édition critique du Gargantua de 1823, mais ils reprennent textuellement celle de Le Duchat de 1741.

      Dans les Annales archéologiques de 1845, Victor Didron fait accompagner l'article de Ferdinand de Guilhermy par une présentation des Tapisseries de la Collégiale de Montpezat par l'archiviste Devals.

      — Et alors ?

      — Cette tenture (23 m sur 2,8 m)  porte les armoiries épiscopales de Jean IV Des Près, évêque de Montauban de 1519 à 1539 . Elle a été  conçue pour la Collégiale de Saint-Martin à Montpezat-de-Quercy (Gard) où elle a été accrochée dès 1520. Elle comporte 5 pièces de 3 tableaux, chacun surmonté d'un octosyllabe. La quinzième tapisserie s'intitule La Messe de Saint Martin, et elle montre précisément la scène en entier, avec saint Martin disant la messe, les deux femmes qui papotent derrière son dos, et le diablotin au dessus d'elles qui prend ses notes. Je vous en montre la gravure juste après ma photo de la sablière.

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      Post scriptum : une autre interprétation est de voir la scène d'imposition des mains comme relevant d'un exorcisme pratiqué par un moine sur un possédé, comme sur la sablière de Saint-Sébastien du Faouët en 1600), et comme sur celle de l'église de Grâces à Guingamp en 1506. Ce "dragon" serait alors le démon s'enfuyant sous l'effet de l'exorcisme.

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      Scènes 3 et 4,  corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Scènes 3 et 4, corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      Voici donc la gravure de la tapisserie de Montpezat : La légende en lettres gothiques dit :

      Martin chantant, Brice servoyt, 

      Et se ryoit en ung toucquet

      Voyant que le diable escripvoyt

      Des deux commères le cacquet.


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      La Messe de saint Martin, Tapisserie de Montpezat, Annales archéologiques http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203412j/f100.item.r=

      La Messe de saint Martin, Tapisserie de Montpezat, Annales archéologiques http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k203412j/f100.item.r=

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      On y notera, sur le retable devant l'officiant, un petit personnage : Moyses cornutus. Le calice est renversé, mais cela indique seulement que la messe n'a pas atteint l'offertoire, le moment ou saint Martin lit ("chante") l'évangile. Brice sert la messe : ce disciple succédera à Martin comme évêque de Tours , mais sur la tapisserie, c'est lui, et non saint Martin, qui observe les deux pipelettes et qui en rigole. Il rigole "en ung toucquet", c'est à dire "dans un coin".

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      Partie centrale au dessus de la porte principale. 

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      Je la diviserai en deux scènes numérotées de 5 à 6 .

      Scène 5.  Messe de saint Grégoire.

      Laurent Léna (1990) et les auteurs de de l'Inventaire Général (1975) voient ici la représentation de la Messe de saint Grégoire. On sait qu'on désigne ainsi le sujet iconographique et légendaire de l'Europe médiévale dans lequel  le pape Grégoire le Grand (540-604), soucieux de devoir convertir une personne doutant de la présence réelle du Christ sous les divines espèces lors du sacrement de l'eucharistie, l'hostie se transforme en un doigt sanglant (version de Paul Diacre, VIIIe siècle et de Jean Diacre au IXe siècle) . Dans les siècles suivants, notamment sous l'influence de la légende Dorée, c'est le Christ en personne qui apparaît, sous la forme du Christ de douleur. La gravure de Dürer en 1511 participe à la diffusion du thème.

      https://www.gallery.ca/fr/voir/collections/artwork.php?mkey=13370

       

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      J'aurais aimé y voir plutôt la figure d'une "Messe de Saint Martin" (i y en a plusieurs) au cours de laquelle un pauvre sollicite Martin alors qu'il s'apprêtait à célébrer la messe. Jacques de Voragine raconte la scène :  Le saint demande à un archidiacre de lui donner des habits. Celui-ci tardant, Saint Martin se déshabille dans la sacristie et donne ses vêtements au pauvre. L'archidiacre qui ignorait que Martin ait donné ses habits, arrive avec quelques hardes. Le saint s'habille avec elles mais elles ne le couvrent pas entièrement. Il célèbre la messe ainsi vêtu. Au moment de l'élévation de l'hostie, l'assemblée des fidèles voit une boule de feu qui symbolise la charité du saint. Ce dernier se trouve alors vêtu correctement. 

      L' homme que nous voyons nu sur la sablière de Saint-Fiacre aurait pu être le pauvre de ce récit, et le prêtre célébrant la messe aurait pu être saint Martin. Mais d'une part nous ne voyons pas de boule de feu, et d'autre part ce pauvre n'aurait aucune raison de se trouver dans une cuve.

      Guilhermy a pensé que l'homme dans le cercueil était le catéchumène de la scène précédente.

      Mais la Messe représentée ici est trop proche de la gravure de Dürer (un prêtre levant les yeux au ciel,trois clercs assistant le célébrant, le Christ à la tête ceinte d'épines, ...) pour ne pas souscrire à l'interprétation admise. Nous pouvons seulement souligner que la proximité des thèmes permet, comme dans le travail de rêve, des condensations, des glissements et des fusions qui créent une continuité et une cohérence au sein de cette sablière, 

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      Scène 5 et 6, Messe de saint Grégoire,  corniche  de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Scène 5 et 6, Messe de saint Grégoire, corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      Scène 5, Messe de saint Grégoire, corniche  de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Scène 5, Messe de saint Grégoire, corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      Scène 6. Moine en prière (L. Léna).

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      Scène 6,  corniche  de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Scène 6, corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      Partie de droite. Le renard prêcheur et les poules.

      Scène 7. Renart déguisé en frère prêcheur devant les poules..

      Jusqu'à présent, le thème ornemental concernait l'église d'Occident et ses deux grandes personnalités, saint Martin et saint Grégoire. Ces deux saints étaient convoqués ici pour illustrer deux sacrements, le Baptême et l'Eucharistie, deux métamorphoses en relation avec l'idée de renaissance et d'accès à un autre niveau de vie : rien de plus logique pour une poutre ou un linteau placé — comme les portails des églises — au point de transition entre l'espace encore profane (la nef) et l'espace sacré réservé au culte et aux clercs (le chœur). 

      Mais la partie droite offre à notre regard des renards dans une basse-cour : quel étrange changement de registre ! Certes la partie gauche ne répugnait pas à la gaudriole, mais c'était pour dénoncer les œuvres du Malin. Le sculpteur (et son commanditaire, membre de la fabrique de la chapelle, ou seigneur noble) souhaitait-t-il soudain distraire son public et lui offrir une récréation inspirée des fabliaux médiévaux ?

      A première vue (vous le lirez partout), les scènes semblent inspirées du Roman de Renart. Un renard se déguise en moine prêcheur pour pénétrer dans une basse-cour, puis s'élance hors de sa chaire pour dévorer quelque tendre géline, mais les poules contre-attaquent et, aidées du coq, obligent le renard à lâcher prise,  le dépècent et l'émasculent.  Mais le Roman de Renart ne contient pas d'épisode semblable. Nous n'avons pas affaire à une farce, et encore moins à une dénonciation du caractère fallacieux des moines ou du clergé. D'un bout à l'autre, c'est une mise en garde contre le diable (dont le Renart est la métaphore), et sa duplicité, et un appel à la vigilance à l'égard des déguisements. Et c'est une célébration de la victoire du bien (par le truchement des saints à gauche, de celui des fidèles à droite) contre le mal. Comme l'écrivait Ferdinand de Guilhermy, 

      « Il n'aurait pas été difficile à un archéologue tant soit peu voltairien de lire dans ces figures bizarres une satyre assez sanglante contre le clergé ; mais il nous semblerait peu probable que l'artiste se fut permis de venir insulter le prêtre jusqu'en face de l'autel. Je suis assuré d'avoir rencontré plus juste en reconnaissant ici, sous forme symbolique, ce qui se lit en ttermes clairs sur la face antérieure du jubé, c'est à savoir que les ruses du diable finissent par tourner à sa honte."

      Le même auteur donne comme argument de cette interprétation ces vers du Bestiaire :

      C'est Goupil qui tant set mal art (tromperie)

      Que nos ci apelons Renart,

      Sénéfie le male goupil (le démon)

      Qui le peuple met à essil

      Il n'en demeure pas moins que c'est au succès du Roman de Renart que l'on doit le développement d'expression telles que "Renard qui prêche les poules" , "Se confesser au renard" . ou  "Il n y a si fin regnard qui ne trouve plus finard."

       J'ai étudié en détail ces scènes dans mon article sur les sablières de la chapelle de Saint-Sébastien du Faouët, (où elles sont représentées de la même façon) en citant les travaux de Sophie Duhem. 

      Scène 7. Renart prêchant aux poules, corniche  de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Scène 7. Renart prêchant aux poules, corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      Scène 7. Renart déguisé en frère prêcheur, corniche  de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Scène 7. Renart déguisé en frère prêcheur, corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      Scène 8 : Renart attaqué par le coq et les poules.

       

       

      Scène 8. Renart attaqué par poules, corniche  de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Scène 8. Renart attaqué par poules, corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      Scène 8 et 9. Renart attaqué par poules, corniche  de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Scène 8 et 9. Renart attaqué par poules, corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      Scène 9. Renart dépecé par les poules et le coq.

      Scène 8. Renart attaqué par le coq et les poules, corniche  de la clôture, photographie lavieb-aile.

      Scène 8. Renart attaqué par le coq et les poules, corniche de la clôture, photographie lavieb-aile.

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      SOURCES ET LIENS.

      GUILHERMY (F de) , 1845, Iconographie des fabliaux. Description du jubé de Saint-Fiacre en Bretagne. Le Diable et le Renard.  Annales archéologiques, Paris, Didron, Volume 3 page 22

      https://books.google.fr/books?id=nVNfAAAAcAAJ&pg=PA22&lpg=PA22&dq=escripvant+le+quaquet+de+deux+gualoises,+%C3%A0+belles+dentz&source=bl&ots=TJ_SMjUec0&sig=MQXhejvSGAUAhyDvU3ZKV-AXhFQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjJha6eotnKAhVLcRQKHRiwDbEQ6AEIIjAA#v=onepage&q=escripvant%20le%20quaquet%20de%20deux%20gualoises%2C%20%C3%A0%20belles%20dentz&f=false

       DUHEM (Sophie), 1998, « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la  sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle"  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1998  Volume 105  Numéro 1  pp. 53-69http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972 

       HARRIS (Anne F.) 2014,  Water and Wood: Ecomateriality and Sacred Objects at the Chapel of Saint-Fiacre, Le Faouët (Brittany) Journal of Medieval and Early Modern Studies 44:3, Duke University Press.

      https://www.academia.edu/9021250/Water_and_Wood_Ecomateriality_and_Sacred_Objects_at_the_Chapel_of_Saint-Fiacre_Le_Faou%C3%ABt_Brittany_Journal_of_Medieval_and_Early_Modern_Studies_

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      Published by jean-yves cordier - dans Le Faouët.
      17 janvier 2016 7 17 /01 /janvier /2016 23:56

      PRÉSENTATION.

      Pourquoi ne pas lire en introduction ce qu'écrivaient les auteurs de l'Inventaire général de 1975 ? 

      "Les origines de la chapelle et du culte local de saint Fiacre sont mal connues. Il est probable que les Boutteville, originaires de Normandie, ont favorisés l'introduction de son culte au Faouët ; il est déjà attesté à Radénac (56) en 1460 et une chapelle de Melrand lui est dédiée ; mais il n'est étendu en Bretagne qu'au XVIIe siècle. Une chapelle a peut-être existé avant la chapelle actuelle, et un hôpital fut vraisemblablement construit près de là, comme l'indique l'inscription portée par une pierre réemployée dans une maison voisine : L AN MIL CCCC XXXVI FUT FAIT CEST OSPITAL PAR C(BOUTE)VILLE. L'existence d'un hôpital peut être lié, comme à Kerascleden, à un pèlerinage."

       

      On estime que la chapelle Saint-Fiacre fut bâtie à la fin du XVe siècle. Le début des travaux peut être estimé vers 1450 en se fondant sur une inscription du jubé datant celui-ci de 1480. Le vitrail le plus ancien, celui de l'Arbre de Jessé, date de la même époque, alors que les autres baies reçurent leurs vitraux actuels en 1550-1557. Tous les vitraux portent les armoiries de la famille de Boutteville, en sommité, et de leurs alliances. Le vitrail de la vie de saint Fiacre dénote parmi ces vitraux Renaissance des années 1550, car il reprend la disposition médiévale des vitraux historiés à texte inscrit en légende à leur base.

      Avant même la chapelle, un hôpital avait été construit, et une inscription d'une maison située à quelques mètres du sud de la chapelle énonce : "L'AN MIL CCCC XXXVI FUT FAIT CEST OSPITAL PAR C BOUTEVILLE". La famille de Boutteville a donc fait ériger à la fois un hôpital (en 1436) et une chapelle (1450 ?), et  les deux édifices avaient quelque chose à voir avec saint Fiacre. 

      En 1427, Jean III de Boutteville était captif des anglais au Mont Saint-Michel. Ce seigneur, ou sa fille Clémence, firent-ils alors le vœu de fonder cet hospice pour les pauvres ? et d'invoquer saint Fiacre, grand saint thérapeute pour toutes sortes de maux du corps et de l'âme ?

      .

      Rappel sur la famille de Bouteville.

       

      Les Bouteville (ou Boutteville) sont originaires de Normandie. Puis ils se scindèrent en une branche anglaise qui, sous le nom de Botfield, conserva le  blason, et une branche bretonne qui suivit Pierre de Dreux lorsque celui-ci fut nommé duc de Bretagne en 1213, et adoptèrent les armoiries d'argent à cinq fasces de gueules. Ils alors devinrent seigneurs du Faouët par alliance, et y disposèrent d'un château. Le château fort des Boutteville au Faouët, que le chroniqueur médiéval Jean Froissart qualifie de « petit fort », fut assiégé en 1342 par les troupes du roi d'Angleterre Édouard III pendant la guerre de Succession de Bretagne. Une garnison anglaise s'y installa mais le château fut successivement repris par les partisans de Charles de Blois et de Jean de Montfort. À la fin de la guerre, le château était ruiné et les seigneurs du Faouët firent de leur manoir à Le Saint leur résidence principale. Ils ne se réinstalleront dans la petite ville qu'au milieu du xvie siècle. 

      Les Bouteville seront toujours de fidèles alliés des ducs de la dynastie des Montfort. Ils en seront récompensés en figurant parmi les chambellans de la cour ducale sous le duc François II et en étant honorés du titre de barons par la duchesse Anne.

       

      • Hervé, sénéchal de Ploërmel et Broërec en 1270, est sans-doute celui qui épousa l'héritière du Faouët.

      • ... 

      • Jean I de Bouteville, seigneur du Faouët, marié à Andrée de la Rivière

      •  Jean II, marié en 1373 à Jeanne de Quélen.

      •  Jean III, marié à Isabeau de Penhoet. En 1420, il prit les armes pour délivrer le duc Jean V, alors prisonnier des Penthiève. En 1427, il fut capturé par les anglais au Mont Saint-Michel

      •  Jean IV  (1405 -, marié à Alix de Coetquénan.

      • Jean V de Bouteville, seigneur du Faouët et de Barrégan, vicomte de Coetquénan, chambellan du duc François II. Il épousa  le 28 novembre 1453  Marie de Quimerc'h, la fille de Charles, seigneur de Kerimerc'h (1415 - 1485). Ils eurent onze enfants dont Catherine et Louis. 

      • Louis de Bouteville (- 18 mars 1539), épousa le 19 janvier 1498 Jeanne du Chastel (fille d'Olivier du Chastel et de Marie du Poulmic). La famille du Chastel porte fascié d'or et de gueules de six pièces. On trouve leurs armoiries sur les vitraux de Saint-Fiacre.

      • Yves de Bouteville (aveu du 4 juin 1542), marié avec Renée de Carné. Il commandait en 1546 le ban et l'arrière-ban de l'évêché de Cornouaille .

      • Jeanne de Bouteville,  dame du Faouët, vicomtesse de Coëtguenan †1572 , mariée en secondes noces en février 1559 avec Claude, marquis de Goulaine, 1512-1579 

      Les successeurs à la seigneurie du Faouët. Goulaine et du Fresnay.

        La famille Goulaine succède aux Bouteville, par alliance, à partir de 1559. 

      La baronnie du Faouët sera rachetée par Sébastien du Fresnay, conseiller du roi au Parlement de Bretagne avant 1644.

      On constate que la construction de l'hôpital "de Saint-Fiacre" (cest moi qui le nomme ainsi) date de Jean IV de Bouteville, et la construction de la chapelle de Jean V de Bouteville et Jeanne de Kerimerc'h, (François II étant alors duc de Bretagne), tandis que la seconde campagne de création de vitraux (1550-1557) correspond à Yves de Bouteville (la Bretagne étant alors rattachée à la France). 

      .

      Le culte de saint Fiacre et les soins aux malades.

      Nous constatons que saint Fiacre n'est pas invoqué dans les Livres d'Heures d'Anne de Bretagne. Il l'est, par contre, dans celui de Pierre II, duc de Bretagne. de 1450 à 1457 et fils de Jean V.

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      La baie 6 est composée de quatre lancettes et d'un tympan à 13 ajours : elle est haute de 4,40 m. et large de 2,20 m. On la décrit en huit panneaux organisés en deux registres, qui sont consacrés au récit hagiographique de saint Fiacre, patron de la chapelle. 
      Livre d'Heures de Pierre II de Bretagne, Bnf, Ms 1159, f.126v,  image Bnf recadrée.

      Livre d'Heures de Pierre II de Bretagne, Bnf, Ms 1159, f.126v, image Bnf recadrée.

      .

       Si saint Fiacre est surtout connu aujourd'hui comme saint patron des jardiniers, c'est surtout un saint guérisseur , non seulement  des hémorroïdes et autres fics ou tumeurs, mais aussi de toutes sortes de maladies "dont médicin ne peult garir" . En témoigne une oraison qui apparaît assez tardivement dans les Livres d'Heures, au XVIe siècle : 

      Sainct Fiacre, patron de Brie,

      seul de ce nom, je te deprie,

      quë envers Dieu, le Créateur,

      tu soyes mon mediateur.

      Glorieux sainct, d'Escosse né,

      Certains suis que Dieu t'a donné,

      pouvoir sur hommes et sur femmes,

      et par toy leurs corps et leurs ames

      de grands dangier sont boutés hors :

      quant a la partie des corps,

      par toy sont garys langoureux,

      plains de fievres, crancheux, ficqueux,

      desrompus et plains de gravelle,

      qui est maladie mortelle,

      polipeux, plains de pourriture,

      de broches, de ficq et d'ordure,

      qui dedans le corps humain entre,

      de fleux de sang, de cours de ventre,

      de fleux mentrueux et de vers ;

      et aussi d'autres maulx divers

      dont medecin ne peut garir,

      Fiacre tu peulx secourir.

       Pierre Rézeau 1983, Les prières aux saints en français à la fin du Moyen Age: Tome 2, Volume 2  page 215

       

      C'est en effet pour nourrir les malades qui affuaient que saint Fiacre s'est préoccupé, nous allons le voir,  de se doter d'un jardin et de manier la bêche. C'est aussi  sa protection que sont placées un certain nombre de maladreries et léproseries : ainsi, quatre chapelle de Loire-Atlantique : http://www.infobretagne.com/leproseries-saint-fiacre.htm

      Il est donc probable, ou du moins plausible, que l'hôpital fondé par "C. de Bouteville" fut placé d'emblée sous le patronyme de saint Fiacre, et que la chapelle était destinée à assurer aux malades le bénéfice des prières et des dons des fidèles. 

      Un détour par Robert Gaguin : où saint Fiacre s'emporte contre les femmes et leur ferme la porte.

      Robert Gaguin (1433-1501) est un religieux, humaniste et historien auteur du Compendium de Francorum origine et gestis,  grande histoire de la monarchie franque, puis française, depuis les origines légendaires  jusqu'au 9 janvier 1500 et dont  la première édition fut imprimée en 1495, avant de voir son texte  étoffé dans les  éditions imprimées qui se sont succédées de 1495 à 1500

      Or, dans son chapitre consacré au règne de Dagobert, Liber III folio XV (je le trouve dans une édition de 1504) Gaguin écrit ceci :

        Huic clotarii aetate fiacrus venit Scotus i briam que dum solitariu sibi locu quaerit : a sancto faro ne meldensiu pontifice susceptus et loco ubi nunc ob sanctitatis merita religiose colit donatus est. In cuius facellum foemina non ingredit. quae emmaliqñ ingredi temere tentavit in rabiem versa est. De hoc sancto heremita qu-dam hoc disticon composit « Foemina quae laesit blasphemo murmure sanctum : Fecit quod sancti non intrat foemina templum". 

      En 1525, le Compendium fut traduit en français sous le titre de La mer des croniques et miroir historial de France, ce qui nous permet d'obtenir la traduction : Livre III folio XXVII

      "Sainct Fiacre escocote hermite.

      "Au temps diceluy Clotaire Sainct Fiacre escossoye vint au pays de Brye lequel querant long lieu solitaire fut devotement receu de sainct Pharon evesque de Meaulx qui luy donna lieu auquel maintenant pour les merites de sa saincteté est revere et honore. Et en la chapelle de ce benoist sainct ne entrent point les femmes : pour ce que celle qui follement sefforca austreffoys y entrer enragea. De ce devot hermite Sainct Fiacre auscun versificateur fist et composa ces deux vers :

      femina qui fecit blasphemo murmuro sanctum.

      Fecit quod sancti non intrat femina templum.

      La femme qui blessa saint Fiacre par le blasphème de murmure feist et causa que auscune femme ne entre poinct au temple ou eglise de ce benoist sainct."

      Ce passage donne plusieurs indications : 1. Saint Fiacre avait suffisament d'importance pour que la création de son ermitage soit signalé comme un des évenements notables de la période mérovingienne. 2. Peu avant que ne soit peint le vitrail de la Vie de saint Fiacre de la chapelle du Faouët, il était acquis que saint Fiacre était écossais ("escossoye"). 3. L'interdiction faite aux femmes de pénétrer dans les sanctuaires voués à saint Fiacre était l'un des éléments saillants  concernant son culte. 4. Ces données bénéficièrent de la publicité d'un ouvrage trés renommé, et  de la diffusion permise par l'imprimerie et par la traduction française.

      Certes, Gaguin se contenta en partie de reprendre le texte des Grandes Chroniques de France conservées à Saint-Denis.

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      Un Mystère de saint Fiacre.

      L'existence d'une Vie de monsieur sainct Fiacre filz du roy descosse par personnaiges publiée en 1529 à Paris (exemplaire de la Bibliothèque nationale de France  RES-YF-1605), et d'une Vie Monseigneur sainct Fiacre  en 1260 vers et 25 personnages (Manuscrit, Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris, ms 1131)  témoignent du fait que des Mystères de saint Fiacre étaient joués devant un public pendant la période historique qui nous concenre (1450-1550).

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      ÉTUDE DU VITRAIL PANNEAU PAR PANNEAU.

       

      La baie 6 est composée de quatre lancettes et d'un tympan à 13 ajours : elle est haute de 4,40 m. et large de 2,20 m. On la décrit en huit panneaux organisés en deux registres, qui sont consacrés au récit hagiographique de saint Fiacre, patron de la chapelle. 

       

       

       

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      PREMIER REGISTRE.

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      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      REGISTRE INFÉRIEUR.

       

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      1. Enfance de saint Fiacre.

      Françoise Gatouillat et Michel Hérold décrive ici "Saint Fiacre en prière devant ses parents le roi et la reine d'Irlande". Mais rien n'atteste sur le vitrail  que les deux personnages soient les parents du petit Fiacre, ou qu'ils  soient irlandais. Selon la tradition, saint Fiacre serait un moine d'origine celte (les Scots) et qui serait apparenté à saint Kilien, fils lui-même du roi d'Écosse ; et certains auteurs, des plus autorisés, fournissant des pièces justificatives, donnent saint Fiacre comme étant le fils du roi d’Ecosse Eugène III . Ou même d'Eugène IV .

      Ce que nous voyons, c'est un enfant (notez le plumier suspendu à la ceinture) agenouillé devant un couple de souverain ; la reine pose la main gauche sur l'épaule droite de l'enfant et lui dnne sa bénédiction tracée par la main gauche . Le roi, coiffé d'un turban à oreillette, tient un sceptre particulièrement long.  Nous sommes tentés de penser que papa et maman Fiacre sont ravis d'avoir engendrés un fils si pieux, mais dans les Mystères, ils se lamentent plutôt de voir leur fiston se confire en dévotion, ou se morfondre en mortifications, ascèses et macérations, et ils se préoccupent plutôt de le marier ; ils envoient un chevalier quérir une belle pucelle. Mais la Vierge envoie saint Gabriel qui donne l'ordre à Fiacre d'aller en France. "Se dérobant à la cour à l'insu du roi", et prenant le bateau à la ckloche de bois, il traverse The Channel , avec quelques compagnons et peut-être sa sœur la belle Sira. C'est ainsi que nous allons le voir, dans les panneaux suivants, devant Faron, le saint évêque de Meaux. Après 49 heures de route (sans bouchons) entre Boulogne et Meaux, par la Chaussée Brunehault. 

      — Inscription :

      —  Cõe . Sait fiacre enfant. Priot. Lue comme : "CO(M)E SAI(N)T FIACRE ENFANT PRIOIT.", ou en clair "Comment saint Fiacre priait".

      — P. ANDROVET OVVRIER DEMEVRANT A / KEMPARALÉ 1552

      Cette inscription a été manifestement restaurée, mais la partie "P. ANDROUET, ouvrier à Kemparalé" a été relevée telle quelle en 1849 (Bull. arch. Assoc. Bret.). Kemparalé est assimilé à Quimperlé, mais pourtant cette forme n'est attestée nulle part ailleurs. Les généalogistes ne signalent pas de famille portant ce patronyme à Quimperlé.  En outre, le prénom n'est pas précisé. Pourtant, les auteurs du volume du Corpus Vitrearum considère qu'il s'agit de la signature de "Pierre Androuet de Quimperlé" ; les auteurs du Bulletin de la Société archéologique du Morbihan placent en 1858 "Pierre Androuet de Quimperlé, peintre verrier" dans une liste d'artisans. Les auteurs du Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine  1878 page 320 s'en étonnent :

      On a voulu voir dans Pierre Androuet l'ouvrier auteur de ces beaux vitraux, et dans l'indication de sa demeure la ville de Quimperlé; mais quelqu' importante que serait une indication de cette nature, d'autant plus précieuse qu'elle serait plus rare et plus inusitée, il faut renoncer à cette illusion. L'ouvrier est ici le maître d'œuvre , gouverneur ou fabricien , qui a ordonné et dirigé la pose des vitraux, et qui, suivant un usage assez constant, a perpétué par cette inscription la mémoire de son office. Aucun document certain n'indique d'ailleurs à Quimperlé la présence de peintres-verriers. Quant à expliquer ce nom de lieu, qui ne se rapporte à aucune localité connue, c'est difficile. Peut-être n'y faut-il voir que soit une mauvaise leçon, soit une incorrection d'écriture ou d'orthographe, rendant le mot incompréhensible. [...]

      On retrouve encore, vingt-cinq ans environ plus tard, dans l'église de la Trinité de Langonnet, le même nom d'Androuet. Au bas de l'une des fenêtres du chœur est l'inscription suivante : LE : XXIII : DE : MARS : P : ANDROVET : 157.: Mais il ne faut y voir également qu'un nom, commun dans le pays, désignant un fabricien.

      Ces vitraux de la Trinité de Langonnet, avaient été en partie offerts par un Boutteville. Autrefois vendus, des éléments de ces verres ont été retrouvés dans la chapelle de Kerozer, commune de Saint-Avé, et une série d'anges musiciens ont une grande parenté stylistique avec ceux de Saint -Fiacre. 

       

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      2. Saint Fiacre demande à saint Faron, évêque de Meaux, un espace pour construire  son ermitage :

      moderne, par Marcel Delon 1912.

      Inscription Cõe St fiacre . demanda à St faron . un emplace / ment p~r : bastir un ermitage. 

      Le frère Fèfre (Fefrus, forme ancienne de Fiacre jusqu'au XIe siècle) fut reçu avec bienveillance par Faron, qui lui donna une de ses vastes propriétés appelée Breuil, à deux lieues de Meaux,où le jeune homme créa un monastère (ou un ermitage). Il attira du monde.

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      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      3. Deux femmes sont semoncées pour avoir voulu troubler la solitude de saint Fiacre.

      Le livre tenu par saint Fiacre porte le monogramme M.D. du restaurateur. Seule la partie supérieure de la scène est ancienne.

      Inscription Cõe . deux . dames s / punies : pour avo / voulu : petruire / l'ermitage.

      Le texte est douteux en raison du mot "petruire". L'Inventaire donnait en 1975  la lecture suivante (avec entre parenthèses les lettres ou mots manquants) : "Co(m)e deux d(ames furent) punies p(avoir) voulu (pénétrer) dans l'ermitage". La partie du texte actuel qui diffère du texte relevé en 1975 correspond à un verre indépendant séparé de son voisin par un plomb, et qui a du être restauré depuis. Or, il est peu probable, par rapport aux éléments de la Légende de saint Fiacre,  que des femmes soient accusées d'avoir détruit l'ermitage. Je propose de lire "Comme deux dames sont punies pour avoir voulu pénétrer dans l'ermitage."

      J'ai déjà dit comment Robert Gagnin avait relaté l'interdiction faite aux femmes de pénétrer dans les sanctuaires de saint Fiacre en raison d'un mystérieux "blasphème du murmure" : femina quae laesit blasphemo murmuro sanctum. Fecit quod sancti non intret femina templum. La femme qui blessa saint Fiacre par le blasphème de murmure fit et causa qu'aucune femme n'entre point dans l' église de ce  saint. Le distique eut un retentissement certain, car il fut cité par les auteurs protestants comme les frères Zwinger.

      Le tort de la femme (la Becnaude") fut de devenir enragée (in rabiem versa) de colère, et en voici la cause et le récit :

       

      "Le nombre des pèlerins et des pauvres qui venaient implorer la charité de saint Fiacre, augmentant de jour en jour, il se trouva dans l'impossibilité de les recevoir tous sans un nouveau secours de saint Faron. Il l'alla trouver pour le prier de lui donner dans la forêt un terrain suffisant pour y semer des légumes, avec lesquels il pût subvenir aux nécessités de ses hôtes. Ce prélat acquiesa à sa demande, et lui accorda auprès de son ermitage autant de terre qu'il pourrait, en creusant lui-même un jour entier, en entourer d'un petit fossé : tout ce qui se trouverait renfermé dans l'étendue de cette circonvallation lui appartiendrait en propre et comme un bien de patrimoine. Dieu permit qu'on lui prescrivit cette condition, afin de faire éclater davantage la sainteté de son serviteur ; car saint Fiacre ne fut pas plus tôt de retour en sa solitude, que, prenant un bâton à la main, après avoir adressé à Dieu une prière pleine de confiance, il traça sur la terre une ligne pour faire le circuit du jardin qu'il désirait. Mais, par un prodige surprenant et presque incroyable, à mesure qu'il avançait, la terre s'ouvrait d'elle même , et les arbres tombaient de coté et d'autre. Pendant cette merveille, une femme, vulgairement appelée la Becnaude, qui, ayant vu la terre s 'ouvrir à la seule présence de l'homme de Dieu, courut propmptement à l'évêque lui dire que cet ermite, qu'il considérait tant, n'était qu'un magicien et un enchanteur, et qu'elle l'avait vu faire des sortilèges inouïs ; puis, retournant sur ses pas à la forêt, elle entreprit le saint, et, après avoir vomi mille injures contre lui, elle eut l'effronderie de lui interdire son travail au nom de l'évêque de Meaux auquel elle l'avait dénoncé, et de lui déclarer avec fierté que lui-même allait venir pour lui faire défense de passer outre. A ces paroles, saint Fiacre s'arrêta et cessa son travail, quoique fort affligé de cette calomnie ; mais, comme il voulut s'asseoir sur une pierre, pour se reposer en attendant la venue du prélat, les prodiges se succédant les uns aux autres, la pierre se creusa d'elle-même, en forme de chaise , présentant une surface concave plus commode au saint. On la voit encore dans l'église qui fut, depuis, bâtie en son honneur, où elle se conserve pour servir de monument et de ce prodige et de la bonté divine qui se manifeste envers ceux qui, travaillés par certaines douleurs, et, s'y asseyant, avec foi, sont guéris de leurs infirmités.

      Cependant saint Faron arriva, et, voyant la vérité de toutes ces merveilles, il fut encore plus persuadé qu 'auparavant du grand mérite et de la sainteté du bienheureux ermite : il l'en aima plus tendrement que jamais et l'honora depuis toute sa vie, d'une singulière familiarité.

      La malice et l'indiscrétion de cette femme furent cause que saint Fiacre défendit l'approche de son monastère à toutes les femmes ; il demanda même à Dieu que toutes celles qui, à l'avenir, auraient la témérité d'y entrer, fussent punies sur le champ de quelque infirmité corporelle : ce qu'il lui accorda et ce qui a été confirmé par plusieurs miracles ; car une dame de qualité, qui n'ajoutait pas foi a ce qu'on disait de cette merveille, voulant faire l'expérience de ce qui arriverait à une femme qui entrerait dans le monastère de notre saint, poussa un jour sa servante dedans ; mais à l'instant même, la dame qui violait ainsi la cloture perdit un œil, en punition de son attentat et de son incrédulité."

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      On comprend mieux ce qui est représenté : la "dame" de peu de foi porte la main devant ses yeux, car elle perd la vue. Saint Fiacre la repousse dédaigneusement et se plonge dans son bréviaire. La deuxième femme, moins bien habillée est a priori la servante.

       

       

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      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      4. Saint Fiacre reçoit et nourrit les pauvres.

      avec signature M. Delon 1910 dans le cartouche explicatif .

      Inscription : Cõe ​Sai~t fiacre re/cevoit et nourrissoit les po(u)vres .

      "Il partageait avec les pauvres le fruit de son travail. Guidé par les vertus du christianisme, la charité et la mortification, il mangeait peu, pour avoir plus à donner aux pélerins. Il fit bâtir, à quelque distance de sa cellule, une espèce d'hôpital pour les loger. On lui amena de toutes parts des énergumènes et des infirmes travaillés de diverses sortes de maladies. Et, par la vertu de ses prières et l'imposition de ses mains, il délivra les uns et rendit aux autres une parfaite santé." (Abbé R..., aumônier des Dames de la Conception, à Carpentras, 1865)

       

       

       

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      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      REGISTRE SUPÉRIEUR.

      Deuxième registre, Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Deuxième registre, Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      5. La Becnaude accusant saint Fiacre devant l'évêque de Meaux.

      Inscription : Cõe la vieille vint p/laindre et accuser saint / fiacre a levesq de Meaux : disãt q.la gaste so(n) bois.

      Dans la Vie de saint Fiacre, cet épisode vient après  la scène relatée dans le panneau suivant, et avant celle de la punition de la femme incrédule. On peut suspecter une erreur de remontage. On se reportera au texte de la légende donné précedemment.

      L'inscription témoigne  d'une version un peu différente, dans laquelle la Becnaude accuse Fiacre "de gâter son bois". 

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      6. Saint Fiacre délimite son jardin avec l'aide d'un ange.

      Inscription : Cõe . sai~t . fiacre traça / le circuit de son jardin / avec . l'aide de Dieu. 

      Dans la Légende initiale de saint Fiacre , ce dernier traçait son jardin avec un bâton, mais dans les versions plus tardives, c'est une bêche qui fut l'outil de cette miraculeuse enceinte. La bêche est ainsi devenue l'attribut du saint, sur d'innombrables statues des église et chapelles bretonnes, où saint Fiacre devenait le patron des jardiniers, à coté de saint Isidore, patron des agriculteurs dont l'attribut est la faucille.

       

       

       

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      7. Saint Fiacre guérissant les aveugles.

      Inscription : Cõe . sai~t .  fiacre / gerissoit . / les aveugles:

      Voir le commentaire plus haut. 

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      8. Entretien de saint Fiacre et de la Becnaude.

      Inscription : Cõe la vieille tãsa sai~t / fiacre po l'amour qu'il / abatoit le / bois s. q. le fit céder de par die/u et il cessa.

       

       

       

       

       

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      Décor d'architecture Renaissance  à cartouches (vides) et masques. Grisaille et jaune d'argent.

       

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Vitrail de la vie de saint Fiacre, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      LE TYMPAN

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      Tympan à treize ajours et à écoinçons. 

       

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      Trois ajours supérieurs : armoiries modernes . Boutteville en sommité, d'argent à cinq fusées de gueules en fasce , Boutteville et alliance à gauche, armoiries Du Chastel fascé d'or et de gueules  à droite.

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      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      Ajours des rangs inférieurs : 6 anges musiciens, en surplis plissés blancs et or. 

      Joueur de (harpe).

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      Joueur de viole à archet. 3 cordes, 4 ouïes.

       

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      Joueur de flûte traversière.

       

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      Joueur de chalemie.

       

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      Joueur de chalemie.

       

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      Ange offrant une corbeille de fruits.

       

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

      Tympan de la baie 6, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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      SOURCES ET LIENS.

       Le Faouët et Gourin, inventaire topographique, 1975, Secrétariat d'État à la Culture, Paris, Imprimerie Nationale. page 41 et fig. 118 et 119 page 288.

      — GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2011, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, 

      — LENA (Laurent), 1989, Le Faouët, la chapelle Saint-Fiacre : son histoire et ses merveilles, Priziac, Presses de Saint-Michel,‎ 1990, 104 p.

      — Abbé R..., aumônier des Dames de la Conception, à Carpentras, 1865 La Vie et les miracles de Saint Fiacre ... d'après les Bollandistes. Paris, Charles Douniol ed.. 

      https://books.google.fr/books?id=WfxfAAAAcAAJ&dq=saint+fiacre&hl=fr&source=gbs_navlinks_s 

       

      Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine vol. 12 1878 page 319-320

      http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f344.image

      Bulletin archéologique de l'Association bretonne, Volume 1, 1849

      — Vie de saint Fiacre, Acta sanctorum 30 août : 

      https://www.heiligenlexikon.de/ActaSanctorum/30.August.html

      — Les vitraux de Dreux, XVIe siècle : la Vie de saint Fiacre, 9 panneaux. 

      http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Dreux/Dreux-eSaintPierre_v10.htm#SFiacre

       

       

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