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19 avril 2014 6 19 /04 /avril /2014 21:13

 Le Credo prophétique et apostolique et la maîtresse-vitre de l'église de Quemper-Guezennec (22).

 

 

1. Cette verrière de Quemper-Guezennec possède une verrière consacrée à un Credo prophétique et apostolique, c'est à dire que le Credo est divisé en douze article, chacun d'entre eux présenté par un apôtre avec son attribut selon une distribution fixée depuis longtemps ; en outre, un prophète de l'Ancien Testament est associé à chacun des apôtres et présente un verset de la Bible considéré comme une préfiguration de l'article de foi. Cette succession des apôtres et des prophètes était très fréquente, notamment en sculpture dans les porches des sanctuaires, mais il est assez rare de disposer aujourd'hui de la série complète et d'un texte complet, car beaucoup de phylactères sculptés anciens ont perdu leur inscription. Cet appariement entre prophètes et apôtres suppose une profonde pensée théologique, typique notamment de la pensée médiévale, et qui s'illustre dès les débuts du vitrail religieux en France, à Saint-Denis avec Suger comme à Chartres (Prophètes de l'Arbre de Jessé). Aborder ce thème revient à embrasser un champ très large de la réflexion de l'Église depuis la Patristique jusqu'à l'École de Chartres, par exemple. C'est le premier intérêt de ce vitrail, le seul en France à présenter la série complète.

  2. En outre, il s'agit d'une verrière de 1460-1470, d'une facture comparable à celle de Lantic (22), et due aux verriers de Tréguier Olivier Le Coq et Jehan le Lavenant, et qui permet une étude stylistique intéressante.

3. Son troisième "intérêt", qui est plutôt une source de désarroi, fut de constater que la description princeps —reprise par les auteurs suivants— de René Couffon en 1935 contenait des incohérences par rapport à ma propre lecture des versets prophétiques ou de l'identification des saints personnages, et des difficultés de détermination de ceux-ci.

                                            

Cette verrière fut sauvée par une restauration du peintre-verrier Félix Gaudin de 1899, restauration très zélée au bon sens du terme mais qui, trop souvent à mon goût, "sent son XIXe siècle". Avait-elle été à l'origine de confusions ?  La version originale des citations accouplés des versets prophétiques et des articles du Credo a-t-elle été modifiée?

 

                       

                    DESCRIPTION.

 

 

C'est une baie de 8,50 m de haut et de 3,70 m de large composée de six lancettes trilobées et d'un tympan ajouré formé de trois fleurons de treize ajours, de deux mouchettes et d'écoinçons. 

                       Quemper-Guezennec 1307c

 


                    LES LANCETTES.

Le Credo illustré ici ne correspond pas au Symbole de Nicée-Constantinople (celui que l’on récite durant la Messe), mais à la formule plus synthétique du Symbole des apôtres, qui aurait été transmis directement aux apôtres par l'Esprit Saint. Son texte latin date du IIe ou du Ve siècle.

 La déclinaison du Credo débute par le haut et la gauche, m'imposant ce sens de présentation des panneaux. Je  propose la liste suivante du prophète, de l'apôtre et de son attribut, en indiquant les identifications de René Couffon en cas de désaccord. Cette lecture est, semble-t-il, la première à vérifier les sources des citations et la pertinence des identités, elle est donc sujette à caution et  souhaite déclencher une discussion.

1. Jérémie et Pierre. Clef

2. David et André. Croix de saint-André.

3. Isaïe et Jacques le Majeur. Bourdon et chapeau.

4. Daniel et Jean. Coupe de poison.

5.  Jonas et Philippe. Croix à longue hampe. (Malachie et Thomas R.C)

6.  Amos et   Thomas . La  Hache ou Hallebarde. 

7. Joël et Barthélémy. Coutelas.  (Sophonie et Barthélémy R.C)

8. Aggée et Matthieu. Plume d'écrivain. (Joël et Matthieu R.C)

9. Sophonie et Jacques le Mineur. (Michée et Jacques le Mineur R.C)

10. Zacharie et Jude Thaddée?. Hallebarde  (Zacharie et Philippe R.C)

11. Ezéchiel et Simon. La scie. (Osée et Simon R.C)

 12. Abdias et Mathias. (Ezéchiel et Mathias R.C)

 

Ces appariements et les citations prophétiques seront mis en parallèle avec ceux de :

  • Psautier de Jean de Berry, (PsJDB), BNF latin 13091, Enluminures de André Beauneveu  : 1380-1400 
  • Cathédrale de Cambrai 1404.
  • Baptistère de Sienne, fresques de Lorenzo di Pietro en 1450.

 

I. REGISTRE SUPÉRIEUR.

 

Quemper-Guezennec 1319c


1. Jérémie et saint Pierre.

"Très restaurés, dont les têtes" (Corpus Vitrearum, abrégé C.V)

a) JérémiePatrem invocab[itis] qui terram Ieremi 

 = Correspondance biblique : attribué à Jérémie, et retrouvé dans la plupart des autres Credo (Psautier de Jean de Berry, Cambray, Sienne, cathédrale de Cambrai etc.) sous la forme complète Patrem invocabitis qui terram fecit et condidit celos  (Le père vous appelle qui a fait le ciel et la terre). Mais cette citation ne correspond pas au texte de Jérémie malgré des références proposées dans la littérature Ez.3:19 ou 29:12 et 10:12 ; Isaïe 51.

"Mgr Brunod pense qu'il s'agirait d'une interprétation de Jérémie 10:12. Ce pourrait être aussi simplement une interférence entre deux textes, Jérémie3:19 et le texte que G. Durand attribue à david "A principio terram fundasti et opus manuum tuarum caeli Psaume 101:26" F. Gay, Colloque Pensée, image et communications 1993 p. 185.

-Attributs (non spécifiques) : bonnet à oreillette, barbe bifide

— Voir Psautier Jean de Berry folio 7v    : Jérémie : Patrem invocabitis qui terram fecit et condidit celos / Le père vous appele qui a fait le ciel et la terre.



b) Saint PierreCredo i[n] D[eu]m, P[a]trem omnipotentem [, creatorem caeli et terrae.].

— Article de foi : Credo in Deum, Patrem omnipotentem, creatorem caeli et terrae. "Je crois en Dieu le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre." 

—attributs spécifiques: clef ; calvitie à tonsure. Barbe frisée. Pieds nus, "attribut" propre à tous les apôtres. Nimbe, commun aussi à tous les apôtres de cette vitre, avec des variations autour d'un motif à rang de perles en périphérie. Robe, dont seule la couleur changera selon les apôtres, et manteau blanc galonné d'or, commun à tous.

— Dallage bicolore dont on suivra de panneau en panneau les variations alternant les carrés divisés en triangles, ou centrés par une perle ombrée, les damiers, les hexagones à triangles, les losanges, etc.

— PsJDB folio 8                

                                      Quemper-Guezennec 1302c


2. David et saint  André.

"Très restaurés, dont la tête de saint André" (C.V)

a) David : filius meus es ego hodie genui te

= Psaumes 2:7 : Domine dixit ad me : Filius meus es tu ego hodie genui te (Vulgate)  "Je publierai le décret : Yahvé m'a dit : Tu es mon fils, je t'ai engendré aujourd'hui".

 — attributs (non spécifiques) : couronne du roi David, chape damassée, barbe et cheveux longs.

— PsJDB folio 11v : David : Dominus dixit ad me filius meus es tu/ Le seigneur m'a dit tu es mon fils (JDB). Voir Paul, Épitre aux Romains 1,4.

— A Cambrai David (II,7) : Filius es tu ego hodie genui te 

 

—  selon le recensement d'Emile Mâle :David : Dominus dixit ad me filius meus es tu.

 

 

b) Saint AndréEt in Iesum Christum Filium eius unicum , Dominum nostrum. Andreas  

— Article de foi : "Et en Jésus-Christ son Fils unique Notre Seigneur".

— attributs : croix de Saint-André.

— PsJDB folio 12

                    

 

                                           Quemper-Guezennec 1303c

 

 

 


3. Isaïe et saint Jacques le Majeur.

"Très restaurés, dont la tête de saint Jacques et le panneau inférieur" (C.V)

a) Isaïe :  Ecce virgo concipiet et pariet .

= Isaïe, 7:14, Ecce virgo concipiet et pariet filium, et vocatibur nomem ejus Emmanuel : "une vierge concevra, elle enfantera un fils qui sera appelé Emmanuel".

— attributs : coiffure et vêtement de prêtre juif.

— PsJDB folio 13v  : Isaïe, VII, 14, Ecce virgo concipiet et pariet filium, et vocatibur nomem ejus Emmanuel : . Une vierge qui conchevra et un fix enfantera. (JDB)

— A Cambrai, ou au Baptistère de Sienne, ou pour E. Mâle, la même citation d'Isaïe est reprise.


b) Saint Jacques le Majeur : [qui conceptus est de Spirituo Sancto n]atus est Maria Virgine. Jacobus

— Article de foi : "...qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la Vierge Marie" )

 

— attributs : Bourdon (?) et besace des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle ; objet bilobé suspendu autour du cou.

— remarque : la partie haute du bâton ressemble d'avantage au bâton de foulon de Jacques le mineur qu'à un bourdon. Absence du chapeau caractéristique de Jacques le Majeur, bien que cet objet autour du cou correspond peut-être à la bride d'un chapeau jadis porté derrière la nuque sur la version initiale. Absence de coquille Sait-Jacques. Bref, aucun critère d'identification certaine.

PsJDB folio 14 : on ne voit dans l'enluminure pas de bourdon, pas d'avantage de chapeau, mais la coquille est un critère sans ambiguïté.

                                                    Quemper-Guezennec 1304c

 

 

Quemper-Guezennec 9216c


4. Daniel et saint Jean l'évangéliste.

Le  plus bel ensemble à mon goût.

a) Daniel :   Post LXII edomadas

: Daniel 9:26: et post ebdomades sexaginta duas occidetur christus :"Après soixante-deux semaines d'années, Christ sera tué"

Contexte (Trad. L. Ségond): 

21 je parlais encore dans ma prière, quand l'homme, Gabriel, que j'avais vu précédemment dans une vision, s'approcha de moi d'un vol rapide, au moment de l'offrande du soir.

22 Il m'instruisit, et s'entretint avec moi. Il me dit: Daniel, je suis venu maintenant pour ouvrir ton intelligence.

23 Lorsque tu as commencé à prier, la parole est sortie, et je viens pour te l'annoncer; car tu es un bien-aimé. Sois attentif à la parole, et comprends la vision!

24 Soixante-dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour faire cesser les transgressions et mettre fin aux péchés, pour expier l'iniquité et amener la justice éternelle, pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le Saint des saints.

25 Sache-le donc, et comprends! Depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie jusqu'à l'Oint, au Conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines, les places et les fossés seront rétablis, mais en des temps fâcheux.

26 Après les soixante-deux semaines, un Oint sera retranché, et il n'aura pas de successeur. Le peuple d'un chef qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin arrivera comme par une inondation; il est arrêté que les dévastations dureront jusqu'au terme de la guerre.

27 Il fera une solide alliance avec plusieurs pour une semaine, et durant la moitié de la semaine il fera cesser le sacrifice et l'offrande; le dévastateur commettra les choses les plus abominables, jusqu'à ce que la ruine et ce qui a été résolu fondent sur le dévastateur.

— PsJDB folio 15v: Zacharie 12,10: Ascipiens ad me, quem confixierunt / En moy regarderont leur Dieu lequel cruchefierent. ("ils tourneront les regards vers moi, celui qu'ils ont percé)"

— Baptistère de Sienne: Ezechiel : Signa Thau gementium  : selon une vieille tradition généralement acceptée dans les milieux patristiques, la forme de la lettre grecque tau correspond à une croix; l’extrait d’Ezéchiel est ainsi interprété comme une référence au salut du genre humain à travers le sacrifice du Christ. Voir le vitrail typologique de Saint-Denis.

— Emile Mâle : Daniel, Post septuaginta hebdomadas occidetur Christus.

 

     

b) saint Jean : Johan passus sub Pontio Pilato, crucifixius, mortuus et sepultus. 

— attributs spécifiques : visage imberbe; coupe de poison d'où sortent deux serpents ailés. 

PsJDB folio 14 

                            Quemper-Guezennec 1319cc

 

 

Quemper-Guezennec 9217c


5ème article Limbes et Résurrection. Jonas et saint Philippe.

"Refaits" (C.V)

a)  Jonas: ..nt fuit Jonas in ventrem ceti 

Sicut enim fuit Jonas in ventrem ceti est une citation de l'évangile de Matthieu 12:40. Mais il répondit et leur dit: Une génération méchante et adultère cherche un signe; et il n'y aura aucun signe sera donné d'autre miracle que celui du prophète Jonas:  Car comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine, de même le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre 

Les Credo prophétiques font rarement appel à un verset tiré du Livre de Jonas, mais dans ce Livre il n'est pas fait mention de baleine (ceti) mais de poisson (pisces); les versets cités sont Jonas 2:1 ;  4:3; 4:12.

 Jonas apparaît lié au cinquième article de foi pour les raisons claires énoncées par Matthieu, comme une préfiguration du séjour du Christ "dans les Limbes" ou "aux enfers".

 René Couffon, reprit par les auteurs du Corpus, indique ici Malachie, à qui il attribut le verset sur Jonas.

— PsJDB folio 15v  : Osée 13:14 :  O mors ero mors tua morsus tuus ero inferne / Mors tu es trop dure enfer par moy sera mors 

 — A Cambrai, ou dans le Baptistère de Sienne, ou selon Emile Mâle, on cite aussi Osée  13:14 Morsus tuus eri inferne, qui renvoie à la phrase du livre du prophète O mors ero mors tua, morsus tuus ero, inferne "Oh mort sera ta mort, oh enfer sera ton châtiment" ou "Je les délivrerai de la mort...Ô mort, où est ta peste ? Séjour des morts, où est ta destruction? "

 

                     


b) saint Philippe : tertia die ressurexit a mortuis Philippe

—Article : Descendit ad inferna, tertia die ressurexit a mortuis. "Il est descendu aux enfers ; le troisième jour, est ressuscité des morts"

— attribut : la croix à longue hampe.

— Remarque : René Couffon indique "tercia die" et "saint Thomas tenant sa croix", sans-doute parce qu'il suit le Psautier de Jean de Berry ou un modèle analogue : c'est bien Thomas à qui est, traditionnellement, attribué ce cinquième article (Manuscrits du duc de Berry ; baptistère de Sienne). Mais l'attribut de saint Thomas est, traditionnellement, l'équerre. Ici, la croix est l'attribut de Philippe, et son nom est indiqué sur le phylactère.

PsJDB folio 16 : saint Thomas, qui présente sa paume droite en attestation de son texte.

[ voir PsJDB folio 22 saint Philippe, avec sa croix.]

Il m'était difficile de comprendre pourquoi Philippe prend la place de Thomas: erreur lors de la restauration, l'équerre ayant été prise pour une croix, et le nom Philippe ayant été ajouté sur le phylactère ? Variante datant du XVe siècle dans le Credo apostolique ? Dans toutes les autres versions et dans le recensement de Mâle c'est Thomas à qui revient ce 5ème article. Je reviendrai sur cette discussion.

 

                             Quemper-Guezennec 1319ccc

 

 


6ème article, l'Ascension : Amos et saint Thomas .

 

a) Amos : Qui edificiat in coeli ascensionem suam."Il édifia dans le ciel son ascension".

Source : Amos 9:6  : qui aedificat in caelo ascensionem suam et fasciculum suum super terram fundavit qui vocat aquas maris et effundit eas super faciem terrae Dominus nomen eius

 " Il a bâti sa demeure dans les cieux, Et fondé sa voûte sur la terre; Il appelle les eaux de la mer, Et les répand à la surface de la terre: L'Éternel est son nom."  

— PsJDB folio 17v : Sophonie So 3,9 : Invocabunt omnes nomen domini et servient ei / Tous lapeleront et bien le serviront.

— Baptistère de Sienne, ou Emile Mâle: Amos, même citation qu'ici, qui aedificavit in coelo ascensionem suam .

 

—Grandes Heures de Berry. : Amos : Apem [sic pour Ipse] est qui edificat ascensionem suam in celo

 

 

 

b) Saint Thomas : Ascendit ad celos, sedet ad dexteram patris

— Article de foi : Ascendit in celum sedet ad dexteram dei patris omnipotentis "Il est monté au ciel, est assis à la droite de Dieu, le Père tout puissant".

 — Attribut : la hache ou hallebarde. (Classiquement, l'attribut de Thomas est la lance ou l'équerre)

Là encore, il s'agit d'un écart par rapport à la règle qui attribut cet article à saint Jacques le Mineur. Mais la présence de la hache ou hallebarde m'imposerait d'y voir soit Jude, soit Mathias (exclu ici car il est cité pour le 12e article), d'où mon embarras. Cette hache est-elle due à une restauration ?

—PsJDB folio 18 : Jacques le Mineur. attribut l'épée.

— Baptistère de Sienne, ou Emile Mâle : Jacques le Mineur.


                              Quemper-Guezennec 1319ccccc

 

 

 

 

 

 

II. REGISTRE INFÉRIEUR.

 

 

Quemper-Guezennec 1316c

 

 


7. Joël et saint Barthélémy.

a) Joël : Sebedo ut iudicui omnes gentes

Source :Joël 3:12 consurgant et ascendant gentes in vallem Iosaphat quia ibi sedebo ut iudicem omnes gentes in circuitu  "Que les nations se réveillent, et qu'elles montent Vers la vallée de Josaphat! Car là je siégerai pour juger toutes les nations d'alentour."

Ne pas confondre avec Joël 3:2.

 René Couffon qui suit Emile Mâle indique : "Sophonie"

— Ps JDB folio 19v : Joël 2,28 : Effundam de spiritu meo super omnes carnem / Sur tous je donray mon esprit.

— Baptistère de Sienne : Joël 3:12 In valle Iosaphat iudicabit omnes gentes "Dans la vallée de Iosaphat il jugera tous les peuples".

—E. Mâle : Sophonie: Ascendam ad vos in judicium et ero testis velox 

b) saint Barthélémy : Inde venturus iudicare vivos. "D'où il reviendra juger les vivants"

— Article du Credo Inde venturus est iudicare vivos et mortuos : "d’où il viendra pour juger les vivants et les morts"

 — attribut : le couteau par lequel il fut dépecé. Nimbe, pieds nus.

Nouvel écart par rapport à la tradition qui attribue cet article à Philippe:

— PsJDB folio 20 : Philippe

— Sienne, ou Emile Mâle : Philippe

 

                                    Quemper-Guezennec 1288c


8ème article. Aggée et saint Matthieu.

 a) Aggée : Spiritus meus erit in medio vestrum

— Source : Aggée 2:6 verbum quod placui vobiscum cum egrederemini de terre aegypti et spiritus meus erit in medio Vestrum nolite timere : "Je reste fidèle à l'alliance que j'ai faite avec vous Quand vous sortîtes de l'Égypte, Et mon esprit est au milieu de vous; Ne craignez pas! "

— René Couffon identifie le prophète Joël comme l'auteur de cette citation, et il est suivi par les auteurs du Corpus Vitrearum.

— Baptistère de Sienne : même citation d'Aggée.

— PsJDB folio 21v  : Malachie 3,5 : Accedam contra vos in judicio et ero testis velox / Contre vous en jugement je venray comme tesmoign apert. 

— Emile Mâle : Joël : Effundam de Spirituo meo super omnem carnem.

 

b) saint Matthieu : Mat... Credo in spiritum sanctum.

— Article du Credo : Credo in spirituum sanctum, "Je crois en l’Esprit-Saint"

— attribut : une palme, qui est plutôt la plume de l'évangéliste

 Cet article revient traditionnellement à Barthélémy. Lorsqu'on observe le coutelas du folio 22 du Psautier de Jean de Berry, on voit qu'on peut le confondre avec une plume 

— Ps FDB folio 22 : St Barthélémy Il tient un coutelas et un livre, facile à confondre avec une plume et un livre...

— Baptistère de Sienne, ou Emile Mâle : Barthélémy.

 

                                     Quemper-Guezennec 1289x

 

Quemper-Guezennec 9224c

 

 


9ème article . Sophonie et saint Jacques le Mineur.

a) Sophonie  Se [...] haec est civitas gloriosa habitans

Source : Sophonie 2:15  haec est civitas gloriosa habitans in confidentia quae dicebat in corde suo ego sum et extra me non est alia amplius quomodo facta est in desertum cubile bestiae omnis qui transit per eam sibilabit et movebit manum suam

"Voilà donc cette ville joyeuse, Qui s'assied avec assurance, Et qui dit en son cœur: Moi, et rien que moi! Eh quoi! elle est en ruines, C'est un repaire pour les bêtes! Tous ceux qui passeront près d'elle Siffleront et agiteront la main. "

René Couffon qui suit E. Mâle indique Michée.

 — Baptistère de Sienne : Sophonie, même citation.

— PsJDB folio 23v : Amos 9,6 : Ipse est qui edificat ascencionem suam in celo / Ch'est cheluy qui edefie ou chiel son assencion. (JDB). La citation de la Vulgate est : qui aedificat in caelo ascensionem suam et fasciculum suum super terram fundavit qui vocat aquas maris et effundit eas super faciem terrae Dominus nomen eius :  Il a bâti sa demeure dans les cieux, Et fondé sa voûte sur la terre; Il appelle les eaux de la mer, Et les répand à la surface de la terre: L'Éternel est son nom.

—E. Mâle: Michée : Invocabunt omnes nomen Domini et servient ei 

 


b) Saint Jacques le Mineur. Jacobus sanctam ecclesiam

— Sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem "à la Sainte Eglise Catholique, à la Communion des Saints"  

— Baptistère de Sienne et Emile Mâle : Matthieu. 

— PsJDB folio 24 : saint Matthieu imberbe avec la lance et le livre.

 

                     



                                 Quemper-Guezennec 1290x

Quemper-Guezennec 9225c

 


10ème article. Zacharie et Jude Thaddée (?) .

"panneau inférieur très restauré" (C.V)

a) Zacharie : Zacharias suscitabo filios tuos.

Source : Zacharie 9:13 quoniam extendi mihi Iudam quasi arcum implevi Ephraim et suscitabo filios tuos Sion super filios tuos Graecia et ponam te quasi gladium fortium "Car je bande Juda comme un arc, Je m'arme d'Éphraïm comme d'un arc, Et je soulèverai tes enfants, ô Sion, Contre tes enfants, ô Javan! Je te rendrai pareille à l'épée d'un vaillant homme."

 

— PsJDB folio 25v : Daniel 12:2  Evigilabunt omnes alii ad vita alii ad obprobium / Tous se resvelleront, les uns en gloere, les autres en oprobre.

—Baptistère de Sienne : Malachie Cum hodio (sic) abueris (sic) dimitte "Si tu la hais laisse la partir".

— La Mailleraie ou E. Mâle: Malachie : deponet dominus omnes iniquates nostras.

 

                    

 b)  Jude Thaddée (?):  remmisionem pecatoribus 

— Article de foi :  remissionem peccatorum "Je crois à la rémission des péchés".  

Attribut : la hallebarde .

Selon la tradition, cette place revient à Simon, bien identifiable à sa grande scie de scieur de long.

— PsJDB folio 26: Simon

— Baptistère de Sienne : Simon

 

                     


                                   Quemper-Guezennec 1291x

 

11. Ezéchiel et saint Simon.

"refaits" (C.V)

a) EzéchielOssa arida audite verbum Domini  

Source : Ezéchiel 37:4  : et dixit ad me vaticinare de ossibus istis et dices eis ossa arida audite verbum Domini . 

37 La main de l'Éternel fut sur moi, et l'Éternel me transporta en esprit, et me déposa dans le milieu d'une vallée remplie d'ossements.  Il me fit passer auprès d'eux, tout autour; et voici, ils étaient fort nombreux, à la surface de la vallée, et ils étaient complètement secs.  Il me dit: Fils de l'homme, ces os pourront-ils revivre? Je répondis: Seigneur Éternel, tu le sais.  Il me dit: Prophétise sur ces os, et dis-leur: Ossements desséchés, écoutez la parole de l'Éternel!

—Erreur de René Couffon qui lit Ose, arrida audite verbum Domini et l'attribue à Osée.

— description : bonnet juif vert ; index tendu vers la gauche.

— PsJDB folio 27v  Ézéchiel 37,12 : Educam te de sepulcris tuis popule meus / Je temneray mon pueple hors de vos sepulcrez 

— Baptistère de Sienne : Zacharie 9,13: Suscitabo filios tuos (Je ressusciterai tes fils).

— Emile Mâle : Zacharie : Educas te de sepulcris tuis, popule meus. Emile Mâle commet a priori une erreur d'attribution de la citation.

 

                

                                         

b) saint Simoncarnis resurrectionem Simon. 

 — Article de foi : Credo carnis resurrectionem "Je crois à la résurrection de la chair" 

— Attributs : la grande scie (scie = Simon) nimbe ; pieds nus

Article traditionnellement confié à Jude Thaddée :     

— Emile Mâle, Baptistère de Sienne : Jude Thaddée.

— PsJDB folio 28 : Jude Thaddée.

      

                                        


                               Quemper-Guezennec 1292x


12. Abdias et saint Mathias.

      "Tête refaite" (C.V)

a) Abdias : Et erit dominus regnum a  

 Source : Abdias 1:21 : et ascendent salvatores in montem Sion iudicare montem Esau et erit Domino regnum    Des sauvés graviront le mont Sion pour dominer sur les monts d'Esaü. Alors l'Eternel sera roi! Ou bien : "le régne demeurera au Seigneur". La graphie dominus du vitrail au lieu de domino ne relève pas d'une erreur de lecture de ma part.

  René Couffon attribue ce verset à Ezéchiel ; le Corpus Vitrearum reprend cette identification

—Bonnet bleu, longue barbe, longs cheveux, manteau, chausses.

— Baptistère de Sienne : Abdias, même citation (dans la version correcte "domino").

— Église de Kenton : même citation (dans la version correcte "domino")

— PsJDB folio 29v : Michée 7,19 Deponiet Dominus omnes iniquitates nostras / Toutes nos iniquités il ostera. 

 

 — E. Mâle : Daniel : Evigilabunt alii ad vitam, alii ad mortem

 

b) Saint Mathias : et vitam eternam amen Mathia.

— Article : et vitam aeternam "et à la vie éternelle. Amen".) 

— Attributs : nimbe ; pieds nus.

— PsJDB folio 30 : Mathias, une hache.

Emile Mâle, ou Baptistère de Sienne : Mathias.


                                         Quemper-Guezennec 1294x

 

Quemper-Guezennec 9222c

 

 

 

INSCRIPTIONS DE RESTAURATION.

     " L'an de grâce 1899 Murs J. Trabadon étant recteur et B. Le Mené maire de Quemper Guézennec cette verrière fut restaurée et reposée."

  "Félix Gaudin peintre-verrier à Paris a rétabli en son primitif état cette vitre des prophètes et apôtres gravement mutilée par le temps et les hommes. "

René Couffon relate ainsi cette restauration : 

"En 1869, au moment où on commençait à démolir l'ancienne église de Quemper-Guézennec, Geslin de Bourgogne fut averti que sous un enduit d'argile et masqué par des planches de sapin, il existait dans la fenêtre du chevet une verrière ancienne. Il la fit aussitôt démonter et grâce à une subvention votée par la Société d'émulation des Côtes-du-Nord dans sa séance du 9 juin 1869, elle put être nettoyée, réparée et replacée dans le chœur du nouvel édifice reconstruit en 1870. Plus tard, en 1899, ce vitrail fut complètement et habilement restauré par le maître verrier Félix Gaudin. L'on peut seulement déplorer que l'on n'ait pas restitué dans le tympan les armoiries* qui existait jadis et dont il existe plusieurs procès-verbaux."

* dont  Kervénénoy, Galehaut de Kerriou et son épouse Aliette de Garzpern.

Les auteurs du Corpus Vitrearum VII précisent aussi ceci :

" Une photographie antérieure  à la restauration de Gaudin présente une verrière incomplète et mutilée. Le registre inférieur était alors remplacé par des losanges ; une Vierge à l'Enfant se trouvait placée en bouche-trou dans la 5ème lancette. Pour atteindre son objectif, Gaudin retira les bouche-trous et les armoiries, reconstitua un soubassement et des dais d'architecture neufs calqués sur ceux des années 1460 des baies hautes du chœur de l'église St-Séverin de Paris  et inventa un tympan tandis que furent redistribuées dans la baie et largement complétées. Le classement du vitrail en 1973 permet sa dernière restauration en date, réalisée en 1988-89 par l'atelier Avice du Mans, qui se traduit par de nombreux collages".

"Les têtes et figures restituées [par Gaudin] sont copiées, voire calquées sur des parties originales. Dais et soubassements des figures sont presque entièrement de Félix Gaudin".

Ces informations ( verrière démontée, réparée d'abord en 1869 (par un vitrier ?), "verrière incomplète et mutilée", "registre inférieur remplacé par des losanges", amènent à s'interroger sur la validité des identités des apôtres et sur celle des versets et articles  de foi.

                                    Quemper-Guezennec 1336c

 

                                 Quemper-Guezennec 1337c

 

 

                            TYMPAN.

Il est entièrement de Félix Gaudin. Quatre Évangélistes, quatre anges portant des phylactères au nom des Évangélistes et parties ornementales.

 Quemper-Guezennec 1296c

 

                       DISCUSSION

I. Datation.

Selon René Couffon 1935 : 

"Cette verrière est sensiblement contemporaine de celle de N.D. de la Cour [Lantic] et de celle de Tonquédec. Les fenestrages présentent en effet entre eux de grandes similitudes, et, d'autre part, nous savons que les armes de Galehaut de Kerriou et de son épouse Aliette de Garspern y figuraient, tandis que l'on n'y voyait pas les armes de Jeanne de Kerriou et de Vincent Ruffaut son troisième mari. On peut ainsi dater le vitrail de 1460 à 1470 environ."

Rappel généalogique :

André-Yves Gourvés signale dans un message du groupe de discussion La Noblesse bretonne
"aux AD22 la liasse 1 E 2185 dans laquelle figurent une enquête diligentée en juin 1498 sur la dévolution de la terre de Kerriou et un mémoire du 27 août 1755. Le mémoire de 1755 fait mention de deux actes supposés, l'un de 1338, l'autre de 1423 qui établiraient la généalogie suivante, que je complète par l'enquête de 1498." :

— Génération 1.
Guihomarch, cité en 1338 avec ses fils Pierre et Alain qui suivent.
— Génération 2.

 1/ Pierre de Quimper-Guézennec (sic), fils aîné du précédent, cité en 1338, avec son père et son frère Alain ;

 2/ Alain de Kerriou, cité en 1338, reçoit en partage un quart des biens de ses père et mère du consentement de son frère Pierre de Quimper-Guézennec. Alain est le père de Richard, qui suit.

— Génération 3.

 
Richard de Kerriou, père d'Alain et Gallehaut, cités en 1423, qui suivent.

 — Génération 4

 
1/ Alain de Kerriou, mort sans postérité.
2/ Gallehaut de Kerriou, héritier de son frère, épouse 1°) Marie du Garspern, d'où une fille, Jeanne, qui suit ; 2°) Aliz Kerleau

 —Génération 5

 Jeanne de Kerriou, épouse 
1°) Olivier Bodin, d'où un fils Charles Bodin
2°) Vincent Ruffault, d'où un fils Jean Ruffault, qui suit

 — Génération 6

 Jean Ruffault, héritier de Kerriou.

 

II. Stylistique.


1. Selon René Couffon 1935, dont on prendra les assertions avec prudence, :

"Les grands nimbes travaillés, la coupe si caractéristique de la barbe des personnages et leur physionomies rappellent Maître Francke ou Johanne Koerbecke. C'est donc à l'école de Maître Francke, si profondément influencée par l'art bourguignon, que l'on doit semble-t-il, attribuer le carton de la belle verrière de Quemper-Guezennec. Les couleurs foncées des verres peints permettent, semble-t-il, d'attribuer cette verrière à l'atelier de Tréguier. »


2. Selon les auteurs du Corpus Vitrearum VII (2005):

"Le Credo apostolique de l'église de Quemper-Guézennec peut lui aussi être attribué au groupe Le Coq-Le Lavenant, tant est frappante la parenté avec la verrière du Lantic".(p. 31)"

"Les données concernant ces familles suggèrent de dater les parties anciennes de la verrière de 1460-1470. Cette proposition est en accord avec l'étude du style et de la technique, qui fait du vitrail de Quemper-Guézennec un contemporain de l'œuvre de Olivier Le Coq et de Jehan Le Lavenant à Lantic, d'une facture très comparable". (p.93)

Cette "facture" se définit, selon ces auteurs, à Lantic (verrière de 1462-1463), par :

"une composition narrative à registres superposés, chaque scène et chaque lancette étant encadrée et couronnée de grandes niches d'architecture aux dais très développés qui donnent à l'œuvre une tonalité très claire. Sols dallés et fonds damassés — qui éclipsent toute mention de paysage— portent des personnages assez trapus mais non dénués d'élégance ; parmi les caractéristiques principales, on note les larges visages féminins, les yeux petits et très marqués, les chevelures roulées en arrière et partagées par le milieu des hommes barbus, dégageant des fronts très hauts, les expressions intériorisées de toutes ces figures et, pour le décor, les tissus ornés de motifs géométriques et les galons larges, souvent repris au jaune d'argent."

A ce groupe appartiendraient aussi une Vie du Christ de la chapelle de Gohazé à St-Thuriau, une Crucifixion de Sainte-Anne de Boduic à Clégueréc, et, un peu postérieures, des scènes de l'Enfance du Christ de la chapelle Notre-Dame de Kerfons à Ploubezre.

3. Ces artistes apparaissent en 1484 dans les comptes de la cathédrale de Tréguier :

"item d'avoir payé à Olivier Le Coq et Jehan Le Lenevant, vitriers, pour avoir fait et habillé les deux vittres étant au cloistre, dont l'une d'icelles estoit rompue".

"Le Coq (Olivier) de Tréguier habitait dans la rue Neuve une maison qui longtemps après lui était appelée L'Ostel Olivier Le Coq, vitrier. Il est mentionné dès 1460 dans les habitants de Tréguier. Ce fut lui qui, de 1469 à 1480, fit tous les vitraux de la chapelle Saint-Yves à Kermartin. En 1484, il fit des travaux dans la cathédrale de Tréguier, savoir dans la librairie, dans le cloître, à la chapelle Sainte-Catherine, à celle de saint-Nicolas. En 1470 et 1471, il avait fait la grande vitre qui coûtat 100 livres. Un titre des Archives des Côtes-du-Nord mentionne en 1494 un Olivier dit Vittrier qui fit des travaux à l'église de Plédernec, dépendant de l'abbaye de Bégar ; je pense que ce fut le même artiste. Nous avons encore à N.D. de la Cour un magnifique vitrail sorti de ses ateliers, qui porte sa signature ainsi que celle de son collaborateur Jehan Lelenevant".

(Anatole de Barthélémy, Annales archéologiques, 1850)




III Emission et réception : Point de vue du commanditaire et point de vue du fidèle.

   Ce vitrail illustre les différences de point de vue du commanditaire et du spectateur, car il est très probable qu'aucun paroissien n'ait jamais déchiffré les inscriptions portées par les phylactères : quand il n'est pas caché par un mobilier liturgique, le vitrail est trop éloigné de la nef pour permettre une lecture, et, même avec d' hypothétiques et anachroniques jumelles, la disposition verticale des banderoles s'oppose à cette lecture, qui se complique encore des abréviations utilisées. Cela est si vrai que, manifestement, ni René Couffon, ni les auteurs du Corpus Vitrearum, ni l'auteur d'un mémoire de maîtrise sur cette verrière ne se sont donnés la peine de se tordre le cou pour les lire avec exactitude, et que René Couffon, ayant constaté que les premiers couples de saints personnages répondaient aux schéma établis, s'est contenté de reprendre pour les suivants la liste relevée par Emile Mâle en iconographie médiévale.

  On peut donc s'interroger sur le choix du commanditaire, qui savait que ces citations ne seraient pas lues. Peut-être supposait-il qu'elles étaient connues de tous, pour figurer dans les Livres d'Heures ? Mais ceux-ci étaient encore, vers 1470, réservés à la noblesse aisée.

 Sans-doute plutôt a-t-il voulu témoigner de son propre Credo, de son acte de foi dans des vérités qu'il voulait présenter comme intangibles, sans-doute a-t-il voulu donner une démonstration spectaculaire du dogme, afin que chacun considère la Foi comme un monument structuré, argumenté, sans se soucier de voir quelque curieux venir détailler chaque citation prophétique pour la discuter.

   Malgré le caractère sentencieux et sévère de cette leçon théologique, celle-ci s'accorde, dans son sens et dans son projet, avec les Arbres de Jessé, pourtant autrement plus plaisants et accessibles : il s'agit là aussi de montrer que la religion catholique était annoncée, dans ses différents articles de foi, par l'Ancien Testament, et que le Christ était vraiment celui qu'annonçait les Prophètes.

  Sur un autre plan, comme pour les douze rois de Juda, ces deux rangées de six niches aux personnages accouplés sont, très globalement et sans qu'il soit requis de lire le texte, une exaltation du chiffre douze, regroupant dans sa symbolique celle des heures, des mois et du zodiaque pour illustrer le Tout cosmique et sa pérennité : la grande structure théologique du Temps, qui, pour l'Église, se nomme le Salut. Ce lien au temps, loin d'être arbitraire, est propre au thème iconographique lui-même, qui, nous allons le voir, s'est développé d'abord dans les Calendriers des Livres d'Heures. Cette figure à 24 personnages relève d'une tradition médiévale apparue dans les enluminures de sortes d'Abrégés théologiques et dont l'art consistait à organiser en figures mémorisables les vérités chrétiennes autour de trois chiffres, sept, dix et douze. 

 

IV. Le thème iconographique des Credo apostoliques et prophétiques.

  L'iconographie des prophètes est ancienne, et les dix-neuf prophètes de l'Ancien Testament sont présents sur les ébrasements des portails des cathédrales du XIIe siècle, tout comme ils accompagnent à la même époque les  rois de Juda dans les premiers Arbres de Jessé de Saint-Denis et de Chartres, mais  c'est plus tardivement, à partir du XIIIe siècle , dans la même réflexion théologique de lecture de l'Ancien Testament comme annonçant l'avènement du Christ  et d'approfondissement de l'article du Credo (Symbole de Nicée-Constantinople)  Il a parlé par les prophètes, que se développa la tradition de "Credo prophétique et apostolique" représentant douze prophètes couplés chacun aux douze apôtres. Chacun tient un phylactère présentant, soit une citation des livres des Prophètes, soit un article du Credo. Cette représentation reprend la symbolique du chiffre douze des Calendriers (les douze mois) ou des Arbres de Jessé (les douze rois de Juda). 

 

 Il n'est pas facile de trouver la liste des prophètes et de leur texte prophétique associés aux apôtres, et à l'article du Credo correspondant ; c'est ce qui justifie mon travail où j'ai repris les transcription des correspondances selon le vitrail de Quemper-Guézennec par J.P. Le Bihan (Q.G), celle du même vitrail relevé par René Couffon, selon les fresques de la Basilique de Sienne (B.S), selon les relevés de la Cathédrale de Cambrai en 1404, (CC)* et du Psautier de Jean de Berry (JDB).  

* In Iconographie chrétienne de Montault  p. 72.   

 

 

 

 

Origine : la formulation du Symbole des apôtres, son découpage en articles et l'attribution de ces articles à un apôtre donné relève d'une tradition qui remonte au Ve siècle : je vais recopier ici un extrait de sœur G. Peters paru sur le site Patristic.org en 2007 :

" a) Rufin d’Aquilée (345-410) écrit vers l’an 400 :

  • Nos anciens rapportent (tradunt : c’est l’idée de tradition) qu’après l’ascension du Seigneur, lorsque le Saint-Esprit se fut reposé sur chacun des apôtres, sous forme de langues de feu, afin qu’ils pussent se faire entendre en toutes les langues, ils reçurent du Seigneur l’ordre de se séparer et d’aller dans toutes les nations pour prêcher la parole de Dieu. Avant de se quitter, ils établirent en commun une règle de la prédication qu’ils devaient faire afin que, une fois séparés, ils ne fussent exposés à enseigner une doctrine différente à ceux qu’ils attiraient à la foi du Christ. Etant donc tous réunis, remplis de l’Esprit Saint, ils composèrent ce bref résumé de leur future prédication, mettant en commun ce que chacun pensait et décidant que telle devra être la règle à donner aux croyants. Pour de multiples et très justes raisons, ils voulurent que cette règle s’appelât symbole.

    Commentaire du symbole des apôtres, 2. (C’est dans cet écrit que se trouve le premier texte latin du symbole).

b) Au VIe siècle, deux sermons pseudo-augustiniens (Sermo 240 et Sermo 241) qui sont sans doute l’œuvre d’un prédicateur gaulois du VIe siècle nous transmettent une pittoresque leçon de catéchisme. Nous citons le plus court, on y explique la composition du symbole :

 

  • Pierre dit : Je crois en Dieu le Père tout-puissant, 
  • Jean dit : Créateur du ciel et de la terre. 
  • Jacob dit : Je crois aussi en Jésus-Christ son Fils unique Notre-Seigneur. 
  • André dit : Qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie. 
  • Philippe dit : A souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli. 
  • Thomas dit : Est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité d’entre les morts. 
  • Barthélemy dit : Est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, 
  • Matthieu dit : D’où il viendra juger les vivants et les morts. 
  • Jacques, fils d’Alphée : Je crois au Saint-Esprit, la sainte Église catholique, 
  • Simon le Zélote : La communion des saints, la rémission des péchés, 
  • Judas, fils de Jacques : La résurrection de la chair, 
  • Matthias acheva : La vie éternelle. Amen. 

 

  "Il est facile de remarquer que ce symbole, composé par douze apôtres, a quatorze articles : je crois au Saint-Esprit, la sainte Église catholique = 2, la communion des saints, la rémission des péchés = 2. La division artificielle du symbole en 12 articles est née de la légende et risque de masquer le rythme ternaire du symbole trinitaire. 
Nous n’étudierons plus le développement et la permanence de la légende dans les siècles suivants. Mais il nous faut noter brièvement son retentissement dans l’art religieux. 
Dans une église du diocèse de Lyon, celle de Charlieu, des peintures du XVe siècle montrent chacun des 12 apôtres tenant une banderole où est gravé un article du symbole. D’autre part, dans des miniatures de la fin du XIIIe siècle, à chaque apôtre portant en banderole son article du symbole, correspond un prophète qui annonce déjà ce même article : on voit l’unité et la continuité des deux Testaments [6]. "Chaque apôtre,— dit avec ingénuité mais non sans profondeur saint Bonaventure (XIIIe siècle)—, est venu poser son article à l’endroit voulu, pierre vivante, ferme et immuable, tirée de la profondeur des Écritures" [Sentence de Pierre Lombard, Sent.3]. "


La réflexion sur les écrits prophétiques comme précurseur des écrits et de la foi était très importante dans l'Église à son début, et, dans le déroulement de la messe dans le diocèse d'Hippone sous la conduite de saint Augustin, la première moitié de l'office était consacré à l'enseignement, sous forme de trois lectures. La première de ces lectures  était celle d'un des prophètes, pour montrer comment il annonçait le religion chrétienne. Ainsi s'est constituée une base de textes, et donc de versets d'auteurs vétéro-testamentaires placés en parallèle avec l'enseignement de l'Église.

Ces Credo ont pu se développer aussi après les réflexions théologiques de Thomas d'Aquin : on connaît le texte d'un sermon qu'il prononça en 1273 à Naples, 

teurangelique.free.fr/livresformatweb/sermons/06credo.htm">Commentaires du Credo, où chaque article du Credo est analysé avec l'aide de très nombreuses références à l'Ancien Testament comme texte annonciateur du contenu du Symbole. 

Ces Credo apostoliques et prophétiques peuvent figurer dans des Psautiers, bréviaires et Livres d'Heures puis en sculptures à l'entrée des églises, puis sous forme de fresques (basilique de Sienne), de vitraux (Quemper-Guezennec, Kergoat à Quéméneven), ou de stalles. Leur composition autour du chiffre douze les prédisposent aussi à s'intégrer dans des Calendriers. 

 

 

                     LES MANUSCRITS.

 

 Histoire.

(il s'agit bien-sûr de renseignements glanés, qui ne découlent pas d'une compétence personnelle : voir Source).

Le thème du Credo prophétique et apostolique ne naît pas tout seul, mais dans le cadre du développement au XIIe siècle de ce que J.C. Schmitt a nommé des "images classificatrices" schématisant de manière didactique l'enseignement religieux. Cet effort  prend son essor  dans les milieux monastiques, et le résultat est soumis à une ré-élaboration systématique dans les écoles urbaines cathédrales ou canoniales ouvertes sur la société ambiante. Il découle d'un art marqué notamment par une généralisation de la logique des listes héritées d'un savoir scripturaire ou théologique plus ou moins ancien et soumis aux mêmes rythmes numériques (sept, dix, douze) qui rendent possible la mise en correspondance des données. Dès cette période aussi, ces listes sont soumises à un remarquable travail de visualisation ; c'est le cas, dans la sculpture, aux voussures des porches d'église, et dans les manuscrits, sous la forme de dessins, parfois d'images colorées au fort pouvoir mnémotechnique, contenant de nombreuses formules écrites : noms de personnages ou d'entités morales, versets bibliques, etc. La recherche d'une élucidation des vérités religieuse dans des images composites, structurées de manière géométrique et contenant des textes plus ou moins longs est déjà présente dans la miniature ottonienne. Vont ainsi  fleurir dans les Speculum theologiae des arbres (réunis dans des "vergers", et des arborescences, des tableaux, des "camemberts" ou mandalas, de roues, d'arcs radiants ou concentriques, de "tours",(Turris sapientae) des schémas en chevrons pointant vers le haut ou vers le bas, ou même de corps christique, etc.

Images empruntées au Speculum theologiae de Yale 

1r    1r    1r 1r

1r   1r  1r  1r

 

 

Ce "Catéchisme pour les Nuls" est destiné aux prédicateurs et aux confesseurs, sous forme d'exemplaires de qualité médiocre réalisées à la plume et au trait par un copiste ; mais des versions luxueuses, enluminées par des artistes, peuvent être destinées  à accompagner la pratique dévotionnelle personnelle de riches propriétaires, ou simplement à enrichir leur collection.

  Je l'ai dit, cette littérature didactique et théologie morale  connaît sa première élaboration dans les monastères dans les manuscrits enluminés : Hortus deliciarum de la moniale alsacienne Herrade de Landsberg en 1159-1175, Speculum virginum du moine bénédictin Conrad d'Hirsau au XIIe siècle, Liber floridus de Lambert de Saint-Omer v.1120, Bible de Floreffe, 1155 Ms Londres.

Hugues de Saint-Victor, (Mort en 1171), maître à penser de la principale école parisienne de la première partie du XIIe conçoit  De quinque septennis : organisation par lots de sept des  5 septénaires de l'Ecriture : 7 vices, 7 pétitions du Notre-Père, 7 dons de l'esprit, 7 Béatitudes, 7 vertus. 

Alain de Lille (mort en 1202) part de la vision des chérubins d' Ézéchiel 10:1-2 pour écrire   De sex alis cherubim. où les six ailes des chérubins servent de support à la prédication.

 Dans le dernier quart du XIIIe siècle à Paris, le franciscain Jean de Metz (Magister Johannes Metensis) élabore la Tour de sagesse appelée à un grand succès. 

 

Les manuscrits.

  • Le Psautier de Robert de Lisle (v.1330) British Library Ms Arundel 83 f.117-135 contient 24 illustrations pleine page dont le folio 128r est un superbe exemple de Credo prophétique et apostolique. 
  • Bnf latin 3438 folio 72v
  • Bnf latin 3445 folio 75
  • Bnf latin 3464 folio 173v
  • Bnf latin 3474 folio 81v
  • Bnf Latin 10630 folio 80
  • Bnf fr.9220 Verger de soulas
  • Arsenal 937 (XIIIe) folio 127v
  • Arsenal 1037 folio 6
  • Arsenal 1100 61v
  • Livre d'Heures de Jeanne II de Navarre v.1330

Calendrier des Bergers;symbole_des_apotres.jpg

 

  • Voir aussi Angers - BM - SA 3390 folio 039v-040 Credo des apôtres in Compost et calendrier des bergers

 

 Je décrirai maintenant le Verger de Soulas, en raison de la beauté des illustrations, qui en fait un superbe exemple d'un Credo prophétique  au cœur d'un corpus didactique et dévotionnel.

 

Le Speculum theologiae ou Le Verger (Vrigier) de Soulas . Bnf fr. 9220

folio 13v.

Picardie France du nord (probablement Arras), extrême fin XIIIe ; il est fait de huit feuilles de parchemin pliées en deux, soit  16 feuillets de 440 x 300 mm dont seule la face intérieure a reçu une illustration pleine page, deux pages illustrées se faisant ainsi toujours face. Il a appartenu à la librairie de Bourgogne où il est mentionné dans les inventaires de 1404 (Philippe le Hardi), 1467 (librairie de Bourgogne à Bruges) et 1487. Ce titre de "Vrigier de soulas"  traduisible en "verger de consolation" évoque le Viridarium consolationis du dominicain Jacques de Bénévent († >1271), somme des vices et des vertus sous forme d'arbres, mais son contenu en diffère.

Sur le folio 1 se trouvent le titre et l'exposé du but de l'ouvrage :"Cest livre puet on apeler Vrigiet de solas. Car ki vioult ens entrer par pensée et par estude, il i trueve arbres plaisans et fruis suffissans pour arme nourir et pour cors duire et aprendre " 

 Puis viennent seize enluminures admirables, avec emploi important de feuilles d'or, qui en font un “abrégé de la doctrine chrétienne”. C’est la tradition moraliste et scholastique qui est à l’origine de cette profusion d’arbres : folio 1v : Arbre de Jessé, folio 2 Trône de Salomon ; folio 3v : Arbor amoris, ou Arbre de vie ; folio 4 Arbre des pénitences ; folio 5v Arbre des vertus ; folio 6 Arbre des des vices ; folio 6v-7 Vision de saint Paul des peines de l'enfer ; folio 7-8v les douze peines de l'enfer ; 9v crucifix ; ; folio 10 Arbre des péchés ; folio 11v Roue des sept septénaires ; folio 12 Tour ; folio 13v Credo des prophètes et des apôtres ; folio 14 Tableau des 10 plaies d'Egypte, les 10 Commandements, les 10 plebis abusiones ; folio 15v : les 7 heures canoniques, les 7 œuvres de la Passion, les 7 dons de mémoire ; folio 16  arbre de Sagesse. (In Schmitt 1989). Les enluminures se suffisent à elles-même comme de véritable prédications ou leçons visuelles, sans texte d'accompagnement (sauf dans deux cas).

      Dans le folio 13v, se trouvent réunis sous forme d'un tableau  les 12 Prophètes, 12 "articuli fidei", et les 12 "apostoli" organisés en rangées horizontales ayant chacune une enluminure du prophète, un damier alternativement brun clair et bleu surmonté du verset prophétique, une enluminure consacrée à la vie du Christ, une nouveau espace en damier surmonté de l'article du Credo, puis une miniature de l'apôtre apparié. Chaque enluminure possède un fond doré à la feuille. Les prophètes et les apôtres sont assis sur une cathèdre à la forme simplifiée, mais seul les apôtres sont nimbés alors que la tête des prophètes est recouverte d'un large voile. La définition de l'image numérisée sur le site Gallica ne permet pas une observation minutieuse, mais les apôtres ont un attribut (Pierre:clef, André:croix latine ; Jacques M:bâton ; Jean:? ; Thomas : Bâton? ; Philippe? ; Barthélémy ? ; Matthieu :bâton ; Simon bâton ; Mathias : objet). Parmi les prophètes on ne reconnaît que la harpe de David et sa couronne.

On trouve  de haut en bas Jérémie/Pierre ; David /André ; Isaïe/Jacques Maj. ;  Zacharie/Jean ;  Osée/Thomas Amos/ Jacques Min.  ; Sophonie/Philippe ; Joël/Barthélémy ; Michée/Matthieu ; Malachie/Simon ; Daniel/Jude-Thaddée ; Ézéchiel/Mathias.

 

 

 

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      Le "Bréviaire de Belleville", un enrichissement du thème du Credo prophétique par les textes de saint Paul.

 Vers 1325, dans un bréviaire à l'usage des Dominicains, le thème du Credo prophétique s'enrichit par une présentation très originale qui associe aux douze apôtres et aux douze prophètes les douze mois de l'année, les signes du zodiaque, et surtout, sur le plan théologique douze citations des épîtres de saint Paul, citation en cohérence avec celles du Credo et des prophètes. Ainsi, face au premier article Credo in Deum, Patrem omnipotentem , creatorem caeli et terrae. et de la prophétie de Jérémie : Patrem invocabitis qui terram fecit et condidit celos se trouve Qui omnia creavit deus est de l'épître aux Hébreux. L'auteur explique clairement son projet dans une préface : "L’exposition des ymages des figures qui sunt u kalendier et u sautier, et estproprement l’acordance du veil testament et du nouvel ".

 

  Ce jeu de découpage des Écritures par série de douze et la réflexion théologique qu'il suppose s'accompagne, en iconographie, sur les enluminures de quatre manuscrits, d'une mise en scène astucieuse : en bas et à gauche de la miniature est figuré un édifice, symbolisant la Synagogue, ou l'Ancienne Loi. Sur la première peinture, correspondant à janvier, un prophète prend une pierre de cet édifice et la remet à un apôtre. Plus les mois s'écoulent, plus la "Synagogue" s'écroule, pour se retrouver en ruine pour le mois de décembre, lorsque tout le Credo a été proclamé par les apôtres qui ont utilisé tout le matériel prophétique qu'ils ont reçu.

Les textes de saint Paul sont les suivants:

1. Janvier Paulus Qui omnia creavit  Deus est, Hébreux 3, 4, Dieu est celui qui a tout créé,

2. Février Romani. Predestinatus Est Filius en virtute, Romains 1, 4, et a été utilisé comme un fils de Dieu avec puissance (par la résurrection des morts) 

3. Mars : Misit Deus Filium suum natum ex muliere Corinthi , Galates 4, 4, Dieu envoya son Fils, né d'une femme,

4. Avril : Galathi Christ crucifixus est ex infirmitate, 2 Corinthiens 13 4, le Christ a été crucifié dans sa faiblesse

5. Mai . Ephese Resurrexit propter justificationem nostram, Romains 4, 25, Il est ressuscité pour notre justification volonté, 

6.Juin Phillipenses Ascendit super omnes celos ut adimplaret omnia, Éphésiens 4, 10, il est monté au-dessus de tous les cieux, afin que tout ce qu'il (l'univers) répond

 7. Juillet  Colocenses Judicaturus  est vivos et mortuos, 2 Timothée 4, 1, Il jugera les vivants et les morts

 8. Août Thessalonicenses Dedit spiritum suum sanctum in nobis 1 Thessaloniciens 4, 8, Dieu nous a donné Son Saint-Esprit

9. Septembre Thymotheus Ipse Est caput corporis ecclesie, Colossiens 1, 18, ​​Il est celui qui est le principal organe de l'église

10. Octobre Tytus Habemus par sanguinem ejus remissionem peccatorum, Colossiens 1, 14,

11. Novembre Phylemon Omnes quidem resurgemus, 1 Corinthiens 15, 51, il est certain que nous ressusciterons tous,

 12. Décembre Hebrei Spem vite eterne promisit,  qui non mentitur Deus, Titus 1, 2, Dieu ne peut mentir, nous a promis l'espoir de la vie éternelle, 

 

 

Étudier en complément :

—La publication de Marcel de Fréville analysant les quatre ouvrages qui vont suivre:http://archive.org/stream/archivesdelartfr03sociuoft#page/144/mode/2up

Parmi ces quatre manuscrits, trois ont appartenu au duc de Berry, dont on estime qu'il était très attaché à ce Credo prophétique, apostolique et paulinien, et qu'il contribua à en diffuser le modèle. 

Le Bréviaire de BellevilleBrevarium ad usum fratrum predicatorum  1323-1326 bréviaire de Jeanne, épouse d'Olivier de Clisson, seigneur de Belleville   BNF latin 10483, Vol. 1 (partie hiver). Enluminures de Jean Pucelle : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8451634m et BNF latin 10483 et 10484. La seule page restante du calendrier comporte novembre au recto et décembre au verso : folio 6r (Malachie et Thaddée) et 6v (Synagogue en ruine, Zacharie et Mathias) (ci-dessous)


breviaire-de-Belleville-decembre.png


Horae ad usum Parisiensem [Grandes Heures de Jean de Berry]. BNF 919 : 1400-1410. Enlumineur : Jacquemart de Hesdin, pseudo-Jacquemart, Maître de Boucicaut,  Maître du duc de Bedford : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b520004510 Le couple prophète-apôtre apparaît en bas de chacune des douze pages du calendrier, exemple mars avec Isaïe/Jacques le Majeur.

—Les Petites heures du duc de Berry : BNF lat 18014   1375-1390 et 1410-1420 Horae ad usum Parisiensem ou Petites heures de Jean de Berry. Enlumineurs Jean Le Noir, Jacquemart de Hesdin, Maître de la Trinité, pseudo-Jacquemart, Limbourg.  . Même disposition que dans les Grandes Heures : voir Mars .

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8449684q/f4.image.r=Heures.langEN

—  Psautier de Jean de Berry, BNF latin 13091 . : 1380-1400 Enluminures de André Beauneveu  :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f48.image  ff. 7v-8 : Jérémie, saint Pierre ; 9v-10 : David jouant de la harpe, saint André ; ff. 11v-12 : Isaïe, saint Jacques le Majeur ; ff. 13v-14 : Zacharie, saint Jean ;ff. 15v-16 : Osée, sain Thomas ;ff. 17v-18 : Sophonie, saint Jacques le Mineur ;ff. 19v-20 : Joël, saint Philippe ;ff. 21v-22 : Malachie, saint Barthélémy ;ff. 23v-24 : Amos, saint Matthieu ;ff. 25v-26 : Daniel, Simon le Zélote ;ff. 27v-28 : Ezéchiel, Thaddée ;29v-30 : Michée, Mathias.  

  Voir aussi le calendrier des Grandes Heures .http://www.bildindex.de/obj15000020.html#|0

 

 

      Diffusion du thème iconographique du Credo prophétique en France et en Europe.

La présence des prophètes et des apôtres, non superposés, est fréquente aux ébrasements des portails et aux voussoirs des églises. On verra les piédroits de la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle (prophètes à gauche, apôtres à droite), les sculptures côte à côte dans les fenêtres hautes de la basilique Saint-Remi, à Reims ; cathédrale des trois apôtres à Saint-Claude (stalles) ; trumeau de Chartes (apôtres) et portail nord (prophètes) ; porche de la cathédrale de Tarragone ; déambulatoire de la cathédrale d'Albi ; portail du Beau Dieu à la cathédrale d'Amiens ; portail sud de la cathédrale de Bourges, etc.
La présence des prophètes pour éclairer des scènes du Nouveau Testament est également fréquemment retrouvée dans les verrières, notamment à la cathédrale de Bourges, celle de Chartres.

Néanmoins, l'existence d'un Credo prophétique est plus rare : 

Vitrail de l'ancienne abbaye de Jumiège à la chapelle de la Mailleraye-sur-Seine. Il reste quatre des 24 figures primitives.

Vitrail de la Sainte-Chapelle de Riom.


© Isabelle Védrine, Roland Maston, Région Auvergne - Inventaire général du Patrimoine culturel, ADAGP - Sainte-Chapelle, vitrail ©Isabelle Védrine, Roland Maston, Inventaire Général du Patrimoine Auvergne ADAGP

 

Vitraux de l'abside à Saint-Maclou à Rouen. Credo apostolique, Baies 54 à 64 v.1500.

Vitraux de la Sainte-Chapelle du duc de Berry à Bourges (fragments)

Vitraux de l'église de Quemper-Guezennec. v1470

Vitraux de Kergoat en Quéméneven (29), fragments : voir  Vierges allaitantes II : Kergoat à Quéméneven, les vitraux.

Vitraux de Saint-Serge d'Angers (E. Mâle) Credo apostolique

Statues du chœur de la cathédrale d'Albi (dernier quart XVe siècle)

Chapelle de Jean de Bourbon (abbé de 1456 à 1485) à Cluny : les consoles sont ornées de 13 prophètes, qui supportaient jadis autant d'apôtres (avec St Paul) :Jérémie, Jacob, David, Joël, Amos Malachie Daniel Ézechiel,Sophonie, Michée, Osée, Zacharie, Isaïe.

Fresques du Baptistère de Sienne : Les fresques occupent les trois voûtes d’arêtes adjacentes à la paroi du fond de l’édifice: les 12 scènes correspondent chacune à un Article de la Foi; quatre par travée,. Chaque voûtin, contenant la représentation d’un Article, est accompagné dans l’angle, en bas à droite par un apôtre, et dans celui à gauche, par un prophète. 

Stalles de la cathédrale Saint-Pierre à Saint-Claude 1447-1450 par le sculpteur genevois Jehan de VitrySur les dorsaux des 22 stalles, sont sculptés douze prophètes et douze apôtres en alternance ainsi que des abbés et des saints du monastère : Jérémie, Jacob, David, Joël, Amos Malachie Daniel Ézechiel,Sophonie, Michée, Osée, Zacharie, Isaïe. Et Syméon et Zacharie le père de Jean-Baptiste.

Stalles de la cathédrale de Genève (E.Mâle) Credo apostolique

 Stalles de l'église Notre-Dame d'Evian  "reprennent le thème du Credo apostolique de Savoie initié à Genève au 15e siècle et répété dans treize églises du Duché de Savoie, Lausanne, Fribourg, Saint Claude, Saint Jean de Maurienne, Aoste."

Portail des princes de la cathédrale de Bamberg,

Fonts baptismaux de la cathédrale de Meersburg,

Cathédrale de Paderborn : cycle des apôtres

 Châsse de saint Héribert, à Cologne sous forme de médaillons juxtaposés.

Fresque romaine de Saint-Sébastien in Pallara, dont des restes de fresques du Xe s. se trouvent dans l'actuelle église Santa Maria in Pallara.

Chœur en marqueterie de la chapelle interne du Palazzo Pubblico de Sienne, exécuté entre 1415 et 1428, par Domenico di Niccolò dei Cori,

 Fresques de la Chapelle du “Sacré Clou”, à l’hôpital de Santa Maria della Scala de Sienne réalisées en 1449 par Lorenzo di Pietro plus connu comme Vecchietta.  

http://dijoon.free.fr/text-puits.htm

.  Chambres Borgia du Vatican : Chambre du Credo par Pinturicchio décrite par X. Barbier de Montault.

 

 

 

Un exemple au XIIe siècle : l'autel portatif d'Eilbert de Cologne.

 Il est cité par Robert Favreau ( Les autels portatifs et leurs inscriptions,2003). Conservé au Kunstgewerbemuseum de Berlin, il réunit 18 prophètes, patriarches et rois portant leurs phylactères avec les douze apôtres et huit scènes de la vie du Christ. Son programme typologique est clairement affiché par deux inscriptions:

CELITUS AFFLATI DE CRISTO VATICINATI

HI PREDIXERUNT QUE POST VENTURA FUERUNT.

"Inspirés par le ciel ils ont prophétisés sur le Christ,

Ils ont prédit ce qui allait ensuite arriver".

DOCTRINA PLENI FIDEI PATRES DUODENI

TESTANTUR FICTA NON ESSE PROPHETICA DICTA

"Emplis de la doctrine de la foi les douze pères

témoignent de ce que les paroles des prophètes n'étaient pas imaginaires."

Les personnages vétéro-testamentaires :

Daniel : 

Ézéchiel : 

David : Beatus est quem tu erudieris nomine Ps 94,12 "Heureux celui que tu instruis, Seigneur."

Melchisédech : Genèse 14,18  "Melchisedech roi de Salhem apporta du pain et du vin, il était prêtre du Dieu Très-Haut"

Osée : Erit numerit filiorum Israhel quasi arena maris Os, I,10 " Le nombre des fils d'Israêl sera comme le sable de la mer".

Malachie :

Isaïe : Ecce virgo concepiet et pariet filium Is.7,14 : "Voici que la vierge concevra et qu'elle enfantera un fils".

Jérémie : Visus est in terris et cum hominibus conversatus est : Baruch3,38 : "Il est apparu sur la terre et a conversé avec les hommes".

Jonas : Tolle animam meam quoniam melior est mihi mors quam vita Jonas 4,3 : "Prends ma vie car mieux vaut pour moi mourir que vivre".

Nahum : Reddidit deus superbiam Jacob sicut superbiam Israhel, Nahum 2,2 : "Dieu a rendu la fierté à Jacob comme la fierté à Israël".

Salomon : Per sapentiam sanati sunt qui placuerint domino a principio, Sg. 9,19 :" Par la sagesse ont été guéris ceux qui ont plu au Seigneur dès l'origine".

Joël : Computruerunt jumenta in stercore suo, Joël 1,17 : "Les bêtes de somme ont pourri sur leur fumier"

Jacob : Vidi dominum facie ad faciem Gn. 32,30 : J'ai vu le Seigneur face à face"

Abdias : Transmigratio jerusalem que est in bosphori possidebit civitatem austri Abdias 20 :" Les éxilés de Jérusalem qui sont dans le Bosphore posséderont les cités du Midi."

Zacharie : 

Sophonie  : 

Balaam : Ex Jacob stella prodiet et de Israhel homo surget, Nb. 24,17 "Un astre issu de Jacob surgira et un homme se lèvera d'Israël".

2. Les apôtres

Pierre, André, Jacques, Jean, Thomas, Jacques, Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Thaddée et Matthias présentent les articles du Credo.

 

      L'ordre des apôtres et leur identification à Quemper-Guezennec.

Comme je l'ai fait comprendre, j'ai été troublé de constater lors de mon examen de la verrière que la liste des apôtres, tout comme l'identification des prophètes, ne correspondait pas à ce que René Couffon (1935), puis Mireille Donnat (1993) , et enfin Françoise Gatouillat et Michel Hérold (2005) signalaient dans leurs ouvrages respectifs. Notamment, le 5e article était confié selon moi à Philippe, que j'identifiais à sa croix, mais dont le nom figurait aussi sur le phylactère. Si je me trompais, alors l'inscription était également fausse. Le sixième article était confié à un apôtre portant une hallebarde, mais je me décidais à y voir Thomas ou Jude Thaddée après avoir attribué tous les autres articles. réciproquement, le dixième apôtre, également porteur d'une hallebarde ou hache, pouvait être Jude Thaddée ou Thomas. Je rappelle la liste à laquelle j'aboutissait, en désaccord avec Couffon pour les n°5 et 10:

1. Création. Jérémie et Pierre. Clef

2. Incarnation. David et André. Croix de saint-André.

3. Annonciation. Isaïe et Jacques le Majeur. Bourdon et chapeau.

4. Crucifixion. Daniel et Jean. Coupe de poison.

5. Descente aux Limbes et Résurrection.  Jonas et Philippe. Croix à longue hampe. (Malachie et Thomas R.C)

6. Ascension.  Amos et   Thomas . La  Hache ou Hallebarde. 

7. Jugement Dernier. Joël et Barthélémy. Coutelas.  (Sophonie et Barthélémy R.C)

8. Pentecôte. Aggée et Matthieu. Plume d'écrivain. (Joël et Matthieu R.C)

9. Église. Sophonie et Jacques le Mineur. (Michée et Jacques le Mineur R.C)

10. Remission des péchés. Zacharie et Jude Thaddée?. Hallebarde  (Zacharie et Philippe R.C)

11. Résurrection des morts. Ezéchiel et Simon. La scie. (Osée et Simon R.C)

 12. Vie éternelle.  Abdias et Mathias. (Ezéchiel et Mathias R.C)

La consultation des listes les plus courantes des Credo apostoliques ne confirmait pas cet ordre. Celui-ci est, selon le Canon romain, Pierre-André-Jacques-Jean-Thomas-Jacques-Philippe- Barthélémy-Matthieu-Jude-Simon-Matthias, et selon l'orde courant la même succession se terminant par Simon-Jude-Matthias.

 Pourtant, je finissais par découvrir que l'ordre observé à Quemper-Guezennec n'était ni une fantaisie, ni une erreur de restauration. En effet :

1°) Dans les Actes des apôtres 1:13 suivi de 1:25-26 : "Dès leur arrivée, ils montèrent à l'étage supérieur de la maison où ils se tenaient d'habitude. C'étaient Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques, fils d'Alphée, Simon le Zélé[h], et Jude, fils de Jacques." Il n'y a encore que onze apôtres, Judas étant bien-sûr absent, d'où : "pour occuper, dans cette charge d'apôtre, la place que Judas a désertée afin d'aller à celle qui lui revenait. Puis ils tirèrent au sort. Matthias fut désigné. C'est lui qui fut adjoint aux onze apôtres."

L'ordre des apôtres de la verrière de Quemper-Guezennec est donc, pour la place réservée à Philippe, celui du texte des Actes des apôtres, et non celui du Canon romain. Par contre la 11e place donnée à Simon est celle du Canon.

2°) Parmi les Credo apostoliques, certains observent le même ordre pour la 5ème place donnée à Philippe :

  • Cet ordre est celui des manuels de vie chrétienne à finalité pastorale (hormis qu'ils observent l'ordre Pierre-Jean-Jacques-André , et  Simon-Jude, et non Jude-Simon) à l'usage des curés : Somme le roi de Frère Laurent (1294)  ; Doctrinal aux Simples gens (Cluny 1389) ; Le Chemin de paradis de Jean Germain évêque de Chalons, 1457 (G. Hasenorh 1993).
  • C'est aussi l'ordre d'ouvrages de théologie : Livre de dévotion ; Livre de la maison de conscience de Jean Saulnier (<1430); le Livre de grâce de Pierre Fontaine  (fin XVe-début XVIe) Ms 160 Chantilly folio 39-40.  Ces théologiens divisent le cinquième article en deux parties, dont la première est donnée à Philippe et la seconde à Thomas, ce qui impose par la suite des arrangements. Notons qu'à Quemper-Guezennec, Philippe ne tient sur son phylactère que la seconde partie de l'article 5.
  • C'est encore l'ordre de textes littéraires : Dans l'Epistre Othea (ca1400) de Christine de Pisan où les apôtres suivent l'ordre  Pierre-Jean-Jacques -André-Philippe-Thomas-Barthélémy-Matthieu-Jacques-Simon-Jude-Matthias. Même ordre dans le  Liber fortunae écrit par un curé anonyme en 1346  (G. Hasenorh 1993).
  • Les peintures murales de la cathédrale de Brunswick. Première moitié du XIIIe siècle. Pierre-André-Jacques-Jean-Philippe-Barthélémy- Thomas-Matthieu-Jacques- Jude-Simon- Matthias. Nous avons donc ici l'ordre exact de la séquence de Quemper-Guezennec. (Pensée, image et communication 1993 page 112).
  • Séries de plaques émaillées de Bamberg (Musée historique), Hanovre, Londres (British Museum), 1125-1200.

La 5eme place donnée à Philippe plutôt que Thomas  dans la verrière de Quemper-Guezennec  est attestée dans les Credo apostoliques dans les textes, ou en iconographie mais reste minoritaire, fournissant un indice précieux sur le commanditaire potentiel ou sur le modèle utilisé.

Le seul endroit où l'ordre utilisé à Quemper-Guezennec est retrouvé intégralement  est la cathédrale de Brunswick, en Basse-Saxe, ce qui peut coïncider avec l'influence stylistique suggérée par René Couffon autour du maître Francke.

 

      Les prophètes et leurs versets à Quemper-Guézennec.

1. Jérémie et Pierre. Pseudo-Jérémie Patrem invocab[itis] qui terram Ieremi 

2. David et André. Psaumes 2:7 filius meus es ego hodie genui te

3. Isaïe et Jacques le Majeur. Isaïe 7:14 Ecce virgo concipiet et pariet

4. Daniel et Jean. Daniel 9:26 Post LXII edomadas

5.  Jonas et Philippe. Matthieu 12:40 [Sicut eni]m fuit Jonas in ventrem ceti 

6.  Amos et Thomas . Amos 9:6 Qui edificiat in coeli ascensionem suam.

7. Joël et Barthélémy. Joël 3:12 Sebedo ut iudicui omnes gentes

8. Aggée et Matthieu. Aggée 2:6. Spiritus meus erit in medio vestrum

9. Sophonie et Jacques le Mineur. Sophonie 2:15 haec est civitas gloriosa habitans

10. Zacharie et Jude Thaddée? Zacharie 9:13 suscitabo filios tuos.

11. Ezéchiel et Simon. Ezéchiel 37:4 Ossa arida audite verbum Domini

 12. Abdias et Mathias. Abdias 1:21 Et erit dominus regnum missus 

 

Si je compare cette liste au tableau qui, dans Fr. Gay 1993 page 190-191, récapitule les versets cités dans 22 Credo prophétiques, je ne retrouve aucun modèle réunissant exactement le choix de Quemper-Guézennec, car le vitrail breton présente, à coté de versets utilisés presque partout ou assez fréquemment (Pseudo-Jérémie ; Psaume 2:7 ; Isaïe 7:14 ;  Amos 9:6 ; Ezéchiel 37:4), des raretés. Ainsi :

4. Daniel 9:26 Post LXII edomadas  n'est retrouvé que dans le Verger de Soulas.

5.  "Jonas" Matthieu 12:40 [Sicut eni]m fuit Jonas in ventrem ceti n'est attesté nulle part.

7. Joël 3:12 Sebedo ut iudicui omnes gentes n'est pas cité ailleurs : c'est (peut-être plutôt par erreur d'attribution) Joël 3:2 qui est mentionné dans 5 cas sur 22.

8. Aggée et Matthieu. Aggée 2:6. Spiritus meus erit in medio vestrum. Cette citation est retrouvée dans 5 cas sur 22, uniquement sur des stalles, celles de Romont, Hauterive, Moudon, Yverdon et Estavayer. Pourtant elle est aussi attestée dans le Livre d'Heures de Jeanne II de Navarre (ici)

9. Sophonie et Jacques le Mineur. Sophonie 2:15 haec est civitas gloriosa habitans. Sophonie est cité 5 fois, mais pour 1:15 et 3:9 ; 3:15 ; 3:16 ; 3;20 

10. Zacharie et Jude Thaddée? Zacharie 9:13 suscitabo filios tuos. Zacharie est cité 17 fois sur 22, mais la plupart du temps pour son verset 12:10 et jamais pour 9:13. Ce verset est néanmoins employé à Sienne et à Cambray.

12. Abdias et Mathias. Abdias 1:21 Et erit dominus regnum  

Abdias n'est cité qu'une seule fois (Autel d'Eilbertus) avec la mention Abdias 20 dans l'étude de Fr; Gay, mais on le retrouve cité à Sienne, dans le chœur de la cathédrale de Cambray (1404), dans l'église de Kenton selon un relevé de 1824, et dans un manuscrit ca 1400 cité ici. On le trouve aussi dans l'Expositio super symbolum de Thomas d'Aquin (Bibl. Univ. de Munich, Cod.Ms 84 f.82-92), etc..

 

Conclusion sur ce point : une étude comparative des citations prophétiques ne sera réellement réalisable que lorsque l'on disposera du corpus de tous les Credo prophétiques européens ; je n'ai retrouvé aucun modèle exact des citations réunies à Quemper-Guézennec, mais une exploration en ligne des différents extraits est vite fructueuse pour indiquer le travail qui attend les prochains esprits curieux. Cette exploration montre que, dans tous les cas, ces inscriptions bretonnes sont en lien avec celles d'autres Credo.


Liens et sources :

 

 

 

 http://www.patrimoines.lorraine.eu/fileadmin/illustrations/C006198_291-93.pdf

 

Émile Mâlehttp://patrimoine.amis-st-jacques.org/documents/000135_e_male_credo_des_apotres_2.pdf

—Denis Pichon Note sur les peintures murales de Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren : présence d'un Credo prophétique Société d'émulation des Côtes-d'Armor, 2000, 130, p. 115-122

Robert Favreau Les autels portatifs et leurs inscriptions, Cahiers de civilisation médiévale 2003 Volume   46 pp. 327-352 :http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ccmed_0007-9731_2003_num_46_184_2865

 — Baptistère de Sienne : http://www.viaesiena.it/fr/caterina/itinerario/battistero/articoli-del-credo/articoli-della-seconda-campata

 — Psautier de Jean de Berry, Enluminures de André Beauneveu 1380-1400 : gallica 

— RANSON (Lynn) 2002 A franciscan program of illumination Insights and Interpretations: Studies in Celebration of the Eighty-fifth .publié par Colum Hourihane  ..pp 84-89 En ligne

 —COUFFON (René)  1935, "Les verrières anciennes des Côtes-du-Nord" Bulletins et Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord t.67 pp.115-117. En ligne. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f141.image

GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel) 2005 , Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes pp.100-102. Cité sous l'abréviation (C.V)

— DONNART (Mireille)  La maîtresse-vitre de Quemper-Guézennec (fin XVe siècle) Mémoire de maîtrise Paris X-Nanterre 1990. (non consulté)

— DONNART (Mireille), 1993 "Prophètes et apôtres dans la La maîtresse-vitre de Quemper-Guézennec (fin XVe siècle)", Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon (1993). L'auteur reprend les assertions de René Couffon, ses transcriptions erronées des phylactères et ses fausses identifications des auteurs des versets prophétiques, de même que l'évocation de l'influence de Maître Francke.

— GAY (Françoise) 1993, Le choix des textes des prophètes face aux apôtres au Credo", in Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon 

HASENORH (Geneviève), 1993 "Le Credo apostolique dans la littérature française du Moyen-Âge", Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon 

LACROIX (Pierre) , Renon, Andrée,  Mary, Marie-Claude, Vergnolle, Éliane [Publ.] Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon (1993).Sommaire en ligne 

 — GAULTIER DU MOTTAY (Joachim) Répertoire archéologique du département des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, 1883-1884, extrait des Mémoires de la Société archéologique et historique des Côtes-du-Nord, nouvelle série, T.I, 1883-1884.

LE BIHAN (Jean-Pierre) "Vitraux disparus et comment ? Quemper -Guézennec, un Credo des apôtres découvert", Blog 

—LUNEAU (Jean-François) Félix Gaudin (1851-1930), peintre-verrier et mosaïste, thèse de doctorat  Université de Clermont II, 2002.

— RENON F, relevé du Credo du chœur de la cathédrale de Cambray en 1404 Revue de l'art chrétien: recueil mensuel d'archéologie religieuse, Volume 8 Arras ; Paris 1864 page 262.

SCHMITT (Jean-Claude), 1989  "Les images classificatrices", in Actualité de l'histoire à l'Ecole des chartes: études réunies à l'occasion publié par Société de l'Ecole des charte 1989 pp.311-341.


 

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