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10 avril 2024 3 10 /04 /avril /2024 16:59

Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port : la baie 20 de la troisième chapelle latérale sud (Saint Georges et saint Martin, Valentin Bousch v.1514-1520 ; panneaux typologiques et anges à phylactères du tympan, atelier lorrain et Jacot de Toul v.1510-1520). Monogramme de verrier.

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Voir :

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PRÉSENTATION.

 

"Le culte de saint Nicolas de Bari s'est établi à Saint-Nicolas-de-Port (à 13 km de Nancy)  autour d'une relique d'une phalange du saint évêque depuis le XIIe siècle, et un pèlerinage majeur pour la chrétienté  s'y est développé. La victoire du duc René II, duc de Lorraine et de Bar, face au grand duc d'Occident Charles le Téméraire en 1477 lors de la bataille de Nancy, incite le duc à faire édifier un édifice  imposant pour symboliser le retour à l'indépendance de la nation Lorraine ainsi que sa reconnaissance au saint patron et protecteur de la Lorraine. Le choix de Saint-Nicolas-de-Port qui s'appelle encore simplement Port est évident, puisque la ville, alors la plus peuplée du duché, est le centre économique du duché de Lorraine attirant de nombreux marchands de toute l'Europe lors des foires. Les travaux de reonstruction de l'église débutent à la fin du XVe siècle.

Les verrières ont été décrites par Michel Hérold, qui leur a consacré en 1993 une monographie du Corpus vitrearum. Toutes les informations de cet article  proviennent de ses travaux.

"Le vitrage de l'édifice ayant suivi de près les progrès de l'architecture, moins de trente années séparent les verrières les plus anciennes des plus récentes (la « grisaille des Bermand ») : on commença à vitrer l'abside en 1508, et la fenêtre occidentale porte les armes de Renée de Bourbon morte en 1539.

De nombreux donateurs  ont permis de financer un tel programme et la diversité de leur condition sociale, mais aussi de leur origine géographique se reflète dans les oeuvres conservées.

Au premier rang, on trouve bien entendu la famille ducale de Lorraine, dont les donations occupent les places privilégiées d'un édifice considéré comme le sanctuaire national des Lorrains aux trois verrières de l'abside offertes par le duc René II, mort en 1508, répond celle de la façade occidentale où le duc Antoine, sa femme Renée de Bourbon et son frère Jean, évêque de Metz, firent placer leurs armes. D'autres blasons aujourd'hui dispersés dans l'édifice indiquent par ailleurs que la générosité ducale ne s'était pas limitée aux seules baies axiales, mais avait concouru au vitrage de l'ensemble de l'église, aux côtés de quelques représentants de la noblesse lorraine (seul Henri de Thierstein, dont la famille est étroitement liée à l'histoire du pèlerinage, a pu être identifié formellement) mais surtout de riches marchands qui faisaient placer leurs seings manuels au bas des verrières, et même de cités comme Bâle et Strasbourg qui entretenaient d'étroites relations politiques ou commerciales avec la Lorraine. Cette diversité des donations explique l'absence d'un programme iconographique bien défini et même, comme le remarque Michel Hérold, la relative banalité des thèmes choisis, mais elle a également permis l'intervention d'ateliers de diverses origines et font de cette monographie une étude passionnante sur les courants artistiques du début du XVIe siècle dans l'est de la France.

Vingt-huit baies possèdent encore des vitraux anciens, certains malheureusement très mutilés en 1635 lors du pillage et de l'incendie de l'église. Aux dégâts causés par les troupes franco-suédoises s'ajoutèrent les restaurations maladroites entreprises par Napoléon Rives et Désiré Laurent au milieu du XIXe siècle : de nombreux panneaux furent alors déplacés et regroupés arbitrairement." (D'après G.M. Leproux)

Les maîtres-verriers :

"Trois des baies de l'abside reçurent des vitraux colorés (vers 1510, baies 200, 201, 202), de même toutes les baies des chapelles et des bas-côtés ; les fenêtres hautes de la nef étaient de verre blanc en losanges ; la mise en place de toute la vitrerie échelonnée sur près de 35 ans, donna de l'ouvrage à plusieurs ateliers de verriers : Nicolas Droguet, de Lyon, à Saint-Nicolas-de-Port jusqu'en avril 1510 et maître George (baies de l'abside), peut-être avec la collaboration de Jacot de Toul et de maître Nicolas ; le 1er septembre 1514 Valentin Bousch, de Strasbourg passe contrat pour exécuter des verrières blanches en losanges, il exécute aussi de nombreuses verrières historiées ; peuvent lui être attribuées : la Transfiguration (baie 107), l'Adoration des Mages, saint Nicolas, saint Sébastien et saint Christophe (baie 109), la verrière de la rose ouest (baie 225) à la gloire de la famille de Lorraine ; d'autres artistes originaires du Rhin supérieur, restés anonymes, travaillent en même temps que Valentin Bousch ; plusieurs ateliers locaux réalisent des vitraux pour la basilique : Jehan de Saint-Nicolas-de-Port, Nicolas de Saint-Nicolas-de-Port, maître I V de Toul (baie 20) ; dès 1576 on répare des verrières endommagées ; le 11 novembre 1635 les troupes suédoises incendient la basilique ; vers 1770 on procède à une remise en plomb générale ; les restaurations se succèdent : 1847, 1848 et 1850 jusqu'au delà de 1855, par les maîtres verriers restaurateurs nancéiens Pierre-Napoléon Rives et Désiré Laurent ; ils procèdent à la remise en état des vitraux anciens, restituent et complètent la vitrerie des chapelles latérales et regroupent dans quelques baies des bas-côtés et des absidioles les fragments anciens isolés ; ces restaurations abusives aboutissent à la mutilation définitive de la plupart des verrières ; de 1888 à 1906 les maîtres verriers restaurateurs parisiens Steinheil et Albert Louis Bonnot mènent une seconde campagne de restauration ; en 1918 une partie des verrières anciennes sont déposées ; en 1921 le maître verrier restaurateur parisien Auguste Labouret restaure les verrières des chapelles latérales restées en place pendant la guerre ; à la veille du second conflit mondial, tous les vitraux anciens sont à nouveau déposés ; dès 1947, 1948 le maître verrier restaurateur parisien Bidault remet en place les verrières anciennes en respectant la disposition du 19e siècle." (Palissy IM54002402)

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La basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

La basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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Description générale.

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Cette baie n°20 comporte  3 lancettes polylobées et un tympan ajouré, elle occupe la troisième chapelle sud. Elle mesure 2,96 m de haut et 1,84 m de large. Elle est peinte par grisaille et jaune d'argent sur verres transparents sertis au plomb. 

C'est un ensemble composite réuni  sans souci de cohérence en 1850 par les restaurateurs de 1850,  le cartonnier Désiré Laurent et le peintre Napoléon Rives. Elle comprend des éléments d'origine et des éléments rapportés, notamment ceux de Valentin Bousch. Les hauts de lancettes sont modernes (1850).

 

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Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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LES PANNEAUX D'ORIGINE PAR UN ATELIER LORRAIN ET PAR JACOT DE TOUL : LA MATERNITÉ VIRGINALE DE MARIE.

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Le programme iconographique originel de cette baie et de sa voisine reposait sur la Maternité virginale de Marie et sa préfiguration typologique. On en trouve quelques traces dans la baie 18, mais bien davantage dans cette baie.

Elle témoigne de la présence sur le chantier peu avant 1510 d'un atelier Lorrain anonyme. Cet atelier est également l'auteur, à Saint-Nicolas, d'un Martyre de saint Sébastien, d'une sainte Barbe, et d'une Assomption encore conservés .

Un autre maître lorrain est, lui, parfaitement identifié, il s'agit de Jacot le Verrier, connu notamment pour avoir exécuté la grande verrière du croisillon nord de la cathédrale de Toul, sa ville d'origine et des vitraux de la collégiale Saint-Gengoult. Il a exécuté aussi des vitraux à Vézélise. Michel Hérold lui a attribué les anges des tympans des deux baies 18 et 20 de la troisième chapelle sud de la nef,  mais aussi quatre figures de saints placées dans les deux registres supérieurs de la baie d'axe.

De même, les trois panneaux de la lancette de gauche, qui sont d'origine et attribués à un atelier lorrain anonyme, sont tous des préfigurations de la maternité virginale de Marie : la Vision de la porte close d'Ézéchiel, la Verge bourgeonnante d'Aaron, frère de Moïse, et la prière de Gédéon.

Enfin, sur la droite, la belle Vierge coiffée d'une couronne d'étoiles sur un fond de lumière rouge faisait aussi partie de l'iconographie initiale. Elle est attribuée au même atelier lorrain. Certains auteurs la présentent comme une Vierge de l'Apocalypse en raison des rayons de feu de la mandorle.

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Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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1°) La Vierge dite de l'Apocalypse. Bas de la troisième lancette. Atelier lorrain vers 1510-1520.

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La Vierge s'inscrit dans une mandorle rouge zébrée de rayons ou lames de feu, sertis au plomb et non gravés. Elle est nimbée et couronnée, et porte un médaillon ovale doré autour du cou. Ses cheveux longs et blonds tombent devant sa poitrine. Elle entrouve son manteau bleu à revers jaune sur une robe blanche à décolleté carré (modifiée en dessous par les restaurateurs. 

Seul le buste nous est parvenu, nous ne pouvons savoir si ses pieds reposaient, comme les Vierges de l'Apocalypse, sur un croissant de lune.

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Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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2°) Les quatre anges du tympan présentant les litanies en latin. Jacot de Toul, vers 1510-1520.

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Ces anges blonds , en aube à amict doré et aux ailes colorées (rouges, vertes) portent des phylactères où se lisent les litanies en latin VIRGO SPECIOSA  VIRGO GENEROSA VIRGO PULCHRA .

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Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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2bis le tympan de la baie n°18 par le même atelier. Quatre anges sous la bénédiction de Dieu le Père. Jacot de Toul vers 1510-1520.

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Les anges identiques à ceux de la baie 210 présentent les inscriptions suivantes :

VIRGO ANTE PARTUM ; VIRGO IN PARTU [VIRGO POST PARTUM] VINCENTI (? XIXe ?)

La formule Virgo ante partum, virgo in partu, virgo post partum est dûe à saint Thomas d'Acquin (Somme théologique III, Q28 a 3), et elle affirme la virginité de Marie non seulement avant la conception de Jésus, et après celle-ci, mais aussi pendant la conception (in partu), selon la référence à Ézéchiel de la porte close, porta clausa auquel Thomas d'Acquin se réfère dans son texte. L'utérus est resté clos, le vase n'a pas été ouvert : uterus clausa.

Elle figure, associée dans les litanies précédentes, dans de nombreux textes en hommage à Marie : 

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"Rosa sine spina, Dominus tecum. Stella matutina, Dominus tecum. Virgo Dei inviolata, Dominus tecum. Virgo innupta, Dominus tecum. Virgo Dei intacta, Dominus tecum. Virgo incorrupta, Dominus tecum. Virgo Deo grata, Dominus tecum. Virgo ante partum, Dominus tecum. Virgo in partu, Dominus tecum. Virgo post partum. Dominus tecum. Splendor inextinguibilis, Dominus tecum. Virgo inestimabilis. Dominus tecum. Virgo inmarcessibilis vitis, Dominus tecum. Uva germinans, Dominus tecum. Virgo incomparabilis, Dominus tecum. Virgo cui noil est nec erit similis, Dominus tecum. Virgo generosa. Dominus tecum. Virgo speciosa, Dominus tecum. Virgo pulchra, Dominus tecum. Fons misericordie cum omni copia, Dominus tecum. Virgo eximia, Dominus tecum. Virgo pia, Dominus tecum. Virgo mater sine ruga, Dominus tecum. Virgo dulcis Maria, Dominus tecum. Laus prophetica, Dominus tecum. Salomonis fabrica, Dominus tecum."

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Cette baie était donc bien, à l'origine, destinée à illustrer et défendre la thèse d'un enfantement préservant la virginité de Marie.

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Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 18, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 18, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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3°) Les panneaux typologiques de la première lancette : la vision de la porte close d'Ézéchiel ; le miracle de la toison de Gédéon et la verge bourgeonnante d'Aaron.  Atelier lorrain vers 1510-1520.

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Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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a) Le miracle de la toison de Gédéon.

nb  : Aaron et Gédéon étaient à l'origine inversés.

Gédéon est figuré en cavalier en armure, agenouillé sous l'effet du prodige, mains jointes, son casque à plumes jaune, rouge et violette à terre, dans une prairie. En arrière-plan, une porte fortifiée, et des montagnes.

La scène illustre ce passage du livre des Juges :

" Gédéon dit à Dieu : Si tu veux délivrer Israël par ma main, comme tu l’as dit, voici, je vais mettre une toison de laine dans l’aire ; si la toison seule se couvre de rosée et que tout le terrain reste sec, je connaîtrai que tu délivreras Israël par ma main, comme tu l’as dit.
Et il arriva ainsi. Le jour suivant, il se leva de bon matin, pressa la toison, et en fit sortir la rosée, qui donna de l’eau plein une coupe.
Gédéon dit à Dieu : Que ta colère ne s’enflamme point contre moi, et je ne parlerai plus que cette fois : Je voudrais seulement faire encore une épreuve avec la toison : que la toison seule reste sèche, et que tout le terrain se couvre de rosée.
Et Dieu fit ainsi cette nuit-là. La toison seule resta sèche, et tout le terrain se couvrit de rosée. » - Juges 6:36-40

Je ne vois pas la toison de laine tandis que des plantes indiquent que la terre est humide,  et que la rosée descend du ciel sous forme d'une colonne grise sous un point jaune.

Une inscription indique GEDEON RORE  MADET VELLUS SED PERMANET ARIDA VELLUS.

Cette phrase est relevée plusieurs fois par les auteurs germaniques (notamment à Nuremberg où elle est datée du XVIe siècle) sous la forme Haec madet tellus sed permanet arida vellus et traduite par "Cette terre est humide mais la fourrure reste sèche.".

Louis Réau la rapporte ainsi Rore madet vellus permanet arida vellus. M. Thiriet a lu ici Gedeon rore madet vellus permanet arida tellus et traduit "Gédéon a le vêtement tout humide de rosée mais la terre reste sèche". C'est la forme couramment rapportée ailleurs,, où on trouve plus souvent tellus que vellus comme dernier mot, ce qui est plus logique pour traduire littéralement "La rosée mouille la laine, la terre reste sèche".

Mais plus précisément, l'inscription de cette baie 20 avec ses abréviations Gedeõ rore madet vell9 sed permanet arida vell9 (le sigle 9 remplaçant -us) reprend celle  de l'édition imprimée de 1460-1465 du Biblia pauperumRore madet vellus, permansit arida vellus [tellus].

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Biblia pauperum, 1460-1465, BnF RES-XYLO 4Gallica.

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En effet, cette scène figure en vignette dans la Biblia Pauperum à la page de l'Annonciation, en vis à vis de celle de la Nativité. Il s'agit d'une relation typologique entre le texte vétéro-testamentaire de Juges, 6:37-38, et la virginité de Marie :  Gédéon, cinquième juge d’Israël, souhaite savoir si Dieu veut l’utiliser pour libérer la Terre Promise. En réponse à Gédéon, un miracle se produit. Une toison déposée au sol se gorge de rosée, que le juge recueille dans une coupe alors que la terre alentour est restée sèche. Au Moyen Âge, on interprète cet espace resté sec et pur comme un symbole de la virginité de Marie. Gédéon sortira vainqueur du combat, grâce à ce signe de Dieu. Sur la gravure de la Biblia Pauperum Gédéon lève les bras vers l'ange qui lui dit Dominus tecum virorum fortissime (Juges 6:12), dans un parallèle évident avec l'archange Gabriel disant à la Vierge Ave gratia plena dominus tecum.

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Biblia pauperum, 1460-1465, BnF RES-XYLO 4Gallica.

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Ce parallèle entre le miracle de Gédéon et la conception virginale de Jésus par la Vierge illustre aussi les  verrières de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Troyes et de Sens (par les mêmes verriers et à la même époque  tout début du XVIe siècle  1499 et 1504), et sur le retable de l'Annonciation à la Licorne de Martin Schongauer.

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https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl020572303

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Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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b) Aaron agenouillé devant un autel devant la verge (bâton, tige) verdie.

Aaron est représenté en grand prêtre juif (longue barbe grise, châle rouge sur un manteau vert à franges), agenouillé mains jointes devant un autel à l'intérieur d'un temple. Devant lui, le rameau bourgeonnant bien vert au milieu de douze tiges grises. Le sens du médaillon à profil couronné m'échappe, à moins d'y voir celui de Moïse au front ceint de flammes.

Rappel :

Alors que l’autorité de Moïse et d’Aaron est contestée, Moïse, sur l’ordre de Yahvé, demande aux chefs des douze tribus d’Israël de lui remettre un rameau pour chaque tribu, qu’il dépose dans la « Tente du Témoignage » . L’homme dont le rameau bourgeonnera sera celui que Dieu a choisi. Le lendemain, seule la verge d’Aaron, déposée au nom des familles de Lévi, a bourgeonné. « Yahvé dit alors à Moïse : Remets le rameau d’Aaron devant le Témoignage où il aura sa place rituelle, comme un signe pour ces rebelles. Il réduira à néant leurs murmures qui ne monteront plus jusqu’à moi, et eux ne mourront pas. »

Cette verge d'Aaron, et cette illustration figurent dans la Biblia Pauperum à la page de la Nativité, avec la mention Hic contra morem producit virgula florem.  Comme le bâton d'Aaron choisi par Dieu fleuri miraculeusement alors qu'il était sec, la Vierge donne naissance à Jésus tout en préservant sa virginité. Cette verge  est rapprochée de la virginité de Marie d'une part parce qu'elle reprend la prophétie d'Isaïe 11:1  sur la verge de Jessé qui fleurit (Egredietur virga de radice Jesse, et flos de radice ejus ascendet)  en associant les mots virgula (diminutif de virga, la verge) et de florem (flos, la fleur), mais aussi par le raisonnement exposé par exemple ainsi en 1613 par Petrus Muranus :

 "Aaron, en sens allégorique, ne nous représente autre chose que le peuple juif : cette verge n'est autre que la Vierge immaculée, seiche et aride de tout péché, sèche et aride pour n'avoir jamais fréquenté la compagnie des hommes : verge sèche qui néanmoins a fleuri, fructifié et produit le fruit de vie, fruit médicinal, je dis le Fils de Dieu, fort justement représenté par le fruit de l'amandier " 

 

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Biblia pauperum, BnF gallica.

 

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C'est précisément la citation ---HIC CONTRA MOREM qui est inscrite en bas du panneau.

Comme pour la toison de Gédéon, ce rapprochement est illustré par Martin Schongauer sur son retable.

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Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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c) Ézéchiel et la Porte close.

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Le prophète est figuré de face, bras écartés, vêtu d'une robe bleue et d'un châle rouge. Il est devant la porte fortifiée des murailles de Jérusalem.

Rappel :  Les Pères de l'Église ont vu dans le passage suivant du Livre d'Ézéchiel la préfiguration de l'utérus de Marie, traversé par l'Enfant mais restant clos, et donc vierge . Le prophète décrit sa vision du porche oriental du Temple futur , successivement ouvert pour accueillir la gloire de Yahvé, puis fermé après son départ :

« Il me ramena vers le porche extérieur du sanctuaire, face à l’orient. Il était fermé. Yahvé me dit : Ce porche sera fermé. On ne l’ouvrira pas, on n’y passera, car Yahvé, le Dieu d’Israël, y est passé. Aussi sera-t-il fermé. Mais le prince, lui s’y assiéra pour y prendre un repas en présence de Yahvé. C’est par le vestibule du porche qu’il entrera et c’est par là qu’il sortira. » (Ezechiel, XLIV 1-3.)

Ce porche   va se confondre ensuite avec  la Porte Dorée de Jérusalem, par où pour les Juifs le Messie fera son entrée à Jérusalem, mais aussi avec la porte orientale de Jérusalem par où Jésus arriva le jour des Rameaux. 

Làa encore, nous trouvons cette scène dans le Speculum humanae salvationis, puis dans la Biblia pauperum, tout comme sur le retable de Martin Schongauer (litanie PORTA CLAUSA), et sur la verrière de l'Annonciation de la cathédrale de Sens, avec la formule latine Porta hec clausa erit et non aperietur

Dans la Biblia pauperum, cette typologie se trouve à la même page de l'Annonciation que les autres mais  en bas et à gauche avec le dessin du prophète Ézéchiel, la référence Ezech XLIIII et la citation porta haec clausa erit et non ap[er]ietur.

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Même si l'inscription est très difficile à lire, nous pouvons gager qu'on y trouvait les mots PORTA HAEC CLAUSA ERIT NON APERIETUR.

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Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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d. Le monogramme du tympan : la marque du verrier ?

Michel Hérold ne précise pas s'il considère ce monogramme comme appartenant à la verrière d'origine. 

Il évoque fortement les monogrammes des verriers de Troyes, décrits par l'abbé Coffinet en 1858, et dont j'ai décrit plusieurs dans mes articles sur les baies de la nef de la cathédrale de Troyes entre 1498 et 1502. Comme eux, il comporte une barre verticale formant clef. Cette clef se termine par un quatre de chiffre, est barrée d'une ligne courbe et encadrée de deux étoiles. Les monogrammes 13 et 23 de Troyes utilisent également un quatre de chiffre.

Nous retrouvons un monogramme à peu près identique dans la baie 111 de la Transfiguration, attribuée à Valentin Bousch vers 1514-1520 et accompagnée de deux autres monogrammes. Ceux-ci sont parfois considérés comme des blasons de donateurs non nobles. D'autres monogrammes sont présents dans les baies 9 et 26.

Les œuvres de Valentin Bousch sont signés selon Hérold "du monogramme V.B bien visible"  : je pense plutôt que ce monogramme de la baie 20 est celui d'un atelier lorrain.

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Baie 111 de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

 

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L'autre ajour du tympan comprend un élément rose peu explicite.

 

 

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Sain-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Sain-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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e. Le pélican sous la Vierge.

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Ce pélican, symbole christique domine un phylactère avec l'inscription : PELLICANUS SUM QUI CUNCTIS SANGUINE PROSUM "Je suis le pélican utile à tous par mon sang".

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Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux d'atelier lorrain et de Jacot de Toul (1510-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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LES PANNEAUX PROVENANT D'UNE AUTRE BAIE, CRÉES PAR VALENTIN BOUSCH (1514-1520). SAINT MARTIN, SAINT GEORGES ET SAINTE CATHERINE.

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Valentin Bousch est né à la fin du XVe siècle à Strasbourg et mort en août 1541 à Metz.

Au moins six des dix grandes verrières des bas-côtés de la nef et au moins cinq des dix-sept verrières des chapelles latérales, produites entre 1514 et 1520, sont attribuées par Michel Hérold à l'atelier de Valentin Bousch, connu jusqu'ici essentiellement pour sa participation au vitrage de la cathédrale de Metz de 1520 à 1541 et à celui du prieuré de Flavigny-sur-Moselle (dont les panneaux subsistants sont pour la plupart aujourd'hui au Metropolitan Museum de New- York) . Il réalisa également des vitraux pour l'église priorale de Varangéville (disparue au cours de la première guerre mondiale) sur une commande de Jean IV de Lorraine, évêque de Metz. En outre il réalisa de nombreux vitraux sur commande de la bourgeoisie messine pour des églises, des hôtels et des chapelles messines mais aussi pour des églises de la campagne lorraine. En 1530,  il revient travailler à Saint-Nicolas-de-Port  pour ses mécènes lorrains le duc Antoine la duchesse Renée de Bourbon et le cardinal Jean de Lorraine et il réalise le vitrail de la rose ouest .

On lui doit à Saint-Nicolas la Transfiguration de la baie 107, l'Adoration des Mages, saint Nicolas, saint Sébastien et saint Christophe de la baie 109, la verrière de la rose ouest  ou baie 225. 

Mais le maître n'était pas seul à peindre et plusieurs mains ont travaillé pour Valentin Bousch. Les contrats de service retrouvés dans les archives confirment d'ailleurs l'importance de l'atelier, qui, après 1518, semble avoir travaillé quelque temps conjointement pour Metz et Saint-Nicolas-de-Port.

"Valentin Bousch constitue ou développe un important atelier. Dès le 26 décembre 1514 soir environ trois mois après le marché conclu avec le gouverneur de la fabrique Valentin Bousch embauche pour quatre ans un apprenti originaire de Bar-le-Duc Meuse) Symon Clarget . Pour des raisons inconnues Symon Clarget quitte son maître le 18 septembre 1517 avant expiration de son engagement. Nicolas fils de feu Pierre le chirurgien demeurant Saint-Nicolas-de-Port entre dans atelier le juin 1517 Quelques mois plus tard le 23 décembre 1518 Valentin Bousch recrute Claude Moynne originaire de la localité voisine de Rosières-aux-Salines Meurthe-et-Moselle. Les nouveaux apprentis sont recrutés l'un pour cinq ans l'autre pour deux ans. Valentin Bousch embauche encore le juillet 1518 Gérard Regnaldin de Vic-sur-Seille Moselle et Pierre Paiger de Moyen (Meurthe-et-Moselle) deux verriers déjà confirmés qui s'engagent à le servir pour des périodes assez courtes le premier pour un an l'autre pour six mois. Avec aide de son important atelier il se dispose donc à répondre de nombreuses commandes." M. Hérold.

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1°) Saint Georges terrassant le dragon.

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Une tenture damassée rouge est suspendue sous les arcades d'une architecture à cul de lampe (mais feuillagé d'acanthes peu vraisemblables), formant le fond devant lequel Saint Georges, en armure, combat le démon à grands coups d'épée . Les plumes rouge et or de son casque et de sa cuirasse répondent à celles de sa monture, mais aussi aux miroitements des écailles de l'aile du dragon. Ce dernier, aux pattes et au cou couverts de verrucosités, redresse sa gueule, tend ses griffes et fouette de sa longue queue l'arrière-train du cheval. Le sol est une prairie verte.

Les volumes sont rendues par des hachures courbes ou entrecroisées. Les plumes sont rendues par un travail en enlevé du jaune et de la grisaille, au petit-bois ou à l'aiguille. La pièce correspondant à l'aile et au tronc du dragon est un savant usage du gris, et des valeurs de jaune.

Le visage a été remplacé par un verre jaune, mais on mesure, sur les autres exemples, qu'il devait être très soigné.

Fond damassé.

"Les fonds damassés sur lesquels se détachent scènes ou figures comptent beaucoup aussi. Réalisés par enlevés dans une épaisse couverte de grisaille noire suivant des pochoirs, ils sont en quelque sorte la marque de l'atelier. Les calques des mêmes motifs damassés relevés directement sur le vitrail se superposent exactement. L'utilisation répétée d'un pochoir n'exclut cependant pas des variantes (détails supplémentaires enlevés au petit-bois, par exemple), ni, à l'inverse des pochoirs du XIXe, une certaine irrégularité d' exécution ; les ajours du pochoir indiquent les parties à enlever dans la grisaille et non celles à couvrir de grisaille. " (M. Hérold)

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Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Sain-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Sain-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

 

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2°) Saint Martin partageant son manteau avec le pauvre.

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La niche architecturée change et l'arcade feuillagée est ponctuée de perles. C'est une création de 1850. Les colonnes sont également feuillagées. Le motif damassé de la tenture bleue n'est pas le même que pour le Saint-Georges et fait apparaître des œillets et des feuilles sur des rinceaux crénelés.

Saint Martin, nimbé (inscription SACTUS MART-- moderne, tout comme le visage) s'apprête à couper de son épée son manteau rouge d'officier. Ses bottes sont d'un rose rare.

Un mendiant barbu (tête et haut de tunique datant de 1850) tend la main pour s'en saisir.  Les chausses sont pourpres.

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Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Sain-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Sain-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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3°) Sainte Catherine d'Alexandrie.

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Dans ce panneau , la sainte tient l'épée de son supplice (vitrail assez bien conservé). Tenture rouge. La robe blanche (ou surcot à manches) est également damassé. Le visage est partiellement parasité par des plombs de casse.

Michel Hérold fait remarquer que le pochoir utilisé pour le damas du saint Jérôme de Genicourt en 1524 est le même que celui du damas de la sainte Catherine de Saint-Nicolas-de-Port réalisé vers 1514-1520. D'ailleurs, les verrières des chapelles latérales sont jugées très proches de l'Annonciation et surtout de la sainte Barbe et du Saint Jérôme de l'église Sainte Marie-Madeleine de Géricourt-sur-Meuse, et même "archaïques" par rapport aux visages et aux mains putoisées aux effets de granité très appuyés de la nouvelle manière développée à Metz.

Au sol, on remarque la roue brisée, principal attribut de la sainte avec sa couronne et son épée. Du côté gauche, au dessus de l'herbe, les initiales G.C.

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Un vitrail représentant sainte Catherine d'Alexandrie est conservé au musée du Louvre à Paris, provenant probablement (notice du Louvre) de l'église de Saint-Nicolas-de-Port. Il est pourtant bien différent. Michel Hérold note : "Entre les figures élégantes et statiques de sainte Marguerite de saint Georges ou de la sainte Catherine du Louvre disposées sous des dais arborescents caractéristiques du gothique tardif et celle de saint Sébastien déjà citée plus dynamique avec son corps athlétique dans un encadrement architecture Renaissance on assiste à une véritable mutation."

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Sainte Catherine d'Alexandrie vers 1515 Atelier de Valentin Bousch. Musée du Louvre inv. OAR 519. Droits RMN.

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Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneaux de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 20, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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SAINT GEORGES, PANNEAU  CRÉE PAR VALENTIN BOUSCH (1514-1520) ET AUJOURD'HUI REMONTÉ EN BAIE 18.

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Seule la moitié supérieure du saint Georges est attribuée à l'atelier de Valentin Bousch. Il tient l'étendard blanc à croix rouge, le vexillum beati georgi des Génois  qui deviendra l'emblème des Croisés.

On reconnaît la tenture damassée, ici pourpre, et le goût du verrier strasbourgeois pour les plumes tout aussi  multicolores qu'exubérantes. La partie basse est une création de 1850, le saint est dépourvu de son cheval et li piètine un dragon vert.

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Panneau de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 18, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneau de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 18, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneau de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 18, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneau de l'atelier de Valentin Bousch (1514-1520), baie 18, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneau restauré en 1850, baie 18, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

Panneau restauré en 1850, baie 18, basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

—HÉROLD (Michel), 1987, Les verriers de Lorraine à la fin du Moyen Age et au temps de la Renaissance (1431-1552). Approche documentaire, Bulletin Monumental  Année 1987  145-1  pp. 87-106

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1987_num_145_1_2867

—HÉROLD (Michel), 1992, La verrière en grisaille des Bermand à Saint-Nicolas-du-Port ou les chemins tortueux de l'italianisationBulletin Monumental  Année 1992, 150-3  pp. 223-237

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1992_num_150_3_4455 

—HÉROLD (Michel), 1993, Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port, vol. VIII/1, Paris, CNRS, coll. « Corpus vitrearum France, monographies », 1993, 219 p. 

—HÉROLD (Michel), 1994, « Valentin Bousch, l'un “Des Peintres sur verre qui se distinguèrent au seizième siècle” », Revue de l'art, 1994, no 103, p. 53-67.

https://www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1994_num_103_1_348109

—HÉROLD (Michel), et Christian Corvoisier, 2008 « Saint-Nicolas-de-Port - Vitraux de l'église du pèlerinage de saint Nicolas », dans Congrès archéologique de France. 164e session. Nancy et Lorraine méridionale. 2006, Société française d'archéologie, Paris, 2008, p. 312-316.

 

—LEPROUX (Guy-Michel), 1994, Michel Hérold, Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port, Paris, C. N. R. S. Éditions, 1993 (Corpus Vitrearum, France, vol. VIII/1), 220 p. [compte-rendu] Bulletin Monumental  Année 1994  152-2  pp. 240-242

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1994_num_152_2_3471_t1_0240_0000_6

—HÉROLD (Michel), 1990, notices Patrimoine base Palissy IM54002420

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM54002402

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM54002420

Site Patrimoine-Histoire

https://www.patrimoine-histoire.fr/P_Lorraine/SaintNicolasDePort/Saint-Nicolas-de-Port-Basilique-Saint-Nicolas.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Monogrammes. Inscriptions
26 février 2024 1 26 /02 /février /2024 14:41

Les vitraux de la cathédrale de Troyes : les baies 129 et 229 (1500) :  l'histoire de Tobie et de son chien. Don de  Jean Festuot l'Aîné, marchand, et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme d'un peintre verrier anonyme.

 

 

 

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Voir :

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

Les baies 129 (triforium) et 229 occupent la quatrième travée côté nord. 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre.  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien ; un écu armorié d'Odard Hennequin mis en place en 1502-1503 par Jeancon Garnache et Nicolas Hulins a disparu.

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricard. Armoiriesidentifiées. Monogrammes. Très restaurées au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon ; armoiries (identifiées) : Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes 

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrière réalisée par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph (biblique) ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire du prophète Daniel ; réalisées en 1499 par Pierre Maçon, don de Jean Corart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

 

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Datation, attribution et donation.

Les précisions sont apportées par l'inscription du bord inférieur des six lancettes de la baie 229 :

JEHAN FESTUOT LAINE MARCHAND ET BOURGOIS DE TROYES ET DENISE CHAPPELAIN SA FEMME ONT DONNE CESTE VERRIERE EN LAN MIL CCCCC PRIEZ DIEU POUR LES TRESPASSES.

Cette verrière n'apparaît pas dans les comptes de la cathédrale, et nous n'avons pas d'information sur son auteur, à moins de tenter de l'identifier par son monogramme.
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La baie 229, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes ( décor réparti en trois registres ) , et un tympan à treize ajours et écoinçons , mesure 10 m de haut et  6 m . de large.

La baie 129, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réuniées deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

Toutes les deux sont consacrées à l'histoire de Tobie (Bible, Livre de Tobie), sont réalisées par le même  peintre verrier anonyme et ont été commanditées par le marchand Jean Festuot et son épouse Denise Chapelain en 1500 : leurs armoiries  sont présentes dans les deux baies.

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Les baies 129 et 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

Les baies 129 et 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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LA BAIE 229, LES DONATEURS.

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Note : on lit dans les notices de l'Inventaire et ailleurs le nom Jehan FUESTOT mais l'inscription porte bien la graphie FESTUOT : je les tiendrai comme des variantes, ce qui se retrouve dans les arbres généalogiques.

 

 

La généalogie d'Alain Beyrand nous renseigne au mieux : il distingue six "Jehan FESTUOT" :

Un Jehan FESTUOT I décédé après 1407, était boucher à Troyes.

Denise Chapelain épousa Jean III FESTUOT, dit Festuot l'aîné, né en 1440, décédé après 1500, marchand bourgeois, marchand drapier, fils de Jean II  FESTUOT,  boucher, mercier, décédé après 1435.

Ils eurent deux fils,

1. Jean IV FESTUOT Seigneur de Ravières 1470- , maire de Troyes en 1520-1522 marié en 1520 avec Claude HENNEQUIN (Parents : Jean Hennequin, Ecuyer, Sgr de Lantages ca 1440-1500/ & Jeanne Baillet ca 1440) dont Jean V FESTUOT †1570, chanoine de Troyes après son veuvage, marié avec Françoise PYON dont  Jean VI FESTUOT, coseigneur de Ravières †1557,

et 2.  Nicolas FESTUOT, 1470-1547  Marié avec Catherine LE PEVRIER, †1547/ dont  Hugues FESTUOT,  1500- Marié avec Magdeleine PERRECIN, Dame de Récourt †1601/ dont Madeleine FESTUOT, Dame de Ravières 1525-, Claude FESTUOT, Seigneur de la Mothe †1581/ , Catherine  FESTUOT,  †1594/ , etc...

On leur connait une fille, Jeanne FESTUOT dame de Rumilly , †1541  Mariée Claude Bury décédé avant 1520 puis avec Pierre PYON, Seigneur de Rumilly †1528/ Ce couple figure en donateur avec leurs armoiries sur la baie 214  de la cathédrale, présentés par leurs saints patrons, avec saint Claude et Saint Paul.

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N.B 

-Les comptes de l'église de Troyes mentionnent la "femme de Jehan Festuot, mercier" en 1413.

-On mentionne en juin 1492 une démarche effectuée au sujet de la navigation par Jehan de la Rotyère, Lorant Hérault, Jehan Festuot (Jehan IV), et Pierre Mérille, échevins et Nicolas Mauroy, receveur des deniers communs.

-Dans le décompte du ban et de l'arrière ban du baillage de Sens en 1545,  Jehan Festuot le Jeune (Jean IV), seigneur de Ravières, bourgeois et  stationnaire à Troyes est, par privilège royal, exempté de contribuer au ban.

-Une  Scène de la vie de saint Jean-Baptiste par  Etienne de La Vallée, a été offerte par  la femme du tanneur Jean Fuestot en septembre 1536 à l'église Saint-Jean du Marché.

-Théophile Boutiot mentionne un Jacquinot Festuot, maître-boucher en 1431 et maître de la corporation des bouchers de Troyes en ?, et un Jacquot Festuot, conseiller à la ville en 1434.

- La tante de Claude Hennequin épouse de Jean IV Festuot est Simone Hennequin épouse de Guiot Le Peley : ces derniers sont commanditaires du livre d'heures BnF NAL 3248 enluminé par des artistes troyens comme le Maître des Heures de Troyes, et du Livre d'Heures BM Troyes ms 3901, enluminé par Jean Colombe. Petit indice des liens entre les Festuot, les autres grands bourgeois troyens comme les Molé et Le Peley,  et les artistes de Champagne.

 

 

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La verrière 229 attribue au couple Festuot/Chapelain deux fils et quatre filles.

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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Jehan Festuot présenté par saint Jean-Baptiste et suivi par ses deux fils Jehan et Nicolas.

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Saint Jean-Baptiste (inscription St JEHAN BAPTe) s'identifie à l'agneau mystique porté au bras droit, la croix tenue par les pattes de l'agneau, mais aussi à sa barbe, ses cheveux longs et sa tunique en poils de chameau.

Le donateur Jehan Festuot  agenouillé mains jointes devant son prie-dieu où est posé le livre de prière, est déjà âgé comme en témoigne ses cheveux blancs : il a alors 60 ans. Il est vêtu d'un manteau bordeaux sombre aux revers fourrés. Il est identifié par ses armoiries (cf. infra).

Il est suivi de ses deux fils Jehan IV et Nicolas , l'un blond et en manteau vert, l'autre châtain et en manteau bleu.

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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Armoiries  de Jehan Festuot, d'azur à trois têtes de bélier d'argent accornées d'or .

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Ces armes aux têtes de bélier  sont bien adaptées à un marchand issu d'une famille de bouchers.

Un autre Jehan Festuot (Festuot le jeune ?) portera d'azur à trois oiseaux accompagné en abîme d'un besant du même.

Selon Charles Fichot " Les deux blasons de Jean Festuot et de sa femme ne sont pas d'accord avec les armoiries de cette famille publiées dans l'Armorial du département de l'Aube, par M. Roserot. Y a-t-il eu deux familles Festuot, Chappelain ou Chapelain? C'est peu probable, rien ne le donne à penser. Nous devons constater seulement que ces blasons se répètent quatre fois, qu'ils ont été exécutés pour la verrière elle-même et que le monogramme qui les accompagne porte bien la couleur du champ du blason et les initiales J. F. du nom du donateur, inscrit en toutes lettres dans l'inscription de fondation."

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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Denise Chapellain présentée par saint Denis et suivie de ses quatre filles.

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Saint Denis est représenté en évêque céphalophore (tenant sa tête décapitée), inscription S DENIS.

Il présente Denise Chapellain, agenouillée mains jointes devant son prie-dieu au livre d prière ouvert. Elle porte la coiffe violette, un manteau gris souris d'où dépasse aux manches une chemise de dentelle.

Elle est identifiée par son écu losangique (cf. infra).

Elle est suivie de quatre filles, dont l'une en manteau rouge vif.

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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Armoiries féminines (losange) de Denise Chapellain, mi-parti Festuot d'azur à trois têtes de bélier d'argent accornées d'or et Chapellain d'argent à trois couronnes d'épines d'or.

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Note : les couronnes d'épines sont vertes (de sinople) sur ld'autres représentations du blason.

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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LA BAIE 229, CYCLE NARRATIF DE TOBIE.

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I. LE TYMPAN : HISTOIRE DE TOBIE (DÉBUT).

Le Livre de Tobie (exclu du canon hébraïque et de la Bible protestante) comporte 14 chapitres. Il raconte le voyage  de Tobie, fils de Tobith :

Juif pieux en exil, aveugle et persécuté, le vieux Tobith [de l’hébreu Tobiah : « Dieu est mon bien » ]  envoie son fils Tobie le Jeune recouvrer dix talents d’argent prêtés jadis à Raguël, père de Sara. Celle-ci est tourmentée par sept démons qui tuent tous ses prétendants. Aidé par l’ange Raphaël, le jeune Tobie capture un poisson grâce auquel il délivre Sara de ses sortilèges. Tous les Arbres du Paradis célèbrent alors les noces de Tobie et de la jeune femme. Muni du foi du poisson christique, le jeune Tobie rend la vue à son père.

C'est un magnifique roman d'aventure, haut en scènes idéales à peindre, comme celle de Tobie et le poisson, ou la délivrance de Sara. Et, bien avant Milou pour Tintin, un chien accompagne le jeune aventurier durant tout son voyage.

Le verrier fait débuter le récit au tympan (deux scènes), puis la poursuit par seize scènes dans les lancettes de la baie 229 et l'achève par les six scènes de la baie 129 : soit 24 scènes.

N.B : En 1552 sera également créée en l'église Saint-Nicolas de Troyes une verrière sur l'histoire de Tobie.

 

La scène de Tobie ensevelissant les morts  figure aussi dans les vitraux de l'église Saint-Germain de Rouen, en baie 7 réalisée vers 1560-1570.

Les enluminures des manuscrits chrétiens illustrent largement, et  dès les Bibles historiées, les scènes les plus marquantes du récit : cf les 74 enluminures sur POP-culture. Cf aussi Mandragore.

Besançon BM ms 148 f.180

 

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Lien entre la verrière et le théâtre religieux :

Dans mon étude sur la baie 231 de Troyes consacrée à l'Adoration des Mages, j'avais fait remarquer les liens probables de cette verrière avec le théâtre religieux et ses représentations à Troyes. D'autres arguments montraient le lien possible entre lea verrière 232 consacrée au Livre de Job, et la publication du drame religieux La Patience de Job.

 

De la même façon, nous remarquons que l'histoire de Tobie [Thobie] fut joué à Paris en même temps que plusieurs histoires tirées de l'Ancien Testament, comme le Livre de Daniel, l'histoire de Susanne et des vieillards,  de Judith, d'Esther et le Livre de Job : c'est ce qu'indique le texte imprimé [vers 1494 et diverses éditions du XVIe siècle] titré Le mistere du viel testament par personnaiges ioué à Paris , et dont les manucrits ne nous sont pas parvenus. Voir :

Le mistére du Viel Testament, publié, avec introduction, notes et glossaire, par le baron James de Rothschild, Paris, Firmin Didot pour la Société des anciens textes français, 1878-1891, 6 t.

... Sensuit le second volume du viel Testament par Personnaiges tenant huyt hystoires de la bible, cest assauoir Lhystoire de iob, Lhystoire de thobie,  Lhystoire de daniel ,Lhystoire de susanne Lhystoire de iudich, Lhystoire de hester, Lhystoire de Octouien ëpereur, Et la sibille thiburtine Et les pphecies des douze sybilles

Le baron de Rothschild signale : "Quoiqu'il en soit, il est certain que, vers 1480, le Viel Testament était une oeuvre fort répandue, puisque nous en avons trouvé des traces dans le préambule des mystères de la Passion mis sur la scène vers cette époque à la fois à Troyes et à Valenciennes."

Voir :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5055x/f212.item.r=tobie

https://www.fabula.org/actualites/59284/colloque-la-figure-de-tobie-sur-la-scene-europeenne-du-moyen-ge-la-renaissance.html

Alain Cuillière 2015, Tobie sur la scène européenne à la Renaissance, suivi de "Tobie", comédie de Catherin Le Doux (1604). Édité par Alain Cullière, Berne, Peter Lang, coll "Recherches en littérature et spiritualité", vol. 24

https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_2016_num_96_4_2023_t9_0489_0000_1

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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0.  L'histoire débute sous la bénédiction de Dieu le Père, coiffé de la tiare et tenant l'orbus cruciger, dans une nuée et des rayons zébrant l'azur.

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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1.  Tobith est emmené en captivité à Ninive.

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Dans l'écoinçon de gauche un phylactère porte l'inscription CIVITAS NINIVE, "la cité de Ninive". À la pointe du soufflet est inscrit THOBIAS.

Résumé du chapitre 1 : Tobith,  de la tribu de Nephtali, vivait en Israël, en Haute-Galilée mais alors que toute sa tribu    s’était séparée de la maison de David et de Jérusalem, et offrait des sacrifices aux idoles païennes, lui seul était le seul à se rendre encore  à Jérusalem pour les fêtes, et à y présenter ses offrandes rituelles.

À l’époque de Salmanasar, il fut déporté par les Assyriens à Ninive. Mais, seul, il faisait des aumônes à ses frères captifs, et se conformait à la loi de Moïse et aux prescriptions alimentaires. Il se maria avec Anna et eut un fils, Tobie.

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Le panneau montre Tobith, sa femme tenant un chapelet, et le jeune Tobie,  conduits ligotés  par des soldats en exil, devant d'autres captifs sortant de la cité ceinte de murailles.

Durant tout le récit, Tobith et son fils Tobie sont vêtus d'un manteau violet aux revers fourrés, exactement comme les donateurs ; soit parce que ces derniers s'identifient aux héros bibliques, soit parce que cette couleur et cet habit était alors à Troyes le summum du luxe bourgeois. 

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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Plus bas, dans les soufflets inférieurs, les armes de Jehan Festuot, et le monogramme du verrier.

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Monogramme du verrier de la baie 129.

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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2. Tobith a acquis la faveur du roi Salmanasar  qui le charge de commercer pour lui et lui remet un sauf-conduit.

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Dans l'écoinçon de droite un phylactère porte l'inscription CIVITAS NEPHTALI, "la cité de Nephtali". À la pointe du soufflet est inscrit THOBIAS.

 

Le panneau montre le roi Salmanasar assis entre ses conseillers, et remettant à Tobith un sauf-conduit.

 

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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Plus bas, dans les soufflets inférieurs, les armes de Jehan Festuot en alliance avec celles de Denise Chapellain.

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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II.LA BAIE 229 : LES SIX LANCETTES : HISTOIRE DE TOBIE (SUITE).

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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L'histoire se poursuit en partant du coin supérieur gauche.

 

3.  Le roi d’Assyrie, Salmanasar, charge Tobith de procéder à des achats en Médie.

4. Tobith confie à Gabelus dix talents d'argents, en échange d'un reçu.

 

Résumé : Ayant la confiance du roi Salmanasar  pour procéder à des achats pour son compte, Tobith se rendit en Médie, et dans ce pays  il confia à Gabaël des bourses qui contenaient dix talents d’argent.

Dans la scène n°3, on lit l'inscription SALMANAZAR et dans la scène n°4 GABELUS (Gabaël).

Entre les têtes de lancette, un motif à losanges  correspont à un blason, d'azur à six macles d'or. Ce sont les armes de François de Marisy, maire de Troyes en 1499 et 1521, ou, moins probablement si ces armes sont contemporaines du vitrail de 1500, de son fils Claude de Marisy, grenetier au grenier à sel de Troyes et maire de Troyes de 1522 à 1528 et époux  de Jeanne Le Boucherat puis de Michèle Molé ; il fit construire l'hôtel de Marisy. Ou encore de Jacques de Marisy, frère de François et maire de Troyes en 1515 et 1521. Rappelons que Jehan Festuot IV fut maire  de Troyes en 1522.

 

Le cheval blanc du roi est splendidement harnaché, avec un collier à grelots d'or.

Première apparition du chien blanc de Tobith. Le collier du lévrier est réalisé avec un verre rouge gravé. Dans le Livre de Tobie, il est cité plus tardivement, au chapitre 6:1 "le chien".

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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5. Sennacherib, successeur du roi, massacre les juifs
6.Tobit enterre les morts malgré l’interdiction royale

Résumé. Quand Salmanasar fut mort et que Sennakérib, son fils, lui succéda, les routes de Médie furent bloquées et Tobith ne put continuer à s'y rendre et récupérer son argent. Sennakérib tuait  de nombreux fils d’Israël ; et Tobith enterrait leurs corps malgré les ordres du roi.

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Inscriptions : SANACHERIC à gauche, THOBIAS à droite.

Senacherib trône, couronné et tenant le sceptre, sous un pavillon, devant des idoles, et ordonne d'un geste à ses soldats le massacre des fils d'Israël.

Dans le panneau de droite Tobith enterre un homme avec l'aide de son fils, sous le regard inquiet de sa femme.

 

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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7. Tobith prie Dieu pendant que l’on confisque ses biens. Le chien est à ses côtés.
8.  Pendant qu’il dort dans sa cour, les fientes d'un oiseau le rend aveugle.

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Résumé.

Tobie 1:19-20 Tobith fut dénoncé par un habitant de Ninive, tous ses biens furent saisis, et il dut se cacher loin des siens .    

Tobie 1:21-22 et 2:1-10: :Asarhaddone  succéda à Sennakerib, et le neveu de Tobith, Ahikar fut placé à la tête des finances royales. Tobith retrouve sa famille et ses biens, mais, à peine rentré, il part enterrer un membre de sa nation jeté sur la place publique. Revenu chez lui, il se repose dans sa cour, mais la fiente chaude des moineaux lui tombe dans les yeux ; malgré les soins, il devient aveugle. Accablé, il se tourne vers Dieu et souhaite mourir.

Inscription : THOBIAS.

Dans la tête de lancette de gauche, Dieu le Père apparait dans la nuée et dirige ses rayons vers Tobith agenouillé dans la lancette de droite.

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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9. Tobith le père, aveugle, envoie son fils Tobie chercher son argent chez Gabelus
10. Le jeune Tobie part, guidé par l’archange Raphaël, accompagné du chien.

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Inscription : THOBIAS.

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Texte : 

"Ce jour-là, Tobith se souvint de l’argent qu’il avait mis en dépôt chez Gabaël, à Raguès de Médie. Il se dit en lui-même : « Voici que j’ai réclamé la mort. Ne devrais-je pas appeler mon fils Tobie et lui parler de cet argent avant de mourir ? » Il appela son fils Tobie, qui vint à lui.  [...]

Tobie répondit à son père Tobith : « Père, je ferai tout ce que tu m’as commandé. Mais comment pourrais-je reprendre cet argent chez cet homme, alors que lui ne me connaît pas et que moi, je ne le connais pas ? Quel signe lui donner pour qu’il sache qui je suis, qu’il ait confiance en moi et me remette l’argent ? De plus, je ne connais pas les routes à prendre pour aller en Médie. » Tobith répondit à son fils Tobie : « Il a signé un reçu et je l’ai contresigné. Puis je l’ai partagé en deux pour que nous en ayons chacun une moitié, et j’en ai laissé une avec l’argent. Voilà déjà vingt ans que j’ai mis cet argent en dépôt. Et maintenant, mon enfant, cherche-toi un homme de confiance pour t’accompagner, et nous lui donnerons un salaire à ton retour. Va reprendre cet argent chez Gabaël. »

Tobie sortit chercher un homme qui connaisse la route, pour l’accompagner jusqu’en Médie. À peine sorti, il trouva l’ange Raphaël debout devant lui, mais il ne savait pas que c’était un ange de Dieu."

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Dans le texte, la nature angélique de Raphaël n'est pas dévoilée aux protagonistes car il se présente comme étant leur cousin Azarias : mais le peintre le représente néanmoins  avec des ailes.

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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11. Au moment de son bain un poisson menace Tobie. Sur conseil de Raphaël, Tobie le tue.
12. Tobie retire le foie et le fiel du poisson. Le chien observe la scène avec intérêt.

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Il faut vraiment citer le texte Tobie 6:2-9

 "Comme le garçon descendait se laver les pieds dans le Tigre, un grand poisson bondit hors de l’eau et voulut avaler son pied. Le garçon cria. Mais l’ange lui dit : « Attrape le poisson, et maîtrise-le. » Le garçon saisit le poisson et le hissa sur la berge. L’ange lui dit : « Éventre le poisson, enlève-lui le fiel, le cœur et le foie, mets-les à part pour les emporter, et jette les entrailles. Car le fiel, le cœur et le foie sont des remèdes efficaces. » Le garçon éventra le poisson, recueillit le fiel, le cœur et le foie, puis il grilla une partie du poisson et la mangea, et il garda l’autre partie après l’avoir salée. Ils poursuivirent tous deux la route, jusqu’aux abords de la Médie. Le garçon interrogea alors l’ange : « Azarias, mon frère, le cœur, le foie et le fiel du poisson, en quoi sont-ils un remède ? » L’ange lui répondit : « Si tu fais brûler le cœur et le foie du poisson devant un homme ou une femme attaqués par un démon ou un esprit mauvais, l’agresseur s’enfuit au loin, et ses victimes en seront délivrées pour toujours. Quant au fiel, si tu l’appliques sur les yeux d’un homme atteint de leucomes et si tu souffles dessus, les yeux seront guéris. »

Le texte latin de la Vulgate utilise le mot pisces, "poisson", tout comme le texte grec de la Septante traduit le texte originel du VIIIe siècle av. J.C (en araméen ou hébreu, perdu) par ἰχθὺς, même sens. Ce n'est pas un "monstre marin".

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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13. Il rencontre Ragouël, le père de Sara et l’épouse
14. Le mariage de Tobie et de Sara par le grand prêtre.

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Inscription : RAGVEL THOBIE. à gauche, THOBIE et SARA à droite.

On remarque comment le père et le fils sont distingués ici par la graphie de leur nom : Thobias pour le père, et Thobie pour le fils.

Le chapitre 3 nous avait révélé l'histoire de Sara, victime du démon Asmodée :

"Or ce jour-là, Sarra, la fille de Ragouël d’Ecbatane en Médie, se fit, elle aussi, insulter par une jeune servante de son père : elle avait été mariée sept fois, et Asmodée, le pire des démons, tuait les maris avant qu’ils ne se soient approchés d’elle. Donc, la servante dit à Sarra : « C’est toi qui as tué tes maris ! En voilà déjà sept à qui tu as été donnée en mariage, et d’aucun d’entre eux tu n’as porté le nom. Pourquoi nous fouetter, sous prétexte que tes maris sont morts ? Va les rejoindre : puissions-nous ne jamais voir de toi un fils ni une fille ! » Ce jour-là, Sarra, la mort dans l’âme, se mit à pleurer. Et elle monta dans la chambre haute de la maison de son père avec l’intention de se pendre. Mais, à la réflexion, elle se dit : « Eh bien, non ! On irait insulter mon père et lui dire : “Tu n’avais qu’une fille, une fille très aimée, et elle s’est pendue à cause de ses malheurs !” Je ferais ainsi descendre mon vieux père plein de tristesse au séjour des morts. Mieux vaut pour moi ne pas me pendre, mais supplier le Seigneur de me faire mourir, pour que je n’aie plus à entendre de telles insultes à longueur de vie. » À l’instant même, elle étendit les mains vers la fenêtre et fit cette prière : « Béni sois-tu, Dieu de miséricorde ; béni soit ton nom pour les siècles ; que toutes tes œuvres te bénissent à jamais !

"Et Raphaël fut envoyé pour les guérir tous deux : à Tobith pour enlever le voile blanchâtre qui couvrait ses yeux afin que, de ses yeux, il voie la lumière de Dieu, et à Sarra, fille de Ragouël, pour la donner en mariage à Tobie, fils de Tobith, et expulser d’elle Asmodée, le pire des démons ; en effet c’est à Tobie que revenait le droit de l’épouser plutôt qu’à tous ses prétendants. Juste à ce moment, Tobith rentrait de la cour dans sa maison tandis que Sarra, fille de Ragouël, descendait de la chambre haute."

Le chapitre 6 poursuit : Tobie 6:10-15

"Quand il fut entré en Médie et que déjà il approchait d’Ecbatane, Raphaël dit au garçon : « Tobie, mon frère », et celui-ci répondit : « Qu’y a-t-il ? » Raphaël reprit : « Nous devons loger cette nuit chez Ragouël. Cet homme est ton parent, et il a une fille qui s’appelle Sarra. À part elle, il n’a ni fils ni fille. Tu es le plus proche parent de Sarra : c’est à toi qu’elle revient en priorité et tu as aussi le droit d’hériter de la fortune de son père. D’ailleurs, c’est une jeune fille intelligente, courageuse et très belle, et son père est un homme de bien. » Il ajouta : « C’est ton droit de l’épouser. Écoute-moi bien, mon frère. Cette nuit, je parlerai au père de la jeune fille pour qu’il t’accorde sa main, et, à notre retour de Raguès, nous célébrerons les noces. Je sais que Ragouël ne peut te la refuser ni la fiancer à un autre. Sinon, il encourrait la mort selon le décret du Livre de Moïse, car il sait que sa fille te revient de préférence à tout autre. Ainsi donc, écoute-moi bien, mon frère : dès cette nuit, nous aurons un entretien au sujet de cette jeune fille et nous conviendrons du mariage. Quand nous quitterons Raguès, nous la prendrons avec nous et nous l’emmènerons chez toi. » »

Le chapitre 7 raconte l'arrivée de Tobie chez Ragouël.

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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15. Mais Sara a déjà tué 7 hommes lors de ses nuits de noces précédentes. Pendant la nuit de noces, Tobie fait brûler le foie du poisson pour chasser le démon de la chambre de Sara. Le chien est présent.
16. L’archange enchaîne le vilain démon Asmodée  sur une montagne.

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Inscription : SARA THOBIE à gauche, RAPHAEL à droite

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Texte : Tobie 6:14-19

"Tobie répondit à Raphaël : « Azarias, mon frère, j’ai entendu dire qu’elle a déjà eu sept maris et qu’ils sont morts dans leur chambre nuptiale : ils ont succombé la nuit même où ils voulaient s’approcher d’elle. J’ai même entendu dire qu’un démon les tuait. Voilà pourquoi j’ai peur, car ce n’est pas elle que le démon attaque, mais il tue quiconque veut s’approcher d’elle. Or je suis le fils unique de mon père, et, si je venais à mourir, je causerais à mon père et ma mère un chagrin qui les conduirait dans la tombe, et ils n’ont pas d’autre fils que moi pour les enterrer ! » Raphaël lui répondit : « As-tu oublié les instructions de ton père, qui t’a commandé de prendre femme dans son clan ? Et maintenant, écoute-moi bien, mon frère : ne t’inquiète pas au sujet de ce démon et prends Sarra comme épouse. Car je sais que cette nuit même elle te sera accordée.  Mais, quand tu entreras dans la chambre nuptiale, prends le cœur du poisson et un peu de son foie, dépose-les sur le brûle-parfums, et l’odeur s’en répandra. Dès que le démon l’aura sentie, il prendra la fuite et il ne reparaîtra plus jamais auprès d’elle. Quand tu seras sur le point de t’unir à elle, levez-vous d’abord tous les deux, priez et demandez au Seigneur du ciel de faire venir sur vous sa miséricorde et son salut. N’aie pas peur, car c’est à toi qu’elle a été destinée depuis toujours, et c’est toi qui la sauveras. Elle te suivra, et j’ai bien l’idée que tu auras d’elle des enfants, qui seront pour toi comme des frères. Ne t’inquiète pas. »

 En apprenant de Raphaël qu’il avait une parente dans son clan, il s’éprit d’elle passionnément et il lui fut attaché de tout son cœur."

Voir ensuite le chapitre 7.

Le chapitre 8 correspond exactement aux deux panneaux que nous examinons :

"Quand on eut fini de manger et de boire, on décida d’aller se coucher. On conduisit le jeune homme jusqu’à la chambre, où on le fit entrer. Tobie se souvint alors des paroles de Raphaël ; il sortit de sa besace le foie et le cœur du poisson et les déposa sur le brûle-parfums.  L’odeur du poisson repoussa le démon, qui s’enfuit par les airs jusqu’en Égypte. Raphaël s’y rendit, et aussitôt entrava et ligota le démon."

Mais l'artiste n'a pas représenté ma scène préférée, celle où Ragouël, persuadé que Tobie va y passer comme les sept autres maris, lui fait creuser une tombe pour pouvoir  l'enterrer sans ameuter le voisinage : Tobie 8: 4-12 .

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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17.  Tobie quitte Raguel et rentre chez lui avec Sara son épouse,...
18. ...avec ses troupeaux, ses chameaux menés par Raphaël, et son chien (qui a un nouveau collier bleu.

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Inscription : RAGVEL SARA à gauche, RAPHAEL à droite.

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La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 229 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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III. LA BAIE 129 DU TRIFORIUM : HISTOIRE DE TOBIE (SUITE).

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La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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19. Raphaël, Sara et Tobie reviennent chez Tobith.
20. Tobie applique le fiel de poisson sur les yeux de son père, qui retrouve la vue. Le chien fait la fête à son vieux maître.


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En tête de lancette, le monogramme du verrier et le mongramme de Marie au dessus de branches écotées. Au tympan, les armes de Jehan Festuot et le monogramme du verrier.

Inscription :  THOBIE à gauche.

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Texte :

"Comme ils approchaient de Kaserîn, qui se trouve en face de Ninive, Raphaël dit à Tobie : « Tu sais dans quel état nous avons laissé ton père. Prenons de l’avance sur ta femme et allons préparer la maison, avant que les autres n’arrivent. ». Ils partirent donc tous deux ensemble. Raphaël dit : « Prends avec toi le fiel du poisson. » Et le chien les suivait.

Or, Anna était assise à l’entrée de la cour et surveillait la route par laquelle son fils était parti.

Elle le reconnut qui arrivait et cria à Tobith : « Voici ton fils qui revient, et aussi son compagnon de voyage. » Raphaël dit à Tobie, avant que celui-ci ne s’approche de son père : « J’ai la certitude que ses yeux vont s’ouvrir. Étale sur eux le fiel du poisson ; le remède provoquera la contraction des yeux et en détachera le voile blanchâtre. Ton père retrouvera la vue et verra la lumière. » Anna courut se jeter au cou de son fils et lui dit : « Je te revois, mon enfant. À présent, je peux mourir ! »"

Et elle se mit à pleurer. Quant à Tobith, il se leva et franchit l’entrée de la cour en trébuchant.

Tobie alla vers lui, le fiel du poisson à la main. Il lui souffla dans les yeux, le saisit et lui dit : « Confiance, père ! » Puis il lui appliqua le remède et en rajouta.  Ensuite, de ses deux mains, il lui retira les pellicules en partant du coin des yeux.  Tobith se jeta alors au cou de son fils et lui dit en pleurant : « Je te revois, mon enfant, toi, la lumière de mes yeux ! » Et il ajouta : « Béni soit Dieu ! Béni soit son grand nom ! Bénis soient tous ses saints anges ! Que son grand nom soit sur nous ! Bénis soient tous les anges pour tous les siècles ! Car Dieu m’avait frappé, mais voici que je revois mon fils Tobie ! »"

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La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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21.  Tobie rapporte l’argent prêté à Gabelus.

22. Tobith veut rétribuer Raphaël , mais celui-ci leur révèle qu'il est un ange et s'envole, sous les yeux stupéfaits du chien.

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En tête de lancette, les armoiries de Jehan Festuot et le monogramme IHS au dessus de branches écotées.

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Texte :

 "Tobie entra dans la maison, tout joyeux et bénissant Dieu à pleine voix. Il raconta à son père qu’il avait fait bon voyage, qu’il rapportait l’argent et comment il avait épousé Sarra, la fille de Ragouël : « La voilà qui arrive, ajouta-t-il ; elle est aux portes de Ninive. » . [...]. 

 "Quand les noces furent achevées, Tobith appela son fils Tobie et lui dit : « Mon enfant, pense à donner son salaire à ton compagnon de voyage, et ajoute un supplément. » Tobie lui répondit : « Père, quelle somme vais-je lui donner comme salaire ? Même si je lui donnais la moitié des biens qu’il a rapportés avec moi, je n’y perdrais pas : il m’a ramené ici en bonne santé, il a guéri ma femme, il a rapporté l’argent avec moi, et il t’a guéri. Quelle somme vais-je donc lui donner comme salaire ? Mon enfant, reprit Tobith, il est juste qu’il reçoive la moitié de tout ce qu’il a rapporté. »

Tobith appela Raphaël et lui dit : « Accepte comme salaire la moitié de tout ce que tu as rapporté, et va, porte-toi bien ! »

Alors l’ange les prit tous deux à part et leur dit : « Bénissez Dieu et célébrez-le devant tous les vivants pour le bien qu’il vous a fait. Bénissez-le et chantez son nom. Annoncez à tous les hommes les actions de Dieu comme elles le méritent, et n’hésitez pas à le célébrer.

S’il est bon de tenir cachés les secrets d’un roi, il faut révéler les œuvres de Dieu et les célébrer comme elles le méritent. Faites le bien, et le mal ne vous atteindra pas.

Mieux vaut prier avec vérité et faire l’aumône avec justice, qu’être riche avec injustice. Mieux vaut faire l’aumône qu’amasser de l’or.

L’aumône délivre de la mort et purifie de tout péché. Ceux qui font l’aumône seront rassasiés de vie,tandis que le pécheur et l’homme injuste sont leurs propres ennemis.

Je veux vous révéler toute la vérité, sans rien vous cacher. Je viens de vous dire que, s’il est bon de tenir cachés les secrets d’un roi, il faut révéler les œuvres de Dieu comme elles le méritent.

Eh bien ! Quand tu priais en même temps que Sarra, c’était moi qui présentais votre prière devant la gloire de Dieu, pour qu’il la garde en mémoire, et je faisais de même lorsque tu enterrais les morts.

Quand tu n’as pas hésité à te lever, à laisser ton repas et à partir enterrer un mort, c’est alors que j’ai été envoyé vers toi pour te mettre à l’épreuve,mais Dieu m’a aussi envoyé pour te guérir, ainsi que Sarra, ta belle-fille.

Moi, je suis Raphaël, l’un des sept anges qui se tiennent ou se présentent devant la gloire du Seigneur. »

Les deux hommes furent alors bouleversés et ils tombèrent face contre terre, saisis de crainte. Mais Raphaël leur dit : « Ne craignez pas ! La paix soit avec vous ! Bénissez Dieu à jamais ! Tant que je me suis trouvé avec vous, je n’y étais point par un effet de ma bienveillance, mais par la volonté de Dieu. Bénissez-le donc chaque jour, chantez-lui des hymnes ! Vous avez cru me voir manger, mais ce que vous avez vu n’était qu’une apparence. Et maintenant, bénissez le Seigneur sur la terre ! Célébrez Dieu ! Voici que je remonte auprès de celui qui m’a envoyé. Mettez par écrit tout ce qui vous est arrivé. » Alors l’ange remonta au ciel.Ils se relevèrent, mais ils ne pouvaient plus le voir.

Ils bénirent Dieu, chantèrent pour lui et le célébrèrent pour la grandeur de ses œuvres : un ange de Dieu leur était apparu !"

 

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La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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23. Tobie et Sara entoure Tobith lors de sa mort

24. Le vieux Tobit meurt dans son lit auprès d'Anna son épouse et de son chien.

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En tête de lancette côté gauche et au tympan, les armoiries du couple Festuot /Chapellain. 

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En tête de lancette droite, le monogramme du verrier dans un entrelacement de branches écotées.

 

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Inscription THOBIE SARA à gauche, et THOBIC.

Texte : "Tobith mourut dans la paix à l’âge de cent douze ans et il fut enterré dignement à Ninive. Il avait soixante-deux ans quand il perdit l’usage de ses yeux. Après avoir retrouvé la vue, il vécut dans l’abondance et fit des aumônes. Il continua de bénir Dieu et de célébrer la grandeur divine.

 Au moment de mourir, il appela son fils Tobie et lui fit ces recommandations : « Mon enfant, emmène tes enfants, pars vite en Médie, car je crois à cette parole de Dieu que le prophète Nahoum a proférée contre Ninive : tout doit arriver, tout se produira contre Assour et Ninive, comme l’ont annoncé les prophètes d’Israël que Dieu a envoyés ; tout se produira, et rien ne sera retranché de toutes leurs paroles ; toutes choses arriveront en leur temps. Il y aura alors plus de sécurité en Médie qu’en Assour et en Babylonie. Car je sais bien, moi, et je crois que s’accomplira tout ce que Dieu a dit ; tout doit arriver, aucune de ses paroles ne sera effacée. Nos frères qui habitent sur la terre d’Israël seront tous disséminés et emmenés en exil loin de ce bon pays. Tout le pays d’Israël deviendra un désert, Samarie et Jérusalem seront un désert, et la Maison de Dieu sera livrée à la désolation et à l’incendie, jusqu’au temps fixé. Mais Dieu les prendra de nouveau en pitié, il les ramènera au pays d’Israël, et ils rebâtiront sa Maison, non pas dans l’état de jadis, mais en attendant que s’accomplissent les temps favorables. Ils reviendront alors tous de leur captivité, ils reconstruiront Jérusalem magnifiquement, et la Maison de Dieu y sera rebâtie, comme l’ont annoncé les prophètes d’Israël."

 

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La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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Mon grand regret.

Mon grand regret dans l'histoire de Tobie, c'est que le chien n'ait pas de nom. Que ce personnage central doive rester anonyme me fend le cœur. Certes, Colette nomma son bouledogue "Toby-Chien", mais cela ne résoud rien. J'aurai aimé que les auteurs qui, depuis 2800 ans, se transmettent ce conte finissent par l'adopter et le baptiser. C'est triste comme ces gens qui disent "ici le chien, au pied!".

Il méritait d'autant plus un nom, par sa fidélité et son soutien, que c'est le seul portrait positif d'un chien dans la Bible : ailleurs, ses semblables sont méprisables, et menacent les cadavres qu'il dévorent. Pas de pire insulte pour un humain que d'être traité de chien (celeb, kalev.). En fait, le chien de Tobie est peut-être le seul exemple de chien de compagnie, domestiqué, alors que les autres chiens bibliques vont en meute et sont sauvages. Dans les évangiles, on mentionne les "petits chiens", qui reçoivent les miettes de la table.

Voir :

Tristan, le chien Petit-Crû, ses couleurs féériques et son grelot merveilleux.

 

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La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

La baie 129 (histoire de Tobie, 1500) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile 2024.

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SOURCES ET LIENS.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858,Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f252.item

 

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003, thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald,  La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle), Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— RUNNALLS Graham Runnalls, 1995, La compilation du "mistère du vieil testament : le mystère de Daniel et Susanne,  Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance T. 57, No. 2 (1995), pp. 345-367 (23 pages) Librairie Droz

https://www.jstor.org/stable/20677936

— WIKIPEDIA Le mystère du Vieil Testament

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mist%C3%A9re_du_Viel_Testament

— ARLIMA  Le mystère du Vieil Testament

https://www.arlima.net/mp/mystere_du_vieil_testament.html

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/AT-Tobie.php

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000394

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000395

https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

https://www.therosewindow.com/pilot/Troyes%20cathedral/w229-AB1.htm

https://www.therosewindow.com/pilot/Troyes%20cathedral/w129-AB.htm

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10081879f/f7.item

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Héraldique Monogrammes.
19 février 2024 1 19 /02 /février /2024 10:39

Les vitraux de la cathédrale de Troyes : les baies 131 (Adoration des Mages, 1501)  et 231 ( histoire de Job 1501-1502) du triforium et des fenêtres hautes du côté nord de la nef. Auteur inconnu. Offerte par Jehanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé.

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Voir : 

Voir aussi  les vitraux du transept sud de la cathédrale de Sens, réalisés par des peintres verriers de Troyes entre 1500 et 1503 :

 

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine. (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

Les baies 131 (triforium) et 231 occupent la troisième travée côté nord.

 

Nous avons donc ainsi :

 

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre.  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien ; un écu armorié d'Odard Hennequin mis en place en 1502-1503 par Jeancon Garnache et Nicolas Hulins a disparu.

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricard. Armoiries identifiées. Monogrammes. Très restaurées au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon ; armoiries (identifiées) : Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes 

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrière réalisée par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph (biblique) ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire du prophète Daniel ; réalisées en 1499 par Pierre Maçon, don de Jean Corart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

 

 

 

 

 

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Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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I. LA BAIE 131 : L'ADORATION DES MAGES (1501).

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Elle mesure 350 cm de haut et 600 cm de large, et est divisée en trois baies de deux lancettes trilobées sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet. Les mages se dirigent vers la crèche  abritant Joseph, la Vierge et l'Enfant,  placée vers la droite et donc vers le chœur. Elle relève, comme le montrent les armoiries et devises, de la même donation que la baie sus-jacente 231, par Jehanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé, , datée de 1500. Or on sait que la réalisation d'une verrière prend un an après la date de la donation.

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Voir aussi :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

https://www.eglisesduconfluent.fr/imagesAT/AT-Job/Job_10Troyes_CathedraleStPierreStPaul-Vitrail-Bg.jpg

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/IVR21_19891000307ZA

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Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1. Les lancette A et B :   BALTHAZAR

Dans la lancette A, quatre seigneurs ou soldats au service des rois mages se succèdent ; trois portent des hallebardes , ils sont coiffés de bonnets à plumes et vêtus de tuniques sur des chausses ajustées vertes. Devant eux, un africain, portant des boucles d'or à ses oreilles et un collier d'or, présente une coupe en or qui doit contenir la myrrhe. 

Le roi ou mage BALTHASAR porte également des boucles d'oreilles en or (des maillons de chaîne) : par ce détail, l'artiste montre que Balthasar est, comme son valet, originaire d'Afrique, selon un code iconographique du XVe siècle qui s'affirme à la Renaissance (Dürer, Adoration, 1504) . Il est couronné, il tient un sceptre et est luxueusement vêtu ; on remarque notamment ses chausses à crevés, alors que la mode venue d'Italie ou des Lansquenets ne se généralisera que plus tardivement au XVIe siècle en France. 

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Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Dans les lobes du triforium nous trouvons deux écus suspendus, l'un au monogramme du Christ IHS et l'autre aux armes des Molé, donateurs du vitrail, de gueules à deux étoiles d'or en chef et un croissant d'argent en pointe. Au dessus se lit dans une banderole la devise de cette famille "POVR MIEVX AVOIR".

On trouve cette expression comme deuxième partie de deux proverbes équivalents : "Endurer pour mieux avoir" et "savoir attendre pour mieux avoir". Mais ici, la suite du décor va nous révéler la devise complète : CVIDER DECOYT POUR MIEVX AVOIR.

"Cuider" signifie "tenir pour vrai, croire, penser". Le sens premier de "décevoir" est "tromper". Jean-Luc Liez l'interprète comme "penser ou croire, déçoit".

Charles Fichot est plus clair : "veut dire qu'on s'est souvent trompé dans ses espérances ; que trop de confiance nuit, qu'on se trompe par trop de présomption".

Les deux étoiles et le croissant de l'écu des Molé sont des pièces posées en chef d'œuvre. Ces deux meubles pourraient renvoyer à l'Islam (et à une source d'approvisionnement des étoffes ?).

Jeanne de Mesgrigny et son époux Jean de Molé, qui sont représentés en donateurs sur la baie 231, s'affichent donc comme donateurs également de cette baie 131.

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Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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2. Les lancettes C et D : MELCHIOR ; JASPART

Traditionnellement, Melchior est le roi le plus âgé et c'est lui qui est figuré agenouillé devant l'Enfant. Il y a ici une interversion, et Melchior, debout, soulève son chapeau coiffée de la couronne et avance la jambe pour saluer en présentant son vase (d'encens). Au dessus de lui, l'écu suspendu par un ruban porte le monogramme de Marie, un M surmonté du tilde.

Le roi suivant est dénommé JASPART. C'est là un indice important, car cette graphie se retrouve dans le Mystère de la Passion de Troyes qui fut joué à Troyes de 1482 à 1490 : les donateurs ont donc pu y assister. Le manuscrit en trois volumes et 23000 vers  est conservé à l'Hôtel de Ville, qui est l'ancien hôtel particulier de Jean Molé. Le texte qui était joué en quatre journées empruntait d'une part au Mystère du Vieil Testament ainsi qu'au Mystère de la Passion d'Arnoul Gréban. On sait qu'une des hypothèses d'Émile Mâle est de voir dans le théâtre une des sources de l'iconographie des monuments religieux.

Dans le texte d'Arnoul Gréban, le roi se nomme JASPAR. Il est le premier roi, devant MELCIOR et BALTAZAR le troisième. Les trois offrent "l'or, la mierre [myrrhe] et l'encens". Dans le texte de Troyes, chaque roi (JASPART, MELCÏOR et BALTHAZAR) sont accompagnés de leur "pages" Fleuriet, Friolet et Sadinet  : ce sont peut-être eux qui sont représentés ici en début de cortège. JASPART présente (vers 5470) l'or , Melcïor l'encens qui "montre divine intelligence" et BALTHAZAR la myrrhe "contraire à toute putréfaction" et qui donc, par sa pureté, atteste de "l'incarnation faicte sans virille semence".

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Jaspart porte des cheveux blancs (et non gris comme Melchior) et une barbe blanche et longue. Il porte l'épée au côté gauche. Son chapeau couronné et rabattu sur la nuque. Ses genoux commencent à se fléchir pour s'agenouiller.

On admirera la graphie des trois noms en lettres gothiques jaunes aux fûts perlés.

L'écu placé au dessus de Jaspart est mi-parti, avec en 1 les armes de Molé, néanmoins affectées d'une bordure engrelée d'or indiquant que ce sont celles de Jean II Molé fils cadet de Guillaume Molé,  et en 2 l'association des armes d'argent au lion de sable   qui sont celles de Jeanne de Mesgrigny, et  de gueules au  chevron d'argent soutenant un oiseau d'or pour brisure.

Les armes de Jean Molé figurent sur son portrait , en enluminure de son Livre d'heures de 1485. (Voir aussi BnF fr 2598 f.131v). Jean II Molé est un bourgeois et bibliophile troyen, fils de Guillaume I Molé et Jeannette Lesguisé (sœur de l’évêque Jean Léguisé), et  frère de Guillaume II et de Jacquette Molé. Il fut échevin de Troyes en 1472, 1487 et 1491 avant de mourir en 1492 ou 1493. Voir ici

Sa mère Jeannette Lesguisé , fille  de Huet Léguisé, marchand drapier teinturier de Troyes annobli en 1431 et conseiller de Troyes, avait d'abord épousé vers 1414 Guyot I Le Peley (1390-1427)  changeur  forain et marchand troyen, bourgeois de Troyes , trésorier de la reine (1418-1419) et  maître de la monnaie de Troyes (1422-1425) . Leur fils Guyot II Le Peley (v1420-1489), demi-frère de Jean Molé, travailla en étroite collaboration  avec  lui, et avec Guillaume Molé II, notamment en armant des bateaux en Méditerranée. Ce Guyot II épousa Nicole Hennequin, et ce couple commanda des Livres d'Heures soit au Maître de Troyes (BnF NAL 3248) soit avec Jean Colombe (B.M. Troyes ms 3901).

Il serait intéressant de rechercher des liens éventuels entre ce vitrail et les enluminures du Livre d'heures de Jean Molé, réalisé par l'atelier de Guillaume Lambert en collaboration avec Jean Colombe, vers 1485 (Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, Rodez, Ms.1), ou encore avec les autres enluminures de Guillaume Lambert réalisées pour Claude Molé.

 

La devise est CVIDER DECOYT  POUR MIEVLX AVOIR.

 

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Portrait de Jean Molé dans son Livre d'Heures de 1485

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Voir aussi : les Heures de Claude Molé fils de Jean II Paris, v.1500 par le maître du Triomphe de Pétrarque: Morgan Library New York Ms M.356 f.66r

Deux hommes Maures tiennent le blason de gueules à deux étoiles d'or en chef et un croissant d'argent en pointe (l'argent a noirci) à bordure engrelée d'or. Le heaume à lambrequins et coiffé d'un tortil  porte en guise de cimier une femme nue aux longs cheveux blonds-roux dont le phylactère indique : CVIDER DECOIT.

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Heures de Claude Molé France, Paris, ca. 1500 Morgan Library MS M.356 fol. 66r

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Dans le même manuscrit folio 59r, Claude Molé est présenté par son saint patron au dessus de la devise CVIDER DECOIT. La devise est citée seule, de façon indépendante  de celle de son père "Pour miueux avoir", et on la retrouve au folio 54v.

 

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Heures de Claude Molé folio 59r

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Heures de Claude Molé France, Paris, ca. 1500 MS M.356 fol. 54v. En marge inférieure, parchemin inscrit de la devise, CVIDER DECOIT, en lettres d'or sur fond bleu et rouge.

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Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Lancette E et F. La Vierge, Joseph et l'Enfant Jésus.

Sous un abri ouvert formant crèche, et sur le même sol carrelé noir et blanc que les panneaux précédents, la Vierge, assise sur un bnac très large, présente Jésus aux mages : ce dernier tend les bras vers le vase offert. Au dessus d'eux est l'étoile (l'estoille du Mystère v.5327) qui a guidé les mages.

Le manteau  bleu de la Vierge est doublé d'une soie damassée rouge.

Sur l'autre lancette, saint Joseph s'appuie sur son bâton devant l'âne et le bœuf.

Au dessus de lui, nous retrouvons l'écu suspendu, mais cette fois-ci il est losangique, c'est donc celui d'une femme, Jeanne de Mesgrigny. Ce sont ses armes qui viennent en 1, accompagnées en 2 des armes  de gueules au  chevron d'argent soutenant un oiseau d'or, qui sont celles de Mesgrigny et aussi celles de Cochot seigneur de Villecerf (Troyes). Mais en fait les familles Cochot et Mesgrigny portaient alors les mêmes armes, la première en écartelé, la seconde en parti, ce qui indique communauté d'origine. 

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Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie n° 131 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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II. LA BAIE 231 : L'HISTOIRE DE JOB (1501-1502).

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PRÉSENTATION.

Cette verrière  mesure  10 m de haut et 6 mètres de large, elle comporte 6 lancettes réunies deux par deux sous un soufflet et un tympan à 9 ajours et écoinçons. Les lancettes sont organisées en deux registres.

Chaque registre est lui-même découpé en trois scènes sur deux lancettes : chacune des six scènes est donc formée de deux panneaux soulignés dans une fausse architecture par une accolade à pampres sous un entablement occupé par des putti et les blasons et devises des donateurs. Les têtes de lancettes  des six lancettes sont aussi occupées par ces putti et ces blasons. Soit au total quatre blasons et une devise 

Sur les six scènes, celle du bas à gauche est reservée aux donateurs. L'inscription qui se déroule tout au long du registre inférieur identifie le couple de donateurs représentés , il s'agit comme nous l'avons vu de Jeanne de Mesgrigny, veuve de Jean Molé et donatrice en 1500. 

Les cinq autres racontent l'histoire de Job.

Mais cette histoire débute au tympan, par trois scènes réparties sur trois mouchettes.

Le schéma du remarquable site églisesduconfluent.fr illustre clairement cela :

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Site eglisesduconfluent.fr

 

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

 

 

Les deux lancettes de gauche, registre inférieur : L'inscription de donation. Les donateurs.

 

—Inscription : "Damoiselle Jehanne de Mesgrigny vesue de Jehan Mole en son vivant escuyé seigneur de Villy le Maréchal a donné cette verrière et fut faite en l'an mil cinq cent"

 

 

 

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

 

En 1500-1501, le maître-maçon de la cathédrale, Jehançon Garnache est payé  pour "avoir assis l'huis de fer de la verrière de la Moslée". Mais dès 1489 ce maçon avait commencé à tailler "les formettes (remplage?) où sera le verre" du triforium et il poursuivi la confection de ces formettes jusqu'en 1499 .

 

 

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Inscription sur la partie supérieure de ce registre, lancettes C et F  : devise : CVIDER DECOYT / POUR MIEUX AVOIR

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La famille Molé.

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"La famille Molé est l'une des plus célèbres familles française de la noblesse parlementaire ; elle est originaire de la région de Troyes. L'ascension sociale de cette famille commence probablement à la fin du XIIIe siècle, et son histoire se termine au milieu du XIXe siècle, avec la mort de son dernier représentant mâle, Mathieu Molé. Héritière d'un prospère commerce de draps depuis le milieu du xve siècle, la famille s'est agrégée à la noblesse par charges parlementaires dès 1537 "

La famille apparaît dans l'histoire avec Jacquin Molé, habitant de Savières cité pour la première fois en 1294. Le fils de ce dernier, Garnier Molé, occupe un poste de censitaire toujours à Savières en 1304. En 1401, un certain Nicolas Molé (probablement né vers 1350) est cité comme sergent et mesureur du chapitre de Saint-Pierre à Troyes. Son fils, Jean Molé (né vers 1370), est connu comme bourgeois de Troyes et épouse Denise de Marcheville. Ils ont notamment Guillaume Molé (1405-1459), riche drapier  [époux de Jeanne Léguisé, soeur de l'évêque de Troyes, décédée en 1514)]. Leur fils aîné Guillaume épousera en 1467 Simone Boucherat.

Par son mariage avec Jeanne de Mesgrigny dame de Saint-Rémy, leur fils cadet Jean Molé (1435-1493) fait entrer la seigneurie de Villy-Maréchal dans la famille Molé. Il est lui aussi qualifié de marchand et bourgeois de Troyes. Il rend hommage au comte de Nevers pour son fief de Villy le 5 octobre 1487. Le couple laisse trois garçons et quatre filles, dont six resteront établis en Champagne. L'aîné, Claude Molé [qui épousa en 1480 Barbe Hennequin]  succède à son père et rend hommage pour Villy le 14 janvier 1529 ; il est le fondateur de la branche aîné qui s'éteint en 1678 à la mort du dernier seigneur de Villy, Pierre Molé.

C'est à cette époque que les Molé adoptent pour armoiries de gueules, à deux étoiles d'or en chef et au croissant d'argent en pointe. C'est le blason initial des Molé, notamment visible sur le portrait de Jean II Molé datant de 1485. Pour ce dernier, la bordure engrêlée indique que c'est le fils cadet de Guillaume Molé. Le nom de Molé pourrait venir du toponyme « mole », désignant en Champagne un tas ou une meule. Toutefois, les armoiries de la famille questionnent, avec la présence conjointe du croissant lunaire et de deux étoiles, deux symboles qui semblent évoquer l'islam. Durant la période de commerce drapier de la famille dans les grandes foires de Champagne, et tout comme les Cambefort, marchands qui étaient représentés à Troyes, Aurillac et au Puy-en-Velay, mais aussi à Montpellier. 

Le cadet de Jean Molé, Nicolas, est connu comme seigneur de Jusanvigny. Il devient surintendant de Champagne et s'établit ensuite à Paris, devenant conseiller à la cour des aides, puis conseiller au parlement de Paris en 1517. Il écartèle ses armes de celles des Mesrigny ou Mesgrigny (famille de sa mère). Il est marié trois fois : d'abord à Jeanne Hennequin, puis à Jeanne Charmille et enfin à Marie de La Grange-Trianon. Il décède en 1542. De son premier mariage il laisse Nicolas (1536-1586), conseiller du roi et intendant général des finances ; il fonde la branche des seigneurs de Jusanvigny, qui s'éteint par les mâles en 1658 avec Jean Molé. De son troisième mariage, il laisse Édouard (1540-1614), fondateur du rameau de Champlâtreux, qui s'éteint en 1872, avec la mort de Clotilde Molé, fille de Mathieu Molé, ministre de Louis-Philippe." (d'après Wikipédia)

 

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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La donatrice Jeanne de Mesgrigny présentée par son saint patron Jean l'évangéliste.

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Saint Jean tient la palme, l'un de ses attributs rappelant son rôle lors de la Dormition de la Vierge, et la coupe de poison rappelant l'épreuve face à Simon le magicien : un serpent ou dragon ailé sort de la coupe.

Jeanne de Mesgrigny est agenouillée mains jointes devant son livre de prière à fermoir d'or et étoffe de transport ; elle est vêtu d'une robe violette à manches fourréeset à ceinture de tissu. Sa coiffe encadre le visage.

 

 Jeanne de Mesgrigny (née vers 1440 et décédée après le 18/02/1496), dame de Mesgrigny, Villy-Le-Maréchal, Assenay et Saint-Rémy-sous Barbuisse  épousa vers 1475 et avant le  05/10/1487 Jean Molé, écuyer, marchand Bourgeois-drapier à Troyes, seigneur de Villy , décédé  dès 12/10/1493 . La branche Jusanvigny de Molé  écartèle, depuis, ses armes avec celles de Mesgrigny.

L'hôtel particulier de Jeanne de Mesgrigny, du XIVe siècle,  devait être remarquable, puisqu'en 1494, le maire de Troyes l'acheta au nom de la ville : il deviendra l'hôtel de ville, avant de tomber en ruine .

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La donatrice est dite "la Moslée" dans les livres de compte, et les seigneurs de Molé s' y orthographient parfois "Moslé". Mais c'est le nom générique de toute épouse Molé, sur ces livres de compte (1462 : "A la Molée pour l'achat d'ung tablier contenant six aulnes de Paris et de un aulnes à la mesure de Troies de large, garny de touaille de pareille longueur, pour porter à Rome, présenter et donner à Monseigneur le cardinal d'Avignon, pour recognoistre le plaisir et service qu'il avoit fait à l'église à cause du pardon général estant en icelle, pour ce paie xv escus d'or qui valent xx 1. xn s. vi d.")

Un Guillaume Moslé apparaît dans les comptes de la cathédrale de Troyes comme donateur de la verrière du Fils prodigue pour un réglement au verrier Pierre en 1498.

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Au dessus de Jeanne de Mesgrigny sont figurés ses armes tenues par deux putti, dans un écu en losange, mi-parti Molé et de Mesgrigny comme en lancette D du triforium.

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Le donateur Jean Molé présenté par son saint patron saint Jean-Baptiste.

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Le saint tient l'agneau pascal tenant l'étendard de la résurrection, sur le livre.

Jean Molé est agenouillé mais jointes vêtu d'un manteau de même couleur violette que son épouse, et doublé de fourrure au col et aux manches, sur une robe ou pourpoint rouge vif.

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Au dessus, deux putti tronqués sur une collerette bleue jouent l'un du luth, et l'autre un instrument à vent.

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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L'HISTOIRE DE JOB : LE TYMPAN.

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Introduction.

L'histoire de Job est représentée par enluminures dès les initiales des manuscrits de Moralia in Job du XIIe siècle (*), ou sur des bibles moralisées du XIIIe siècle et en vitrail sur une baie D de la Sainte-Chapelle au XIIIe siècle. La base Mandragore propose 109 enluminures pour le XVe siècle, dont 63 pour Moralia in Job et 11 pour la Bible historiale de Guiard des Moulins. Mais la base POP propose 808 enluminures! L'histoire est aussi sculptée, comme au pilier central du portail des Calendes de la cathédrale de Rouen ( fin XIIe-début XIVe). L'histoire donne lieu à une verrière à l'église Saint-Patrice de Rouen, baie 20 (XVIe siècle).

(*) Moralia in Job, ou "Morales sur Job", de Grégoire le Grand, pape en 590, fut l'un des textes les plus lus et copiés au Moyen-Âge.

On notera enfin, en relation avec la réflexion sur les rapports entre théâtre religieux et verrières développée à propos de l'Adoration des mages du triforium, que l'histoire de Job donnait lieu à des Mystères, comme à Rouen en 1556 (in Petit de Julleville). Un Mystère de la patience de Job fut écrit vers 1450.  Jean Lafond mentionne  "un Mystère de Job à quarante-neuf personnages, dont on possède un manuscrit copié en 1478 (Bibl. nat., ms.fr. 1774) et plusieurs éditions imprimées à Paris, à Lyon, à Troyes (Nicolas Oudot 1613 et 1621) et à Rouen aux XVIe et XVIIe siècles."  Ce Mystère de Job, à quarante-neuf personnages, fut imprimé à Rouen en 1604 par Romain de Beauvais. Voir BnF Français 1774 une copie datée de 1478 provenant de la bibliothèque d'Anet en 1724.

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Job devant ses "amis", Bible moralisée Vienne ÖNB 1179 f.159v. Elle a été achevée avant 1223, car elle était celle de Louis VIII,

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Le Christ et Job sur son fumier Bodleian Library Bodl 270b f.223v, XIIIe siècle

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Dans les Bibles moralisées, la page est découpée en deux colonnes de plusieurs vignettes et le texte biblique est accompagnée de textes et d'enluminures sur la signification morale du récit.  Voir ainsi le BnF français 166 f. 102v à 113ra du XVe siècle. On y retrouve les thèmes repris par la verrière de Troyes, mais aussi des illustrations des discours des amis. On compte, tel un roman graphique, 116 vignettes, dont la moitié illustrant le Livre de Job et l'autre moitié les mises en relation à la vie du Christ ou des scènes moralisatrices.

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BnF fr 166 f.103 Gallica

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Bible moralisée du XVe siècle, BnF fr 166 f. 104v, Gallica

 

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Bible moralisée BnF fr 166 f.104v, Job affligé par Satan.

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BnF fr 166 f. 105r

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On comparera les dernières enluminures au registre inférieur de la verrière : le texte francais, proche du texte biblique, dit : "Nostre seigneur adiousta à Job plus de biens au double qu'il navait en devant , quatorze mille brebis, six mille chameus, mille couple de bœufs et mille anesse, sept fils et  sept filles. Job donna à ses filles héritage au milieu de leurs frères et [vec plus] des douleurs en grande prospérité".

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Bible moralisée BnF fr166 f.113a, Job retrouve ses biens et ses enfants.

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Bien-sûr, les illustrations de la verrière ne peuvent rendre compte des débats théologiques tentant de justifier le sort du pauvre Job : ils montrent les évènements initiaux et finaux du Livre.

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Job 1 :1-6 :

"Il y avait dans le pays d'Uts un homme qui s'appelait Job. Et cet homme était intègre et droit; il craignait Dieu, et se détournait du mal. Il lui naquit sept fils et trois filles. Il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de boeufs, cinq cents ânesses, et un très grand nombre de serviteurs. Et cet homme était le plus considérable de tous les fils de l'Orient. Ses fils allaient les uns chez les autres et donnaient tour à tour un festin, et ils invitaient leurs trois soeurs à manger et à boire avec eux. Et quand les jours de festin étaient passés, Job appelait et sanctifiait ses fils, puis il se levait de bon matin et offrait pour chacun d'eux un holocauste; car Job disait: Peut-être mes fils ont-ils péché et ont-ils offensé Dieu dans leur coeur. C'est ainsi que Job avait coutume d'agir.  Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux."

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1. Dieu le Père autorise Satan à mettre Job à l'épreuve.

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Texte : Job 1:7-12 :

"L'Éternel dit à Satan: D'où viens-tu? Et Satan répondit à l'Éternel: De parcourir la terre et de m'y promener. L'Éternel dit à Satan: As-tu remarqué mon serviteur Job? Il n'y a personne comme lui sur la terre; c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal.  Et Satan répondit à l'Éternel: Est-ce d'une manière désintéressée que Job craint Dieu?  Ne l'as-tu pas protégé, lui, sa maison, et tout ce qui est à lui? Tu as béni l'oeuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays.  Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu'il te maudit en face.  L'Éternel dit à Satan: Voici, tout ce qui lui appartient, je te le livre; seulement, ne porte pas la main sur lui. Et Satan se retira de devant la face de l'Éternel."

 

 

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Description.

Dieu est représenté en majesté dans une nuée, assis, bénissant, coiffé de la tiare et portant l'orbe.

Satan, gris-bleu sur fond rouge,  est allongé à ses pieds, cornus et griffu, avec une queue verte de serpent. Il tient une sorte de fléau articulé (que nous retrouverons plus bas).

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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2. Satan s'en prend  à Job.

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Texte 

" Un jour que les fils et les filles de Job mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné, il arriva auprès de Job un messager qui dit: Les boeufs labouraient et les ânesses paissaient à côté d'eux; des Sabéens se sont jetés dessus, les ont enlevés, et ont passé les serviteurs au fil de l'épée. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle.

 Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit: Le feu de Dieu est tombé du ciel, a embrasé les brebis et les serviteurs, et les a consumés. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle. Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit: Des Chaldéens, formés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux, les ont enlevés, et ont passé les serviteurs au fil de l'épée. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle. Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit:

Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné; et voici, un grand vent est venu de l'autre côté du désert, et a frappé contre les quatre coins de la maison; elle s'est écroulée sur les jeunes gens, et ils sont morts. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle.

 Alors Job se leva, déchira son manteau, et se rasa la tête; puis, se jetant par terre, il se prosterna, et dit: Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L'Éternel a donné, et l'Éternel a ôté; que le nom de l'Éternel soit béni!  En tout cela, Job ne pécha point et n'attribua rien d'injuste à Dieu."

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Description.

Satan, en diable rouge, frappe avec un marteau sur le toit de la maison des fils de Job : celle-ci s'écroule et tue les trois fils et les filles de Job, qui étaient attablés.

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Les monogrammes du peintre-verrier.

Dans les écoinçons, deux monogrammes proche de "quatre de chiffre" sont sans doute les marques de verriers. D'autres monogrammes, différents mais proches, se retrouvent soit sur un écu du tympan de la verrière n°232, offerte par Guillaumme Molé, soit sur les baies 129, 231, 235, 232 et 134 .

On distingue sur ces monogrammes un V à l'extrémité d'une tige doublement barrée pouvant évoquer une clef.

Voir l'exemple relevé par Emile Alé  à Cravan (Yonne) — à 100 km au sud de Troyes— daté de la fin du XVe siècle et où on retrouve cette forme générale de clef :

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Voir aussi le vitrail de 1503 de la cathédrale de Toul, selon V. Lamarque.

Voir le monogramme VB du verrier Valentin Bousch à Saint-Nicolas-le-Port (bas-côté nord, vers 1514) ou à la cathédrale de Metz

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3. Satan s'en prend  aux troupeaux de Job.

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Trois soldats (les Sabéens ou des Chaldéens) armés de hallebardes et de piques capturent les bœufs les  chameaux, les brebis, et les ânesses  de Job.

On remarque les mêmes marques en quatre de chiffre.

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3b. Les serviteurs annonçant à Job (au centre) les désatres. Job déchire ses vêtements.

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Rappel : Trois serviteurs armés de piques viennent alors annoncer à Job les catastrophes. Job se lève, déchire ses vêtements, et tombe à terre disant « Nu je suis sorti du ventre de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, loué soit le Nom du Seigneur »

 

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Le registre supérieur.

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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4. Satan face à Job sur son tas de fumier.

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Texte Job 2 :1-8

"Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Éternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux se présenter devant l'Éternel. L'Éternel dit à Satan: D'où viens-tu? Et Satan répondit à l'Éternel: De parcourir la terre et de m'y promener. L'Éternel dit à Satan: As-tu remarqué mon serviteur Job? Il n'y a personne comme lui sur la terre; c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. Il demeure ferme dans son intégrité, et tu m'excites à le perdre sans motif. Et Satan répondit à l'Éternel: Peau pour peau! tout ce que possède un homme, il le donne pour sa vie. Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair, et je suis sûr qu'il te maudit en face.  L'Éternel dit à Satan: Voici, je te le livre: seulement, épargne sa vie.  Et Satan se retira de devant la face de l'Éternel. Puis il frappa Job d'un ulcère malin, depuis la plante du pied jusqu'au sommet de la tête. Et Job prit un tesson pour se gratter et s'assit sur la cendre."

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Description.

Inscription : JOB / SATAN.

Têtes de lancettes :  putti tenant un cordon à gland de passementerie / Putto tenant les armes mi-parti Molé/ Mesgrigny.

Job est assis nu, marqué par des ulcérations,  sur son tas de fumier devant les remparts d'une ville, tandis qu'un diable lève sur lui un bâton articulé auquel est suspendu un filet plein d'immondices ou d'objets non identifiables. Ce Satan aux ailes de chiroptère tire une langue rouge, il est doté d'une bouche grimaçante sur le ventre et ses yeux sont jaunes.

L'épouse de Job sort à la porte de la ville et lève les bras. Ce qui correspond au texte biblique : "Sa femme lui dit: Tu demeures ferme dans ton intégrité! Maudis Dieu, et meurs! Mais Job lui répondit: Tu parles comme une femme insensée. Quoi! nous recevons de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal! En tout cela Job ne pécha point par ses lèvres."

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Tête de ces lancettes : un putti tenant un cordon à fleurette ; le blason losangique (féminin) de Jeanne de Mesgrigny, dont la bande blanche est gravée sur le verre rouge ; la ceinture Espérance.

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La ceinture, dégrafée, n'est pas la sangle du blason, ou   un accessoire vestimentaire égaré, mais elle évoque un emblème, la ceinture Espérance , notamment propre aux Bourbons à Chapigny-sur-Veude.

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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5.  Job est accablé par son épouse et ses amis qui lui demandent de se repentir pour ses péchés .

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Rappel : La femme de Job l'incite à maudire Dieu et mourir, mais Job « ne pécha point par ses lèvres ». Dans la traduction française, sa femme dit : « maudis Dieu et meurs », mais dans le texte hébreu il est écrit « bénis Dieu et meurs ».

 Informés de son infortune, trois amis de Job, Éliphaz de Teman, Bildad de Schuach, et Tsophar de Naama, se rendent chez lui pour le plaindre et le consoler. Les malheurs de leur ami, qu'ils ne reconnaissent pas, leur font prendre le deuil et ils passent sept jours près de lui sans parler, avant que Job ne prenne la parole. Les chapitres 3 à 31 rapportent une série de discussions entre Job et trois amis Éliphaz, Bildad et Tsophar. Ils émettent et soutiennent l'idée que Dieu étant juste, quiconque connaît un sort aussi peu enviable que celui de Job est nécessairement puni pour avoir désobéi à la loi divine. À mesure que progresse le poème, leurs réprimandes se font de plus en plus insistantes sur son refus de confesser ses péchés, bien qu'eux-mêmes soient en peine de les déterminer. Ils continuent à estimer que Job est un pécheur méritant sa punition, et supposent, selon une théologie simpliste, que Dieu récompense le bien et punit le mal sans aucune exception. D'après eux, Dieu ne pourrait pas autoriser la souffrance pour une autre raison que la rétribution.

Job, convaincu de son innocence, maintient que ses souffrances ne pourraient être dues à ses péchés, et qu'il n'y a donc pas de raison que Dieu le punisse. Il refuse cependant et refusera obstinément de maudire Son Nom.

 Les chapitres 32–37 contiennent les discours d'Élihou, un quatrième ami, qui condamne Job pour des raisons autres que celles des trois premiers amis.

Elihou, dont le nom signifie « Il est mon Dieu », tient la voie de la médiation, maintenant la souveraineté, la justice de la miséricorde divine. Il condamne fortement l'approche des trois amis, tout en reprochant à Job de présenter sous un faux jour la justice de Dieu, et de discréditer Son caractère aimant.

Elihou dit qu'il prend la parole en dernier du fait de son jeune âge, mais ajoute que l'âge ne fait pas de différence en matière de compréhension et de sagesse. Son discours, « prophétique » ou tout au moins inspiré, décrit le pouvoir de Dieu, la rédemption et la justice absolue de toutes ses actions. Dieu est puissant, et juste en même temps, prompt à avertir et pardonner.

Outre son discours et son ton distinctif, Elihou ne sera pas blâmé par Dieu à la fin de l'histoire, alors que les trois amis le seront. Par ailleurs, Job ne répond ni aux invectives d'Elihou ni à ses révélations de la manière dont Dieu le traite. (Wikipédia)


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Inscription : JOB / LA FE[M]ME JOB.

 

Job est agenouillé nu sur la paille de son fumier, devant les remparts d'une ville. Sa femme pointe un index accusateur vers lui. Elle porte à sa ceinture une pomme de senteur au bout d'une chaîne. Près d'elle les trois amis de Job, dont l'un se protège par sa manche de la puanteur de Job .

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Tête de lancette : putti tenant un cordon à gland de passementerie / Putto tenant les armes pleines des Molé de gueules, à deux étoiles d'or en chef et au croissant d'argent en pointe.  Pour réaliser ces détails, il a fallu utiliser la technique du verre rouge doublé et gravé.

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

 

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6.  Job défend sa cause devant ses "amis".

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Devant les remparts d'une ville (Jérusalem), Job, agenouillé nu  sur la paille du fumier, se cache le bas-ventre tout en protestant de sa cause face à ses trois amis dont la gestuelle illustre leur rôle de donneurs de pieux conseils. Ils portent chacun des détails vestimentaires (chapeau conique, aumonière, franges des galons de la tunique), les attributs alors codifiés des Juifs.

Aux chapitres 3 et 6-7, Job maudit le jour de sa naissance, se plaint, et se révolte contre l'injustice de son sort. Eliphaz l'exhorte à se tourner vers Dieu.

Bildad lui conseille de remettre en cause la solidité de sa foi. Au chapitre 9, Job proclame son innocence mais célèbre la grandeur de Dieu, dont la justice est impénétrable : "Il commande au soleil, et le soleil ne paraît pas; Il met un sceau sur les étoiles. Seul, il étend les cieux, Il marche sur les hauteurs de la mer. Il a créé la Grande Ourse, l'Orion et les Pléiades, Et les étoiles des régions australes. Il fait des choses grandes et insondables, Des merveilles sans nombre. Voici, il passe près de moi, et je ne le vois pas, Il s'en va, et je ne l'aperçois pas. S'il enlève, qui s'y opposera? Qui lui dira: Que fais-tu? Dieu ne retire point sa colère; Sous lui s'inclinent les appuis de l'orgueil. Et moi, comment lui répondre? Quelles paroles choisir? Quand je serais juste, je ne répondrais pas; Je ne puis qu'implorer mon juge."  Il lui semble vain d'argumenter sa cause.

 

Tsophar reprend la parole et l'accuse d'iniquité, remettant en cause son innocence.

Job refuse de se justifier devant ses pairs : "Ce que vous savez, je le sais aussi, Je ne vous suis point inférieur. Mais je veux parler au Tout Puissant, Je veux plaider ma cause devant Dieu."

Un quatrième ami, absent de ce panneau, Elihu, s'enflamme de colère "parce que Job se disait juste" (Job 32)

 

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Plusieurs verres sont gravés, notamment le verre rouge de l'aumônière avec sa pièce jaune gravée et peinte au jaune d'argent.

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Registre inférieur.

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7.  Après les épreuves, Job retrouve ses troupeaux et ses serviteurs.

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Rappel : 

Rappel : Les chapitres 38 à 42 forment la conclusion du Livre, assurant Job qu'il avait fait les bons choix dès le départ. Ce Livre se termine par un discours de l’Éternel :

"Qui est celui qui obscurcit mes desseins par des discours sans intelligence? Ceins tes reins comme un vaillant homme; Je t'interrogerai, et tu m'instruiras. Où étais-tu quand je fondais la terre? Dis-le, si tu as de l'intelligence. Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu? Ou qui a étendu sur elle le cordeau? Sur quoi ses bases sont-elles appuyées? Ou qui en a posé la pierre angulaire, Alors que les étoiles du matin éclataient en chants d'allégresse, Et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie? Qui a fermé la mer avec des portes, Quand elle s'élança du sein maternel; Quand je fis de la nuée son vêtement, Et de l'obscurité ses langes" ...etc

Et Dieu ne manque pas d'humour pour souligner l'ignorance de Job, et l'étendue de sapropre puissance :

"Prendras-tu le crocodile à l'hameçon? Saisiras-tu sa langue avec une corde? Mettras-tu un jonc dans ses narines? Lui perceras-tu la mâchoire avec un crochet? Te pressera-t-il de supplication? Te parlera-t-il d'une voix douce? Fera-t-il une alliance avec toi, pour devenir à toujours ton esclave? Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau? L'attacheras-tu pour amuser tes jeunes filles? Les pêcheurs en trafiquent-ils? Le partagent-ils entre les marchands? Couvriras-tu sa peau de dards, et sa tête de harpons? Dresse ta main contre lui, et tu ne t'aviseras plus de l'attaquer. Voici, on est trompé dans son attente; à son seul aspect n'est-on pas terrassé? Nul n'est assez hardi pour l'exciter; qui donc me résisterait en face?"

Dans le dénouement, Dieu condamne les amis de Job pour leur insistance à parler de manière erronée des motifs et méthodes de Dieu, leur prescrit de réaliser d'énormes sacrifices animaux et instruit Job de prier pour leur pardon. (Wikipédia)

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Inscription JOB.

En haut : devise CUIDER DECOYT présentée par deux putti. À droite, deux créatures hybrides tiennent un nœud de branchage.

Les serviteurs présentent à Job, vêtu d'une robe écarlate fourrée d'hermine, un agneau, un âne, un taureau et un récipient en or.

La bouche de Job serait (D. Minois) une pièce montée en chef-d'œuvre.

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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8.  Après les épreuves, Job retrouve sa famille.

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Inscription : JOB / LA FE[M]ME JOB.

En haut : deux angelots jouant du luth. Banderole présentée par deux putti : POUR AVOIR MIEULX.

Job, richement vêtu et coiffé d'un bonnet conique à turban, se tient parmi quatre de ses serviteurs, un de ses fils à ses pieds. Il tend la main pour bénir une de ses filles.
La femme de Job, coiffée d'un turban, pose la main sur la tête de sa fille. Derrière elle se tiennent deux femmes et un homme à large chapeau rouge.

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Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Job, baie n° 231 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— BALCON-BERRY  (Sylvie) 1999. "Les verrières hautes du choeur de la cathédrale de Troyes." Paris 4, 1999. http://www.theses.fr/1999PA040008.

Les vitraux légendaires du haut-choeur de la cathédrale de Troyes (XIIIe siècle) occupent les fenêtres supérieures ainsi que celles du triforium. Si ceux des ouvertures sommitales ont peu souffert, ceux du niveau médian ont été très perturbés au cours du XVIIIe siècle, puis restaurés au XIXe siècle. L'ensemble glorifie la cathédrale de Troyes et, par la même, le diocèse, à travers l'évocation des saints et des grands évêques troyens. L'emplacement des oeuvres répond à des besoins liturgiques et le choix de certains sujets s'explique par la volonté de pallier le manque de façade occidentale, réalisée au XVIe siècle. Ces oeuvres sont le fruit de deux ateliers. Le premier travaille déjà sur les verrières les plus occidentales avant l'ouragan de 1228 ayant entraîné l'effondrement du choeur primitif. Le second atelier intervient autour de 1235. Le triforium, non vitré avant 1228, est décoré par les deux groupes d'artistes qui travaillent concurremment à ce projet. Les derniers vitraux sont posés vers 1240.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1975_num_133_1_5443

— CHRISTE (Yves), 2004, "L'histoire de Job dans les bibles moralisées et la Sainte-Chapelle". Cahiers de Civilisation Médiévale  Année 2004  47-186  pp. 113-126.

https://www.persee.fr/doc/ccmed_0007-9731_2004_num_47_186_2877

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858,Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f252.item

 

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

 

— LAFOND (Jean) 1955 1957, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

‎Tetraktys, 1972, in-8 br. (17 x 22), 107 p., illustrations n. et b. et coul., un plan,  ‎

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

—MICHON (Louis-Marie) 1941, Un livre de raison de la famille Molé Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1941  102  pp. 306-312

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1941_num_102_1_449250

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

La verrière ne présente pas d'unité iconographique : l'adoration des mages, au triforium, et l'histoire de Job, thème issu de l'ancien testament dans les lancettes et le tympan de la baie haute. Les textes n'associent aucun peintre verrier à la verrière. On note la présence de montures en chef d'oeuvre : la bouche de Job au milieu de sa barbe

— MINOIS (Danielle), 2003, thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald,  La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age

 

"Troyes est un centre artistique brillant à la fin du Moyen Âge. Les chantiers sont nombreux. Les édifices religieux s'ornent de vitraux. Quels en sont les commanditaires ? les auteurs ? D'après l'enquête menée à partir des Archives et des vitraux, les donateurs, ecclésiastiques et riches bourgeois, ouverts à la nouveauté, restent attachés à la tradition. Le rôle de l'Eglise est prépondérant pour l'iconographie. Sur les cinquante et un verriers recensés, vingt trois peuvent être dits peintres verriers. Leurs travaux sont en général intégrés aux chantiers. Probablement dépourvus de statuts, leurs ateliers sont de petites structures. Lors de demandes importantes, ils s'associent. Ils travaillent aussi dans de nombreuses églises de Champagne méridionale. Reproduction de verrières, fonctionnement en association, absence de propriété des œuvres et existence de réseaux de donateurs permettent d'interpréter l'homogénéité apparente des verrières. La notion d'Ecole troyenne de peinture sur verre est confirmée et précisée."

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle), Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

"Grâce à ce travail, il est possible de connaître l’iconographie des verrières originelles, la date exacte de leur pose et le nom de leurs donateurs. À travers l’analyse des archives, se déroulent à nouveau pour nous les chantiers de la cathédrale de Troyes et de douze églises troyennes : les baies se construisent, sont provisoirement bouchées de pans de bois et torchis, puis garnies de remplages, comblés de pieux de saule et de roseaux liés à l’osier, et enfin vitrés. La donation est faite au plus tard 18 mois après la pose du remplage ; celle de la verrière a lieu dans l’année qui suit la donation.

Un premier constat concernant l’origine et les conditions de la commande est l’essor de la production après la guerre de Cent ans et l’incendie de la ville en 1524. Entre guerre étrangère et guerres de religion, une période relativement prospère favorise la donation ; mais s’agit-il, comme le pense l’auteur, d’un « mécénat » « artistique » ? Le haut clergé troyen, très cultivé, en phase avec l’humanisme et à l’écoute critique de la Réforme, est à l’origine des idées dominantes reflétées dans les programmes iconographiques, car, d’autres études l’ont montré, le donateur, sauf exception, n’est qu’un payeur. Les commanditaires élaborent avec des théologiens les programmes iconographiques ; le choix du sujet permet donc de déterminer le degré de liberté du donateur : si les sujets rares ou difficiles ne peuvent qu’être imposés par le clergé, les thèmes hagiographiques peuvent témoigner du désir des particuliers de satisfaire leur dévotion à leur saint patron.

Selon le Recensement (vol. IV, 1992), l’absence de lien entre les thèmes des verrières témoigne d’une indifférence à une quelconque harmonisation : avec une profonde intelligence de la pensée chrétienne, l’auteur souligne au contraire la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », D. Minois signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine.

Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillent au sein de structures familiales et fondent des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier est une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’emploie qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence. Est ici mise en évidence, en réponse à une forte demande, la formation en associations, ponctuelles ou non, phénomène dont le dynamisme se ralentit après 1530 et dont l’exemple type est le travail en commun de Balthazar Godon, Jean Verrat et Lyevin Varin pour la cathédrale de Sens. Le recours à la soustraitance est également attesté. En Champagne méridionale comme en Provence ou en Normandie, l’exercice du métier est libre : au contraire de l’exemple parisien, aucune structure corporative ne protège la profession de peintre verrier. Certains verriers sont aussi peintres, comme Jean I Macadré, ou sculpteurs, comme Nicolas Cordonnier. L’analyse montre, en Champagne comme en Provence, qu’autorégulation du métier et surveillance mutuelle se substituent aux structures juridiques. Un apport fondamental du livre de D. Minois est la remise en cause des schémas de pensée antérieurs qui paralysaient la recherche. Émile Mâle exposait en 1911 sa théorie d’une École champenoise dont les foyers se trouvaient selon lui à Troyes, Sens et Châlons-sur- Marne, et dont la source était à chercher dans les baies hautes de la nef de la cathédrale et à Sainte-Madeleine de Troyes ; selon lui, toutes les verrières de l’Aube avaient été réalisées à Troyes. Pour P. Biver dès 1908, « l’École troyenne de peinture sur verre », attestée par les remplois de cartons et de pochoirs de damas, dépassait les limites du diocèse de Troyes. Concluant à une production d’origine troyenne quasi industrielle, Biver imagina des structures de production semblables à celles du XIXe siècle : un maître, inventeur des compositions, secondé par des compagnons chargés de les multiplier, et un atelier s’assurant l’exclusivité des pochoirs, d’où, croyait-il, une identification à coup sûr. J. Lafond, reprenant ce modèle, attribuait l’homogénéité de style des vitraux de la fin du XVe à la fin du XVIe siècle à l’influence déterminante d’un peintre à forte personnalité artistique, venu de Lorraine ou de Souabe, dont il décelait la main dans les baies hautes de la nef de la cathédrale de Troyes. Le caractère varié des remplois contredit le principe d’une reproduction systématique ; la notion de production industrielle fut donc plus tard refusée par N. Hany. Le Recensement (vol. IV) ne remettait cependant pas en cause le modèle Biver.

La démarche de D. Minois a été d’écarter dès l’abord cette notion d’École troyenne telle qu’elle était définie. Pour P. Biver, tous les vitraux de Champagne réalisés sur des patrons identiques étaient troyens. S’appuyant sur les travaux de M. Hérold (1990-1993), D. Minois souligne l’existence de copies interprétées de ces cartons. La mise en évidence de la pratique des associations de peintres verriers lui permet de supputer la probable circulation interne des mêmes patrons : la copie interprétée est donc forcément le fait d’un atelier extérieur à la ville de Troyes, sollicité par un commanditaire stimulé par l’exemple troyen. Si les verriers troyens ont certes travaillé pour des églises de Champagne méridionale, il existe d’autres foyers de peinture sur verre, à Châlons ou à Sens, Bar-sur-Seine ou Tonnerre, sans parler de Paris, dont l’aire de diffusion dépasse largement les limites de la capitale. D. Minois reformule donc en dernière analyse la notion d’École troyenne de peinture sur verre, en attribuant désormais le phénomène d’homogénéité de la production à la pratique, mise au jour par elle, des associations de peintres verriers. L’existence de dynasties en confirme l’existence. Selon elle, les ateliers associés ont « décidé » de ces caractéristiques stylistiques pour des raisons purement pratiques de rapidité d’exécution et de reproduction. Elle remarque par ailleurs qu’une verrière peut être l’oeuvre de plusieurs mains.

Les modalités de la répartition du travail ne sont cependant pas étudiées, et cette notion de « décision » commune d’un style, qui pose pourtant problème, n’est pas approfondie. L’auteur prouve aujourd’hui, grâce à l’analyse des salaires perçus, que les peintres verriers n’ont eu recours à des cartonniers que lorsque leur marge bénéficiaire ne risquait pas d’en pâtir, le coût d’un patron réalisé par un peintre représentant le quart du prix de la verrière. Les peintres verriers étaient donc capables de réaliser leurs cartons eux-mêmes : ainsi la collaboration avec un peintre cartonnier n’était pas « la règle », comme on a pu l’écrire, mais un cas de figure, fonction de la rémunération. Dans les cas où les textes ne vérifiaient pas des hypothèses d’attribution, on peut regretter l’absence de comparaisons avec les verrières subsistantes d’un verrier donné. L’identification des ateliers par examen rapproché pouvait être tentée, en dépit du système d’exécution partagée des verrières, puisque l’intervention de plusieurs mains a été notée.

On regrette surtout que l’auteur n’utilise pas davantage ses vastes connaissances en matière d’iconographie et de théologie, son sens très sûr et très subtil de la valeur des leçons données par les programmes. La recherche en matière de vitrail a besoin de telles compétences ; il y a là un champ ouvert où l’auteur pourrait donner toute sa mesure. Laurence Riviale

 

— SITES

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Mesgrigny.pdf

https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

https://www.crhf.net/fr/view.php?file=/prive/bibliopdf/DernierMole.pdf

https://www.mesvitrauxfavoris.fr/cathedrale%20troyes.htm

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/0aea6dba5e47fc7c06bf9a08c96c2f96.pdf

https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

 

2019 "Pathologies des vitraux Les vitraux historiés (peints) des baies hautes du chœur datent des XIIIe et XVIe siècles. Ils représentent un ensemble d'une très grande valeur artistique, architecturale, technique et culturelle. Extrêmement fragiles (verre monté en plomb), culminant entre 19 et 28 mètres du sol, ils sont menacés par les vents forts et par les pluies battantes qui entraînent des infiltrations d’eau sur l’intérieur du monument. Ils présentent deux types d'altérations, principalement liées à l'usure du temps :
- des altérations d'ordre mécanique, qui mettent en cause les aspects de solidité, de résistance, et d’étanchéité des panneaux de verre-plomb, ainsi que leurs structures métal et pierre ;
- des altérations d'ordre chimique qui touchent à l’aspect visuel des vitraux par dégradation de la matière vitreuse et de la peinture en grisaille."

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Renaissance Héraldique Monogrammes. Devises.

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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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