La maîtresse-vitre de l'église Notre-Dame de Miséricorde à Runan (22).
Ma documentation préalable : le vitrail étant daté de 1423, je réunis pour moi-même ces renseignements (cf. sources et liens):
1°) En 1423
—Duché de Jean V le Sage (1399-1442)
— Evêque de Tréguier Jean II de Bruc.
2°) Runan appartient au territoire de Chateaulin-sur-Trieux qui prit le nom de paroisse de Plouëc-sur-Trieux. Parmi les nobles de Plouec-sur-Trieux on dénombre à la réformation du fouage de 1426 (Alain) de Kernechriou, Martin Bronier, Jehan de Plusquellec et Jehan de Kerourguy et à la montre de 1481 10 nobles dont Jehan Kernechriou de Loesic, Jehan le Caourcin, Olivier de Lesqueldry le sieur de Ploesquellec (Source Infobretagne)
3°) René Couffon écrit en 1935:
Rappelons brièvement que la chartre apocryphe de 1182 relatant les biens des Templiers en Bretagne, mentionne parmi ceux-ci l'église de Runargant. Elle advint ensuite aux hospitaliers ; et dut à ce fait d'être parfaitement entretenue au cours des siècles, comme toutes les églises et chapelles de l'ordre, par les divers commandeurs. Ceux-ci s'en faisaient en effet un point d'honneur, et ne manquaient p d'ailleurs pas de s'attirer l'attention du grand prieuré d'Aquitaine sur les améliorations réalisées, dans le but non désintéressé d' »obtenir une commanderie plus importante.
Mais elle dut principalement sa magnificence aux fondations qu'y firent les ducs de Bretagne, en raison de sa proximité de leur résidence de Châteaulin-sur-Trieux. En 1381, le duc Jean IV y fait fondation d'une chapellenie par semaine, puis le 2 juin 1414, le duc Jean V concède en faveur de la chapelle une foire annuelle le 8 septembre, jour de la fête de Notre-Dame. Quelques années plus tard le 19 mai 1421, il crée une nouvelle foire au jour et fête de saint Barnabé « pour augmentation de la dite chapelle et du service divin en icelle ». Enfin le 28 mars 1436, il concède à la chapelle de Runan une troisième foire le samedi précédant le pardon de la chapelle fixé au dernier dimanche de juillet.
Une enquête du 13 août 1439 nous montre d'autre part que la belle chapelle du midi, due au commandeur Pierre de Keramborgne, dont les armes ornent également les contreforts du porche, avait été terminée l'année précédente.
L'étude architectonique confirme en effet qu'à l'exception de la longère nord et du bas-coté adjacent reconstruits récemment, toute l'église date du début du XVe siècle.
Au milieu du XIXe siècle, sous une couche de mortier dont elle avait été enduite probablement pendant la Révolution, Geslin de Bourgogne découvrit et nettoya la belle verrière que nous admirons aujourd'hui, après sa restauration en 1886, par la fabrique du Carmel du Mans. Elle comporte six panneaux renfermant chacun un personnage sous un grand dais gothique et porté sur une console architecturale surmontant elle-même un écu blasonné.[...]
Les Hospitaliers.
Il s'agit de l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, qui reçut les biens des Templiers vers 1312 . Cet Ordre dont saint Jean-Baptiste est le saint patron est organisé en commanderies. Runan appartient à la commanderie du Palacret en Saint-Laurent (près de Bégard), elle-même regroupée au XIVe ou début du XVe siècle environ sous la tutelle de la commanderie de la Feuillée (commune du Finistère ). Les commanderies possédaient une maison commandale (ou manoir). Dès 1438 le commandeur Pierre de Keramborgne fit sculpter son blason tenu par des lions au dessus des fenêtres (de gueules à un heaume de profil d'or accompagné de trois coquilles d'argent).
La chapelle Notre-Dame de Runazhan (dédiée à Notre-Dame de Bon-Secours) devient une « église trève » de la paroisse de Plouëc dès 1439. Une léproserie exista à Runan au XVe siècle. Malgré sa richesse, la fabrique de Runan ne devait au commandeur du Palacret que 24 sols de rente, et « pour les offrandes du lieu 100 sols, à la Nativité de Notre-Dame. » Par ailleurs, ce commandeur avait certains droits sur la halle de Runan, et jouissait de treize tenues et d'une dîme. (ici)
Baie 0 ou maîtresse-vitre.
Haute de 5,60 m et large de 3,70 m, elle est composée de six lancettes trilobées et d'un tympan de 34 ajours. Elle est estimée dater de 1423 (Couffon).
Dans chaque lancette, une grande niche d'architecture en grisaille et jaune d'argent sur verre blanc avec armoiries dans les socles et fleurs de lys ou armoiries dans les têtes forme le cadre du motif sur verre coloré sur fond damassé alternativement bleu et rouge aux somptueux motifs (Corpus Vitrearum 2005, agrégé C.V. infra)
LES LANCETTES
Une Crucifixion au Christ entouré de la Vierge et de saint Jean est accompagnée de figures en pied de saint Pierre, de Sainte Catherine d'Alexandrie et de sainte Marguerite (ou Hélène).
Trois lancettes de gauche :
Première lancette : saint Pierre.
En zoomant sur l'image (cliquez), on remarque le livre à fermoir, mais surtout le galon d'or du manteau blanc, qui porte des sortes de lettres gothiques répétées régulièrement..
Ce gros-plan permet d'une part d'admirer les motifs du fond damassé aux motifs d'oiseaux, d'autre part de noter la précision du travail de grisaille (cils ). Saint Pierre se reconnaît certes à sa clef, mais aussi à sa calvitie respectant un "toupet" ici traité comme une tonsure.
Socle : armoiries des Le Goalès :
Le Goalès de Mézaubran : de gueules au croissant d'argent, accompagné de six coquilles de même.
Dans cette famille, Guillaume de Golès ou de Goalès ou de Goalès de Mézaubran fut abbé de l'abbatiale cistercienne de Plounéour-Menez entre 1462 et 1472.
Devise : faventibus astris (Rietstap)
Début de l'inscription de restauration de l'atelier Huchet (1886) : "Les membres de la fabrique étant MMrs Y. Levézouet maire, J.L. Guillou F. Toullelan, Y.M Guyomard. F. Bihannic..." (voir suite dans la sixième lancette )
Deuxième lancette : la Vierge.
Les lancettes 2, 3 et 4 composent une Crucifixion où la Vierge à gauche et saint Jean à, droite encadrent le Christ en croix.
En zoomant sur l'image (cliquez), on admire le même galon que sur la chape de saint Pierre, et on y lit Varia ou Maria. Le revers du manteau est finement damassé (partie basse).
Le détail de la tête permet de découvrir sous le voile, par transparence, une couronne. C'est du moins l'avis des auteurs du Corpus vitrearum ("Vierge couronnée" p. 96), car je considère qu'il ne s'agit que de la poursuite du motif qui orne l'ensemble de la bordure du manteau.
Beauté du dessin des mains et de celui du visage, dont les yeux sont rehaussés au jaune d'argent.
Un mot sur cette technique, qui devait jadis être apparente sur le visage de saint Pierre, et qui va être découvert sur les personnages suivants : on l'observe à Dol de Bretagne (Baie 8, v.1420), à la cathédrale de Quimper (v.1415) ou dans le vitrail de saint Gilles à Malestroit (1401-1425) L'église Saint-Gilles de Malestroit (56). Vitrail de saint Gilles et saint Nicolas. , ou dans les vitraux du bras nord de la cathédrale du Mans (v. 1435), "ainsi que dans plusieurs panneaux conservés en Ille-et-Vilaine" (C.V. p.28). On voit que cet emploi est limité à un étroit créneau temporel autour de 1420, et spatial dans l'ouest de la France. Il confère aux personnages une sacralité, extra-humaine, qui évoque la fonction des fonds d'or dans les icônes ou chez les primitifs italiens.
Néanmoins, j'ai cru remarquer la même particularité pour l'ânon du Christ dans l'Entrée à Jérusalem de Tonquédec.
Socle : armoiries d'Alain de Kernechriou :
De Kernechriou (ou de Crec'hriou) seigneur de Lestrézec écartelé d'argent et de sable
Mais ici, les armes doivent de blasonner écartelé d'argent et de sable à la cotice de gueules brochant sur le tout
En 1421, Alain de Kernechriou apparaît parmi les 4 nobles de Plouëc-sur-Trieux à la réformation du fouage. En 1437, Alain de Kernechriou appartient aux Nobles de Tréguier et de Goello qui prêtent serment de fidélité (Dom Morice)
Troisième lancette : Crucifixion.
Fond damassé bleu orné de feuillages et de fruits (grenades ?) qui apparaissent verts par application de jaune d'argent sur le verre bleu. Neuf anges nimbés entourent la croix, dont cinq recueillent le Précieux Sang dans des calices, et quatre se prosternent. Deux os viennent caler le pied de la croix.
Le Christ lui-même est remarquable par son caractère longiligne et ses traits expressionnistes ou par le ruissellement du sang en longues gouttes souvent groupées par trois..
Socle : armoiries des Le Caourcin :
Jean Le Caourcin de Kerambellec possédait la chapelle privative nord.
Potier de Courcy : Caourcin, Sr de Kerambellec, par. de Runan, — de Remarquer, par. de Penvénan, — de Penanhéro. Réf. et montres de 1427 à 1543, par. de Cavan et Plouec, év. de Tréguier. D'argent à une tête de maure de sable, tortillée du champ.
Trois lancettes de droite.
Quatrième lancette : saint Jean l'évangéliste.
Fond damassé rouge sans motif original.
Manteau au même galon en festons or à trois perles que le manteau de la Vierge et celui de saint Pierre.
Finesse des doigts entrecroisés.
Notez à nouveau les pupilles rehaussées au jaune d'argent, particulièrement impressionnantes ici :
Tête de lancette :
Au sommet du pinacle central se trouvent les armoiries d'azur au léopard d'or au lambel de gueules de Henri du Parc de la Rochejagu (mort en 1423) et de Catherine de Kersaliou (morte en 1433), dont le gisant se trouve à droite de l'entrée de l'église. Les mêmes armoiries se trouvent aussi au sommet de la lancette voisine dédiée au Christ en croix.
Il s'agit des du Parc de Rosnoën : Église de Rosnoën et ses inscriptions lapidaires : tilde, N rétrograde, et esperluettes! descendant de Maurice du Parc.
Socle : armoiries des Le Saint :
Le Saint de Kerambellec : D'argent au lion de sable accompagné de 4 merlettes de même 3 et 1. Leur devise Et sanctum nomen ejus est placé au dessus du retable de la chapelle nord dédiée à Notre-Dame de l'Agonie ...autour des armes des le Caourcin.
Cinquième lancette : sainte Catherine d'Alexandrie.
Fond damassé bleu à rinceaux d'acanthe.
Couronnée, tenant son épée, elle est clairement identifiable, comme appartenant aux quatorze saints intercesseurs et dont on implore la protection face aux dangers du célibat (cf. catherinettes) ou ceux qu'encourent les femmes enceintes.
Tête de lancette :
Socle : armoiries des Lezversault.
Cette identification est donnée par René Couffon et reprise par le Corpus Vitrearum ; l'abbé Monnier les attribuait, avec une lecture erronée (huit besans) aux Le Saint de Kerambellec et de Chevigné, en ajoutant "anciennes armoiries des commandeurs de Dinan". On peut les blasonner de gueules à quatre fuseaux d'argent en fasce accompagné de six besants de même, et les rapprocher des armoiries de Dinan de gueules à quatre fusées d'hermine posées en fasce, accompagnées de six besants de même.
Je recherche donc des informations sur cette famille de Lezversault :
En 1342, Charles de Blois attribua le domaine de Brélidy à la famille de Lezversault. Je trouve mentionnés comme seigneur de ce lieu:
—en 1453 Yvon de Lezversault, .
— 1491 : Pierre-Philippe de Lezversault et sa femme Guyonne de Rostrenen-
— 1501 : Roland de Lezversault
— En 1509 : Jean de Lezversault : Jean de Lezversault (mort après 1509) seigneur de Brélidy et de Lezversault épousa Marguerite de Langourla. A son décès il est qualifié (1511) de "principal héritier et noble fut dudit Rolland de Rostrenen... sr en son temps de Brelledy" ce qui laisse supposer une filiation ; leur fille Péronelle († >1525) * héritière des titres épousa le 13 avril 1505 Jacques du Parc Seigneur de Locmaria en Ploumagoar; sgr de Brelidy et Lézerzault ; le titre de seigneur de Lezversault échut à leur fils François du Parc (>1515-1576), qui épousa Guillemette de Kerloaguen
*Péronelle produit cette année là un aveu pour le domaine manoir de Lezversault et pour les tenues qui en dépendent à charge de payer les douaires dus à Marguerite de Bouteville, veuve de Roland de Rostrenen, seigneur de Brélidy, et à Marguerite de Langourla, dame du Parc, veuve de Jean de Lezversault (ADLA, B 2296, d'après l'inventaire). Ce qui laisse supposer des liens avec les Rostrenen.
Source : fil de discussion sur yahoo.groupe La Noblesse bretonne.2006.
Une dalle de Runan "portait l'effigie d'un chevalier en armure du XVIe siècle, tombe décorée des armes des Quelen, des Boutteville, des Lezversault et des Rostrenen" (Congrés arch. 1950)
Le même fil de discussion de 2006 signale que "Guy Le Borgne indique : LESVERSAULT en Brelidy Evesché de Tréguier, ancien surnom de cette maison, C. portoit de gueulle à une fasce fuselée d'argent accompagné de six Besans de mesme trois en chef & trois en pointe , 2 & 1. Maintenant du Parc Locmaria, & Keranroux idem.", entraînant une précision d'Hervé Torchet "Les armes de Lesversault sont très évidemment dérivées de celles modernes de Dinan (fusées accompagnées de tourteaux, le tout d'hermines et sur champ de gueules."
En consultant à "fusées" le dictionnaire héraldique de Bretagne, je trouve Cheveigné "4 fusées d'or en fasces, accompagnées" (de sable à quatre fusées d'or en fasce, accompagnées de six besants de même, posés 3, 3. ), puis Dinan (cf.)
Finalement, je trouve dans l'Armorial général de Rietstap : Lesversault —Bret. De gu. à une fasce de fusées d'arg., acc. de six bes. du même", ce qui confirme le message précédent en en précisant la source, mais induit une confusion en écrivant "une fasce de fusées" avec fusées au pluriel. Voir ici "fusées"
Au total, les armoiries représentées ne sont pas peut-être pas exactement celles des Lezversault , ni exactement celles de Dinan, mais ont des points communs avec les unes et les autres, soit par excès de zèle du restaurateur, soit pour une autre raison.
Sixième lancette : sainte Marguerite d'Antioche.
L'identification de sainte Marguerite (qui accompagne souvent les donatrices, et qui voisine souvent avec sainte Catherine dans toutes les paroisses) n'est pas certaine, car elle tient une croix à longue hampe plutôt qu'un crucifix, et surtout que son fidèle dragon est absent ; aussi Louis Monnier et René Couffon y ont vu sainte Hélène, d'autant que la sainte est couronnée.
Voilà ce qu'écrivent les auteurs du Corpus Vitrearum page 28 :
"Ces verrières [de Quimper] ont été à juste titre rapprochées de celles de Runan et de Malestroit, où se retrouve le même goût pour les représentations en camaïeu affichées devant des tentures précieuses. La première contient des personnages en pied d'une grande élégance, notamment une sainte Catherine drapées de soieries brodées d'or d'une qualité supérieure aux vitraux de Quimper. L'œuvre, qui paraît un peu plus tardive vers 1423, témoigne de raffinements nouveaux dans le dessin des encadrements architecturaux comme dans l'expression adoucie des figurations"
Mais R. Couffon nous signale que "ce panneau manquait lors de la découverte de la verrière et a été très habilement refait" ! Louis Monnier le décrivait pourtant en 1900 (Saint Jean et, croyons-nous sainte Hélène et sainte Honorine...).
C'est une incitation à zoomer sur cette splendide robe d'or, son tissu damassé aux pommes de pin. Le brocart est une étoffe de soie rehaussée de dessins brochés d’or et d’argent alors que le damas ou damassé est un tissu (plutôt d'ameublement) dont les dessins sont tissés et non brodées. Cette robe est très cintrée à la taille, très ajustée sur la poitrine, avec une encolure arrondie , et des manches moulantes recevant les longues mèches de chevelure blonde. Les motifs du tissage sont les fleurs et les pommes de pins.
On admirera aussi la finesse de dentelle des fils d'or qui occupent les coins de la croix.
Mais peut-être n'aura-t-on pas remarqué ce détail : un oiseau, séduit par la parfaite ressemblance des perles de la couronne royale avec des baies sauvages, est venu se poser pour y picorer, continuant à battre des ailes comme un colibri. Éloge suprême pour un artiste, critère comparable à ces chevaux qui ne hennirent que face à un tableau équestre d'Apelle.
Tête de lancette :
Socle (restauré) et Armoiries :
Armoiries mi-parti de Kergrist : d'or au croissant de sable accompagné de quatre tourteaux de même et de Plusquellec ou Pluscallec chevronné de six pièces d'argent et de gueules brisé d'un lambel d'azur (Tudchentil) (ou selon l'abbé Monnier de Coëtquen : bandé d'argent et de gueules, un lambel à trois pendants d'azur mais ce blasonnement n'est pas retrouvé associé au lambel).
Suite de l'inscription de restauration :
"Cette vitre a été restaurée en 1886 à la fab.[rique] du Carmel du Mans par MMrs Hucher et Fils Successeurs, étant évêque de St-Brieuc Mgr Bouché et recteur de Runan Mr l'abbé F.M. Le Corps ".
Eugène Hucher (1814-1889) avait repris en 1875 avec son fils Ferdinand la "Fabrique du Carmel', atelier de carmélites (Arrondeau 1997) créé en 1853 et spécialisé dans la restauration des vitraux. Cet ancien employé de l'administration des Domaines, érudit local et ami de l'évêque du Mans Mgr Nanquette avait dessiné dès 1842 les cartons pour les baies du chœur de Notre-Dame-de-la-Couture au Mans, s'était formé auprès des verriers anglais la même année, et avait eu l'idée d'exploiter les calques des vitraux de la cathédrale du Mans, relevés en 1840 par Fialeix, pour les éditer et les colorer en utilisant les carmélites. (Alliou et Brissac 1986) Il devint directeur artistique et archéologique de l'Office des vitraux peints du Carmel du Mans. En 1848 il publie ses Etudes artistiques et archéologiques sur Ie vitrail de la Rose de la cathédrale du Mans, Monnoyer: Le Mans; en 1850, son Explication des vitraux dits des Monnayeurs placés dans la chapelle du Chevet de la cathédrale du Mans, Monnoyer : Le Mans. Etc. Ce fut aussi un numismate auteur d'une Histoire du jeton au Moyen-Âge, un siggilographe, un amateur de l'Art Gaulois...
Les calques, qui sont conservés au Musée Tessé du Mans, furent édités en un luxueux ouvrage présenté à l'Exposition universelle de 1855.
A la mort de Eugène Hucher en 1889, Ferdinand Hucher lui succéda. L'atelier se trouvait au 116 rue de la Marriette au Mans. Leur travail de restauration —ou de création— se rencontre partout dans l'Ouest, à Saint-Lô, à Dinan, Saint-Pol-de-Léon, Malestroit, Bannalec, etc.
LE TYMPAN
On y trouve des anges musiciens ( dont l'un joue d'une flûte double ? et l'autre d'un psaltéron), de phylactères avec la devise des ducs de Bretagne A MA VIE, des armoiries couronnées du duc de Bretagne d'hermine plain, ou mi-parti du duc Jean V et de la duchesse Jeanne de France. Dans la partie basse, armoiries de Rostrenen à l'extrême gauche ; au centre, deux armoiries de Kernechriou écartelé d'argent et de sable, et dans les quatre quatrefeuilles, celles, d'azur à dix billettes d'or, quatre, trois, deux et un de Jean du Perrier comte de Quintin et de son épouse Constance Gaudin décédée en 1423.
"Au troisième rang, un écu aux armes des du Perrier et un autre losangé mi-parti : au I, du Perrier, au II, écartelé Gaudin et Brienne de Beaumont, armes de Jean du Perrier, sire de Quintin et du Perrier et de Constance Gaudin sa femme, fille de Péan et de Jeanne Riboule. Enfin au dessus des troisième et quatrième panneaux, un écusson losangé mi-parti du Parc de la Rochejagu et de Kersaliou et autre des armes pleines des du Parc, armes de Henry du Parc Sr de la Rochejagu et de sa femme Catherine de Kersaliou.
Ces grandes armoiries permettent de dater avec une très grande précision la verrière. En effet, l'on sait, d'une part, que c'est par contrat du 3 janvier 1423 que Jean du Perrier, veuf d'Olive de Rougé, épousa Constance Gaudin, et d'autre part, qu'Henry du Parc Sr de la Rochejagu décéda en cette même année 1423 entre le 2 octobre et le 19 décembre. L'on peut donc dater la commande de cette verrière de l'an 1423, les armes d'Alain du Parc, frère et héritier d'Henry, et de sa femme Miette de Tréal n'y figurant pas. Cependant les armes de Catherine de Kersaliou précédant les armes pleines des du Parc indiquent que lors de son exécution, Catherine était sans-doute veuve. Probablement était-elle même la donatrice de la verrière, comme semble l'indiquer la présence de sainte Catherine, elle mourut le 15 novembre 1433.". (R.C.)
DISCUSSION
Influences stylistiques et atelier.
"La figure des personnages et leurs grandes nimbes, les plis profonds de leurs vêtements dénotent manifestement une influence allemande. Les figures de la Vierge et de sainte Catherine s'apparentent en effet à celles de Conrad de Sœst, du maître de la basse saxe et du maître du Rhin moyen, artistes appartenant tous trois, comme l'on sait, à l'école de Westphalie ; quant aux plis, ils se rapprochent tout particulièrement de la facture du dernier.
Si elle est un peu grise et manque de couleurs, la verrière de Runan est très belle comme dessin. A quel atelier l'attribuer ? En existait-il déjà un à Tréguier ou au contraire doit-on voir là une œuvre de celui de Guingamp ? Il est impossible, en l'absence de textes, de conclure » (R.C)
Voir Conrad de Soest Wikipédia.
Sources et liens.
— BARTHELEMY (Anatole de) GUIMART (C.) 1849 "Notice sur quelques monuments du département des Côtes-du-Nord". Bulletin monumental. Collection de mémoires et de renseignements sur la statistique monumentale de la France - 2è série, Tome 5, 15è vol. de la Collection. pp. 35-38.
— COUFFON (René) 1935, "Les verrières anciennes des Côtes-du-Nord" Bulletins et Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord t.67 pp.101-104. En ligne. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f126.image
— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel) 2005 , Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes pp.100-102.
— GÉLARD, François . (1900) - In: Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou (1900), pp 128-135, 372-377
— MON(N)IER (abbé Louis) "L'église de Runan, ses origines, son histoire" in Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, Tome XVIII, du 1° sem. 1900 (06/1900) page 372- Gallica L'abbé Monnier était desservant de l'église de Runan avant de devenir curé-doyen de Mûr de Bretagne.
—Idem (suite) tome XXIV p. 128 ; p.190
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411436v/f387.image.r=runan%20vitrail.langFR
— Idem : la maîtresse-vitre page 134 :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411436v/f395.image.r=runan%20vitrail.langFR
Idem page 135 :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411436v/f392.image.r=runan%20vitrail.langFR
:http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411436v/f285.image.r=runan.langFR
— Idem tome XXV, 57, 198
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411435g/f134.image.r=runan.langFR.
— ROPARTZ (Sigismond ),1854 "Les Statues de Runan", dans Annuaire des Côtes-du-Nord , Saint- Brieuc, 1854 En ligne :p. 87 (84-92)
— Site Topic-topos .
— Site Infobretagne http://www.infobretagne.com/runan-eglise.htm