Les 14 jeunes musiciens des stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival, dont un joueur de serpent. Remonté dans la chapelle des Cordeliers de Nancy.
.
Cet article appartient à trois catégories :
1. Celle sur les Termes gainés, cariatides et atlantes (ou "supports anthropomorphes") :
Le bénitier du porche de Guimiliau. (kersanton, traces de polychromie, Maître de Plougastel, v.1606) du porche sud de Guimiliau, son ange aux goupillons et ses termes gainés.
3. Celle sur l'étude des stalles : quoique celles de Salival n'offre pas un grand intérêt dans le décor des miséricordes et appuie-bras, elles peuvent renseigner par ses statues de la musique de la fin du XVIIe siècle :
"Fondée par la comtesse Mathilde de Salm-Hombourg, entre 1140 et 1157, l’abbaye des Prémontrés de Salival (Moselle) dut son nom (en latin Salina vallis) à la présence des nombreuses sources salées de la Seille qui contribuèrent à sa grande richesse. Après avoir été dévastée en 1590 lors des guerres de Religion, l’abbaye fut principalement reconstruite à partir de 1670. Les travaux furent commencés par l’abbé Antoine Collart et poursuivis par Rémi Josnet qui orna somptueusement l’intérieur de l’église. C’est sous son abbatiat (1681-1720) que furent mises en place les stalles de l’avant-chœur des chanoines, datées de 1695, complétées en 1776 par les boiseries du sanctuaire exécutées par Joseph François Brêche dit la Bonté (v.1717-1784) également chargé du buffet d’orgue. Après la nationalisation des biens du clergé en 1789, les bâtiments de l’abbaye furent mis en vente en 1796. Jugée dangereuse, l’église fut finalement démolie en 1823."
Les stalles de l'abbaye de Salival ont donc été démontées, dispersées, et une partie de celles-ci et de leurs lambris ont été recomposées pour s'adapter à la chapelle des Cordeliers de Nancy.
Vingt-cinq travées de lambris en chêne sont aujourd’hui séparées alternativement par douze pilastres cannelés corinthiens et par quatorze "putti", dont dix sont des termes. On désigne sous ce nom, ou plutôt sous celui de supports anthropomorphes, des statues de forme humaine (atlantes, termes, télamons cariatides), servant de support vertical soutenant un entablement, et dont la partie inférieure n'est pas humaine, mais architecturale, proche des bornes , et souvent fusiforme vers le bas. Même pour la partie supérieure, le respect de l'anatomie humaine n'est que partielle, et notamment les bras sont parfois réduits à des moignons en spirale.
Ces dix termes et les quatre personnages intègres ont pourtant un point commun, celui de représenter des garçons (j'évite le terme de "putti" qui désigne des petits enfants souvents nus) ou adolescents, dont dix jouent des instruments de musique et quatre, au centre, pourraient être des chanteurs. Au total, ils composent donc un ensemble musical, ce qui est cohérent avec la fonction des stalles abbatiales, où les moines se réunissaient pour chanter les offices, parfois accompagnés à l'orgue ou au serpent.
On pourrait, si les vêtements de ces garçons n'évoquaient pas plutôt des pâtres, y voir des membres d'une psallette, ou école de musique attachée à une église, autrement dit, des enfants de chœur au sens littéral. Mais les instruments représentés sont inhabituels dans ce cadre : ainsi, à la cathédrale de Metz en 1790, on ne signale que des organistes, des joueurs de serpent, de basse continue et violoncelles, et de bassons, ainsi que 14 chantres et sous-chantres (adultes) et 8 enfants de chœur. Enfin ces psallettes n'existaient pas dans les abbayes.
Le cartel de la chapelle des Cordeliers donne pour ces stalles la date de 1691 ; la notice du musée lorrain celle de 1695.
Le premier rang de stalles aurait été rajouté vers 1980.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
Au centre, le lutrin en fer forgé, qui servait à accueillir les livres de plain-chant, provient de la basilique Saint-Epvre de Nancy. Il se compose "d’un double pupitre mobile orné, sur une face, d’un médaillon portant l’inscription : « 1752 / AMETZ » et, sur l’autre, d’un second médaillon portant le chiffre « JC ». Le pupitre est surmonté de quatre aigles dorés aux ailes déployées et d’une croix à double traverse. Selon le Père Eugène, celle-ci aurait remplacé un petit globe primitif ce qui nous semble peu probable. Le lutrin repose sur un imposant pied tripode, orné sur chaque face d’un nouveau cartouche portant les chiffres : « GD », « LL » et « ES »." (P.-H.Pénet)
Lutrin de 1752. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
Liste des musiciens et chanteurs.
N.B la détermination des instruements est de moi, elle est sujette à caution.
1. Le jeune joueur de flûte traversière piccolo, en support anthropomorphe.
2. Le jeune joueur de chalemie (rauschpfeife, cornet, hautbois..), en support anthropomorphe.
3. Le jeune joueur de cymbales.
4. Le jeune joueur de tambourin ou "bedon", en support anthropomorphe.
5. Le jeune joueur de douçaine (basson baroque?).
6. Un jeune homme en support anthropomorphe.
7. Un jeune homme bras croisé en support anthropomorphe.
8. Un jeune homme main gauche levée, en support anthropomorphe.
9. Un jeune homme sans bras, en support anthropomorphe.
10. Un joueur de serpent.
11. Un joueur de violon en support anthropomorphe.
12. Un jeune joueur de triangle.
13. Un jeune joueur de trompette en support anthropomorphe.
14. Un jeune joueur de trompe de chasse en support anthropomorphe.
.
.
.
1. Le jeune joueur de flûte traversière piccolo, en support anthropomorphe.
.
Il porte, comme un jeune berger, une tunique dénudant l'épaule droite et ses cheveux bouclés sont noués par un ruban au dessus du front.
C'est un terme, dont la tête soutient l'entablement, et son support qui se termine paer une volute est feuillagé.
La flûte, courte, dont mon point de vue ne permet pas de voir les trous, se termine par une virole plus large.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
2. Le jeune joueur de chalemie (chalumeau, rauschpfeife, cornet, hautbois..), en support anthropomorphe.
Sa tête joufflue est couronné de laurier, sa tunique courte s'envole; le support est feuillagé.
J'ai des hésitations pour désigner l'instrument (doté d'une anche), toute aide sera la bienvenue.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
3. Le jeune joueur de cymbales.
Il porte sur sa tunique une sur-tunique aux lambrequins à glands, ornée de rinceaux. Une écharpe est nouée sur son côté.
Ce n'est pas un terme, puisque ses deux jambes et ses pieds nus sont bien visibles, mais il prend appui sur un petit support anthropomorphe dont le tronc aux moignons d'épaules adopte la forme d'une feuille libérant des rameaux.
.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
4. Le jeune joueur de tambourin ou "bedon", en support anthropomorphe.
.
Albert Jacquot définit le bedon comme "un long et gros tambourin du moyen âge, qui se frappait comme la grosse-caisse, à l’aide d’un ou de deux bâtons courts, munis d’un tampon", et en donne en illustration ce joueur de Salival.
Le bâton tenu par la main gauche est brisé.
Il porte une tunique aux manches courtes ; le support est feuillagé.
.
.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
5. Le jeune joueur de douçaine (basson baroque?).
.
La tunique, plus longue que les précédentes, et fendue, s'orne d'une petite rose. Le genou droit fléchi et le pied soulevé donne un bel élan à ce personnage.
Nouvelle hésitation pour désigner l'instrument. Le "bocal" est brisé, mais l'anche est bien visible dans la bouche du garçon. Le tuyau de perce n'est pas conique, mais cylindrique, à peine éffilé vers les extrémités.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
Exemple des chutes de fruits et fleurs placés sous chaque personnage. On reconnait ici des pommes et des poires, une grenade, des raisins, et des petits fruits (cerises ?).
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
6. Un jeune homme en support anthropomorphe.
.
Ce terme est privé de bras, il est vêtu d'une tunique nouée sur l'épaule droite, une guirlande de fruit forme un baudrier. Il a la tête tournée vers sa gauche, et donc vers le centre des stalles. Sa bouche est entrouverte, laissant penser qu'il s'agit d'un chanteur.
Le support est une feuille lancéolée.
.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
7. Un jeune homme bras croisé en support anthropomorphe.
.
Il peut s'agir d'un chanteur, les bras expressivement croisés sur la poitrine. La tunique dégage l'épaule droite.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
Le blason au dessus de la cathèdre.
.
Ce sont les armes du duché de Lorraine à partir d'Antoine Le Bon. Le blason aurait été ajouté en 1962 et proviendrait de la devanture de la fameuse librairie du collectionneur René Wiener (1855-1939) à Nancy.
On les comparera à celles de son père René II de Lorraine, où manquent les deux lions affrontés sur le Bréviaire de René II, BnF arsenal MS-601-res f.44r, datant du XVe siècle. Les enluminures de ce bréviaire montrent de nombreux instruments en usage sous René II.
.
.
.
.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
8. Un jeune homme main gauche levée, en support anthropomorphe.
.
Sa tunique frangée est ceinturée d'une guirlande. On peut supposer qu'il est en train de chanter, avec cette gestuelle propre à la rhétorique baroque.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
Nouvel exemple des chutes de fruits et fleurs assemblées autour d'un linge noué.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
9. Un jeune homme sans bras, en support anthropomorphe.
.
La tunique serrée par une ceinture et une sangle laisse l'épaule droite dénudée. Le jeune homme a le visage tourné vers le centre des stalles.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
10. Un joueur de serpent.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
.
C'est l'instrument le plus attesté en accompagnement du chant liturgique et du chœur dont il renforçait la partie grave lors des offices religieux et il fut donc, pendant plus de deux siècles, essentiellement voué au soutien des formations vocales religieuses. En témoignent les inscriptions gravées sur le dossier des stalles bretonnes.
Albert Jacquot présente cet instrument ainsi :
"SERPENT. Instrument à vent, en bois recouvert de cuir ou en cuir bouilli, inventé, au XVIe siècle, par Edme Guillaume, chanoine d’Auxerre. Il servait de basse aux cors ; il est à l’unisson des hautbois, il a six trous et quelquefois plusieurs clefs. On s’en servait encore, il y a quarante ans, dans les musiques militaires et dans les églises. Il y en a une grande variété : le serpent militaire, celui de cavalerie, qui permettait de passer le bras et de le maintenir facilement. Il y en eut aussi en fer. Parmi les sculptures du portail de la cathédrale de Strasbourg, on remarque, du côté droit, un joueur de serpent, qu’un sculpteur du XVIIe siècle y sculpta, pour remplacer une statue détruite, qui représentait, sans doute, un autre musicien. Cet artiste ne vit aucun inconvénient d’y mettre un type d’instrument si fort en vogue dans les églises, au XVIIe siècle. La figure ci-contre représente cette intéressante sculpture. Un. autre personnage, jouant aussi du basson, se voit aux boiseries du chœur de l’église de Salival, transférées à l’église des Cordeliers de Nancy. C’est aussi du XVIIe siècle. L’Ophicléide, aujourd’hui abandonné, remplaça le serpent. Une embouchure d’ivoire terminait le tube d’insufflation. Le nom de l’ophicléide vient du grec ophis, serpent, et cléïdes, clefs."
.
.
L'instrument représenté à Salival montre au moins dix trous, dont certains occultés par les doigts du serpent (nom du joueur). Il est suspendu par une sangle noué autour de l'instrument.
.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
11. Un joueur de violon en support anthropomorphe.
.
Le joueur porte une tunique courte dont on admirera la ceinture dont la boucle est joliement détaillée.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
12. Un jeune joueur de triangle.
.
Sa sur-tunique serrée par un cordon à glands de passementerie est frappée de lys. La tunique elle-même est un surplis garni de broderies ou de dentelle en partie inférieure.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
13. Un jeune joueur de trompette en support anthropomorphe.
.
Il est coiffé d'une sorte de casque et ses épaules sont couvertes d'une pièce d'armure, sur son torse nu. Main gauche sur la taille dans une posture martiale, il sonne de la trompette, dont seule l'embouchure est conservée. Il porte sur les reins une jupe à lanières. Le support est sculpté d'une chute de fruits et fleurs.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
14. Un jeune joueur de trompe de chasse en support anthropomorphe.
.
Il est tourné, comme son homologue de l'extrémité droite des stalles, vers la nef. Et, comme lui également, ses cheveux bouclés sont noués d'une rosette frontale. Sa tunique se rassemble en un gros nœud à l'arrière.
.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
Stalles (1691) de l’avant-chœur des chanoines de l’abbaye des Prémontrés de Salival. Photographie lavieb-aile 2024.
.
.
SOURCES ET LIENS.
— DECOMPS (Claire)
https://core.ac.uk/download/pdf/19545758.pdf
—JACQUOT (Albert), 1886, Dictionnaire pratique et raisonné des instruments de musique anciens et modernes
https://www.luthiers-mirecourt.com/jacquot1.htm
—JACQUOT (Albert), 1882, La Musique en Lorraine, étude rétrospective d'après les archives locales. Paris : Quantin et Fischbacher, 1882.
Les niches à volets de sainte Cécile et saint Maurice (bois polychrome, fin XVIe ou début XVIIe siècle) dans la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Les autres niches et leurs statues.
Construite au début du XVIe siècle, la chapelle Sainte-Cécile était dédiée à saint Suliau avant de l'être à sainte Cécile après le Concile de Trente (1545-1563). La chapelle, inscrite "monument historique" depuis 1935 fut restaurée en 1983. C'est un édifice en forme de croix latine avec chevet plat peu débordant et sacristie au nord-est. À l'ouest se dresse un élégant clocher à jour avec une tour très élancée.
Les dimensions de la chapelle suivent des proportions harmonieuses puisqu'elles sont toutes multiples de cinq. Au sud, la nef est éclairées par une petite fenêtre ajourée en forme très rare de triskell à quatre branches.
L'intérieur dallé en granite pour le sol a des murs enduits de chaux qui supportent une voûte à entraits apparents. Les sablières sont ornées de motifs en trèfles à quatre feuilles.
La chapelle conserve de nombreuses statues en bois polychromes datant des XVIe et XVIIe siècles : le Christ en croix, saint Herbot, saint Urlou, saint Ronan, une Vierge à l'Enfant de l'Annonciation portant le Livre des Écritures fermé, dite encore Itron Varia ar Porzou (Notre-Dame des Portes), sainte Cécile (patronne ou reine couronnée des musiciens) et enfin saint Maurice abbé, ces deux dernières placées dans des niches à volets historiés. Une statue de saint Marc l'évangéliste en pierre polychrome pourrait dater (inscription) de 1591.
D'autre part, le chœur et les chapelles latérales sont pourvues d'autels en pierre de taille. Le maître-autel, peint du motif triangulaire de la Trinité, porte aussi un grand bas-relief du XVIIe siècle représentant la Cène, très proche du retable de Guimiliau de la même époque.
Sur le calvaire du XVIe siècle, deux anges hématophores recueillent le sang du Christ mort. Au revers est représentée sainte Cécile portant la palme du martyre.
Au nord-est, une fontaine sacrée en forme de petit édicule en pierre portait une statue de sainte Cécile, aujourd'hui disparue.
.
.
Le chœur de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Le chœur de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
I. LA STATUE DE SAINTE CÉCILE DANS SA NICHE À VOLETS. Bois polychrome, fin XVIe-début XVIIe siècle.
.
La sainte, vierge et martyre et patronne des musiciens, est représentée mains jointes, couronnée, vêtue d'une robe dorée au dessus d'une chemise blanche (col en V, poignets) et d'un manteau rouge à rinceaux d'or ; ses chaussures sont pointues, selon la mode du XVe siècle mais néanmoins tout le décor affirme l'influence de la Renaissance, telle qu'elle fut introduite à la pointe occidentale de la Bretagne vers 1570-1580 au château de Kerjean. En effet, son orgue portatif, à deux registres de tuyaux, est supporté par une console dont les supports anthropomorphes, ou termes, aux bras en volutes apparaissent en Finistère et surtout dans le Léon, en grand nombre, à partir du dernier quart du XVIe siècle.
La couronne est un attribut très inhabituel de sainte Cécile de Rome, et elle porte habituellement une couronne de lys et de roses. Y-a-t-il eut contamination par les statues de la Vierge ?
Le manteau fait retour en pan vers le poignet gauche, mais le zèle des peintres restaurateurs a peut-être recouvert d'or la partie haute et les manches plissées.
Le visage est peu avenant, pensif, et le front et les sourcils sont épilés à la mode de l'époque.
Sainte-Cécile est la patronne des musiciens (et des organistes en particulier), des académies de musique, des compositeurs, des facteurs d’orgues, des luthiers, des poètes et des chanteurs..
Ce patronage lui a été attribué sur la base de l’interprétation d’une phrase qui figure dans ses Actae :
"Et pendant que jouaient les orgues de la musique profane, elle chantait secrètement dans son cœur une prière à l’attention de Jésus, son véritable époux."
.
.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le bandeau rétro-occipital de sainte Cécile.
.
Ce détail de coiffure aux allures de "chouchou" rouge et or est significatif, car il relie cette statue aux très nombreuses statues de la Vierge ou de sainte Marie-Madeleine présentant le même bandeau qui réunit les cheveux derrière la nuque avant que ceux-ci se librent en mèches bouclées devant les épaules. Ce détail s'observe prioritairement en Finistère, au XVIe siècle.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le volet de droite : saint Durlou et sainte Apolline.
.
1. Saint Durlou (ou Urlou, ou Gurloës) en père abbé, mitré et tenant la crosse dans la main droite.
.
Ses jambes et ses pieds nus participent à donner de ce saint une facture naïve ou populaire.
"Saint Gurloës (également connu sous le nom de Saint Urlo, saint Urlou ou saint Ourlou) fut le premier abbé de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé. Il fut béni abbé le 14 septembre 1029 par Orscand évêque de Vannes. Il s'installa dans la nouvelle abbaye avec douze moines venant comme lui de l'abbaye Saint-Sauveur de Redon. Le même jour, Alain Canhiart constitua au monastère un fief seigneurial comprenant Lothéa, Baye, Mellac, Tréméven et Belle-Île.
Il mourut en 1057 après avoir gouverné l'abbaye pendant vingt-huit ans moins vingt jours selon les dires de Dom Placide Le Duc. Il fut béatifié par le pape et reçu le titre de bienheureux.
En 1083, ses reliques furent élevées dans la crypte de l'abbaye. Par la suite, le saint fit l'objet d'une intense dévotion. Il était invoqué pour les maux de tête et de reins ainsi que pour la maladie de la goutte. D'ailleurs la goutte s'appelle en breton droug Sant Urlou c'est-à-dire "le mal de Saint Urlou". Mais sur sa vie proprement dite nous ne savons que très peu de choses. Son culte est resté limité à quatre chapelles, situées à Clohars-Carnoët, Le Faouët, Languidic et Lanvénégen. "
https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Gurlo%C3%ABs
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
.
2. Sainte Apolline tenant la tenaille de son supplice (les bourreaux lui arrachèrent les dents).
.
Elle est vêtue comme une villageoise du XVIe siècle, avec une robe à épaules ornementées ou le tablier à fleurs, et porte une coiffe blanche à frisures. Comparer avec le costume régional du XIXe siècle conservé au Musée départemental breton.
.
.
.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le volet de gauche : saint Maurice et sainte Cécile.
.
.
1. Saint Maurice de Carnoët, en abbé, bénissant le duc de Bretagne agenouillé.
.
Le saint, mitré et tenant un livre (comme fondateur) se tient devant une tenture semée d'hermines et trace une bénédiction vers un personnage agenouillé et tenant une couronne.
La scène n'a rien d'historique, tant pour la présence d'hermines au XIIe siècle que pour l'onction faite au duc, qui, s'il s'agit de Conan IV, est aucontraire le donateur de la terre où Maurice fonda son abbaye.
"Maurice Duault étudia à Pontivy puis à l’université de Paris puis âgé de 23 ans, il choisit de devenir moine cistercien à la jeune abbaye de Langonnet où il fait son noviciat en 1140. À la mort de l’abbé, Maurice lui succède entre 1144 et 1147 et reste abbé de Langonnet jusqu'en 1174 ou 1175.
En 1170 le duc Conan IV donna aux moines cisterciens de l'abbaye de Langonnet plusieurs villages situés à proximité de la forêt de Carnoët dans le diocèse de Cornouaille pour y établir une communauté. En 1177, Maurice prend la tête d’un groupe de douze compagnons pour y fonder l’abbaye de Clohars-Carnoët consacrée initialement à Notre-Dame. Il y meurt le 29 septembre 1191. Par la suite, l’abbaye prit son nom." Wikipédia
.
Maurice est en surplis et cotte blanche sous une chasuble, sa main droite est gantée.
Le duc, à moustache Louis XIII, a les jambes nues.
.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
2. Le martyre de sainte Cécile de Rome, brûlée vive.
.
Une fresque exécutée vers 1517-1520 par Raphaël et ses élèves dans la chapelle de la villa Magliana, située en dehors de Rome sur commande du pape Léon X, montre le martyre de sainte Cécile brûlée vive dans un chaudron. Cette scène fut reproduite en gravure par M. Raimondi en 1520-1525, ou sur une majolique italienne de la même période.
Ce supplice, auquel elle résista miraculeusement, précéda sa décapitation :
"Almaque, furieux, la fit ramener dans sa maison, où, jour et nuit, il ordonna qu’elle fût plongée dans un bain d’eau bouillante. Mais elle y resta comme en un lieu frais, et sans que même une goutte de sueur parût sur elle. Ce qu’apprenant, Almaque ordonna qu’elle eût la tête tranchée dans son bain. Le bourreau la frappa de trois coups de hache ; et comme elle vivait toujours, et que la loi défendait de frapper les condamnés de plus de trois coups, la sainte fut laissée encore respirante. Elle survécut trois jours à son supplice. " (Jacques de Voragine, Légende Dorée)
Cécile était une jeune fille romaine qui aurait vécu au IIe ou au IIIe siècle. Élevée dans la religion chrétienne, elle fut cependant contrainte d’épouser un païen du nom de Valérien. Ayant fait vœu de chasteté, Cécile obtint de lui, la nuit de ses noces, qu’il respectât cette abstinence. Valérien accepta à condition qu’elle lui permît de voir l’ange qui, il le savait, veillait sur sa femme. Celui-ci descendit bientôt vers eux et déposa sur leur tête une couronne de lys et de roses (outre l’instrument de musique à cordes, les fleurs font partie des attributs de Cécile). Valérien ainsi que son frère Tiburce se convertirent puis demandèrent le baptême. Tous deux furent par la suite décapités sur ordre du gouverneur romain.
.
.
.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Ici, deux bureaux presque nus (tant les vapeurs sont chaudes) versent un baquet d'eau bouillante sur la tête de Cécile, qui reste de marbre malgré ses joues bien rouges, tandis que deux autres bourreaux tout aussi nus activent le feu sous le chaudron.
.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Les éléments de décor Renaissance (dernier quart XVIe siècle).
1. Les supports anthropomorphes.
.
La "tribune " des orgues de cette niche est supportée par deux "hommes-colonnes" ou termes engainés. En effet, leur tête soutient un petit chapiteau, et leur buste se prolonge, après un élément feuillagé formant leur bassin, en un empietement à deux montants.
N.B : Cet article appartient à une série sur les Termes gainés, cariatides et atlantes (ou "supports anthropomorphes engainés") , et, plus généralement, sur l'introduction de la Seconde Renaissance en Bretagne sous l'influence de la famille de Goulaine puis des Barbier du château de Kerjean.
Je n'en montre ici qu'un seul exemple, tiré du porche de Bodilis (après 1570):
Le bénitier du porche de Guimiliau. (kersanton, traces de polychromie, Maître de Plougastel, v.1606) du porche sud de Guimiliau, son ange aux goupillons et ses termes gainés.
—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), 1559 Livre d’architectvre de Jaques Androvet du Cerceau, contenant les plans et dessaings de cinquante bastimens tous differens : pour instruire ceux qui desirent bastir, soient de petit, moyen, ou grand estat. Auec declaration des membres & commoditez, & nombre des toises, que contient chacun bastiment, dont l’eleuation des faces est figurée sur chacun plan..., Paris, s.n., 1559.
—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), Second Livre d’architecture, par Iaqves Androvet Du Cerceau. Contenant plusieurs et diverses ordonnances de cheminées, lucarnes, portes, fonteines, puis et pavillons, pour enrichir tant le dedans que le dehors de tous edifices. Avec les desseins de dix sepultures toutes differentes, Paris, André Wechel, 1561.
—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), 1582, Livre d’architecture de Jaques Androuet Du Cerceau, auquel sont contenues diverses ordonnances de plants et élévations de bastiments pour seigneurs, gentilshommes et autres qui voudront bastir aux champs ; mesmes en aucuns d’iceux sont desseignez les bassez courts... aussi les jardinages et vergiers..., Paris, pour Iaques Androuet du Cerceau, 1582. de l’Orme (Philibert), Le Premier tome de l’architecture, Paris, Frédéric Morel, 1567.
— DELORME (Philibert), 1567 Le premier tome de l'architecture de Philibert de L'Orme conseillier et aumosnier ordinaire du Roy, & abbé de S. Serge lez Angiers , Paris, Federic Morel
— DE GRANDE (Angelo), 2014, "De Fontainebleau vers la Lorraine: l’ordre anthropomorphe de la maison «des Sept Péchés capitaux» à Pont-à-Mousson" in Gravures d'architecture et d'ornement au début de l'époque moderne : processus de migration en Europe (sous la direction de S, Frommel et E. Leuschner), pp.205-218, 2014.
— FROMMEL (Sabine), 2018 Supports anthropomorphes peints de la Renaissance italienne, in Frommel, Sabine – Leuschner, Eckhard – Droguet, Vincent – Kirchner, Thomas (dir.) Construire avec le corps humain/ Bauen mit dem menschlichen Korper. Les ordres anthropomorphes et leurs avatars dans l'art europèen de l'antiquité à la fin du XVIe siècle/ Antropomorphe Stùtzen von der Antike bis zur Gegenwart, Campisano Editore 2 volumes pp 618, 40 ill.
"Rares sont les motifs architecturaux qui témoignent d'une persistance telle que les ordres anthropomorphes, depuis l'Antiquité jusqu'à la période actuelle, en passant par le Moyen Âge. Leur évolution s'articule par de subtiles interactions entre les domaines sculptural, architectural et pictural, alors qu'une fortune théorique durable a été instaurée par la description détaillée par Vitruve des "Perses" et des "Caryatides" dans son traité De architectura libri decem. Contrairement aux ordres architecturaux canoniques, ce " sixième ordre " invite à des interprétations et des variations plus souples et plus personnelles. Il put ainsi assimiler des traditions locales très diverses lors de son parcours triomphal dans toute l'Europe. Si la signification originelle de soumission et de châtiment de ces supports reste valable, les valeurs narratives ne cessèrent de s'enrichir et de s'amplifier, en faisant de ce motif un protagoniste abondamment présent dans de multiples genres artistiques, des meubles aux monuments les plus prestigieux, et qui révèle les mutations typologiques et stylistiques au fil du temps. Les contributions réunies dans ces deux volumes fournissent un large panorama européen de ces occurrences, offrant un large éventail de synergies et d'affinités révélatrices."
—SAMBIN ( Hugues), 1572 Oeuvre de la diversité des termes dont on use en architecture reduict en ordre : par Maistre Hugues Sambin, demeurant à Dijon, publié à Lyon par Jean Marcorelle ou par Jean Durant. Bibliothèque municipale de Lyon, Rés 126685.
—SERLIO (Sebastiano ), 1551 Liure extraordinaire de architecture, de Sebastien Serlio, architecte du roy treschrestien. Auquel sont demonstrees trente Portes Rustiques meslees de diuers ordres. Et vingt autres d’oeuvre delicate en diverses especes, Lyon, Jean de Tournes, 1551.
Le premier livre d’architecture et Le second livre de perspective de Sebastiano Serlio furent publiés par Jean Martin pour la première fois à Paris en 1545; le troisième livre, fut publié à Anvers, en 1550 chez Pieter Coecke qui en 1542 avait publié une version pirate du Quatrième livre. Le quinto libro d’architettura traduit en françois par Jean Martin fut édité à Paris en 1547 par Michel de Vascosan ; le Livre extraordinaire le fut àLyon par Jean de Tournes en 1551.
—SERLIO (Sebastiano ), 1540 Il terzo libro ... Venise F. Marcolini
La Regola delli cinque ordini d’architettura de Vignole sans cesse ré-éditée depuis 1562, fut publiée en édition quadrilingue in-folio (italien, néerlandais, français et allemand) en 1617 par Willem Jansz Blaeu à Amsterdam et, ensuite, en français en très nombreuses éditions parisiennes : Regles des cinq ordres d’architecture de Vignolle / Reveuee (sic) augmentees et reduites de grand en petit par le Muet , Paris, chez Melchior Tavernier, 1631-1632 ; chez Pierre Mariette en1644-55 ; 1702 ; chez Nicolas Langlois, s.d. ; Seconde édition, 1657,1658, 1684 ;Reigle de cinq ordres d’architecture éd.par Pierre Firens,s.d. [1620-1630] ; chez Pierre Mariette, 1662, 1665 ; chez Nicolas Bonnart, 1665 ; éd. Jean Le Pautre, chez Gérard Jollain, 1671, 1691,1694.
— VITRUVE, 1511, De architectura M. Vitruvius per Jocundum solito castigatior factus cum figuris et tabula, traduit par Fra Giovanni Giocondo en 1511 à Venise chez G. da Tridentino avec 136 gravures sur bois
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
2. La corniche à médaillons et ses cuirs découpés.
.
Certes ces masques de jeunes hommes joufflus sont de style Renaissance, mais ce sont surtout les "cuirs découpés à enroulement" qui attestent de l'influence des ornemanistes bellifontains. Car là encore, ces cuirs (tirant leur nom des peaux tannées qui en ont fourni le modèle initial), sont des motifs de la Seconde Renaissance introduit en France par le décor de boiseries du Salon François Ier à Fontainebleau, en 1536-1537, puis sont introduits en Haute-Bretagne par la famille de Goulaine (Champeau) puis en Basse-Bretagne par la même famille (château de Maillé) avant d'être repris par les Barbier au château de Kerjean et de se propagés très rapidement sur les édifices religieux du Léon, puis de Cornouaille.
C'est ce qui me permet de dater cette statue, et sa niche, de la toute fin du XVIe siècle, et plutôt du début du XVIIe.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de sainte Cécile, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
II. LA STATUE DE SAINT MAURICE DANS SA NICHE À VOLETS. Bois polychrome, fin XVIe-début XVIIe siècle.
.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le volet droit de la niche et ses deux panneaux:
.
.
1. Saint Corentin évêque de Quimper... sans son poisson.
.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
2. Saint Pierre et sa clef.
.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le volet gauche de la niche et ses deux panneaux:
.
1. Saint Amboise docteur de l'Eglise et évêque de Milan.
.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
2. Saint Paul tenant l'épée de sa décollation.
.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le couronnement de la niche et ses masques dans des cuirs découpés à enroulement.
.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le masque moustachu est au centre d'un cuir découpé très évidé associé à des volutes feuillagés, confirmant une datation assez tardive.
.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le deuxième masque, presque lunaire, s'inscrit aussi dans des cuirs proches d'ouvrages de ferronnerie mais l'élément de feuillage se termine par un fruit-légume typique des stucs de Fontainebleau.
.
Niche de saint Maurice, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
III. LA STATUE DE LA VIERGE À L'ENFANT ( Bois polychrome, fin XVIe) DANS UNE NICHE OCTOGONALE À VOLETS.
.
La Vierge, couronnée d'une sorte de mortier au dessus de cheveux blonds dénoués, est vêtue du manteau bleu à larges manches, dont le pan est retenu sous le poignet droit. Elle porte une robe dorée à décolleté carré, et une chemise blanche. Elle avance le pied gauche dans une attitude hanchée, et porte son Fils sur le bras droit. L'Enfant ne la regarde pas, mais est tourné vers l'assistance ; il tient en main gauche la sphère du Monde.
.
Vierge à l'Enfant, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Vierge à l'Enfant, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Vierge à l'Enfant, (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
IV. LA STATUE D'UNE SAINTE, VIERGE ET MARTYRE ( Bois polychrome, fin XVIe) DANS UNE NICHE OCTOGONALE À VOLETS DU BAS-CÔTÉ SUD.
.
Il n'est pas possible d'identifier formellement cette martyre qui devait tenir une palme dans sa main droite. Sa couronne perlée, son élégance digne d'une princesse associant un manteau retenu par un fermail et une robe ou surcot au corsage très ajusté, ses yeux bridés et enfin son livre indiquant sa maîtrise de la théologie, m'incite à y voir sainte Barbe, mais il peut s'agir aussi de sainte Cécile.
.
Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
Statue (bois polychrome, fin XVIe-XVIIe siècle) de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Saint Ronan (bois polychrome) en évêque dans une niche à volets du bas-côté nord.
.
Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Saint Urlou, montrant sa jambe, bois polychrome, XVIIe siècle.
.
Le saint, vêtu du costume monastique à scapulaire blanc, et tenant le bourdon de pèlerin, adopte la même posture que saint Roch montrant ses bubons pesteux.
.
Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Saint Herbot, bois polychrome, XVIIe siècle.
.
Il porte la même robe noire à scapulaire blanc que saint Urlou.
.
Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Le Christ en croix. Bois polychrome, XVI ou XVIIe siècle.
.
Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2023.
.
.
Saint Marc évangéliste. Pierre polychrome, XVIe siècle. Bas-côté nord.
Inscription sur la banderole "ZEDOIT [LEDOIT] NOELE 1591 (ou 1501 ?)"
La date de 1591 serait cohérente avec mes datations des niches à volets.
Marc l'évangéliste porte à la ceinture son plumier et son encrier, et tient en main gauche le Livre dont il est l'auteur. Le phylactère (qui porte d'habitude l'incipit de son évangile) est tenue à son extrémité par le lion, l'animal qui lui correspond dans le tétramorphe.
Le manteau est semé d'hermine, comme pour le saint Jean du vitrail, la vierge et martyre de la niche, le saint Pierre du volet de la niche de saint Maurice, etc. Je suppose que c'est le résultat de restaurations tardives.
.
Statues de la chapelle Sainte-Cécile de Briec-sur-Odet. Photographie lavieb-aile 2014.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
—ABGRALL (Jean-Marie) , 1890, « Chapelle de Sainte-Cécile, en Briec », Bulletin de la Société archéologique du Finistère,
-sainte Cécile, XVIe siècle, dans une niche dont l'un des volets représente en bas relief polychrome saint Urlou ("St DURLOU") et sainte Apolline, et l'autre saint Maurice abbé et le Martyre de la sainte ;
-saint Maurice abbé ("ST MAURISE"), dans une niche identique, dont l'un des volets représente saint Corentin et saint Pierre, et l'autre saint Ambroise et saint Paul Apôtre ; - Christ en croix (nef), XVIIe siècle (?),
-Vierge Marie avec un livre fermé (Annonciation ?), dite "Itron Varia ar Porzou" (N.D. des Portes)? XVIe siècle,
-sainte Anne, XVIè siècle,
-saint Urlou (ou Gurloës) montrant sa jambe, XVIIe siècle,
-saint Herbot, XVIe siècle,
-saint évêque dit Ronan, qui proviendrait selon la tradition du Pénity, fin XVIIe siècle.
Autres statues, - en pierre polychrome : saint Marc Ev., inscription sur la banderole : "ZEDOIT NOEL E 1591 (ou 1501 ?)", l'inscription datée 1578 sur la console n'est plus lisible ;
Statue en plâtre : saint Jean Discalcéat, XIXe siècle
L'art de la Renaissance en Bretagne : les supports anthropomorphes et zoomorphes (vers 1559) du clocheton et de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre.
2. Cet article appartient à une série sur les Termes gainés, cariatides et atlantes (ou "supports anthropomorphes") , et, plus généralement, sur l'introduction de la Seconde Renaissance en Bretagne:
Le bénitier du porche de Guimiliau. (kersanton, traces de polychromie, Maître de Plougastel, v.1606) du porche sud de Guimiliau, son ange aux goupillons et ses termes gainés.
. INTRODUCTION GÉNÉRALE : LES TERMES GAINÉS, INDICE DE LA SECONDE RENAISSANCE.
Les Termes, cariatides et atlantes peuvent peut-être caractériser la pénétration en Bretagne de l'art architectural classique (Seconde Renaissance), apparu en France à partir de 1540 sous l'influence des traités d'architecture de Vitruve , de Serlio, d'Androuet du Cerceau et de Philibert Delorme. Ce motif architectural peut servir de marqueur facile à repérer, et on le trouve dans la traduction de Vitruve par Giovanni Giocondo (Venise 1511), dans les modèles architecturaux de Serlio ou encore d'Androuet du Cerceau qui lui consacre en 1549 une série de 12 planches (36 types de termes).
Puis on trouve en 1559, mais en Côtes d'Armor, les 4 Termes du campanile de Kerfons à Ploubezre. Ils coiffent la chapelle sud ou chapelle Saint-Yves rebâtie en 1559 par Claude de La Touche et dans laquelle repose Marquise de Goulaine (1500-1531), épouse de Renaud de La Touche-Limousinière et surtout fille de Christophe II de Goulaine.
Cette introduction précoce de l'art classique trouve ses modèles dans la Porte Dorée de Fontainebleau datée de 1528 (pour la porte à encadrement de colonnes et agrafe à l'italienne en forme de S), dans les termes gainés du frontispice de Serlio (Venise 1537), dans les niches à la Philibert Delorme. Or, Marquise de Goulaine est la demi-sœur de Louise de Goulaine, toutes les deux étant les filles de Christophe II de Goulaine (1445-1530).
.
On peut suivre la trace de l'influence de cette famille de Goulaine dans la pénétration de la Renaissance en Bretagne dans le château de Maillé à Plounevez-Lochrist, puisque deux cartouches issus des modèles d'Androuet du Cerceau y montrent les armes de Maurice Carman (ou Kermavan) et de Jeanne de Goulaine, mariés en 1541. Mais l'aile Renaissance de ce château construit sous l'influence de Philibert Delorme ne présente pas, à ma connaissance, de cariatides.
Il était important de souligner le rôle de cette famille de la noblesse, dont les attaches en Touraine et Val-de-Loire sont notables, dans l'importation en Bretagne de la Renaissance, puisque, dans le Finistère et en particulier dans le Léon, c'est l'atelier du château de Kerjean (vers 1571-1590) qui introduisit, dans l'architecture religieuse, les décors inspirés de Serlio, Delorme et Du Cerceau.
.
Après la chapelle de Kerfons, ce motif se retrouve, dans une pénétration d'est en ouest, en Finistère à l'entrée du château de Kerjean (v.1570-1595), puis au fronton du porche de Lanhouarneau (1582), puis nous admirons les cariatides de la porte d'entrée du manoir de Trebodennic (1584) en Ploudaniel, les termes de l'ossuaire de Sizun (1585), les 14 cariatides et atlantes de l'intérieur du porche de Bodilis (1570-1601), le couple cariatide-atlante de l'intérieur du porche sud de Saint-Thégonnec (1599-1605), celui en kersantite surmontant le porche sud de Saint-Houardon à Landerneau (1604), avant de découvrir les six termes de l'ossuaire de Landivisiau (1610-1620), le couple de termes et la cariatide de l'ossuaire de La Martyre (1619), et enfin le couple de la porte de l'ossuaire (1676) de Saint-Thégonnec. Entourant, comme à La Martyre, une statue de saint Pol-de-Léon, ce dernier a tant de points communs avec ce site qu'il semble en être une copie, inférieure à l'original.
On les comparera aussi, pour la sculpture en bois aux 14 cariatides et atlantes du jubé de La Roche-Maurice, et à ceux du jubé de Saint-Nicolas en Priziac.
.
Glossaire
— SUPPORT ANTHROPOMORPHE.
Parmi les décors figurés des supports verticaux (colonnes, piliers, pilastres, fût), ce vocable inscrit au thésaurus réunit les cariatides et les atlantes, canéphores ou non. Il reste à introduire le vocable de "support zoomorphe" lorsque les sujets sculptés sont animaux.
Dans l'antiquité, borne qui marquait la limite d'un terrain, d'un champ, qui matérialisait une frontière. Terminus est une divinité romaine qui est le gardien des bornes. Il fut d'abord représenté sous la figure d'une grosse pierre quadrangulaire ou d'une souche puis, plus tard, on lui donna une tête humaine placée sur une borne pyramidale (un terme) qui servait de limite aux particuliers ou à l'État. Il était toujours sans bras et sans pieds, afin qu'il ne pût changer de place.
Architecture. Statue représentant un buste d'homme ou de femme dont la partie inférieure se termine en gaine et qui sert d'ornement.
.
— ATLANTE.
En architecture, figure d'homme soutenant un entablement.
—CARIATIDE
Une cariatide est une statue de femme drapée et debout, dont la tête sert de support à un entablement, une architrave ou une corniche.
Dans un ensemble architectural ou dans un meuble, elle s'emploie à la place d'une colonne ou d'un pilastre.
Parfois leurs bras ne sont figurés que par des tronçons : le bas du corps se termine souvent en gaine. Lorsque les cariatides portent sur la tête une corbeille formant un chapiteau, on les appelle canéphores.
Lorsque le personnage est représenté par un homme, la cariatide prend le nom d'Atlante ou de Télamon, sorte d'Hercule soutenant l'architrave sur ses épaules courbées.
Le nom, féminin, apparaît dans notre langue en 1546 (Caryatide) comme substantif ou comme adjectif qualifiant des colonnes dans l'Hypnerotomachie ou Discours du Songe de Poliphile de J. Martin, folio 14r (Caryatides canelees). Ces colonnes encadrent une porte dont l'architecture est minutieusement décrite.
1. Ma venue à la chapelle de Kerfons faisait suite à sa réouverture après son importante restauration. L'un de mes buts était, on l'a compris, d'étudier le décor sculpté Renaissance de la chapelle Saint-Yves construite sous le mécénat de la puissante famille Goulaine entre 1553 et 1559. ["première Renaissance bretonne" selon Lécuiller : on notera que cela correspond sur le plan chronologique à la Seconde Renaissance française, 1540-1564, sous l'influence de Serlio, et à l'apparition des cariatides et atlantes dans le décor architectural].
"Bâtie pour la puissante famille de Goulaine, la chapelle de Kerfons illustre dans la pierre un vocabulaire décoratif d’avant-garde : porte en plein cintre encadrée de colonnes surmontée d’un fronton triangulaire, modernité et simplicité du dessin des fenestrages, contreforts en forme de tourelle, niches à statues ou original campanile carré flanqué de quatre personnages."
"Les gouverneurs étaient responsables de l’entretien et de la réparation des chapelles. A Kerfons, la chapelle dédiée à Notre-Dame était gérée par un gouverneur unique au cours d'un mandat d'un an non renouvelable. Fiacre Le Bihan et Rolland de Trongoff, tous deux gouverneurs, ont organisé le chantier de construction de l'aile sud à partir de 1553 : "ils emploient des carriers, des tailleurs de pierre, des forgerons, des vitriers et des peintres. Ils mettent en place un important charroi et fournissent la nourriture des gens et des bêtes"." (Lécuiller)
.
L'extérieur de cette chapelle, et notamment les quatre cariatides et atlantes de son campanile, fera l'objet de la première partie de cet article.
.
2. Mais la visite de l'intérieur de la chapelle Saint-Yves révèle, non seulement un autel de style Renaissance à fronton triangulaire centré par un buste, mais aussi , dans la charpente, une série de 20 termes gainés, renforçant et ornant les nervures. Ce sont pour la moitié des supports zoomorphes à tête de lion et pour 4 d'entre eux, des supports anthropomorphes à type de cariatides.
Ces très belles sculptures en bois feront l'objet de ma deuxième partie.
.
3. En clin d'œil, on remarquera les termes gainés en forme d'ange de l'autel du XVIIe siècle. D'où ma troisième partie.
.
I. LES CARIATIDES ET ATLANTES DU CAMPANILE. LE DÉCOR RENAISSANCE.
.
A. Préambule : Les Goulaine et la Renaissance.
1°) Louise de Goulaine (ca 1505-1567).
Si l'art de la Renaissance s'est introduit en Bretagne en 1507 avec le cénotaphe de Thomas James à Dol-de-Bretagne, puis en 1518-1535 à Guerche-de-Bretagne avec les stalles, suivi dans la même collégiale en 1536-1567 par les vitraux, sous l'influence de la famille d'Alençon, il faut ici donner toute son importance au chantier commandité à Champeaux (35) par Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine.
En effet, Guy III d'Espinay épousa Le 17 septembre 1528 Louise de Goulaine, fille de Christophe II de Goulaine, gentilhomme ordinaire du roi Louis XII et de Renée Aménard. Le couple, qui éprouvait pour l'art nouveau de la Renaissance un véritable engouement (Christophe II de Goulaine a fait reconstruire l'aile de son château de Goulaine en Loire-Atlantique en style début Renaissance), s'attacha à embellir l'église de Champeaux de vitraux, d'un jubé, et vers 1530 de stalles, dont chaque dossier supérieur, chaque miséricorde étant sculptés avec goût et imagination . Louise commanda pour son mari un tombeau en 1553 dans le plus pur style Seconde Renaissance, et pour sa fille un monument de même style en 1554.
.
.
Le même couple exerça son goût pour le style Renaissance à Louvigné-de-Bais (à 17 km au sud de Champeaux) entre 1536 et 1562.
2°) Marquise de Goulaine (vers 1500-1531) et sa fille Claude (ca 1525->1559.).
Marquise de Goulaine est la sœur aînée de Louise de Goulaine. Elle épousa en 1522 Renaud de la Touche-Louzinière, fils de François de la Touche et de Jeanne de Penhoët, dame héritière de Coëtfrec et Kerfons. Elle eut 2 filles Françoise et Claude ou Claudine
.
.
Au XVe siècle, la chapelle de Kerfons appartenait à la famille de Penhoët.
"La branche des Penhoët-Coatfrec se fond en 1492 dans la famille de La Touche-Limousinière en Loire-Atlantique. Un des fils épouse en 1522 un membre d 'une des plus grandes familles bretonnes, Marquise de Goulaine qui meurt en 1531 et est enterrée dans la chapelle Saint-Yves de Kerfons, c'est-à-dire dans la chapelle sud du transept. En 1533, leur fille Françoise de La Touche est inhumée dans la même chapelle aux cotés de sa mère et leur deuxième fille Claude fera rebâtir en 1559 la chapelle funéraire de la famille. Ces travaux nécessitent la surélévation de la nef avec des modillons et l'aménagement d'une sacristie au bas de la nef.
Le rôle et la personnalité des fondateurs sont essentiels pour expliquer l'originalité de cette chapelle des Goulaine où repose Marquise, belle-sœur de Gui III d'Espinay, seigneur de Champeaux. On connaît depuis les travaux de René Couffon sur la collégiale de Champeaux le rôle primordial joué par les d'Espinay pour la diffusion des idées humanistes et des arts renaissants en Bretagne. Ils sont justement célèbres pour leur commande à l'architecte angevin Jean de l'Espine d'un tombeau érigé en 1553. Le goût pour la nouvelle expression artistique s'est ainsi répandu dans les parages de Coatfrec.
En effet la chapelle Saint-Yves n'a pas de parenté évidente avec d'autres monuments "Renaissance" de la région. Ici l'architecte a éliminé tout le décor si prisé à Notre-Dame de Guingamp ou à Notre-Dame de Bulat-Pestivien où s'épanouissent coquilles, rinceaux, arabesques, puni et candélabres, Kerfons est sans doute la première expression bretonne du classicisme naissant, affirmé par la pureté d'un style totalement épuré où seules apparaissent les grandes directrices architecturales. Le décor n'occupe en effet que les parties secondaires de l'ouvrage : un buste en costume Henry II, des angelots dans les écoinçons (réminiscences des bustes inscrits dans des médaillons), une niche d'inspiration florentine, des niches à coupoles sur les contreforts et un amortissement du pignon en forme de campanile orné de personnages à demi nus sur des termes imitant le tempietto italien.
Les références architecturales sont savantes et prestigieuses : Porte Dorée de Fontainebleau pour la porte à encadrement de colonnes et agrafe à l'italienne en forme d'S, gaines du frontispice de l'ouvrage de Serlio, niches à la Philibert de l'Orme, remplages comparables à ceux de Saint-Eustache de Paris de vingt ans son aînée. Cependant l'artiste n'a pas freiné sa fantaisie notamment dans les chapiteaux de la porte où l'inspiration corinthienne est totalement dépassée et recomposée. Seule note "locale" dans toutes ces références lointaines, les nervures rayonnantes de l'embrasure de la porte. Ces moulures qui n'ont aucune raison d'être architectonique, paraissent visualiser les sommiers de l'arc. Elles simulent un effet de perspective comme pour marquer une profondeur factice telle une voussure très profonde que l'on découvre sur les dessins d'arcs de triomphe des traités d'architecture de la deuxième moitié du 16e siècle. Cet artifice décoratif avait déjà été utilisé à Bulat-Pestivien dès 1522 et à Guingamp dès 1537. Plus au sud on les observe à Saint-Servais. En 1585, elles sont encore sculptées sur une porte de Saint-Jean-du-Baly à Lannion." (Le Louarn)
.
B. La chapelle Saint-Yves (1553-1559).
.
.
La date de 1559 sur un pilier de la chapelle Saint-Yves.
.
.
.
.
Le chronogramme est inscrit dans un cartouche à cuir découpé à enroulement, typique de la Seconde Renaissance bellifontaine.
.
Contrefort du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2012.
Le bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile 2012.
.
.
.
La porte et son fronton triangulaire centré par un personnage en buste.
.
La porte elle-même, de plein-cintre, mais aux moulures baguées, est encadrée par deux colonnes soutenant un entablement et un fronton triangulaire, selon le modèle diffusé par le premier Livre de Serlio (1540) et repris par Androuet du Cerceau (1559-1561).
.
La porte du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
La porte du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
Le buste d'un seigneur en costume Henri II. On verra (en fin d'article) la correspondance avec l'autel-tombeau de l'intérieur de la chapelle, où c'est un homme âgé et nu qui est sculpté en buste sur un fronton analogue.
.
La porte du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
Blason et collier de Saint-Michel de l'élévation est ; masque et inscription énigmatique.
.
Pignon sud du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Pignon sud du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Pignon sud du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
Le campanile : ses deux atlantes et ses deux cariatides.
.
Les termes soutiennent l'entablement entre deux colonnes corinthiennes. Les deux cariatides ont les bras croisés sous leur généreuse poitrine. Elles portent un turban. Les deux atlantes sont identiques, ont les bras croisés sur leur torse nu et portent la barbe pointue très fournie et bouclée, et une couronne. La base est tronquée, réalisée par un appareillage de pierres de granite.
On trouve des modèles de ces termes chez Agostino Veneziano (infra) dès 1536, ou chez Androuet du Cerceau.
.
.
.
Le campanile du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le campanile du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le campanile du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le campanile du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Le campanile du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
II. LES FIGURES ENGAINÉES DE LA CHARPENTE DE LA CHAPELLE SAINT-YVES. CARIATIDES, AMAZONES, ATLANTES ET LIONS.
.
La charpente ancienne de la chapelle est remarquable par ses entraits à nœud central et engoulants, ses sablières, ses blochets sculptés, et ses nervures à "cerce" sculptés en termes gainés.
Note. On nomme Cerce ou cherche des "Courbe à plusieurs centres qui donne le profil de certaines parties cintrées d'une construction`` (Delorme, Archit., III, 4 ds Gdf.). Le terme est utilisé par Lécuiller en légende des figures correspondant à ces cariatides. Dans la littérature décrivant les charpentes anciennes, on trouve le terme "cerces moulurées" associé à celui de "liernes", ces nervures parallèles soutenant le lambris. Je n'ai trouvé aucun exemple de "cerces" à sculptures figuratives.
Un exemple de charpente. Celle de Kerfons est plus complexe, notamment pour la structure des liernes.
.
.
.
Une vue générale de la charpente montre les deux poutres transversales ou entraits, les blochets des quatre angles, les dix arcs de nervures ("liernes" si on veut)... et les cariatides (au sens large). Sans compter les deux rangs d'abouts de poinçon.
.
La charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
Ici la partie nord en 2012, avant restauration.
.
La charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2012.
La charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
La charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
Au milieu de la poutre surplombant les deux arcs permettant l'entrée depuis le chœur, une sculpture de Dieu le Père, en tiare et tenant l'orbe, préside à l'ensemble ornemental.
.
La charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
Une paire d'abouts de poinçon : le décor est géométrique et non figuratif.
.
La charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
IIA. LES DIX FIGURES DU CÔTÉ OUEST.
.
A1. Support zoomorphe : un lion.
Débutons la description de ces fameuses figures engainées (on ne sait plus comment les nommer) en partant de l'angle nord-ouest. C'est un lion. Sa tête supporte, par l'intermédiaire d'une volute, la charpente. On constate des restes de polychromie, ici jaune ou blanche, ailleurs bleue ou rouge, qui laisse imaginer la splendeur initiale.
Seule la tête est animale, tout le reste du support forme une ample volute feuillagée.
On voit en dessous la tête de l'ange formant blochet.
.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
A2. Support zoomorphe : un lion.
.
On voit le talent du sculpteur pour varier son sujet, conservant une fidélité au modèle anatomique tout en l'intégrant aux formes géométriques d'une volute (en forme complexe de "perroquet" de traçage de courbes et contre-courbes) et d'un support à guirlande de fruits nouée d'un ruban et grille.
Le ruban sort d'un (faux) trou, comme dans les cartouches à cuir découpé alors en vogue.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
A3. Support zoomorphe : une lionne.
.
Ce motif est surprenant, puisque la tête de l'animal surplombe un sein, très généreux mais unique, qui coiffe le sommet de la courbe du support. Ce sein semble s'intégrer avec le buste de l'animal, et est clairement séparé de la partie sous-jacente, géométrique et feuillagée.
Comment l'interpréter ? Par volonté de symétrie avec les figures suivantes? Clin d'œil humoristique ?
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
A4. Support zoomorphe : un lion.
.
Un lion royal, à la belle crinière qui se transforme en plumage puis en deux larges feuilles formant la volute du support.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
A5. Support zoomorphe : un lion.
.
Ce lion indiscutable est ailé. Il domine la feuille formant la volute.
Le principe que je relève dans l'ensemble de la sculpture Renaissance et dont les termes engainés sont un parfait exemple est celui de la confusion des "genres" ou "ordres", humain, animal, végétal et géométrique, comme pour introduire le spectateur dans un monde déstabilisé, renversé, non-naturel et, sans doute, enchanté. L'univers de l'artefact artistique.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
A6. Support anthropomorphe : une cariatide.
.
Je veux bien que cela soit une charmante cariatide, aux longs cheveux bouclés, à l'ovale parfait et à la petite bouche qui esquisse un baiser, mais elle n'a qu'un seul sein (ici buché). Je l'ai associé d'abord aux amazones, dont on dit qu'elle se coupaient le sein droit pour mieux tirer à l'arc.
https://journals.openedition.org/pallas/14209
En réalité, les deux seins sont réunis, comme on va le voir, dans le volume d'une seule poitrine et ne se distinguent que par la petite saillie mamelonnaire.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
A7. Support anthropomorphe : une cariatide.
.
La mono-mamelle peut-être bi-mamelonnée déborde ou dégorge d'une sangle qui délimite, comme les ceintures portées jadis très haut, le support feuillagé.
Les cheveux sont rassemblés par une perle.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
Stop ou encore ? Au point où nous en sommes, je crois discerner un unanime "Encore !".
.
A8. Support anthropomorphe : une cariatide.
.
Amazone ou victime d'une malformation, arrangez-vous comme vous voudrez avec ces difficultés mammaires. Mais c'est une bien belle femme.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
A9. Support anthropomorphe féminin (cariatide) très détérioré.
.
Support feuillagé.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
A10. Support anthropomorphe féminin très détérioré.
.
L'ovale du visage, l'amorce d'une chevelure et le volume mammaire permettent de voir ici une cariatide.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
IIB. LES DIX FIGURES DU CÔTÉ EST.
.
.
.
B10. Support anthropomorphe féminin très détérioré.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
B9. Support anthropomorphe : une cariatide.
.
Le sculpteur semble avoir progressé dans sa connaissance de l'anatomie féminine, mais ce n'est pas encore tout à fait ça. Le volume mammaire est divisé en deux par une sangle verticale.
La chevelure soigneusement peignée est retenue par un médaillon frontal, d'où part un ruban qui se faufile sous des mèches, revient sur les côtés, passe derrière la nuque avant de se nouer : c'est une variante de "mon" "bandeau occipital".
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
B8. Support zoomorphe : un lion (ailé).
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
B7. Support zoo-anthropomorphe : tête d'homme moustachu dans la gueule d'un lion.
.
Cet homme aux yeux bleus est encapuchonné par la tête de lion. Son buste se projette en avant, faisant saillir ses pectoraux (gynécomastiques) et le ventre.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
B6. Support zoomorphe : un lion.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
B5. Support zoomorphe : un lion.
tête de lion sur un buste féminin à robe de feuillages ?
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
B5. Support anthropo-zoomorphe : la tête d'un homme barbu dans la gueule d'un lion.
.
je m'y perds un peu. Est-ce un homme coiffé d'une tête de lion ? D'un homme croqué par un lion, mais où est la mandibule? Peut-être derrière?
Est-ce une lionne, à la poitrine humaine ? Ou bien ce relief bi-mamelonné est à attribuer à la lèvre inférieure de l'animal ?
Le but de l'artiste est clair : nous faire perdre la tête, et nos repères.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
B4. Support zoomorphe : un lion .
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
B3. Support zoomorphe : un lion à barbiche pointue.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
B2. Support zoomorphe : un lion à barbiche ronde.
.
Sur le support, isolé de la tête animale par un "collier", une poitrine féminine, puis, à nouveau séparé par une sangle-ceinture, une feuille.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
B1. Support anthropomorphe : une cariatide canéphore.
.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Les cerces de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
III. LES QUATRE BLOCHETS.
.
.
Blochet n°1. Angle sud-est.
.
.
Blochets de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Blochets de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
Blochet n°2. Angle sud-ouest.
.
Blochets de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Blochets de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
Blochet n°3. Angle nord-ouest.
.
.
.
.
Blochet n°4. Angle nord-est.
.
.
Blochets de la charpente du bras sud (chapelle Saint-Yves, 1559 ) du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
Blochets de la chapelle latérale nord de la chapelle de Kerfons.
.
Ils se caractérisent par des ailes multicolores.
.
Blochet n°1.
.
Blochets de la charpente du bras nord du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Blochets de la charpente du bras nord du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
Blochet n°2.
.
Blochets de la charpente du bras nord du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Blochets de la charpente du bras nord du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
Blochet n°3.
.
Blochets de la charpente du bras nord du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
Blochet n°4.
.
Blochets de la charpente du bras nord du transept de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
IV. QUELQUES SABLIÉRES.
.
.
.
Sablières de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Sablières de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Sablières de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Sablières de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
V. LES NOEUDS DES ENTRAITS DE LA CHAPELLE SAINT-YVES. DEUX ANGES PRÉSENTANT UN BLASON ? UN CARTOUCHE ?
.
.
.
Nœud d'un entrait de la chapelle Saint-Yves (1559) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Nœud d'un entrait de la chapelle Saint-Yves (1559) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Nœud d'un entrait de la chapelle Saint-Yves (1559) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Nœud d'un entrait de la chapelle Saint-Yves (1559) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
V. LES ANGES-CARIATIDES DE L'AUTEL DU XVIIe SIÈCLE.
.
Autel (XVIIe) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Autel (XVIIe) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Autel (XVIIe) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
.
À L'INTÉRIEUR DE LA CHAPELLE SAINT-YVES (1559), L'AUTEL RENAISSANCE AU FRONTON TRIANGULAIRE.
Nous y trouvons de nombreux éléments du nouveau vocabulaire Renaissance : les colonnes à chapiteaux corinthiens, la niche à coquille et à masques, et le buste d'homme décharné et âgé sculpté au milieu du fronton.
Cet autel est-il un monument funéraire des Goulaine, avec son tombeau à godrons ?
.
Autel-tombeau (?) de la chapelle Saint-Yves (1559) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Autel-tombeau (?) de la chapelle Saint-Yves (1559) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
Autel-tombeau (?) de la chapelle Saint-Yves (1559) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Photographie lavieb-aile août 2022.
.
SOURCES ET LIENS.
.
—COUFFON, René, 1939, « Répertoire des églises et chapelles de Saint-Brieuc et Tréguier. Second fascicule », Société d’émulation des Côtes-du-Nord. Bulletins et mémoires, 71, 1939, p. 141.
— COUFFON (René), 1948, l'architecture classique au pays de Léon, l'atelier de l'Elorn, l'atelier de Kerjean, Mémoires de la Société d'Histoire et d’Archéologie de Bretagne. 1948, 28.
— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-
— LE LOUARN, Geneviève. 1983 "La chapelle Notre-Dame de Kerfons". Rennes, Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, t. 60, 1983, p. 301-305.
—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), 1559 Livre d’architectvre de Jaques Androvet du Cerceau, contenant les plans et dessaings de cinquante bastimens tous differens : pour instruire ceux qui desirent bastir, soient de petit, moyen, ou grand estat. Auec declaration des membres & commoditez, & nombre des toises, que contient chacun bastiment, dont l’eleuation des faces est figurée sur chacun plan..., Paris, s.n., 1559.
—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), Second Livre d’architecture, par Iaqves Androvet Du Cerceau. Contenant plusieurs et diverses ordonnances de cheminées, lucarnes, portes, fonteines, puis et pavillons, pour enrichir tant le dedans que le dehors de tous edifices. Avec les desseins de dix sepultures toutes differentes, Paris, André Wechel, 1561.
—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), 1582, Livre d’architecture de Jaques Androuet Du Cerceau, auquel sont contenues diverses ordonnances de plants et élévations de bastiments pour seigneurs, gentilshommes et autres qui voudront bastir aux champs ; mesmes en aucuns d’iceux sont desseignez les bassez courts... aussi les jardinages et vergiers..., Paris, pour Iaques Androuet du Cerceau, 1582. de l’Orme (Philibert), Le Premier tome de l’architecture, Paris, Frédéric Morel, 1567.
— DELORME (Philibert), 1567 Le premier tome de l'architecture de Philibert de L'Orme conseillier et aumosnier ordinaire du Roy, & abbé de S. Serge lez Angiers , Paris, Federic Morel
— DE GRANDE (Angelo), 2014, "De Fontainebleau vers la Lorraine: l’ordre anthropomorphe de la maison «des Sept Péchés capitaux» à Pont-à-Mousson" in Gravures d'architecture et d'ornement au début de l'époque moderne : processus de migration en Europe (sous la direction de S, Frommel et E. Leuschner), pp.205-218, 2014.
— FROMMEL (Sabine), 2018 Supports anthropomorphes peints de la Renaissance italienne, in Frommel, Sabine – Leuschner, Eckhard – Droguet, Vincent – Kirchner, Thomas (dir.) Construire avec le corps humain/ Bauen mit dem menschlichen Korper. Les ordres anthropomorphes et leurs avatars dans l'art europèen de l'antiquité à la fin du XVIe siècle/ Antropomorphe Stùtzen von der Antike bis zur Gegenwart, Campisano Editore 2 volumes pp 618, 40 ill.
"Rares sont les motifs architecturaux qui témoignent d'une persistance telle que les ordres anthropomorphes, depuis l'Antiquité jusqu'à la période actuelle, en passant par le Moyen Âge. Leur évolution s'articule par de subtiles interactions entre les domaines sculptural, architectural et pictural, alors qu'une fortune théorique durable a été instaurée par la description détaillée par Vitruve des "Perses" et des "Caryatides" dans son traité De architectura libri decem. Contrairement aux ordres architecturaux canoniques, ce " sixième ordre " invite à des interprétations et des variations plus souples et plus personnelles. Il put ainsi assimiler des traditions locales très diverses lors de son parcours triomphal dans toute l'Europe. Si la signification originelle de soumission et de châtiment de ces supports reste valable, les valeurs narratives ne cessèrent de s'enrichir et de s'amplifier, en faisant de ce motif un protagoniste abondamment présent dans de multiples genres artistiques, des meubles aux monuments les plus prestigieux, et qui révèle les mutations typologiques et stylistiques au fil du temps. Les contributions réunies dans ces deux volumes fournissent un large panorama européen de ces occurrences, offrant un large éventail de synergies et d'affinités révélatrices."
—SAMBIN ( Hugues), 1572 Oeuvre de la diversité des termes dont on use en architecture reduict en ordre : par Maistre Hugues Sambin, demeurant à Dijon, publié à Lyon par Jean Marcorelle ou par Jean Durant. Bibliothèque municipale de Lyon, Rés 126685.
—SERLIO (Sebastiano ), 1551 Liure extraordinaire de architecture, de Sebastien Serlio, architecte du roy treschrestien. Auquel sont demonstrees trente Portes Rustiques meslees de diuers ordres. Et vingt autres d’oeuvre delicate en diverses especes, Lyon, Jean de Tournes, 1551.
Le premier livre d’architecture et Le second livre de perspective de Sebastiano Serlio furent publiés par Jean Martin pour la première fois à Paris en 1545; le troisième livre, fut publié à Anvers, en 1550 chez Pieter Coecke qui en 1542 avait publié une version pirate du Quatrième livre. Le quinto libro d’architettura traduit en françois par Jean Martin fut édité à Paris en 1547 par Michel de Vascosan ; le Livre extraordinaire le fut àLyon par Jean de Tournes en 1551.
—SERLIO (Sebastiano ), 1540 Il terzo libro ... Venise F. Marcolini
La Regola delli cinque ordini d’architettura de Vignole sans cesse ré-éditée depuis 1562, fut publiée en édition quadrilingue in-folio (italien, néerlandais, français et allemand) en 1617 par Willem Jansz Blaeu à Amsterdam et, ensuite, en français en très nombreuses éditions parisiennes : Regles des cinq ordres d’architecture de Vignolle / Reveuee (sic) augmentees et reduites de grand en petit par le Muet , Paris, chez Melchior Tavernier, 1631-1632 ; chez Pierre Mariette en1644-55 ; 1702 ; chez Nicolas Langlois, s.d. ; Seconde édition, 1657,1658, 1684 ;Reigle de cinq ordres d’architecture éd.par Pierre Firens,s.d. [1620-1630] ; chez Pierre Mariette, 1662, 1665 ; chez Nicolas Bonnart, 1665 ; éd. Jean Le Pautre, chez Gérard Jollain, 1671, 1691,1694.
— VITRUVE, 1511, De architectura M. Vitruvius per Jocundum solito castigatior factus cum figuris et tabula, traduit par Fra Giovanni Giocondo en 1511 à Venise chez G. da Tridentino avec 136 gravures sur bois
L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonevez-du-Faou. VIIIb. La clôture de chœur (bois polychrome, v.1575-1580) vue depuis la nef : les 12 Apôtres et les Termes.
Sans compter les sablières à cuirs chantournés et/ou grotesques du Maître de Plomodiern à Saint-Nic (1561-1566), Plomodiern (1564), à l'atelier du Cap-Sizun à Primelin, Pont-Croix (1544), Confort-Meilars, Esquibien ou de celle du Maître de Pleyben (1567-1576) à Pleyben, Kerjean, Plomodiern (Sainte-Marie du Menez-Hom), Bodilis, Saint-Divy, et peut-être Roscoff.
.
.
PRÉSENTATION.
Mon article précédent VIIIa peut servir de préambule. Consacré à la partie extérieure nord de la clôture, visible à partir du bas-côté, il montre l'intérêt que je porte aux Termes gainés canéphores, ces figures masculines ou féminines portant sur leur tête un panier de fruits et dont le bas du corps est remplacé par pilier évoquant les bornes hermaïques. Ainsi qu'au décor Renaissance inspiré de l'Ecole de Fontainebleau avec ses cuirs chantournés abritant des créatures des grotesques.
C'est ce décor (dont les modèles viennent d'Androuet du Cerceau, voire de Sambin) dont je souhaite poursuivre la découverte en arrivant maintenant à la partie extérieure de la clôture visible depuis la nef. C'est sans doute la partie principale, ouverte en son milieu par la porte donnant accès au chœur, lors de processions et de cérémonies, aux carmes du Prieuré disposant d'une place dans les 15 stalles adossées à la clôture.
Comme sur de nombreux jubés ou tribunes de chœur, ce décor est fondé sur la série des 12 apôtres, qui, dans un ordre convenu débutant par Pierre et s'achevant par Mathias, rappelle les 12 articles du Credo apostolique et affirme donc au fidèle les fondements de sa Foi.
On compte quatre panneaux sur la partie de l'entablement surmontant la claire-voie de gauche, puis deux panneaux doubles au dessus de la porte à deux battants, et à nouveau quatre panneaux sur la partie de l'entablement surmontant la claire-voie de droite. Je les désigne sous le nom de Nef 1 à Nef 10.
Chacun des 10 panneaux en bas-relief est encadré par une statuette en moyen-relief, que je numérote de T1 à T10 et qui correspondent aux Termes gainés, numérotation dont j'excepte la statuette du milieu représentant saint Herbot.
Deux inscriptions peintes courent d'un bout à l'autre de l'entablement. La plus basse est facile à lire et associe le latin avec sa traduction en français : L'AN 1659 O VOS OMNES QUI TRANSITIS PER VIAM ATTENDITE ET VIDETTE SI EST DOLOR SICU(t) DOLOR ME(us) O VOUS TOUS PASSANS ARRESTEZ VOUS E VOYEZ SIL EST UNE DOULEUR SEMBLABLE A LA MIENNE : LAM...". Elle est donc postérieure d'un siècle à l'œuvre sculptée et se rapporte à la Crucifixion qui le couronne .
Il s'agit d'un repons de la liturgie de l'office des Ténèbres du Vendredi Saint, citant les Lamentations 1:12, et qui a été mis en musique (motets) par Tomas Luis de Victoria (1572 et 1585), ou Carlo Gesualdo (1603 et 1611).
Mes lecteurs les plus fidèles et les mieux dotés par Mnémosyne se souviennent certainement comme moi qu'en 2017, je leur ai offert la présentation de la même inscription, figurant sur la poutre de gloire de l'église de Dirinon et datée de 1623. Pour les autres, et toujours gracieusement, voici un lien sur lequel il suffira de cliquer :
Et ces lecteurs les plus fidèles et les mieux dotés par Mnémosyne ont gardé gravée dans leur esprit mon impérissable et exhaustive analyse de cette citation biblique, bardée de référence et de renvois : c'est le genre de morceau de bravoure qu'on n'oublie pas.
.
On remarquera que la polychromie est encore respectée assez largement.
.
L'entablement n'est pas la seule partie sculptée digne d'intérêt, et l'amateur de notre patrimoine sculpté admirera le décor des montants de la claire-voie et de la porte, ainsi que des panneaux de la partie basse, quitte à se mettre à quatre pattes sous les tables d'offrandes.
.
La partie étudiée est désignée en rouge :
.
Plan de la clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.
.
.
Mise en bouche : le déroulé préalable de l'entablement, de gauche à droite.
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
LES DOUZE APÔTRES PORTANT LEUR ATTRIBUT.
.
Je rappelle que cette série apostolique est déjà présente sur les deux cotés du porche sud (1498-1509), sous forme de 12 statues de kersantite portant des phylactères ; l'apôtre représenté y est désigné nommément par inscription sculptée (et donc pérenne), et l'article du Credo qu'il présente est également sculpté dans la pierre. L'ordre est le suivant : Pierre/André/JacquesM/Jean/Thomas/Jacquesm/Philippe/Barthélémy/Matthieu/Simon/Jude/Mathias.
Comme sur cette séquence de la clôture, les apôtres du porche entourent le saint patron de la chapelle, placé au dessus du trumeau. Là encore, son nom est sculpté dans la pierre : SAINT HERBAUD 1481, levant toute hésitation devant ce saint ermite tenant un bâton et un livre ouvert.
.
Les apôtres de la clôture ne sont pas nommés, mais nous pouvons nous aider de leur rang, et de l'attribut qui les distingue. La distribution des attributs dans l'iconographie n'est pas univoque, et j'ai choisi la proposition d'identification qui m'a semblée la plus crédible et la plus admise.
Enfin, signalons que ce sont les 12 Sibylles qui sont représentées sur les panneaux homologues tournés vers le chœur.
.
Nef 1 : saint Pierre et sa clef.
.
Cette clef est très longue et repose sur l'épaule droite. Comme tout apôtre de l'iconographie traditionnelle, Pierre est pieds nus. Il tient un livre ouvert, rappelant le Livre des Apôtres. La robe est fermée par trois boutons ronds.
Tous les apôtres sont ici nimbés, sauf saint Jacques le Majeur.
.
La bordure associe à quelques spires évoquant encore les cuirs chantournés, à des rubans, des fruits et corbeilles, un décor géométrique de lames, pouvant faire penser aux fers plats de la ferronnerie d'art, et dont on trouve un modèle dans le frontispice des Compartiments de Fontainebleau d'Androuet du Cerceau, suite de planches gravées datant de 1542-1547.
.
De plus en plus gros :
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
Nef 2 : saint André et sa croix en X.
.
Il est le frère de saint Pierre, ce qui lui vaut cette place en deuxième position.
Le manteau donne dans l'emphase par un drapé fluide, et par un pan qui s'envole au dessus de l'épaule droite.
Bordure : même remarque que pour Pierre.
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
Nef 3 : saint Jean et la coupe de poison.
.
Nous attendrions à cette place saint Jacques le Majeur, comme sur le porche, mais c'est son frère Jean, imberbe, qui bénit ici la coupe de poison qu'Aristodème lui avait tendu pour l'éprouver.
.
La bordure est remarquable par cette composition de mascarons, de rubans, de lames, de volutes feuillagées et de deux visages féminins de profil.
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
Nef 4 : saint Jacques le Majeur.
.
On le reconnait par son rang, par sa proximité de Jean, autre fils de Zébédée, par son bourdon, et par son chapeau (centré par la coquille éponyme du saint), voire par le baudrier qui soutient une probable besace.
.
Bordure : lames de ferronnerie droite et enroulées. Et deux coquilles ??
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
Nef 5 et 6 : Saint Thomas et son équerre ; saint Philippe et sa croix à longue hampe.
.
Ces deux apôtres suivent le rang qu'ils occupent dans le porche. Mais Thomas tient ici l'équerre en L renversé.
.
Bordure : mascarons feuillagés, rubans, cuirs à enroulement.
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
Au centre : saint Herbot sous un dais.
.
Il est à la place d'honneur au milieu des apôtres et au dessus du seuil, tout comme il était au centre du porche, et il est vêtu comme un ermite d'une cuculle et d'une pèlerine couvrant les épaules. Il porte le bâton et le livre qui le caractérisent aussi sur le porche sud, mais aussi dans la niche du porche ouest.
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
C'est à saint Herbot que les fidèles venaient, et viennent encore, déposer des offrandes sur les deux tables de pierre adossées à la clôture, notamment sous forme de tresses de crins (parfois nouées aussi aux fuseaux de la claire-voie)..
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.
.
.
Nef 7 et 8 . Saint Barthélémy et son couteau ; saint Matthieu et sa lance.
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
Nef 9 : saint Jacques le Mineur et son bâton de foulon.
.
Même mouvement de manteau que pour André.
.
Bordure : rinceau feuillagé, lames géométriques, un masque central de jeune graçon et deux masques latéraux d'homme barbu.
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
Nef 10 : saint Simon et sa scie.
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
Nef 11 : saint Jude et sa hallebarde.
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
Nef 12 : saint Mathias et son épée.
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
LES DIX TERMES GAINÉS CANÉPHORES.
.
.
T1 : support anthropomorphe masculin barbu coiffé d'un bonnet ; bras amputés en spirale. Pagne feuillagé.
.
Clôture de chœur de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.
.
.
T2 : support anthropomorphe féminin, pieds croisés.
.
Le croisement des pieds n'est guère physiologique, et la jambe droite disparait comme s'il amorçait l'entortillement d'une queue bifide. Nous retrouvons cela à Bodilis, cariatide n°10 :
"De la seconde moitié du xvie siècle, il clôt le chœur sur trois côtés et comprend une série de panneaux sculptés en haut et en bas, séparés par des balustres tournés formant claire-voie. Les panneaux du bas sont décorés d'arabesques Renaissance. Sur ceux du haut regardant la nef sont figurés les douze apôtres en dix panneaux séparés par des cariatides et, sur les faces latérales, au nord les petits prophètes, au sud les sibylles. A l'intérieur, seize stalles font corps avec le chancel. Les panneaux qui les surmontent sont décorés, dans la partie centrale, de douze saints et saintes en dix panneaux séparés par des cariatides et, sur les côtés, de motifs décoratifs. Les jouées d'extrémité des stalles supportent un entablement formant baldaquin décoré de dix-huit bustes des évangélistes, des prophètes et des docteurs. En avant du chancel, deux tables de pierre servent à déposer les offrandes le jour du pardon, d'un côté les crins, de l'autre les mottes de beurre. Une restauration récente a mis au jour l'inscription suivante se rapportant à la Crucifixion qui le couronne : [.'AN 1659 O VOS OMNES QUI TRANSITIS PER VIAM ATTENDITE ET VIDETE SI EST DOLOR SICu(t) DOLOR Me(us) O : VOUS TOUS PASSANS ARRESTEZ VOUS E VOYEZ SIL EST UNE DOULEUR SEMBLABLE A LA MIENNE : LAM..."
— COUFFON (René), 1959, Notice de Plonévez-du-Faou, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper
— BONNET (Philippe), RIOULT (Jean-Jacques), 2010, « Saint-Herbot. Chapelle Saint-Herbot », dans Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, Bretagne gothique, Paris, Picard, coll. « Les Monuments de la France gothique », 2010, 485 p.
— RIOULT (Jean-Jacques), 2009, « Plonévez-du-Faou, chapelle Saint-Herbot », Congrès archéologique de France « Finistère 2007 », 2009, p. 203-208
— CASTEL (Yves-Pascal), DUCOURET, 1966, 1972 et 1986, Dossier IA00005154 Inventaire général, région Bretagne
—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), 1559 Livre d’architectvre de Jaques Androvet du Cerceau, contenant les plans et dessaings de cinquante bastimens tous differens : pour instruire ceux qui desirent bastir, soient de petit, moyen, ou grand estat. Auec declaration des membres & commoditez, & nombre des toises, que contient chacun bastiment, dont l’eleuation des faces est figurée sur chacun plan..., Paris, s.n., 1559.
—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), Second Livre d’architecture, par Iaqves Androvet Du Cerceau. Contenant plusieurs et diverses ordonnances de cheminées, lucarnes, portes, fonteines, puis et pavillons, pour enrichir tant le dedans que le dehors de tous edifices. Avec les desseins de dix sepultures toutes differentes, Paris, André Wechel, 1561.
—ANDROUET DU CERCEAU (Jacques), 1582, Livre d’architecture de Jaques Androuet Du Cerceau, auquel sont contenues diverses ordonnances de plants et élévations de bastiments pour seigneurs, gentilshommes et autres qui voudront bastir aux champs ; mesmes en aucuns d’iceux sont desseignez les bassez courts... aussi les jardinages et vergiers..., Paris, pour Iaques Androuet du Cerceau, 1582. de l’Orme (Philibert), Le Premier tome de l’architecture, Paris, Frédéric Morel, 1567.
— COUFFON (René), 1948," l'architecture classique au pays de Léon, l'atelier de l'Elorn, l'atelier de Kerjean", Mémoires de la Société d'Histoire et d’Archéologie de Bretagne. 1948, 28.
— DELORME (Philibert), 1567 Le premier tome de l'architecture de Philibert de L'Orme conseillier et aumosnier ordinaire du Roy, & abbé de S. Serge lez Angiers , Paris, Federic Morel
— DE GRANDE (Angelo), 2014, "De Fontainebleau vers la Lorraine: l’ordre anthropomorphe de la maison «des Sept Péchés capitaux» à Pont-à-Mousson" in Gravures d'architecture et d'ornement au début de l'époque moderne : processus de migration en Europe (sous la direction de S, Frommel et E. Leuschner), pp.205-218, 2014.
— FROMMEL (Sabine), 2018 Supports anthropomorphes peints de la Renaissance italienne, in Frommel, Sabine – Leuschner, Eckhard – Droguet, Vincent – Kirchner, Thomas (dir.) Construire avec le corps humain/ Bauen mit dem menschlichen Korper. Les ordres anthropomorphes et leurs avatars dans l'art europèen de l'antiquité à la fin du XVIe siècle/ Antropomorphe Stùtzen von der Antike bis zur Gegenwart, Campisano Editore 2 volumes pp 618, 40 ill.
Rares sont les motifs architecturaux qui témoignent d'une persistance telle que les ordres anthropomorphes, depuis l'Antiquité jusqu'à la période actuelle, en passant par le Moyen Âge. Leur évolution s'articule par de subtiles interactions entre les domaines sculptural, architectural et pictural, alors qu'une fortune théorique durable a été instaurée par la description détaillée par Vitruve des "Perses" et des "Caryatides" dans son traité De architectura libri decem. Contrairement aux ordres architecturaux canoniques, ce " sixième ordre " invite à des interprétations et des variations plus souples et plus personnelles. Il put ainsi assimiler des traditions locales très diverses lors de son parcours triomphal dans toute l'Europe. Si la signification originelle de soumission et de châtiment de ces supports reste valable, les valeurs narratives ne cessèrent de s'enrichir et de s'amplifier, en faisant de ce motif un protagoniste abondamment présent dans de multiples genres artistiques, des meubles aux monuments les plus prestigieux, et qui révèle les mutations typologiques et stylistiques au fil du temps. Les contributions réunies dans ces deux volumes fournissent un large panorama européen de ces occurrences, offrant un large éventail de synergies et d'affinités révélatrices.
—SAMBIN ( Hugues), 1572 Oeuvre de la diversité des termes dont on use en architecture reduict en ordre : par Maistre Hugues Sambin, demeurant à Dijon, publié à Lyon par Jean Marcorelle ou par Jean Durant. Bibliothèque municipale de Lyon, Rés 126685.
—SERLIO (Sebastiano ), 1551 Liure extraordinaire de architecture, de Sebastien Serlio, architecte du roy treschrestien. Auquel sont demonstrees trente Portes Rustiques meslees de diuers ordres. Et vingt autres d’oeuvre delicate en diverses especes, Lyon, Jean de Tournes, 1551.
— VITRUVE, 1511, De architectura M. Vitruvius per Jocundum solito castigatior factus cum figuris et tabula, traduit par Fra Giovanni Giocondo en 1511 à Venise chez G. da Tridentino avec 136 gravures sur bois