Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper VI : la baie n°107.
Voir :
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LA BAIE n°107, TROISIÈME TRAVÉE DU CHOEUR, COTÉ NORD (1415 ; 1869 ; 1993).
Haute de 4,50 m et large de 2,60 m, elle comporte 4 lancettes trilobées formées chacune de 4 panneaux et un tympan à 10 ajours.
Documentation : Comment a-t-elle été décrite depuis le XIXe siècle ?
— Aymar de Blois (vers 1820) décrit :
"La Trinité, Notre Dame, St Pierre , et le chanoine donateur à genoux présenté par un Saint dont on ne distingue pas les attributs. La destruction des Ecussons ne permet plus de connoître de quelle maison étoit le Chanoine. Les Chanoines sont le plus ordinairement représentés en chape ; on en voit pourtant quelques uns en surplis, mais c'est le très petit nombre ; il est même rare que cela soit autrement, quoiqu'on puisse voir quelques exceptions à cette règle, même dans l'église de Quimper. "
— En 1877, Le Men écrit (p.23-24) :
" 1er Panneau. — Un chanoine à genoux, revêtu d’une chape bleue, et présenté par un saint dont on n’a pu reconnaître l’attribut.
2e Panneau.— Saint Pierre, apôtre, tenant d’une main un livre et de l’autre une clef.
3e Panneau. — Saint Paul, apôtre, tenant une épée à la pointe en bas.
4e Panneau. — La Sainte-Trinité représentée de la manière suivante : Dieu le Père assis, tient son Fils crucifié entre ses genoux, et le Saint-Esprit, sous la forme d’une colombe, est posé sur le bras droit de la Croix. Cette manière de représenter le symbole de la Trinité, était populaire au Moyen Âge. Il en reste d’assez nombreux exemples dans l’évêché de Quimper, à Kerfeunteun, à Plogonnec, à Spézet, etc. Mais le plus ordinairement la colombe est figurée, les ailes déployées, sur la poitrine on sur la tète du Père Éternel.
Les quatre écussons qui sont au bas des panneaux de ce vitrail, y ont été mis sur mes indications pour remplacer ceux qui s’y trouvaient auparavant et qui ont été détruits. Ils portent les armes de Pierre du Quenquis, ou du Plessix-Nizon, de Jacques Buzic, d’Olivier de l’Hôtellerie et de Jean de Tréanna, tous quatre chanoines de la cathédrale à l’époque où ont été faits les vitraux du chœur en 1417 et 1418. Ces armes sont : l° pour du Plessix : d’argent au chêne de sinople englanté d’or, au franc canton de gueules chargé de deux haches d’armes adossées d’argent en pal ; 2° pour Buzic : écartelé aux 1 et 4, d’or au léopard de gueules, qui est Nevet, aux 2 et 3, de gueules à six annelets d’argent 3, 2, 4, qui est Buzic ; devise : Comzit mad (parlez bien) ; 3° pour l’Hôtellerie : d’argent à trois jumelles de sable, accompagnées de dix étoiles de gueules 4, 3, 2, 1 ; 4° pour Tréanna : d’argent à la macle d’azur ".
N.B : Le Men indique que les armoiries ont été mises "sur ses indications", et non parce qu'elles étaient attestées dans le passé. En bon archiviste, il a choisi parmi les noms des chanoines mentionnés dans les actes du chapitre à la période 1417-1418.
— Vers 1896, Louis Ottin donne dans son ouvrage général sur Le Vitrail des illustrations puisées dans les calques des anciens vitraux déposés en 1867-69 par Lusson et remplacés par des copies fidèles. Sa description de cette baie se lit page 173 :
1°) Saint Jean-Baptiste avec une peau de loup sur la tête/
2°) Saint Pierre.
3°) Saint Paul.
4°) Trinité.
— Selon l'abbé Alexandre Thomas (1892):
1. Le chanoine Pierre du Quenquis présenté par un Saint;
2. Saint-Pierre;
3. Saint-Paul;
4. La Trés-Sainte Trinité. Le Père Éternel, assis et vêtu en empereur, tient entre les mains la croix à laquelle est attaché le Sauveur; le Saint-Esprit est représenté soas la forme d'une colombe posée sur le ·bras droit de la croix. Au-dessus de Dieu le Père, deux petits anges sont en adoration.
Des armoiries figurent à la partie inférieure de ces quatre panneaux:
1°. Du Quenquis ou du Plessix-Nizon : d'argent au chêne de sinople, au franc canton de gueules chargé de deux haches d'armes d'argent adossées en pal. J'ai déjà signalé le chanoine Pierre du Quenquis comme un des plus insignes bienfaiteurs de la cathédrale; c'est la quatrième fois que nous trouvons ses armes.
2° De Buzic: écartelé aux 1 et 4 d'or au léopard de gueules (Névet) ; aux 2 el 3, de gueules à six annelets d'argent 3, 2, 1 (Buzic). Ces armoiries rappellent ici le chanoine Jacques Buzic.
3° De l'Hôtellerie : d'argent à trois jumelles de sable, accompagnées de dix étoiles de gueules 4, 3, 2, 1. Armoiries du chanoine Ollivier de l'Hôtellerie.
4° De Tréanna : d'argent à la macle d'azur. Armoiries du chanoine Jean de Tréanna."
— En 1979 paraît un article général de Katia Macias-Valadez, sans analyse baie par baie.
— La description de Couffon et Le Bars 1988 donne :
Pierre du Quenquis
a chanoine Pierre de Quenquis à chape bleue, présenté par X
b saint Pierre , livre et clef.
c saint Paul, épée
d Trinité : le Père assis présente son fils crucifié.
les écussons Du Quenquis, de Buzic (Névet-Buzic), de L’Hotellerie, de Tréanna sont de 1867
— En 2005, nous disposons de la description des auteurs (F. Gatouillat et M. Hérold) du Corpus vitrearum, et de ceux (Yves-Pascal Castel pour cette baie) d'une monographie sur les vitraux de Quimper.
–Selon Gatouillat 2005 :"Panneaux inférieurs à socles anciens timbrés d'armoiries qui avaient disparues avant 1850, reconstituées à partir des informations données par Le Men, archiviste de Quimper. Ce sont celles des chanoines de Pierre de Quenquis, Jacques Buzic, Olivier de l'Hostellerie et Jean de Tréanna.
Niches à dais arrondis aux voûtes visibles surmontées d'entablemens horizontaux à quadrilobes et tourelles en poivrière, sommées d'une accumulation de toitures et de drapeaux. Tentures unies, de teintes variées, accrochées en rectangle. Personnages plus élancés que dans la baie voisine n° 109."
– Selon Y-P. Castel, "Restauration en 1992 par Antoine Le Bihan, en particulier de la tette du Père et la colombe. ... Les fonds alternent rouges ett bleus. L
— En 2007, Jean-Pierre Le Bihan, qui a restauré cette baie en 1992-1993, consacre un article de son blog à la baie n°107. (voir infra pour le détaildes lancettes) :
"L'état en 1992, près de 120 ans après la dernière grande restauration, n'était pas si mauvais que cela et certaines pièces de cette restauration du XIXe siècle ont pu être conservées, leurs grisailles, que cela soit au trait ou en lavis, ayant tenues. "
— En 2009 et 2015, Françoise Gatouillat rédige un article et un chapitre d'ouvrage aux vitraux du chœur, avec quelques mentions de la baie 107.
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Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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LANCETTE A. SAINT JEAN-BAPTISTE et un donateur.
Pendant longtemps, le saint n'a pas été identifié. Quant au donateur, Thomas ou Le Bihan le donnent comme Pierre de Quenquis, alors que les armoiries (mais qui datent de Lusson) sont celles du chanoine Olivier de l'Hôtellerie. En fait, nous ne pouvons que présumer de l'identité de ce chanoine en chape bleue, sans nous appuyer sur les armoiries, qui ont été choisies arbitrairement par René-François Le Men. C'est l'occasion de découvrir quelques membres du chapitre cathédrale du début du XVe siècle. Ce dernier était composé au XVe siècle d'un Doyen qui était, de Droit, l'Abbé de l'Abbaye de Daoulas, de cinq autres Dignitaires, qui étaient le Grand Archidiacre ou de Cornouaille (Alain de Penquelennec en 1400), le Grand Chantre, le Trésorier, l'Archidiacre de Poher (ou Poukaer), et le Théologal ; et de douze Chanoines qui avaient des Paroisses à leur présentation, et du Bas Choeur.
Gatouillat 2005 : "Saint Jean-Baptiste, encapuchonné dans sa peau de chameau traitée en jaune d'argent comme la robe de sparterie qu'elle recouvre, présentant un chanoine donateur en surplis blanc et manteau bleu à motifs peints au jaune d'argent (bien conservé)."
Y-P. Castel 2005 : "Le donateur, le seul de cette fenêtre, est un chanoine en chape bleue, à genoux, les mains jointes. Derrière lui, Jean-Baptiste, avec l'agneau pascal et l'étendard de la Résurrection, est revêtu d'un grand voile qui lui couvre la tête. [sic]. En dessous, armoiries du chanoine Olivier de l'Hôtellerie, d’argent à trois jumelles de sable, accompagnées de dix étoiles de gueules 4, 3, 2, 1 ".
Le Bihan, 2007 :
" Nous avons le droit ici à un Jean Baptiste, au nimbe de couleur verte, très différent de celui de la baie 103, se détachant sur une tenture rouge.
Est-ce sur la demande du donateur que l'artiste lui a fait revêtir une simple peau de bête dont la tête, servant de coiffure, pointe son museau au dessus du visage de l'intercesseur .
Celui ci repose sa main droite près de l'épaule du chanoine. L'agneau pascal, portant le nimbe, est assis sur le livre au sept sceaux que porte saint Jean Baptiste. Il tient entre ses pattes la croix de résurrection et dresse son museau et le regard vers le visage de Jean Baptiste
Le possible donateur de ce vitrail : Le chanoine Pierre du Quenquis, à genoux les mains jointes dans la pose des orants, porte une chape de couleur bleue garnie de broderies. Comme saint Jean Baptiste, il se tourne et vers saint Pierre et vers la Sainte Trinité qui trône de face.".
Les armoiries sont celles de la famille Abraham, de l'Hôtellerie, dont le Nobiliaire et Armorial de Bretagne de Potier de Courcy donne les indications suivantes :
"Abraham, sr de l’Hôtellerie, par. de Ploufragan, — de la Ville-Angevin, par. de Pordic, — de Bélestre, par. de Saint-Alban. — du Closmenier, par. de Coëtmieux.
Réf. et montres de 1423 à 1513, dites par., év. de Saint-Brieuc.
D’argent à trois jumelles de sable, accomp. de dix étoiles de gueules, 4.3. 2. et 1 (Sceau 1381).
Perrot, ratifie le traité de Guérande en 1381. La branche de l’Hôtellerie fondue en 1510 dans Visdelou."
Le chanoine Olivier de l'Hôtellerie apparaît dans une délibération du chapître du 30 mai 1408 : "Le chapitre se réunit donc de nouveau, le 30 mai, dans la matinée. Les chanoines présents étaient : Guillaume de Kaer (1)73, bachelier-ès-lois, archidiacre ; Bertrand de Rosmadec, trésorier, maître-ès-lois et bachelier en décrets ; Olivier de l’Hotellerie, licencié-ès-lois ; ", etc.
Le Men mentionne aussi:
"François de L’Hôtellerie, qui figure dans les actes comme chanoine de la cathédrale, pendant presque toute la seconde moitié du XVe siècle, dut contribuer à la construction de la chapelle Saint-François (1464-1485). Depuis la fin du XIVe siècle, une des prébendes de la cathédrale, appartenait à Olivier de L’Hotellerie, qui était, je suppose, oncle de François, auquel il transmit son canonicat, comme c’était assez l’usage à cette époque. Le nom patronymique des sieurs de L’Hotellerie, était Abraham. Cette famille, originaire de l’évêché de Saint- Brieuc, avait pour armes : d’argent à 3 jumelles de sable accompagnées de 10 étoiles de gueules 4, 3, 2 et 1, Ces armoiries se voient encore avec une cotice de …brochant, sur deux des meneaux de la fenêtre de cette chapelle. François de L’Hotellerie y fonda une chapellenie dont il laissa le patronage, à l’official de Cornouaille, On a mutilé, il y a quelques années, l’enfeu de cette chapelle, dont l’arcade surbaissée portait des écussons aux armes de L’Hotellerie"
Plus intéressant, Le Men rapporte un acte de 1424 qu'il traduit du latin (notre chanoine apparaît sous le nom d'Oliviero Hospitis):
"1424. — Le 26 juillet de cette année, fête de sainte Anne, fut commencée la « nouvelle œuvre » des tours de la façade de la cathédrale. La première pierre fut posée par l’évêque Bertrand de Rosmadec, revêtu de ses ornements épiscopaux, et par Jean de Langueouez, chevalier, chargé par le duc Jean V de le représenter dans cette cérémonies en présence de vénérables maîtres Jean Le Marc’hec, trésorier, Olivier de l’Hôtellerie, Jean de Treanna, Raoul Le Blanc (autrement Penquelennec), Pierre du Quenquis, Bertrand Symon, Jean Hascoed, procureur de la fabrique et gouverneur de la « nouvelle œuvre, » et Guillaume Maucousu, tous chanoines de la cathédrale, et d’un grand nombre d’habitants de la ville et de la campagne. "
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Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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La figure la plus étonnante de cette baie est celle de saint Jean-Baptiste, dont la tête est coiffée par celle de la peau de chameau dont il est vêtu. Lors de mon examen des trois lancettes de la baie n°103 où Jean-Baptiste est encadré par saint Pierre et saint Paul, j'avais poursuivi une réflexion sur la place donnée au culte de saint Jean-Baptiste dans le programme iconographique de la cathédrale de Quimper : saint Pierre y est tourné non vers le Christ en croix de la baie 100, comme l'ensemble des autres personnages de ces verrières, mais vers Jean-Baptiste. Or, c'est exactement la même chose dans cette baie n°107 où (lancette B), saint Pierre est représenté de face mais tourne la tête vers saint Jean. Autre point commun, nos retrouvons dans cette baie les deux apôtres Pierre et Paul . J'ai écrit dernièrement ceci :
Saint Jean-Baptiste, le Précurseur annonçant le Christ, est représenté 10 fois dans les verrières du XVe siècle. Après le Christ (25 occurrences) et la Vierge (13 fois ) mais avant Jean l'Évangéliste (7 fois) et saint Pierre (7 fois), il est présent bien d'avantage que saint Corentin, le patron de la cathédrale qui n'est représenté que 4 fois.
Nous sommes donc amenés à considérer saint Jean-Baptiste comme le saint de premier plan pour la cathédrale de Quimper au XVe siècle.
Une hypothèse simple peut faire le lien entre ce saint et les prénoms du duc Jean V et de son épouse Jeanne de France, qui sont chacun présentés autour de la baie n°100 l'un par Jean l'Évangéliste et l'autre par Jean-Baptiste. Jean-Baptiste viendrait inscrire le prénom et le pouvoir ducal par sa représentation dix fois répétée, comme un emblème au même titre que la cordelière et le culte de saint François pour le duc François.
Mais, dans la mesure où le saint est représenté non pas lorsqu'il baptise le Christ, mais de façon stéréotypée, tenant l'Agneau de la Rédemption, cela conduit à s'interroger sur une affirmation théologique sous-jacente, par une influence du chapître cathédrale, de l'évêque, ou en relation avec les enseignements et prêdications du début du XVe siècle.
On avouera que cela dépasse mes compétences. Je note que le polyptique de l'Agneau mystique des frères van Eyck, achevé en 1432, a été commandé et débuté à peu près à la même époque, et que le registre supérieur montre le trio Marie / Père trinitaire /Jean-Baptiste (alors que les Crucifixions et Poutre de Gloire montrent le trio Marie / Christ / Jean l'Évangéliste), et que le registre inférieur est centré par l'adoration de l'Agneau Mystique.
Cette théologie de l'Agneau passe par la lecture de l'évangile de Jean 19:31-37 qui renvoie à Zacharie 12:10-14, ainsi qu'à la lecture de l'Apocalypse 1:7.
Voir aussi la lancette B de la baie 102 (Jean-Baptiste présentant la duchesse Jeanne), la lancette B de la baie n°110, la lancette D de la baie n°113 et la lancette D de la baie n°128 (vers 1496).
Cette nouvelle représentation de saint Jean Baptiste reprend le motif (constant sur les 6 autres exemples étudiés) de l' Agneau au nimbe crucifère, tenant l'étendard de la Rédemption, mais ici l'agneau est tenu assez tendrement contre la poitrine (et non — comme l'affirme pourtant Le Bihan— présenté sur le Livre de l'Apocalypse,). Le saint adopte, pour cette prise manuelle, une position érigée de l'index qui évoque celle qui, dans l'iconographie du XVIe siècle, sera l'un de ses principaux attributs, l'index levé vers le ciel exprimant alors l'annonce prophétique de la venue d'un Rédempteur.
Mais l'élément original est bien cette tête de chameau coiffant le saint : elle accentue et radicalise la caractérisation de Jean-Baptiste comme être sauvage, elle le situe dans un entre-deux entre le monde animal et le monde humain, de la même façon que saint Christophe présenté comme un Géant. Ce qui rapproche ces deux saints dans la représentation que leur donne le XVe siècle, c'est qu'il sont l'expression de forces vitales pré-humaines. Christophe est surtout doté d'une force musculaire extraordinaire, mais (dans la Légende), il se déclare incapable de prier ou de jeûner, c'est-à-dire d'actes cultuels civilisés. De même, Jean se nourrit de sauterelles et de miel sauvage et s'habille de peaux de bêtes. Dans les deux cas, ils sont liés à l'eau (traversée du gué pour l'un, baptême par immersion dans le Jourdain pour l'autre), c'est à dire à des forces profondes et incontrôlées.
Les iris des yeux du saint sont teintés au jaune d'argent, comme dans les baies 106, 108 et 109. C'est pour moi une expression de la puissance surnaturelle irradiante du personnage.
Je propose une pause dans l'examen de la baie n°107 pour un distrayante petite revue iconographique sur saint Jean-Baptiste dans les enluminures. Rien de plus facile, il suffit d'explorer le site des images de la Bnf : Mandragore Classement thématique / Christianisme / S.jean.baptiste, pour trouver 280 images numérisées. Mais on constate vite que les images de notre héros le représentent souvent lors de sa naissance, lors du baptème du Christ, lors de ses prédications et, enfin, lors de sa décollation sur l'ordre d'Hérode. Nous ne nous intéresserons ici qu'aux peintures de "Jean-Baptiste dans le désert". Parmi celles-ci, je chercherai celles qui précèdent les vitraux de Quimper (vers 1417).
a) La première qui me retient est le folio 188 du Pèlerinage de Vie Humaine de Guillaume de Digulleville, Bnf Fr. 376, de la fin du XIVe siècle. Jean Baptiste est représenté avec des cheveux longs et chenus, une barbe blanche, pieds nus, seulement vêtu d'un vêtement de poils. Il tient l'Agneau sur le bras gauche, et le désigne de l'index de la main droite. Voilà donc l'origine de l'index tendu du vitrail de Quimper, sous sa forme première que je vais retrouver constamment sur les enluminures.
b) Toujours au XVe siècle (vers 1475), le folio 104 du Bnf Lat. 18014 appartient aux Petites heures de Jean de Berry, orae ad usum parisiensem, enluminé à Bourges. Les goûts et créations artistiques du duc de Berry dans un but de mécénat politique ont sans-doute inspirés les artistes de l'entourage du duc de Bretagne, c'est donc un document intéressant. Jean-Baptiste ne porte pas de peau de bête, mais un manteau bleu. Il tend l'index vers l'Agneau posé sur le bras gauche, mais celui-ci porte le nimbe radié et tient l'étendard, et il s'inscrit dans un orbe selon un shéma très ancien.
c) Toujours au XIVe siècle, jetons un coup d'œil au folio 23 du Bnf Fr. 400 : Jean-Baptiste est vêtu d'une peau en haillon, mais là encore il désigne de l'index l'Agneau, inscrit dans l'orbe centrée par l'étendard.
On voit bien que le modèle dont s'est inspiré le peintre sur verre à Quimper est fixé dans ses principales caractéristiques dans les enluminures des Livres d'Heures et autres livres de dévotion. Il suffirait de continuer à explorer le site Mandragore pour s'en convaincre définitivement. Ce stéréotype va se poursuivre au XVe et XVIe siècle.
Quittons la Bnf pour les trésors des Bibliothèques Municipales recensées sur le site Enluminure. Je sélectionne "Saint Jean-Baptiste dans le désert", et j'obtiens 102 réponses. Si je restreins à la période 1200-1420, je n'obtiens plus que 24 réponses soit 16 manuscrits. La plupart font figurer le saint pieds nus, barbu, vêtu d'une robe de poils animaux, et présentant l'Agneau de l'index droit. Dans la moitié des cas, l'Agneau s'inscrit dans l'orbe.
Avignon - BM - ms. 0190 Folio 053 Orbe
Besançon - BM - ms. 0028 folio 110 Orbe
Cambrai BM - ms. 0190 folio 136 v Orbe
Carpentras - BM - ms. 0057 folio 067 Livre
Charleville-Mézières - BM - ms. 0107 f.361. Orbe
Châteauroux - BM - ms. 0002 folio 208
Orléans - BM - ms. 0144 folio 093
Paris - Bibl. Mazarine - ms. 0413 folio 208
Paris - Bibl. Mazarine - ms. 0416 folio 297
Paris - Bibl. Mazarine - ms. 0469 folio 056
Paris - Bibl. Sainte-Geneviève - ms. 1130 (Pèlerinage de Jésus-Christ Guillaume de Digulleville).
Reims - BM - ms. 0230 folio 153
Tours - BM - ms. 0013 folio 151 (saint tenant une palme)
Valenciennes - BM - ms. 0838 folio 191 Orbe
Vesoul - BM - ms. 0027 folio 107.
Je présente ma sélection, par ordre chronologique :
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Cambrai BM 090 f. 136 Epistolaire de la cathédrale de Cambrai; vers 1266
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Reims - BM - ms. 0230 f.153 Missel à l'usage de l'abbaye Saint-Nicaise de Reims XIIIe
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Carpentras BM 0057 folio 067 Heures. 1400-1410.
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Paris Bibliothèque Mazarine 0416 folio 297, Missel à l'usage du prieuré Saint-Martin-des-Champs de Paris, 1408.
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J'ajouterai quatre autres exemples postérieurs aux vitraux du chœur de Quimper, soit parce qu'ils proviennent d'heures à l'usage de Rennes, soit parce que Jean-Baptiste présente l'Agneau sur un livre (cf. baies de Quimper)
Paris Bibliothèque Mazarine 0506 folio 128 Heures à l'usage de Rennes vers 1460 ?
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Orléans - Musée hist. et arch. - A 5826 folio 145 Heures à l'usage de Rennes ? vers 1440-1450 :
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Riom - BM - ms. 0076 f.061 Heures à l'usage de Sarum XV-XVIe Flandres ?Jean, vêtu d'une mélote et d'un manteau rouge, désigne l'Agneau couché sur un livre. Animaux aux pieds de Jean : licorne, lion et monstre.
Tours BM ms 2104 folio 61 Heures à l'usage de Rome vers 1510
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Dans l'ensemble des enluminures examinées, je n'ai jamais observé que saint Jean-Baptiste ait la tête recouverte d'une tête animale.
Avant de conclure, intéressons-nous à cette fameuse peau de bête, ou à ce vêtement tissé de poils, qui est encore parfois désigné sous le nom de "mélote" (du grec) " peau de brebis ") par référence à la tenue des premiers anachorètes d'une part, et à la tenue du prophète Elie d'autre part. Précisément, on peut penser que si les enlumineurs et les peintres verriers ne manquent jamais d'indiquer que Jean-Baptiste porte cet habit, c'est pour souligner qu'il est le nouvel Élie, comme cela est dit dans les Évangiles où Élie est le prophète le plus fréquemment cité. Dans l'Évangile de Jean, on rapporte que les pharisiens demandent à Jean le Baptiste ceci : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n'es pas le Christ ni Élie, ni le prophète ? » Dans l'évangile de Matthieu, on lit :
Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. Car c’est celui dont il est écrit : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, pour préparer ton chemin devant toi. Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en a point paru de plus grand que Jean-Baptiste. Cependant, le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s’en emparent.Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean et, si vous voulez le comprendre, c’est lui qui est l’Élie qui devait venir.
Cette identité est déniée par Jean le Baptiste « Qu'es-tu donc? Lui demandèrent-ils. Es-tu Élie? Il dit: Je ne le suis pas ». L'ange Gabriel affirme pourtant, avant la naissance de Jean-Baptiste, qu'il aura l'esprit et la puissance d'Élie (Luc 1:17).
C'est leur costume fait de peaux de bêtes qui permet d'assimiler Jean-Baptiste et Élie . Élie est le Prophète de Yahweh, Dieu d'Israël, face au dieu des Cananéens, Baal : c'est le prophète qui s'envole aux cieux dans un tourbillon. Il est surtout l'annonciateur du Messie à la fin des temps.
Il est originaire de la ville de Tishbé : « Élie, le Thischbite," s'est retiré dans le désert près d'un torrent affluent du Jourdain, buvant l'eau du torrent et ravitaillé en nourriture par des corbeaux. Le vêtement d'Élie est mentionné dans le Deuxième livre des rois 1:8 :
Achazia leur dit : Quel air avait l’homme qui est monté à votre rencontre et qui vous a dit ces paroles ? Ils lui répondirent : C’était un homme vêtu de poil et ayant une ceinture de cuir autour des reins. Et Achazia dit : C’est Élie, le Thischbite. (at illi dixerunt vir pilosus et zona pellicia accinctis renibus qui ait Helias Thesbites est).
Le manteau (pallium) d'Élie joue aussi un rôle clef après sa montée aux cieux, dans la désignation d'Élisée comme successeur (2 Rois 2:8 et 14) : entre ses mains, ce manteau, roulé et jeté contre le Jourdain, "partage ça et là les eaux" pour en permettre la traversée à sec (tulitque Helias pallium suum et involvit illud et percussit aquas quae divisae sunt in utramque partem et transierunt ambo per siccum).
. On peut donc dire que cet habit animal et sauvage de Jean-Baptiste atteste et rend métonimiquement visible sa puissance prophétique : sa peau de chameau empruntée à Élie assure à son kérygme "Ecce agnus dei" sa vérité incontestable. Dans la même image, le vêtement de poil d'une part, et l'Agneau désigné par l'index d'autre part, sont indissociables.
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Heures à l'usage de Sarum |
Lancette A, saint Jean-Baptiste, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
Lancette A, saint Jean-Baptiste, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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LANCETTE B. SAINT PIERRE.
Saint Pierre, immédiatement identifiable à la très grande clef qu'il tient en diagonale, et au livre qui est son attribut comme tout apôtre, est vêtu d'un manteau rouge sur un surplis blanc rehaussé de jaune d'argent. Une banderole tourne autour de sa tête nimbée de vert et déploie son inscription : [ST] PIERRE / LAPOTRE. Le visage est barbu, les yeux semblent teintés de jaune d'argent, comme le sont quelques boucles de cheveux . Le panneau du bas porte les armoiries du chanoine Pierre de Quinquis ou du Plessix-Nizon : d'argent au chêne de sinople, au franc canton de gueules chargé de deux haches d'armes d'argent adossées en pal.
—Gatouillat, 2005 page 177:
"Saint Pierre tourné vers l'ouest, nimbe vert, grand manteau pourpre sur une tunique blanche, cheveux teintés de petites touches de jaune d'argent. Phylactère formant arc au dessus de sa tête, inscription illisible (peu restauré)."
— Le Bihan, 2007
"Du travail de restauration : Ici aussi nous avons fourni peu de pièces en 1992, car un grand nombre de celles fournies par le peintre verrier Lusson, restaurateur du XIX°, a été conservé. Notre travail de restauration a surtout consisté en des incrustations d'éléments de pièces peintes et cuites en raccord de ton. Par contre, le blason d'argent, au chêne de sinople ensanglanté d'or, a du être repris mais les deux haches en gravures sur verre plaqué rouge ont été conservées.
Le personnage
Un phylactère, volant, au texte indéchiffrable, qui doit se lire Pierre Apôtre, part de l'extrémité de la grosse clef que l'apôtre tient levé de la main gauche. Tandis que sa droite tient le livre des écritures
Il est habillé d'un grand manteau rouge, proche d'une chape, qu'il porte sur une aube blanche, tombant jusqu'au sol.
Cet apôtre tourne la tête sur la droite, prenant la même pose du possible saint Pierre de la baie 105. On ne sait qui il regarde dans la lancette précédente, soit le donateur, soit le saint Jean-Baptiste. C'est peut-être vers le premier, car ce chanoine se prénomme Pierre, si l'on en croit Alexandre Thomas. On comprend mieux alors la scène du donateur de la scène suivante.
Quant à saint Pierre, sa silhouette au manteau rouge et nimbe vert se détache sur la tenture bleue.
Les phylactères des deux lancettes
Le graphisme en courbe des deux phylactères est assez intéressant. Chez saint Paul, cette courbe semble l'enfermer, le protéger de l'extérieur, le concentrer dans sa réflexion, alors que chez saint Pierre, elle ouvre la possibilité d'une conversation avec le chanoine donateur. "
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Concernant Pierre de Quenquis, nous lisons dans le Nobiliaire et Armorial de Bretagne de Pol de Courcy tome II
PLESSIS (DU) , en breton QUENQUIS (DU) , sr dudit lieu, par. de Nizon, — de Missirien, par. de Kerfeunteun, — de Kerfors et de Lezergué, par. d'Ergué-Gabéric.
Anc. ext., réf. 1669, huit gén. ; réf. et montres de 1426 à 1562, dites par., év. de Cornouailles.
D'argent au chêne de sinople englanté d'or, au franc canton de gueules chargé de
deux haches d'armes adossées d'argent en pal.
Yves, vivant en 1427, épouse Marie de Villeblanche.
La branche aînée fondue en 1690 dans Feydeau, puis Hersart; la branche de Missirien fondue dans Autret ; la dernière branche fondue dans La Marche. Le sr de Kerhouaz, paroisse de Lesbin-Pontscorff, débouté à la réformation de 1671. Le sr de Penfrat, débouté au conseil en 1700.
La paroisse de Nizon se trouvait au nord-ouest de Pont-Aven, à 30 km de Quimper. Le toponyme Plessis qui signifie clôture de branches tressées, a pris le sens de "motte féodale" ou de manoir fortifié.
Pierre de Quenquis fut reçu chanoine de la cathédrale le 20 janvier 1415. Il décéda en 1459, et son tombeau fut placé dans la chapelle Saint-Corentin ( depuis, chapelle Saint-Paul). Ses armes sont aussi sculptées sur l'un des deux écussons des clefs de voûte du bas-coté nord de la nef, et en deux écussons accolés, à la naissance de la voûte du porche du portail nord.
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J'émets des réserves sur l'authenticité de l'inscription gothique. Elle ne pouvait en aucun cas servir aux fidèles à identifier le saint, d'une part parce qu'ils n'avaient pas accès au chœur, d'autre part parce qu'ils n'avaient pas de jumelles, et enfin parce que la clef suffisait à donner la réponse. Il me paraît plus probable que le phylactère contenait une oraison, et, notamment, l'article du Credo attribué à cet apôtre. Cette remarque vaut aussi pour saint Paul dans la lancette voisine. Si les inscriptions étaient devenues illisibles au XIXe siècle, Antoine Lusson a pu les remplacer par des indications peu inspirées, en lettres néo-gothiques. En effet, la ressemblance est forte entre ces apôtres enrubannés de phylactères, les figures des enluminures du Credo apostolique et prophétique du Psautier de Jean de Berry par André Beauneveu (1380-1400), ainsi que celles, plus tardives qu'à Quimper, des vitraux de la baie n°217 de la cathédrale du Mans :
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Lancette B, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
Lancette B, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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LANCETTE C. SAINT PAUL.
— F. Gatouillat 2005 :
"Saint Paul muni de l'épée (tête moderne), manteau vert très restauré et tunique blanche. Phylactère disposé comme précédemment (assez bien conservé)."
— Y-P. Castel, 2005 :
"Saint Paul en tunique verte, livre en main droite, épée pointe en bas dans la gauche. La large banderole, qui, en montant, s'enroule autour de l'auréole, se lit en partant du bas : SAINT POUL (sic) : APOTRE. Au dessous, armoiries du chanoine Jacques Buzic : écartelé au 1 et 4, d'or au léopard de gueules , qui est Névet, ; aux 2 et 3, de gueules à six annelets d'argent, 3, 2, 1, qui est Buzic.Leur devise était Comzit mad (Parlez bien , ou dites du bien)"
— Le Bihan, 2007 :
"Sur cette lancette, nous avons, en 1992, remplacé très peu de pièce. Nous pouvons cependant signaler la fourniture de pièces peintes pour la tête du saint Paul, son nimbe et la partie de rideau au-dessus, deux pièces de la robe verte, sept pièces des colonnettes, une pièce du dais et quatre pièces du socle. Quand au blason, il a suffi de le doubler d'une pièce peinte pour lui rendre sa jeunesse.
La description du saint et l'épée
De sa main gauche, saint Paul étreint l'épée qui est ici présentée la pointe en bas Certes, ce glaive, attribut, rappelle l'instrument avec lequel il fut décapité, mais Il fait aussi allusion à un passage de l'épître aux Hébreux, IV. 12, où Saint Paul déclare que la parole de Dieu est plus efficace et pénétrante qu'un glaive à deux tranchants, l'état du verre ne permet pas une bonne lecture.
Le Livre.
Si sa main droite n'est pas visible sous le pli du manteau, cela semble intentionnelle. Saint Paul n'ose toucher le livre qui est doctrine, apostolat et prédication. Ce livre doit être toujours entrouvert chez saint Paul, par respect pour la Parole Sainte qu'il contient. Cette façon de l'envelopper dans un pli de son manteau se voit dès les premiers siècles dans diverses mosaïques.
Un ample manteau répond au bleu du nimbe orné d'entrelacs. Un phylactère monte de la droite de la lancette et se courbe au-dessus de lui pour revenir vers l'arrière de son crâne. On peut y lire difficilement le nom de Paul, apôtre."
Le chanoine Jacques Buzic.
Le Nobiliaire et Armorial de Bretagne de Potier de Courcy indique :
Buzic, sr de Lespervez, par. de Plonéour, — de Kerdaoulas, par. de Dirinon, — de Kerinec, par. de Poullan.
Anc. ext. réf. 1669, huit gén., réf. et montres de 1426 à 1562, dites par., et par. de Peumerit-Cap-Caval et Plovau, év. de Cornouaille.
Ecartelé aux 1 et 4 : d’or au léopard de gueules, qui est Névet ; aux 2 et 3 : de gueules à six annelets d’argent, 3. 2. 1., qui est Buzic. Devise :Comzit mad (parlez bien)
Mazéas, vers 1400 Léonore de Coëthamon ; Alain, épouse en 1455 Jeanne de Névet, dame de Kerdaoulas ; Jean, chevalier de l'ordre en 1650.
Fondu en 1695 dans Goësbriand.
Yvon Buzic apparaît en 1377 comme "ami et parent du sire de Nevet" .
Les seigneurs de Nevet ayant refusé en 1350 de reconnaître les prétentions des évêques de Quimper, il s’en suivit un procès qui fut porté devant le parlement de Paris, et qui, dura vingt-sept ans, comme on l’a vu plus haut. Ce fut seulement en 1377 que, par un accord passé le 15 juillet, entre Geoffroy Le Marhec et Jean de Névet, écuyer, tuteur d’Hervé, sire de Névet, son neveu, le droit de bail prétendu sur les terres de cette seigneurie, fut changé en celui de rachat, de l’avis et du consentement de Jean du Juch, Riou de Rosmadec, Guy, vicomte du Faou, Eon de Treziguidy, Guillaume de Rosmadec, Guillaume de Tregouguen, Raoul de Lanros, Salaun de Logmenguen, Yvon Buzic, et de plusieurs autres amis et parents du sire de Nevet. (Le Men, 1877)
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J'offre ici encore l'image de la baie n°217 de la cathédrale du Mans en comparaison :
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Lancette C, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
Lancette C, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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LANCETTE D. SAINTE TRINITÉ
— Gatouillat, 2005 :
"Trinité souffrante, le Père vêtu de bleu et portant une couronne d'or aux perles reservées sur fond de jaune d'argent, tenue par deux anges (celui de droite restauré, tête du Christ moderne, le reste assez bien conservé)."
— Y-P. Castel 2005 :
"Dieu le Père couronné, assis en majesté en grand manteau bleu, tient la croix du Fils, la colombe de l'Esprit-Saint au sommet de la croix.. Deux anges s'inclinent de part et d'autre de sa couronne. "
— Le Bihan, 2007 :
"Tout d'abord, nous n'y avons rien trouvé concernant cette colombe, vue par les historiens, qui aurait été posée sur le bras droit de la croix. Il s'agit d'une erreur de lecture d'une pièce car il s'agissait en fin de compte de la main droite du Père Eternel dont l'index et le médius sont dressés . Par contre, un emplacement laissée par les pièces anciennes existait et la peintre verrier Lusson, croyant bien faire, y avait fourni un INRI. Nous avons fait l'échange et avons installé à la place la queue de la colombe, image du Saint Esprit. Le reste du corps de ce Saint Esprit trouvait alors sa place dans une tête démesurée que ce peintre verrier avait fourni pour remplir l'espace au-dessus de la barlotière.
Dieu le Père, dont la seconde main, celle de gauche, soutient la traverse de la croix, est vêtue d'un manteau de couleur bleue sur une robe blanche dont on aperçoit un morceau sur le côté droit du Christ.
Le corps de ce crucifié était complet lors de la dépose en 1989, seule une partie du visage faisait défaut. Dans la croix de couleur jaune, ici jaune d'argent sur verre incolore, la traverse horizontale est en bois rond veiné alors que le bras vertical est en bois raboté. Des éléments du fauteuil où est assis le Père Eternel, se voient à droite et à gauche de la robe, par contre en verre jaune XIIIe.
Sur le fond rouge, ou le nimbe vert se découpe autour de la couronne à fleurons exécutée au jaune d'argent, deux petits anges, en vis à vis, sont en adoration. Ils sont accompagnés de trois petits nuages, et terminent cette composition par une courbe. "
Le chanoine Jean de Tréanna.
voir la présentation de ce chanoine et de sa famille dans mes études des baies n° 106, 108, 110, 112, 116 et 124, où figurent les armoiries d'argent à la macle d'azur. Sur les verrières du coté nord du chœur (coté de l'évangile) ne figurent que des saints et plus rarement des chanoines, mais jamais de laïcs (hormis le duc et son fils de la baie 101) alors que les seigneurs de la famille de Tréanna et leur épouse occupent les baies du coté sud (numéros pairs).
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Lancette D, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
Lancette D, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
LES SOCLES ET LES DAIS.
Le Bihan, 2007 :"Deux socles du XVe siècle sont absents et les blasons de ces panneaux comme les sols sont l'œuvre du peintre verrier Lusson, comme il est dit plus haut, ils étaient soit effacés soit brisées. Les socles prennent le même type de balustrades mais non ajourées que la baie 103, avec les petits plants de fleurs dans les coins inférieurs."
Y-P. Castel, 2005 : "Les dais sont de hautes archittectures montrant l'intéreiur d'un édifice gothique avec ses baies, ses voûtes, ses arcs et aussi l'extérieur avec un clocheton flanqué de tourelles séparées par des pinacles."
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Dais de la lancette A, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
SOURCES ET LIENS.
—Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008 : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf
—ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p. (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image
— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820.
A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan)
— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de Boisbilly, Arch. Dioc. Quimper, ,
Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.
"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)
— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris
— COUFFON (René), 1963, « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII
— COUFFON (René) LE BARS ( Alfred) 1988, Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p. http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf
— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005, sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère, 287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).
— GALLET (Yves), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture, (XIIIe-XVe sièle)", Actes du Congrès Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie.
— GATOUILLAT (Françoise), 2013, "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al., La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203,
— GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens."Actes du Congrès Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie.
— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.
— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862, Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.
Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes.
—LAFOND (Jean), 1962," Le Christ en croix de la cathédrale de Quimper à Castelnau-Bretenoux", Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France p. 36-38.
— LA VALLÉE, 1847, "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.
— LE BIHAN (Jean-Pierre.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII
ou blog du 10 février 2010 :
http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-les-vitraux-et-leurs-gravures-de-repere-en-bretagne-44640076.html
—LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV,
— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.
— LE BIHAN (Jean-Pierre), 9 juin 2007, Blog sur la baie n°107
http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-6510626.html
— LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf
— MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242.
— OTTIN (Louis), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages, 4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes.
https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up
— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, Quimper 170 pages,
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf
— THOMAS (Abbé Alexandre) 1904, La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51