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10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 22:56

   Zoonymie (origine du nom) du papillon                 la Belle Dame, Vanessa Cardui (Linné, 1758).

      [Cynthia cardui (Linné, 1758)].

 

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.


Résumé.

— Vanessa (Fabricius, 1807), nom de genre choisi par Fabricius comme équivalent d'un épithète de la déesse Vénus, et qu'il a emprunté au poème autobiographique de Swift Cadenus et Vanessa (1713). L'un des zoonymes les plus passionnants par ses multiples résonances et par l'emploi romanesque qu'en a fait le romancier et spécialiste des lépidoptères Vladimir Nabokov.

— Cynthia (Fabricius 1807) : est un des épithètes de Diane, selon A.M. Emmet. J'y vois plutôt la courtisane aux charmes de laquelle Properce, au début de notre ère, consacra ses Élégies.

— cardui (Linné, 1758) : du latin "chardon" qui désigne l'un des genres des nombreuses plantes-hôtes (Carduus nutans, Carduus pratensis, etc.).

— nom vernaculaire : "La Belle Dame", créé en 1762 par Geoffroy en traduction du Bella donna de Linné 1746 ou du papilio bella donna de Petiver (1699) reprend un nom latin plus ancien encore qui célébrait la beauté exceptionnelle des ailes en l'associant avec celle des élégantes qui utilisait la belladone Atropia belladona (Belle Dame) pour dilater leurs pupilles. Le nom est repris par le R.P. Engramelle en 1779, mais l'influence du nom scientifique linnéen va se faire sentir avec Walckenaer en 1807 (Le Papillon du chardon) puis  avec le premier nom de Godart, sa "Vanesse du chardon". Il corrige ce choix en 1821 et sa "Vanesse Belle Dame" est l'un des sommets de l'onomastique entomologique, réunissant tout l'éventail des sonorités de la célébration de Vénus. Depuis G.C. Luquet, "la Vanesse des Chardons" comme nom principal, et comme nom accessoire "la Belle-Dame"  en ex aequo avec "la Vanesse de l'Artichaut" (sic); "la Vanesse du Chardon", et "la Nymphe des Chardons".  

 

 

 


               I. Nom scientifique.


1. Famille et sous-famille.

Nymphalidae, nymphalinae, tribu Nymphalini.

a) la Famille des Nymphalidae Rafinesque 1815. (fr. Les Nymphalides, angl. Brush-footed Butterflies).

 Rafinesque, C.S. 1815: Analyse de la nature, ou tableau de l'univers et des corps organisés. Palerme. L'Imprimerie de Jean Barravecchia. en français, 224 pp page 127. "Les Nymphales, quatre pattes droites, quatre pattes ambulatoires". Les Nymphales sont, pour Rafinesque, une Sous-famille de la famille Ropalocera ; elle comporte alors 23 "genres".

  Constantine Samuel Rafinesque-Schmaltz (1783-1840) est un naturaliste et un archéologue américain d'origine franco-germano-italienne, qui a passé son enfance à Marseille avant de s'installer à Palerme comme herboriste. puis à Philadelphie. 

  Ce grand collectionneur en histoire naturelle s'intéresse à la zoologie, la botanique, la malacologie, la météorologie et la littérature ainsi qu'à la théorie de l'évolution. Grand admirateur de Linné, nom dont il prénomme son fils, il débute son Analyse de la nature par cette dédicace : "La nature est mon guide, et Linneus mon maître".

  (Cette famille comporte actuellement 13 sous-familles.

 Son nom vient de Nymphales, nom de la quatrième phalange de la nomenclature de Linné, aux ailes dentelées (alis denticulatis) et divisée en gemmati (ailes ocellées) et phalerati (ailes ornées). Le nom est dérivé du grec ancien νύμφη / númphê, « jeune fille » et désigne dans la mythologie grecque les divinités féminines de la nature, généralement considérées comme les filles de Zeus et du Ciel, remarquablement belles, et qui peuplaient la plupart des lieux naturels: forêts et bois, vallées fertiles et bocages, sources et rivières, montagnes et grottes…   

 

 

b) Sous-famille des Nymphalinae Swainson, 1827 (Les Nymphalines ; Admirals ou Tortoiseshells en anglais).

William Swainson 1827, ("A Sketch of the Natural Affinities of the Lepidoptera Diurna of Latreille". — Phil. Mag., n. s. 1 (1): 185, 187); genre-type: Nymphalis Kluk, 1780.  

Elle comporte les Nymphales, les Sylvains, les Nacrés ou Argynnes, les Vanesses, les Damiers et les Mélitées.

William Swainson (1779-1855) est un ornithologue, collectionneur (20 000 insectes...) et surtout illustrateur d'histoire naturelle auteur des Zoological Illustrations où il initie l'emploi de la technique de lithographie.

c)  Tribu des Nymphalinii Rafinesque 1815 ou Swainson, 1827 


2. Nom de genre : Vanessa Fabricius, 1807 (ou Cynthia, ex Pyrameis).

 

Le genre Vanessa a été créé par Johan Christian Fabricius en 1807 dans l'article suivant : "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges""Nach Fabricii systema glossatorum Tom 1" , in Johann Karl Wilhelm Illiger*, Magazin für Insektenkunde, Karl Reichard Braunschweig [Brunswick] (6) page 281. L'espèce-type, celle sur laquelle se base la description, est  Papilio atalanta Linnaeus, notre Vulcain.

*Illiger est le fils d'un marchand de Brunswick. Il fut l'élève de Johann Hellwig (1743-1831), un célèbre entomologiste. Le comte  von Hoffmannsegg (1766-1849), naturaliste et grand collectionneur, remarque alors le jeune homme et lui confie, afin qu'il les étudie, ses collections zoologiques. Illiger continue d'étudier les insectes et fait paraître la revue Magazin für Insektenkunde de 1802 à 1807. Les recommandations de Fabricius, de l'université de Kiel, lui valent un titre de docteur honoraire en 18061. Lorsque le musée zoologique de Berlin ouvre ses portes en 1810, Hoffmannsegg lui donne le poste de conservateur, fonction qu'il conservera jusqu'à sa mort.

 

  L'histoire de la publication du Systema glossatorum de Fabricius est en elle-même le petit roman tragique et complexe d'un manuscrit perdu. Ce nom de Systema glossatorum suppose d'abord que l'on sache que Fabricius, dont la classification des insectes reposait sur la structure des pièces buccales  utilisait le terme de Glossata (les Glossates) pour désigner les Lépidoptères, ou Papillons : en d'autres termes, il s'agit de sa Classification des Lépidoptères, la dernière de sa série des Systema après Systema eleutheratorum [les coléoptères] Kiliae 1801, Systema rhyngotorum [les hémiptères], Brunsvigae 1803, Systema piezatorum [les hyménoptères], Brunsvigae 1804 et Systema antliatorum [les diptères], Brunsvigae 1805.

 Le manuscrit du dernier des Systema a été terminé le 4 mars 1806 et envoyé à Reichard, le même éditeur que les précédents à Brunswig, et qui éditait aussi le Magazin für Insektenkunde d'Illiger.  C'est dans la sixième et dernière parution de cette revue que Illiger écrivit un article sur "La dernière classification par genre des papillons des genres linnéens Papilio et Sphinges", Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges (cité supra, 1807 pp 277-289), anticipant la parution du premier volume de la Systema Glossatorum, annoncée pour Pâques 1808. Quant à Fabricius, il donna un résumé de son ouvrage dans  "Zeitung fur Literatur und Kunst in den Konigl. Danischen Staaten," Kiel, 11. Sept. 1807 (pp. 81-84) sous le titre: "Etatsrath Fabricius Rechenschaft an das Publikum fiber seine Classification der Glossaten. Joh. Christ. Fabricii systema glossatorum, Vol. I "

  Hélas, avant que ne paraisse le livre, l'éditeur fit faillite, et ses créanciers saisirent le matériel et vendirent les travaux en cours à des chiffonniers. On ignore ce qu'est devenu le manuscrit original de Fabricius, mais néanmoins, les sept premiers feuillets déjà imprimés de son livre ont été conservés, en trois exemplaires. L'un de ceux-ci  est maintenant à la Bibliothèque du Musée zoologique de Berlin : elle comporte les pages 1-112 avec la page de titre et s'intitule Systema glossatorum, sans mentionner "volume I". Elle a fait l'objet d'un fac-similé publié par F. Bryk en 1938. Un autre exemplaire appartenait à K.A Dohrn à Szczecin [Stettin], qui l'a légué au Musée zoologique de Szczecin ; après la seconde guerre mondiale, il devint la propriété de la Bibliothèque Royale de Copenhague. Il comprend les pages 3-112, sans la page de titre. Enfin, l'American Museum of Natural History de New-York  détient depuis au moins 1903 le troisième exemplaire. Il ne se compose que des pages 1-80, page de titre incluse. 

  Comme Dohrn signale que le numéro 6 de la revue d'Illiger avait brûlé lors d'un incendie chez l'imprimeur, Brik pense que le manuscrit de Fabricius a été détruit lors du même incendie. Ce manuscrit ne devait porter que sur le volume I, puisque la liste des genres, par laquelle Fabricius débute (page 9-12) ne comporte pas les Noctuidae et les Geometridae.

 Felix Brik (1938) sembla avoir utilisé une épreuve de la bibliothèque de la Berliner Naturforschung Gesselschaft, publiant un fac simile qui apporte les noms de nouvelles espèces par rapport à Illiger. (J Chr Fabricius Systema Glossatorum Nature 143, 784 (13 Mai 1939). Par son Opinion n° 137 du 30 octobre 1942, l'ICZN établi que les noms génériques publiés par Illiger sont à créditer à "Fabricius (in Illiger), 1807" et par extension de l'Opinion n° 137, les noms triviaux du fac-similé de Briks sont indiqués "Fabricius (in Brik), 1938".  

 

 Dans la note préliminaire d'Illiger, Fabricius divisait l'ensemble de ses Papilio (papillons "de jour") en 49 "genres", dans lesquels il englobait les Sphinx (n°43), les Sesia (n°44) les Zygaena (n°47), sans distinction, alors que Latreille (dont la classification de 1804 est présentée dans la partie B du même article page 90) crée des Sections (Diurnes-Crépusculaires-) divisées en familles (Papillionides et Sphingides), elles-mêmes divisées en quatre sous-groupes.

    Dans son genre n° 11, Cynthia, Fabricius cite en exemple les Papilio Arsinoë, Interrogationis, Oenone, Jatrophae Cardui, Alliovia et annonce 95 espèces au total.

  Dans le genre n° 12, Vanessa, Fabricius classe les Papilio Io, atalanta, urticae, et levana et un total de 30 espèces annoncées.

 Ceux effectivement décrites dans les pages de Fabricius étaient io, antiopa, bibla, cacta, protogenia, amestris et lamina .

  Puisque le genre Cynthia, et son espèce cardui, étaient décrits en 1807, ce nom aurait du s'imposer, par son antériorité, à celui de Vanessa cardui, où l'espèce fut plus tard classée. Mais, "pour des raisons sentimentales" (qu'elle ignore d'habitude), en 1944, la Commission internationale sur la règle de nomenclature zoologique ICZN a décidé qu'une exception devait être faite et que le genre Vanessa, plus connu, pourrait être gardé. Nabokov a fait remarquer à ce sujet: " Sur un strict et à mon avis et en nécessaire application de la loi de priorité, le nom Cynthia F. (1807) et Westwood (1840 ; Type : Papilio cardui L.) aurait dû prendre le pas sur Vanessa F. Le ICZN a décidé autrement ( pour des raisons sentimentales ) " (les Papillons de Nabokov, p. 596 cité par Zimmer 2012).   

Sources du paragraphe: 

 SL Tuxen Annu Rev. Entomol.1967,  http://www.annualreviews.org/doi/pdf/10.1146/annurev.en.12.010167.000245

Voir aussi Taeger, Nota lepidopterologic 2001

 https://archive.org/stream/notalepidoptero242001soci#page/n89/mode/2up/search/fabricius

 Zimmer, 2012 http://dezimmer.net/eGuide/Lep2.1-T-Z.htm

 

 

Étymologie des mots Vanesse et Vanessa.

1) Selon A. M. Emmet (1991),

"le nom vanessa est issu du poème de Jonathan Swift Cadenus et Vanessa, (1726, en ligne) dans lequel le prénom Vanessa est un déguisement pour Esther Vanhombrugh [sic : corrigez en Vanhomrigh]. Comme d'autres noms créé par Fabricius, il a été un casse-tête pour les commentateurs, Sodoffsky le corrigeant en 1837 en Phanessa, du verbe grec phainein, "briller", phane, "torche", et phanos, "lampe". Dans cette recherche d'un nom convenable pour cette famille de papillon brillamment colorés, ces mots grecs ont pu traverser l'esprit de Fabricius qui, faisant appel à ses habituels jeux de mots, choisit un mot qui fait écho à leurs sonorités. La littérature anglaise lui était familière à la suite de ses divers séjours en Grande Bretagne et il a pu souhaiter témoigner de sa reconnaissance en faisant appel à un auteur anglais plutôt qu'à un auteur classique."

 2) Sodoffsky (1837) page 80 :

"Vanessa : Besser, Phanessa. In der griechischen Mythologie, sowie in der ägyptischen, war phanos, der Liebesgott, der Beiname von Amor. Phanesse wäre demnach der weibliche Liebesgott, mithin die in dieser Schmetterlings-Abtheilung, regierende Venus" ( Vanessa, ou, mieux, Phanessa. Dans la Mythologie grecque, mais aussi égyptienne, Phanos, le dieu de l'amour, le surnom d'Amour/Cupidon. Phanesse serait donc sa parèdre, la déesse de l'amour, et donc, dans cette classification des papillons, la classe de Vénus.

 

3) A. Spuler (1901-1901) :

"Vanessa : wohl von  φαίνω Glanz, wegen der schönen Färbung der arten, abgeleitet." (Vanessa : probablement dérivé de  φαίνω, «éclat» en raison de la belle coloration des espèces.

4) G. Ramann (1870-76) :

"Ob dieser Name wohl von vanesco vergehen, verschwinden abzuleiten sein dürfte. Also falter , weiche  in ihrem Flug rasch kommen und rasch verschwinden" (Probablement du latin vanesco, "s'évanouir, de dissiper, disparaître", pour qualifier la façon dont ces papillons, par leur vol, s'éclipsent rapidement).

5) Johannes Leunis, Synopsis des naturgeschischte, Hanovre, 1860 p. 524 :

"richtiger Phanessa, von phanos, fackel, Sonne". (Correctemment phanessa, du grec phanos, "torche", "Soleil").

6) Glaser cité par Hürter :

"Eckige ...Flügel, die sie eitel (vanessa von vanus) in der Sonne öffnen und schliessen , als ob damit prunkend". (place leurs ailes comme si elles s'ouvraient et se refermaient en vain (Vanessa : de vanus, "vain") ostensiblement au soleil.

7) Spannert, cité par Hürter :

"eigenschaftwort aus vannus  schwinge  gebildet ; der wegfall  eines consonanten findet sich häufig... Der Gattung zeichnet  sich besonders  durch den überaus  stark geschwungenen Saum der Flügel, namentlich der vorderen, aus. Die überwiegende Mehrzahl  der Tagfalter hat ganzrandige Flügel. Bisherige Ableitungen phaino , glänze, phano  Fackel, Sonne, Leunis" (le mot est formé sur le latin vannus "van", d'après une caractéristique des ailes, et la perte d'une consonne est fréquente ... Le genre est caractérisée par le bord très fortement incurvé  de l'aile, en particulier à l'avant.)

8) Dictionnaire français CNRTL  :

" Étymol. et Hist. 1810 (Latreille, Considérations gén. sur l'ordre naturel des animaux, p. 354 ds Quem. DDL t. 25). Du lat. sc. mod. vanessa, nom donné par Fabricius à un genre de Lépidoptères diurnes (1807, Mag. f. Insektenk., 6, 281 ds Neave), mot d'orig. obsc. (FEW* t. 21, p. 278b). D'apr. Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. 1982, vanesse représenterait le lat. vanities « vanité, frivolité »."

 *FEW désigne l'ouvrage suivant : Walther von Wartburg " Französisches Etymologisches Wörterbuch. Eine Darstellung des galloromanischen Sprachschatzes". Leipzig 1922 en cours de publication.

9) Le Robert historique de la langue française 2010 :

VANESSE n. f. est un emprunt (1810) au latin scientifique vanessa (1807), d'origine inconnue, que P. Guiraud rattache au bas latin vanities « vanité, frivolité », dérivé du latin classique vanus (→ vain)". 

10) Pierre Guiraud, Dictionnaire des étymologies obscures, Payot 1982 page 519 :

  "Vanesse, espèce de papillon, 1836. Étymologie inconnue (B.W). Vanesse représente le latin vanities,« vanité, frivolité », sous une forme dialectale ou, plus vraisemblablement, savante (sans dégagement de yod en avant). Nul nom ne convient mieux au genre des vanessides, espèce de papillons remarquables par leur vol rapide et sautillant, leur beauté, leurs riches et élégantes couleurs ; parmi lesquels la belle dame, le paon du jour."


Étude critique.

1. Vanessa et Jonathan Swift : 1713.

  L'hypothèse suggérée par Emmet est séduisante, qui considère que Fabricius rend hommage par son genre Vanessa au personnage éponyme d'un poème, Cadenus and Vanessa, que Jonathan Swift (1667-1745) a écrit en à Windsor en 1713 mais qui n'a été publié qu'en 1726. C'est une origine parfois admise du prénom Vanessa, très prisé aux États-Unis, mais qui n'est apparu qu'à partir de 1970. (En 1998-99, ce prénom faisait partie du top 10 en Allemagne à la 8 et 9e position).

  Effectivement, le danois Johannes Christian Fabricius (1745-1808)  a séjourné en Écosse puis à Londres lors d'un voyage de 1766 qui le mena ensuite en Italie pour examiner les collections d'Aldrovandi. Puis, de 1772 à 1775, il passe ses étés à Londres où il étudie notamment les insectes rapportés par Solander et Banks de leur voyage. Mais à partir de 1790, il séjourne tous les étés à Paris, étudiant cette fois la collection entomologique d'Olivier et devient ainsi l'ami de Pierre André Latreille (1762-1833), l'auteur du genre Vanesse. 

 

  Emmet aurait pu étayer sa thèse non seulement sur ces séjours londoniens, mais aussi sur le goût de Fabricius pour les jeux de mots, qui aura pu en faire un amateur de l'onomastique de Swift. Car aucun auteur, à ma connaissance, n'usa et n'abusa comme Jonathan Swift du privilège de baptiser ses personnages et les lieux où il les fait évoluer à sa guise, conjurant l'arbitraire des signes en nouant dans chaque nom des clefs et des secrets, des citations occultes, des messages codés pour déjouer les censures, des doubles sens contradictoires, des allitérations sibyllines.

En outre, Fabricius a confié qu'il avait puisé les noms de genre qu'il a créé pour ses papillons diurnes dans le (vaste) répertoire des épithètes de Vénus (ou Aphrodite pour les grecs) alors que ses genres de papillons de nuit recevaient les surnoms de Diane/Artémis, déesse lunaire:

  Fabricius, dans sa présentation du Systema glossatorum ( déjà cité, in Zeitung für Literatur und Kunst in den Königl . Dänischen Staaten [ Kiel ] , Septembre 11 1807, p. 83), donne des indications précieuses sur ses règles d'attribution des noms : il écrit qu'il est en train de changer un certain nombre de nom donnés par Linné car il souhaite faire apparaître le nom de la plante hôte. "Les noms de genre ne posent pas de problèmes importants, il faut seulement éviter qu'ils soient trop longs, et qu'ils ne soient pas déplaisants à l'oreille. Pour les papillons de jour, j'ai choisi différents épithètes [cognomina] de Vénus, et pour les papillons de nuit, ceux de Diane. Ils semblent être les plus appropriés. Leurs homologues grecs [qualificatifs d'Aphrodite ou d'Artémis] ont tendance à être durs, longs et désagréables."


Nous allons voir que Vanessa peut passer pour un néo-épithète de Vénus, désignant une "créature de Vénus", sorte de Venussa depuis la parution du poème de Swift.

 

b) Swift et Cadenus et Vanessa.

Dans le poème Cadenus et Vanessa, on lit habituellement que Cadenus serait l'anagramme de Decanus, "chef de file de dix", ou dean,  "doyen", mais Swift ne devint doyen de la cathédrale Saint-Patrick de Dublin qu'en 1713, alors que le poème a été composé en 1712. Vanessa réunit Van (homrigh) et Hessy, le diminutif d'Esther, son élève de 22 ans plus jeune que lui, Esther Vanhomrigh. 

           File:Millais - Vanessa, 1868.jpg

 

 Esther Vanhomrigh (1688-1723) fille d'un riche marchand hollandais, avait fait la connaissance de Swift à Londres en 1707 : elle avait 19 ans et lui était alors quadragénaire. Elle avait perdu son père en 1703, et Swift devint son tutor (précepteur, sans la sévérité de ce terme) mais aussi son modèle dont elle devint amoureuse ; en 1714, à la mort de sa mère, elle le suivit à Dublin.

Le poème Cadenus et Vanessa, écrit en 1712, daté de 1713, publié en 1726, met en scène la déesse Vénus, qui, pour lutter contre le désintérêt des Bergers à l'égard des Nymphes, crée sa Nymphe idéale parée de tous les charmes, mais dotée aussi par Pallas de toutes les qualités "viriles" de la réflexion. Cette Vanessa trop sage déplaît autant aux frivoles nymphes qu'aux bergers, mais Cupidon, lassé de la voir résister aux charmes de l'amour, la rend amoureuse de son tutor l'écrivain Cadenus, de vingt-deux ans son aîné : embarrassé par ce feu soudain, Cadenus tente de la ramener à une amitié fondée sur les complicités littéraires et les échanges intellectuels. Quand à Vénus, qui ne semblent pas avoir lu la satire de la frivole vanité féminine à laquelle Swift se livre dans ce poème, elle conclut que puisque les bergers dédaignent ses nymphes, c'est qu'ils sont fous, et qu'il faut administrer aux femmes un grain de folie supplémentaire pour mieux les rapprocher. 

 

 

Cadenus et Vanessa : onomastique.

Outre la fusion du début du nom et du prénom d'Esther Vanhomrigh, le nom Vanessa contient d'autres résonances, et  peut se décomposer en van du latin vanus, "vain" et -esse forme verbale du latin sum, "être" : "celle qui est vaine".  On peut aussi y entendre le nom Vénus (le prénom qui a précédé celui de Vanessa était celui de Venisse), associé à la finale de Godness (déesse). On remarque que le nom Cadenus contient  quatre des cinq lettres de Vénus. En somme, la forge littéraire de Swift a pu faire fondre, pour son nouvel alliage, les métaux suivants : Vénus + Godness + Vanished/Vanities + Van[homrigh + Esther/Hessy. Ce qui, pour la récipiendaire du poème, est, somme toute, très flatteur.

 J'ai cité plus haut les auteurs qui attribue l'origine du nom de genre Vanessa ou de son équivalent français Vanesse au latin vanus, ou, pour P. Guiraud, vanities. Mais si Swift l'a glissé insidieusement dans sa propre création onomastique, le mot anglais vanished qui devait avoir le plus de signification pour lui. Or, le verbe intransitif vanish, s'il procède bien du latin  vanus , en a retenu son sens de "vide", car il signifie "disparaître, s'éclipser, s'évanouir" avec une idée de rapidité ou de soudaineté. Sa forme en moyen anglais, vanisshen est une altération du vieux français esvanir, esvanish, lui-même issu du latin esvanescere. ( voir supra G. Ramann proposant de voir le mot vanesco comme étymologie de Vanessa).

 Loin d'introduire un jugement critique sur le caractère vaniteux de sa maîtresse Esther, il ouvre à d'autres interprétations, comme le caractère fugace de la beauté, de l'existence ou des sentiments, ou trahit l'angoisse de la perte de l'être aimé, et qui conduit un artiste à métamorphoser celui-ci en une œuvre d'art  : Esther Vanhomrigh, disparue depuis des siècles, demeure sous la forme impérissable de Vanessa.

 

Sources et liens pour ce paragraphe :

— traduction et adaptation de Cadenus and Vanessa en prose : Antoine Yart Idée de la poësie angloise, ou traduction des meilleurs poëtes anglois par l'abbé Yart, de l'Académie des Belles-Lettres, sciences et arts de Rouen. Paris 1756, pages 140 et ss.

— Traduction de Cadenus and Vanessa en vers : Émile Pons, Œuvres complètes de Swift, édition La Pléiade, 1965.

 

— Encyclopédie Larousse.

— Louise Barnett Jonathan Swift in the Company of Women, Oxford 2007  pp 21-26

— Journal to Stella en ligne.

 

2. Vanessa,  Fabricius et Latreille : 1807-1810.

   a) Je ne retiendrai pas la seconde hypothèse, adoptée par Spuler, Sodoffsky, Leunis, pour expliquer le nom de genre vanessa de Fabricius et qui passe par la "correction" du nom Vanessa en Phanessa, pour le rattacher aux mots grecs  phainein, φαίνω "briller" ou phano, "torche". La glose peut alors être infinie, notamment sur phainein, issu du proto-indo-européen  *bha- doué « d'ambivalence sémantique », car signifiant à la fois “ éclairer, briller ” (phainoi, phami), et « expliquer, parler » (phêmi [ϕημί], fari en latin) ; on peut rappeler  que phainô vient de phôs [ϕῶὖ], « la lumière » et de phao, "briller", ou citer notre mot "phénomène", qui en est issu. Mais il faut une certaine complaisance envers ces auteurs pour admettre le passage de vanessa à phanessa.

 Citons, au passage, l'anecdotique proposition étymologique de Spannert, le vannus, "van"  qui exige des contorsions lexicales avant de permettre une comparaison du panier d'osier avec la courbure des ailes.

  b)  Il reste l'hypothése de Glaser reprise par Pierre Giraud dans son lexique français des étymologies obscures (Payot, 1982) puis par nos lexicographes français les plus honorables : le lien avec le bas latin vanities « vanité, frivolité », dérivé du latin classique vanus (→ vain) :

  "Vanesse, espèce de papillon, 1836. Étymologie inconnue (B.W). Vanesse représente le latin vanities,« vanité, frivolité », sous une forme dialectale ou, plus vraisemblablement, savante (sans dégagement de yod en avant). Nul nom ne convient mieux au genre des vanessides, espèce de papillons remarquables par leur vol rapide et sautillant, leur beauté, leurs riches et élégantes couleurs ; parmi lesquels la belle dame, le paon du jour."

 Bien que le Paon du jour n'appartienne pas au genre Vanessa, et que le nom de Vanesse soit apparu en 1810 et non en 1836, c'est pour ma part l'hypothèse qui me séduit le mieux : Fabricius, le facétieux compositeur de zoonymes à doubles fonds a pu maquiller la racine vanus pour se moquer ainsi des nymphes (nymphalidae), déesses de l'Hamour et autres Belles Dames (bella donna) dont la coquetterie n'est pas la moindre des "qualités" et de les baptiser Les Vaniteuses à leur insu, comme toutes les Vanessa qui les suivront. Rien ne l'empêcherait, cherchant à dissimuler cette vanitas, de se souvenir du poème de Swift Cadenus and Vanessa, et d'en adopter le prénom pour mieux se couvrir. Mais rien n'empêcherait non plus, je l'ai dit, le satirique Swift d'avoir caché lui-même dans son mot-valise Vanessa, non seulement les fragments du nom de sa jeune élève follement éprise de lui, mais aussi la critique ironique du caractère vain de cet amour. 

  Car on se méfiera d 'attribuer trop vite au mot les significations que nous attribuons couramment à "vanité", sous l'influence de l'adjectif "vaniteux", du "vanity case" (minaudière, nécessaire de toilette : voir Vanity table) : celui lié au "caractère d'une personne satisfaite d'elle-même et étalant complaisamment son plaisir de paraître :orgueil ". Longtemps, le mot a signifié tout autant, comme le mot anglais vanity, "ce qui est vain, futile ou inutile,", "vide, vain, oisif ; ce qui est vide, de vaine apparence", voire "mensonge, tromperie".

  Si, dans mon esprit, je l'applique à la coquetterie frivole (celle que Swift critique si joliment dans son poème) traditionnellement liée à la féminité et à la beauté, c'est que ce genre de Fabricius appartient à la famille des Nymphalides, les Nymphes, et que les espèces qui y entreront, notamment dans le genre Vanesse de P.A. Latreille, portent des noms féminins, dont la plupart se termine par -a. Voir cette liste énumérée par Latreille et Godart en 1819, Encyclopédie méthodique Histoire naturelle (9) page 291).

c) J'ai expliqué pourquoi les noms de genre de Fabricius sont liés au nom de Vénus, car ils reprennent les épithètes de la déesse en ses différentes attributions (Limenitis protectrice des ports ; Pontia protectrice de la mer ; Acraea protectrice des lieux élevés ; Euploea de la navigation ; Nymphidium protectrice des mariages ; Melanitis de la nuit ) et en ses différents sanctuaires (à Colias, à Paphios, à Amathus en Chypre, sur le mont Kastion, sur le mont Erix, en Cnide —doritis la bienfaitrice—) ou selon le nom de ses courtisanes (Thaïs, Argennus, Neptis sa petite-fille) ou selon ses qualités (Urania la céleste, Morpho aux belles formes ou aux formes changeantes, Apatura la trompeuse, Mechanitis l'ingénieuse à ourdir des ruses). Maintenant que nous savons combien la Vanessa du poème de Swift est liée à Vénus, il n'est pas exagéré de penser que Fabricius, lorsqu'il recherchait ses noms "vénusiens", s'est souvenu de Cadenus et Vanessa et a créé le genre Vanessa comme un épithète moderne de Vénus.


Au total, je pense que l'hypothèse de A.M. Emmet est juste, et que Fabricius a bien puisé dans le poème Cadenus et Vanessa pour créer son nom de genre dans une série vouée à Vénus. Y a-t-il perçu lui-même les sous-entendus onomastiques renvoyant à Vénus elle-même, aux mots latins vanus et vanities, aux mots anglais vanished et godness ? Connaissait-il même l'origine du nom fondée sur le nom d'Esther Vanhomrigh? Cela correspondrait volontiers à son goût pour le jeu des mots, dont il fait preuve selon Emmet dans d'autres créations de nom.

 Si, par hasard, la richesse de résonance ce nom lui a échappé, elle n'a pas échappé à Vladimir Nabokov, romancier, professeur de littérature, et spécialiste chevronné des lépidoptères connaissant Fabricius aussi bien qu'il connaissait Swift,  qui baptisa Vanessa Van Ness [vanessa vanesse] la mère —la forme imago— de l'une des nymphettes de son roman Lolita (1955).

  

 

 2. Nom de genre encore utilisé : Cynthia (Fabricius, 1807).

Fabricius, 1807 : "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges", "Nach Fabricii systema glossatorum" , in Johann Karl Wilhelm Illiger, Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) page 281. Dans la même page où il décrit le genre Vanessa, Fabricius décrit Cynthia.

  Dans ce genre, Fabricius classe les Papilio oenone, Jatrophae, cardui et allionia.  

Selon A.M. Emmet 1991, Cynthia est le nom d'une montagne de l'île de Delos, lieu de naissance de Diane, qui reçut ainsi l'épithète de Cynthia. Le prénom Cynthia ayant été popularisé en Angleterre par les poètes lyriques"

 C'est effectivement le sens le plus courant de Cynthia, du mot grec kynthios signifiant « qui vient du mont Kynthos », comme épithète d'Artémis la vierge chasseresse, déesse lunaire, froide, chaste, indomptée et indomptable, avant de désigner dans la poésie et le théâtre élisabéthain la lune elle-même. C'est elle qui s'impose à l'esprit romantique de Chateaubriand dans sa fameuse Invocation à Cynthia du Livre V de la 4e partie des Mémoires d'Outre-tombe, où il évoque les nuits romaines.     

   Soit :   "Cynthia, puisque la déesse Diane-Artémis était née sur le Cynthe" ; Ovide, Her., 16, 74 ; Sil. Ital., IV, 480 

  Mais le genre Cynthia figure, lui, dans la liste de Fabricius publiée par Illiger, au numéro 10, juste avant son n°11 Vanessa, parmi les autres noms liés à Vénus, aux antipodes de Diane/ Artémis : je peux suggérer que la Cynthia de Fabricius n'est pas celle de la mythologie, mais celle de la poésie élégiaque latine : c'est la Cynthia de Properce (47 av. J.C-16 ap. J.C), celle qui apparaît dans cet extrait de l'Élégie III : 

 

"Le duvet fléchissait mollement sous le poids de Cynthie. Deux dieux téméraires, Bacchus et l'Amour, m'enflammaient à l'envi, et m'excitaient à approcher de cette tête légèrement posée sur un bras d'albâtre, à la soutenir moi-même de mes mains, à cueillir un baiser et à savourer tous ses charmes : mais je n'osais troubler le repos de mon amante, moi qui avais éprouvé déjà ses reproches et son courroux. Mon regard, du moins, restait attaché sur elle comme celui d'Argus sur la forme trompeuse d'Io. Tantôt je détachais de mon front une couronne, et je la déposais sur le tien, ô ma Cynthie ; tantôt j'aimais à toucher ta chevelure en désordre, et à charger furtivement tes mains de quelque fruit mais ces offrandes ne pouvaient rien contre un sommeil ingrat, et bientôt elles s'échappaient en roulant sur ton sein. "

 S'agit-il d'une vierge lunaire, ou d'une courtisane de Vénus ?

 

 

3. Le genre Vanessa (Fab.1807) est repris par Pierre-André Latreille en 1810 sous le nom de Genre des Vanesses  dans ses  Considérations générales sur l'ordre naturel des animaux composant les classes des Crustacés, des Arachnides et des Insectes; avec un tableau méthodique de leurs genres, disposés en familles. Paris: F. Schoell, 444 pp. pp. 354. Ce genre Vanesse regroupe les deux genres Cynthia et Vanessa de Fabricius. Latreille le définit ainsi : "Antennes terminées subitement en un bouton court, turbiné ou ovoïde ; palpes entièrement contigus, et terminées insensiblement en pointe (formant par leur réunion une sorte de bec)."

 


3. Nom d'espèce : Vanessa cardui (Linné, 1758).

 Protonyme P[apilio] N[ymphalis gemmatus] Cardui, n° 107, alis dentatis fulvis albo nigroque variegatis ; posticis utrinque ocellis quatuor :  Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 824 pp. p 475.

  Dans Fauna Svecica de 1746 page 236, Linné avait employé le nom de bella donna [Belle Dame] n°778 avec la mention vulgo "vulgaire, vernaculaire" .

 L'épithète spécifique cardui, du latin carduus "chardon" se traduit donc "du chardon", pour qualifier selon Linné la plante hôte. certes l'espèce fréquente les chardons du genre Carduus C. nutans, C. pratensis, mais aussi les Circes, Cirsium vulgare ou Cirse lancéolé, C. oleraceum ou Cirse maraîcher, ainsi qu'un très grand nombre d'autres plantes comme le Groseillier épineux, l'Ortie dioïque, la Mauve musquée, la Vipérine commune, les Cucurbitaceae, Fabaceae, Vitaceae, Brassicaceae, et l'Artichaut qui est mentionné dans les noms vernaculaires.

 

 

 


 

                II. Noms vernaculaires.


 La belle dame (Geoffroy, 1762) ; La Belle-Dame (Engramelle, 1779) ; Le Papillon du chardon (Walckenaer, 1807) ; La Vanesse du chardon (Godart 1819) ; La Vanesse Belle-Dame (Godart, 1821) ; Depuis G.C. Luquet, "la Vanesse des Chardons" comme nom principal, et comme nom accessoire "la Belle-Dame" ; "la Vanesse de l'Artichaut" ; "la Vanesse du Chardon", et "la Nymphe des Chardons".

0. Avant l'Âge des Noms :  Réaumur 1734.

 Réaumur ( René -Antoine Ferchault) Mémoires pour servir à l'histoire des  insectes  Vol.1 page 444 planche 26 fig. 11, 12 par Simonneau.

 Imagine-t-on qu'avant Linné (1758) ou Geoffroy (1762), on ne disposait d'aucun nom pour désigner la Belle Dame ?   Réaumur s'exprimait essentiellement en faisant référence à sa planche d'illustration: "La Figure 8 est celle d'une chenille épineuse que j'ai nourrie des grandes feuilles d'une espèce de chardon, qui ressemblent à celles d'acanthe. Tout le long du dos elle a une raye jaunâtre ; les cotés sont d'un brun gris. [...] La figure 11 est celle du papillon de cette chenille, vû par dessus. La figure 12 est celle du même papillon, ayant les ailes droites, et posée sur quatre jambes[...] Il est de la seconde classe des diurnes."

 

 1. La belle dame, Geoffroy, 1762.

 Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2 page 41 n°7.

  Geoffroy commente ainsi ce nom : "L'élégance des couleurs de ce papillon l'a fait appeler la belle-dame, bella donna ". On a vu que Linné, dans sa Fauna svecica de 1746, avait employé ce nom de bella donna, mais Geoffroy cite en référence le musei petiveriani de James Petiver, qui a le premier (1695) mentionné cette appellation : Petiver mus. p. 35 n° 326 Papilio eleganter variegatus, agilis, bella donna dictus.  

  Bella donna dictus, "nommé la belle dame", indique que ce nom n'a pas été inventé par Petiver, mais est plus ancien. Les anglais l'adapteront sous forme de leur "Painted Lady", Femme Peinte ou Femme Fardée, qui a le mérite de conserver le double sens de bella donna. On sait en effet que ce nom fait allusion au maquillage, et plus spécifiquement aux effets de la belladone, Atropa Belladonna, dont les élégantes italiennes usaient, sous forme de pommade ophtalmique, pour séduire les hommes par leurs grands yeux noirs, aux pupilles dilatées par l'effet mydriatique de l'atropine.

  Le nom de Belle Dame de Geoffroy semble perdre ce charme des renvois métaphoriques du nom et de ses allusions à la belladone et au maquillage. Il n'en n'est rien, mais nous avons oublié que Belle Dame était le nom vernaculaire de la belladone (wikipédia), terme utilisé par exemple par Hidegarde de Bingen. Le médecin parisien Geoffroy connaissait parfaitement les propriétés et les dangers de la Belle Dame, son père Étienne-François étant l'auteur de la Matière Médicale qui en enseigne l'usage : Traité de la Matière médicale ; Des plantes de notre pays page 285, où il mentionne que les coquettes italiennes l'utilisaient bien pour se "peindre", c'est-à-dire, à l'époque, se blanchir : " Les Dames d'Italie font avec le suc ou l'eau distillée de cette plante un fard  dont elles se frottent le visage, pour rendre blanche la peau qui était rouge. C'est de là qui lui vient le nom de belladonna." 

 M.A. Salmon écrit dans The Aurelians que "Le nom peut donc être vu comme une allusion au mélange de teintes de carnation et de marques noires sur les ailes, qui rappellent les visages peints des courtisanes à l'époque de Hogarth et Molière".

            gravures_lepidopteres_diurnes_-_vanesse_belle-dame.jpg

          (Godart, Histoire naturelles des Lépidoptères, 1823, planche 5 secund.)

 


 2. La Belle-Dame, Engramelle 1779.

  Jacques Louis Engramelle Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1  page 20  n°7  planche VII  fig. a-g par J.J. Ernst,  1779.

 

  "La beauté des couleurs et l'élégance de la forme ont fait donner à ce superbe papillon le nom de Belle Dame. Ce nom lui convient en effet d'autant mieux que la parure de ses trois états semble avoir été plus recherchée que dans les espèces précédentes".

Engramelle donne en référence, outre Geoffroy et Linné, Esper Tome I tableau X page 133 avec la mention d'un nom vernaculaire en français, "Chardonneret" ; mais il s'agit de la traduction du nom vernaculaire allemand (Distelsint) et néerlandais (Distelvlind). Esper, qui cite Geoffroy, donne une transcription erronée du nom vernaculaire sous la forme de La Belle Donne. Méfions-nous des versions de seconde main !


 

 3. Papillon du chardon, Walckenaer 1802.

Walckenaer Faune parisienne 1802 page 262.


 4.  Vanesse du Chardon, Latreille et Godart 1819.

   Vanesse du chardon : Latreille (P.A) Godart (J.B), Encyclopédie méthodique. Histoire Naturelle. Entomologie, ou histoire naturelle des crustacés, des arachnides et des insectes. Vol. 9. Paris : Vve Agasse, 828 pp, tableau page 296, texte page 323 n° 62.

 Ce nom est la simple traduction de Vanessa cardui, le nom scientifique que les auteurs (Latreille qui a créé le genre en 1810, et Godart, qui est alors le "second" de Latreille depuis le décès d'Olivier).

5.  Vanesse Belle-Dame Godart 1823.

Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France Paris : Crevot page 102 n°33, Planche 5 secund peint par C. Vauthier et gravée par Lanvin.

Illustration ici.

 Pour une raison d'antériorité peut-être, ou pour d'autres raisons dont je ne peux que le féliciter, Jean-Baptiste Godart décide de renoncer à Vanesse des Chardons et de reprendre le nom créé par Geoffroy en l'associant (il est très attaché à la structure binominale des noms, même vernaculaires) au nom Vanesse. 

  Ce rapprochement est très heureux puisqu'il réunit Vanesse, genre porte-drapeau de la divine féminité vénusienne, et clin d'œil vers sa vanité éventuelle, à l'un des accessoires de maquillage tiré de son vanity-case, la Belladone, en français galant Belle-Dame, la plante qui rend les regards langoureux. On assiste presque à un défilé de mode, on entend presque fuser les sifflements admiratifs, bruisser la soie et le satin, dans les effluves de parfums capiteux. Ahhh...Vanesse Belle-Dame !  

 Ce nom a été repris par Pierre Boitard 1828 page 301 ; Hippolyte Lucas 1834 ; Bory de Saint-Vincent 1836 ; O.F Constant en 1840 ; Henri Milne-Edwards en 1841 ; P.A. Duponchel en 1849 ; Paul Girod 1912 .

6. La Vanesse de l'Artichaut.

La première attestation de ce zoonyme retrouvée en ligne date de 1928, dans la Revue de Zoologie Agricole et Appliquée - Volumes 27 à 28 - page 157 dans un contexte où les papillons, ou du moins leur chenilles, sont considérées comme des nuisibles, au même titre que "les doryphores, les termites et la mouche des cerises" dont il faut rechercher la parade phyto-sanitaire. 

 R. Poisson, H. Des Abbayes et F. Barbotin  donnèrent — sans utiliser ce zoonyme— une description des dégats (relatifs) causés aux artichauts de la ceinture légumière bretonne en 1939 dans leur article "Sur une migration de la Vanesse du chardon Vanessa cardui en Bretagne", Bulletin de la Société scientifique de Bretagne : Sciences mathématiques, physiques et naturelles,  Rennes : Société scientifique de Bretagne 1939, T.16 page 116. L'attaque des chenilles ne concernent que la côte malouine, et seulement quelques communes, comme celle de Saint-Servan ; la ponte survint en juin, et le 8 juillet, les feuilles rongées logeaient chacune 80 chenilles. Le 25 juillet, certaines feuilles étaient réduites à leurs nervures principales, mais les chenilles, qui avaient resisté à un traitement nicotiné, avaient été mangées par une troupe d'étourneau, et les chrysalides qui restaient avaient été attaquées par les Diptères tachinides, les Hyménoptères Apantales et Pteromalus.

En 2000, la deltamethrine conservait une extension d'emploi dans la lutte contre le "Ravageur".

Ce nom vernaculaire est utilisé notablement au Canada, où on redoute de voir V. cardui attaquer les cultures de soya, le tourneslo et l'artichaut avec la même virulence que dans le Mid-ouest des Etats-Unis et au Mexique, où un deuxième semis est parfois nécessaire. (Agriréseau 2011)

6. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

       Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet propose "la Vanesse des Chardons" comme nom principal, et comme nom accessoire "la Belle-Dame" ; "la Vanesse de l'Artichaut*" ; "la Vanesse du Chardon", et "la Nymphe des Chardons**". 

 La "Vanesse Belle-Dame" passe donc aux oubliettes, et l'antique "Belle-Dame" de Geoffroy et Engramelle est ramenée au même rang que la "Vanesse de l'Artichaut" !

*Ce nom, dont la plus ancienne mention sur le net date de 1940 (Bull sc. pharmacol.), est surtout employé, non pas par les entomologistes, mais par les maraîchers, jardiniers, phytopharmaciens, lorsque l'on veut faire apparaître ce papillon comme nuisible, et en protéger les cultures. 

** : trouvé par G.C. Luquet dans Paul-A. Robert 1960, Les Papillons dans la nature, Delachaux et Niestlé, Neufchâtel (Suisse).



7. Noms vernaculaires contemporains :

— Oberthür et Houlbert dans la Faune armoricaine (1912-21) utilise le nom scientifique pour désigner V. cardui, mais, incidemment, dans leur texte sur la chrysalide, cite le nom vernaculaire "La Belle Dame" (page 91). 

Les auteurs contemporains ont suivi les propositions de G. Luquet, mais restent très attachés à "La Belle-Dame".

—Bellmann / Luquet 2008 : "La Vanesse des Chardons, la Belle-Dame"

— Blab / Luquet 1988 : "la Vanesse des Chardons"

— Chinery / Luquet  2012 : "La Belle-Dame"

— Doux & Gibeaux 2007 : "La Vanesse des Chardons".

— Higgins & Riley /Luquet 1988 : "La Vanesse des Chardons ou la Belle-Dame."

— Lafranchis, 2000 : "La Belle-Dame".

— Perrein, 1012 : "Vanesse des Chardons, Belle-Dame".

— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 :"Belle dame".

— Wikipédia : "La Vanesse du Chardon ou Vanesse des Chardons, [...] appellé Belle-Dame"

 

 

 

 

III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

 

  • Ohdakeperhonen en finnois (papillon du chardon).
  • Painted Lady en anglais. (La Dame Peinte, ou Fardée)
  • Tistelfjäril ou Tistelfuks en suédois (Papillon du chardon) 
  • Distelvlinder en néerlandais (Papillon du chardon).
  • Stikelflinter en frison (Papillon du chardon).
  • Tidselsommerfugl en danois (Papillon du chardon). 
  • Tistelsommerfugl en norvégien (Papillon du chardon).
  • Vanesa de los cardos ou Bella Dama o Cardero en espagnol (Vanesse du chardon ; Belle Dame du chardon). 
  • La papallona dels cards ou papallona del card en catalan (Papillon du chardon)
  • Bela-dama ou vanessa-dos-cardos en portuguais (Belle-Dame ou Vanesse du chardon).
  • Vanessa del Cardo en italien (Vanesse du chardon).
  • Distelfalter en allemand (Papillon du chardon).
  • Usninukas en lituanien (Papillon du chardon).
  • Foillycan yn onnane en mannois (île de Man) (Papillon du chardon).
  • Rusałka osetnik en polonais (la Dame-sirène)
  • Farfalla cardaghja en corse (Papillon du chardon).
  • Mantell dramor en gallois (Manteau étranger )
  • Wóstowy kadźenc en serbocroate
  • Perîdanka qîvaran en kurde (Papillon ...)
  • Bogáncslepke en hongrois
  • Babočka bodláková en tchéque (Papillon dame)
  • Diken Kelebegi en turc (Papillon du chardon).
  • Ohakaliblikas en estonien (Papillon du chardon)
  • Чертополоховка Бабочка репейница en russe (Femme fardée : papillon femme trop fardée).
  • Osatnik en slovène
  •  Дяволска пеперуда en bulgare ( Papillon du diable).
  • Stričkov šarenjak en croate
  •  ヒメアカタテハ(姫赤立羽 ヒメアカタ  en japonais.

 

                                    Faroese_stamp_682.jpg

IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

Première illustration : Mouffet, 1634.

  • Papilio Bella Donna: Petiver*, 1699 ; Ray, 1710 ; Linaeus, 1746. (La Belle Dame)
  • "The Painted Lady" : Petiver, 1699, 1704 ; Buddle, c.1700 ; ray, 1710 ; Wilkes, 1741-42 ; Harris, 1766 ; et la plupart des auteurs suivants. (La Femme Fardée)
  • "The Thistle Butterfly" : Lewin, 1795. (Le Papillon du Chardon).

*Petiver (Mus. p. 35 n° 326)  le présente ainsi : papilio eleganter variegatus, agilis, belladona dictus. Ce belladona dictus, "appellé belladonna", signifie qu'il n'est pas lui-même l'auteur du nom, mais qu'il reprend une tradition plus ancienne.


 

 

Liens et Sources.

Funet : Vanessa.

Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Vanessa cardui.

 

— BELLMANN Heiko, 2008 Quel est donc ce papillon, Les Guides Nathan, Paris : Nathan, 2008. Traduction française et noms vernaculaires par G.C. Luquet.

— BLAB (Josef), RUCKSTULH (Thomas) ESCHE (Thomas)  [et al.], adaptation et traduction française LUQUET (Gérard-Christian), 1988 Sauvons les papillons  : les connaître pour mieux les protéger ; préface de Pierre Richard Paris : Duculot 1 vol. (192 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 27 cm Trad. de : "Aktion Schmetterling so können wir sie retten". 

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables

, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

  — BOISDUVAL ( Jean Alphonse),  GRASLIN, (Adolphe Hercule de), Dumesnil (P.C.R.C)  Rambur (Pierre).1833 Collection iconographique et historique des chenilles ou description et figures des chenilles d'Europe, avec l'histoire de leurs métamorphoses et des applications à l'agriculture, Paris : Librairie encyclopédique de Roret, 1832-1837 [1833].

— CHINERY (Michael), Insectes de France et d'Europe occidentale, adaptation française  G. Luquet pour les lépidoptères, Flammarion 2005, 2eme édition 2012, 320 p.

— DOUX (Yves), GIBEAUX (Christian), 2007, Les papillons de jour d'Île de France et de l'Oise,Collection Parthénope, Edition Biotope, Mèze, ; Muséum national d'Histoire naturelle, Paris, 2007, 288 p. Préface, index et supervision scientifique de Gérard Chr. Luquet.

— DUPONT (Pascal), DEMERGES (David), DROUET (Eric) et LUQUET (Gérard Chr.). 2013. Révision systématique, taxinomique et nomenclaturale des Rhopalocera et des Zygaenidae de France métropolitaine. Conséquences sur l’acquisition et la gestion des données d’inventaire. Rapport MMNHN-SPN 2013 - 19, 201 p. http://www.mnhn.fr/spn/docs/rapports/SPN%202013%20-%2019%20-%20Ref_Rhopaloceres_Zygenes_V2013.pdf

— DUPONCHEL (Philogène Auguste Joseph) 1849 Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir à de compléter une l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France, de MM. Godart et Duponchel . Paris : Germer Baillère, 1849. 

— EMMET (Arthur Maitland) 1991. The Scientific Names of the British Lepidoptera: Their History and Meaning, Colchester, Essex, England : Harley Books, 1991,  288 p. : ill. ; 25 cm.

—  ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst. Gravés par M. Gérardin et coloriés sous leur direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour [décrits par le R.P. Engramelle, Religieux Augustin, Quartier Saint-Germain] Se vend à Paris chez M. Ernst et Gérardin. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Volume 1 [1]+[VIII],[i-xxxiv] - 206p-errata [i-vi], 3 pl. en noir, 48 planches coloriées (I-XLVIII), 100 espèces. 

ESPER (Eugenius Johannes Christian) Die Schmetterlinge in Abbildungen nach der Natur / mit Beschreibungen, herausgegeben mit Zusätzen von Toussaint von Charpentier. Leipzig : T.O. Weigel, [1829-1839] En ligne BHL.

  — FABRICIUS (Johann) 1807  "Nach Fabricii systema glossatorum" in Johann Karl Wilhelm Illiger, "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge [...], Magazin für Insektenkunde , Braunschweig [Brunswick] (6) https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

— FOURCROY   (A. F.) 1785. Entomologia Parisiensis; sive catalogus insectorum quæ in agro Parisiensi reperiuntur; secundam methodam Geoffrœanam in sectiones, genera & species distributus: cui addita sunt nomina trivialia & fere trecentæ novæ species. Pars secunda. Parisiis. (Hôtel Serpente). 2. 232-544. Traduction en latin de l'Histoire des insectes de E.L. Geoffroy. http://archive.org/stream/entomologiaparis02four#page/n3/mode/2up

 — GEOFFROY (Étienne-Louis, Docteur en médecine) 1762. Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris: dans laquelle ces animaux sont rangés suivant un ordre méthodique ;Paris : Durand 1762 Tome second Planches XI à XXII  colorées à la main par Prévost gravées par Defehrt. 744p. http://archive.org/stream/histoireabrg02geof#page/n9/mode/2up

— GEOFFROY [Étienne-Louis] 1798-99 Histoire abrégée des insectes  Benoît Louis Prévost; A J Defehrt Paris : Chez Calixte-Volland : Chez Rémont, an VII [1798-1799 Tome deuxième. http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/14595#/summary

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— GODART (Jean-Baptiste) Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France décrits par M. Godart, ancien proviseur Paris : Crevot 1821 Vol.1, Première partie, environs de Paris, [I]-[vij] + 295 p. Planches dessinées par [Antoine Charles] Vauthier et gravées par Lanvin.

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Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

— Un beau plaidoyer sur les noms de papillons :http://excerpts.numilog.com/books/9782759217045.pdf 

— Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

   http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

                

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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