J' ai d'abord rencontré cette araignée, Pisaura mirabilis, près d'une fleur de plantain.
J' avais appris alors que la femelle de Pisaure transporte ses oeufs dans un cocon qu'elle transporte avec ses pattes mâchoires jusqu'à ce que l'éclosion soit proche. Elle fixe alors le cocon à des herbes et l'entoure d'une tente de soie. dans cette pouponnière vont alors naître les petites pisaurettes qui vont y rester à l'abri des prédateurs jusqu'à leur seconde mue, où ils seront capables de se nourrir. Les Pisaures ne tissent pas de toile mais chassent ses proies en se déplaçant dans les herbes basses.
De retour chez moi, sorti la nuit dans mon jardin pour chercher des papillons de moeurs nocturnes, je remarquais sur un massif de bruyères une femelle grimpée en haut d'une tige et portant son cocon blanc. Et puis à coté une autre, et encore une autre... toutes au sommet des bruyères comme si elles voulaient exposer leur petite boule blanche à la lune. Le lendemain, en plein jour, impossible de les revoir, mais les nuits suivantes je les retrouvais.
Enfin un matin je constatais l'apparition de la fameuse pouponnière abritant de minuscules araignées.
Ce que je ne vis pas, mais dont on entend souvent parler, c'est comment le mâle, pour éviter d'être dévoré pendant l'accouplement, prend la précaution de présenter à la femelle une proie enveloppée dans la soie.
Cette histoire de présent entouré de soie me fait penser à une anecdote qui n'a rien à voir avec les femelles dévoratrices : Laure Hayman, cette demi-mondaine qui a servi de modèle pour Odette dans A la recherche du temps perdu, offrit un jour à Marcel Proust un exemplaire de la nouvelle de Paul Bourget, Gladys Harvey , dont elle était aussi le modèle, en y inscrivant la mention : "Ne rencontrez jamais une Gladys Harvey ".
Elle avait fait relier cet exemplaire de la soie de l'un de ses jupons....