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Le blog de jean-yves cordier

17 septembre 2023 7 17 /09 /septembre /2023 15:24

Le sang et les larmes : le retable de la Passion du maître d'Arndt au musée de Cluny.

Le sang et les larmes : le retable de la Passion (chêne polychrome, vers 1483) du maître d'Arndt au musée de Cluny, cl. 3269.

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PRÉSENTATION.

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Ce retable de 97 cm de haut, de 90 cm de large (ouvert) et 45 cm de large (fermé) et de 21,5 cm de profondeur a été acquis par le musée du Moyen-Âge de Cluny à Paris en 1861, de l'ancienne collection Soltykoff.

Il est attribué au maître Arndt (ou Arnt) de Zoole, et proviendrait de l'ancienne chartreuse de Ruremonde ou Roermond dans la province du Limbourg, aux Pays-Bas : le donateur qui y figure est un moine chartreux.

Ce petit retable  offre l'un des témoignages les plus expressifs de l'art de Maître Arnt, en raison de la qualité exceptionnelle de son exécution et de la polychromie originale intacte. La scène de la Lamentation du Christ au pied de la colline du Golgotha ​​est méticuleusement sculptée avec un rendu nuancé des émotions des personnages. 

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Histoire du retable :

Selon  l'hypothèse de Leeuwenberg et Gorissen il aurait  appartenu vers 1483 à la Chartreuse de  Bethlehem à Roermond (fondée en 1387 et dissoute en 1783), et aurait pu se trouver dans la cellule d'un chartreux pour sa dévotion privée sur les souffrances endurées par le Christ, dévotion conseillée par Ludolphe le chartreux prieur de Coblence dans sa Vita Christi imprimée à Cologne en 1472 . On le retrouve ensuite décrit en 1847 dans l'inventaire de la  collection privée constituée dès 1830 par  Louis Fidel Debruge-Dumenil, sous le  n°1481 (description en bibliographie), puis dans la collection privée du prince Peter Soltykoff à  Paris, jusqu'à sa mort en 1861. Elle entre alors dans les collections du Musée de Cluny, et se trouve décrit dans l'inventaire dressé par Edmond du Sommerard en 1867 n°710, avec une attribution à Martin Schongauer. Alexandre du Sommerard en avait donné une illustration en 1838 dans l'atlas de son Les Arts au Moyen-Âge en attribuant les peintures à Lucas de Leyde. Il est inscrit au Musée National du Moyen Âge - Thermes et hôtel de Cluny, Paris sous le n° d'inventaire  CL. 3269. Il est désormais attribué (Leeuwenberg et Gorissen) au Maître Arnt de Zwolle (également appelé Arnt van Swol, ou Arnt von Kalkar und Zwolle, Arndt Beeldsnider c'est à dire « Arnt le sculpteur »), peintre et sculpteur de la région du Bas-Rhin actif de 1460 à 1492 environ, et mort en janvier 1492. Son patronyme n'est pas connu. Il travaille d'abord à Kalkar (Allemagne, ex duché de Clèves, Rhénanie du Nord-Westphalie, près de Clèves) pour les ducs de Clèves avant de partir s'installer à Zwolle (Pays-Bas, province d'Overijssel), probablement pour fuir une épidémie de peste. Il est, dans les années 1460-1490, un des plus grands artistes de la région du Rhin inférieur. 

L'hypothèse d'une attribution des panneaux peints au   cercle du Maître du retable de Bartholomée (Meester van het Altaar van Bartholomeus)  a été proposée par Meurer en 1970. D'autres (Budde/Krischel 2001; Defoer 2003) y ont vu le travail d'un peintre anonyme de Nimègue. Source :

 

 https://rkd.nl/en/explore/images/288422

 

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A. du Sommerard, 1838, Les Arts au Moyen-Âge, atlas chap. XI p. II

 

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Le retable a été restauré en 2015. Il a été exposé au musée Schnütgen de Cologne en 2020-2021, dans le cadre d'une importante exposition réunissant une soixantaine d'œuvres du Maître Arnt de Zwolle.

https://museum-schnuetgen.de/Master-Arnt-a-present-from-Paris

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L'auteur du retable : le maître Arnt de Kalkar et Zwolle.

Ses sculptures s'inscrivent dans la tradition des écoles de Bruxelles, d'Anvers et d'Utrecht. Parmi les œuvres qui peuvent lui être attribuées avec certitude (selon Wikipedia):

  • un Christ au tombeau réalisé pour l’église Saint-Nicolas de Kalkar en 1487-1488 ; les saints personnages semblent en larmes, une sainte femme s'essuie les yeux ; mais la perte de la polychromie et la définition insuffisante du cliché disponible ne permet pas de s'en assurer. "La figure du "Christ au tombeau" commandée par la Confrérie Notre-Dame de Kalkar en 1487 est également de grande qualité. Elle était destinée au chœur de l'église Saint-Nicolas de Kalkar et est maintenant installée dans le chœur latéral sud. grandeur nature, sur une tumba (plus récente) Le cadavre allongé du Christ révèle les signes de la mort avec beaucoup de vérisme : le regard semble brisé, la rangée supérieure de dents est visible dans la bouche ouverte ."

  • le grand  retable de la Passion (5 mètres ouvert) ou Georgsaltar (Maître Arnt, Derick Baegert, Ludwig Jupan ) de l'église Saint-Nicolas de Kalkar, réalisé par l'atelier en 1490-1491 et dont certains éléments sont directement attribuables à Maître Arnt, comme le Lavement de pieds à la prédelle.


 

"L'autel Saint-Georges est composé d'un retable posé sur un pied d'autel. Le retable lui-même est formé d'un panneau central entièrement sculpté et de deux volets latéraux dont les panneaux sont peints. L'ensemble est posé sur une prédelle en trois compartiments sculptés, et dont le pied lui-même contient une série d'images du Christ et de saints.

La composition actuelle du retable est récente. La prédelle inférieure, avec les images du Christ et de saints peints vers 1490 par Derick Baegert, provient d'un autre retable, dédié à saint Sébastien. La prédelle supérieure montre trois compartiments de sculptures, de l'atelier de Ludwig Jupan, créés entre 1506 et 1508. Ils proviennent également d'un autre autel

La partie centrale du retable est l'œuvre de Maître Arnt, aussi appelé Arnt van Zwolle, ou Arnt Beeldesnider, et se présente dans sa forme originelle. Le panneau a été commencé vers 1480 et achevé en 1492. La vie et le martyre de Georges, comme racontés par la légende, sont décrits dans neuf scènes.

La sculpture de maître Arnt est caractérisée par un style à la fois gracieux et plein de tensions internes, rendu par un traitement très fin détaillée de la surface. On est dans la période du Moyen Âge finissant, lorsque la gravure sur cuivre ou sur bois se manifeste comme un genre nouveau qui influence aussi les autres formes d'art.

La prédelle date du début du xvie siècle. Dans sa partie supérieure, trois compartiments présentent la Lamentation, la Messe de saint Georges, et le Martyre de saint Érasme. Les peintures des ailes latérales datent de la même époque. Elle montrent, sur les panneaux intérieurs, deux épisodes de la vie de sainte Ursule, avec au fond la silhouette de Cologne, et sur les panneaux extérieurs saint Georges combattant le dragon, et saint Christophe."


 

  •  Une Adoration des mages, (Anbeitung der Heiliger drei könige), haut-relief de belle envergure 137 cm × 101 cm × 40 cm. Elle est conservée au Schnütgen Museum de Cologne et datée de 1480-1485. Quatre fragments dont trois personnages ont été retrouvés en 2019 et sont venus  compléter ce haut-relief : un serviteur agenouillé qui déballe d'un sac un cadeau pour l'enfant Jésus , et deux autres compagnons des rois, qui conversent en face à face se font face en conversation. En arrière plan, la suite royale arrive en un long cortège avec des chevaux et des chameaux. 

    L'individualisation des personnages, de plus en plus fréquente dans l'art de la fin du Moyen Âge, s'observe clairement dans les sujets représentés : les rois sont clairement reconnaissables comme représentants des trois âges. Melchior est agenouillé à gauche de Marie, tenant en offrande une pièce d'orfèvrerie en or. Un donateur, est agenouillé mains jointes à la droite de Marie : c'est un seigneur, barbu, au crâne dégarni, l'épée au côté, le casque posé à terre. Derrière lui,  deuxième roi, Gaspard un homme d'âge moyen, tient un vase rempli d'encens. Le regard de l'enfant est tourné vers le plus jeune roi, Balthasar, qui est représenté avec une couleur de peau foncée et une boucle d'oreille en tant que représentant de l'Afrique. Selon la compréhension médiévale, les trois rois représentaient non seulement les âges de la vie humaine, mais aussi les continents connus à l'époque : l'Europe, l'Asie et l'Afrique. D'un geste ample, le roi noir, vêtu d'une robe extravagante, s'apprête à retirer sa couronne-turban pour rendre hommage à l'enfant Jésus. Le bras droit de la figure du roi artistiquement sculpté dépasse le bord du relief et souligne une fois de plus la mise en scène théâtrale de cette extraordinaire Adoration des Rois Mages.

  • Une Lamentation, datée de 1480, 54 × 40 cm, au Rijksmuseum. Cette sculpture, identique à la Déploration du retable de Cluny, mais dont la polychromie est presque entièrement perdue, formait la partie centrale d'un petit retable pour une moine chartreux qui figure à genoux sur le côté droit en bas. Le relief provient probablement du monastère des chartreux de Roermond.

D'autres œuvres lui ont été attribuées, à son atelier ou à son entourage. Elles sont toutes en chêne polychrome, décapé ou peint.

  • Le maître-autel de l'église Saint-Nicolas de Kalkar. Sculptures de Maître Arnt et de ses successeurs Jan van Halderen et Ludwig Juppe, tableaux de Jan Joest et de ses élèves. 

    "Le maître-autel a été commencé en 1488 par Maître Arnt,, mais est resté inachevé à sa mort en 1492. En 1498, Jan van Halderen a contribué à son achèvement ; il a été terminé en 1498-1500 par Ludwig Jupan de Marburg. Les peintures des ailes latérales ont été créées entre 1506 et 1508 par Jan Joest.

    Le retable ouvert a pour thème la Passion du Christ. La représentation est répartie sur le panneau central, mais elle commence dès la prédelle, avec l’entrée à Jérusalem et la Cène, et se poursuit sur les tableaux du volet droit avec la Résurrection, l'Ascension, la Pentecôte et la Mort de la Vierge.

    Le retable sculpté donne à voir une superposition et un enchevêtrement d'un très grand nombre de scènes petites et grandes autour de la vie et de la Passion de Jésus avec, comme couronnement, la scène de la crucifixion dans le haut de la partie centrale. On peut observer que le retable est composé de morceaux sculptés individuellement puis assemblés; avec le temps, cette composition apparaît plus clairement. La peinture des panneaux, d'usage à l’époque, aurait caché les coupures, mais les panneaux n'ont pas été peints, soit par manque d'argent, soit parce que les goûts avaient évolué.

    Les scènes principales sont le Portement de croix, en bas à gauche, au-dessus le Christ à Gethsémani, puis encore au-dessus, et plus petit, deux scènes avec Judas et les soldats, et la trahison de Judas. Au centre, sous la Crucifixion, Marie en douleur et Véronique avec le suaire. Dans la partie droite, les soldats se disputent les vêtements du Christ ; au-dessus la Déposition et la Mise au tombeau. Il faut donc lire chronologiquement les scènes de la gauche vers la droite, sur la partie gauche de haut en bas, et sur la partie droite de bas en haut.

    Les scènes ont été sculptées avec une précision de détails et une virtuosité technique remarquables. On le voit en particulier dans les plis des vêtements et le rendu de coiffures, par exemple dans la dispute des soldats. Aussi chaque visage a une expression propre. On peut supposer que tous ces personnages ont eu pour modèle des gens de Kalkar de l’époque.

    La conception d'ensemble du retable est due à Arnt lui-même. Des documents montrent l'achat, par la confrérie de l'église, de bois en des lieux divers. Arnt travaille à Zwolle où il a son atelier. Après son décès en 1492, les diverses parties sont transportées de Zwolle à Kalkar et complétées, d'abord en 1498 par Jan van Halderen qui réalise l’entrée à Jérusalem et la Cène, dans la prédelle. La même année 1498, Ludwig Jupan est chargé d'achever le retable qu'il termine en 1500. Ludwig Jupan a été identifié au Maître Loedewich. Quelques années plus tard, il réalise l’autel de Marie, dans la même église.

    Les deux peintures tout en haut de l’autel représentent le sacrifice d'Abraham et Moïse et le serpent d'airain. Le retable fermé montre des peintures allant de l'Annonciation à la scène du temple, et d'autres événements ultérieurs, à savoir le Baptême du Christ, Transfiguration, Jésus et la Samaritaine, et la Résurrection de Lazare (représentée sur le marché de Kalkar)."

     

Sa peinture est influencée par Rogier van der Weyden et Adriaen van Wesel . Elle a également été rapprochée de celle de son contemporain, le Maître de saint Barthélemy. 

 

"Arnt, également appelé Arnt von Kalkar et Arnt von Zwolle du nom de ses principaux lieux de travail, est l'un des sculpteurs gothiques tardifs les plus importants de la région du Bas-Rhin .

Selon Heribert Meurer, toutes les sources d'archives à Clèves, Kalkar et Zwolle qui mentionnent le nom entre 1460 et 1492 peuvent être liées à sa personne. Après avoir éventuellement suivi une formation à Clèves auprès d'un sculpteur travaillant à Arnhem ou à Nimègue, Arnt a dû acquérir la citoyenneté de Kalkar en 1453. En 1460, il réalise un blason pour la cour bruxelloise du duc Jean Ier de Clèves . En 1479, il a probablement livré trois œuvres d'art commandées de lui à Zwolle de Kalkar. Il s'y installa avec son atelier en 1481/1484, mais continua à travailler pour Kalkar.

L'une de ses œuvres les plus anciennes et en même temps les plus importantes est les stalles du chœur créées en 1474 à la suite d'un don du duc Jean Ier de Clèves dans l'ancienne église minoritaire de Clèves de la conception Sainte-Marie, aujourd'hui église paroissiale catholique. Les stalles du chœur à deux rangées en chêne, qui ne sont plus complètement conservées, montrent des reliefs de diverses saintes telles qu'Elisabeth, Bernardine de Sienne, Barbara et Madeleine ainsi que des figures libres de Claire d'Assise et de Louis de Toulouse sur les deux- parois latérales de l'histoire. Des drôleries à peu près réalistes couronnent les panneaux latéraux bas et les miséricordes. 

Alors que Meurer date le sanctuaire central du retable de l'autel Saint-Georges de l'église Saint-Nicolas de Kalkar entre 1490 et 1492, Hilger soutient qu'il a été réalisé avant 1484. Un panorama uniforme forme la toile de fond de sept scènes de la légende de Saint-Georges. Le reatble a été fabriqué à partir de seulement quatre blocs de bois, seuls quelques ajouts de détails de sculpture ont été nécessaires.

En raison de sa mort en 1492, il n'a pas été en mesure d'achever les vastes travaux sur le sanctuaire central du retable du maître-autel de Kalkar, pour lequel il avait été commandé en 1488 par la Confrérie de Notre-Dame de Kalkar et dont il était responsable de la planification globale. Des parties du Calvaire ainsi que la scène de la prédelle « Le lavement des pieds du Christ » doivent être considérées comme des œuvres autographes.

Son atelier est également important  : on peut mentionner Jan von Halderen, Dries Holthuys (avant 1480-après 1528), Henrik Bernts (mort en 1509), Kersten Woyers (mort après 1520) et Tilman van der Burch ."

 

Gorissen, Friedrich, Un crucifix inconnu de Maître Arnt, dans : Simiolus 3 (1968/1969), pp. 15-21.

Hilger, Hans Peter, Stadtpfarrkirche St. Nicolai in Kalkar, Kleve 1990.

Meurer, Heribert, The Klever choir stalls and Arnt Beeldesnider, Bonn 1968 

Schulze-Senger, La décoration d'autel gothique tardif de l'église Saint-Nicolas de Kalkar: Aspects d'un développement vers la version monochrome du gothique tardif sur le Bas-Rhin, in: Krohm, Hartmut/Oellermann, Eike (éd.) Autels ailés de la fin du Moyen Âge, Berlin 1992, p.23-36

Trauzeddel, Sigrid, Arnt Beeldsnider, dans : Allgemeines Künstlerlexikon, Volume 5, 1992, pp. 254-255.

Westermann-Angerhausen, Hiltrud (Red.), Arnt von Kalkar et Zwolle - The Three Kings Relief, Cologne 1993.

 

 




 

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Retable de la Passion du Maître Arndt (v. 1483). Cliché RMN.

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LES DIX PANNEAUX PEINTS : HUIT SCÈNES DE LA VIE DE JÉSUS.

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Certains auteurs attribuent les peintures au sculpteur, le Maître Arnt. Le peintre pourrait être aussi le Maître du retable de saint Barthélémy (c. 1445 - Cologne , c. 1515), nom de convention d'un peintre et enlumineur de livres qui est vraisemblablement originaire des Pays-Bas et qui a principalement travaillé en Allemagne, en particulier à (près de) Cologne. Il est aussi appelé Maître de Saint Barthélemy .

Bien que l'on sache peu de choses sur la vie de l'artiste, son travail et sa carrière peuvent être suivis par des experts sur la base de son style. Le nom du maître fait référence à l' Autel de Saint-Barthélemy , un retable qu'il a réalisé pour l'église Saint-Kolumba de Cologne . La pièce date de la période 1505-1510 et montre l'apôtre Barthélemy en compagnie des saintes Agnès et Cécile . Il se trouve maintenant à l ' Alte Pinakothek de Munich .

Étant donné qu'une grande partie du travail de cet artiste se rapporte à l' Ordre des Chartreux , on soupçonne qu'il a lui-même été impliqué dans cet ordre en tant que moine ou en tant que frère convers.

Que le maître soit venu des Pays-Bas (du nord), ou du moins y ait été formé, peut être déduit d'un ouvrage ancien, datant d'environ 1475 : le Livre d'heures de Sophia van Bylant, une œuvre du livre gothique tardif . illumination faite dans les environs d'Arnhem ou d'Utrecht.

D'autres retables de sa main sont l'autel marial (Alte Pinakothek) datant d'environ 1480 et les pièces faites pour Cologne pour l'autel de Thomas (vers 1500) et l'autel de la croix (vers 1505), tous deux maintenant au musée Wallraf-Richartz . à Cologne.

Ses œuvres montrent des influences des peintres du sud des Pays-Bas Rogier van der Weyden , Hugo van der Goes et Dieric Bouts .

En plus du livre d'heures et des retables susmentionnés, diverses peintures de dévotion plus petites de lui sont connues.

L'art du maître du retable de Saint-Barthélemy est si distinctif que, bien qu'il y ait peu de documentation sur sa vie au-delà de ses œuvres, les érudits ont relativement facilement reconstitué sa carrière. Peintre, enlumineur et peut-être moine, il s'installe à Cologne, en Allemagne, vers 1480. Beaucoup de ses commandes les plus importantes ont été réalisées pour les Chartreux, un ordre reclus de moines qui avait été fondé près de quatre cents ans plus tôt par Saint Bruno. , originaire de Cologne. Stylistiquement indépendant, le Maître du Retable de Saint-Barthélemy ne semble pas avoir formé d'école. Les œuvres du maître, de style gothique tardif, sont admirées pour leurs gestes théâtraux, leurs couleurs exubérantes et leurs costumes ornés.

Le Maître du Retable de Saint-Barthélemy a probablement été formé aux Pays-Bas. L'une de ses premières œuvres est le livre d'heures de Sophia von Bylant, exécuté à Utrecht ou Arnheim vers 1475. Trois panneaux du retable de la Saint-Barthélemy, d'où le nom du Maître, se trouvent aujourd'hui à l'Alte Pinakothek de Munich.

Voir : https://www.nationalgalleryimages.co.uk/asset/3482/

 

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I. LES QUATRE PANNEAUX EXTÉRIEURS, VISIBLES VOLETS FERMÉS.

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Les quatre panneaux des volets fermés.

 

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La Nativité et l'Adoration des Bergers.

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La Nativité

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L'ange messager et les quatre anges orants portent des phylactères à inscription gothique indéchiffrables sur le cliché mis à notre disposition.

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Adoration des bergers.

 

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L'Adoration des Rois Mages.

Melchior, à longue barbe et aux cheveux gris, est agenouillé pour présenter l'or ; il a posé sa couronne au sol. Sous un manteau de velours noir damassé d'or et à orfrois de perles, il porte une tunique de soie bleue à manches larges et  des chausses ajustées rouges se prolongeant par des poulaines affinées en pointes.

Dans le respect de la tradition iconographique instituée par Bède le Vénérable, vient ensuite Gaspard, jeune encore, portant un coffre d'encens et montrant l'étoile qui les a guidé et est visible par ses rayons à l'union des deux panneaux. Il est vêtu d'une houppelande rouge.

Balthasar est le plus jeune, le plus fringant et, toujours selon la tradition, il a le visage noir et offre la myrrhe. Un turban souligne son origine exotique. Je ne peux préciser si il porte la boucle d'oreille habituelle. Nous remarquons en outre sa riche tunique courte de velours damassé, ses chausses vertes et ses poulaines.

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J. Leeuwenberg et Friedrich Gorissen démontrent de façon absolument convaincante que le paysage situé derrière l'Adoration des Mages peinte sur un des volets du retable du Musée de Cluny représente la ville de Kranenburg, près de Nimègue, sur le côté allemand de la frontière. On identifie, de gauche à droite, la porte de Nimègue, la cathédrale, la chapelle des Pèlerins, la tour du moulin et une autre tour à l'angle des anciens remparts. Un dessin de Cornelis Pronk montre le même aspect de la ville en 1731 et encore une photographie antérieure au bombardement de 1944.

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L'Adoration des Mages.

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Une vue de la ville de Kranenburg près de Nimègue.

 

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LES  SIX PANNEAUX PEINTS  DE LA PASSION, VISIBLES VOLETS OUVERTS.

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Les deux volets.

 

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L'Agonie au jardin de Gethsémani.

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La nuit d'agonie au Mont des Oliviers (jardin de Gethsémani).

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L'Agonie, détail : le paysage.

Est-ce, ce qui est probable, une vue identifiable d'une ville fortifiée de Rhénanie ou bien une vue stylisée de Jérusalem ?

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Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

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L'Arrestation du Christ au jardin des Oliviers.

Le même paysage est repris au fond.

L'Arrestation ; le Baiser de Judas ; Pierre tranchant l'oreille de Malchus.

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Vue de détail.

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Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

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La Flagellation.

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À l'intérieur du palais le Christ est lié à la colonne, et fouetté avec des lanières plombées de boules acérées (dont les marques s'impriment sur le corps nu), et flagellé de branchage. L'un des bourreaux, celui qui rit,  porte sur sa tunique des lettres NAT---. Un troisième bourreau gravit l'escalier avec hâte. Les costumes sont typiques du XVe siècle

Une foule de curieux observe la scène, sur fond de ville flamande.

Au premier plan sont les officiers ou les notables juifs (en arrière), richement vêtus (tunique damassée, collants, houppelande sans manches, ).

 

La Flagellation.

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Le Couronnement d'épines.

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Le Couronnement d'épines.

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Le Portement de Croix, sortie des remparts de Jérusalem. Simon de Cyrène.

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Le Portement de Croix.

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Le Portement de Croix, détail.

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Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

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La Crucifixion.

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La Crucifixion.

 

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La Crucifixion, détail. Les larmes des visages.

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Nous retrouvons tous les détails habituels des enluminures, qui se retrouveront sur les calvaires bretons ou les Passions des verrières finistériennes : les deux larrons, à la braguette nouée par un lacet, liés sur leur gibet ; à gauche Longin perçant le flanc droit du Christ de sa lance ; à droite le Centenier se retournant vers ses hommes en levant le doigt pour dire vere  filius dei erat iste.

La présence de Marie-Madeleine, somptueusement vêtue,  agenouillée bras écartés devant le pied de la Croix, où ruisselle le sang du Crucifié. Son manteau qui est rejeté à l'arrière de ses épaules et tombe en traine derrière elle se retrouvera comme un stéréotype frappant sur tous les calvaires finistériens du milieu du XVIe siècle.

Marie en pâmoison, en robe bleue, voile et guimpe, soutenue par une sainte femme et par Jean, en robe rouge, qui regarde son Maître.

Mais ce qui m'intéresse le plus, c'est la présence de larmes, clairement visibles sur le visage de la Vierge. Celles-ci feront l'objet d'une discussion, après l'examen du retable sculpté, où elles se retrouveront.

 

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Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

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Les larmes sont figurées par trois traits blancs en rayons divergents sous la paupière inférieure : chaque filet se dilate en goutte ovale finale.

C'est exactement ce que les sculpteurs de pierre de Landerneau (les Prigent) reprendront au milieu du XVIe siècle.

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Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

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LE RETABLE SCULPTÉ : LA CRUCIFIXION ET LA DÉPLORATION.

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Le sculpteur a créé un espace rectangulaire étroit évoquant une chapelle, ou un chevet gothique vitré de baies lancéolées et couvert d'une voûte à croisée d'ogives et clef pendante, agrémenté d'entrelacs à crochets formant résille.

La moitié supérieure, se détachant sur les lancettes à remplage savant, représente un Calvaire, avec la Croix (ayant perdu le Crucifié) encadré en V des lances de Longin et de l'éponge de vinaigre , les larrons sur leur gibet en tronc d'arbre (dont les postures reprennent celles de la peinture correspondante  du volet), des anges voletant, le Golgotha portant les ossements (scapula ; iliaque ; fémur articulé à un tibia et un péroné, fémur seul ; vertèbres), et deux scènes à personnages de chaque côté : Judas dissimulé sous une capuche recevant les trente deniers d'un Juif à bonnet conique (avec deux nouveaux exemples d'étoffes damassées) ; et Joseph d'Arimathie en pleur  ouvrant  son tombeau qu'il met à disposition du Christ (et Nicodème ?).

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Judas et les trente deniers. Photo RMN.

 

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Joseph d'Arimathie devant son tombeau. Photo RMN.

 

 

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Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

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La moitié inférieure est réservée, de manière peu habituelle, à une Déploration à six personnages devant un moine chartreux, commanditaire, présenté par l'apôtre André.

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Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

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LA DÉPLORATION : LES LARMES DES SAINTS PERSONNAGES.

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La partie gauche est occupée par la Déploration du Christ à six personnages, et le tiers droit par un moine chartreux agenouillé en donateur sous la tutelle de saint André.

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Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

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A. LA DONATEUR, UN CHARTREUX PRÉSENTÉ PAR SAINT ANDRÉ.

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L'ordre des chartreux a été fondé en 1084 par saint Bruno en vallée de Chartreuse, près de Grenoble.

 En 1337 fut fondée la Chartreuse de Cologne, cité natale de saint Bruno, En 1371, l’Ordre comptait 150 maisons, et en 1521,  on comptait près de 200 chartreuses en activité. .Les Pays-Bas connurent une grande concentration de chartreuses : Chartreuse d'Amsterdam, de Campen, de Delft, de Monichusen, du Mont-Sainte-Gertrude, de Ruremonde,  Sainte-Sophie-de-Constantinople de Bois-le-Duc,  Saint-Sauveur de la Nouvelle-Lumière et de Zierikzee.

 

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Les chartreux sont soit des pères (qui sont prêtres), ou des frères convers, qui assurent les taches subalternes.  Il s'agit bien entendu ici d'un père, voire d'un prieur.

Le moine chartreux, identifiable quant à son ordre par sa tonsure,  sa robe blanche — à trois boutons de manchettes) et sa "cuculle", scapulaire à capuchon et bandes latérales propre à son ordre, et qui porte des sandales noires,  tient, mains jointes, un phylactère portant son oraison. Le texte semble pouvoir être partiellement relevé. 

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Voir :

—Petrus Christus, Portrait d'un Chartreux, 1446. En réalité un frère lais ou convers puisque les Chartreux ne portaient pas la barbe.

Jan Provost, La Vierge et l'Enfant et chartreux

Le retable de saint Barthélémy de l'église Saint-Nicolas de 

https://nl.wikipedia.org/wiki/Meester_van_het_Bartolome%C3%BCs-altaar#/media/Bestand:Meister_des_Bartholom%C3%A4usaltars_001.jpg

https://www.wikiwand.com/fr/Ma%C3%AEtre_du_Retable_de_saint_Barth%C3%A9lemy#Media/Fichier:Meister_des_Bartholom%C3%A4usaltars_001.jpg

Chartreuse de Champmol

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Dijon_-_Chartreuse_de_Champmol,_crucifixion.jpg

https://www.alamyimages.fr/photo-image-un-moine-en-priere-nmarble-sculpture-d-un-chartreux-a-genoux-dans-la-priere-hauteur-10-1-8-in-francais-fin-du-14eme-siecle-95817807.html

 

Henri Bellechose (actif à Dijon 1415-1430), retable de saint Denis

 

 Retable de Saint Georges avec un moine chartreux aux pieds du crucifié, milieu du XVe siècle. Dijon, Musée des Beaux-Arts (provenant de la chartreuse).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Retable_de_Saint_Georges_-_Henri_Bellechose_1416.jpg

Ce retable (Bourgogne, milieu du XVe siècle)  est le pendant du retable de saint Denis peint par Henri Bellechose en 1416 pour le chœur des convers de la chartreuse de Champmol et conservé au Louvre. Il en reprend les dimensions, la composition et le fond doré mais dans un style propre au milieu du XVe siècle. Huile sur bois transposé sur toile marouflée sur panneau.

philactère : miserere mei deus

larmes aux yeux de la Vierge

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Photographie lavieb-aile.

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Saint André et sa croix en X.

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Le patronage par saint André révèle-t-il le nom du moine ?

Les chartreuses vouées à saint André sont :

  • Mont-Saint-André Sint Andries Ter Zaliger Havene (près de Tournai, Hainaut, Belgique)

  • Port-du-Salut de Saint-André (près d'Amsterdam, Pays-Bas)

  • Amsterdam : chartreuse Saint-André-de-La-Porte (1393-1578) (Pays-Bas)

 

 

 

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Le chartreux.

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B. LA DÉPLORATION À SIX PERSONNAGES.

 

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Saint Jean, en larmes.

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La Vierge, en larmes, tenant le Christ dans ses bras.

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ELEMENTS DE DISCUSSION.

a)Voir la Pietà peinte par Rogier van der Weyden en 1465 National Gallery

https://www.nationalgalleryimages.co.uk/asset/3289/

 

b) Prière  « Hâtons-nous d'entrer dans le Cœur du Christ »  du Chartreux Ludolphe de Saxe (vers 1300-1378), docteur vénérable et maître en théologie dit « Ludolphe le Chartreux » après avoir été Dominicain 26 ans, prieur de la Chartreuse de Coblence en Allemagne et Auteur de « Vitae Christi » (Vie de Jésus-Christ), ouvrage qui connut en son temps une large diffusion.

« Le Cœur du Christ a été blessé pour nous d'une blessure d'amour, afin que nous par un retour amoureux nous puissions par la porte du côté avoir accès à son Cœur, et là unir tout notre amour à son divin Amour, de façon à ne faire plus qu'un même amour, comme il en est du fer embrasé et du feu. Car l'homme doit ordonner tous ses désirs vers Dieu par amour pour le Christ et conformer en tout sa volonté à la Volonté divine, en retour de cette blessure d'amour qu'il reçut pour l'Homme sur la Croix, quand la flèche d'un amour invincible perça son très doux Cœur… Rappelons-nous donc quel Amour plus qu'excellent le Christ nous a montré dans l'ouverture de son Côté en nous ouvrant par-là large accès à son Cœur. Hâtons-nous d'entrer dans le Cœur du Christ, recueillons tout ce que nous avons d'amour pour l'unir à l'Amour divin, en méditant sur ce qui vient d'être dit. Amen. » Ludolphe le Chartreux (vers 1300-1378) – « Vitae Christi » (Livre II, Chapitre 64)

 

 

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SOURCES ET LIENS.

 

Le retable.

1°) Labarte (Jules), 1847, Description des objets d'art de la collection privée de Louis Fidel Debruge-Dumenil.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65241439.texteImage

"n°1481 — Autel domestique renfermant une grande composition sculptée de ronde bosse et coloriée. = Le Christ mort.
Le corps de Jésus repose sur les genoux.de la Vierge; la Madeleine, agenouillée, contemple la tête du Sauveur; saint Jean et deux saintes femmes se tiennent debout derrière la Vierge; l'une essuie ses larmes, l'autre s'apprête à parfumer le corps du Christ. Sur le premier plan, à droite, le donataire, moine de l'ordre des chartreux, est à genoux.
Derrière lui, saint André, son patron, lui montre du doigt le fils de Dieu, mort pour racheter les péchés du monde. Dans le fond , on aperçoit le calvaire sur lequel les deux larrons sont encore en croix ; à droite, Joseph d'Arimathie et Nicodème préparent le tombeau; à gauche, quelques personnages.
Cette composition est renfermée dans une niche dont le fond est décoré de six fenêtres disposées dans le style ogival flamboyant de la fin du xve siècle. Des festons découpés à jour et dorés sont suspendus aux arceaux de la voûte, qui forme un riche dais au-dessus du groupe principal.
Le Christ et les sept figures qui l'entourent ont 26 à 28 centimètres de hauteur. La Vierge et les saints sont revêtus des plus riches habits.
Cette sculpture polychrome, exécutée avec beaucoup de perfection, appartient à l'école allemande de la fin du xve siècle.
La niche est fermée par deux volets, sur chacun desquels sont peints à l'intérieur trois tableaux de 25 centimètres de haut sur 17 de large. Les sujets représentés sont, dans le volet droit: Jésus au jardin des Olives, la trahison de Judas, la flagellation; dans le volet gauche : le couronnement d'épines, le portement de croix, la crucifixion. Ces peintures sont attribuées à Martin Schongauer ou Schon , célèbre peintre et graveur, né à Augsbourg, mort à Colmar en 1499. Les volets, réunis à l'extérieur par la fermeture, présentent encore deux tableaux : dans la partie supérieure, la Vierge, saint Joseph et les anges en adoration devant Jésus qui vient de naître; dans le bas, l'adoration des mages. Ces deux peintures sont d'un autre maître. Ce précieux monument a été publié par M. Du Sommerard, dans Son Atlas, ch. XI, pl. Il. — H 85 cent., L. 44, Profondeur20."

2°) DU SOMMERARD (  Alexandre ), 1839, Les arts au Moyen Age : en ce qui concerne principalement le palais romain de Paris l'Hôtel de Cluny, issu de ses ruines et les objets d'art de la collection classée dans cet hôtel, Paris : A l'hôtel de Cluny ... : Et chez Techenev  . Planches gravées par Alfred Lemercier et A. Godard, 

https://archive.org/details/gri_33125008573392/page/n126/mode/1up

 

3°) DU SOMMERARD (Edmond), Musée des Thermes et de l'Hôtel de Cluny. Catalogue et description des objets d'art [...], Paris : Hôtel de Cluny, 1867, 426 p. page 61.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56080940/f114.item.texteImage

 

 

 

710. —Grand triptyque ou autel domestique en bois sculpté de ronde bosse, peint et doré, fermé par des volets décorés de sujets peints à l'intérieur comme à l'extérieur; ouvrage allemand- de la lin du xve siècle.
La scène principale représente la Descente de, croix : le corps de Jésus repose sur les genoux de la Vierge ; la Madeleine agenouillée contemple la tête du Sauveur, et deux saintes femmes se tiennent debout près d'elle. Sur le premier plan, à droite, le donateur, moine de l'ordre des Chartreux, se prosterne à genoux dans l'attitude de la prière, assisté de son patron, saint André.
Dans le fond, l'on aperçoit le Calvaire et les larrons en croix, et à droite Joseph d'Arimathie et Nicodème préparant le tombeau. Au-dessus du groupe de figures règne un dais formé par des festons découpés à jour et dorés, et le fond est décoré de six fenêtres disposées dans le style ogival de la fin du xv* siècle. Le Christel les figures qui l'entourent ont 0,n,26 à 0m,28 de hauteur.
Sur les volets sont peintes diverses scènes de la passion du Christ ; sur le. volet de droite on distingue Jésus au jardin des Olives, la Trahison de Judas, la Flagellation ; sur celui de gauche, le Couronnement d'épines, le Portement, de croix et la Crucifixion.
L'extérieur des volets présente en outre deux tableaux : la Vierge, saint Joseph, la Nativité, les Anges, puis l'Adoration des mages. — Ces peintures, d'une excellente exécution, sont attribuées à Martin Schongauer ou Schon,célèbre peintre et graveur, mort à Colmar en 1499.
Cet autel domestique, qui faisait partie de la collection Debruge avant de passer dans celle du prince Soltikoff, est dans un état de conservation remarquable, et les détails de son exécution sont traités avec une habileté hors ligne. Les peintures, ainsi que la dorure, sont du temps, et n'ont subi aucune- altération. Il a été acquis par le Musée en avril 1861, lors de la dispersion de la galerie Soltikoff.  

4°) Exposition  "Arnt le sculpteur d'image maître des sculptures animées" du musée Schnütgen de Cologne 2020-2021.

https://museum-schnuetgen.de/Arnt-the-sculptor-of-images

https://museum-schnuetgen.de/Master-Arnt-a-present-from-Paris

"Qui était Maître Arnt de Kalkar et Zwolle ?
La première exposition consacrée au fondateur d'une riche école de sculpture du Bas-Rhin transportait les visiteurs à l'époque de la fin du Moyen Âge. Une soixantaine d'œuvres de l'artiste, qui a travaillé entre 1460 et 1491 environ, étaient exposées. L'œuvre gothique tardive de Maître Arnt captive par une vivacité extraordinaire, un large éventail de sujets et des détails narratifs.

Début 2019, le Museum Schnütgen a réussi à acquérir trois fragments précédemment perdus, avec lesquels un chef-d'œuvre de Maître Arnt, un panneau d'un retable avec l'Adoration des Mages, peut être complété et ainsi être montré pour la première fois.
Une autre œuvre importante du sculpteur provient de la Nicolaikirche à Kalkar. Le retable de Saint-Georges d'une largeur de cinq mètres (lorsqu'il est ouvert) est présenté pour la première fois à l'extérieur de l'église dans cette exposition.
D'autres prêts de premier plan – pour ne citer que quelques prêteurs internationaux – proviennent du Rijksmuseum d'Amsterdam, du Musée de Cluny à Paris et du Musée Art & Histoire de Bruxelles, ainsi que de nombreuses églises du Bas-Rhin.

Le Bas-Rhin et les Pays-Bas
Maître Arnt représente l'interconnexion des impulsions artistiques du Bas-Rhin avec celles des Pays-Bas voisins : de 1460 à 1484 environ, il travailla le long du Bas-Rhin à Kalkar, et de 1484 à 1491 environ à Zwolle, l'actuelle capitale de la province néerlandaise. d'Overijssel. Son atelier a fourni des sculptures pour de nombreux endroits autour d'IJsselmeer et de la région autour de Clèves.
En plus des retables avec des reliefs narratifs figuratifs et des statues de saints, des figures individuelles frappantes du Christ, des anges et de la Vierge à l'Enfant font partie de l'œuvre survivante de Maître Arnt. "

 

Les auteurs.

1°) Le Maître Arnt de Woole ou Arnt de Kalkar

—BEAULIEU (Michèle), 1958. Le maître du retable de Saint Georges à Kalkar. In: Bulletin Monumental, tome 116, n°4, année 1958. pp. 286-287.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1958_num_116_4_4040_t1_0286_0000_1 

Le maître du retable de saint Georges à Kalkar

Avec son habituelle sensibilité, Jaap Leeuwenberg tente de reconstituer, en se basant sur les seules caractéristiques du style, l'œuvre du maître anonyme du retable de saint Georges à l'église Saint-Nicolas de Kalkar. Il étudie d'abord un groupe de la Déploration du Christ récemment acquis par le Rijksmuseum d'Amsterdam, groupe qui se trouve être l'exacte répétition de la partie centrale d'un petit retable du Musée de Cluny (Catalogue des bois sculptés, 1925, n° 111). Les deux pièces ont manifestement été exécutées par le même artiste, originaire de la région de Clèves. Il convient de joindre aux groupes d'Amsterdam et de Paris, la Mise au tombeau faisant partie des collections du prince de Salm-Salm, qui présente, en effet, beaucoup d'affinités dans le type des figures et le style des vêtements. D'autre part, le retable de Kalkar offre, avec le seul retable de Paris, des ressemblances frappantes dans le traitement des rochers et surtout des touffes de chardon qui ne se rencontrent dans aucune autre sculpture du Bas-Rhin. J'avoue être moins convaincue — autant que l'on puisse juger d'après une photographie — par l'attribution au maître de Kalkar du grand calvaire appartenant aussi au prince de Salm-Salm. J. Leeuwenberg et Friedrich Gorissen démontrent de façon absolument convaincante que le paysage situé derrière l'Adoration des Mages peinte sur un des volets du retable du Musée de Cluny représente la ville de Kranenburg, près de Nimègue, sur le côté allemand de la frontière. On identifie, de gauche à droite, la porte de Nimègue, la cathédrale, la chapelle des Pèlerins, la tour du moulin et une autre tour à l'angle des anciens remparts. Un dessin de Cornelis Pronk montre le même aspect de la ville en 1731 et encore une photographie antérieure au bombardement de 1944. Le donateur du retable du Musée de Cluny, un Chartreux, avait donc vraisemblablement des rapports avec la ville de Kranenburg, dans laquelle il n'y eut cependant jamais de Chartreuse ; mais les Chartreux de Roermond avaient acquis des terres près de Nimègue et, depuis 1483, possédaient une maison dans la ville. La présence d'un tiroir dans la partie basse du retable du Musée de Cluny semble indiquer qu'il n'était pas destiné à une grande église, mais à une chapelle privée, peut-être celle des Chartreux de Nimègue. Quant au retable de Kalkar, il a été commandé par un certain Peter Gisen qui s'est fait représenter sur les volets avec toute sa famille. Le donateur est mentionné comme bourgmestre de la ville de 1483 à 1486, il mourut en 1493. — Oud-Holland, 1958.


—LEEUWENBERG, (Jaap), GORISSEN (Friedrich),1958 De meester van het Sint-Joris-altaar te Kalkar In: Oud-Holland vol. 73 (1958) p. 18-42

https://www.jstor.org/stable/42718433

https://www.youtube.com/watch?v=AAmsiv6-J-M&t=1s

2°) Le Maître de saint Barthélémy

Objection : les costumes sont différents, notamment les chaussures sont rondes et non à la poulaine.

— Descente de croix (Déposition) vers 1475-1525 (Louvre) /v. 1495 Philadelphia / 1500-1505 (NGA)

a) Le Louvre

https://collections.louvre.fr/en/ark:/53355/cl010062591

b) National Gallery

https://www.wga.hu/frames-e.html?/html/m/master/bartholo/descent2.html

Peintre par excellence de Cologne au tournant du siècle, cet artiste méconnu porte le nom du Retable de la Saint-Barthélemy aujourd'hui à Munich, et est également l'auteur d'une version beaucoup plus grande de la Déposition, aujourd'hui au Louvre. Dans les images de Paris et de la Galerie nationale, la scène semble se dérouler dans un sanctuaire sculpté et doré, imitant les tabernacles allemands sculptés du XVe siècle avec leurs entrelacs gothiques et leurs statues peintes.

Le thème est ainsi placé devant nos yeux à Cologne (du moins aurait-il semblé à un spectateur contemporain, agenouillé devant cette image en dévotion privée). Les rochers et le crâne du premier plan précisent cependant le lieu historique de la Crucifixion : Calvaire ou Golgotha (« lieu d'un crâne » dans les langues des Évangiles). Tel un maître d'école médiéval, l'artiste se propose de nous enseigner les étapes de la spiritualité chrétienne. Nous attirant par le motif, l'or et la couleur riche, il nous conduit à l'empathie sensorielle, d'abord d'un genre agréable, avec les riches textures du brocart de la Madeleine mondaine et les magnifiques perles et glands du vieux Joseph, le « riche d'Arimathie » (Matthieu 27:57). Puis il nous emmène au-delà du plaisir, vers le bois dur de l'échelle et de la croix, vers la douleur physique et la douleur mortelle. D'énormes gouttes de sang jaillissent des plaies ouvertes du Christ, et des larmes surdimensionnées scintillent sur les joues des autres personnages. Leurs yeux sont rouges à force de pleurer. Les bras du Christ sont enfermés dans la rigor mortis et son corps devient gris de mort. Comme l'enseignaient les vifs manuels de dévotion de l'époque, nous devons imprimer son message dans les cœurs purs, revivant dans la méditation ce moment le plus douloureux de la Passion. Ce n'est qu'alors que nous pourrons atteindre l'objectif des mystiques de l'imitation du Christ et de ses saints.

Les figures sont soigneusement différenciées : Nicodème sur l'échelle abaisse le corps du Christ à Joseph d'Arimathie, qui a fait don de son propre tombeau pour l'enterrement du Christ. Saint Jean soutient la Vierge évanouie. Marie-Madeleine au pied de la croix serre sa tête presque pliée de chagrin. Un jeune auxiliaire a accroché sa jambe autour de la traverse, et les deux autres Maries se tiennent au fond, l'une priant, l'autre contemplant la couronne d'épines en réconfortant la Madeleine. Hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres, trouvent leur place devant leur Sauveur crucifié.

 

c) Philadelphia Museum of Art, 1495

https://philamuseum.org/collection/object/102556

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AEtre_du_Retable_de_saint_Barth%C3%A9lemy#/media/Fichier:Bottega_del_maestro_dell'altare_di_san_bartolomeo,_deposizione,_1495_ca..JPG

3°) Les chartreux :

 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56080940/f114.image.r=chartreux#

Ludolphe de Saxe, Vie de Jésus-Christ, traduction en français de la Vita Christi. BnF Français 178,  Ludolf de Saxe (13..?-1378),  Colombe, Jean (143.-1493?). Enlumineur, Cercle Pichore (149.-151.). Enlumineur

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105206322.image

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Peinture. Retable Passion Déplorations
2 août 2023 3 02 /08 /août /2023 18:17

Les ex-voto de la chapelle Sainte-Barbe.

Les ex-voto de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët : cinq tableaux peints à l'huile au XVIIe siècle exposés dans le bras gauche du transept.

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Voir sur Le Faouët :

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a. La chapelle Sainte-Barbe et ses vitraux:

  • La tribune seigneuriale (premier quart du XVIe siècle, vers 1512) de Louis de Boutteville et Jeanne du Chastel  en la chapelle Sainte-Barbe du Faouët.

  • Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët (56) : IV. Baie 3, le Martyr de sainte Barbe.

  • Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët (56) : I. Baie 6, Ascension et Pentecôte.

  • Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët (56) : II. la Transfiguration. Baie 2. ca. 1512-1515.

  • Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Ste-Barbe du Faouët (56) : III. Le vitrail de sainte Barbe, en baie 1.

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b. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre:

  • Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët (56), associé à la Passion et au collège apostolique. Verrière de la baie 4. Un vitrail du XVe siècle.

  • Le vitrail de la Passion de la chapelle Saint-Fiacre

  • La Passion de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët (56).

  • Le vitrail dela Sainte Parenté

  • Le vitrail de la Vie de saint Fiacre

  • Le vitrail de la Vie de saint Jean-Baptiste, chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët (56).

  • Les sculptures de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët.

  • Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef (Ouest). B. La tribune.

  • Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. I. Le coté de la nef.

  • Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. II. Le coté du chœur.

  • La bannière Le Minor réalisée en 1991 sur un carton de Toulhoat.

  • Le retable de Saint-Sébastien (granite polychrome, vers 1450, atelier du Folgoët)  de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët.

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​c. Chapelle Saint-Sébastien, Le Faouet.

  • Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).

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d. Eglise du Faouët.

  • Les gisants ou dalles funéraires de Perronnelle de Boutteville et de Bertrand de Trogoff en l'église du Faouët.

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e. le Musée du Faouët.

  • Les portraits des jolies filles ... des musées bretons.


 

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PRÉSENTATION.

Je ne trouve aucune description patrimoniale des cinq tableaux peints avec la mention EX VOTO et la figure de sainte Barbe dans des nuées, suspendus dans le bras gauche du transept sous la tribune, hormis celui qui, daté de 1683, fait l'objet d'une notice succinte IM56002730 par Denise Dufief en 2009. Celui-ci est classé depuis 1939.

Les autres tableaux sont-ils classés également ? Certains, exposés en 2011, ne le sont plus. Une campagne de restauration est-elle en cours ?

N'ayant pas trouvé de réponse en ligne à mes questions, je dois me contenter de les présenter et de les décrire.

Tous ont la même taille (environ 90 cm x 135 cm), tous sauf un sont peints sur un support à quatre planches horizontales entre deux planches verticales, tous font apparaître la figure de sainte Barbe dans des nuées sur un des coins supérieurs et l'inscription EX VOTO dans un des coins inférieurs, tous ont un cadre assez identique et sont entourés de baguettes dorées.

Tous les paysans portent la même veste de drap blanc, les mêmes chausses (bagou), les mêmes guêtres boutonnées et le même chapeau rond à guides sur des cheveux longs bouclés.  Mais je m'attacherai à déceler certaines différences dans ces similitudes.

 

Tous les paysans et paysannes portent des sabots de bois.

Toutes les paysannes portent la même coiffe blanche à pans cassés encadrant le visage en rayon d'abeille, la plupart une chemise blanche et un corsage, toutes un ample tablier.

Car nous sommes ici, au Faouët, dans un pays qui a adopté la giz fouen de Cornouailles, sauf dans l'emprunt du costume masculin qui est du pays Pourlet.

Il est curieux de remarquer que R.Y. Creston, dans Le costume breton, cite spécifiquement, parmi les territoires importants de la giz-fouen, "Sainte-Barbe au Faouët" (p.80).

Voir sur ce costume :

 

http://www.collections.musee-bretagne.fr/resultat.php?index[]=repr&value[]=%22Costume+de+Basse-Bretagne%2C+Mouton+blanc%22&nr=1&bool[]=

 

https://www.lavieb-aile.com/article-bulat-pestivien-lutrin-anthropomorphe-en-costume-breton-97565171.html

https://www.lavieb-aile.com/article-guiscriff-lutrin-anthropomorphe-en-costume-breton-94968003.html

https://www.lavieb-aile.com/2015/09/la-tribune-des-peches-capitaux-de-la-chapelle-saint-yves-a-priziac.html

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1)° Ex-voto dédié à sainte Barbe : incendie d'une étable, trois paysans agenouillés.

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L'étable est en feu : le cochon et quatre boeufs sont sortis. La maison principale est indemne. Les occupants sont agenouillés face à sainte Barbe qui, dans des nuées, intercède pour eux, tenant la palme du martyre. Elle porte une robe blanche et un manteau rouge.

La sainte est invoquée contre la foudre, cause principale des incendies.

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Les deux femmes portent la coiffe ou capot à quatre pans et deux rabats devant la gorge. Leur robe à manche courte est rouge, au dessus d'une chemise fermée aux poignets par trois boutons. La seconde femme porte un tablier à rabat pectoral.

L'homme porte une culotte noire non plissée et des bas gris, mais surtout une veste de drap blanc, à manches, boutonnée aux poignets, à lisière brodée de rouge ( ou bien :au dessus d'un gilet rouge).

                                                                       

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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3°) Ex-voto dédié à sainte Barbe : un homme sauvé de la noyade dans le bief d'un moulin à roue. Peinture à l'huile sur bois.

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Tandis qu'un homme porte secours à un autre homme vêtu de rouge qui est en train d'être emporté par le fort courant du bief, une femme âgée, vêtue de noir, est agenouillée pour prier. Une autre femme, également agenouillée, invoque sainte Barbe en levant les bras et et en regardant le ciel. Précisément, la sainte apparaît dans une nuée. Elle porte, comme précédemment, la robe blanche et le manteau rouge, elle tient la palme, et ses cheveux sont noirs.

 

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Nous pouvons supposer que le moulin se trouvait sur le cours de l'Ellé, et que la chapelle qui est représentée dans les bois soit celle de Sainte-Barbe. En effet, deux moulins sont signalés précisément en contre-bas de la chapelle sur la carte de Cassini de 1784, et un figure toujours, avec la mention Moulin à papier du Grand-Pont, sur la carte Scan 1950 d'IGN.

La vue serait donc prise  d'est vers l'ouest.

En 1780, Ogée signalait au Faouët les moulins " de Barrigan, de Rerzen, du Mur, du Guel, de Diarnelez, à  eau; moulin à papier du Grand-Pont".

Comme nous voyons une route traverser la rivière (ou du moins le bief) sur un pont, je propose de localiser la scène au "Grand Pont". Sans garantie, mais cela permet d'imaginer que la femme que nous voyons est Catherine Le Gorgeu :

"Les vestiges du moulin du Grand-Pont sont encore présents à proximité de la retenue d'eau et du chemin de randonnée.Le moulin d'en bas situé en contrebas, en aval, a disparu. Trois moulins sont identifiés, à proximité les uns des autres, autour du Grand-Pont, sur la rive droite de l’Ellé qui sépare le Faouët de Priziac. Il est difficile de déterminer avec exactitude le nom de tous les maîtres papetiers qui ont dirigé, suivant les époques, chacun des moulins ainsi que ceux des ouvriers qui y étaient attachés. Il semble que parfois leur gestion fut autonome. Les moulins ont été dirigés par des familles liées entre elles. L'acte de naissance, le 12 juillet 1669, de Marc Le Gorgeu, fils de François, indique que la marraine, Catherine, sœur de François, demeure aux moulins à papier du Faouët, ce qui indique qu'au moins deux de ces moulins fabriquaient déjà du papier à cette époque. Dans la première moitié du XVIIème siècle, plusieurs patronymes de papetiers figurent sur les registres de la paroisse. Aucun élément écrit n'a pu toutefois apporter la preuve de la profession de ceux-ci. L'importance de la localité semble cependant indiquer que les seigneurs du Faouët aient soutenu bien plus tôt, comme à Priziac et à Lignol, la fabrication du papier nécessaire aux actes de leur juridiction. " (Caroline Leroy-Deniel)

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Carte de Cassini, Gallica

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IGN/Scan 1950

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Carte IGN

 

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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La femme porte la coiffe, un tablier ou devantier rouge à rabat, et une robe noire ouverte sur la poitrine, et une chemise blanche ourlée de noir aux poignets.

L'homme porte le costume masculin du Pays Pourlet dit gwennedour, ou "mouton blanc"  associant la veste (chupenn) de drap blanc et le gilet  (jiletenn) noir, largement pourvu de boutons de cuivre, ainsi que la ceinture large (gouriz) en cuir  à fermeture en cuivre ciselé.

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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3°) Ex-voto dédié à sainte Barbe : début d'un incendie dans les maisons d'un hameau, quatre paysans agenouillés . Peinture à l'huile sur bois.

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Le feu a détruit le toit d'un petit bâtiment et s'étend aux maisons voisines, couvertes de chaume a priori.

Une fois encore, sainte Barbe est appelée à la rescousse : c'est la patronne des pompiers !

Deux hommes sont déjà à genoux, un autre, plus jeune, joint  les mains.

Ils portent le chapeau rond à guide , les sabots , les guêtres à quatre boutons de cuivre, la culotte large (bagou braz), et la veste blanche, au dessus d'un gilet rouge (ou bien ourlée de rouge?) à quatre boutons dorés aux poignets, comme dans le premier tableau.

Mais nous voyons clairement les rangées de boutons de la veste elle-même, boutons qui deviendront de plus en plus nombreux en pays Pourlet selon la mode des "mille boutons".

La femme porte une jupe ou un devantier rouge et un corselet vert à manches. Et la coiffe locale, bien entendu.

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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4°) Ex-voto dédié à sainte Barbe : naufrage d'un trois-mâts . Peinture à l'huile sur bois.

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L'agencement des planches du tableu est différent mais la composition est la même que pour les autres tableaux, avec la mention EX VOTO et sainte Barbe dans le coin opposé.

Un peintre s'était-il installé  pour proposer aux pèlerins cette production?

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Dans une tempête, de fortes lames couchent deux trois-mâts et les menacent de naufrage. Un homme, un officier de marine en costume rouge et perruque, implore la sainte.

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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5°) Ex-voto dédié à sainte Barbe : Marie-Jacquette Guegant de Kerbiquet sauvée après sa chute de son carrosse. Peinture à l'huile sur bois, 1683.

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Selon la notice IM56002730 cette peinture à l'huile de 90 cmx 135 cm, classée en 1939, représente dans un Ex-voto à sainte Barbe datant de 1683,  Marie-Jacquette Guegant de Kerbiquet épouse de Nicolas François du Fresnay, chevalier, seigneur marquis du Faouët : sur un fond de paysage, Marie Jacquette chute, depuis une voiture à attelage, tandis que  sainte Barbe  apparaît en providence dans une nuée.

François du Fresnay, baron du Faouët, par son mariage avec Jacquette-Marie Guégant, l'unique héritière du chevalier Claude Guégant.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM56002605

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La cloche "Claude Marie" de l'église paroissiale du Faouët  notice IM56002605 porte l'inscription  C.M. BENEDICAT A.V.D.I.B. MARITEAU RECTORE DU FAOUËT NOMINATA AB ILLUSTRISSIMIS D.D.C. DE GUEGANT DE ; 2 : K (ER) BIGUET ET D.M. DVFRESNAY DE DERNOTHON EX CONSENSU ILLUSTRI VIRI D.D. NICOLAI F DU FRESNAY D. MARCHIONIS DU FAOUËT ANNO 1681 ; 3 : I LE SOVEF FONDEUR

Elle a été commandée à l'occasion du mariage de Nicolas François du Fresnay et de Jacquette Marie Guegant de Kerbiquet, et fondue en 1681 par Julien Le Soueff.

Le manoir de Kerbiquet est situé à Gourin, au lieu-dit Kerbiquet. Le manoir actuel a été construit entre 1564 et 1580 par Louis Guégant, procureur royal de Gourin. La seigneurie de Kerbiquet appartient à la famille Guégant de 1445 à 1663. Elle passe à François du Fresnay, baron du Faouët, par son mariage avec Jacquette-Marie Guégant, l'unique héritière du chevalier Claude Guégant. En 1754, le manoir devient la propriété de Jean Joseph Euzennou de Kersalaün

  • https://laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=570
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Manoir_de_Kerbiquet

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Description.

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Devant une colline boisée au sommet duquel nous distinguons un manoir, un carrosse jaune et noir passe sur une route. Il est tiré par un (ou deux) cheval dirigé par un valet en livrée rouge à parements et boutons or, et tricorne. Deux autres domestiques sont grimpés à l'arrière. 

Le carrosse possède deux vitres et a priori deux portières, dont l'une est ouverte. C'est là, pour ce que nous voyons, la cause de la chute de la baronne, qui est étendue par terre, les bras écartés. Elle est vêtue de mousseline rose, on devine des colliers et bracelets de perles ou brillants sur ses bras nus. Elle porte une perruque.

Un homme, sans doute son mari le baron François du Fresnay, accourt vers elle : il porte un costume bleu, une chemise à jabot, et un tricorne.

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Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les ex-voto peints de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— COPY (Jean-Yves), MENOU (Jean-Claude), MOIREZ (Denise) ; BOISSÉ (Claude), CADIOU (Jacqueline), 1965 RIOULT (Jean-Jacques) 2021, Dossier IA00008412 de l'Inventaire et Etude d'inventaire sur le canton du Faouët:

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/b745903b-0b22-4047-90d0-10125fed6231

— DUFIEF (Denise) ; QUILLIVIC (Claude), 1992, 2009-2010, Notice Palissy IM56002709

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM56002730

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Published by jean-yves cordier - dans Peinture. Chapelles bretonnes. Le Faouët. Ex-voto.
10 avril 2023 1 10 /04 /avril /2023 10:03

Un geste d'embaumement sur la Piétà de Tarascon du musée de Cluny ?

Un geste d'embaumement par Marie-Madeleine sur la Déploration ("Piétà") de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Dépôt du Louvre Cl 18509.

Balming of Christ's body.

Voir sur le musée du Moyen-Âge de Cluny :

  • La chapelle de l'Hôtel de Cluny.
  • Les cheminées du Mans exposées au Musée du Moyen-Âge de Cluny.
  • Les vitraux de l'église de Betton (35) exposés au musée de Cluny.
  • Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

 

 

Voir sur les Déplorations et Pietà :

  • La chapelle de la Trinité (An Dreïnded) de Lanridec en Pleyben et sa vierge de Pitié aux anges de tendresse.

  • Les statues de l'église de Plourin-les-Morlaix (3).

  • Les deux Vierges de Pitié (kersantite, v. 1555) de l'arc de triomphe (1725) de l'église de Pleyben.

  • La Vierge de Pitié (1738)  et le dais (Bastien Prigent, kersantite,  1555) du calvaire monumental de l'enclos de Pleyben.

  • Le calvaire de Plourin-lès-Morlaix. Roland Doré, 1630

  • Le calvaire de la rue de la Tour d'Auvergne à Landerneau et sa Vierge de Pitié.

  • La Vierge de Pitié du cimetière de Plouvorn et celle de la fontaine de la chapelle de Lambader.

  • Le calvaire (kersanton, v.1550, atelier Prigent), de Croas-Lambader à Plougourvest et deux pièces (Vierge de Pitié et Jésus parmi les Docteurs) d'un calvaire monumental (kersanton, v. 1550 ou 1600) de Lambader.

  • La Vierge de Pitié de l'église Saint-Rémy de Camaret-sur-Mer.

  • Fragments d'un calvaire au cimetière de La Forest-Landerneau.

  • L'église Notre-Dame de Collorec : ses statues.

  • La Pietà aux trois anges de tendresse de l'église de Plozévet.

  • La Pietà aux trois larmes (kersanton, XVIe, atelier Prigent) de la croix de Tal-ar-Groas à Crozon.

  • Le calvaire (kersanton, Prigent ?, XVIe siècle ; 1762 ; 1887, mission) du cimetière bas de La Forest-Landerneau.

  • Le calvaire de 1562 de l'église de Saint-Divy.

  • La Collégiale du Folgoët XIII. Le calvaire. (atelier Prigent. Pietà : 3 larmes)

et hors blog: 

  • La Déploration à 6 personnages de Plourin par les Prigent  Les 3 larmes.

  • La Pietà du calvaire de Kerabri à Gouezec vers Lothey, datée de 1556 par inscription. Trois larmes. Atlas n°1260.


 

Les Déplorations : Voir  (classé par ordre chronologique approximatif) :
 

  • La Déploration du calvaire (granite et grès arkosique, Maître de Quilinen, vers 1500) de l'église de Mellac.

  • La Déploration du calvaire (granite, Maître de Quilinen, vers 1500) de l'église de Motreff.

  • La Déploration de la chapelle de Quillinen à Landrévarzec.

  • Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts.

  • Le retable de la Déploration (1517) de l'église de Pencran (29). Onze personnages.

  • La Déploration (kersanton polychrome, vers 1525, par le Maître de Cast ) de la chapelle du Pénity de l'église Saint-Ronan de Locronan.

  • ​​​​​​L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic III. La Déploration en kersanton polychrome par les frères Prigent (1527-1577). Cinq personnages.

  • La Déploration (Grès arkosique , Maître de Laz, vers 1527) du calvaire de Saint-Hernin.

  • La  Déploration à six personnages (chêne polychrome, XVIe siècle) de l'église de Lampaul-Guimiliau.   

  • L'église de Ploéven, la Déploration (pierre polychrome, 1547 ).

  • Les sculptures de l'église de Bodilis : le retable de la Déploration. Neuf personnages.

  • La Déploration (kersanton, Maître de Saint-Thégonnec, vers 1610) du calvaire de Saint-Thégonnec.

  • La Déploration (kersanton, Roland Doré, milieu XVIIe siècle)  de l'église Saint-Idunet de Châteaulin.

  • L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonevez-du-Faou. IX. Le calvaire (granite et kersantite, Maître de Guimiliau, 1575).

  • La Déploration à six personnages du calvaire (granite, fin XVe siècle "suiveur de l'atelier de Tronoën") de l'église de Guengat.

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PRÉSENTATION.

1. Présentation générale (d'après les sites de référence)

Cette peinture provençale du 15e siècle représente le thème de la Pietà, ou plutôt de la Déploration puisque plusieurs personnages accompagnent la Vierge.  La Vierge éplorée porte sur ses genoux le corps de son fils Jésus. Elle est entourée de Jean et des trois Marie, dont Marie-Madeleine, reconnaissable à ses cheveux dénoués et à son pot de parfum, ou plutôt d'onguent. La scène insiste sur la douleur (mines tristes, couronne d’épines, présence du sang…) et amène à réfléchir sur la souffrance et la mort.

Le tableau est presque certainement  celui qui, selon un inventaire de 1457, se trouvait dans la chambre de Jeanne de Laval, seconde femme du roi René . Il était qualifié de "neuf" en 1457, et ornait la "chambre neuve de la reine" du château de Tarascon, avec la description suivante : unum retabulum Domini-Nostri- Jesu-Christi, in brachiis Nostre Domine, novum . Si tel est le cas, il aurait alors été commandé par le roi René (1409–1480), duc d’Anjou, comte de Provence, roi de Naples et de Sicile.

L’œuvre se trouvait dans l’hospice de Tarascon en 1910 lorsqu’elle a été acquise par le musée du Louvre puis déposée au musée de Cluny. A cette date, en arrière-plan, se développait un ample paysage dominé par la silhouette de Jérusalem (entre le Christ et saint Jean, au niveau du bras droit du Christ, un fragment brunâtre de cet ajout des 16e – 17e siècles a été préservé). Il a été retiré en 1950, découvrant un fonds d'or, délicatement parcouru de rinceaux estampés et égayé d’auréoles poinçonnées à petits motifs géométriques et de fleurettes.

L’œuvre s’inspire des compositions des grands maîtres de la peinture flamande (Van Eyck , Robart Campin, et Rogier van der Weyden, en particulier) et plus directement encore de la Pietà d’Avignon peinte par Enguerrand Quarton pour la collégiale de Villeneuve-les-Avignon, aujourd’hui au musée du Louvre (*). Plus chargée en personnages, d’un tracé un peu dur, mais chargée de la douce lumière caractéristique des peintres du Midi de la France, la Pietà de Tarascon pourrait être l’œuvre de l’atelier des frères Dombet basé à Aix-en-Provence. L’œuvre est présentée dans les nouvelles salles du musée, après restauration (2021).

(*) Pour Charles Sterling,  l'influence s'étant transmise par le Maître de l'Annonciation d'Aix et ses disciples provençaux : l'auteur de la Pieta d'Avignon et celui du retable de Boulbon — à huit kilomètres de Tarascon — peint la même année 1457 et dans une manière tout à fait semblable à celle de la Pieta de Cluny.

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2. Description.

"Au centre, la Vierge est assise, en vêtement bleu à orfroi d'or et bordure de col à inscription stylisée, IHM ; sur ses genoux, le Christ mort, la tête vers la gauche, une longue traînée de sang coulant de la plaie du côté droit ; à gauche, saint Jean, en robe rouge et manteau vert, retire la couronne d'épines ; à droite, Madeleine, vêtue d'une robe rose et d'un manteau vert pâle à bordure d'hermine, les cheveux blonds éployés sur le dos, agenouillée, tenant un vase d'une main et une plume de l'autre dont elle répand des essences sur les plaies des pieds du Christ ; à droite, une sainte femme (Marie ?) vêtue de rouge, baise la main du Christ ; et une autre femme sainte portant un chaperon blanc et un manteau pourpre, joint les mains en prière. Le fond d'or, gravé de rinceaux de feuillages stylisés et des nimbes des personnages, a été mis à jour après restauration en 1951 : il était recouvert d'une couche picturale représentant la base de la croix, la ville de Jérusalem et un paysage, exécutés au XVIe siècle. " (Musée du Louvre)

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3. Mon questionnement.

 

En lisant les descriptions des experts du Louvre, je m'interroge  sur la "plume" tenue par Marie-Madeleine, que je considère être une lancette (scalpel), instrument ancillaire de la chirurgie médiévale, et notamment des saignées. La couleur grise indique que l'instrument est en métal, voire même en argent. Or, je ne parviens à retrouver dans mes recherches en ligne aucune réflexion sur ce geste singulier.

Cela pourrait être une "spatule"  ou "cuiller à onguent", accessoire de prélèvement et d'application des onguents, puisque le "pot à onguent", attribut caractéristique de Marie-Madeleine, et qu'elle tient ici dans la main gauche, est ouvert, le couvercle soulevé. Mais les documents iconographiques montrent des ustensiles à extrémité arrondies, et incurvées par une  gouttière, précisément en "cuiller".

En remplaçant le terme de "plume" de la description des spécialistes du Louvre par lancette, scalpel, ou encore spatule ou cuiller à onguent, et en remplaçant le terme "vase" par "vase d'aromates" ou "pot à onguent" je peux valider le reste de la phrase : tenant son pot à onguent d'une main et une spatule de l'autre, Marie-Madeleine répand des essences sur la plaie du pied gauche du Christ.

Or, ce geste est tout sauf anodin. C'est une intervention manuelle de soins sur un cadavre : quelle qu'en soit l'intention, c'est une onction, c'est déjà un geste d'embaumement, en langage contemporain c'est un geste de thanathopraxie : "art de retarder la décomposition du corps par des techniques d'embaumement et/ou un ensemble de mesures esthétiques visant à maintenir un cadavre le plus longtemps possible en bon état" (CNRTL). Au XVe siècle, L’embaumement tel qu’il était pratiqué en Occident à l'époque médiévale répondait certes à  une fonction pratique, celle l'exigence de  conserver le corps jusqu’à l’achèvement des cérémonies funèbres,  mais aussi à une fonction théologique, celle de lui donner une « odeur de sainteté » qui permettra son entrée au Paradis lors de l’« apothéose » (P. Charlier).
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Néanmoins, le geste de Marie-Madeleine ne peut correspondre, selon les textes évangéliques, à l'embaumement stricto sensu du Christ, pour lequel les trois Maries portant les aromates  se rendent au sépulcre le Lundi de Pâques , embaumement qui est annulé par la découverte du tombeau vide et l'annonce de la Résurrection (Luc 24:1-12). 

Des peintures et enluminures, dont celle de Fouquet pour les Heures d'Etienne Chevalier (1452-1460), montrent la "Pierre de l'onction" (ou Pierre de l'embaumement) sur laquelle, selon la tradition, le corps du Christ fut lavé et enveloppé dans le suaire avant la Mise au Tombeau. Cette pierre est encore conservé dans la Basilique du Saint-Sépulcre de Jérusalem et faisait l'objet d'une importante vénération. Il faut rappeler que René d'Anjou, probable commanditaire du retable, était roi de Sicile et de Jérusalem. Il ne se rendra néanmoins pas en pèlerinage à Jérusalem.

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Ma recherche est rendue complexe par le manque d'accroche des différents mots clefs que je lance en hameçon sur le moteur de recherche. Néanmoins, elle connaîtra un tournant par la découverte d'un autre retable, contemporain de celui-ci, et également provençal, celui de Pignans, et sur lequel Marie-Madeleine, tenant la main gauche du Christ, s'apprête à y appliquer des aromates à l'aide d'une tige (spatule ?) qu'elle trempe dans son vase d'onguent. C'est là le seul autre exemple que j'ai pu découvrir de ce geste singulier qui  conserve son mystère. Faut-il l'interpréter comme un geste de soin et sollicitude attendrie, voire à visée hémostatique, sur la plaie du pied (stigmate) par application d'onguent? 

Cette recherche n'aboutira pas à une interprétation claire et documentée, mais à défaut, elle me conduit à examiner les enluminures des livres possédés par les deux époux royaux, et me permet de souligner quelques points :

  • La dévotion réelle de René d'Anjou et de Jeanne de Laval, orientée notamment vers la méditation devant le Christ mort, et devant ses plaies (culte de l'Hostie de Dijon portant l'image du Christ au corps semé de taches de sang ) selon deux enluminures du Livre d'Heures du roi René.

  • Le culte de Marie-Madeleine associé depuis René d'Anjou au culte des Trois Maries ( En 1448, sous l'impulsion du roi René, a lieu l'invention des reliques des saintes Maries, soit Marie de Nazareth, sa demi-sœur Marie Salomé ou Marie Jacobé et Marie Madeleine, dites les Trois Maries).

  • La réalité de l'embaumement des corps des rois et des princes au Moyen-Âge, et notamment de celui de René d'Anjou. La technique, et les aromates utilisées, sont parfaitement détaillées par les archéologues.

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Commençons par examiner l'œuvre. J'ai préféré placer ici mes clichés plutôt que ceux pourtant bien-sur supérieurs, proposés par le musée de Cluny.

https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/pieta-de-tarascon.html

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Vue générale : une donatrice agenouillée mains jointes devant le retable. Cl. 19271.

Cette donatrice passait jadis pour être Jeanne de Laval, épouse de René d'Anjou, ce qui explique sa présence. Elle est à peu près contemporaine du retable (troisième quart du XVe siècle) et on l'a identifiée comme étant l’épouse de Jean des Martins,  chancelier dse Provence auprès du roi René. Elle est attribuée à Audinet Stéphani (?), sculpteur mentionné à Aix-en-Provence de 1448 à 1476.

https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/donatrice-en-priere.html

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La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

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Le retable.
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Il mesure 84 cm sur 130 cm.
Les  reflets sur mon cliché, et notamment celui en cercle, n'ont pu être évités.
On note le fond en or et les rinceaux dégagés par la restauration autour des six nimbes polycycliques.
Le cadavre du Christ est posé sur les genoux de sa Mère, en soutien au niveau des épaules et du bassin, mais les jambes semblent flotter, même si on peut penser que les pieds sont appuyés sur un soubassement recouvert par le manteau bleu. L'axe du corps forme l'une des diagonales du tableau. 
Les cinq  plaies (des mains, des pieds et du flanc) et celles des épines de la couronne sont très visibles, en raison de l'écoulement du sang  pendant la crucifixion.
Chaque personnage autour du Christ est isolé  d'une part par une attitude et une préoccupation qui lui est propre, et d'autre part par l'absence d'interaction entre eux.
Marie soutient de ses mains le buste de son Fils, et le contemple douloureusement, la tête inclinée et les sourcils froncés.
Marie Salomé (ou Jacobé), en rouge, soulève la main gauche du Crucifié, et la baise, mais son index touche le sang qui s'écoule de la plaie.
Marie Jacobé est en retrait et observe la scène, les mains jointes. Elle n'appartient pas à la composition en dôme des cinq autres personnages, elle est la seule à ne pas être active, ou en contact avec le corps du supplicié. Elle pourrait, par son rôle de spectatrice, inciter le fidèle à s'identifier à elle.
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La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

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Saint Jean, cheveux bouclés et visage  jeune et imberbe,  porte la robe rouge qui lui est attribuée dans l'iconographie, notamment pour le distinguer de Marie. Cette robe est recouverte d'un manteau vert aux pans réunis par un fermail doré  ovale. Ses genoux sont  à demi fléchis.

Fronçant les sourcils, il  est occupé à ôter délicatement la couronne d'épines, comme s'il craignait de blesser d'avantage son maître.

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La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

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Le pagne ou perizonium est une gaze translucide, et l'attention portée par le peintre à une représentation naturaliste du rendu de la peau, des volumes anatomiques et de la pilosité du pubis est extraordinaire.

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La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

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Le peintre n'a pas omis de souligner l'élégance et le luxe des vêtements de Marie-Madeleine, associant une robe de velours rouge et un manteau vert doublé de fourrure d'hermine aux reflets soyeux. Par symétrie avec saint Jean, ses genoux sont à demi-fléchis, le fermail ovale de son manteau est identique, sa tête est penchée sur la tâche qu'elle s'est assignée et ses traits expriment la même expression pleine de sollicitude.

Ses cheveux dénoués, bouclés et très longs sont déjà ceux que les peintres donneront à la Madeleine pénitente. Mais ici, les vagues régulières de leur ondulation témoignent de l'opulence et du souci corporel de la sainte.

Elle tient en main gauche un vase d'orfèvrerie évasé, à couvercle conique articulé et semi-ouvert, assez différent des pots de pharmacie de type albarelle.

L'instrument qu'elle tient si délicatement de la main droite entre pouce et index est de couleur grise, évoquant l'étain ou plutôt l'argent. C'est une tige élargie en feuille ovale à l'extrémité, et dont la pointe correspond exactement (par comparaison avec  le pied droit) à l'orifice de la plaie du pied gauche, causée par le clou de la crucifixion.

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La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

La Déploration de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Photgraphie lavieb-aile 2023.

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DISCUSSION.

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Dans un premier temps, je montrerai qu'un autre exemple de geste d'embaumement du corps du Christ par Marie-Madeleine existe sur un tableau provençal un peu plus tardif. Il viendra compléter et éclairer l'interprétation du geste du retable de Tarascon.

Dans un deuxième temps, je chercherai à explorer, forcément partiellement, l'iconographie de ce geste. On le retrouve au XIIe siècle sur les Mises au tombeau des vitraux ou chapiteaux, mais ce sont exclusivement les hommes (Juifs accompagnant Joseph d'Arimathie et Nicodème) qui portent  les flacons d'aromates et en versent le contenu. Puis cette tradition disparait ensuite, et dans les les Déplorations ou Mises au tombeau des maîtres de l'enluminure du XIV et XVe siècle, on ne trouve plus ces flacons, ou bien seulement comme accessoire sans geste d'utilisation (Jean Pucelle, le Maître de Boucicaut, les frères de Limbourg, Jean Poyer, le Pseudo-Jacquemart). Marie-Madeleine est néanmoins souvent représentée penchée sur les mains ou les pieds du Christ qu'elle embrasse ou couvre de ses cheveux (Fra Angelico 1436 ; Très Riches Heures du duc de Berry f.157, Jean Colombe 1485).

Vers 1555, Jean Fouquet reprend cette tradition du geste d'embaumement, mais le réserve là encore aux hommes.

Les enluminures des Heures de René d'Anjou ou du Psautier de Jeanne de Laval (par un peintre  influencé par Jean Fouquet) ne montrent pas d'exemples de geste d'embaumement, mais témoignent de l'importance d'une dévotion, individuelle, aux plaies du Christ et aux souffrances de sa Passion.

C'est dire l'originalité des deux exemples, les peintures de Tarascon et de Pignans, qui confient à Marie-Madeleine, l'une des trois saintes Femmes, les trois Maries, ce geste d'embaumement.

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Cette reprise se situe dans un contexte particulier, celui du développement du culte de Marie-Madeleine, de sainte Marthe et des Trois Maries par René d'Anjou.

Enfin, je rappellerai que la pratique de l'embaumement était courante au XVe siècle et que René d'Anjou en a bénéficié.

 

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1°) Le retable de la collégiale de Pignans (Var). Une Déploration à neuf personnages encore désignée sous le titre de "Déposition de croix"; ou "Descente de croix".

 

Nous retrouvons une variante du même geste sur une Déploration de la collégiale de Pignans, dans le massif de Sainte-Baume, à 160 km de Tarascon ou d'Avignon. Marie-Madeleine s'apprête à appliquer l'ustencile (plume, spatule ou lancette...) sur la plaie de la main gauche du Christ, mais est encore en train de le placer dans le pot d'onguent. Cela confirme l'interprétation du retable de Tarascon : il s'agit bien d'un geste d'onction des plaies (mains ou pieds), par le contenu du vase. Cette attention aux plaies du Christ est soulignée, à Pignans, par la présence de saint François montrant ses stigmates. Nous ne pouvons dire si ce geste de la sainte est un geste de soin (application d'onguent), ou un geste d'adoration (application de parfums et substances honorifiques), et c'est sans doute les deux à la fois.

Peinture sur cinq panneaux de bois, de H = 300 ; l = 303 ; pr = 3,5 cm. 4e quart 15e siècle ; 1er quart 16e siècle. Ce tableau est attribué à l'école d'Avignon mais  pourrait être une oeuvre de Josse Liedfrinxe.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM83000399

L'arrière-plan cherche à évoquer les remparts de Jérusalem, mais on y reconnait une vue d'Avignon et de ses remparts. Au pied de la croix, Jean, en manteau rouge, soutient la Vierge en pamoison, aidé par une Sainte Femme agenouillée. À droite, une autre Sainte Femme, à l'écart, joint les mains. À gauche, saint François, penché sur la scène, montre ses stigmates.

Au premier plan, le Christ repose sur un suaire tendu par Joseph d'Arimathie et Nicodème. La  plaie du flanc laisse échapper un long flot de sang. La couronne d'épines et les clous sont posés sur le sol .

Au centre, Marie-Madeleine est agenouillée et se penche ; de la main droite, elle saisit la main gauche du Christ pour mettre en évidence la plaie de la paume, tandis qu'elle tend le bras gauche pour tremper un ustencile (une plume, selon certains) dans le vase d'onguent posé au sol au centre, dans l'axe de la croix.

Elle est richement vêtue, mais son manteau rouge détaché tombe derrière ses reins, selon une tradition flamande qui sera repris sur les calvaires bretons des Prigent vers 1550.

Autre détail repris sur les calvaires bretons du milieu du XVIe siècle, tous les personnages sont en larmes.

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Pignans (Var, France), collégiale Nativité de Notre-Dame ou de l'Assomption de la Vierge, intérieur, peinture sur panneau de bois Déploration peut-être de Josse Lieferinxe, fin XVe ou début XVIe siècles.

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Vues de détail.

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Pignans (Var, France), collégiale Nativité de Notre-Dame ou de l'Assomption de la Vierge, intérieur, peinture sur panneau de bois Déploration peut-être de Josse Lieferinxe, fin XVe ou début XVIe siècles.

 

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Je citerai cette description (source) : 

 




"Un personnage discret, tout absorbé par son geste : Marie-Madeleine. Elle trempe délicatement une plume dans un vase de parfum pour laver les plaies du Christ. Historiquement, les évangiles précisent que les soins du corps n’avaient pu être donnés le vendredi soir en raison de la proximité avec la fête du sabbat qui interdisait tout travail. Ce geste a donc une portée symbolique. Tout d’abord, il rappelle l’onction de Béthanie, quand Marie-Madeleine avait oint les pieds du Christ avec du parfum les essuyant de ses cheveux (Mt 26, 6-13 ; Mc 14, 3-9 ; Le 7, 36-38 ; Jn 12, 1-8). Enfin, il manifeste les dispositions intérieures de Marie-Madeleine, toutes empruntes de charité, dans le souvenir du pardon total dont elle avait fait l’objet.

Il reste un dernier personnage un peu en retrait : saint François. La pratique était courante d’insérer dans un tableau représentant un mystère de la foi des saints en train de les contempler. Il s’agissait de manifester qu’ils tenaient leur fécondité de cette contemplation, et d’inviter chaque chrétien à les imiter. Par ailleurs, la croix du Christ en forme de tau confirme l’attachement des commanditaires à la spiritualité franciscaine. Le tableau religieux n’avait pas vocation à représenter un événement historique mais il permettait plutôt de rendre présent un mystère éternel. Ainsi, en contemplant le retable de Pignans, on découvre que trois évènements sont parfaitement contemporains dans le cœur de Dieu :
. le sacrifice du Christ,
. la réception des stigmates de saint François,
. la contemplation de la scène par le visiteur.
Saint François est debout, les mains ouvertes, absorbé par la souffrance de Marie. Ses stigmates sont bien visibles. Il veut nous dire par là que de même que Marie vit la passion du Christ, de même, tout homme, en découvrant jusqu’où l’amour du Christ est allé pour le sauver, est invité à s’associer par la prière et la contemplation, à ce mystère de l’amour rédempteur. "

 

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2°) Voir aussi :

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La Déploration du Christ à quatre personnages (Jésus, Marie, Jean et la Madeleine en pleurs) de l'église Saint-Jean au Marché de Troyes (calcaire, Maître de Chaource, 1515-1530). Marie-Madeleine verse le contenu du vase (parfum ?) sur le pied du Christ, tout en essuyant ses larmes.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:D%C3%A9ploration.JPG

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Déploration du Christ à quatre personnages: Église Saint-Jean au Marché de Troyes (calcaire, Maître de Chaource, 1515-1530).

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3°) Le Livre d'Heures d'Étienne Chevalier enluminé par Jean Fouquet entre 1452 et 1460 : Les Heures de la Croix, Embaumement du corps de Jésus. (Santuario 17, Musée Condé de Chantilly.)

 

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/jean-fouquet_le-livre-d-heures-d-etienne-chevalier-les-heures-de-la-croix-embaumement-du-corps-de-jesus_decoupe_peinture-sur-papier?page=9

Ce livre d'Heures est du premier intérêt pour nous, car il est contemporain du retable de Tarascon, et nous verrons en outre que que les enluminures de Fouquet inspireront le Maître du psautier de Jeanne de Laval, celle-ci étant la première détentrice du retable de Tarascon.

Or,  à la différence des autres livres d'heures qui proposent une Mise au tombeau, Fouquet consacre une enluminure à l'Embaumement du corps de Jésus sur la pierre d'onction, dans le cycle des Heures de la Croix, et pour Complies, après la Comparution (prime), le Portement de Croix (tierce), la Mise en Croix (sexte, perdue),  la Crucifixion (none), et la Descente de Croix (vêpres) et alors qu'une Déploration illustre un texte indépendant du cycle liturgique des Heures, le Stabat mater.

Mais selon Nicole Avril, cet embaumement "était la forme sous laquelle était représentée en France la mise au tombeau jusqu'au XIVe siècle ; le corps du Christ y était simplement déposé sur la dalle, entouré de quelques vieillards qui versaient avec solennité  sur lui le contenu de fioles de parfum pour l'embaumer."

Elle illustre son propos de la verrière typologique ou baie 37 de la cathédrale de Chartres datant vers 1150 où un homme en rouge verse le contenu d'un flacon sur le corps, qui est soutenu par Joseph d'Arimatie et Nicodème, en présence (?) de Jean et de la Vierge

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Embaumement du Christ, baie 37 de la cathédrale de Chartres, cliché Vassil, Wikipedia

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On retrouve cette scène sur un chapiteau de la collégiale Saint-Etienne de Dreux (Deuxième quart XIIe siècle). Selon la notice du musée, 

 

 "Aux angles, deux personnages, exécutés presque en ronde bosse, soutiennent le corps , l'un à la tête et l'autre aux pieds. On peut les identifier à Nicodème et Joseph d'Arimathie. Celui de gauche est coiffé de cette calotte hémisphérique côtelée que les artistes du moyen-âge ont souvent attribué aux Juifs. Deux autres hommes, représentés de face, participent à la scène. L'un, manches retroussées, paraît verser sur le corps le contenu d'une fiole qui tient des deux mains ; l'autre, hiératique, revêtu d'une chasuble, porte un livre dans la main gauche et un linge plié dans la main droite. Ses cheveux courts et raides font place sur le sommet de la tête à une large tonsure : ce prêtre est vraisemblablement saint Pierre. Les quatre hommes, barbus et moustachus ont la tête entourée d'un nimbe dont le bord est souligné par un simple sillon concentrique."

 

 

Joseph d'Arimathie tient la tête du corps du Christ, placé sur la pierre d'onction. Nicodème tient les pieds.  Un homme tête nue, barbu, nimbé,  verse sur le corps le contenu d'un flacon. Un saint prêtre tient un livre et l'étole.

 

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Chapiteau de la collegiale royale Saint-Étienne, 2e quart 12e siècle, musée des Beaux-arts de Dreux inv. 950.8.3

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Pour les Heures d'Étienne Chevalier, Fouquet représente le Christ déposé sur la Pierre de l'onction, entouré de dix hommes, dont deux coiffés de bonnets, un tête nue, et sept coiffés de bonnets coniques ou de turbans juifs, associés à Jean (imberbe), un peu en arrière, la Vierge et deux saintes femmes, tandis que Marie-Madeleine est agenouillée et embrasse la main gauche du Christ.

La fonction d'embaumement est, comme pour les œuvres du XIIe siècle, réservée aux hommes : L'un tient un pot d'onguent et pose la main sur l'avant-bras gauche. L'autre, les manches retroussées, verse une fiole sur le flanc gauche. Un  autre tient une fiole identique. Enfin un pot d'onguent est posé sur la pierre, devant l'homme vêtu d'or et de bleu, penché sur les jambes. Aucun écoulement de sang depuis les plaies n'est représenté.

Nous avons bien là non seulement la représentation de porteurs de pots ou flacons, mais bien celle d'un geste d'embaumement par versement d'aromates sur le torse et les jambes de Jésus.

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Jean Fouquet Le Livre d'Heures d'Etienne Chevalier : Les Heures de la Croix, Complies, Embaumement du corps de Jésus. Photo RMN.

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Les hommes porteurs de fioles ou pots d'aromates sont aussi représentés par Fouquet sur les autres enluminures des Heures d'Etienne Chevalier, enluminures conservées au sanctario du château de Chantilly.

a) Sur la Descente de Croix : deux personnages barbus tiennent des pots d'onguent dorés.

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La Descente de croix, Jean Fouquet, 1452-1460, Heures d'Etienne Chevalier. RMN.

 

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Heures d'Etienne Chevalier par Jean Fouquet : la Déposition; deux hommes (Joseph d'Arimathie et Nicodème ?) tiennent des pots d'aromates Photo Lavieb-aile.

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b) Sur la Déploration: un homme près de la croix tient une fiole en verre .

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Heures d'Etienne Chevalier par Jean Fouquet : la Déploration. Photo Lavieb-aile.

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Heures d'Etienne Chevalier par Jean Fouquet : les anges et la dalle du tombeau ("pierre de l'onction". Le cœur et les clous au centre de la couronne d'épines Photo Lavieb-aile.

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Heures d'Etienne Chevalier par Jean Fouquet : la Déploration (détail) ; un homme tenant une fiole de verre. Photo Lavieb-aile.

 

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4°) Examen du Psautier de Jeanne de Laval  (1458-1460 Maître de Jeanne de Laval et Jean Fouquet).

 

René d’Anjou (Angers 1409- Aix-en Provence 1480), comte de Provence, duc de Bar, de Lorraine et d’Anjou, roi de Naples. Il apporte son soutien à son beau-frère Charles VII de France contre les Anglais, lors de la guerre de Cent Ans. Il crée de nouveaux impôts, centralise l’administration dans ses États et protège le commerce ; ces actions, jointes à son amour des arts, le fait passer à la postérité sous le nom du bon roi René. Bibliophile renommé, ce prince fit enluminer dans la région du Mans et d’Angers un nombre considérable de manuscrits, avant qu’il ne parte définitivement pour la Provence en 1471, en compagnie de sa seconde épouse Jeanne de Laval. Il écrit des romans : le Livre du cœur d’amour épris (1457),  un Traité de la forme et devis comme on fait les tournois (1451), … et des poésies.

Née en 1433, Jeanne est la fille de Guy XIV de Laval et d'Isabelle de Bretagne. En épousant en 1454 le roi René d'Anjou, mécène éclairé, elle devient reine de Jérusalem et de Sicile, duchesse d'Anjou et de Bar et comtesse de Provence. Elle survivra au roi dix-huit ans pour s'éteindre en 1498.

 

Le Psautier de Jeanne de Laval. (1458-1460 Maître de Jeanne de Laval et Jean Fouquet) est conservé à la Médiathèque de Poitiers Ms 41 (202). Il était destiné à Jeanne de Laval, duchesse d'Anjou. D'après A.-M. Legaré, il s'agit probablement d'un psautier laissé par Jeanne de Laval en héritage à ses nièces (testament, 1498) et peut-être à identifier avec le psautier mentionné comme relié dans les comptes de juillet-août 1458. On y trouve au folio 22 ses armoiries,  après son mariage et modifiées après la mort du roi René. Ce sont les armoiries de la famille Laval, "de gueules au léopard d'or" (f. 122) associées à la devise conçue par le roi René dès 1454  des  deux tourterelles unies par un collier bleu (f. 22, 41v, 66v, 78v, 93v, 107v, 122).

Plusieurs enluminures représentent Marie-Madeleine auprès du cadavre du Christ.

 

Liens vers le Psautier.

f.16 Déposition, déploration et don du tombeau par Joseph d'Arimathie.

 

Thème : La même enluminure représente trois épisodes successifs du récit de la Passion, et les personnages principaux sont représentés deux ou trois fois. Jeabn est absent, ou bien il est représenté barbu. 1. La déposition par Joseph d'Arimathie et Nicodème. Marie tient la main de son fils. Marie-Madeleine étreint le pied de la croix. 2 La déploration : Le corps ensanglanté  de Jésus repose sur les genoux de sa mère, devant une sainte femme (Marie-Madeleine? et un saint barbu (Jean ?) . 3 Après la mort de Jésus, le pieux Joseph d’Arimathie obtient l’autorisation d’ensevelir la dépouille du Christ dans un tombeau. 

À droite, un homme (Joseph d'Arimathie ?) tient un pot d'aromates blanc : l'embaumement est déjà annoncé.

 Analyse : Le travail du Maître du psautier de Jeanne de Laval (artiste anonyme actif à Angers) est influencé par d’autres artistes et a pu être rapproché des Heures d’Etienne Chevalier réalisées par Jean Fouquet entre 1452 et 1460  . Parfois, le Maître de Jeanne de Laval extrait un ou plusieurs personnages d’une scène qu’il intègre dans une enluminure illustrant le même thème et occupant la même fonction que dans l’enluminure des Heures d’Etienne Chevalier. En observant la scène de la Descente de Croix dans chacun des deux manuscrits (santuario 15 des Heures d’Etienne Chevalier), François Avril a relevé des similitudes dans les attitudes générales des personnages, notamment concernant l’homme détachant le Christ de sa croix. Maintenant, si l’on compare plus en détail les deux scènes, on constate une forte ressemblance de l’homme de profil portant un vase dans la partie droite de l’image. Le Maître de Jeanne de Laval semble s’être inspiré de l’œuvre de Fouquet non seulement pour la fonction et la place de ces personnages mais également pour le chapeau ainsi que la position de la tête légèrement levée mais l’analogie est particulièrement frappante au niveau des plis des tuniques des deux hommes. (Médiathèque de Poitiers)

 

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Psautier de Jeanne de Laval f.17 L'Ensevelissement / Maître de Jeanne de Laval. ; Jean Fouquet.

Il y a encore trois épisodes : 1. la Vierge priant au pied de la croix vide ; 2. la mise au tombeau ; et 3. la pose de la pierre tombale fermant le tombeau, en présence de la Vierge et des trois Maries. Et même une scène 4 où Jean et la Vierge s'éloignent.

On remarquera en 3 Marie-Madeleine avec son pot d'aromates posé au sol.
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"Parfois, le Maître du psautier de Jeanne de Laval extrait un ou plusieurs personnages d’une scène qu’il intègre dans une enluminure illustrant le même thème et occupant la même fonction que dans l’enluminure des Heures d’Etienne Chevalier dont ils sont issus comme dans cette Mise au tombeau. Les acteurs de cette scène dans les Heures d’Etienne Chevalier (santuario 17) sont majoritairement repris pour composer le premier plan de celle-ci. Les deux hommes déposant le corps du Christ dans l’œuvre de Fouquet et ceux plaçant la dalle du tombeau dans le psautier de la reine n’ont pas strictement la même fonction, les mêmes vêtements, la même position ni les mêmes mouvements mais sont presque identiques. Le maître de Jeanne de Laval a modifié en partie les couleurs et la position des têtes. Nous retrouvons dans une attitude proche, la femme dont seule l’épaule gauche dépasse derrière le tombeau. Enfin, notons également que les deux derniers personnages présents dans ce premier plan de la Mise au tombeau du psautier trouvent leur équivalent chez Fouquet. Il s’agit de la Vierge et de l’homme de profil à droite de chacune des scènes. Comme pour les f11, 12, 13 et 16, des rapprochements entre le Miroir historial du Maître François (BnF, ms. fr. 50 et 51 et Chantilly, musée Condé, ms 122) peuvent être établis. Les architectures que les deux miniaturistes placent dans leurs paysages sont très similaires dans la Mise au tombeau du psautier et la miniature du f47v . (Médiathèque)

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Psautier de Jeanne de Laval, Folio 17

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Folio 17 Mise au tombeau

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Folio 17 , la pose de la dalle.

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f22+. Excursion hors du sujet : Armoiries et couple de tourterelle ; f34  Deux tourterelles liées entre elles par un collier bleu sur une branche de groseiller

"Les armes figurées dans le Psautier sont exclusivement celles portées par Jeanne de Laval. Elles sont couronnées, ainsi que le titre de reine de Sicile, Hongrie et Jérusalem y donne droit. De discrètes tiges florales ajoutent une touche personnelle à cette héraldique qui reste avant tout une proclamation dynastique. Il s’agit de fleurs de janette, Lychnis dioica, ou de compagnon, Lychnis coronaria alba, figures parlantes fréquemment employée par les utilisatrices éponymes d’emblèmes comme Jeanne de France ou Jeanne de Bourbon. Les tourterelles faisant partie de la devise y sont associées (voir f1). Cette ornementation prend position à la place d’honneur, en haut et à gauche de la page. Elle introduit véritablement le texte saint par ce portrait emblématique de la reine. Associée au texte saint, cette lettre de bois mort prend l’apparence du lignum vitae, le bois sec de la croix du Christ, du verbe incarné, rendu vivant par le miracle de la résurrection et le triomphe sur la mort. Par sa dévotion, son amour et son association au texte saint, le couple royal, en personne et en fonction, participe de ce message d’espérance chrétienne.

Deux écus différents sont peints dans le Psautier de Jeanne de Laval. Sur le f22 se trouve celui de Jeanne de Laval et celui de Laval ancien est au f122. Les marques de possession permettent d’obtenir des renseignements sur les possesseurs mais aussi sur la datation. À l’aide des emblèmes et armoiries peints dans le psautier, nous pouvons déduire qu’il fut très probablement conçu entre 1466 et 1480. L’écu présente l’avantage d’avoir subi plusieurs phases d’évolution qu’il est possible d’associer à des périodes d’utilisations. En effet, à partir de 1454, année du mariage de Jeanne de Laval avec René d’Anjou, les armes de la nouvelle reine sont formées comme toute épouse, de celles de son mari – à dextre (gauche), place d’honneur – et de celles de son père (Guy XIV de Laval, 1406-1486) ainsi que, plus rare, de celles de sa mère (Isabelle de Bretagne, † 1444) – à senestre (droite). Par conséquent, l’évolution des armes de René implique celle de la partie dextre de l’écu de sa femme. Christian de Mérindol a ainsi identifié trois armes différentes employées pendant les périodes suivantes : de 1454 à 1466, de 1466 à 1480 et de 1480 jusqu’en 1498. L’écu peut être rapproché de la seconde période en raison de la surcharge de l’Aragon dans la partie dextre. La présence de cet élément implique une datation postérieure à 1466. Le second écu présent dans le psautier, celui de Laval ancien peint au f122, permet d’affiner la datation." (Médiathèque)

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Folio 22

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Folio 34

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5°) Les miniatures des deux livres d'heures de René d'Anjou (Londres British museum Egerton MS. 1070 et Bibl. Nat. Lat. 1156 A).

Le but est là encore de documenter la dévotion des époux envers les plaies du Christ. Mais je n'ai observé aucun geste d'embaumement.

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a) Horae ad usum Parisiensem [Heures de René d'Anjou, roi de Sicile (1434-1480)] BnF lat.1156A.

Initiales d'or ou peintes sur fond d'or. 23 peintures, 32 miniatures et encadrements. Portraits de Louis II d'Anjou, roi de Sicile (f. 61) et de René I er d'Anjou, roi de Sicile (f. 81v), pour qui ce volume fut exécuté, avec nombreuses armoiries ou emblèmes et devise de ce dernier. - Parchemin. - IV et 148 ff. 

-a1 Folio 81v et 82 René d'Anjou en méditation devant le Christ mort.

Les deux folio se font face.

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heures de René d'Anjou folio 81v et 82r. BnF gallica

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-a2. L'Hostie de Dijon, folio 22r.

Sur l'hostie s'inscrit le Christ sauveur assis sur l'arc en ciel, les instruments de la Passion, et de multiples taches de sang.

C'est l'image de la Sainte Hostie miraculeuse, donnée en 1431 par le pape Eugène IV à Philippe le Bon qui la déposa à la Ste-Chapelle de Dijon où elle a été conservée comme une des plus fameuses reliques de la France jusqu'à la Révolution.

On la trouve aussi dans le deuxième livre d'Heures de René d'Anjou, conservé au British Museum de Londres sous la côte Egerton MS. 1070. Cela témoigne de l'importance de cette relique pour René d'Anjou.

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Selon Otto Pächt, "Toutes les reproductions de la sainte Hostie publiées jusqu'à présent représentent l'état de la relique telle qu'elle existe depuis 1505 — l'Hostie enfermée dans la monstrance donnée en 1454 par la duchesse Isabelle de Portugal, troisième femme de Philippe le Bon, et cette monstrance surmontée de la couronne que Louis XII avait portée le jour de son sacre. Les miniatures des deux livres d'heures de René d'Anjou (Egerton MS. 1070 et Bibl. Nat. Lat. 1156 A), d'autre part, reproduisent l'état original, c'est-à-dire tel qu'il était avant 1454. En effet, la première seulement, celle du livre d'heures de Londres, mérite d'être désignée comme reproduction authentique, car celle du livre d'heures de Paris n'en est que la copie, légèrement modifiée par un enlumineur qui a eu sous les yeux la miniature de Londres, mais ?ui n'a jamais vu l'objet lui-même, l'Hostie miraculeuse de Dijon, our obtenir une composition plus symétrique et décorative, l'enlumineur de l'Hostie de Paris a élevé le nombre des anges de deux à quatre, mais la sainte Hostie n'a jamais eu plus de deux anges comme porteurs. "

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Heures de René d'Anjou folio 22r. BnF gallica

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b)Les Heures Egerton 1070.

L'hostie de Dijon partie 2 folio 110

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=10660

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=8486&CollID=28&NStart=1070

 

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6°) Le culte de Sainte-Marie-Madeleine, sainte Marthe et des Trois Maries relancé par René d'Anjou.

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"Le roi René avait pour Marie-Madeleine une dévotion partirculière qui se manifesta notamment à Saint-Maximin-du-Var et à la Sainte-Baume. Rappelons la fondation du couvent de la Baumette près d'Angers à l'image de la Sainte-Baume peu avant 1453, les fouilles, la découverte et la translation des compagnes de la Madeleine aux Saintes-Maries en 1448 et 1449, ou la mention de legs au couvent de Saint-Maximin dans ses trois testaments pour l'achèvement de l'église en 1453, 1471 et 1474. En 1448 il avait fait ouvrir la châsse de sainte Madeleine et avait affirmé le 16 avril que le corps de la sainte et pas seulement la tête se trouvait à Saint-Maximin. Il développa le culte de sainte Marthe, sœur de Marie-Madeleine et de Lazare. Il porta tous ses soins à l'église Sainte-Marthe de Tarascon qui contenait le tombeau de cette sainte et fit de nombreuses donations au couvent des Célestins d'Avignon qui abritait notamment la chapelle Saint-Lazare décorée depuis peu, vers 1450, d'une peinture murale, La Communion de la Madeleine dans le désert de la Sainte-Baume ». Le 27 janvier 1477, le roi René et Jeanne de Laval offrirent un reliquaire composé d'une croix d'or contenant un morceau de la vraie croix qu'avaient apportées, précise le texte de la donation, saint Lazare, Marie-Madeleine, sa sœur Marthe et les saintes Marie Jacobé et Salomé, ses compagnes." (Ch de Mérindol)

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"L’invention des saintes Maries de la Mer en 1448 institue René en fondateur d’un culte qui renforce à la fois son ancrage régional et son rayonnement international. La dévotion rendue aux saintes méridionales sert l’unification dynastique des Anjou et s’impose à l’entourage curial de René." (Florence Bouchet, Les Arts et les Lettres en Provence au temps du roi René, Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence, 2013, https://doi.org/10.4000/peme.7556)

 

 

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"Le caractère dispersé des territoires de la principauté d’Anjou est un des facteurs structurants de l’histoire de la seconde Maison du même nom. La réflexion autour du culte des saints, spécifiquement orientée sur le comté de Provence, seul « pays » possédé en propre par la dynastie, permet d’approfondir un dossier déjà ouvert par d’autres chercheurs: la dévotion aux saintes provençales – Marie Madeleine, Marthe, Marie Jacobé et Marie Salomé – et leur rayonnement dans les autres possessions angevines. La légende, inventée par les moines bourguignons de Vézelay durant la seconde moitié du xie siècle afin de justifier la venue de la Madeleine dans le royaume de France, veut qu’elles aient échoué dans le Midi suite à leur expulsion de la Terre Sainte par les Juifs. Figures d’une piété régionale et même locale, chacune étant attachée à une civitas distincte des autres, ces saintes participent à une piété christique en plein apogée dans les milieux princiers de la fin du Moyen Âge. En Provence, la dévotion envers la plus importante d’entre elles, Marie Madeleine, a connu une nouvelle vitalité à partir de 1279, lors de l’invention de ses reliques à Saint-Maximin à l’initiative du roi de Naples Charles II d’Anjou. La promotion royale du culte magdalénien, occasionnant un certain délaissement des pèlerinages de Vézelay au profit de Saint-Maximin, ne doit pas faire oublier que la famille de Béthanie et ses compagnons d’exil peuvent également être étudiés comme une entité évangélique porteuse de sens pour elle-même au-delà des figures qui la composent.

La présente étude, en examinant des sources déjà connues, cherche à proposer une nouvelle réflexion sur des saintes qui apparaissent comme objets d’une piété individuelle et dynastique mais aussi comme objets d’une stratégie politique élaborée par René d’Anjou. Le souverain doit unir ses territoires autour de sa personne et de sa famille – socle, selon l’idéologie royale française dont sont porteurs les princes de fleur de lys, d’une nation dont l’identité se forge sur la dynastie qui la gouverne – et use du culte des reliques à cette fin. Cependant, concevoir la dynastie princière comme vecteur d’une transmission cultuelle propre à unifier des États disparates ne doit pas occulter la dimension purement spirituelle et individuelle de la piété de ses membres envers ces saintes."  (M. CHAIGNE-LEGOUY  )

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Les Trois Maries au Sépulcre, aussi Les Trois Maries au tombeau, (vers 1410-1426) Hubert van Eyck, musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Trois_Maries_au_S%C3%A9pulcre#/media/Fichier:Hubert_van_Eyck_or_Jan_van_Eyck_or_both_-_The_Three_Marys_at_the_Tomb_-_Google_Art_Project.jpg

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7°) Les techniques d'embaumement.

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"résumé : L’embaumement tel qu’il est pratiqué en Occident doit répondre à deux exigences : conserver
le corps jusqu’à l’achèvement des cérémonies funèbres (fonction pratique) ; lui donner une « odeur
de sainteté » qui permettra son entrée au Paradis lors de l’« apothéose » (fonction théologique).
Sont ici présentées quelques analyses anthropologiques et ostéo-archéologiques pratiquées par
notre équipe, et qui montrent bien la complexité de ces pratiques."

 

Des épices particulièrement onéreux sont utilisés pour Jean Ier de Berry en 1416 : embaumement interne à base de farine de fèves, d’oliban, de myrrhe, d’encens, de mastic, de momie, de “militilles”*, de bol d’Arménie, de sang-dragon, de noix de cyprès, d’herbes odorantes, de mercure, de camphre, de musc, de colophane, de poix noire et de coton ; cadavre enveloppé dans une toile de Reims, ficelé de cordes, déposé dans un coffre de plomb sans couvercle placé dans un cercueil de bois avec des anneaux en fer.
Trois sépultures sont consacrées, comparablement à l’usage royal : tombeau de corps dans la cathédrale de Bourges, tombeau de cœur dans la basilique de Saint-Denis, tombeau d’entrailles dans l’église Saint-André-des-Arts à Paris .
En 1435, Jean de Lancastre, duc de Bedford, meurt à Rouen. L’étude récente de sa dépouille a mis en évidence un embaumement (interne et/ou externe ?) à base de mercure, myrte, menthe, encens, chaux et cuivre (8). Les chroniques historiques attestent que le corps a été mis en un cercueil de chêne dans un contenant en plomb.
D’autres corps ont été décrits comme recouverts de mercure ou “noyés” dans un cercueil rempli de mercure, par exemple Charles VII (1461) et Anne de Bretagne (1514)... du moins tel qu’attesté au cours des profanations révolutionnaires de leurs tombeaux dans la basilique royale de Saint-Denis. En 1450, Agnès Sorel, favorite officielle du roi Charles VII, meurt à Jumièges (Normandie) ; son embaumement est pratiqué sur place. Une partie des viscères est inhumée dans cette abbaye, tandis que le corps embaumé est déposé à Loches. Son étude inter-disciplinaire a mis en évidence un usage de fruits et graines de mûrier blanc, de rhizomes (gingembre ?) et de poivre gris maniguette d’Afrique de l’Ouest . Si le corps de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, n’a pas été conservé, les comptes de son embaumement ont permis d’identifier les substances utilisées pour la préservation de son cadavre : embaumement interne et externe à base de poix noire, résine, colophane, encens, mastic, styrax calamite, gomme arabique, gomme adragante, aloès, myrrhe, Gallia muscata (préparation officinale), Alipta muscata (préparation officinale), cerfeuil musqué, noix de cyprès, térébenthine, canevas, poivre, sel, camphre, cumin, bol d’Arménie, terre sigillée, henné, écorce de grenade, galbanum, bois d’aloès, alun 
zédoaire répandu sur le corps après embaumement et bandelettage, baume artificiel sur le visage. Le cadavre a ensuite été déposé dans un cercueil de fer puis de plomb.
En revanche, si les restes de Louis XI et Charlotte de Savoie ont pu faire l’objet d’une étude scientifique complète, aucun produit d’embaumement n’a pu être mis en évidence de façon claire ; seuls ont été identifiés des signes osseux d’ouverture du corps, sternotomie, craniotomie . La squelettisation quasi-complète des restes de Diane de Poitiers (morte en 1566) n’a pas permis de mettre en évidence d’autre produit d’embaumement que des résidus bitumeux.
Les cas plus récents sont particulièrement bien documentés, car certains chirurgiens n’hésitent pas à user de cadavres célèbres pour assurer leur propre notoriété, sorte de publicité par les défunts : Jacques Guillemeau publiera ainsi dans ses œuvres de chirurgie le compte-rendu de ses rapports d’autopsie de Charles IX, Henri III et Henri IV ,tandis que chroniqueurs, serviteurs, aumôniers se feront eux-aussi le porte-voix très détaillé de l’ensemble de ces soins post mortem.
L’archéo-anthropologie permettra dans certains cas de confronter données textuelles et scientifiques, comme par exemple dans le cas d’Anne d’Alègre, comtesse de Laval : morte en 1619, elle subit une éviscération complète doublée d’une craniotomie. Viscères et cerveau sont remplacés par une matière compacte brun clair poudreuse odoriférante, mélange de copeaux de bois, de segments de tiges et de radicelles, de calices floraux, graines et quelques feuilles : 90% de thym, sinon origan et genévrier. Un bourrage des cavités, boîte crânienne et cage thoracique, est effectué. Le corps est ensuite pris dans un linceul de toile maintenu à l’aide de cordelettes de chanvre, déposé dans un cercueil anthropomorphe en plomb inclus dans un cercueil en bois sur lequel a été posé le “reliquaire” de cœur en plomb (. (Ph. Charlier)

 

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Les funérailles royales : Un corps embaumé

 Composante essentielle de toutes funérailles royales et aristocratiques, un embaumement fut pratiqué sur la dépouille de Charlotte de Savoie, avec incision interne .En Occident, le cas le plus ancien d’embaumement interne… : on rémunéra ainsi deux barbiers d’Amboise pour avoir ouvert le corps « pour icelluy embamer qui fut au chasteau d’Amboize le premier jour de décembre » . Les organes les plus putrescibles – le cœur et les entrailles – furent ôtés et enterrés séparément à Saint-Florentin. La cérémonie fut brève et sans éclat : 12 torches de 2 livres chacune servirent lors de l’inhumation, sans doute précédée d’une messe de requiem . 

[Le cadavre est divisé en différentes parties réparti dans divers lieux]. La reine n’avait pas exprimé dans son testament le désir d’une telle partition, suivant en cela les pratiques de ses devancières qui, dès la fin du XIVe siècle, prirent leurs distances vis-à-vis de la pratique des sépultures doubles. Certaines, telles Blanche de Navarre et Isabeau de Bavière, la rejetèrent explicitement, la division étant pour elles un signe d’orgueil incompatible avec le salut de l’âme ; d’autres se contentèrent de ne pas la mentionner dans leurs testaments . Quelles que soient les prescriptions, les viscères étaient généralement ôtés, par respect de la coutume royale et par souci de conservation de la dépouille.

Les techniques de l’embaumement médiéval sont bien connues, grâce aux traités médicaux et chirurgicaux [Chirurgie de maître Henri de Mondeville chirurgien de Philippe ]   …, et grâce aux découvertes des archéologues.  Après incision de la dépouille pour l’extraction des viscères, le chirurgien garnissait les cavités thoraco-abdominales d’épices et de plantes aux vertus antiseptiques, desséchantes et odoriférantes. Puis il recousait le corps et pratiquait l’embaumement dit « externe » consistant en l’application de baumes et d’aromates. Entre autres produits utilisés, figuraient la myrrhe, l’encens, la lavande, le laurier, l’aloès, le camphre, du sel, du vif-argent, de l’eau de rose et du vinaigre. Le cerveau était aussi ôté. L’exérèse se faisait par un sciage du crâne sur tout le pourtour .

Jean Gascoing, apothicaire de la reine, se chargea de fournir, sur indication médicale, tous les produits nécessaires, sans que le compte ne les détaille, évoquant juste l’achat de « drogues et bonnes odeurs » au coût élevé (près de 100 livres tournois) . Il reçut aussi 20 sous pour la fourniture de « demi aune de taffetas » qui servit à faire des écussons pour mettre « en l’estomac de ladite dame » . Ce passage est inhabituel pour un embaumement. Les viscères enlevés, on redonnait au corps son volume par l’introduction de plantes, et parfois d’étoupes. Il semble que, ici, on ait plutôt utilisé du taffetas aux armes de la reine. Jean Gascoing fournit également de la toile cirée, qu’un tailleur transforma en robe étroite et en chausses « pour ensevelir le corps » , un suaire aux vertus propitiatoires (en référence au linceul du Christ) et thanatopraxiques (interdisant tout accès à l’humidité et à l’air) . (Gaude-Ferragu)

 

"Au bas Moyen Âge, la plupart des princes sont embaumés qu’il s’agisse des ducs de Bretagne (Jean II en 1305), de BourgognePhilippe le Hardi en 1404 et Philippe le Bon en 1467. , de Berry Jean, duc de Berry en 1416. , de Bourbon Jean II (1488) et Pierre II (1503). , d’Anjou Louis Ier (1384), Louis III (1434) et René Ier (1480). , des comtes de Flandre Louis II de Male (1384)  ou de Foix-Béarn Louis II de Male (1384)"  (Gaude-Ferragu)

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SOURCES ET LIENS.

 

— CHAIGNE-LEGOUY (Marion)  "La seconde Maison d’Anjou et le culte aux saintes Maries et Marthe : essai d’interprétation culturelle et politique des pratiques dévotionnelles princières", in Chantal Connochie-Bourgne, Valérie Gontero-Lauze, Les Arts et les Lettres en Provence au temps du roi René

https://books.openedition.org/pup/19329

— CHARLIER (Philippe) 2015, L’embaumement : rituel et symbole de pouvoir en Occident HISTOIRE DES SCIENCES MEDICALES - TOME XLVIV - N° 1 - 2015

https://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2015x049x001/HSMx2015x049x001x0099.pdf
 

 

 

— Notice Cluny et Louvre /RMN RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010053222

https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/pieta-de-tarascon.html

Dépôt du Louvre, 1910  N° Inventaire : Cl. 18509 Hauteur : 84 cm Largeur : 130 cm [Hauteur : 0,885 m ; Largeur : 1,305 m] Lieu de production : Provence Lieu de découverte : Château de Tarascon Complément d'information sur le lieu : Château de Tarascon Période : 3e quart du 15e siècle

 

Cluny : "Cette peinture provençale du 15e siècle représente le thème de la Pietà. La Vierge éplorée porte sur ses genoux le corps de son fils Jésus. Elle est entourée de Jean et des trois Marie, dont Marie-Madeleine, reconnaissable à ses cheveux dénoués et à son pot de parfum. La scène insiste sur la douleur (mines tristes, couronne d’épines, présence du sang…) et amène à réfléchir sur la souffrance et la mort.

Le tableau est probablement celui qui ornait la "chambre neuve de la reine" du château de Tarascon, en 1457. Si tel est le cas, il aurait alors été commandé par le roi René (1409–1480), duc d’Anjou, comte de Provence, roi de Naples et de Sicile.

L’œuvre se trouvait dans l’hospice de Tarascon en 1910 lorsqu’elle a été acquise par le musée du Louvre puis déposée au musée de Cluny. A cette date, en arrière-plan, se développait un ample paysage dominé par la silhouette de Jérusalem (entre le Christ et saint Jean, au niveau du bras droit du Christ, un fragment brunâtre de cet ajout des 16e – 17e siècles a été préservé). Il a été retiré en 1950, découvrant un fonds d'or, délicatement parcouru de rinceaux estampés et égayé d’auréoles poinçonnées à petits motifs géométriques et de fleurettes.

L’œuvre s’inspire des compositions des grands maîtres de la peinture flamande (Rogier van der Weyden, en particulier) et plus directement encore de la Pietà d’Avignon peinte par Enguerrand Quarton pour la collégiale de Villeneuve-les-Avignon, aujourd’hui au musée du Louvre. Plus chargée en personnages, d’un tracé un peu dur, mais chargée de la douce lumière caractéristique des peintres du Midi de la France, la Pietà de Tarascon pourrait être l’œuvre de l’atelier des frères Dombet basé à Aix-en-Provence. L’œuvre est présentée dans les nouvelles salles du musée, après restauration (2021).

Louvre :

"Au centre, la Vierge est assise, en vêtement bleu à orfroi d'or et bordure de col à inscription stylisée, IHM ; sur ses genoux, le Christ mort, la tête vers la gauche, une longue traînée de sang coulant de la plaie du côté droit ; à gauche, saint Jean, en robe rouge et manteau vert, retire la couronne d'épines ; à droite, Madeleine, vêtue d'une robe rose et d'un manteau vert pâle à bordure d'hermine, les cheveux blonds éployés sur le dos, agenouillée, tenant un vase d'une main et une plume de l'autre dont elle répand des essences sur les plaies des pieds du Christ ; à droite, une sainte femme (Marie ?) vêtue de rouge, baise la main du Christ ; et une autre femme sainte portant un chaperon blanc et un manteau pourpre, joint les mains en prière. Le fond d'or, gravé de rinceaux de feuillages stylisés et des nimbes des personnages, a été mis à jour après restauration en 1951 : il était recouvert d'une couche picturale représentant la base de la croix, la ville de Jérusalem et un paysage, exécutés au XVIe siècle."

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— ERLANDE-BRANDENBOURG   (Alain), (1968) La Pietà de Tarascon [compte-rendu], Bulletin Monumental  Année 1968  126-2  pp. 197-198

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1968_num_126_2_7863

"La Pietâ de Tarascon. — Le célèbre primitif, la Pietà de Tarascon, que possède le Musée de Cluny, a déjà fait l'objet de nombreuses études. M. Charles Sterling avait publié en 1955 un très important article [La Revue des Arts, 1955, p. 25-46) où il émettait l'hypothèse qu'il était l'œuvre de Thomas Grabuset. On sait que ce peintre était en activité en 1457, date à laquelle ce tableau est signalé, dans l'inventaire du château de Tarascon, comme étant dans la chambre de la reine, Jeanne de Laval. Cependant l'absence d'œuvres certaines de Grabuset — l'auteur n'admet pas l'attribution du Saint Georges de l'église de Caromb — n'était qu'une suggestion provisoire.

Une étude plus approfondie du milieu que fréquentait ce peintre a permis à l'auteur, dans cet article, de proposer une nouvelle identification. Grabuset était associé dès 1450 à l'atelier des peintres Dombet à Avignon, dont on connaît une des productions : les trois vitraux qui ornent la chapelle Saint-Mitre à la cathédrale d'Aix-en-Provence. On voit au centre saint Mitre qui porte sa tête coupée, à droite saint Biaise, à gauche un évêque qui est peut-être saint Nicolas. Ces vitraux, commandés par l'archevêque d'Aix, Nicolai" (t 1443), étaient payés, en 1444, au « maître Guillaume, peintre d'Avignon ».

Ce peintre a pu être identifié avec Guillaume Dombet, peintre-verrier établi à Avignon de 1414 à sa mort survenue en 1461. L'art de ces verrières se ressent de l'influence du maître de l'Annonciation d'Aix, mais en en desséchant « le puissant volume, le riche modelé, le dessin admirable ». De plus, dès avant cette époque, vers 1430, l'art flamand avait déjà pénétré l'atelier de Guillaume, dont l'une des filles avait épousé Arnold de Catz, peintre originaire d'Utrecht, que l'on peut vraisemblablement identifier avec cet Arnoulet qu'on trouve en 1423 maître à Tournai. On ne peut pas néanmoins voir en lui l'auteur de l'Annonciation, car il mourait en 1434. Arnolet dut marquer surtout ses propres beaux-frères, Aubry et Jacques. D'après les informations que nous possédons sur ces deux frères, ils devaient compter, entre 1430 et 1434, parmi les premiers peintres provençaux à connaître le nouvel art flamand. Or, la fameuse pierre tombale de l'archevêque Nicolai, commandée à Guillaume, dénote, comme les vitraux, l'influence du « Maître de l'Annonciation d'Aix ». Guillaume devait, étant donné son âge, travailler dans un style plus traditionnel, si bien que l'auteur en arrive à se demander si ces ouvrages, payés à Guillaume, n'ont pas été exécutés par son fils Aubry, nourri au cours de son apprentissage par les leçons d' Arnolet et formé définitivement par l'influence personnelle du « Maître de l'Annonciation d'Aix », en 1443-1444. C'est sans doute à lui qu'il faut attribuer le Noli me tangere qui orne les volets du retable de l'Annonciation. Jacques, le plus jeune, n'apparaît pas dans les textes avant 1450. Il fait alors figure de disciple de son frère ainé. Aussi l'auteur émet-il l'hypothèse qu'il pourrait être l'auteur de la Pietà de Tarascon, qui conserve des souvenirs manifestes du style des vitraux d'Aix, mais traités avec plus de sécheresse. A ces trois œuvres : vitraux d'Aix, Noli me tangere, Pietà de Tarascon, il faut ajouter le Retable de Boulbon. Le peintre qui l'exécuta fut sans doute le disciple le plus provençal du « Maître de l'Annonciation ». Cependant M. Sterling se refuse à l'attribuer à Aubry. La densité plastique et la gravité spirituelle dénotent un artiste d'une autre envergure qui a dû travailler aux côtés de celui-ci. Or, Thomas Grabuset est resté très longtemps lié aux Dombet, ce qui permet à l'auteur d'envisager cette attribution qui restera hypothétique aussi longtemps qu'une œuvre certaine ne sera révélée. L'auteur insiste ensuite sur le mécénat du roi René. Au contraire de ce que l'on a pu prétendre, M. Sterling affirme que, dès avant son installation définitive en Provence en 1471, il «ut un rôle considérable dans la formation de cette première génération de peintres provençaux. La fameuse enluminure du Roi-Mort, insérée dès 1435-1437 dans son livre d'heures, appartient en effet à l'art provençal. A l'exception des œuvres de Quarton, toutes les œuvres marquantes qui ont vu le jour en Provence entre 1450 et 1460 environ se rattachent plus ou moins directement au groupe de peintres qui ont travaillé pour ce prince. M. Sterling y joint la fameuse tapisserie de Détroit, « L'amour vainqueur », dont on a déjà, parlé ici même (1966, p. 225). — Charles Sterling, La Pietà de Tarascon et les peintres Dombet, dans la Revue du Louvre et des Musées de France, 1966, p. 13-26, 23 fi"

— ERLANDE-BRANDENBOURG   (Alain), 1967, La statue agenouillée de femme du Musée de Cluny, [compte-rendu] Bulletin Monumental Année 1967 125-1 pp. 94-95

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1967_num_125_1_7752

— Grodecki Louis 1959, Guillaume Dombet, verrier, est-il le «Maître de l'Annonciation d'Aix»? [compte-rendu] Bulletin Monumental  Année 1959  117-1  pp. 80-81

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1959_num_117_1_4043_t1_0080_0000_1

— GAUDE-FERRAGU (Murielle), 2016 « Le mannequin du roi » Mort et funérailles royales en France au xve siècle, Presses universitaires de Provence.

https://books.openedition.org/pup/43885?lang=fr

 

"Le souverain fut toujours inhumé avec un faste particulier, symbole de son rang et de son prestige. Le convoi qui traversait Paris jusqu’à Saint-Denis était l’occasion de mettre en scène la majesté royale. Le corps était exposé « à découvert », la tête ceinte d’une couronne, tenant les regalia. Les Valois accentuèrent encore la cérémonialisation de leur cour, dans une vaste opération de communication politique visant à légitimer le changement de branche. Dernière entrée du défunt dans sa capitale, les funérailles se voulaient triomphales. Le rituel connut des évolutions majeures au début du xve siècle, lors de la célébration des funérailles de Charles VI en 1422 dans un contexte difficile lié à la folie du roi et aux crises de succession qui s’ensuivirent. Les innovations introduites (effigie funèbre et cris d’inauguration) étaient vouées à un brillant avenir puisqu’elles perdurèrent jusqu’au début du xviie siècle."

 

 

 

— GAUDE-FERRAGU (Murielle), 2009, « L'honneur de la reine » : la mort et les funérailles de Charlotte de Savoie (1er-14 décembre 1483) [1] Revue historique 2009/4 (n° 652), pages 779 à 804

https://www.cairn.info/revue-historique-2009-4-page-779.htm

— GAUDE-FERRAGU (Murielle), 2011, "Tribulations corporelles et inhumation royale : les funérailles de René Ier d’Anjou" in Jean-Michel Matz,  Noël-Yves Tonnerre René d'Anjou (1409-1480), Pouvoirs et gouvernement, Presses univresitaires de Rennes.

https://books.openedition.org/pur/124788#ftn26

— GAUDE-FERRAGU (Murielle), 2005, D’or et de cendres. La mort et les funérailles des princes dans le royaume de France au bas Moyen Âge, Villeneuve-d’Ascq.

— GAUDE-FERRAGU (Murielle), 2014, Anne de France, la mort et les corps saints

https://sorbonne-paris-nord.hal.science/hal-03883117/document

"Le mannequin de cire présentait donc le défunt dans tout son apparat, vêtu du manteau ducal et paré du collier de l’ordre royal. Le chapeau couronné, serti de multiples pierres précieuses, renforçait encore l’image de son pouvoir (fig. 2). L’emploi d’une effigie était pourtant réservé aux seuls monarques, à certaines de leurs épouses, et aux princes dotés d’un titre royal, même fictif, comme René d’Anjou, roi de Naples et de Sicile."

— GEORGES (Patrice), Les aromates de l'embaumement médiéval.

 https://www.academia.edu/1518955/Les_aromates_de_lembaumement_m%C3%A9di%C3%A9val_entre_efficacit%C3%A9_et_symbolisme_The_spices_for_medieval_embalming_between_symbolism_and_efficiency

—GUIDINI-RAYBAUD (Joëlle), 2003 Pictor et veyrerius: le vitrail en Provence occidentale, XIIe-XVIIe siècles Presses Paris Sorbonne, 2003 - 382 pages Voir Dombet pages 200 et  298

https://www.google.fr/books/edition/Pictor_et_veyrerius/9KgeXwDVxBYC?hl=fr&gbpv=1&dq=Pictor+et+veyrerius:+le+vitrail+en+Provence+occidentale,+XIIe-XVIIe+si%C3%A8cles+De+Jo%C3%ABlle+Guidini-Raybaud&printsec=frontcover

— HABLOT (Laurent) 2009 « Mise en signe du livre, mise en scène du pouvoir : armoiries et devises dans les manuscrits de René d’Anjou », Splendeur de l’enluminure : le roi René et les livres, Marc-Édouard Gautier (dir.), Arles, Actes Sud, 2009, p. 172.

— KOGEN (Helena), Jeanne de Laval et l’institution littéraire angevine

https://books.openedition.org/pup/19339

 

"Plusieurs historiens voient dans le mariage de René d’Anjou avec Jeanne de Laval (1433-1498) un moment crucial de la vie littéraire du prince, allant jusqu’à considérer Jeanne comme son égérie, comme l’inspiratrice de ses œuvres et l’instigatrice de ses intérêts littéraires1. Certes, ce mariage célébré au mois de septembre 1454, avec le concours des hommes de confiance de René, hauts dignitaires de sa cour – Louis et Bertrand de Beauvau, Guy de Laval-Loué2 – coïncide avec le début de la période la plus fructueuse de l’histoire du milieu littéraire angevin. Plus encore, la tendresse indéniable entre les deux époux, mieux exprimée par la devise Per non per si explicitement célébrée dans Regnault et Jehanneton, plaçait naturellement la nouvelle reine de Sicile au centre des activités artistiques de sa cour : les documents d’archives, malgré leur chronologie lacunaire, regorgent de marques de faveur particulières, de cadeaux artistiques et exotiques ; de nombreuses œuvres d’art immortalisent son effigie.

On peut affirmer avec confiance que Jeanne de Laval fut un membre actif du cénacle littéraire angevin et que ses goûts et ses intérêts contribuaient d’une façon significative à l’éclat culturel de la cour angevine. Gardienne dévote des écrits de son mari, elle devrait être célébrée pour son propre mécénat littéraire, ainsi que sa bibliophilie. Les recherches récentes, surtout celles effectuées par Anne-Marie Legaré, ont pu préciser l’action littéraire de Jeanne de Laval, ainsi que dresser un aperçu de sa collection particulière longtemps confondue avec la bibliothèque de René d’Anjou. Dominée par les textes à vocation religieuse et spirituelle communs aux intérêts du public aristocratique de l’époque, cette librairie renferme quelques œuvres directement influencées par les goûts de la princesse, dont une mise en prose du Pèlerinage de vie humaine de Guillaume de Digulleville, une traduction d’un ouvrage historique de Matteo Palmieri, un roman de chevalerie Baudoin de Gavre ainsi qu’un poème bucolique célébrant l’amour unissant Jeanne de Laval et son époux René d’Anjou. Ce corpus littéraire sera davantage mis en relief placé en relation avec ce qu’on pourrait appeler « l’institution littéraire» angevine, – une institution que de nombreuses recherches, dont celles qui sont présentées dans le cadre de l’année commémorative, mettent en évidence. En résultera, je l’espère, un portrait littéraire de Jeanne de Laval, son reflet dans le miroir de ses livres.

Ainsi, les comptes des années cinquante montrent plusieurs commandes de livres de piété à l’intention de ses proches dont se démarque la fabrication, en 1459, d’un livre d’heures luxueux pour sa soeur Louise. Ses propres livres de dévotion seront transmis aux filles de la famille de Laval 

La spiritualité princière : dévotion institutionnelle et pèlerinage intérieur

Si l’on considère le legs littéraire de Jeanne de Laval dans son intégralité, sa dominante spirituelle et religieuse, d’ailleurs évidente dans tous les domaines artistiques ayant rapport au mécénat de Jeanne, doit être considérée au premier abord. Jeanne elle-même, ne se présente-elle pas en lectrice absorbée et calme face au ravissement méditatif de son époux devant l’image mystique du buisson ardent, sur le célèbre tableau Le buisson ardent de Nicolas Froment ? Le psautier que la reine de Sicile tient entre ses mains est l’un des nombreux qu’elle a fait confectionner pour son propre usage et pour ses proches20. Certains ouvrages, comme la copie de l’Apocalypse de saint Jean, démontrent sa volonté de s’associer aux objets cultuels principaux de la cour d’Anjou.

Outre les livres de dévotion, une part importante du corpus des livres de Jeanne relève de la littérature hagiographique. On y trouve plusieurs recueils de vies des saints, dont une copie du xive siècle des Vies des Saints de Jean de Vignay, mais aussi l’imprimé de la Légende des saints nouveaux de Julien Macho faite à Lyon en 1480. On peut noter son intérêt particulier pour les saints liés à la dynastie royale française : une importante Vie de Monseigneur saint Denis en 3 volumes appartenait à sa collection ; sa commande d’une copie de l’Histoire de Saint Louis de Joinville peut être justifiée par la volonté de promotion du pouvoir royal montrée par Louis XI25. Elle fait copier plusieurs vitas des saints associés à l’espace angevin : sainte Anne, saint Nicolas, sainte Marie-Madeleine. À la fin des années soixante-dix, on voit Jeanne de Laval s’associer de près à la politique religieuse de la cour d’Anjou-Provence dans la promotion de la dévotion aux saints locaux, facteurs importants de la cohésion sociale des domaines culturellement hétérogènes et dispersés. Ainsi, en 1479, elle commande une Vie et office de Sainte Marthe de Tarascon et une copie de la Translation de Saint Antoine. La même année, le culte de saint Honorat devient prétexte à une série de commandes de la Vie de Saint Honorat de Raimon Feraut : un exemplaire enluminé par Georges Trubert, deux copies de la version occitane, ainsi qu’une version latine. Ces initiatives sont probablement liées à la découverte des nouvelles reliques du saint. Le culte de saint Honorat poursuit une vocation politique tout autant que religieuse, Honorat étant un descendant légitime des rois de Hongrie.

Une autre série de livres est constituée d’ouvrages d’enseignement moral et spirituel, clairement orientés vers la spiritualité féminine, souvent influencés par la devotio moderna. En 1457, plusieurs copistes et enlumineurs préparent pour Jeanne un exemplaire richement illustré du Miroir des Dames de Durand de Champagne, traduction du manuel de spiritualité féminine adressé à la reine Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel. La reine de Sicile possédait également une traduction française du livre de François de Ximenes, Livre des saints anges. Les origines catalanes de l’auteur contribuent-elles à l’intérêt de la princesse pour son livre ? Il faut noter que cet ouvrage didactique et spirituel, traduit en français, est souvent lu dans les milieux princiers du xve siècle, surtout par les femmes : Marguerite d’Orléans, Charlotte de Savoie. En 1468, Marie de Clèves en commandait également une copie.

En 1465, Jeanne de Laval effectue sa plus importante commande littéraire lorsqu’elle fait mettre en prose le Pèlerinage de vie humaine de Guillaume de Digulleville. Les ouvrages de Digulleville jouissaient d’un énorme prestige à la cour d’Anjou au point d’inspirer, de façon indirecte mais tangible, la structure narrative et le style du Livre du Cœur d’amour épris de René d’Anjou. La mise en prose, effectuée par un clerc d’Angers anonyme qui, dans son prologue, insiste sur la participation active de Jeanne à l’élaboration du texte citant sa noble correction et benigne interpretacion, fut bien appréciée par les contemporains : en témoignent les onze manuscrits de ce texte, plusieurs d’entre eux copiés pour les membres de la cour angevine, ainsi que six éditions entre 1485 et 1511. Comme texte de base, la première rédaction, plus « mondaine », de l’œuvre est choisie. Le récit principal – le voyage onirique du pèlerin vers la cité céleste – s’y enrichit de multiples digressions d’ordre doctrinal, sapientiel, satirique ou fabulaire. En 1511 encore, Antoine Vérard doit donner des justifications particulières pour expliquer la nécessité d’une nouvelle rédaction, de nouveau rimée, du Pèlerinage.

 Jeanne de Laval s’est offert, vers 1457, une copie somptueuse du livre de Mortifiement de vaine plaisance de René d’Anjou. Composée en 1455 à l’intention du confesseur de René, l’archevêque de Tours Jean Bernard, cette « méditation ascétique sur les péchés du cœur » est lue, outre les proches de l’auteur, par les princes de Bourgogne et de Luxembourg, ainsi que dans la famille royale française. La clarté de la démonstration homilétique, la force surprenante de l’image mystique du Cœur mondain crucifié et purifié, expliquent certainement cet engouement. Jeanne devait y trouver encore autre chose : l’invective anti-curiale prononcée par Contrition permet, dans l’épilogue de l’œuvre, un instant de réflexion autobiographique lorsque René constate l’échec de ses projets.

René d'Anjou, Le Mortifiement de Vaine Plaisance Cologny, Fondation Martin Bodmer / Cod. Bodmer 144 / f. 68r

https://www.e-codices.unifr.ch/en/fmb/cb-0144/60v/0/Sequence-2706

 

Les lectures spirituelles de Jeanne de Laval démontrent toute l’importance de la dévotion dans sa vie personnelle et publique. Témoins de la force des saints protecteurs de ses États, véhicules de la prière, instruments de méditation, sources d’inspiration poétique – ces livres forment le coeur de la collection de Jeanne et l’essence même de sa figure littéraire.

 

— PERROT (Raoul), 1982,  LES BLESSURES ET LEUR TRAITEMENT AU MOYEN-AGE D'APRES LES TEXTES MEDICAUX ANCIENS ET LES VESTIGES OSSEUX (GRANDE REGION LYONNAISE) Texte du Tome 1 de la thèse de Doctorat en Biologie Humaine soutenue à l’Université Claude Bernard en juin 1982 

http://www.laboratoiredanthropologieanatomiqueetdepaleopathologiedelyon.fr/THESE%20BIOLOGIE%20HUMAINE%20PERROT%201982.pdf

—ROUX (Claude), 2013, "Le foisonnement artistique de Tarascon au xve siècle : les peintres et leurs œuvres au temps du roi René", Les arts et les lettres en Provence au temps du roi René ,  Chantal Connochie-Bourgne, Valérie Gontero-Lauze p. 167-180

https://books.openedition.org/pup/19359?lang=fr

—SALET (Francis ), THIRION (Jacques ), 1955, La Pieta de Tarascon [compte-rendu] Bulletin Monumental Année 1955 113-3 pp. 219-220
 

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1955_num_113_3_8185_t1_0219_0000_1

La Pieta de Tarascon. — On sait que le Musée de Cluny conserve depuis 1910 une très belle Pieta peinte sur bois, acquise de l'Hospice de Tarascon. Jusqu'à ces dernières années, le fond du tableau était encombré de silhouettes architecturales classiques, dôme, fronton, qui avaient amené les historiens d'art à le dater des environs de 1500. Pourtant, il était évident qu'il s'agissait là de repeints sous lesquels apparaissait encore un fond à rinceaux et nimbes gravés. En vue de la nouvelle présentation des peintures et des sculptures de Cluny, nous avons jugé indispensable de faire disparaître les repeints et le groupe se détache aujourd'hui sur un magnifique fond d'or. M. Sterling, qui vient de consacrer un remarquable article à la Pieta de Tarascon, affirme que le nettoyage a fait découvrir en quelque sorte un nouveau primitif français. Ainsi allégé, le tableau a retrouvé une solennelle grandeur ; il s'insère de nouveau à sa place logique dans l'histoire de la peinture française, au milieu du xve siècle et non quarante ou cinquante ans plus tard, ce qui était incompréhensible ; bien plus, il a recouvré son identité : comme le pressentait M. Sterling il y a quinze ans déjà, il s'agit très certainement de la Pieta décrite dans l'inventaire du château de Tarascon en 1457 : unum retabulum Domini-Nostri- Jesu-Christi, in brachiis Nostre Domine, novum ; elle se trouvait dans la chambre de Jeanne de Laval, seconde femme du roi René (et c'est la statuette en marbre de cette reine, provenant d'Aix-en-Provence, que l'on verra bientôt, à Cluny, agenouillée près du retable devant lequel elle priait à Tarascon). Il était « neuf » en 1457, ce qui en indique la date avec précision. Je ne peux entrer dans le détail de la riche étude de M. Sterling sur le style d'une peinture qui reprend toute son importance aux yeux des historiens d'art. Il en décèle les origines en Flandre, dans l'art de Van Eyck et du Maître de Fiémalle, l'influence s'étant transmise par le Maître de l'Annonciation d'Aix et ses disciples provençaux : l'auteur de la Pieta d'Avignon et celui du retable de Boulbon — à huit kilomètres de Tarascon — peint la même année 1457 et dans une manière tout à fait semblable à celle de la Pieta de Cluny. M. Sterling pense donc que le tableau a été exécuté, sur la commande du roi René ou de Jeanne de Laval, par un peintre de Tarascon. L'attribution à mas Grabuset lui paraît fondée sur un faisceau de présomptions assez fortes, mais il se défend de proposer autre chose qu'une suggestion. — La Reçue des Arts, 1955.

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JEANNE DE LAVAL

La seconde épouse du roi René, Jeanne de Laval, se distingue comme une princesse lettrée au rôle culturel réel. Dès son mariage en 1454, elle multiplie les commandes de livres auprès des ateliers de copistes, de peintres et de relieurs d'Anjou ou de Provence à qui elle confie notamment la réalisation de son psautier. Très attachée à ses livres, elle y fait peindre systématiquement ses armoiries ou les emblèmes de son amour conjugal comme le couple de tourterelle sur une branche de groseillier. Sa collection montre un partage assez équilibré entre œuvres religieuses et profanes."

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ICONOGRAPHIE : LES DÉPLORATIONS.

— Les Belles Heures du duc de Berry vers 1405-1409 f. 149v

http://blog.metmuseum.org/artofillumination/manuscript-pages/folio-149v/

"Belles Heures de Jean de France, duc de Berry, 1405-1408/9. Herman, Paul et Jean de Limbourg (franco-néerlandais, actif en France vers 1399-1416). Français; Fabriqué à Paris. Encre, détrempe et feuille d'or sur vélin ; 9 3/8 x 6 5/8 po. (23,8 x 16,8 cm). Le Metropolitan Museum of Art, New York, The Cloisters Collection, 1954 (54.1.1).
Heures de la Passion. La Lamentation, Folio 149v. La scène de deuil sur le cadavre du Christ était un ajout médiéval tardif aux cycles de la passion, et c'est l'un des premiers exemples par un peintre français. La puissance émotionnelle de la scène évoquait une piété empathique et une réponse personnelle typique de la fin du Moyen Âge. Le corps du Christ, avec ses membres anguleux, rappelle une peinture néerlandaise, mais le geste émotionnel de la femme tirant ses cheveux en haut et la pose prostrée de Marie-Madeleine en bas à droite dépendent d'une influence italienne."

Note : trois pots d'onguent sont représentés : celui de Marie-Madeleine, et deux autres tenus par des hommes aux costumes orientaux (Joseph d'Arimathie et Nicodème ?)

— Les Heures d'Étienne Chevalier, Jean Fouquet

—La Pieta de Villeneuve-les-Avignon, Enquerrand Quarton, 1454-1456

https://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/oeuvres/enguerrand-quarton-pieta-de-villeneuve-les-avignon-1454-56.html

—La Déploration sur le Christ mort , Huguet, Jaume Espagne, (École de) 1455 / 1460 (3e quart du XVe siècle)

https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010060884

Représentation du Christ mort descendu de la croix et étendu sur la pierre de l'onction. De chaque côté, Joseph d'Arimathie et Nicodème saisissent un linceul pour envelopper le corps du Christ, tandis que la Vierge d'approche et soulève la tête de son fils. Au centre, saint Jean prend délicatement les mains du Christ, il est accompagné de Marie-Madeleine, à gauche, et de saintes femmes, à droite, qui expriment leur émotion par des gestes empreints d'une grande dignité. Derrière ces personnages, nous pouvons voir la hampe de la croix et les échelles se détachant d'un vaste paysage où est représenté Jérusalem sur la gauche.
Le format allongé de la composition et le cadrage centré sur les figures semblent indiquer que ce panneau (aujourd'hui transposé sur toile) devait faire partie d'une prédelle de retable à l'instar de la Déploration du corps du Christ de Lluis Borrassa conservée dans l'église Santa Maria de Manresa (Catalogne).

— Le Christ mort déposé sur la pierre de l'onction, 1566/1568  Muziano, Girolamo

https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl020007419

—Retable de la Déploration du Christ : La Déploration 1520 / 1525 (1e quart du XVIe siècle), Cleve, Joos van Pays-Bas du Sud, (École de). Présence d'une bassine remplie de vinaigre avec une éponge.

https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010061834

http://www.livres-mystiques.com/partieTEXTES/CatherineEm/LaPassion/51lecorp.html

— Embaumement du corps du Christ (De balseming van het lijk van Christus), anonyme vers 1410-1420 , XVe siècle, période pré-eyckienne, Musée Boijmans van Beuningen, Rotterdam.

https://rkd.nl/nl/explore/images/266559

https://www.wikidata.org/wiki/Q19925278#/media/File:Anoniem_ca._1410-1420_-_H._Antonius_(links),_De_balseming_van_het_lijk_van_Christus_(midden),_Johannes_de_Doper_(rechts)_-_3723_(OK)_-_Museum_Boijmans_Van_Beuningen.jpg

https://www.boijmans.nl/en/collection/artworks/151254/embalming-of-the-body-of-christ

Tandis qu'à la gauche du Christ,  la Vierge, Jean, Marie-Madeleine (nimbée) et les deux autres saintes femmes étreignent et embrassent le corps  en pleurant, à sa droite, quatre hommes barbus et coiffés du bonnet conique participent à des gestes d'embaumement. C'est particulièrement le cas de deux d'entre eux, qui trempent des tiges (plumes, spatules ...) dans les flacons d'aromates. Celui qui est le plus à droite (Nicodème ?) tient d'une main le pied droit, ensanglanté, et pose son ustensile près du genou gauche.

Cette représentation confirme que la fonction d'embaumement est réservée aux hommes, du moins jusqu'au milieu du XVe siècle. 

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—Retable de la Passion (détail : sixième niche), provenant peut-être de Saint-Denis, première moitié ou milieu du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Pierre (calcaire) avec trace de polychromie.

https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/retable-de-la-passion.html

http://mistral.culture.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=DOMN&VALUE_98=sculpture&NUMBER=36&GRP=386&REQ=%28%28sculpture%29%20%3aDOMN%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=100&DOM=All

Sur la scène de la Mise au tombeau , un homme barbu coiffé du bonnet conique verse son flacon sur le corps du Christ, entre deux autres notables Juifs, a priori Joseph d'Arimathie et Nicodème.

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Retable de la Passion, provenant peut-être de Saint-Denis, milieu du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

Retable de la Passion, provenant peut-être de Saint-Denis, milieu du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

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Published by jean-yves cordier - dans Peinture. Déplorations Pietà et Déplorations Retable
22 novembre 2022 2 22 /11 /novembre /2022 22:20

Exposition Paul Bloas au MBA de Brest : la signature d'artiste et le tampon.

Exposition Paul Bloas au MBA de Brest 2022 : une étude de la signature d'artiste et du tampon.

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Voir aussi :

  • L'exposition " vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest du 14 octobre au 31 décembre 2022.
  • Paul Bloas expose aux Capucins de Brest.
  • "Le Charpentier" de Paul Bloas au chantier du Guip quai du Commandant Malbert à   Brest.
  • Lavieb-aile à Brest : Tous mes articles pour visiter ma ville.

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PRÉSENTATION.

Merci à Paul Bloas, et aux médiateurs du Musée des Beaux-Arts.

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« Je signe pour que les gens qui me voient comprennent que je leur dis “tu” » Van Gogh.

L'étude des signatures apposées par les artistes sur leurs toiles (ou plus généralement leurs œuvres) est un sujet passionnant. Et immensément vaste dès qu'on l'aborde : on s'y noierait.

Je m'y noierais d'autant plus facilement que je l'aborde en néophyte. Quels termes sont utilisés par les experts ? J'improvise.

J'appelle "signature d'artiste" celle des œuvres, différente de la signature administrative ou civile. 

Cette signature comporte le nom civil de l'artiste, ou bien son nom et son prénom, ou encore son pseudonyme.

Lorsque le prénom et le nom de l'artiste sont réduits à leurs initiales, et que ces initiales sont ligaturées, je parlerai de "monogramme". Mais ce monogramme peut, notamment en gravure, être circonscrit par une forme géométrique (losange, ovale, rectangle ou cercle) et cette forme peut être celle d'un cachet ou poinçon. Je dois sans doute distinguer la signature autographe et l'apposition d'un cachet manufacturé. 

Il me paraît judicieux de qualifier de "sceau" les marques inspirées par le courant du japonisme, notamment lorsqu'elles sont de couleur rouge. Beaucoup de peintres japonisants ( Henri Rivière, Mathurin Méheut) signent d'un monogramme rouge circonscrit, qui imite un sceau mais qui est autographe.

"En Chine, au Japon ou en Corée: on utilise des inkan, sceau nominatif, sur lequel le nom est écrit avec une graphie dite tensho (littéralement, une graphie de cachet)." Wikipédia

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C'est devenu pour moi une habitude d'observer, dans chaque exposition, la signature des œuvres, et de les photographier, tout comme j'étais fasciné par le déchiffrage des cartollino de la Renaissance. Et j'avais parcouru l'exposition Figures d'artistes (Le Louvre 2019-2021) avec passion.

Dans ce blog, je n'ai consacré à cette passion qu'une série d'articles concernant l'inversion de l'initiale N du nom de Jules Noël :

  • Jules Noël à Brest, un peintre délibérément "rétrograde".
  • Le peintre Jules Noël rétrograde ? Persiste et signe à Quimper !
  • La vie cachée de Joyeux Noël le brestois, conte.

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Lors de ma visite de l'exposition consacrée à Paul Bloas, j'ai été très séduit par la beauté fluide de la signature du peintre. Certes, certains grands formats ne comportaient que les initiales P B, sans ligature, mais de nombreuses œuvres portaient la mention Paul Bloas, parfois suivie d'une date. La "s" finale se poursuivait par un trait plein d'élan.

On trouve : "P. Bloas", "P Bloas" , "Paul Bloas", et enfin "Paul Bloas" avec le millésime au dessus de la ligne finale.

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Je me livrai à ce jeu avec d'autant plus de plaisir que la signature s'isolait dans d'abstraites  plages colorées, formant comme un tableau dans un tableau.

Mais une surprise m'attendait : le tampon (chapitre II).

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I. LES SIGNATURES "SIMPLES".

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Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

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II. LES SIGNATURES AVEC MARQUE ROUGE.

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Dans plus de 25 œuvres, la signature "P. Bloas", en peinture noire, est accompagnée d'une marque rouge, associant, comme deux caractères de calligraphie chinoise, un homme stylisé, et un cercle contenant trois lignes sinueuses. Cette marque semblait peinte à la main, mais, en périphérie, on remarquait parfois ce qui pouvait correspondre à un sceau plus ou moins rond.

Intuitivement, je pouvais évoquer un marcheur arpentant une ville au bord de l'eau (les trois lignes sinueuses).

Paul Bloas a eu la gentillesse de me donner les explications suivantes.

Il s'agit bien d'un tampon, réalisé en 2018 après un séjour à Taïwan sous l'influence de la culture orientale : "là-bas, la signature ne veut rien dire, ce qui compte, c'est le tampon". 

Il traduit en signe le titre d'une exposition réalisée en 2003 : "Mada, debout, de terre et d'eau", témoignant d'un séjour à Madagascar, sa terre natale, de 1999 à 2003.

https://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=20030910&article=6710579&type=ar

 

Paul Bloas appose désormais ce tampon sur toutes les œuvres dont le médium le permet.

Il conclut aussi  désormais les performances qu'il réalise avec le guitariste du groupe Noir Désir, Serge Teyssot-Gay en traçant ce slogan.

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=JraGyEXeAF0

https://www.youtube.com/watch?v=FV_aY4_qa-A

https://www.ouest-france.fr/bretagne/plerin-22190/350-personnes-ont-suivi-la-performance-peinture-guitare-2810971

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Paul Bloas explique que son "logo" parle de la fragilité. Fragilité de l'homme, fragilité — et vanité— des constructions humaines dont il explore les ruines, fragilité de la nature.

Dans ses performances, il joue avec la proximité de "debout" et de "boue", de l'homme debout et de l'homme fait de boue, en écrivant sur les papiers collés où  il a barbouillé de terre le visage de deux personnages : "La boue commence avec moi".

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Là encore, j'ai éprouvé un tel plaisir esthétique à découper dans le tableau entier ce "détail" que j'ai multiplié les clichés à la recherche du petit bonhomme rouge et de ses vagues.

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Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

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On trouve notamment ce tampon sur des peintures réunies par quatre dans le même encadrement : quatre métallurgistes, quatre lamaneurs (ou matelots lançant la touline) et quatre personnages.

 

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Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

Signature et tampon de Paul Bloas. Exposition "À Vif", MBA de Brest 2022. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— PAUL BLOAS, le site :

https://www.paulbloas.com/

Ligne de front " en gare d'Aurillac en 2010 : https://www.youtube.com/watch?v=tVhXX2Z_Axo

—LE LOUVRE, Exposition "Figures d'artistes" 2019-2021.

https://www.louvre.fr/en-ce-moment/expositions/figure-d-artiste

C’est à la Renaissance que l’artiste affirme son indépendance et cherche à quitter le statut d’artisan pour revendiquer une place particulière dans la cité. Cette invention de la figure de l’artiste a cependant une histoire plus ancienne et complexe que l’ampleur des collections du Louvre permet de mesurer, des premières signatures d’artisans dans l’Antiquité aux autoportraits de l’époque romantique. La signature, l’autoportrait,  l’invention du genre de la biographie d’artiste servent son dessein : mettre en images les mots et accéder à la renommée accordée aux poètes  inspirés par les Muses.

— GUICHARD (Charlotte), 2018, La Griffe du peintre : La valeur de l'art (1730-1820), Paris, Seuil, 355 p.

https://www.muses-et-art.org/la-signature-des-tableaux/

—LAMPE (Louis), 1898, Signatures et monogrammes des peintres de toutes les écoles, guide monogrammiste indispensable aux amateurs de peintures anciennes. Premier volume : Portraits. Deuxième volume :  Histoire. Troisième volume : Genre divers

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/9149/?offset=1#page=1&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/9152/?offset=2#page=1&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/9153/?offset=#page=2&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

— Johannes Vermeer: Signatures.

http://www.essentialvermeer.com/references/signatures.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Peinture. Street-art Brest Inscriptions
21 novembre 2022 1 21 /11 /novembre /2022 12:11

L'exposition Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest.

L'exposition " À vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest du 14 octobre au 31 décembre 2022.

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Voir aussi :

  • Exposition Paul Bloas au MBA de Brest 2022 : une étude de la signature d'artiste et du tampon.

  • Paul Bloas expose aux Capucins de Brest.

  • "Le Charpentier" de Paul Bloas au chantier du Guip quai du Commandant Malbert à   Brest.
  • Tous mes articles sur Brest.

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I. Les "méduses" du hall de réception.

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Les Méduses   (2015) de Bloas sont des mobiles constitués de onze coupoles en osier supportant  des centaines (2500) de petites pièces de faïence peintes sur les deux faces de petits bonhommes, versions miniatures des gigantesques personnages.

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L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

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II. L'escalier permet d'accéder à l'étage ... et d'admirer divers Géants.

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L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

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III. À l'étage, une rambarde circulaire domine le hall de réception.

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Cet espace central sert à exposer dix photographies des Géants de papier, collés dans l'ancienne prison de Pontaniou (1991) ou sur le pont de Recouvrance (2017) à Brest, à New-York (2013), au cimetière de navires de Landévennec (2013),  à Chañaral au désert d'Atacama au Chili et sur les mines de cuivre (résidence de 2016) , ou à Taïwan (2016) et à Ouessant (2019).

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L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

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IV. Tout autour, les murs exposent des œuvres de différents formats consacrés aux travailleurs de réparation navale, et du port de Brest.

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L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

L'exposition "A vif" de  Paul Bloas au Musée des beaux-arts de Brest. Photographie lavieb-aile 2022.

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SOURCES ET LIENS.

https://musee.brest.fr/programmation/agenda/agenda-3225/paul-bloas-a-vif-1201191.html

https://www.paulbloas.com/?-Parcours-

https://www.youtube.com/watch?v=HhM3faGtf94

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24 août 2022 3 24 /08 /août /2022 16:09

Les portraits des jolies filles ... des musées bretons.

Une revue de quelques portraits de jolies filles, en coiffe ou non,  des musées bretons. Brodeuses et couturières, regards et sourires, reflets cornéens. Musées du  Faouët (56) et de  Quimper (29).

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Un conseil : cliquez sur l'image pour activer le diaporama, je n'ai mis aucun texte.

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I. Exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", 9 avril 2022-9 octobre 2022.

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Elisabeth Sonrel (1874-1953) , Jeune bigoudène, aquarelle sur papier. coll. P. Le Goff. Photographie lavieb-aile août 2022.

Elisabeth Sonrel (1874-1953) , Jeune bigoudène, aquarelle sur papier. coll. P. Le Goff. Photographie lavieb-aile août 2022.

Elisabeth Sonrel (1874-1953) , Jeune bigoudène, aquarelle sur papier. coll. P. Le Goff. Photographie lavieb-aile août 2022.

Elisabeth Sonrel (1874-1953) , Jeune bigoudène, aquarelle sur papier. coll. P. Le Goff. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1908, Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

John Recknagel (1870-1940) Portrait d’une jeune Fouesnantaise, 1909 Pastel sur papier, 99,5 x 46 cm Collection particulière. Photographie lavieb-aile août 2022.

Henri Guinier. Fillette faouëtaise à la pomme. Fusain et rehaut de couleurs sur papier.  Coll. Musée d'Arts Charles Danielou, Locronan. Photographie lavieb-aile 2022.

Henri Guinier. Fillette faouëtaise à la pomme. Fusain et rehaut de couleurs sur papier. Coll. Musée d'Arts Charles Danielou, Locronan. Photographie lavieb-aile 2022.

Henri Guinier. Fillette faouëtaise à la pomme. Fusain et rehaut de couleurs sur papier.  Coll. Musée d'Arts Charles Danielou, Locronan. Photographie lavieb-aile 2022.

Henri Guinier. Fillette faouëtaise à la pomme. Fusain et rehaut de couleurs sur papier. Coll. Musée d'Arts Charles Danielou, Locronan. Photographie lavieb-aile 2022.

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Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

Léon MORICOURT (1830 - 1908), La tricoteuse. exposition au Musée du Faouët, "Le portrait dans la peinture en Bretagne", photographie lavieb-aile août 2022.

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Narcisse Chaillou (1835-1916) Le Prix d’honneur, avant 1894 Huile sur toile, 93,9 x 70,7 cm Collection des musées de Vitré, inv. 1894.2.2. Photo lavieb-aile août 2022.

Narcisse Chaillou (1835-1916) Le Prix d’honneur, avant 1894 Huile sur toile, 93,9 x 70,7 cm Collection des musées de Vitré, inv. 1894.2.2. Photo lavieb-aile août 2022.

Narcisse Chaillou (1835-1916) Le Prix d’honneur, avant 1894 Huile sur toile, 93,9 x 70,7 cm Collection des musées de Vitré, inv. 1894.2.2. Photo lavieb-aile août 2022.

Narcisse Chaillou (1835-1916) Le Prix d’honneur, avant 1894 Huile sur toile, 93,9 x 70,7 cm Collection des musées de Vitré, inv. 1894.2.2. Photo lavieb-aile août 2022.

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II. QUIMPER.

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Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Alfred Delobbe, Jeunes dentellières de Beuzec-Conq, huile sur toile, v.1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

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Emile Simon, Femme de Vannes, huile sur toile, 1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

Emile Simon, Femme de Vannes, huile sur toile, 1950. Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

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Jean Le Merdy, Femme de Fouesnant, huile sur toile, 1950. Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Jean Le Merdy, Femme de Fouesnant, huile sur toile, 1950. Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Louis Caradec, Jeunes bretonnes à la fontaine, vers 1860.  Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Louis Caradec, Jeunes bretonnes à la fontaine, vers 1860. Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Les portraits des jolies filles ... des musées bretons.
René Quillivic, Jeune femme assise, plâtre, 1944. Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

René Quillivic, Jeune femme assise, plâtre, 1944. Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

René Quillivic, La brodeuse, bronze. Musée des Beaux-arts de Quimper. Photographie lavieb-aile.

René Quillivic, La brodeuse, bronze. Musée des Beaux-arts de Quimper. Photographie lavieb-aile.

René Quillivic, La brodeuse, bronze. Musée des Beaux-arts de Quimper. Photographie lavieb-aile.

René Quillivic, La brodeuse, bronze. Musée des Beaux-arts de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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Pour finir, votre miroir, mesdames.

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 Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

 Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Musée départemental breton  de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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