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1 février 2025 6 01 /02 /février /2025 20:19

Les lambris peints (Le Floch de Pratanbars 1667 et 1675, Claude de Hauteville et Olivier Le Minteur 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez.

 

Voir sur Douarnenez :

Voir sur les lambris peints en Bretagne :

 

PRÉSENTATION.

C'est le 12 août 1663 que fut posée la première pierre de la chapelle Saint-Michel, dont l'évêque avait autorisé l'édification tout près de la maison achetée de ses deniers par Dom Michel Le Nobletz, missionnaire breton qui séjourna à Douarnenez de 1617 à 1639. La chapelle fut construite en 1664 et 1665  :  la façade occidentale, est ornée d'une porte à fronton en ailerons portées par inscription MRE HIE PAILLART P RECT DE PLOUARRE MICHEL POULLAOUEC FABRIQUE 1664, alors qu'on lit sur la chambre de cloche amortie par un lanternon MATTHIEU LOZEAC'H 1665.

L'édifice est en forme de croix dont la tête et les branches se terminent en hémicycle ( forme souvent qualifiée de "trèfle", ce plan trèflé pouvant être l'œuvre du jésuite Charles Turmel). La façade ouest est percée d'une porte classique entre deux pilastres surmontés d'un fronton brisé au centre d'un mur pignon supportant un petit campanile classique.

 

 

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

Cette construction s'opéra à l'instigation du Père Maunoir, par vénération pour son maître Dom Michel, mort onze ans plus tôt, en 1652. Il y aurait été incité par les visions d'une pieuse femme illuminée de Quimper, Catherine Daniélou. Il a reçu l'aide de la famille Ernothon-Pratglas, dont les armoiries d'azur à trois molettes d'or figuraient sur les vitraux (procès-verbal des armoiries de 1678). Cette famille possessionnée à Pont-L'Abbé a fait construire une maison pour les jésuites de Quimper (Peuziat).

De 1669  à 1676, le Père Maunoir vient chaque année prêcher en mission à Douarnenez, en mai ou en juin, récoltant des offrandes pour la chapelle. Ses visites deviennent plus espacées ensuite, jusqu'à sa mort en 1683.

A l'intérieur, la voûte en lambris peint comporte quatre blochets à la croisée du transept et des culots de poinçon sculptés représentant alternativement des têtes et des ornements. Le lambris est entièrement peint sur les deux-tiers de la partie inférieure de la voûte, le tiers supérieur, de teinte gris-bleu, voyant se succéder un semis d'étoiles à six branches avec un semis de fleurs de lys, sans ordre précis.

Les peintures

On compte 64 panneaux peints, cloisonnés par les nervures du plafond de cette chapelle, dont 58 scènes (Vie et Passion du Christ, Vie de la Vierge, évocations des différents ministères des anges auprès des hommes) et des séries de personnages vénérés (les 4 Evangélistes, les 4 docteurs d’Occident).

Ces peintures ont été  exécutées en trois tranches en 1667 pour le chœur, en  1675 pour le transept et 1692 pour la nef.  Ces peintures sont inspirées des taolennoù,  tableaux d’inspiration chrétienne réalisés par  Michel Le Nobletz pour présenter aux fidèles  la religion dans une catéchèse missionnaire.

Chronologie des peintures, in Peuziat 2011.

 

Michel Le Nobletz, né à Plouguerneau en 1577 est un missionnaire  qui a exercé à St-Malo, à l’Ile d’Ouessant, à l’Ile de Batz, à l’Ile Molène puis qui fut envoyé à Douarnenez de 1617 à 1639.

L'organisation du décor.

"À la base des panneaux, jouxtant la sablière, un cartouche à fond noir contient, en caractères dorés, la légende de la scène. Le cadre doré du cartouche porte aux extrémités des enroulements inspirés des cuirs découpés et est bordé de motifs végétaux, guirlandes, fleurs stylisées, disposées sur fond pourpre. La partie supérieure est une savante composition en courbe et contre-courbes. Les bases de l'arcade en plein-cintre reposent sur une petite tablettes supportée par une petite console en voûte. Les deux segments de l'arcade, ornés de guirlandes, se terminent par une spirale à révolution externe séparés par une goutte en guise de clef de voûte Reposant sur ses enroulements, un putto ailé, nimbé d'un motif en coquille, ornement fréquemment utilisé au cours du XVIIe siècle. De part et d'autres s'étalent spirales, volutes et guirlandes . Le peintre, afin de ne pas créer un ensemble monotone, a modifié la couleur du fond, alternant ainsi champs clairs et champs foncés, pour animer sa composition. Le panneau est amorti par un pot-à-feu orné de godrons et muni de deux anses. Dans le cul-de-four, l’exiguïté de la surface a obligé l'artiste à simplifier sa composition, mais l'inspiration est préservée.

La décoration du transept, réalisée sept ans plus tard, montre une évolution. Le cadre des cartouches gagne en simplicité, seuls des enroulements vaguement inspirés de parchemins l’agrémentent. Latéralement, l'ornementation est plus diversifiée tant par la polychromie que par les sujets où sont représentés coquilles, fleurs, feuilles stylisées. A la partie supérieure, la composition est presque identique au chœur. Dans les parties hautes, seuls les pots à feu des grands panneaux sont remplacés par des vases à fleurs ." (J. Peuziat)

Les peintures ont été restaurées en 1963 et 1964. 

 

 

I. LE CHOEUR, CÔTÉ EST, Le FLOCH de PRATANBARS,1667.

 

1°) Dans l'abside ou arrondi  :

  •  les quatre évangélistes (Marc, Matthieu, Luc et Jean), à gauche.
  • les 4 Pères de l'Église (Jérôme, Ambroise, Augustin, Grégoire)  à droite

 

2°) Sur les côtés, dans le sens horaire :

a) Sur le côté gauche : la Vie de la Vierge, I :

  • Annonciation (l'Ange)

  • Présentation de Marie au Temple

  • Nativité de la Vierge.

  • Conception.

 

b) Sur le côté droit : la Vie de la Vierge II:

  • Assomption

  • Purification

  • Visitation

  • L'Annonciation (la Vierge)

 

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les quatre évangélistes.

 

1, 2. Saint Marc et son lion, saint Matthieu et son ange.

Tous les deux, debout, pieds nus et barbus, écrivent leur évangile.

 

 

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

3, 4 . Saint Luc et son taureau, saint Jean et son aigle.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les quatre Pères ou Docteurs de l'Église.

5 et 6 : Saint Jérôme en cardinal, accompagné de son lion et saint Ambroise en évêque de Milan, avec la ruche d'abeilles près de lui.

Comme les évangélistes, ces Pères de l'Église sont représentés la plume à la main, rédigeant leur œuvre.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

7 et 8 : Saint  Augustin évêque d'Hippone et saint Grégoire, pape, inspiré par la colombe de l'Esprit.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

 Sur le côté gauche : la Vie de la Vierge, I :

 

9.Annonciation (l'Ange)

Dans cette portion haute du découpage des tableaux par les nervures, seule la moitié de l'Annonciation  est figurée, car il n'y a ici que l'ange Gabriel ; et la Vierge, qui est le complément du tableau, se trouve en face de l'autre côté.

10. La Présentation de Marie au Temple.

La jeune Marie entre au service du Temple, dont elle gravit les degrés sous les regards de ses parents Anne et Joachim. Elle est accueillie par le grand prêtre.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

11. La Conception de la Vierge, ou scène de la Porte Dorée. La signature du peintre.

Devant la Porte Dorée de Jérusalem, Anne et Joachim (qui gardait ses troupeaux, chacun alerté de ce rendez-vous par une vision, se retrouvent, et cette seule rencontre (ou leur baiser) déclenche la conception chez Anne de l'enfant que le couple espérait depuis si longtemps : ils le nommeront Marie (Myriam) et le vouent au service de Dieu.

Dieu le Père apparaît dans les nuées, bénissant, la main gauche posée sur le globe du monde, la tête parée du nimbe triangulaire. La Vierge, immaculée dans sa conception, est figurée entre les deux époux, les pieds sur le croissant et entourée d'étoiles, selon le motif de la Vierge de l'Immaculée-Conception.

On lit en bas l'inscription PRATANBAR LE FLOCH FECIT 1667. Les experts n'y voient qu'un seul peintre, Hamon Pratanbars-Le Floch. En effet, le même peintre, le "sieur de Pratanbars", est intervenu en 1675 sur ces lambris, comme on le verra sur les inscriptions de la croisée du transept. Ce peintre avait signé en 1663 un tableau conservé à l'évêché de Quimper et qui porte la signature PRATANBARZ-FLOCH PINXIT LAN 1663. Il s'agit d'un ex-voto commandé par M. de Fages de Quimper après avoir été guéri en novembre 1661, alors qu'il était assisté par Michel de Nobletz, celui-là même en la mémoire de qui a été édifiée la chapelle Saint-Michel.

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29004523

 

Yves-Pascal Castel (Dictionnaire des artistes..) indique que Hamon Floch, sieur de Pratambars (Morlaix,?-Quimper 1677) s'est marié le 4 septembre 1662 avec Marie Guérin à Quimper, paroisse de Saint-Mathieu. De 1664 à 1670, quatre enfants voient le jour à Quimper. Il est l'auteur des lambris de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez en 1667. En 1670, Hamon Floch reçoit 15 livres des fabriciens de Saint-Evarzec "pour le days au dessus du crucifix". En 1672, il peint un tableau de Saint-Yves moyennant 30 livres, et fait "le devant d'autel de monsieur st nicolas" pour 7 livres 2 sols. Il décède le 17 janvier 1677 à Quimper, paroisse de Saint-Mathieu. Sa femme meurt le 11 mai 1677. En 1679, sa maison de terre-au-Duc à Quimper est vendue lors de sa succession.

Les généalogistes précisent que Hamon Aymon FLOCH est né le 22 février 1609 à Landerneau et baptisé à Saint-Thomas de Landerneau. Ses quatre enfants sont Jacques, Marguerite, Jean-François et François. Il n'existe pas de lieu-dit Pratanbars à Quimper.

 

https://gw.geneanet.org/cl54?n=floch&oc=&p=hamon+aymon

Le commanditaire de l'ex-voto, M. de Fages, est représenté alité, entouré de plusieurs membres de sa famille et de Michel de Nobletz venu le bénir. Il est figuré étendu sur une couchette, entouré de sa femme Anne Gary et de ses sept enfants. La Vierge à l'Enfant est représentée en haut à gauche du tableau.

 Signé et daté en bas à gauche : Pratanbarz-Floch / pinxit l'an 1663 / [illisible] ; inscription peinte en bas au centre : veu faict par monsr de fages de / La ville de quimper a Dom / michel Noblet prestre et a / este gueri au moys de / novembre lan 1661.

Ce tableau appartient à une série d'ex-voto consacrés à dom Michel Le Nobletz (1577-1652). Michel Nobletz naît à Plouguerneau. Après des études chez les Jésuites à Bordeaux, à Agen puis à la Sorbonne à Paris, il est ordonné prêtre en 1607. De retour à Plouguerneau, il enonce à la carrière ecclésiastique, et décide de devenir missionnaire. Il entreprend des missions dans les évêchés de Tréguier et de Léon, puis se rend dans les îles d'Ouessant, de Molène et de Batz. En 1617, il s'établit et séjourne pendant vingt ans à Douarnenez, puis revient dans le diocèse de Léon, au Conquet, petit port près de Brest, où il passe les douze dernières années de sa vie. Il met au point en 1613, lors d'une de ses missions à Landerneau, une méthode d'enseignement originale, associant l'image à la parole, qui repose sur les taolennoù, peaux de moutons sur lesquelles sont dessinées des images symboliques illustrant les dogmes de la religion catholique. Doublés de textes explicatifs et de déclarations, ils permettent aux laïcs de les utiliser à leur tour. Les 14 taolennoù en langue bretonne conservés à l'évêché ont été classés au titre des monuments historiques en 2003. Le procès de béatification du prédicateur Michel de Nobletz est relancé en 1888, mais il faut attendre le 14 décembre 1913 pour que le pape Pie X proclame l'héroïcité des vertus du vénérable Michel Le Nobletz, première étape vers sa béatification. C'est à l'occasion de ce procès que sont rassemblés différentes œuvres à l'évêché, prouvant la véracité du culte, dont la série d'ex-voto qui s'inscrivent dans la suite logique de l'action d'évangélisation menée par dom Michel Le Nobletz. Le peintre de ce tableau, Hamon Floch, sieur de Pratanbars de Quimper, est le peintre d'une partie de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Le commanditaire, apothicaire de la rue Kéréon, a été identifié par Henri Pérennès qui publie La Vie du Vénérable Dom Michel de Nobletz par le Vénérable Père Maunoir.

 

 

 

 
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

12. La Nativité de la Vierge.

Anne, allongée sur son lit de relevaille de couches, a donné naissance à Marie, et une servante lui présente, en guise de brouet, une assiette de fruits rouges ressemblant à des groseilles. Joachim est assis près d'elle et la désigne à un autre homme.

Deux servantes ou sage-femmes lavent l'enfant dans une bassine, une troisième tend un linge pour l'essuyer, tandis qu'une troisième femme descend quelques marches, chargée d'une assiette de groseilles.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

Sur le côté droit : la Vie de la Vierge, II :

 

13. L'Assomption.

Marie s'élève dans les nuées, entourée d'anges, sous les yeux des 12 apôtres (on reconnait Jean et Pierre).

 

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

14. La Purification de la Vierge.

La scène correspond à la Présentation de Jésus au Temple. L'un des prêtres est vêtu en docteur en théologie ou droit du XVIIe siècle (robe rouge et camail d'hermines).

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

15. La Visitation de la Vierge.

Elisabeth est agenouillée et pose la main sur le ventre de Marie, qui tresaille. Les maris sont présents.

16. L'Annonciation (la Vierge)

La Vierge, en prières dans sa chambre, salue la visite de l'ange et fait le geste d'acceptation du Fiat.

 

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

II. LE BRAS SUD DU TRANSEPT.

1°) Dans l'abside ou arrondi  : dans le sens horaire

  • Ange 
  • Saint Paul
  • Michel de Nobletz
  • Vierge
  • Jésus Sauveur
  • Saint Michel
  • Saint Pierre
  • Ange présentant une couronne de gloire

 

 

2°) Sur les côtés, dans le sens  anti-horaire:

a) Sur le côté gauche :

  • Couronnement de la Vierge
  • La  Vierge ensevelie par les apôtres
  • Le Trépassement de la Vierge (Dormition)
  • Ange voletant.

 

b) Sur le côté droit :

  • Ange
  • Jésus enseignant aux Docteurs de la Loi
  • Adoration des Mages
  • Adoration des Bergers (et signature A. Madezo)

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

L'arrondi du bras sud , présenté dans le sens horaire.

 

17. Ange tenant la croix, qu'il désigne du doigt.

Légende : PRENS LA CROIX DE IESUS SI TU VEUX SA COURONNE.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

18. Saint Paul et son épée.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

19. Dom Michel [de] Nobletz Prestre.

Il est vêtu de la robe blanche, d'un surplis, et de la soutane. Il porte l'étole.

 

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

20. La Vierge.

Inscription Mère de Dieu P.P.N.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

21. Jésus Sauveur du Monde.

Inscription Sauveur du Monde A.P.D.N ("Aie Pitié De Nous"].

Il bénit en tenant le globe crucifère.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

22. Saint Michel archange.

Armé d'une épée, il terrasse le dragon tout en pesant sur la balance du Jugement dernier une âme qui le supplie mains jointes (plateau à notre droite) : sur l'autre plateau, une meule, d'où s'échappe un dragon ailé.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

23. Saint Pierre et ses clefs.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

24. Ange présentant une couronne de gloire.

Inscription "SI TU VEUX UNE COURONNE DE GLOIRE".

L'ange porte une couronne de roses. Le panneau est le complément de celui où l'ange présente la croix en disant "Prends la croix de Jésus si tu veux la couronne."

 

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Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

Sur le côté droit , dans le sens anti-horaire (vers l'arrondi).

25. Ange tenant une banderole rouge (ceinture de la Vierge?)

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

26 . Jésus enseignant aux Docteurs de la Loi.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

27. L'Adoration des Mages.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

28. L'Adoration des Bergers. Signature.

Un ange déroule dans le ciel la banderole où est inscrit GLORIA IN EXCEL[CIS DEO]

Les bergers sont accompagnés de leur houlette, bâton de berger élargi à son extrémité.

Inscription : NOSTRE SEIGNEUR EST NÉ EN BETLEM

Puis : AVGUSTIN MADEZO : f.

Si le "f" correspond à "fabrique", cet Augustin MADEZO est donc le commanditaire ou maître d'ouvrage de cette tranche nord des peintures.

Mais le f minuscule peint être l'abrégé de "fecit" (fait par), ce pourrait être aussi un des peintres.

Les généalogistes mentionnent un Augustin Madezo, fils de Jean Riou Madezo, Honorable Marchand, et de Jeanne Le Marrec (épousé en 1642) et né le 5 mars 1652 à Ploaré Douarnenez, aîné de 6 enfants. S'il s'agit de notre signataire, il aurait 15 ans en 1667 (peinture du chœur) et 23 ans en 1675 (date portée à la croisée des transepts). 

Il épousa le 22 février 1672 à Douarnenez Anne Lozach [LOZEAC'H]*, d'où une fille, Marguerite, née en 1685.

* nb le nom de Matthieu Lozeac'h figure, avec la date de 1665, sur l'édifice.

Une seule généalogie donne pour cet Augustin la date de naissance de 1642, date "attendue" par rapport à celle du mariage des parents.

https://gw.geneanet.org/cmlr?n=madezo&oc=&p=augustin

Il est l'un des ascendants de José Chapalain.

Un autre (ou le même) Augustin Mazedo figure sur la liste des gens de mer de Douarnenez-Poullan, sans-doute comme matelot puisque "âgé de 11 ans", une liste tenue depuis 1671. Voir le dépouillement réalisé par l'association Bagou Coz.

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Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 Sur le côté gauche du bras sud du transept :  sens horaire (vers l'arrondi).

 

29. Ange voletant

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

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30. Le Trépassement de la Vierge [Dormition].

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

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31. La  Vierge ensevelie par les apôtres.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

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32. Le Couronnement de la Vierge.

Inscription : LA VIERGE REINE DES ANGES ET DES HOMMES.

 

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III. LE BRAS NORD DU TRANSEPT, À GAUCHE.

1°) Dans l'abside ou arrondi  : dans le sens horaire :

  • L'ange de dévotion ; il tient un gros chapelet.
  • L'ange de paix ; il tient une couronne et une palme.
  • L'Ange chef de l'armée de l'Eternel tenant un glaive
  • L'Ange gardien conduisant un enfant.
  • L'Ange tient Satan enchaîné
  • Lange envoyé pour nous défendre ; il tient un bâton et un glaive.
  • L'Ange porte cierge bénist : il tient un cierge et une couronne 
  • ange qui donne Lo contre le diable ; il tient un bénitier et un goupillon.

 

Sur le côté gauche :

  • Ange voletant tenant une banderole rouge
  • L'ange nous arme ; un ange donne une croix à un enfant que le diable menace de sa fourche.
  • L'ange nous anseigne ; un petit enfant écrivant, l'ange lui montre un livre.
  • L'ange qui nous esclaire ; il tient un flambeau allumé.

Sur le côté droit : 3 Sacrements.

  • La Pénitence :"L'ange nous mène à la pénitence ; il conduit un enfant dans un confessionnal. "
  • L'Eucharistie : "L'ange nous mène à la sainte communion".
  • L'extrême-onction :"L'ange nous assiste à la mort ; il exhorte un moribond et le démon s'enfuit. "
  • Hors programme : l'Annonciation La salutation de l'ange ; la Sainte-Vierge faisant pendant à l'ange Gabriel dans la scène de l'Annonciation.
Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

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1°) Dans l'abside ou arrondi  : dans le sens horaire :

 

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  • 33. L'ange de dévotion ; il tient un gros chapelet.
  • 34. L'ange de paix ; il tient une couronne et une palme.
  • 35. L'Ange chef de l'armée de l'Eternel tenant un glaive
  • 36. L'Ange gardien conduisant un enfant.
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  • 37. L'Ange tient Satan enchaîné
  • 38. Lange envoyé pour nous défendre ; il tient un bâton et un glaive.
  • 39. L'Ange porte cierge bénist : il tient un cierge et une couronne 
  • 40. L'ange qui donne Lo contre le diable ; il tient un bénitier et un goupillon.

 

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Sur le côté droit :

41. Ange voletant tenant une banderole rouge

 

42 . "L'ange nous mène à la pénitence" ; il conduit un enfant dans un confessionnal. 

 

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43. "L'ange nous mène à la sainte communion" ; il guide l'enfant vers la Sainte Table.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

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44. "L'ange nous assiste à la mort" ; il exhorte un moribond et le démon s'enfuit. 

 

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Sur le côté gauche :

 

  • 45. Ange voletant tenant une banderole rouge
  • 46. "L'ange nous arme "; un ange donne une croix à un enfant que le diable menace de sa fourche.
  • 47. "L'ange nous anseigne" ; un petit enfant écrivant, l'ange lui montre un livre.
  • 48. "L'ange qui nous esclaire" ; il tient un flambeau allumé.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

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IV. LA CROISÉE DU TRANSEPT ET SES INSCRIPTIONS, peints par H. F de Pratanbars 1675.

Huit cartouches indiquent les noms des commanditaires (recteurs et gouverneurs) et du peintre de ce vaste ensemble de peinture, tout en en précisant les dates, de 1667 à 1692.

1. Le clergé :

On lit sur les 8 cartouches  les inscriptions suivantes :

MESSIRE . HIEROSME PAILLART. Rre 1667.

Mre. GVILLAVME . PAILLART . Rvr . 1675.

 V. ET. D. Mre G . PAILLART. DOCTEVR et Rre . 1692.

 MESSIRE . JAN . COVLLOCH . CVRE . 1675.

 Mre MICHEL LAVEC CURÉ

 Soit :

a. Messire Jérôme Paillart recteur 1667 

DANS LE PORCHE SUD, de l'église Saint-Herlé nous lisons M : H : PAILLART : R : 1673, inscription qui se lit comme suit : « Messire Hiérosme (Jérôme) Paillart, Recteur 1673 ». Il fut recteur de Ploaré (Douarnenez) et de ses trèves du Juch et de Gourlizon, de 1657 à 1675. Son nom apparaît aussi au-dessus de la porte ouest de la chapelle Saint-Michel, commencée en 1663 Son nom est inscrit sur le porche sud de l'église de Saint-Herlé à Ploaré avec la date de 1673. Le recteur qui lui succéda se nommait Guillaume Paillart.

b. Messire Guillaume Paillart recteur 1675 ; et Vénérable et discret Guillaume Paillart docteur 1692.

Il fut recteur de Ploaré de 1676 à 1707. Il indique son titre de docteur en Sorbonne (et les textes qu'il rédige sont en latin, en grec ou en français) On trouve aussi son nom sur le mur nord du chœur de Saint-Herlé et  et dans l’église du Juch. Il a commenté les taolennou de Michel Le Nobletz .

c. Les deux curés, messires Jean Coulloch (1675) et Michel Lavec. Ce dernier nom n'est pas attesté, il faut peut-être lire "Michel Poullaouec", même nom que le premier gouverneur de 1664. J.M. Abgrall avait lu "Mr. MICHEL . CONAN . POVLLAOVEC . CVRE."

2. Les gouverneurs de la fabrique en 1674-1675.

N . H . LAN LARCHE . GOUVERNEUR . 1674.

 H . H . ALAIN . SQVIVIDAN GOVVERNEVR . 1675.

Soit "Noble Homme Jean Larche, gouverneur pour 1674, et Honorable Homme Alain Squividan; gouverneur pour 1675."

Il pourrait s'agir de Jean Larcher, né en 1631 à Quimper, décédé à Ploaré le 27 juillet 1693, "noble homme, sieur de Kerbasquiou en Logonna", fils de procureur et notaire. Il épousa à Crozon Anne Madec, née à Ploaré.

https://gw.geneanet.org/ckerjosse?n=larcher&oc=&p=jean

...Et d'Alain Squividan  né à Ploaré en 1637 et décédé à Ploaré en 1686.

https://gw.geneanet.org/erwannk1?n=squividan&oc=&p=alain

En 1672-1673 le gouverneur et trésorier était Guillaume Coulloc'h, dont le chanoine Abgrall cite le compte-rendu de son exercice dans sa Notice, d'après les comptes de la chapelle Saint-Michel  conservés aux Archives départementales .

 

3. Le peintre.

L'inscription énonce :  PEINCT . PAR . LE . SIEVR . DE. PRATANBARS . 1675. Il s'agit d'Hamon Le Floch, sieur de Pratanbars, qui a signé aussi les lambris sud.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

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LES 4 BLOCHETS DE LA CROISÉE DU TRANSEPT.

Quatre anges aux chevelures longues et bouclées portent une robe rouge et une tunique dorée à manche courte : leur tenue évoque celle des servants d'autel et chanteurs des maîtrises en soutanelle et surplis. ( les comptes de la chapelle mentionnent en 1672-73 "deux aubes garnyes de belle dentelle et sept autres de petite dentelle, etc., sept devant d'autels ... une chape et deux tuniques de satin" .

La couleur dorée a pu être proposée par les peintres-restaurateurs. Deux portent l'encensoir, mais deux autres sont beaucoup plus originaux et "locaux" car ils présentent des cartouches illustrant des scènes de pêche.

 

Du côté du chœur : deux anges thuriféraires portant leur encensoir.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

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Du côté de la nef : deux anges portant des cartouches.

Dans le premier cartouche, un marin relève ses filets : un oiseau sombre pique vers eux. Ce comportement est celui des Fous de Bassans. Une scène semblable est sculptée sur un contrefort de l'église Saint-Herlé de Ploaré.

Dans le deuxième cartouche, un marin (le même, en rouge) revient de pêche, sa barque pleine de poissons.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

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LES 14 PANNEAUX DES LAMBRIS PEINTS DE LA NEF, 1692, Claude Hauteville et Olivier Le Minteur, peintres.

Le lambris est divisé de chaque côté par les nervures en sept panneaux, soit 14 panneaux. Huit panneaux traitant de la Passion et de la Vie glorieuse du Christ sont associés, avec un côté pêle-mêle, à des scènes de la Vie de la Vierge, de saint Michel et d'autres encore.

 

Les archives mentionnent le règlement le 28 juin 1692 par Honorable Homme Noël Le Manach, fabricien, de la somme  de 150 livres à Claude de Hauteville pour les travaux de peinture. Ce dernier en a reversé une part au sieur de Mezlann (Meslan) qui avait réalisé les peintures "du bas du lambris". J. Peuziat propose l'hypothèse suivante : Claude Hauteville serait l'auteur des tableaux, et Olivier Le Minteur celui des ornementations.

Claude Hauteville, sieur des Roches, est né à Pleyben vers 1652 et décédé à Locronan en 1720. En 1694, il assure des travaux de peinture de de dorure pour l'église Saint-Pierre de Plogonnec tout en assurant les charges de « procureur et notaire de plusieurs juridictions ». En 1691, il était au service du roy au port de Rochefort.

Olivier Le Minteur ou Le Meinteur qui est, pour Peuziat, le sieur de Meslan, est connu pour avoir travaillé comme peintre et doreur en 1675 pour la fabrique de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Les actes montrent qu'il a vécu quelques années, de 1691 à 1698, avec sa famille, à Ploaré. Un autre peintre, Guillaume Le Meinteur, qualifié de maître-peintre, a décoré deux autels en 1690 pour l'église de Plogonnec. Guillaume Le Minteur a restauré l'église du Folgoët après 1708.

Un Olivier Le Minteur a épousé en 1702 Catherine Lazennec (1670-1705) et est décédé après 1702.

Les généalogistes mentionnent Olivier Le Minteur ou Le Minther, 1640-1721, maître-coutelier, ou Olivier Le Minteur de Plouvien, né en 1601.

I. LE CÔTÉ SUD DE LA NEF.

Les cinq premiers panneaux en allant vers le fond de la nef traitent de scènes de la Passion.

  • Agonie à Gethsémani. 
  • Flagellation. 
  • Couronnement d'épines. 
  • Le Portement de croix, le voile de Véronique.
  • Crucifixion. 
  •  L'apparition de saint Michel sur le Mont Gargan.
  • L'échelle de Jacob.
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49. Agonie à Gethsémani.

Légende : "La prière au jardin".

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50. La Flagellation.

Légende :"La flagellation du Sauveur".

 

 

 

 

 

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51. Le Couronnement d'épines.

Légende : "Jésu est couronné d'épines."

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52. Le Portement de croix, le voile de Véronique.

Légende : "Jésu portant sa croix. "

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53. La Crucifixion.

Légende : "Le Sauveur Jésu crucifié."

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54. Apparition de Saint Michel archange sur le Mont Gargan.

 

La tradition catholique de l'apparition de l'archange au Gargano est décrite  dans la Légende dorée (Legenda Aurea), recueil de légendes chrétiennes compilé par Jacques de Voragine entre 1260 et 1275 :

"Son apparition s’est manifestée en plusieurs circonstances. Il est apparu, d’abord, sur le mont Gargan, qui se trouve en Pouille, auprès de la ville de Manfrédonie. L’an du Seigneur 390, vivait dans cette ville un homme, nommé Garganus, qui possédait un énorme troupeau de bœufs et de moutons. Et comme ses troupeaux paissaient au flanc de la montagne, un taureau, laissant ses compagnons, grimpa jusqu’au sommet de la montagne. Garganus se mit à sa recherche, avec une foule de ses serviteurs, et le trouva enfin, au sommet de la montagne, près de l’entrée d’une caverne. Furieux, il lança contre lui une flèche empoisonnée ; mais celle-ci, comme repoussée par le vent, se retourna vers lui et le frappa lui-même. Ce qu’apprenant, la ville entière fut émue et vint demander à l’évêque l’explication du prodige. L’évêque ordonna un jeûne de trois jours, au bout duquel saint Michel apparut, et lui dit : « Sache que c’est par ma volonté que cet homme a été frappé de sa flèche ! Je suis l’archange Michel. J’ai résolu de me garder ce lieu ; et j’ai eu recours à ce signe pour faire connaître que j’en étais l’habitant et le gardien. » Aussitôt l’évêque, avec toute la ville, se rendit en procession sur la montagne. Et, personne n’osant entrer dans la caverne, on pria l’archange devant le seuil."

 On voit Saint Michel, Garganus lançant sa flèche vers le taureau, et la caverne.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

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 55. L'échelle de Jacob.

Légende : "Les anges montent et descendent dans léchel de Jacob."

Comme le précédent, ce tableau doit être mis en relation avec celui qui lui fait face, "La mort du Juste", où le défunt est assisté par des anges descendus du Ciel.

Quatre anges montent et descendent de l'échelle, adressés à Jacob par Dieu qui est en haut de l'échelle, tenant le globe du Monde.

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II. LE CÔTÉ NORD DE LA NEF.

Après l'Annonciation, les trois premiers panneaux en allant vers le fond de la nef traitent de scènes de la Vie glorieuse de Jésus après sa mort. Puis vient, sans cohérence, le Mariage de la Vierge. 

 

  • L'Annonciation

  • La Résurrection. 

  • L'Ascension. 

  • La Pentecôte. 

  • Le mariage de la Vierge. 

  • Saint Michel chassant Lucifer du Paradis. 

  • La mort du juste. 

 

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56. L'Annonciation.

Légende : "La salutation de l'Ange."

 

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57. La Résurrection. 

Représentation classique : le Christ ressuscité, tenant l'étendard de sa victoire sur la Mort, sort du tombeau devant les gardes, l'un dormant et les autres se protégeant les yeux de l'éblouissement.

 

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Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

58. L'Ascension. 

Légende : "L'ascention de Nostre Seigneur"

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

59. La Pentecôte. 

Légende : "La descente du Saint-Esprit sur les Apostres."

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

60. Le mariage de la Vierge. 

Chaque époux est accompagné de témoins. Jospeh tient sa verge fleurie, signe de son élection.

Le prêtre (en tenue épiscopale) guide la main de Joseph tenant l'anneau vers le doigt de Marie.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

61. Saint Michel chassant Lucifer du Paradis. 

Dans des nuées, saint Michel (casque crucifère, cuirasse, sandales lacées)  entouré d'anges et de chérubins, brandit son glaive et chasse Lucifer, l'ange déchu, vers les flammes de l'Enfer aux diables cornus munis de fourches.

 

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

62. La mort du juste. 

Sur le lit, le mourant est assisté par deux anges, l'un lui présentant un crucifix et l'autre le glaive de la Justice divine. 

S'échappant du dais rouge, saint Michel (ou du moins un ange casqué à panache et écharpe rouge) emporte l'âme du "juste" (une figure féminine, nue à longue chevelure) vers une trouée de lumière.

 

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

Les lambris peints (1667, 1675, 1692) de la chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

         

               L'AUTEL ET LE RETABLE DU CHOEUR.

 

Le retable aurait été exécuté en 1666, il est orné de colonnes torses abritant au centre  la statue de l'archange saint Michel sous un dais, dans la même tenue baroque que sur les peintures et brandissant son glaive à la lame d'éclair. 

Les niches latérales  accueillent la Vierge à l'Enfant (dont on notera le bandeau rétro-occipita) et sainte Anne éducatrice (qui a peut-être perdu la statue de Marie).

Le retable est surplombé par une Trinité souffrante, le Père tenant le Christ en croix dominé par la colombe.

La bannière honore saint Michel avec la devise QUIT US DEUS sur fond de velours incarnat frappé d'hermines noires.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

La chapelle Saint-Michel de Douarnenez. Cliché lavieb-aile 2022.

 

DISCUSSION.

Il reste à discuter du choix iconographique du programme de peinture. On lit qu'il est inspiré des tableaux de mission ou taolennou (petites tables, petits tableaux) peints entre 1613 et 1639 par Michel Le Nobletz (environ 70), mais on ne trouve rien ici des dispositifs en bande dessinée, des cartographies d'un itinéraire vertueux, des représentations des péchés capitaux sous forme d'animaux, et des représentations des tourments de l'Enfer, visant à impressionner les bas-bretons en manipulant les sentiments de peur pour provoquer la conversion et le retour à la pratique des sacrements de l'Église.

On conserve aussi 10 tableaux de Carème du Père Maunoir conservés en la basilique Sainte-Anne d'Auray : on verra en les consultant qu'ils sont bien différents des tableaux de Saint-Michel de Douarnenez.

Reprenons la liste des tableaux (ma numérotation est arbitraire et renvoie à mes images) :

1, 2 ,3 ,4  les quatre évangélistes (Marc, Matthieu, Luc et Jean)

5,6,7,8 les 4 Pères de l'Église (Jérôme, Ambroise, Augustin, Grégoire)

9. Annonciation (l'Ange)

10. Présentation de Marie au Temple

11. Nativité de la Vierge.

12. Conception.

13. Assomption

14. Purification

15. Visitation

16. L'Annonciation (la Vierge)

17. Ange tenant la croix "Prends la croix de Jésus si tu veux sa couronne".

18. Saint Paul

19. Michel de Nobletz

20. Vierge

21. Jésus Sauveur du Monde

22. Saint Michel

23. Saint Pierre

24. Ange présentant une couronne de gloire : "Si tu veux une couronne de gloire"

25. Couronnement de la Vierge

26. Jésus enseignant aux Docteurs de la Loi

27. Adoration des Mages

28. Adoration des Bergers

29. Ange voletant

30.Dormition de la Vierge 

31. La  Vierge ensevelie par les apôtres

32. Couronnement de la Vierge

33. L'ange de dévotion ; il tient un gros chapelet.

34. L'ange de paix ; il tient une couronne et une palme.

35. L'Ange chef de l'armée de l'Eternel tenant un glaive

36. L'Ange gardien conduisant un enfant.

37. L'Ange tient Satan enchaîné

38. L'ange envoyé pour nous défendre ;

39. L'Ange porte cierge bénist : il tient un cierge et une couronne 

40. L'ange qui donne Lo contre le diable ; il tient un bénitier et un goupillon.

41. Ange voletant tenant une banderole rouge

42.L'ange du Sacrement de Pénitence

43. L'ange du Sacrement de l'Eucharistie

44. L'ange du Sacrement de l'Extrême-Onction

45. Ange voletant tenant une banderole rouge

46. "L'ange nous arme "; un ange donne une croix à un enfant que le diable menace de sa fourche.

47. "L'ange nous anseigne" ; un petit enfant écrivant, l'ange lui montre un livre.

48. "L'ange qui nous esclaire" ; il tient un flambeau allumé.

49. L'Agonie à Gethsémani. 

50. Flagellation. 

51. Couronnement d'épines. 

52. Le Portement de croix, le voile de Véronique.

53. Crucifixion. 

54. L'apparition de saint Michel sur le Mont Gargan.

55. L'échelle de Jacob.

56. L'Annonciation

57. La Résurrection. 

58. L'Ascension. 

59. La Pentecôte. 

60. Le mariage de la Vierge. 

61. Saint Michel chassant Lucifer du Paradis. 

62. La mort du juste. 

 

Nous trouvons ici un programme narratif bien plus traditionnel et largement illustré au XVIe siècle sur les vitraux des églises et chapelles bretonnes, détaillant en épisodes la Vie de la Vierge, celle de l'Enfance et de la Vie Publique puis de la Vie Glorieuse du Christ, tandis que les saints et apôtres figurent dans la statuaire des mêmes édifices . La source se trouve dans les Evangiles et évangiles apocryphes et dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. Cela concerne  36 tableaux . Ajoutons les Pères de l'Église —témoin de la Contre-Réforme) et une scène biblique (l'échelle de Jacob) , soit 41 tableaux (en noir gras) sur 61.

Parmi les panneaux restants, un est consacré à Michel de Nobletz. Tous les autres représentent des anges. Certains sont des angelots décoratifs. Mais 17 (en rouge) sont ce que je peux désigner comme des anges de catéchèse (ou de Mission). C'est là la partie la plus originale, mais nous voyons qu'elle n'est pas majoritaire.

J'ai voulu rechercher dans les prédications du Père Maunoir la source de cette "angélologie pieuse", mais j'ai perdu patience : l'échec de cette recherche montre au moins que cette dimension n'est pas première dans les grandes manœuvres de conversions des campagnes, qui reposent surtout sur des exortations à la confession et à l'organisation de Drames liturgiques jouant la Passion comme dans les Jeux médiévaux. 

Ces panneaux prédominent dans le transept nord. Notamment les six panneaux, trois de chaque côté s'adressent à des enfants à qui ils s'adressent en leur disant : "nous" :

 

L'ange nous arme .

L'ange nous anseigne .

L'ange qui nous esclaire .

"L'ange nous mène à la pénitence  "

"L'ange nous mène à la sainte communion".

"L'ange nous assiste à la mort " Ce dernier panneau est complété, dans la nef, par "La mort du Juste"

On peut supposer que le cathéchisme des enfants se déroulait dans ce bras nord du transept. Julien Maunoir est l'auteur d'un catéchisme en breton publié à Quimper en 1659 : Le Sacré college de Jesus divisé en cinq classes, ou l'on enseigne en langue armorique les leçons chrestiennes, avec les 3. clefs pour y entrer, un dictionnaire, une grammaire & syntaxe en méme langue .

Documents.

1°) Les 14 taolennou de Michel de Nobletz (12 + 2 copies): Evêché de Quimper. PM 29002029

2°) Les 10 tableaux de pénitence du Père Maunoir PM56001029

3°) Nous pouvons consulter aussi  les 24 taolennou des séries Plouguerneau 1 et Plouguerneau 2 (ils viennent du presbytère de Plouguerneau) conservées à l'évêché de Quimper. Mais ces tableaux datent du XIXe siècle :

— Plouguerneau 1, Evêché de Quimper. PM 29002063 : voir mon article :

— Plouguerneau 2, Evêché de Quimper. PM 29002083

Dans Plouguerneau 1, on remarquera la proximité du n°11 avec le panneau n°62 "La mort du juste :

11. La mort du juste : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1, photographie lavieb-aile

3°) Les autres séries conservées à l'Évêché de Quimper :

—Taolennou, série féminine (vers 1815-1830), Evêché de Quimper. PM 29002076

— 9 taolennou par le chanoine Paul Peyron, 1890 Evêché de Quimper. PM 29002096

— ensemble de 12 tableaux de mission dits taolennou, série dite Balanant par l'abbé François-Marie Balanant, vers 1899 Evêché de Quimper. PM 29002106

— ensemble de 12 tableaux de mission dits taolennou, série dite de Quimper 3 , 1er quart XXe siècle PM29002119

— ensemble de 12 tableaux de mission dits taolennou, série dite de Quimper 4, vers 1930, PM29002125

— ensemble de 4 tableaux de mission dits taolennou, série dite de Quimper divers, XXe siècle, PM29002136

 

SOURCES ET LIENS.

—ABGRALL, (Jean-Marie), 1894, "Les peintures de la chapelle Saint-Michel à Douarnenez", Bull Société archéologique du Finistète tome XXI p. 341-344

—ABGRALL, (Jean-Marie), 1904, "Les peintures de la chapelle Saint-Michel à Douarnenez" Architecture bretonne, p. 355-358

—ABGRALL, (Jean-Marie), et PEYRON 1908, "Douarnenez, Les peintures de la chapelle Saint-Michel", Bulletin de la Commision diocésaine d'Histoire et d'Archéologie p. 90-96.

—ABGRALL, (Jean-Marie), et PEYRON 1915, Notice Douarnenez, Bulletin de la Commision diocésaine d'Histoire et d'Archéologie 

—ABGRALL, (Jean-Marie), 1883 Bulletin monumental, p. 567 Douarnenez

—ABGRALL, (Jean-Marie), 1898, Congrès archéologique de France p. 120

—BARRIÉ (Oger), 1979, La peinture, in Dilasser (Maurice), Un pays de Cornouaille: Locronan et sa région - - Page 550

—BOURDE DE LA ROGERIE ( Henri )· 1998  Fichier artistes, artisans, ...

—CASTEL (Yves P. ), ‎Georges-Michel Thomas, ‎Tanguy Daniel · 1987 Artistes en Bretagne: dictionnaire des artistes, artisans et ... - Page 115

— CELTON (Yann) « Taolennoù. Michel le Nobletz. Tableaux de mission », éditions Locus Solus de Châteaulin, sous la direction de Yann Celton.

— CROIX (Alain),1988, « Les cartes de Michel Le Nobletz. L'art de la prédication au XVIIe siècle », Ar Men, n° 17, octobre 1988, p. 74-85.

—Couffon (René), Le Bars Alfred, 1980

— DILASSER  (Maurice), 1979, Un pays de Cornouaille: Locronan et sa région -  page 691

— PEUZIAT (Josick), 2011, Contribution à l'étude des peintres ayant oeuvré à la chapelle Saint-Michel de Douarnenez; Bull. SAF 2011, 89-102, ill.

Résumé : Cette étude a pour point de départ la découverte de dessins à la plume accompagnant une signature dans les registres de catholicité de la paroisse de Ploaré. Le signataire, Olivier Le Minteur, n’est autre que l’un des peintres qui, associé à Claude Hauteville, effectua en 1692 les peintures du lambris de la nef de la chapelle Saint-Michel à Douarnenez, tandis que le choeur et le transept, décorés en 1667 et 1675, sont l’oeuvre d’Hamon Le Floch, sieur de Pratanbars, peintre domicilié à Quimper, décédé en 1677. Malgré l’étalement des travaux dans le temps – vingt-cinq ans – l’ensemble montre, à première vue, une certaine unité de composition qui peut être nuancée par l’observation de menus détails"

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin/annee_2011.html

— ROUDAUT (Fañch)  et A. Croix, Taolennou ar Baradoz/Les chemins du Paradis, Douarnenez, Le Chasse-Marée/ Éditions de l'Estran, 1988, 236 p.

 

 

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17 janvier 2025 5 17 /01 /janvier /2025 15:30

La chapelle Saint-Maudez de Nac'h Gwen à Lennon (Finistère). I. Présentation et statuaire.

Voir sur Lennon :

 

PRÉSENTATION.

À l'ouest du bourg de Lennon, Nac'h Gwen (Neachguen sur les cartes anciennes) domine, à 105 m d'altitude, un petit affluent de l'Aulne qui coule vers l'ouest et passe, un peu plus bas, devant la chapelle Saint-Nicolas. Le cours d'eau se réunit à un autre et alimentait un moulin avant de se jeter dans l'Aulne.

Carte de Cassini, vers 1785
Carte IGN annotée.

 

 

Le cartel de présentation est si bien fait que j'en ai recopié et repris le texte (anonyme), cité en retrait.

Photo lavieb-aile.

"Nac'h Gwen : la « colline blanche », la « colline sacrée » (*). Bien avant la construction d'une chapelle, bien avant l'instauration d'un culte chrétien, le site de Nac'h Gwen a sans doute été le lieu d'un culte pré-chrétien. On pense que les anciens Celtes qui ont peuplé notre région se faisaient une idée de la beauté de leurs Dieux et de leur force mystérieuse, à travers les variations du ciel, le rythme des saisons, le jaillissement de l'eau et la fécondité de la terre. Ils avaient coutume de es rassembler auprès des sources , dans la pénombre des clairières, ou dans des sites privilégiés comme celui-ci où le regard embrasse les Montagnes Noires depuis les collines du Laz jusqu'à la Roche du feu. Leurs célébrations avaient pour objet d'attirer la protection bienveillante de leurs Dieux, ou de détourner leur colère. L'un des vieux saints des 6ème et 7ème siècle, comme saint Tugdual, saint They ou saint Idunet, moines itinérants, disciples de saint Maudez ou de saint Guénolé, s'est-il installé à Nac'h Gwen ? À partir d'un premier ermitage, un établissement monastique, un lieu de culte a-t-il été établi ici ?"

(*)  Gwenn vient du celtique -vindo qui signifie "sacré". ( Jean-Yves Éveillard, Maître de conférence en Histoire ancienne à l'Université de Bretagne Occidentale).

Plus exactement peut-être, l'adjectif breton gwenn correspond au gaulois vindo qui signifie aussi bien "sacré" que "blanc". (irlandais find, gallois gwynn et fem. gwen), mais son usage en toponymie reléverait le plus souvent du sens "pur, sacré". Selon Christian J. Guyonvarc'h, il a donné le dérivé suffixé Vindonnus , surnom d'Apollon dans la religion celtique attesté par trois inscriptions à Essarois en Côte-d'Or , et "il n'est pas impossible que le gaulois ait eu aussi les trois sens fondamentaux du thème vindo- en celtique insulaire : « blanc », « beau » et « sacré », ce dernier sens étant appliqué aux êtres divins, comme l'indiquent le surnom d'Étain, Bé Find (« femme blanche »), et la désignation irlandaise des anges dans le vocabulaire religieux chrétien : in drong find (« la troupe blanche »)" (Encyclopédie Universalis)

Voir mon article sur la chapelle de la Fontaine Blanche à Plougastel .

 

"...Rien ne le prouve. Une autre chapelle a pu précéder l'édifice actuel, d'abord dédié à saint Maudez. Vers la fin du 16ème siècle, c'est le culte de Marie, mère de Jésus, qui allait prévaloir : en effet, après le Concile de Trente, les autorités romaines, trouvant nos vieux saints bretons "pas très catholiques", les ont remplacés par Marie, les Apôtres et autres saints officiellement reconnus ! Dieu merci, à Nac'h Gwen, on a gardé le souvenir et conservé les reliques de saint Maudez, et son Pardon continue à être célébré le Jeudi de l'Ascension."

Notons que le reliquaire en argent  de Saint-Maudez date de 1567. Inscription SAINT MAOVDES EN : LA PAROESE DE : LEN[N]ON 1567. Poinçon Y.S.A et un quadrupède indistinct. Le fabrique était Hervé CARIOU.

 

Reliquaire classé, base Palissy PM29000471. Cliché H. Moreau.

 

 

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

 

La croix.

Sur le placître de la chapelle se dresse une croix de granite, à fut à pans, portant un crucifix en relief, elle repose sur un socle cubique à griffes et deux degrés maçonnés et daterait de 1545.

Les pieds du Christ sont posés sur un écusson.

—Castel (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère. Lennon, atlas n°1133. Néac’hguen

 

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/lennon.html

Croquis par Yves-Pascal Castel

"La fontaine de dévotion se trouve non loin du village de Mesmeur mais elle est énigmatique, certaines parties n'ayant rien à voir avec l'édicule d'origine."

 

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

"La chapelle actuelle, inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 24 janvier 1952, est le résultat de nombreuses restaurations."

 

La porte sud et son bas-relief.

"Elle date du XVIe siècle, comme l'atteste une inscription en caractères gothiques au dessus de la porte sud :

LAN MILVcXXI / IEAN RIVELEN. R. / 1692

soit "L'an 1521, Jean Rivelen recteur."

En plus de cette inscription, un bas-relief bien conservé représente le Baptême de Jésus. Jean-Baptiste et l'Ange portant la tunique sont représentés de façon traditionnelle ; Jésus, lui, ne porte pas l'auréole crucifère qui permet habituellement de l'identifier."

L'atteinte par les lichens gêne beaucoup la lecture de la sculpture et la détériore.

 

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

L'inscription du clocher.

"La chapelle fut restaurée en 1692 comme en témoigne l'inscription au dessus de la porte principale, sous le clocher : Mre GILLES KRIOU.RECT. Il s'agit de Gilles KERRIOU, originaire de Nac'h Gwen, et prêtre à cette date. C'est d’ailleurs lui qui qui fit édifier le presbytère tout près de la chapelle où résideront quelques uns de ses successeurs desservant la paroisse."

La famille KERRIOU semble plutôt implantée à Mesmeur, juste au nord de Nac'h Gwen dont elle était propriétaire.

En 1678, "honorable Joseph Corentin Kerriou [1615-1676], qui habitait Mesmeur et devait être le père de Gilles, déclarait "avoir une maison et chambre proche la chapelle de Monsieur Saint Maudez du Crec'h guen, aussy dépendante du lieu de Mesmeur" (Arch Nat P1555 f 473), cité par Chaussy 1953.

Gilles serait alors le fils de Catherine RIVOAL, que Corentin Kerriou épousa le 25 novembre 1633. Il décéda en 1699, et ses successeurs furent messire Jean Valay puis messire Yves Le Goff.

https://gw.geneanet.org/lozach1?n=kerriou&oc=&p=joseph+corentin

 

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

 

Le clocher, ses têtes sculptées et sa cloche.

 

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

Une crossette double à lion et ange à l'angle nord-ouest.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

 

La cloche

Elle a été baptisée sous Pie X, pape de 1903 à 1914, et Mgr Dubillard, évêque de Quimper de 1900 à 1908. Elle a été réalisée par "Ferdinand Farnier, Fondeur" à Robécourt (Vosges). Elle porte en médaillon le Christ, la Vierge de l'Immaculée Conception et un calvaire.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

 

L'intérieur.

"La chapelle comporte une nef avec un bas-côté nord de cinq travées. Les colonnes sans chapiteaux sont d'un gothique très pur, d'un bel élan.

Au sud est une grande chapelle avec une sacristie en appentis.

Le mobilier comprend deux autels en bois peint et doré, et des stalles avec dossiers à balustres du XVIIIe siècle.

La dernière restauration de la chapelle, réalisée de 1996 à 1998, a été rendue possible grâce au legs de Mme Le Douzen, et aux subventions du Ministère de la Culture, du Conseil Régional et du Conseil Général. Les murs ont été passés au lait de chaux, mettant en valeur les statues, qui ont été restaurées . Des vitraux ont été commandés à Nicolas Fédorenko."

 

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

 

Les blochets de la croisée du transept.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

Les statues (celles des saints Côme et Damien seront décrites dans un article séparé).

 

1. Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, Vierge à l'Enfant  terrassant un démon, bois polychrome, XVIIe siècle. Dans le chœur, à droite de l'autel.

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29003939

Je constate que cette Vierge appartient au groupe des "Vierges à l'Enfant foulant une représentation semi-humaine", collectées en Bretagne par Hiroko Amemiya avec 50 exemples, mais sans inclure cette statue. Soit parce que la créature noire à la queue de serpent et au visage de félin lui a échappé, soit qu'elle l'ait écartée. Elle était jadis peinte en rouge vermillon. Je n'ai constaté sa présence qu'en publiant ce cliché ; je n'ai donc pu centrer sur elle mes clichés et mon intérêt, et rechercher si elle présente des traits féminins. Le Dr Le Thomas a également fait le recensement de ce qu'il nomme les Vierges à la démone.

 

LE THOMAS (Louis), 1961 "Les Démones bretonnes, iconographie comparée et étude critique", Bulletin de la société Archéologique du Finistère t. 87 p. 169-221.

 

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

 

2. Le Christ en croix entre Marie et Jean. Bois polychrome, XVIe siècle. Chœur.

 

Hauteur 1,30 m, largeur 0,40 m

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29003942

 

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

 

3. Saint Maudez, patron de la chapelle, en abbé (crosse à droite, livre), bois polychrome, XVIe siècle. Mur est du bas-côté de la chapelle.

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29003936

 

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

 

4. Saint Maurice. Pierre polychrome, XVIe siècle. Mur est du bas-côté de la chapelle.

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29003938

Il tient la lance fleurdelisée (la lance était intacte sur un cliché de 1993, il est tonsuré, et son nom est inscrit sur le socle. Il est vêtu d'une chape à fermail, dont le pan fait retour sous le poignet droit, d'une tunique frangée et d'un surcot talaire.

Hauteur 1,05m, largeur 0,30, pr. 0,22 m

 

 

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

 

5. Saint Corentin. Pierre polychrome, XVIe siècle. Mur est du bas-côté de la chapelle.

On peut s'étonner de la barbe en bouc ou "en ancre". La chasuble en boîte à violon recouvre une robe rouge .

La tenue d'évêque (mitre, gants épiscopaux, crosse, manipule) rappelle que saint Corentin fut le premier évêque de Quimper.

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29003938

 

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

La chapelle de Nac'h Gwen à Lennon. Photographie lavieb-aile 2025.

 

SOURCES ET LIENS.

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Lennon, Nouvel inventaire des églises et chapelles du diocèse de Quimper.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/905

"Elle comprend une nef avec bas-côté nord de cinq travées, dont les voussures des grandes arcades sont à pénétration directe, et au sud une grande chapelle avec sacristie en appentis. Elle date du XVIè siècle, ainsi que le montre l'inscription de la porte sud : "LAN. MIL. VcXXI / IEAN. RIVELEN. R." La façade ouest, classique, porte la date de 1692 sur la clé en console et l'inscription : "Mre GILLES. KRIOV. RECTR." sous le fronton brisé. Le clocher à flèche courte n'a pas de galerie. La chapelle a été restaurée en 1952 et bénite le 1er février 1953.

Mobilier : Deux autels en tombeau droit, bois peint et doré. Stalles avec dossier à balustres.

Statues anciennes - en pierre polychrome : saint Maudez en chasuble gothique, XVIè, saint Maurice en abbé, XVIè, saint Corentin, XVIe ;

- en bois polychrome : Vierge Mère dite Notre Dame de Bonne Nouvelle, XVIIe, saint Côme, saint Damien, XVIIe, groupe du Christ en croix, XVIè, entre saint Jean et la Vierge portés par des consoles en forme de volutes.

Au-dessus de la porte sud qui est flamboyante, bas-relief en pierre représentant le Baptême du Christ. Si Jean-Baptiste et l'ange portant la tunique sont conformes à l'iconographie usuelle, le Christ ne porte pas le nimbe crucifère ; sur les bords, l'inscription susnommée, en caractères gothiques. Stalles Louis XIII, table de communion, XIXè"

— Notice sur Lennon, Bulletin diocésain archéologique et historique BDHA

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/421

 

—POP

https://pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00090067

 

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2 janvier 2025 4 02 /01 /janvier /2025 18:37

Les peintures murales maritimes au trait (30 m², fin XVIe-début XVIIe) de la chapelle Saint-Colomban de Carnac.

Voir les graffiti maritimes:

Mais aussi :

—En Normandie :

-Dives-sur-mer, église : 400 graffiti

-Saint-Vaast la Hougue, chapelle des Marins, graffito,  XVIe

http://www.saintvaast.fr/pageLibre000125fc.aspx

-Vatteville-la-rue graffiti des murs de l'église

http://www.jpdugene.com/camping_car/normandie_2012/2012-08-07.htm

-Fécamp, abbatiale Ste-Trinité, graffiti

http://www.unicaen.fr/recherche/mrsh/sites/default/files/forge/vignettes/abbatialeFecamp.jpg

-Région de Fécamp :

http://www.fecamp-terre-neuve.fr/GalerieGraffiti.html

-Honfleur, Maison Erik Satie, graffiti XVIe-XIXe

-Eglise d'Hénouville:

http://perso.numericable.fr/~arnaudser/serander/Henouville/Graffiti.htm

-Dreux, beffroi, graffiti de 1537 :

https://www.sagaphoto.com/photo.asp?from=liste&id=PF008391#.XlEHBWhKiM8

-Couvent Sainte-Barbe de Canteleu près de Rouen:

https://rouen.blogs.com/photo/2007/11/o-trouver-ce-gr.html

-Caen, Château, Logis du Gouverneur

-Caen, église Saint-Gilles

— En Bretagne : chapelle seigneuriale de Bavalan à Ambon, graffiti du XVIIe :

https://actu.fr/bretagne/ambon_56002/nos-dimanches-patrimoine-chapelle-bavalan-chapelle-mysterieux-graffitis_31343530.html

https://www.sauvegardeartfrancais.fr/projets/ambon-chapelle-de-bavalan/

 

 

.

Voir aussi sur les carvelles ou les embarcations de pêche sculptées sur pierre en Finistère : 

Voir les embarcations de pêche sculptées sur bois sur les sablières :

 

 

PRÉSENTATION.

La chapelle est dédiée au saint irlandais Colomban (Colomban de Luxeuil, environ 543-615), moine évangélisateur de la Gaule, l’Allemagne, l’Italie et l’Helvétie.

 

"La chapelle est construite à la fin du XVIe siècle. La datation n'est pas absolue : Roger Frey la situe aux environs de 1575, mais d'autres sources la décalent d'une quinzaine d'années, sous le rectorat de René de Larlan (1585-1600). Cette chapelle est dédiée au moine irlandais Colomban de Luxeuil qui aurait débarqué dans la région carnacoise aux alentours de 610. Son ministère en a fait un saint patron des faibles d'esprit.

La chapelle est bâtie dans le style gothique flamboyant et se présente sous la forme d'une nef d'une vingtaine de mètres de long, à laquelle est adjoint, au sud, un transept. Séparé de la nef par un arc ogival, celui-ci abrite un autel dédié à la Vierge. La porte nord porte la date de 1621, mais elle est postérieure à la construction, datant peut-être de la première restauration de la chapelle. Sous une accolade se trouve un blason portant une croix chargée de neuf macles (armoiries de la famille de Larlan) et sur un mur un blason à trois lévriers, porté par deux anges (blason de la famille Champion), les deux familles constructrices de la chapelle.

La façade occidentale est surmontée d'un clocher, percé de baies et orné de quatre pinacles, et d'une tourelle octogonale, dans laquelle se loge un escalier à vis.

 Les murs de la nef sont ornés de graffitis représentant des navires. Il s'agit de la représentation de deux caraques anglais du XVIe siècle — ce qui en ferait les plus anciennes du département. Celle-ci pourrait faire référence à une incursion britannique s'étant déroulée à Locmariaquer en 1548." (Wikipedia)

 

Carte générale de la France. de 1787, [Belle-Île]. N°159. Flle 169 / [établie sous la direction de César-François Cassini de Thury]
Carte générale de la France. 159, [Belle-Île]. N°159. Flle 169 / [établie sous la direction de César-François Cassini de Thury]
Carte d'Etat Major 1822-1866

 

HISTORIQUE.

La chapelle Saint-Colomban est bâtie selon un plan rectangulaire à simple travée et chevet plat, avec une chapelle signeuriale implantée au sud et donnant sur le chœur par une grande arcade. Le pignon occidental est surmonté d'une cour-clocher. L'ensemble est bâti en bel appareillage réalisé en pierres de taill finement jointoyées, fut bâtie selon les historiens au milieu du XVIe siècle, comme l'indique la présence des armoiries des Champion du Laz en façade sud au dessus de la porte en anse de panier. Les tenants de ces armoiries sont qualifiés sur le cartel d'anges, alors que je croyais y reconnaître deux hommes sauvages.

 

Façade sud de la chapelle Saint-Colomban. Photo lavieb-aile.
Armoiries de la famille Champion, chapelle Saint-Colomban. Photo lavieb-aile.

Les lévriers du blason de Saint-Colomban ont la tête tournée vers notre droite, à la différence du travail d'Yricordel :

travail personnel Yricordel Wikipedia

Louis Champion, Sr du Lahs [Latz, Las] et Kervoller [Kervilor] en Carnac  entre 1540 et 1570 et époux de dame Vincente d'Arradon aurait pu faire bâtir l'édifice, datation corroborée par le style de l'édifice. Il possédait le Manoir du Las en Carnac et autres tenues, aveu du 14 mai 1554. Il a la garde de son fils Bertrand, Sr Kerbeller après le décès de son épouse Vincente. 31/01/1540. Il s'est remarié avec Catherine de KERBOUDEL, Dame de Beauval, et une 3ème fois avec Marie ROUX

Son père Guillaume Champion, Seigneur de Kerdrain en Brech, acheta en 1499 des terres à Carnac et Plouharnel , et rendait déjà aveu pour des terres de Carnac  en la seigneurie du Largouet le 13 1 1494. Il est décéde en 1513 à Carnac. Il était l'époux en 1496 de Jeanne (ou Jacquette) Vitré. Le couple a eu au moins 5 enfants dont Louis Champion.

Voir : « Heurs et malheurs de la Seigneurie du Latz » de Michel Vincent de Paule, paru dans le Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie du Pays d'Auray, Année 2010, et repris par le blog de l'Association des Amis du Musée de Carnac.

"La baie sud du chœur, inxistante dans le projet initial, semble avoir été percée au XVIIe siècle pour apporter d'avantage de lumière. Cette intervention correspond à une modification du mobilier liturgique, plus imposant et occultant en partie la baie Est, ainsi qu'une modification du chancel, remplacé par une clôture basses.

De nouveaux travaux importants furent ensuite réalisés à la fin du XVIIIe siècle avec la restauratiopn de la tour clocher, qui porte la date (très effacée) de 1771."

 

Historique des peintures murales.

"La chapelle Saint-Colomban (classée au titre des Monuments historiques en 1928) ayant subi d’importants dégâts durant la Seconde Guerre Mondiale, des travaux furent réalisés à partir de la fin des années 1950. C'est lors de la restauration des maçonneries en juin 1963 que furent découvertes les peintures murales. Ces dernières furent rendues visibles à la suite du sablage et nettoyage des badigeons de chaux. Il est fort probable que des décors recouvraient l'ensemble des parois de la chapelle.

Après leur découverte, les peintures furent restaurées par le peintre Robert Cassin qui finalisa le dégagement.

Elles occupent le mur nord du chœur sur une surface d'un peu plus de 30 m².

On distingue plusieurs couches correspondant à trois périodes différentes :

a) Un décor de faux appareillage de pierre apparaît sous forme de doubles filets horizontaux et verticaux. Il devait très certainement ornent l'ensemble des murs de l'édifice, mais il n'a pas été conservé en dehors de la zone couverte par cette peinture navale.Il est donc antérieur à celle-ci et pourrait dater l’origine de l'édifice de la fin du XVIe siècle.

b) Une scène navale représentant des bateaux tracés au trait rouge à la façon des graffitis monumentaux.

Cette peinture représente une scène navale. Les bateaux pourraient être datés du début du XVIIe (caraque de la fin du XVIe siècle et Galion du XVIIe siècle). Les costumes des personnages orientent vers une datation de la fin du XVIe siècle jusqu'au règne de Louis XIII. Les pavillons représentés sur les navires n'ont pas été identifiés, mais une datation au cours du XVIIe siècle est probable.

c) Les fleurs de lys présentes en haut à gauche sont plus récentes et pourraient correspondre à une phase de travaux réalisée à la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe siècle."

RESTAURATION.

"Depuis la restauration de 1960, les peintures se sont dégradées, et des écailles de peinture étaient retrouvées au sol. Une restauration a donc été réalisée en avril 2017 par Géraldine Fray, restauratrice de peinture diplômée de l'école du Louvre et de l'Institut National du Patrimoine,  commanditée par l'Association des Amis du village de Saint-Colomban. Cette restauration a permis de nettoyer et de stabiliser les décors (refixage, consolidation) afin de les valoriser au sein de l'édifice.

Dossier technique de restauration de Géraldine Fray :

Bilan du support avant restauration :

Quelques fissures, peu ouvertes, traversaient la maçonnerie en suivant les joints entre les pierres.

Certains joints situés en partie haute et basse s'étaient dégradés, entraînant la perte progressive de leur enduit et du badigeon. Le badigeon se décollait en de nombreux endroits, entraînant des pertes de matière et un épidermage généralisé de la surface.

Des bouchage en plâtre réalisés lors de l'intervention des années 1960 se sont révélés inadaptés.

Restauration 2017 :

Dans un premier temps, les peintures ont été refixées et stabilisées, avant d'être débarrassées des anciens matériaux de restauration inadaptée. Des raccords de badigeon et une retouche légère ont ensuite été réalisées afin d'améliorer l'état de présentation de l'ensemble.

Refixage des soulèvements : les soulèvements de badigeon les plus fins ont été refixées par injection localisée de Primal E330S dilué à 7°) dans l'éthanol.

Consolidation des décollements : les décollement de badigeon les plus importants, ainsi que les décollements ponctuels des joints en enduit, ont été consolidés par injection de coulis de chaux de type PLM A, coulis préformulé à base de chaux hydraulique.

Nettoyage de la surface :

L'ensemble de la surface a été nettoyée mécaniquement avec des gommes wishab, des brosses douces en laiton et des bâtonnets de fibre de verre. Les repeints les plus disgracieux et jaunis ont été retirés mécaniquement au scalpel.

Badigeon.

Un badigeon épais à base de chaux aérienne et de poudre de marbre blanc (1/1), additionné de terre de Sienne naturelle, a été appliqué dans les lacunes peu profondes. Il a servi de badigeon superficiel, permettant d'imiter la structure épaisse et granuleuse du badigeon original dans lequel se sont largement imprimés les coups de brosse. Cette base a ensuite été recouverte d'un badigeon plus léger teint et patiné avec les zones environnantes.

Retouche : une retouche légère a été réalisée à l'aquarelle Windsor & Newton. Elle s'est limitée aux lignes interrompues et aux usures. Aucun complément n'a été réalisé dans les zones perdues telles que les personnages.

Refixage final :

Un refixage a été réalisé après retouche par pulvérisation de Primak E330S dilué à 2°) dans l'éthanol."

 

DESCRIPTION.

"Des personnages tenant des épées et participant à une rixe sont représentés sur les navires. Selon Claudie Herbaut, les bateaux pourraient être datés de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe siècle, car le grand navire à l'arrière-plan possède dans ses mâts des hunes ou plates-formes de travail qui permettaient à l'équipage de manœuvrer l'installation des allonges de gréement. Il ne semble pas qu'il s'agisse d'un navire de guerre car on ne note ni sabords ni canons. Sa haute dunette (château avant) est caractéristique des caraques de la fin du XVIe siècle. Le navire du premier plan possède deux sabords sur l'avant-pont. Moins haut sur l'eau, il s'apparente d’avantage à un galion, type de navire qui supplanta les caraques au XVIIe siècle. Par ailleurs, Claudie Herbaut, fait remarquer que les costumes des personnages, portant des pourpoints ajustés à la taille et des pantalons bouffants serrés aux genoux, se retrouvent de la fin du XVIe jusqu'au règne de Louis XIII. D'après ces différents éléments de description, il est probable que le décor ait été réalisé au début du XVIIe siècle. Il devait être plus important, puisque le bateau de gauche est incomplet. Les pavillons représentés sur les navires n'ont pas été identifiés, mais pourraient peut-être faire référence à un événement précis, qui permettrait d'affiner la datation.

L'inscription S COLLUMBBAN, située sous la console à droite de la composition, semble appartenir au même décor." 

 

Peinture murale de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Peinture murale de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Peinture murale de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Peinture murale de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Peinture murale de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Peinture murale de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Peinture murale de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Peinture murale de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Description complémentaire.

Nous voyons deux navires, et l'étai à pavillon d'un troisième. 

 Les trois vaisseaux portant des couleurs (croix et cercles) sont représentés avec force de détails, mâts, gréements, ancres, voilure, aplustre (ornement de la poupe d'un navire en forme d'éventail ) ornant la poupe du bateau de droite…) et avec les figures de personnages. Placés sur le pont et à la poupe des caraques, se sont de petits personnages armés et casqués que dominent les représentations de personnages immenses aux visages tracés de profil.

La scène, offerte sans doute en ex-voto en remerciement d’un vœu auprès de saint Colomban dont le nom est peint en lettres rouges à l’angle nord-est, évoque un épisode guerrier important de l’histoire locale.

Il ne s'agit pas de graffiti, puisque le trait rouge est peint mais non creusé par une pointe.

Le plus petit des navires, au premier plan, est au mouillage, deux chaines sortent de l'écubier et se dirigent vers des ancres, dont une est bien détaillée, l'autre se réduisant à son organeau.

Les mâts sont inclinés vers l'arrière (quête) et  les haubans sont équipés d'échelons permettant l'accès au gréement volant et aux dunettes.

Les pavillons sont divisés en quartiers, on voit au centre de l'un d'eux une croix (de malte?)

Sur le navire le plus grand, on voit trois personnages grossièrement dessinés, et de taille mal accordée à l'échelle. Le plus grand, de profil, porte un chapeau et semble diriger de la main la manœuvre.

Sur le navire le plus petit on distingue également deux ou trois marins.

Les coques sont marquées par des lignes horizontales, figurant les bordés, peut-être à clins, et de croisillons.

 

Relevé de la peinture murale de la chapelle Saint-Colomban de Carnac, d'après  photo lavieb-aile 2024.

Relevé de la peinture murale de la chapelle Saint-Colomban de Carnac, d'après photo lavieb-aile 2024.

SOURCES ET LIENS.

—Source principale : cartels et liasse de documents proposée aux visiteurs dans la chapelle.

Cette documentation repose sur le rapport de restauration, cité entre guillemets, de Géraldine Fray (La Croix-Hélléan 56120) d'avril 2017, qui s'appuie sur l'étude menée en 2013 par Claudie Herbaut, historienne du patrimoine, dans le cadre de l'étude préalable de Dominique Lizerand, architecte du patrimoine, et

 

NOTICE DE PRESENTATION – PDA n°2 – CHAPELLE SAINT COLOMBAN- VILLE DE CARNAC

— BUCHERIE (L.), 1990, « Panorama des graffiti maritimes des Côtes du Ponant » dans Actes du VIIe Colloque International de Glyptographie de Rochefort-sur-Mer (3-8 juillet 1990)

—CAHINGT (H.) 1981, Graffiti maritimes, Courrier des Messageries maritimes,  [compte-rendu] Revue archéologique de Picardie  Année 1981  23  p. 31

https://www.persee.fr/doc/etnor_0014-2158_1993_num_42_1_2078_t1_0082_0000_2

—CAHINGT (H.)  1957,Les Graffiti dieppois. Etudes de types de navires de la Manche (première moitié du XVIIè siècle) / Henri Cahingt, in Le Navire et l'économie maritime du XVè au XVIIIè siècles Travaux du Colloque d'Histoire maritime tenu les 17 mai 1956 à l'Académie de Marine prés. Michel Mollat du Jourdin; collab. Olivier de Prat Paris SEVPEN 1957 135p. Bibliothèque générale de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes

—DAEFFLER (Michel) 2011. Graffitis médiévaux normands. Anciens peuplements littoraux et relations Homme/Milieu sur les côtes de l’Europe atlantique, Sep 2011, Vannes, France. p. 215-222. ffhal01917259f

https://normandie-univ.hal.science/hal-01917259v1/document

COMPLÉMENT : LES STATUES ET SCULPTURES DE LA CHAPELLE.

 

 

L'INTÉRIEUR.

 

"L’autel majeur plaqué sur le revers du chevet est un ouvrage remarquable de 4,60 m de longueur dont la table a été taillée dans un bloc monolithe en granite. Eclairé par la lumière largement diffusée par la baie à remplage, l’autel est surplombé par deux statues posées sur des consoles au profil gothique. Ce grand vaisseau, au sol dallé, est équipé d’une niche et d’une armoire murale liturgique.

La chapelle qui cantonne l’édifice au sud est accessible depuis la nef par un grand arc brisé cantonné côté est par une ouverture en plein cintre."

Sous la voute lambrissée, plusieurs entraits à engoulants et sablières.

Au fond de la nef, un escalier à vis permet de grimper au clocher.

 

Le Chœur.

 

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Colomban en père abbé. Bois polychrome, XVIIe siècle.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Christ en croix. Bois, XVIe siècle.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

La Vierge et saint Jean, provenant d'une poutre de Gloire et entourant jadis le Christ en croix. Bois polychrome, XVIe siècle, proviendrait de l'église paroissiale.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

La chapelle sud.

Sainte Catherine (ou sainte Barbe) bois  polychrome, XVIe siècle.

 

 

 

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

 

Le culot de la statue de sainte Catherine. Un ange, en vol, tenant un écu (muet).

La chevelure "en boule" évoque le style des sculpteurs du XVe siècle.

 

 

 

Console de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Console de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Console de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Console de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Toile de Jacques Eitelwien dit Eitel(1926-2006), "Procession de Saint Cornely à Carnac, EITEL 1959".

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

La nef.

 

 

Saint Vincent Ferrier. Bois polychrome, XVIIe , proviendrait de l'antique sanctuaire de Kergroix

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Cornely. Bois polychrome, XVIIIe siècle.

La statue provient d'une niche de la tour ouest de l'église de Carnac où elle était exposée aux intempéries ; restaurée en 1987 par Guy Keraudran, elle a été placée ici, tandis qu'une copie était installée à sa place.

 

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Mobilier de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

 

L'EXTÉRIEUR.

"La chapelle bâtie en granite adopte un plan rectangulaire complété au sud par une chapelle dédiée à la Vierge. La nef au chevet plat (à l’Est) est couverte, comme la chapelle, d’une voûte lambrissée fixée à une charpente à fermes dont les entraits s’ornent d’engoulants.

Son portail gothique flamboyant, ouvert au nord, est coiffé d’un linteau en anse de panier abrité sous un grand arc en accolade surmonté d’un fleuron et encadré de pinacles. Sur le tympan s’inscrit un écu écartelé qui serait de la famille de Larlan. A la gauche de l’ouverture, un long phylactère sculpté dans le parement et portant une inscription gothique (illisible) se déploie sous un blason frappé aux armes de la famille Champion (trois lévriers) porté par deux angelots agenouillés.

A l’ouest, le pignon, orné d’un faux larmier triangulaire agrémenté de masques et d’un monstre dévorant de petits personnages, supporte le clocher orné de quatre pinacles (le quatrième étant détruit) et aménagé sur une plate-forme accessible par un escalier de pierre logé dans une tourelle. Cette élévation est confortée aux angles comme à l’est par des contreforts polygonaux.

A l’est, une grande baie à remplage gothique flamboyant est bordée par un larmier en accolade sommé d’un fleuron et ponctué de feuilles de choux dont le motif, associé à un lion et à un monstre marin, est repris sur le rampant du mur.

La façade sud dotée d’un oculus et d’une porte en anse de panier se développe en équerre à l’est sur l’emprise de la chapelle ouverte par une porte (aujourd’hui condamnée), elle aussi, en anse de panier."

La chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

La chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

La chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

La chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Les crossettes.  

Un lion.

 

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Un dragon.

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

 

Un personnage lubrique et glouton.

Cette crossette en rappelle bien d'autres collectées dans ce blog ; elle illustre le thème du Vicieux : sa position accroupie et ses yeux globuleux soulignent ses penchants. Par les doigts de la main droite, il écarte sa commissure, sans doute pour se faire vomir après ses excès alimentaires. Sa main gauche est placée sur son sexe.

 

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

Les crossettes de la chapelle Saint-Colomban de Carnac. Photo lavieb-aile 2024.

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17 décembre 2024 2 17 /12 /décembre /2024 15:49

Iconographie de la rencontre de Don Quichotte avec la charrette des Cortès de la Mort (Livre II chap. XI). Ses rapports avec les Danses macabres.

 

PRÉSENTATION.

L'épisode de la confrontation de Don Quichotte et Sancho Panza  avec la troupe de comédiens présentant le spectacle de las Cortès de la Muerte (Tribunaux de la Mort) occupe le chapitre XI de la Deuxième partie (1615) du Don Quichotte de Miguel Cervantes. Son titre, dans la traduction de Viardot, est :  "De l’étrange aventure qui arriva au valeureux Don Quichotte avec le char ou la charrette des Cortès de la Mort".

Ces comédiens se déplacent entre deux villages suffisament proches pour qu'ils aient décidés de conserver leur costume lors de leur trajet : ils voyagent ainsi dans leurs rôles propres. 

La charette est dirigée par un "horrible démon", et ses passagers sont  la Mort, l'Ange, l'Empereur, Cupidon, et un Chevalier mais aussi la Reine, et le Soldat :

"Don Quichotte voulait répondre à Sancho Panza ; mais il en fut empêché par la vue d’une charrette, qui parut tout à coup à un détour du chemin, chargée des plus divers personnages et des plus étranges figures qui se puissent imaginer. Celui qui menait les mules et faisait l’office de charretier était un horrible démon. La charrette était à ciel découvert, sans pavillon de toile ou d’osier. La première figure qui s’offrit aux yeux de Don Quichotte fut celle de la Mort elle-même, ayant un visage humain. Tout près d’elle se tenait un ange, avec de grandes ailes peintes. De l’autre côté était un empereur, portant, à ce qu’il paraissait, une couronne d’or sur la tête. Aux pieds de la Mort était assis le dieu qu’on appelle Cupidon, sans bandeau sur les yeux, mais avec l’arc, les flèches et le carquois. Plus loin venait un chevalier armé de toutes pièces ; seulement il n’avait ni morion, ni salade, mais un chapeau couvert de plumes de diverses couleurs. Derrière ceux-là se trouvaient encore d’autres personnages de différents costumes et aspects. Tout cela, se montrant à l’improviste, troubla quelque peu Don Quichotte, et jeta l’effroi dans le cœur de Sancho."

Le "démon" explique à Don Quichotte qu'ils sont des comédiens de la compagnie d’Angulo-le-Mauvais [Angulo el Malo] qui ont joué le matin même pour le jour de l’octave de la Fête-Dieu, l'acte des  Cortès de la Mort.

" Ce jeune homme fait la Mort, cet autre fait un ange, cette femme, qui est celle du directeur, est vêtue en reine, celui-ci en soldat, celui-là en empereur, et moi en démon ; et je suis un des principaux personnages de l’acte sacramentel, car je fais les premiers rôles dans cette compagnie."

Un des acteurs, restés en arrière, les rejoint : un Bouffon, qui donne un aperçu de ses talents de danseur jonglant avec son bâton à trois vessies de bœuf,  et agitant ses grelots : Rossinante prend peur et se sauve, entrainant Don Quichotte :

"Tandis qu’ils discouraient ainsi, le sort voulut qu’un des acteurs de la compagnie, resté en arrière, arrivât près d’eux. Celui-là était vêtu en fou de cour, avec quantité de grelots, et portait au bout d’un bâton trois vessies de bœuf enflées. Quand ce magot s’approcha de Don Quichotte, il se mit à escrimer avec son bâton, à frapper la terre de ses vessies, à sauter de droite et de gauche, en faisant sonner ses grelots, et cette vision fantastique épouvanta tellement Rossinante, que, sans que Don Quichotte fût capable de le retenir, il prit son mors entre les dents, et se sauva à travers la campagne avec plus de légèreté que n’en promirent jamais les os de son anatomie."

Sancho Panza saute de son âne pour secourir son maître qui vient de chûter, mais le Bouffon, qualifié de "diable aux vessies", s'y juche et part en calvalcade, fouettant le grisson de ses vessies, avant de tomber à son tour.

Sancho, qui vit le péril où était son maître d’être jeté bas, sauta du grison, et courut à toutes jambes lui porter secours. Quand il atteignit Don Quichotte, celui-ci était déjà couché par terre, et auprès de lui Rossinante, qui avait entraîné son maître dans sa chute : fin ordinaire et dernier résultat des vivacités et des hardiesses de Rossinante. Mais à peine Sancho eut-il laissé là sa monture que le diable aux vessies sauta sur le grison, et, le fustigeant avec elles, il le fit, plus de peur que de mal, voler par les champs, du côté du village où la fête allait se passer. Sancho regardait la fuite de son âne et la chute de son maître, et ne savait à laquelle des deux nécessités il fallait d’abord accourir. Mais pourtant, en bon écuyer, en fidèle serviteur, l’amour de son seigneur l’emporta sur celui de son âne ; bien que chaque fois qu’il voyait les vessies se lever et tomber sur la croupe du grison, c’était pour lui des angoisses de mort, et il aurait préféré que ces coups lui fussent donnés sur la prunelle des yeux plutôt que sur le plus petit poil de la queue de son âne."

Don Quichotte veut alors se charger "de châtier l’impolitesse de ce démon, sur quelqu’un des gens de la charrette, fût-ce l’empereur lui-même.  En parlant ainsi, il tourna bride du côté de la charrette, qui était déjà près d’entrer au village, et il criait en courant : « Arrêtez, arrêtez, troupe joyeuse et bouffonne ; je veux vous apprendre comment il faut traiter les ânes et autres animaux qui servent de montures aux écuyers de chevaliers errants. »

Les acteurs se voyant attaqués décident de se défendre : 

En un instant, la Mort sauta par terre, puis l’empereur, puis le démon cocher, puis l’ange, sans que la reine restât, non plus que le dieu Cupidon ; ils ramassèrent tous des pierres, et se mirent en bataille, prêts à recevoir Don Quichotte sur la pointe de leurs cailloux. Le chevalier, qui les vit rangés en vaillant escadron, les bras levés et en posture de lancer puissamment leurs pierres, retint la bride à Rossinante, et se mit à penser de quelle manière il les attaquerait avec le moins de danger pour sa personne.

Sancho raisonne son maître en lui faisant considérer qu'iI n’y a pas là de quoi tirer vengeance des violences faites à l'âne par ce démon, et d'attaquer la troupe puisque, parmi tous ceux qui sont là, bien qu'ils ressemblent à des rois, des princes et des empereurs, aucun  n'est pas un chevalier errant.

"Aussitôt il tourna bride, Sancho alla reprendre son âne, la Mort avec tout son escadron volant remonta sur la charrette pour continuer son voyage, et telle fut l’heureuse issue qu’eut la terrible aventure du char de la Mort."

Les illustrateurs se sont arrêtés sur la première confrontation de Don Quichotte avec la troupe occupant la charrette, ou sur la démonstration du Bouffon aux vessies, ou le tableau du Fou s'enfuyant sur l'âne, ou sur les acteurs lançant des pierres à Don Quichotte.

Sur 17603 illustrations des deux parties du Quichotte réunies par le site cervantesvirtual.com, 123 concernent la Carreta de las Cortès de la Muerte, mais en ne retenant pas les reprises de gravures d'édition en édition, le nombre se réduit de moitié, de 1650 à 1906.

L'intérêt que nous pouvons trouver à examiner ces illustrations est, dans le cadre de cet article, de comparer les acteurs avec les personnages de la Cortès de la Muerte de Lope de Vega, et avec ceux de nos Danses Macabres.

Car cette comparaison suscite, pour l'amateur de ces cortèges du XVe et XVIe siècle montrant une troupe de squelettes invitant à leur danse les vivants classés selon l'ordre des hiérarchies sociales (le Pape, l'Empereur, le Roi, etc.) sur des peintures murales ou des incunables, un plaisir certain, plaisir de la citation, du détournement ironique, et du renouvellement toujours transgressif du thème macabre médiéval.

En outre, le face-à-face savoureux du Bouffon agitant ses vessies et de son double, Don Quichotte, toujours prêt à prendre des vessies pour des lanternes, incite à rechercher, dans nos Danses macabres, la présence, rare mais bien réelle, du personnage du Fou.

 

I. LA RENCONTRE INITIALE DE DON QUICHOTTE AVEC LA CHARRETE.

 

1687, Londres.

1687, Londres.

1834, Rome.

1834, Rome.

1836-37 Paris.

1836-37 Paris.

1848, Tours.

1848, Tours.

1860-1862, Paris

1860-1862, Paris

V. 1863, Paris

V. 1863, Paris

Tony Johannot 1878, Gallica

Tony Johannot 1878, Gallica

Tony Johannot 1878, Gallica

Tony Johannot 1878, Gallica

1880-1883, Barcelone.

1880-1883, Barcelone.

1904, Barcelone.

1904, Barcelone.

Carlos Vasquez

Carlos Vasquez

La rencontre de Don Quichotte avec la charrette des Cortès de la Mort et ses rapports avec les Danses Macabres.
Site Insula Baranaria

Site Insula Baranaria

On trouve sur le site insula barañaria les belles  illustrations suivantes :

 

 

II. LE DÉMON OU BOUFFON AUX VESSIES OU BOJOGANGA.

Le terme Bojiganga dérive de Vejiga « vessie" et sert à désigner aux XVIe et XVIIe siècles, en Espagne, une sorte de courte troupe de comédiens ; mais c'est aussi ce terme que Cervantes utilise pour désigner  un acteur saltimbanque portant des grelots, sautant, faisant des pirouettes et des danses tout en maniant à la grande terreur et à l'amusement du public,  un bâton avec des vessies de vaches gonflées.

Le Fou est également un personnage invité par la Mort lors des Danses macabres.

 

1674, Madrid

1674, Madrid

1650-1652, Paris

1650-1652, Paris

1668-1669 Amsterdam.

1668-1669 Amsterdam.

1695, Paris

1695, Paris

1706, Bruxelles

1706, Bruxelles

1771, Madrid

1771, Madrid

1780, Leipzig

1780, Leipzig

1797-1798, Madrid

1797-1798, Madrid

1797-1798, Madrid

1797-1798, Madrid

v. 1850, Paris.

v. 1850, Paris.

1866, Paris

1866, Paris

Gustave Doré 1863.Paris.

Gustave Doré 1863.Paris.

1898, Amsterdam

1898, Amsterdam

1902, Londres

1902, Londres

1905, Amsterdam

1905, Amsterdam

1905, Amsterdam

1905, Amsterdam

La rencontre de Don Quichotte avec la charrette des Cortès de la Mort et ses rapports avec les Danses Macabres.

 

III. LES COMÉDIENS LANÇANT DES PIERRES À DON QUICHOTTE.

1879, Barcelone

1879, Barcelone

v.1893, Paris

v.1893, Paris

1898, Barcelone

1898, Barcelone

1906-1907, New-York.

1906-1907, New-York.

 

LA SOURCE DE CE CHAPITRE : UN AUTO-SACRAMENTAL DE LOPE DE VEGA

 

Les critiques ont vite reconnu l'allusion du chapitre II,XI du Quichotte à un de ces comédies religieuses, appelées mystères ou moralités au Moyen-Âge et  auto sacramentales depuis la seconde moitié du XVIe siècle, qu’on jouait principalement pendant la semaine du Corpus Christi ( Fête-Dieu). On élevait alors dans les rues des espèces de théâtres en planches, et les comédiens, traînés dans des chars avec leurs costumes, allaient jouer de l’un à l’autre. C’est ce qu’ils appelaient, dans le jargon des coulisses du temps, faire les chars (hacer los carros). 

Ils ont d'abord recherché la source de ce chapitre dans une pièce, les Cortès de la Muerte, commencée par Micael de Carvajal, terminée par Luis Hurtado de Toledo, et imprimée dans la Cité Impériale par Juan Ferrer en 1557. Mais cet auto-sacramental  a été écrit  plus d'un demi-siècle avant  la publication  de Don Quichotte et ne comporte ni  Cupidon  ni l'Empereur, la Reine ou le Soldat.

Actuellement, le consensus est acquis pour reconnaître plutôt l'influence de l'auto-sacramental Las Cortes de la Muerte (Les Tribunaux de la Mort) de Lope de Vega, un texte resté inédit avant sa publication en 1892.

Voir C. Mata Indurain 2016.

Texte :

 https://web.seducoahuila.gob.mx/biblioweb/upload/Vega,%20Lope%20De%20-%20Las%20Cortes%20De%20La%20Muerte.pdf

https://www.scielo.cl/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0718-22012016000200015

La pièce de Lope de la Vega met en scène 10 personnages, dont 8 correspondent par leur nom ou leur description à ceux évoqués dans le roman de Cervantes : la Mort, le Péché (Reine), la Folie, le Temps, l'Homme (Empereur), l'Ange Gardien, le Diable et « le dieu qu'ils appellent Cupidon ». Il n'y manque que l'Enfant-Jésus, et l'Envie, source de tout péché. La Mort est habillée en squelette et tient une faux. Le Péché est habillée en Reine, couronnée, avec un masque noir couvrant la moitié de son visage. La Folie est habillée de façon bigarrée (mi-partie?), en bouffon ("moharracho"). Le Temps est vêtu en cavalier, avec une épée et un chapeau avec une plume. L'Homme est habillé en Empereur avec un manteau, une couronne et un sceptre. L'Ange a  de grandes ailes peintes. Le Diable est habillé de couleurs de feu, avec des cornes sur la tête et une grande queue. Cuopidon est vêtu d'un tricot couleur chair avec son arc, son carquois et
flèches.

Selon Stefano Arata,

"tout, dans la description de la charrette d'acteurs qui croise le chemin de Don Quichotte , répond à la sphère de la vérité historique, de manière presque documentaire.  L'auto sacramentelle des Cortes de la Muerte que les acteurs viennent de jouer peut être identifiée avec une pièce de Lope de Vega, dont le texte nous est parvenu, et la description de la tenue vestimentaire du showbiz reproduit presque littéralement les instructions de costume du lopesco. manuscrit. Aussi l'étrange personnage qui apparaît à côté de la charrette - ce bojiganga qui sonne des cloches et brandit un bâton avec des vessies de vache - vient également de la réalité vivante des fêtes de la Fête-Dieu. C'est un personnage carnavalesque, personnification de la Folie, qui précédait les voitures lors des cortèges, effrayant les spectateurs avec ses sauts et son bâton. Selon la zone géographique, on l'appelait poutargue, mojarrilla ou moharracho." 

L'inclusion de ces fragments de réalité contemporaine et l'allusion à l'auto sacramentelle de Las Cortes de la Muerte ne sont pas une coïncidence. Il est important de rappeler que la charrette de Lope est la version baroque des anciennes danses de la mort de la fin du Moyen Âge, et met en scène la rencontre entre l'Homme et les figures du Diable, du Temps, de la Folie et de la Mort, qui le soumettent à un procès grotesque. L'homme ne sera sauvé qu'après avoir renoncé à sa folle vie. Dans l'auto sacramental, en outre, apparaît précisément la figure carnavalesque de la poutargue, qui représente, dans la pièce, le rôle de la Folie.

Enfoncés dans une charrette, hors du contexte naturel du théâtre, les acteurs costumés apparaissent comme un mirage dans le paysage rude de La Manche. Ces images sans âme d'un Roi, d'une Reine, d'un Amour, de la Mort, regroupées dans une charrette conduite par le Diable, semblent se transformer, par l'effet même de leur déguisement et de la rencontre avec le chevalier dérangé, en protagonistes d'une histoire paradoxale. danse de la Mort, au centre de laquelle se trouvent le Quichotte et le bojiganga . Curieuse rencontre : voici un fou déguisé en chevalier errant devant un acteur déguisé en fou, c'est-à-dire le fou devant son image emblématique. Rosinnante s'enfuit effrayé et tombe avec Don Quichotte . La Folie "pour imiter Don Quichotte et Rossinante" s'enfuit avec l'âne et tombe. Dans une pantomime grotesque, le bojiganga répétera, comme dans un miroir déformé, les gestes du chevalier."

 

Les critiques ont vite reconnu l'allusion à un de ces comédies religieuses, appelées mystères ou moralités au Moyen-Âge et  autos sacramentales depuis la seconde moitié du XVIe siècle, qu’on jouait principalement pendant la semaine du Corpus Christi ( Fête-Dieu). On élevait alors dans les rues des espèces de théâtres en planches, et les comédiens, traînés dans des chars avec leurs costumes, allaient jouer de l’un à l’autre. C’est ce qu’ils appelaient, dans le jargon des coulisses du temps, faire les chars (hacer los carros). 

Pendant la semaine des festivités de la Fête-Dieu , la soi-disant octave de la Fête-Dieu, les compagnies de théâtre, après s'être produites dans les processions des capitales, emmenaient leurs voitures sacramentelles dans les villes de la région.

Ils ont d'abord recherché la source de ce chapitre dans une pièce, les Cortès de la Muerte, commencée par Micael de Carvajal, terminée par Luis Hurtado de Toledo, et imprimée dans la Cité Impériale par Juan Ferrer en 1557. Mais cet auto-sacramental  a été écrit  plus d'un demi-siècle avant  la publication de Don Quichotte et ne comporte ni  Cupidon  ni l'Empereur, la Reine ou le Soldat.

Actuellement, le concensus est acquis pour reconnaitre plutôt l'influence de l'auto-sacramental Las Cortes de la Muerte (Les Tribunaux de la Mort) de Lope de Vega, un texte resté inédit avant sa publication en 1892.

Voir C. Mata Indurain 2016.

https://www.scielo.cl/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0718-22012016000200015

La pièce de Lope de la Vega met en scène 10 personnages, dont 8 correspondent par leur nom ou leur description à ceux évoqués dans le roman de Cervantes : la Mort, le Péché, la Folie, le Temps, l'Homme, l'Ange Gardien, le Diable et « le dieu qu'ils appellent Cupidon ». Il n'y manque que l'Enfant-Jésus, et l'Envie, source de tout péché. Dans un procès qui rappelle le Jugement Dernier (ou les distiques des Danses macabres), se succèdent quatre discours, ceux de la Folie, du Diable, du Péché et de l'Ange. Lors d'un intermède, véritable  théâtre dans le théâtre, la Folie chante en s'accompagnant d'une guitare, se déguise en géante, met sur sa tête une tunique, avec des cornes pour indiquer qu'elle est le Diable, etc., reproduisant des éléments communs des célébrations de la Fête-Dieu. Enfin les Cortès reprennent avec le plaidoyer de l'Homme, et se terminent par le Jugement Dernier et une pièce musicale : "Veillez, veillez, pécheur, voyez que le monde vous trompe, que le loup est en campagne : fuyez et craignez sa rigueur". 

Selon Stefano Arata,

"tout, dans la description de la charrette d'acteurs qui croise le chemin de Don Quichotte , répond à la sphère de la vérité historique, de manière presque documentaire.  L'auto sacramentelle des Cortes de la Muerte que les acteurs viennent de jouer peut être identifiée avec une pièce de Lope de Vega, dont le texte nous est parvenu, et la description de la tenue vestimentaire du showbiz reproduit presque littéralement les instructions de costume du lopesco. manuscrit. Aussi l'étrange personnage qui apparaît à côté de la charrette - ce bojiganga qui sonne des cloches et brandit un bâton avec des vessies de vache - vient également de la réalité vivante des fêtes de la Fête-Dieu. C'est un personnage carnavalesque, personnification de la Folie, qui précédait les voitures lors des cortèges, effrayant les spectateurs avec ses sauts et son bâton. Selon la zone géographique, on l'appelait poutargue, mojarrilla ou moharracho." 

L'inclusion de ces fragments de réalité contemporaine et l'allusion à l'auto sacramentelle de Las Cortes de la Muerte ne sont pas une coïncidence. Il est important de rappeler que la charrette de Lope est la version baroque des anciennes danses de la mort de la fin du Moyen Âge, et met en scène la rencontre entre l'Homme et les figures du Diable, du Temps, de la Folie et de la Mort, qui le soumettent à un procès grotesque. L'homme ne sera sauvé qu'après avoir renoncé à sa folle vie. Dans l'auto sacramental, en outre, apparaît précisément la figure carnavalesque de la poutargue, qui représente, dans la pièce, le rôle de la Folie.

Enfoncés dans une charrette, hors du contexte naturel du théâtre, les acteurs costumés apparaissent comme un mirage dans le paysage rude de La Manche. Ces images sans âme d'un Roi, d'une Reine, d'un Amour, de la Mort, regroupées dans une charrette conduite par le Diable, semblent se transformer, par l'effet même de leur déguisement et de la rencontre avec le chevalier dérangé, en protagonistes d'une histoire paradoxale. danse de la Mort, au centre de laquelle se trouvent le Quichotte et le bojiganga . Curieuse rencontre : voici un fou déguisé en chevalier errant devant un acteur déguisé en fou, c'est-à-dire le fou devant son image emblématique. Rossinante s'enfuit effrayé et tombe avec Don Quichotte . La Folie "pour imiter Don Quichotte et Rossinante" s'enfuit avec l'âne et tombe. Dans une pantomime grotesque, le bojiganga répétera, comme dans un miroir déformé, les gestes du chevalier."

 

 

 

 

LES RELATIONS ENTRE LE CHAPITRE XI DE DON QUICHOTTE ET LES DANSES MACABRES EUROPÉENNES.

Existe-t-il une relation entre les deux, hormis les liens intertextes qui se forment spontanément dans l'esprit d'un lecteur, sans que celui-ci puisse le justifier?

La relation la plus évidente est liée à la présence dans ce chapitre II-XI  de la Mort, d'un Empereur d'une Reine et d'un Chevalier face aux deux héros. Mais le Fou n'est pas étranger non plus aux Danses macabres.

Le Fou et la danse macabre.

1. Le Fou est présent dans la Danse macabre du cimetière de l'église Saint-Jean à Bâle (1440), détruite mais dont la reproduction en aquarelle de Rudolf Feyerabend d'après les gravures de Merian est disponible.

La Mort est coiffé du bonnet de fou, et vêtu de la tunique à larges manches et tient un bracelet de grelots. Le Fou tien la marotte, porte la coiffe à grelots et est vêtu de chausses mi-parties vertes et mauves.

La Mort dit au Fou : "Tu te plais à sauter ? Eh bien saute, bouffon /Mon jeu ferait suer le fou le plus agile/ Mais laisse pour toujours la marotte inutile / Tes farces parmi nous ne sont plus de saison.

Le Fou répond : "Oh que j'aimerais mieux n'être qu'un pauvre diable / Porter de lourds fardeaux, être chargé de coups / Que de suivre ce monstre à face épouvantable/ Qui ne respecte rien, non pas même les fous!

(trad : Todtentanz, Bâle 1858)

Danse macabre de Bâle, anonyme, d'après les gravures de Matthaüs Merian (XVIe siècle). Photo lavieb-aile.

 

2. On le découvre aussi à la fin de la danse macabre  historiée éditée par  Guy Marchant 1486.

Comme dans  l'édition de 1510 par Nicolas Le Rouge, le Fou est figuré tenant sa marotte, coiffé du bonnet à oreilles d'âne et grelots, vêtu d'une tenue rayée et à pois les jambes équipées de guètres à grelots.

 

Danse macabre historiée, Guy Marchant 1486. Gallica.

 

Le Mort dit : Que si danser n'est que usage /Mon amy sot: bien vous advient/De y danser comme plus sage/Tout homme danser y convient/Lescripture si men souvient/Dit en ung pas: qui bien lentend/Lomme sen vad point ne revient/Chascune chose a sa fin tend

Le sot répond : Or sont maintenant bons amis /Et dansent icy dun accord:/Pleuseurs qui estoient ennemis
Quant ilz vivoient et en discord/Mais la mort les a mis dacord/La quelle fait estre tout ung/Sages et sotz: quant dieu lacord/Tous mors sont dun estat commun

Voir aussi :

http://www.dodedans.com/Exhibit/Image.php?lang=e&navn=laurens-30

http://www.dodedans.com/Exhibit/Image.php?lang=e&navn=oudot-1641-30a

3. On le trouve encore dans la Danse macabre des femmes de Guy Marchant de 1491 (c'est alors une Folle).

La Mort dit : Sust tost margot venez avant/Estes vous maintenant derriere / Vous deusfiez ja etre devant/et danser toute la premiere/Quelle contenance ; quelle maniere/ Ou est votre fille marotte/ Ne vault faire si mesgre chière/ Car c'est vostre dernière note.

Danse macabre des femmes, Guy Marchant 1491. Gallica.


 

 

4. Le Fou assiste du coin de l'œil et en lui tournant le dos  à la confrontation de la Mort avec le Docteur  dans le Mors de la Pomme (vers 1470) de Jean Mielot BnF 17001 f.113v. Il sert de témoin à la scène, et énonce la morale : Le fol : Ou le sens fault, eschiet folie ; Qui bien scet morir, il est sage ; Nul ne crient Dieu, ne sumilie Tant voye de morir lusage. Corrupti sunt et abominabiles facti sunt non est [verset 1 du Psaume XIII : L’insensé dit en son cœur : Il n’y a point de Dieu ! Ils se sont corrompus, ils ont commis des actions abominables ; il n’en est aucun qui fasse le bien.].

Le Fol tient la marotte, porte une tenue rayée, et le bonnet à tête de coq et oreilles d'âne.

 

Mors de la pomme de Jean Miélot, BnF 17001 f.113v. Gallica.

 

 

5. Le Fou est entrainé par la Mort dans la Nef des Fous de Sébastian Brant en 1494.

Ici dans la traduction française de Pierre Rivière en 1497, La Nef des Folz du Monde, BnF Res Velins-607 folio 75v.

 

BnF Res Velins-607 folio 75v. Gallica.

 

SOURCES ET LIENS

—INDURAIN (Carlos Maria), site Insula Barañaria, catégories Auto Sacramentales et Don Qijote. Quatres articles sont consacrés à "Burla, teatralidad y violencia en el episodio del carro de las Cortes de la Muerte («Quijote»,II, 11" .

https://insulabaranaria.com/

https://insulabaranaria.com/2021/05/06/burla-teatralidad-y-violencia-en-el-episodio-del-carro-de-las-cortes-de-la-muerte-quijote-ii-11-1/

https://insulabaranaria.com/2021/06/04/burla-teatralidad-y-violencia-en-el-episodio-del-carro-de-las-cortes-de-la-muerte-quijote-ii-11-y-4/

—INDURAIN (Carlos Maria), 2016, «Las cortes de la Muerte, auto sacramental atribuido a Lope de Vega, y el episodio cervantino de la carreta de la Muerte (Quijote, II, 11)», Alpha. Revista de artes, letras y filosofía, 43, 2016, pp. 219-231.

Carlos Mata Induráin

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Published by jean-yves cordier - dans Littérature Jugement dernier XVIIe siècle.
29 novembre 2024 5 29 /11 /novembre /2024 21:39

La chaire à prêcher (1681) et le maître-autel (1686) faits par Jean Briand en la chapelle de Kerfons en Ploubezre.

 

 

Voir sur cette chapelle :

 

 

PRÉSENTATION.

 

À quelques kilomètres en amont de Lannion, la chapelle Notre-Dame de Kerfons ou plutôt "Kerfaouès" ("le lieu planté de hêtres") a été fondée sur les terres de l'ancien fief de Coatfrec dont les ruines du château homonyme se dressent plus au nord sur la rive occidentale du Léguer. Cette chapelle rurale étonne par la mise en œuvre de deux langages architecturaux : le Gothique flamboyant de la nef et de la chapelle nord - visible à l'intérieur dans les arcades, vraisemblablement datable du début du 15e siècle, une deuxième campagne de travaux vers 1450 (élévations ouest et sud), une troisième campagne dans le dernier quart du 15e siècle (fenêtre sud ornée de pampres) et la première Renaissance bretonne visible dans le bras sud (chapelle dédiée à saint Yves) datée des années 1553-1559.

Bâtie pour la puissante famille de Goulaine, la chapelle de Kerfons illustre dans la pierre un vocabulaire décoratif d’avant-garde : porte en plein cintre encadrée de colonnes surmontée d’un fronton triangulaire, modernité et simplicité du dessin des fenestrages, contreforts en forme de tourelle, niches à statues ou original campanile carré flanqué de quatre personnages. La chapelle de Kerfons est inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1910.

 

Les gouverneurs étaient responsables de l’entretien et de la réparation des chapelles. A Kerfons, la chapelle dédiée à Notre-Dame était gérée par un gouverneur unique au cours d'un mandat d'un an non renouvelable. C'était un poste très convoité par les notables de Ploubezre. En 1686, c'était Pierre Merrien (cf. infra) qui occupait ce poste.Selon Christian Kermoal, les dénommés Fiacre Le Bihan et Rolland de Trongoff, tous deux gouverneurs, ont organisé le chantier de construction de l'aile sud à partir de 1553 : "ils emploient des carriers, des tailleurs de pierre, des forgerons, des vitriers et des peintres. Ils mettent en place un important charroi et fournissent la nourriture des gens et des bêtes" Selon le même auteur, en 1712, les gouverneurs jouent un rôle de conseil auprès des syndics et marguilliers de la paroisse, qui regroupe six chapelles. Les syndics (deux hommes/an) gère les affaires civiles, et le marguilliers (deux hommes/an) les biens religieux.

 

 

I. LA CHAIRE À PRÊCHER (Bois polychrome, Jean Briand 1681).

https://collectif-objets.beta.gouv.fr/objets/76729

https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM22001700

Œuvre classée le 29/03/1983, Base Palissy PM22001700.

La chaire est fixée dans le chœur  contre un pilier sud, immédiatement après le jubé.  Issue de la volonté de la Contre-Réforme de valoriser la prédication,  c'est une chaire suspendue  à dorsal, abat-voix et culot polygonal dont les quatre petits panneaux de la cuve  porte, dans des cartouches verts, les monogrammes IHS et MRA  (Maria, ou Maria Regina Angelorum) puis les noms IOSEF ert ANNA, accompagnés de la date de 1681. On accède à la chaire par un escalier d'une seule volée aux flmancs ornées de trois panneaux sans ornementation. L'ensemble est décoré sobrement de panneaux  peints en jaune (décor en faux-bois, ou marbre feint), avec quatre pots à feu et quatre macarons.

On l'attribue au menuisier Briand, qui a indiqué son nom sur le retable du maître-autel.  L'inscription "I. BRIAND" est lue comme "Yves Briand" par  Geneviève Le Louarn,  qui lui attribue également de deux confessionnaux et de la clôture de chœur. Les généalogistes mentionnent un Yves Briand, né à Ploubezre en 1643 et marié en 1673 avec Catherine Primot.

Mais on peut aussi lire "Jean Briand", ce qui serait plus cohérent avec cette donnée  , précisant que  les comptes des années 1675-1676 de la confrérie du Luminaire de la paroisse de Ploubezre révèlent la dépense de « 85 livres payées à Jean Briand me menuisier pour avoir fait un retable et de mettre un tableau de saint Yves et marche pied ». Le tableau fut doré pour 15 livres réglé par la confrérie par Yves Le Gouliez, maître doreur, suivant une quittance en date du 18 juin 1676.

Les généalogistes mentionnent bien un Jean Briand, "honorables gens" , baptisé le 13 mars 1644 à Ploubezre, décédé le 11 avril 1716 à Ploubezre, marié avant 1671 avec  Marguerite Berezay, Honorables gens , et qui est qualifié de "Maitre" sur l'acte de mariage de sa fille Marguerite en 1706.

Jérôme Lafeuille confirme qu'il faut attribuer cette chaire à Yann Briand, et m'adresse un relevé des apparitions de son nom dans les comptes paroissiaux : voir Annexe.

 

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Le maître-autel et la chaire à prêcher de la chapelle de Kerfons en Ploubezre.
Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Chaire à prêcher (Jean Briant, 1681) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

II. LE MAÎTRE-AUTEL (Bois polychrome, Jean Briand v.1686).

Selon le site minran.free.fr/patrim.htm :

"Le maître-autel en granite est surmonté d'un retable daté de 1686, que l'on [qui ? rapproche d'ouvrages similaires de la même époque en Bavière ; il apparaît comme un assemblage de multiples éléments, tous sculptés avec une minutie et une variété exceptionnelles. Il montre aussi qu'à l'époque, la Bretagne est une plaque tournante du commerce maritime européen, et que les richesses artistiques et les artistes eux-mêmes circulent par les mêmes voies.
Ce retable baroque a été vandalisé par des pillards fin 2008. Leur arrestation rapide a permis de récupérer la plupart des éléments dérobés, et l'ensemble a fait l'objet d'une restauration importante en 2012, y compris la copie d'éléments manquants."

Il a été entièrement restauré en 2010, pour la menuiserie par l'Atelier de l'Arbre aux quarante écus de Muzillac, et pour la peinture par l'Atelier Régional de Restauration de Bignan (madame Champagnac et madame Pris), sous la direction de la DRAC.

Coût et commande :

À titre d'exemple, à Ploubezre, le retable du Rosaire a coûté 300 livres en 1679, soit cinq années de revenus de la confrérie. En 1712, un retable de l'église est confié à Michel Guérin, sculpteur peintre et doreur, pour 1200 livres (C. Kermoal)

 

Ses niches latérales ornées de colonnettes abritent des statues du Christ Sauveur du Monde et de la Vierge de l'Annonciation. Le style Renaissance qui avait été introduit à Ploubezre par Marquise de Goulaine en 1559 sur le campanile de Kerfons se poursuit ici avec les colonnes cannelées et les supports anthropomorphes, ou les guirlandes de fruits-légumes suspendues à des rubans. Comme sur la chaire à prêcher, on trouve ici les monogrammes IHS du Christ et MRA de Marie. Les chérubins et angelots abondent. Dieu-le-Père et un soleil dominent le tabernacle.

Le jaune de la chaire, et les panneaux en marbre feint, se retrouvent également.

 

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

 

III. LE RETABLE DE LA VIERGE TERRASSANT LA DÉMONE.

Ce retable nous permet de poursuivre notre découverte du talent de Jean Briand et d'en connaître la date d'exécution, mais aussi d'enrichir l'iconographie de ces "Vierges à la Démone" bretonne. Hiroko Amemiya, qui leur a consacré sa thèse et un ouvrage, distingue bien celle-ci des Vierges terrassant soit des sirènes, soit des dragons : une "Démone", selon la dénomination du Dr Le Thomas, est une représentation semi-humaine, avec un visage, une chevelure et un buste féminin, et une queue serpentiforme.

Elle en recense pas moins de 69 exemples en Bretagne, dont 28 en Finistère, 11 en Côtes d'Armor, 11 en Morbihan et 3 en Ille-et-Vilaine.

Il en existe des variantes, avec la Sainte-Anne Trinitaire de Saint-Hernin.

Elles symbolisent la victoire de la Vierge, par son enfantement d'un Rédempteur, sur le Mal ou le Péché originel introduit par Ève lors de l'épisode de la pomme. Le thème établit des rapports avec le culte de l'Immaculée-Conception (est sa figure de la Vierge de l'Apocalypse les pieds posés sur un croissant), et avec le thème iconographique des Arbres de Jessé.

Voir dans ce blog : 

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La composition est placée, sous une coquille , dans une niche jaune et verte au soubassemment et aux colonnes de marbre feint, sous des guirlandes de fruits.

La Vierge est vêtue d'un manteau bleu dont le pan droit vient étager des plis-rideaux frontaux. La robe associe un bustier doré et lisse et une jupe plissée blanche. Les joues de son visage sont rehaussées de taches rouges. Ses cheveux dorées, qui retombent sur ses épaules, sont retenues par ce voile postérieur si souvent retrouvé en Bretagne aux XVI et XVIIe siècle et que j'ai  nommé "bandeau rétro-occipital" à défaut d'autre nom.

Voir par exemple :

La Vierge offre une fleur dorée à son Fils, qu'elle tient assis sur son bras gauche. Les joues de celui-ci sont également rehaussées de rouge, il porte une longue tunique blanche et il pose tendrement la main droite sur la poitrine de sa Mère.

La Démone est couchée sur le ventre au dessous du croissant, tête à droite. Son buste redressé prend appui sur le coude droit et sur la main gauche, laquelle est posée sur une demi-sphère rouge aplatie difficile à qualifier. Le visage rond aux joues rehaussées de rouge tourne vers nous des yeux ronds et noirs aux sourcils épilés. Deux cornes émergent de sa tête largement épilée. La main droite, humaine (ailleurs, elle peut être bestialisée en patte de batracien, ou griffue), tient une pomme dorée qui cache son sein droit.Tout le buste est nu, le bas du corps est peint en vert à écailles marquées et s'achève par une queue de serpent qui s'élève, rebelle et verticale, le long de la cuisse de Marie.

 

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

 

Deux médaillons ovales dorés portent une inscription, qui sera complétée par les inscriptions du retable de droite..

Le premier, à gauche, porte le texte suivant aux mots séparés par de gros points en losange:

F. 1686 /L.R.V./ED.M

Du côté gauche se lit ceci :

GEO/GE.R/IVOLL/AN.R./D.P.

Ce qui a été lu comme suit :

 "F[AIT] 1686 L[ORS] R[ECTEUR] V[ÉNÉRABLE] E[T] D[ISCRET] M[ESSIRE] GEORGE RIVOALLAN R[ECTEUR] D[E] P[LOUBEZRE]"

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/illustration/IVR53_20142200149NUCA

Le recteur Georges Rivoallan est attesté par les actes de baptême, souvent comme parrain, de 1681  jusqu'en 1687 au moins, et sur des actes de mariage, avec le titre de messire, en 1683. En 1712, le successeur est Vénérable et Discret Messire Marc Chrétien, À cette époque, les cures les plus riches sont attribuées à des famolle de la noblesse.

 

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

III. LE RETABLE D'UN SAINT ÉVÊQUE (J. Briand 1686).

Une niche symétrique et strictement similaire est placée à droite de l'autel, en dessus d'un sacraire de style gothique flamboyant. En remplacement d'une représentation du Baptême du Christ, elle abrite un saint évêque mitré, en chape, qui a perdu sa crosse et que nous ne pouvons identifier.

Ploubezre, chapelle de Kerfons : vue intérieure, statue d'évêque

On peut lire l'inscription suivante : "G[OUVERNEU]R HO[NORABLE] HO[MME] PIERRE MER[R]IEN F[AIT] P[AR] I[VES] BRIAND"

Donc, le gouverneur est un notable, Pierre Merrien, et la signature par Jean Briand (je conteste la lecture I.=Yves pour I = Ian ) est répétée, comme sur la chaire

Il est signalé sur Geneanet un seul Pierre Merrien, et il est né en 1656. il a donc ici 30 ans. Il est agriculteur, et a épousé le 12 février 1676 Marguerite Le HOUEROU, d'où 8 enfants. Il est dit "lieutenant de Ploubezre". Sa femme épousera ensuite Nicolas Merrien. Elle est la sœur de Charles HE HOUEROU (1663-1736), 

Parmi les huit membres de la paroisse chargés de surveiller la commande d'un retable pour l'église de Ploubezre en 1712, on trouve outre le recteur deux notaires et trois nobles, deux paysans dont Pierre Merrien. (C. Kermoal). Quand à son beau-frère Charles Le HUEROU, il figure, avec le recteur et un notaire, parmi les membres de la commission de vérification des comptes.

 

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

Retable du maître-autel (Jean Briant, 1686) de la chapelle de Kerfons en Ploubezre. Cliché lavieb-aile.

 

ANNEXE : 

Quelques extraits d'archives relevés par Jérôme Lafeuille (com. pers.) mentionnant le nom de Yan Briand  dans les comptes manuscrits de l'époque.  

 On y lit que c'est lui qui a réalisé en effet la chaire à prêcher, mais aussi le retable de la chapelle de la Vierge (actuellement démonté, à restaurer), les 2 niches de part et d'autre du grand autel, 2 confessionnaux aujourd'hui disparus, ainsi que la balustre et le marchepied, ainsi que divers travaux de menuiserie (fenestrons dans la chapelle et à côté). etc 

 

EXTRAITS DES COMPTES DE LA CHAPELLE DE KERFONS (AD 22 / 20 G 901)

 

Comptes 1674-1675

Retable de l’autel « de la Visitation »

Comme aussi fait voir ledit comptable un acte de marché entre luy et Ian Briand menuisier étant daté

du vingt-sixième septembre mil-six-cent-septante-quatre portant la construction d’un retable fait sur

l’autel de la Visitation du côté de l’Evangille en ladite chapelle de Nostre-Dame de Kerfaouez pour la

somme de nonante livres (…)

De plus fait voir ledit comptable une quittance générale par luy obtenue du Sieur Briand pour avoir

accomply ledit acte demandé portant la somme de quatre-vingt-dix livres et comme aussi celle de

huit livres quinze sols pour (…) travail dans ladite chapelle qui estait nécessaire, faisant en tout

quatre-vingt-dix-huit livres quinze sols, ladite quittance date du premier juin présent an 1675 signé G.

Alain recteur dudit Ploubezre et Ian Briand, et P. Gourbreire Notaire soit…………………………98£ 15 S.

Suite : 3 fenestrons

De plus requiert ledit comptable allouons descharge de la somme de neuf livres qu’il a payé audit

Briand pour avoir fait (…) trois fenestrons pour la maison où demeure ledit Couturier ( ?) suivant

quittance datée du troisième febvrier Mil-six-cent septante-cinq, soit ……….9£

Comptes 1675-1676

Tableau de Notre-Dame

Davantage .. ledit comptable avoir allocation de décharge de la somme de cinquante quatre livres

suivant quittance datée du dix neuvième juillet mil six cent septante six. Signé Charles Simon.

Vu que c’est un tableau de Notre Dame que Simon, peintre de Tréguier a fourny à ladite

chapelle, alloué vu la quittance cinquante quatre livres 54 £.

Comptes 1679-1680

Retable de l’église paroissiale

Ledit comptable a payé pour aider au marché du retable du Saint Rosaire érigé en l’église paroissiale

dudit Ploubezre la somme de Soixante livres comme il faict voir par acte prosnal consenti par le

général (?) de ladite paroisse en date du troisième de novembre dernier dont il demande décharge et

allocquation de la somme s’il plaît à Monsieur le commissaire, soit….. 60 £

Chaire

Davantage ledit comptable a payé à Ian Briand Maître Menuisier la somme de soixante livres pour avoir

fait une chese (=chaire) en ladite chapelle de Kerfauoez suivant quittance du cinquième avril mil six

cent quatre-vingt-un Signé Ian Briand Le tout fait par l’advis dudit Recteur de ladite paroisse et le

général d’icelle dont il demande pareillement allocquation, soit 60 £

Comptes 1680-1681

Confessionnaux

Plus, il aurait à payer à Ian Briand maître menuisier la somme de vingt-sept livres (…) pour avoir fait

deux confessionnaux dans ladite chapelle comme il constate (?) par quittance dudit Briand du vingt-

cinquième 7-embre mil-six-cent quatre-vingt -deux de luy signé de laquelle somme il demande

décharge.

Dorure du retable de St Yves

Ledit comptable aurait encore payé à Yves Le Goulliez maître doreur de la ville de Lannion la somme

de septante-et deux livres pour le marché d’étoffer et dorer ledit retable de Saint Yves et

l’anontiation (?) dans ladite chapelle de Kerfaouez fait par l’advis du Sieur Recteur de la paroisse

suivant acte passé avec ledit Le Goulliez le vingt et neuvième juillet.

Comptes 1684-1685

Marché des niches

Suivant acte du vingt-troisième novembre mil six cent quatre-vigt-cinq ledit comptable aurait par

l’advis du Sieur Recteur de la paroisse de Ploubezre et autres particuliers d’icelle paroisse fait marché

avec Ian Briand Me menuisier et sculpteur .. dudit Ploubezre pour faire deux niches dans ladite

chapelle de Kerfaouez pour mettre aux deux boults du grand autel d’icelle pour la Somme de trente-

cinq livres dix sous comme il est rapporté dans l’acte du marché

… aurait payé audit Briand à valoir la somme de 35 livres et dix sous …

D’avantage Il a payé à Ian Briand M e menuisier et sculpteur dudit Ploubezre la somme de soixante et

une Livres dix sous pour le (parfayre ?) du marché que François Le Gordot ( ??) (a présenté ??) ladite

descharge audit faict avecq ledit Briand de faire deux niches en ladite chapelle comme on doit par

acte du 23 ème février 1685 pour la somme de soixante-une livres dix sous, (…)

Dorure des 2 niches

Ledit (… …) aurait par acte du quatorzième juillet dernier ( ?) faict marché par l’advis dudit Recteur et

autres desnommés de ladite paroisse avecq Bertrand Bayr Maître doreur de la Ville de Lannion de

dorer et étoffer les deux niches estant faictes (….) au deux boults du Grand autel d’icelle chapelle

pour et en (… …) de la somme de cent trente livres, (…)

Balustre du marchepied du maître-autel

Le comptable aurait payé encore audit Ian Briand (…) pour le nombre de soixante livres, journées

qu’il aurait faictes de travail pour faire une balustre de nouveau qu’il a fait faire à l’autour du

marchepied du grand autel de ladite chapelle (à) la place de ceux qui estaient du précédent lesquels

étaient trop courts la Somme de Soixante et onze livres neufs sous …. Vingt-cinq avril 1686

 

 

SOURCES ET LIENS.

— AMEMIYA (Hiroko) 2005, Vierge ou démone, exemple dans la statuaire bretonne, Keltia éditeur, Spézet. 269 p. page 176. Version remaniée de la thèse de 1996.

— AMEMIYA (Hiroko) 1996, Figures maritimes de la déesse-mère, études comparées des traditions populaires japonaises et bretonnes thèse de doctorat d'études littéraires, histoire du texte et de l'image  Paris 7 1996 sous la direction de Bernadette Bricout et de Jacqueline Pigeot. 703 pages Thèse n° 1996PA070129

Résumé : Le thème principal de cette étude est de voir quel rôle la femme non-humaine - et notamment la femme qui appartient au monde maritime - a joué au japon et en Bretagne, à travers les récits relatifs à l'épouse surnaturelle. Pour la Bretagne, les recherches s'étendent également sur l'iconographie religieuse représentant l'être semi-humain telles la sirène et la femme-serpent. La région conserve dans ses chapelles de nombreuses statues des xvie et xviie siècles figurant ce type faites par des artisans locaux. L'imagination populaire s'épanouit ainsi dans la femme non-humaine de deux façons en Bretagne : dans l'expression orale et dans l'expression plastique ce qui nous offre une occasion inestimable d'étudier leur compatibilité dans leur contexte socioculturel. Les récits qui traitent le thème du mariage entre l'être humain et l'être non-humain révèlent la conception de l'univers d'une société. L'autre monde ou les êtres de l'autre monde sont en effet une notion fonctionnelle qui permet a la société de maintenir l'ordre interne par une intervention externe fictive : la suprématie du fondateur du japon s'explique par la transmission d'une puissance surnaturelle par sa mère du royaume maritime, alors qu'en bretagne, la destruction de la cite légendaire d'Is est causée par une fille maudite née d'une fée. Le premier volume de cette étude est composé de trois parties : i. L'autre monde dans la tradition populaire au japon, ii. Récits relatifs au mariage au Japon et en Bretagne, iii. Iconographie d'une femme semi-humaine. Le deuxième volume est un inventaire des différents types de représentation semi-humaine en bretagne.

 

 

—COUFFON, René, 1939, « Répertoire des églises et chapelles de Saint-Brieuc et Tréguier. Second fascicule », Société d’émulation des Côtes-du-Nord. Bulletins et mémoires, 71, 1939, p. 141.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f169.item

 

— FRANCE (Abbé), 1885, excursion, Bulletin archéologique de l'association bretonne, volume 27 page 9

https://www.google.fr/books/edition/Bulletin_arch%C3%A9ologique_de_l_Association/McVLAAAAMAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22vitraux%22+%22kerfons%22&pg=RA1-PA9&printsec=frontcover

— KERMOAL Christian), 2024,  Christian Kermoal, Notre-Dame de Kerfons. Essai d’histoire monumentale, Pabu, À l’ombre des mots, 2023, 412 p.

 

Isabelle Guégan, « Christian Kermoal, Notre-Dame de Kerfons. Essai d’histoire monumentale, Pabu, À l’ombre des mots, 2023, 412 p. », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 131-3 | 2024, 235-238.

https://journals.openedition.org/abpo/9618

— KERMOAL Christian), ,1886 Les notables de Ploubezre de la fin du XVe au XVIIIe siècle

 

— LE LOUARN, Geneviève. 1983 "La chapelle Notre-Dame de Kerfons". Rennes, Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, t. 60, 1983, p. 301-305.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f47279f486ba7.18741049/1983_25.pdf

— LE THOMAS (Louis), 1961 "Les Démones bretonnes, iconographie comparée et étude critique", Bulletin de la société Archéologique du Finistère t. 87 p. 175-175.

 —LÉCUILLER ( Guillaume), 2014, Chapelle de Kerfons (Ploubezre), Inventaire général, Gertrude, 2014. Dossier IA22132120 

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA22132120

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-de-kerfons-ploubezre/537c3869-09be-477c-a478-f17a69e1a52f

—NOTICE de 1936.

http://www.infobretagne.com/ploubezre-kerfons.htm 

 

 

 

 

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7 octobre 2024 1 07 /10 /octobre /2024 21:29

La statue de saint Matthieu (kersantite, vers 1630) par Roland Doré dans l'église Saint-Houardon de Landerneau.

 

 

PRÉSENTATION.

La statue de l'apôtre et évangéliste Matthieu qui a été sculptée par Roland Doré (1618-1663), notre meilleur sculpteur de kersanton en son atelier de Landerneau, est certes connue, puisqu'elle figure sur l'inventaire réalisé par Yves-Pascal Castel, et sur le catalogue raisonné du sculpteur par Emmanuelle Le Seac'h.

Elle est connue, mais elle n'est pas bien connue ; et je n'en découvre qu'une photo en ligne, publiée par Y.-P. Castel (ici, statue n°15, p.42).

Pourtant, moi qui me plait à vagabonder sur les routes de Bretagne à la recherche des œuvres doréennes (ses calvaires notamment),  qui n'aime rien tant que de partager mes découvertes (cf liens infra), et qui ait été enfin plusieurs fois visiter l'église Saint-Houardon de Landerneau, (en particulier son porche), j'ai dû constater, hier, que je n'avais pas encore rendu visite à cette statue de l'église de Saint-Houardon, dont j'avais pourtant mentionné l'existence

Roland Doré a sculpté 52 apôtres pour les diocèses de Léon et de Tréguier, et seules deux séries sont complètes, celles de Pleyber-Christ et celle de Plestin-les-Grèves. 

Roland Doré a d'abord travaillé , sans doute comme compagnon de l'atelier du Maître de Plougastel (1570-1621), en 1622 à Saint-Thégonnec pour la croix de Coslen, puis, reprenant un chantier du Maître de Plougastel,  il prend le titre de maître à Hanvec en 1621-1622 dans un acte de réparation de la croix du cimetière. Il atteint la maturité de son style lorsqu'il réalise le porche de Guimilau en 1624 (le chantier avait été débuté en 1606 par le Maître de Plougastel). Sous le porche de Guimiliau, les statues de Pierre et de Jean sont de ce dernier, Roland Doré exécute celles de Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Jude et Thomas (quatre autres staues en bois datent du XVIIIe).

Les autres statues, dont on peut penser qu'elles sont plus tardives,  se trouvent à :

  • Pleyber-Christ : 12 statues de 0,98 à 1 m de haut, 27 cm de large et 23 cm de profondeur. Roland Doré a aussi réalisé une décollation de saint Pierre au fronton intérieur du porche.

  • Plestin-les-Grèves : 12 statues de 1,18 à 1,22 m de haut, (et les statues de l'extérieur, un saint Yves et une Marie-Madeleine)

  • Trémaouézan :  11 statues de 1,60 m de haut. Celles de saint Pierre a été réalisée par le Maître de Plougastel en 1633 sous le rectorat d'Hervé Fily qui signe de ses initiales séparées par un calice sur un blason. Roland Doré a aussi réalisé une Vierge à l'Enfant pour une niche centrale  du porche.

  • Le Tréhou : 4 statues de 0,80 cm, des apôtres Pierre, Jean, André et Thomas, ainsi qu'une statue du Christ Sauveur. 

  • Saint-Thégonnec (1625, 1632 et 1635) : 3 apôtres Jean, Jacques le Majeur et Thomas (Pierre par le Maître de Plougastel). Roland Doré a aussi réalisé une Annonciation et Jean l'évangéliste  à l'extérieur du porche.

  • Pleyben (Vers 1642) : Jean et Jacques le Majeur.

  • Plougourvest : Jacques le Majeur. Roland Doré a aussi réalisé un Christ Sauveur au dessus de la porte d'entrée et une Vierge à l'Enfant  à l'extérieur du porche.

  • Landerneau église Saint-Houardon : saint Matthieu.

 

DESCRIPTION.

La statue mesure 140 cm.

Le saint est indubitablement un apôtre car il tient un livre et qu'il est pieds nus. Il tient également une lance (brisée) dans la main droite, et c'est cet attribut qui a conduit l'abbé Castel à l'identifier comme saint Matthieu (la lance est parfois aussi, chez d'autres artistes, l'attribut de Thomas). La statue en kersanton provient vraisemblablement d'un porche (celui de Saint-Houardon, dont les niches sont vides ?) et appartient tout aussi vraisemblablement à une série des 12 apôtres du Credo, comme peut en témoigner un phylactère (qui portait l'article du Credo) passant en diagonale au dessus de la lance.

La statue est facile à attribuer à Roland Doré, ne serait-ce que par les pupilles creusées caractéristiques.

Comme d'autres statues de l'église, elle a été scellée sur un dais gothique, récupéré quelque part, mais c'est un usage paradoxal puisque ces dais servaient, comme leur nom l'indique, à coiffer le haut des statues pour les honorer.

 

(*) Parmi les statues sculptées par Roland Doré à Plestin-les Grèves, si on accepte les déterminations d'E. Le Seac'h, saint Thomas tient une équerre et saint Matthieu une hallebarde, alors que c'est Mathias qui tient une lance. 

Il existe deux autres statues en kersanton d'apotres dans l'église, celle de saint Jean (XVIe siècle) et celle, attribuée au Maître de Plougastel,  de saint Jacques le Majeur (vers 1600). Une autre statue en kersanton du XVIe siècle, de 90 cm, posée sur un dais, représente un personnage barbu qui tient un cœur dans une couronne d'épines avec l'inscription PVLSATE ET APERIETVR (frappez et on vous ouvrira) : un Christ ?

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Saint Matthieu (Kersanton, Roland Doré) de l'église Saint-Houardon, Landerneau. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Matthieu (Kersanton, Roland Doré) de l'église Saint-Houardon, Landerneau. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Matthieu (Kersanton, Roland Doré) de l'église Saint-Houardon, Landerneau. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Matthieu (Kersanton, Roland Doré) de l'église Saint-Houardon, Landerneau. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Matthieu (Kersanton, Roland Doré) de l'église Saint-Houardon, Landerneau. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Matthieu (Kersanton, Roland Doré) de l'église Saint-Houardon, Landerneau. Photo lavieb-aile 2024.

Voir les œuvres de Roland Doré dans ce blog :

 

 

 

SOURCES ET LIENS.

— CASTEL (Yves-Pascal), TUGORES (M.M), 1984, Landerneau, patrimoine artistique et culturel. Edité par la municipalité de Landerneau

https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle_190/landerneau__patrimoine__artistique__et__culturel.pdf

— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du XVIIè siècle) , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Pages 97 à 156.

— CASTEL (Yves-Pascal), 1996, Du nouveau sur Roland Doré

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/52e804fd7d01573ff17156ea10bcef19.jpg

 — CASTEL in DANIEL, (Françoise), 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux : [exposition, Morlaix, Musée des Jacobins, juillet 1988] / [exposition conçue et réalisée par Françoise Daniel] Jacobins, juillet 1988] 1 vol. (56 p.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm  D'après les travaux d'Yves-Pascal  CASTEL  .

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_233/roland__dore__et__les_enclos__paroissiaux.pdf

"Doré s'est forgé un style si reconnaissable que certains amateurs se refusent à y déceler ces variations, subtiles mais réelles, qui font d'un simple praticien un artiste véritable qui s'attache à renouveler sa manière.

Les anatomies des personnages se cachent sous des étoffes lourdes, les mains sont stylisées, les pieds nus dépassant la tombée des plis des tuniques se réduisent à un rang de billes inégales... Tout cela pourrait faire illusion sur le talent de l'artiste encore que nous le verrons, on repère des exceptions.

Mais il y a les visages !

Fronts bombés, lisses ou creusés de rides, selon l'âge ou le sexe des personnages, ligne des arcades sourcilières larges et franches, pommettes pleines et arrondies, un visage de Doré se reconnaît presque toujours.

Les yeux, où se réfugient la manière et les intentions de l'artiste, tout comme ses manies et ses tics, sont particulièrement typés. Les paupières en amande ont le sillon palpébral toujours indiqué. En ceci, Doré se démarque franchement du maître du calvaire de Plougastel-Daoulas, qui , supprimant tout sillon, donne toute l'importance au globe oculaire. Au contraire, dans une option naturaliste

, Doré concentre l'intérêt sur l'iris. Il marque la pupille d'un creux expressif, dont la direction invite le regard de l'observateur à une mobilité qui participe à la vie de ces faces minérales.

Le sillon naso-labial est creusé, plus ou moins, s'articulant sur des lèvres relativement fines.

L'étonnant, dans ce traitement des visages, est qu'il contraste, mis à part les traits incisifs des chevelures et des barbes, avec l'agencement des drapés des vêtements et de leurs plis.

Des étoffes opaques qui masquent les corps, nous l'avons dit, dissimulant les anatomies, en quoi Doré s'engage dans un hiératisme qui l'éloigne du style de l'époque dans laquelle il s'insère. Encore que certaines grandes pièces, telle la Vierge de l'Annonciation de Saint-Thégonnec, invitent à tempérer ce jugement.

Les drapés, calmes et amples, se déploient en pans sculpturaux soulignant la majesté des volumes, tels ceux de la Madeleine du groupe de Notre-Dame-de Pitié si fascinant de Senven-Lehart.

Si les drapés sont stylisés, l'origine de leurs plis n'en demeure pas moins naturelle, structurant, en les animant tout à la fois, les silhouettes. Les plis, formés sur des étoffes épaisses et fermes, captent avec vigueur les ombres d'une sculpture destinée à vivre en plein vent, plus qu'à habiller des corps qui se font oublier.

Plis en becs caractéristiques sur les flancs des blocs sculptés. Plis en volutes, simples ou composés, aux lisières latérales. Plis en volutes simples à queue d'aronde, à étages et bouillonnants dans les pans des manteaux rebrassés. Plis couchés et repassés se chevauchant les uns les autres. Plis en accordéon, sur les manches ajustées. Plis en éventail sur les bras qui portent le manteau."

 

— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne : les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

 

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Published by jean-yves cordier - dans Kersanton Roland Doré Landerneau XVIIe siècle.
21 mai 2024 2 21 /05 /mai /2024 20:11

L'église Saint-Monna de Logonna-Daoulas et son ossuaire : les armoiries des Rosmorduc et des Le Gentil de Rosmorduc (après 1608).

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Voir : 

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PRÉSENTATION.

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Mon propos n'est pas de rédiger une notice nobiliaire, et la famille noble de Rosmorduc, dont Logonna est le  fief héréditaire  qui dès le XIIIe siècle englobait le territoire de la commune actuelle avec d'importantes emprises dans les paroisses voisines, est bien connue. Je m'intéresse plus à décrire, et à faire admirer et comprendre, les objets du patrimoine monumental que les familles de la noblesse. Toutes les données sont déjà connues, je me soucie surtout d'en publier les images commentées.

Rappel :

1.Les terres de Rosmorduc appartiennent à la famille éponyme depuis le 13e siècle (Salomon de Rosmorduc, cité en 1265), le manoir primitif ayant été un édifice fortifié. Un nouvel édifice est construit au milieu du 16e siècle puis transformé au début du 17e siècle après l'alliance avec la famille des Le Gentil. Délaissé au 18e siècle, le manoir est saisi comme bien national à la Révolution, puis transformé en ferme. Il a été racheté par la famille de Rosmorduc.

2. Au XVe siècle la maison noble de Rosmorduc appartenait en 1405 à Guyon. Réformation de 1426 :Olivier Rosmorduc. . Réformation de 1536 : Michel Rosmorduc.

3. Guillaume de Rosmorduc, seigneur du dit lieu, a restauré en 1495 le pignon nord de l'église ou chapelle du Rosaire et y établit l'enfeu familial.

4. L'église de Logonna était un prieuré de l'abbaye de Daoulas. Le chanoine prieur en 1538 était Guillaume de Rosmorduc (succédant à Charles Jégou) jusqu'en 1548, date à laquelle Olivier Le Jeune lui succède.

5. La famille LE GENTIL, seigneurs de Coëtninon et de Pencran, portant d'azur à un serpent volant d'or s'est alliée à la famille de ROSMORDUC par le mariage, en 1608, d' Alain LE GENTIL, écuyer, avec Anne de Rosmorduc portant d'argent aux trois roses de gueules.

Les Rosmorduc, puis les Le Gentil de Rosmorduc, ont fait figurer les armoiries dans l'église, sur l'ossuaire, et sur la chapelle Sainte-Marguerite (vitraux) et la chapelle Saint-Jean.

Ma précédente description des vitraux de la chapelle Sainte-Marguerite de Logonna-Daoulas m'a fait découvrir les  armoiries des deux familles des Le Gentil et des Rosmorduc,  et du couple Jacques Le Gentil de Rosmorduc et de Mauricette de Ploeuc. Je poursuis mon inventaire à l'église et sur l'ossuaire.

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I. L'ÉGLISE. 

 

Ma visite de l'église Saint-Monna de Logonna me permet de constater que les armes de ces familles sont sculptées à trois reprises dans l'église (sans compter les vitraux  généalogiques modernes) :

  • Enfeu de Rosmorduc dans le bras nord du transept (vers 1495?).
  • Armes de Rosmorduc en hauteur, à l'angle nord du bras du transept.
  • Armes de Le Gentil et Rosmorduc sur un banc seigneurial daté de 1608.

L’ensemble de l’église date du 17e et du début du 18e siècle. Un pilier porte la date de 1623. La façade occidentale et sa tour-clocher ont été érigés au 17e siècle en deux campagnes de constructions : la partie basse porte la date de 1618 ; la tour-clocher porte la date de 1667. Des parties antérieures au 17e siècle il ne reste rien, la nef, les bas-côtés, le double transept et le chevet ayant été reconstruits au début du 18e siècle, comme l’indique les nombreuses inscriptions marquées sur les façades. Ces éléments héraldiques ont donc valeur de témoignage.

 

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Selon Henri Pérennès :

"Les prééminences et droits honorifiques dans l'église de Logonna appartenaient de temps immémorial ab omni aevo et tempore immemorabili, à la maison de Rosmorduc, ainsi que l’atteste un décret de l'Official de Quimper, en date du 11 Juillet 1495. Reconnus par un acte prônal du 2 Mars 1597 et par un procès-verbal du sénéchal de Quimper, du 29 Mars 1668, ces prééminences furent encore confirmées par une sentence du Présidial de Quimper, rendue, le 8 Février 1685, contre le duc de Richelieu, qui, en qualité de seigneur du Faou, avait cru pouvoir disputer au seigneur de Rosmorduc la première place dans le choeur. " La cause et l’origine des prééminences dont est question, est-il dit dans une des pièces de la procédure, vient de la munificence et des libéralités que les prédécesseurs dud. seigneur de Rosmorduc ont faites jadis à lad. esglise parroissialle de Logonna. Ils ont autrefois contribués non seulement à la structure et édiffice, restauration et réparation de lad. esglise, mais encore à la fourniture des ornements nécessaires pour le service divin et à la manutention et entretennement de lad. église, en plusieurs autres mannières. Ce qui est auhenticquement prouvé et explicqué, en termes fort élégans, par les lettres en datte du 11 Juillet 1495, contenant un décret de l'Official et Grand Vicquaire du seigneur Evesque de Quimper ».

Ces prééminences consistaient, pour les seigneurs de Rosmorduc, à avoir leurs armoiries dans les vitres de l’église et au sommet du premier pilier de la chapelle du Rosaire. Ils possédaient également une voûte et tombe « enlevée », avec leurs armes, dans le choeur, du côté de l'Evangile, ainsi que cinq tombes plates, également de ce côté, sur lesquelles était placé leur banc clos à queue et accoudoir. Enfin ils avaient encore une voûte et tombe armoriées dans le sanctuaire de la chapelle du Rosaire, et un caveau sous l’église, derrière le maître-autel. Le choeur, ou chanceau, se trouvait autrefois en avant du maître-autel, et était séparé de la nef par une traverse de bois, reposant au haut de deux piliers et portant en son milieu un grand crucifix. Il était réservé au clergé et au seigneur de Rosmorduc, qui y avait son banc."

 

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I. L'enfeu aux armes de Rosmorduc (trois roses) et de la famille Le Gentil de Rosmorduc . Extrémité orientale de l'élévation nord.

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Rappel : un enfeu est  une niche à fond plat, pratiquée dans un édifice religieux et destinée à recevoir un tombeau ou la représentation d'une scène funéraire (gisant par exemple). Mais en Basse-Bretagne, c'est un monument des bas-côtés, souvent armorié au sommet et au départ de l'accolade, et parfois sur la dalle, mais sans fonction funéraire, les corps des seigneurs étant ensevelis dans le sol de la chapelle ou de l'église, le plus près du chœur et notamment "du côté de l'évangile", au nord du chœur.

Selon Henri Pérennès, "Le pignon nord de l'église, c'est-à-dire la chapelle du Rosaire, où l'on voit un bel enfeu du Moyen Age, aux armes de la maison de Rosmorduc, a été restauré une première fois, en 1495, par Guillaume de Rosmorduc, seigneur du dit lieu. Plus tard, en 1597, cette chapelle fut agrandie par Michel de Rosmorduc, arrière-petit-fils de Guillaume, dont on voit les armes au sommet du premier pilier. "

C'est donc tout le bras nord du transept qui servait de chapelle seigneuriale aux Rosmorduc.

Cet enfeu en pierre de kersanton du bras nord du transept associe trois représentations armoriées :

1. Les armes de Rosmorduc au sommet de l'arcade.

2. Les armes de Rosmorduc au centre d'une croix bourgeonnée, sur la dalle horizontale (cachée par les bancs sur ce cliché) 

3.  Les armes sous la couronne de comte, dans des palmes nouées, de l'alliance Le Gentil (serpent volant) et Rosmorduc (trois roses)

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Je pense que l'enfeu initial, créé par un seigneur de Rosmorduc  (Guillaume, en 1495, par exemple, ou Michel vers 1597), a  été complété dans un second temps par le riche blason couronné des Le Gentil de Rosmorduc, forcément après 1608 (mariage d'Alain Le Gentil et d'Anne de Rosmorduc), mais même un peu plus tard à la fin du XVIIe siècle s'il faut justifier la couronne comtale, voire même plus tard encore. 

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1°) Le blason de Rosmorduc (Bas-relief, kersanton).

À la jonction des deux arcs moulurés de l'accolade, les trois roses (8 et 6 pétales autour d'un bouton) témoignent des prééminences des Rosmorduc avant leur alliance avec les Le Gentil. Si ces armes étaient peintes, nous blasonnerions ici d'argent à trois roses de gueules boutonnées d'or, les fleurs rouges sur fond blanc ayant un  bouton peint en jaune.

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Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

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2°)  Les armes de Rosmorduc (bas-relief, kersanton) au centre de la croix bourgeonnée.

Sur la dalle 

 

Les armoiries de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Les armoiries de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

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3°)  Le blason de Le Gentil de Rosmorduc (bas-relief, kersanton, après 1602) installé sur la façade de l'enfeu.

Cet écartelé associe en 1 et 4 le serpent volant (Le Gentil) et en 2 et 3 les trois roses de Rosmorduc . Les armes de Le Gentil sont d'azur au serpent (alias dragon) volant d'or.

Il est entouré de deux palmes nouées, comme à la chapelle Sainte-Marguerite et sur l'ossuaire.

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Les armoiries de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Les armoiries de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

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II. En haut à l'angle sud-est du bras nord du transept (ou chapelle des Rosmorduc), les armes des Rosmorduc.

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Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

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III. Contre le mur ouest du bras nord du transept (ou chapelle des Rosmorduc), le banc seigneurial des Le Gentil de Rosmorduc (1608).

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On remarquera que la date inscrite sur le nbanc est aussi celle du mariage d'Alain Le Gentil et d'Anne de Rosmorduc.

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Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.

Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.

Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.

Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.

Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.

Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.

Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.

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L'OSSUAIRE (après 1608) ADJACENT À L'ÉGLISE, ANGLE SUD-EST DU PLACÎTRE ET DE SON CIMETIÈRE.

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Cet ossuaire de plan rectangulaire a trois fenêtres du coté nord, deux fenêtres et une porte cintrée au sud. Il mesure 7 m. 50 de longueur, 4 m. 50 de largeur, avec une hauteur moyenne de 6 mètres.

 

Photo IGN

 

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Il différe radicalement des ossuaires des enclos de Basse-Bretagne (La Roche-Maurice, La Martyre, Ploudiry, Pencran, Hanvec 1653, Landivisiau, Saint-Pol-de-Léon, Pleyben, Sizun, Saint-Yvi, Saint-Thégonnec, Guimilaiu, Lampaul-Guimiliau Plougonven, etc, et d'alleurs Jean-Marie Abgrall, si exhaustif, ne le cite pas dans sa monographie :

Rappel  sur les ossuaires bretons d'après le chanoine Abgrall :

Les ossuaires bretons sont tantôt appuyés à l'église, tantôt isolés.

Les reliquaires d'attache sont parfois enclavés dans l'église, généralement à l'angle sud-ouest. Ils occupent assez souvent l'un des angles rentrants du porche. Ils sont parfois situés entre deux contreforts ou à la base du clocher.

Les ossuaires formant un monument isolé de l'église sont généralement situés contre le mur de clôture du cimetière, souvent au sud-ouest. Ceux de Saint-Thégonnec, Lampaul-Guimiliau, Sizun, Saint-Germain de Plogastel, sont soudés à l'arc de triomphe.

Ces ossuaires affectent généralement une forme rectangulaire ; ceux de Lampaul-Guimiliau et de Saint-Thégonnec sont terminés par une abside à pans du type de celles conçues par Philippe Beaumanoir. L'ossuaire de Kermoroch (Côtes-d'Armor) est octogonal, c'est le seul de cette forme.

Dans quelques-uns de ces ossuaires une partie était réservée aux ossements, l'autre, éclairée par une grande fenêtre percée dans l'un des pignons, servait de chapelle pour les cérémonies funèbres.

Les ossuaires de l'un et l'autre type comportent généralement un ou deux bénitiers, rarement plus , cependant quelques-uns en sont dépourvus. Ces bénitiers servaient à asperger d'eau bénite les ossements pieusement recueillis ou le cercueil qui y était exposé.

Liste :

Argol (1665), Audierne (XVIème siècle), Chapelle de Perguet à Bénodet (1595), Brasparts, Chapelle de N.-D. à Châteaulin, Châteauneuf-du-Faou, Cleden-Poher, Le Cloitre-Pleyben (XVIIème siècle), Combrit (1700), Commana (XVIIème siècle), Daoulas (XVIIème siècle.), Erqué-Gabéric (XVIIème siècle), Le Faou (1603), Gouesnou, Goulven (XVIIème siècle), Guengat, Guilers-Brest, Guimiliau (1648), Guisseny (1743), Hanvec (1653), Irvillac, Kerlaz (1572), Lampaul-Guimiliau (1667), Landerneau (1635), Landivisiau vers 1615, Lanhouarneau (XVIIème siècle), Lannedern (vers 1660), Loc-Eguiner, Ploudiry, Locmelar (1660), Loctudy (XVIIème siècle.), La Martyre (1619), Meilars (1528), Mespaul (XVIIème siècle), Pencran (1694), Penmarch, Plabennec (1747 et 1771), Pleyben (XVIème siècle), Pleyber-Christ (1738), Plogastel-Saint-Germain, Plomeur, Ploneis, Plonéour-Lanvern (1562), Plonevez du Faou, Plouarzel, Ploudiry (1635), Plougonven, Plougoulm, Plouguerneau, Ploujean (XVIème siècle), Plounéour-Menez (XVIIème siècle), Plounéour-Trez, Plourin. Plouvien. Quinerc’h (1579), Quimper (1514, démoli vers 1840), Redené, La Roche-Maurice (1639), Roscoff (XVIIème siècle.), Saint-Divy-la-Forêt (1506), Saint-Herbot (1558), Saint-Hernin (1697), Saint-Jean-du-Doigt (1618), Saint-Nic (1561), Saint-Servais. Saint-Thégonnec (1676), Saint-Vougouy, Saint-Yvi, Sibiril (1743), Sizun (1585-1588), Spézet, Taulé (XVIème siècle), Trémaouezan."

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L'ossuaire de l'église de Logonna-Daoulas  diffère notamment de ces ossuaires par deux aspects : d'une part l'abondance des armoiries, qui le désignerait plutôt comme une chapelle funéraire seigneuriale, et d'autre part par l'absence des éléments caractéristiques des ossuaires : bénitiers (nécessaires au geste d'aspersion des ossements), larges baies non vitrées d'exposition de ces ossements, crossettes emblématiques, inscriptions à type de Memento mori, et ornements sculptés macabres (crânes et fémurs entrecroisés) ou bien présence de l'Ankou armé de sa flèche.

J'ignore s'il existe des données d'archives attestant de l'usage de cet édifice comme ossuaire paroissial. Je reprends la dénomination consacrée par l'usage.

L'intérêt de ce monument est principalement héraldique, car il est orné dix fois des armes en bas-relief d'Anne de Rosmorduc et d'Alain Le Gentil, et de leurs familles maternelles. L'"ossuaire" peut donc être daté malgré l'absence de chronogrammes, de l'année 1608, ou être postérieure de cette date de quelques années.

Inventaire :

  • Sur la façade orientale (nord-est exactement)  : trois baies rectangulaires aux linteaux sculptés d'accolade. Aucune armoirie.
  • Pignon sud : un oculus. En hauteur, armes des Le Gentil (dragon ailé), kersanton.
  • Façade occidentale : une porte haute. Deux portes murées de chaque côté. Linteau armorié en pierre de Logonna avec les armes mi-parti Le Gentil/Rosmorduc, entourées de l'aigle bicéphale de Jeanne de Kerleuguy mère d'Alain Le Gentil, et du cerf d'Isabeau Le Jeune mère d'Anne.
  • Pignon nord : porte rectangulaire haute ornée d'une clef armoriée (deux animaux se faisant face ?). Au dessus, armes des Le Ge