La chapelle Saint-Nicolas en Priziac.
J'avais prévu de m'y rendre sur la simple mention du carillon à clochette qu'on y signalait, sans savoir que j'allais trouver là l'une de mes plus heureuses surprises, celle d'un splendide jubé et des restes d'un arbre de Jessé non moins admirable ; et cela en un jour maussade, après avoir poussé sans succès la porte de multiples églises et chapelles, seul dans ce sanctuaire sombre et humide à près de mille mètres de tout lieu habité et saisi par l'émoi de ma découverte comme un explorateur des anciens temps.
La première mention de cette chapelle date de 1516, date de début de sa construction, alors que les dates de 1533 (?) et 1583 apparaissent sur le clocher.
Photo : on voit comme le temps n'aidait pas à ramener de belles images...
I. Ce qu'il reste de l'Arbre de Jessé.
Dans le choeur se trouvent deux niches, de styles différents ; celle de droite abrite, comme d'habitude, une statue du saint patron de la chapelle, et celle de gauche, la place vénérable, du coté de l'Évangile, est occupée par un arbre de Jessé. C'est un haut-relief du XVIe siècle où Jessé, couché, la tête soutenue par la main gauche dans la posture mélancolique habituelle, donne naissance à un tronc qui se divise en rameaux qui montent à droite et à gauche en servant de perchoir aux douze rois de Juda, les ancêtres légendaires de la généalogie de Jésus.
Au centre se trouvait une représentation de la Vierge, mais celle-ci a été volée entre le 5 et le 8 novembre 1973, et on signale qu'un autre élément a été dérobé entre le 1er et le 2 mai 1990. On voit comment tous les rameaux qui reliaient la statue ont été soigneusement sectionnés.
Je n'étais pas préparé à cette découverte, et j'en ressens une profonde affliction, une amertume sans fond ; je me suis présenté hors saison devant la chapelle, croyant la trouver fermée comme les autres, j'ai eu la surprise de trouver la porte ouverte et j'ai découvert un superbe jubé, puis ce choeur, et je me sens presque coupable de me trouver seul dans ce lieu qui expose ainsi sa vulnérabilité et ses richesses.
L'amertume est d'autant plus forte que ce qu'il reste de la sculpture montre qu'on avait affaire à une oeuvre exceptionnelle, comparable à l'arbre de Jessé que j'ai pu voir à Saint-Aignan (56).
Jessé est très attachant, avec sa barbe à doubles cornes de meringue, son costume à manches en accordéon et surtout ce superbe chapeau rouge. A ses cotés, un vase du même rouge (il y en avait trois auparavant) ressemble à un bon flacon que le roi de droite semble lorgner avec concupiscence.
La série des cinq rois de gauche débute par David, que l'on reconnaît à sa lyre. Les autres semblent avoir tous grimpés sur ses épaules. Aucune inscription ne permet de les identifier, et s'ils sont tous différents, ils portent le même costume (des chausses, une tunique, un manteau, et une armure courte pour l'un d'eux), un sceptre et une couronne.
La série de droite débute par un autre roi musicien (je lui donne arbitrairement le nom de Salomon, l'auteur du Cantique des Cantiques) jouant une sorte de luth à quatre cordes, puis les autres sont juchés pareillement sur ses épaules.
L'alternance de quatre couleurs rouge, bleu et or et blanc, (auxquelles on ajoute le rose des mains et visage et le brun des barbes) donne un ensemble pimpant dont les personnages m'évoquent les Pères Noël des bûches glacées ou les nains de jardin.
A chaque niveau, la section bien nette des rameaux de l'arbre vient me fendre le coeur.
Puisqu'on ne compte que dix rois, c'est donc qu'il en manque deux ; la notice PM 56000911 des Monuments historiques (l'oeuvre est classée au titre d'objet à la date du 12 juillet 1912) signale sept personnages à gauche et six à droite, ce qui ferait treize, mais aujourd'hui il y en a dix.
En 1963, le Dr Louis Le Thomas (Les Arbres de Jessé Bretons, Bull. Soc. Arch. Finist. 1963 p. 46) en a compté 10 également.
Au dessus se trouvent trois angelots dont deux portent un calice et un phylactère : L'un proclame EXU . P. IXIT . IX....AL ( peut-être une forme d'Exultavit Spiritus Meus du Magnificat ?) et l'autre ORA PRO . NOBIS . DEVM .
La niche forme un dais décoré de feuillages, de chérubins, de têtes d'anges et de barbus, pour culminer en une pyramide de fuseaux (ou candélabres) bleu-blanc-jaune. Elle est datée de la seconde moitié du 16e siècle.
Je retrouve une description complète et une photographie couleur de cette oeuvre, avant que la Vierge ne soit dérobée, dans Le Faouët et Gourin, inventaire topographique, Paris 1975, publié par l'Inventaire général des Monuments historiques et des richesses artistiques de la France, Commission régionale de Bretagne, page 89 (texte) et 459 (illustration). La description est la suivante :
" Ensemble de deux niches, deuxième moitié du XVIe siècle, bois, polychromie, h. 2,20 (sans le couronnement) Niche (à gauche de la fenêtre axiale) Niche en encorbellement, reposant sur deux culots ; plan trapézoïdal (trois pans, pan central plus petit ) composé en élévation d'une plinthe, de montants plaqués de candélabres, d'un dais à trois niveaux (bandeau inférieur à claire-voie, bandeau intermédiaire en bas-relief) ; couronnement formé de trois groupes en candélabres (celui du centre, à deux niveaux, supporte un globe) Décors du dais : mascarons et rinceaux, grotesques et têtes d'angelots, bustes et arabesques.
" Dans la niche : ensemble comprenant une statue, un groupe en haut-relief, et trois haut-reliefs isolés, traitant le thème de l'Arbre de Jessé : Statue (au centre de la niche) Vierge à l'Enfant, XVIe, bois, polychromie, h. 1,10. Vierge couronnée vêtue d'une robe et d'un manteau portant sur le bras gauche l'Enfant vêtu d'une tunique, un globe à la main gauche, bras droit mutilé [M.H.1912]. Groupe (partie inférieure de la niche) Jessé et les rois de Juda, XVIe, bois, haut-relief, polychromie, h. 1,50. Jessé, coiffé d'un chapeau, étendu, tête appuyé contre la main gauche. De sa poitrine sort le tronc de l'arbre se ramifiant en deux rameaux portant les rois de Juda ( cinq à droite et cinq à gauche)."
II. La statue de saint Nicolas :
Fêté le 6 décembre.
Saint Nicolas, (né en 280 à Patara en Lycie, mort en 345) devint évêque de Myra ; au concile de Nicée, en 325, il s'opposa vivement à l'hérétique Arius, et il est alors giflé, dépouillé de ses vêtements sacerdotaux et emprisonné par Arius, avant d'être délivré et rétabli dans la dignité de son titre par le Christ et la Vierge. Très vénérées en Orient, ses reliques qui ont la particularité de laisser suinter une huile sacrée et thérapeutique sont dérobées en 1087 par des marins de Bari en Italie pour les revendre. Lors du trajet, une tempête fait comprendre à l'équipage qu'ils doivent renoncer à ce commerce, et établir les reliques dans un sanctuaire de Bari. Sitôt qu'ils en font la promesse, la tempête s'apaise.
Ce Saint-Nicolas-de-Bari était dénommé Saint-Nicolas à l'Anabulium, c'est-à-dire "portant le pallium", l'écharpe ou étole sacerdotale propre à son titre, et ce qualificatif aurait donné naissance au prénom nabulione, qui n'est autre que la forme corse du prénom de Napoléon Bonaparte... (données non vérifiées entièrement, issues de http://quelqueshistoires.centerblog.net/1531005-Napoleon--drole-de-prenom%E2%80%A6. Napoléon enfant était surnommé Nabulio, mais le terme signifie "serpent".)
La statue présente dans cette niche montre un saint-évêque bénissant et tenant ce qu'il reste d'une crosse, sans aucun critère d'identification spécifique ; dans l'iconographie (surtout bizantine), Nicolas se reconnaît habituellement par un front large et haut sillonné de rides, une barbe courte et grisonnante, par le port d'un omophorion orné de croix, c'est-à-dire une longue étole croisée sur la poitrine et repliée sur le bras gauche, et par le port d'un évangile fermé dans la main gauche. Son geste de bénédiction se fait alors selon le rite grec, l'index dressé comme un I, le majeur replié dessinant un C, le pouce et l'annulaire croisés en un X, l'auriculaire courbé en un C, pour réaliser les lettres initiale ICXC du nom grec Jésus- Christ, IHCOYC XPICTOC.
Le seul élément caractéristique est la partie basse, qualifiée par l'Inventaire d'"eau ou flammes (?) stylisées" : ne pourrait-il pas s'agir de la fameuse huile miraculeuse dont la tradition rapporte qu'elle s'écoula du corps du saint lors de sa mort, puis de ses reliques ?
La niche du 16e siècle, peinture du 18e, est formée de deux piédroits décorés de feuillage soutenant un dais à deux étages et trois pans, décoré de rinceaux (Dieu ou plutôt Moïse au centre, tient les tables de la loi, encadré par deux profils en médaillon) Source : notice PM 56000912 des Monuments historiques, 1994, et IM 56002986 de l'Inventaire régional
III. Le carillon à carillon :
Voir : La Roue à carillon de Confort-Meilars, celle de Locarn et de Priziac .
Transept, bras nord, mur est : Roue du XVIe siècle à sept rayons et à huit clochettes, à moyeu encastré dans un bâti scellé au mur, à brancard et manivelle.
IV Le jubé :
C'est en réalité la première oeuvre que l'on découvre, avant d'accéder au choeur, et c'est certainement la pièce de choix de cette chapelle.
1°) Coté nef :
Neuf panneaux rectangulaires alternant avec des pilastres à atlantes engainés et à cariatides canéphores (portant une corbeille sur sa tête) sont consacrés à la vie de saint Nicolas : de gauche à droite :
Premier panneau : naissance de saint Nicolas.
On lit dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine que "Nicolas, citoyen de Patras, naquit de nobles et riches et pieux parents. Son père se nommait Epiphanus et sa mère Jeanne... Le premier jour qu'il fut né, comme on le baignait, il se dressa dans son bain, et il ne prenait le sein de sa mère qu'une fois le mercredi et une fois le vendredi, et, dans son enfance, il ne se mêlait pas aux jeux des autres enfants."
Nicolas nè en 270 à Patara en Lycie (Turquie) arriva selon la légende dans la ville de Myre (Turquie) où l'évêque venait de mourir. Le plus vénérable candidat à sa succession entendit une nuit une voix qui l'exhortait à se tenir à la porte de l'église à l'heure de matines et de sacrer évêque le premier qui se présenterait. Et "ce fut chose merveilleuse car à l'heure de matines par un mouvement de Dieu Nicolas se leva avant tous les autres. Et l'évêque l'arrêta au moment où il entrait dans le lieu saint et il lui dit : "comment te nommes-tu? Et lui, qui était simple comme une colombe, inclina la tête et répondit : Je me nomme Nicolas, serviteur de votre sainteté".
Panneau 2 : Guérison d'un aveugle
Panneau 3 : Le concile de Nicée.
Panneau 4 :
On commence par penser qu'il s'agit de la scène fameuse où le thaumaturge vient sauver "quelques mariniers en danger de périr et qui l'ont imploré", prenant la barre et dirigeant les manoeuvres. Saint Nicolas est, pour cette raison, le saint patron des marins. Mais on voit plutôt trois personnages vêtus comme des religieux et religieuses : il s'agit de pèlerins qui voguent vers Myre pour rencontrer le saint évêque. Mais un passager clandestin, que l'on aperçoit dans la voile, a pris place avec eux et s'est déguisé en bonne femme, leur demandant de remettre de sa part à Nicolas un peu d'huile diabolique, qui brûle les pierres et que l'eau ne peut éteindre, ou plutôt d'en enduire les murailles de sa demeure... Le pays se livrait alors au culte païen de Diane d'Éphèse, et l'évêque venait de faire abattre l'arbre sacré sous lequel les fidèles se réunissaient.
Saint Nicolas apparut alors à ces pèlerins et leur ordonna de jeter cette huile à la mer, s'écriant : "C'est la mauvaise Diane !" "Et quand ils l'eurent jeté, un grand feu prit à la mer, et ils la virent longtemps brûler contre nature".
Panneau 5 : miracle de la multiplication des grains.
"Il fut un temps où la province où était saint Nicolas souffrit d'une extrême famine, et tous manquaient de nourriture. Alors l'homme de Dieu apprit que des navires chargés de froment étaient arrivés au port ; il y alla et demanda aux mariniers de soulager le peuple qui mourait de faim en donnant de chaque nef au moins cent muids de froment. Et ils lui répondirent : "Seigneur, nous n'oserions, car le grain a été mesuré, et il faut que nous rendions aux greniers de l'empereur la quantité qui nous a été livrée. Et le saint leur dit : faites ce que je vous dis, et je vous promets qu'il n'y aura aucune diminution lorsque vous aurez à rendre votre cargaison aux greniers de l'empereur. Ils lui donnèrent du blé, et quand ils déchargèrent leur cargaison, il se trouva exactement la même quantité qu'ils avaient chargés à Alexandrie"
Panneau 6 : réssurection des trois enfants mis au saloir.
Cet épisode ne figure pas dans la Légende dorèe, ni dans la compilation de Siméon de Métaphraste (premier légendaire en grec du Xe siècle), mais dans les octosyllabes de l'auteur du Roman de Brut, le normand Wace, dans sa Vie de saint Nicolas (v 1150), ou dans un sermon attribué à Bonaventure, ou dans un Mystère latin (Secundum miraculum sancti Nicholai ), avant que Gérard de Nerval n'en popularise la chanson dans La Sylphide de 1842 après l'avoir recueilli dans le Valois.
Il s'agit de la complainte de Saint Nicolas : Il était trois petits enfants / Qui s'en allaient glaner aux champs./ S'en vont au soir chez un boucher./ "Boucher, voudrais-tu nous loger ? : Entrez, entrez, petits enfants,/ Il y a de la place assurément." / Ils n'étaient pas sitôt entrés / Que le boucher les a tués, / Les a coupés en petits morceaux, / Mis au saloir comme pourceaux.
Saint Nicolas au bout d'sept ans / Saint Nicolas vint dans ce champ. / "Boucher, voudrais-tu me loger ?" / Entrez, entrez, saint Nicolas, / Il y a d'la place, il n'en manque pas." / Il n'était pas sitôt entré, / Qu'il a demandé à souper. / Voulez-vous un morceau d'jambon ? / Je n'en veux pas il n'est pas bon. / Voulez-vous un morceau de veau ? / Je n'en veux pas il n'est pas beau ! / Du p'tit sale je veux avoir / Qu'il y a sept ans qu'est dans l'saloir. / Quand le boucher entendit cela, / Hors de sa porte il s'enfuya. / "Boucher, boucher, ne t'enfuis pas, / Repens-toi, Dieu te pardonn'ra." / Saint Nicolas posa trois doigts / Dessus le bord de ce saloir. / Le premier dit : "j'ai bien dormi ! " / Le second dit "et moi aussi!" / Et le troisième répondit : / "Je me croyais en paradis!"
Panneau 7 : Mort de saint Nicolas
La légende Dorée écrit ceci : "Quand il fut enterré dans un tombeau de marbre blanc, une fontaine d'huile coula de sa tête, et une autre de ses pieds. Et encore aujourd'hui il coule de cette huile sainte, et beaucoup se trouvent guéris de leurs maux."
Panneau 8 : châtiment d'un débiteur malhonnête.
"Un homme avait emprunté à un juif une somme d'argent. Et il jura sur l'autel de saint Nicolas qu'il la rendrait dès qu'il pourrait ; et il la garda fort longtemps, et le juif la lui redemanda. et l'homme dit qu'il lui avait rendue. Alors le juif le cita devant les juges, et le débiteur fut appelé à prêter serment. Il avait mis cette somme dans un bâton creux sur lequel il s'appuyait. Et quand il fut sommé de jurer, il demanda au juif de tenir son bâton, et il prêta serment qu'il lui avait rendu plus qu'il ne lui avait prêté. Et quand il eut fait le serment, il redemanda au juif le bâton. Et le juif qui ne savait pas la ruse dont il s'était servi, le lui rendit ; et alors celui qui avait fait cette fraude s'en alla, et le sommeil le prit, et il s'endormit dans un carrefour. Il passa un chariot qui le tua, et qui brisa le bâton, et l'or se répandit à terre. "
Panneau 9 : réssurection d'un jeune homme
" Et le juif apprit cela, et il vint tout ému, et il vit la fraude. Et ceux qui étaient là lui disaient de reprendre l'or, mais il s'y refusa, disant qu'il ne le ferait point à moins que le mort ne revint au monde par les mérites de saint Nicolas ; mais que s'il ressuscitait, il se ferait, lui, baptiser. Et alors celui qui était mort ressuscita, et le juif fut baptisé au nom de Jésus-Christ"
Source : Jacques de Voragine, Légende Dorée, Bnf Gallica link p. 31
Les quatre piédroits des arcs de la balustrade portent des atlantes engainés et des cariatides canéphores, dont deux se détachent sur des cuirs. Chacun est orné de deux têtes de grotesques.
La balustrade est formée de trois arcs à plein cintre, celui du milieu formant portail à deux vantaux. La voûte est décorée d'anges portant coté nef des phylactères sans inscription, ou les instruments de la passion. (Du coté choeur, les mêmes anges portent des inscriptions, antiennes ou prières en latin)
Les armoiries seront détaillées infra.
2°) Coté choeur : les apôtres.
Chaque apôtre est dans sa niche surmontée d'un dais à trois pans creusé d'arcatures, séparé du voisin par un pilastre:
Bizarrement, le résumé de fiche IM56003004 de l'inventaire général par Denise Dufief et Claude Quillivic mentionne 13 panneaux et propose 13 noms d'apôtres.
Saint Pierre
et sa clef :
Saint André :
avec la croix en X de son supplice :
Saint Jacques le Majeur :
avec son chapeau, son aumonière, et son bâton de pélerin :
Saint Jean l'évangéliste :
avec son calice d'où émerge le dragon d'Éphèse:
Saint Thomas :
avec son équerre d'architecte :
Saint Philippe :
avec sa croix :
Saint Matthieu :
avec son évangile:
Saint Barthélémy :
avec le couteau par lequel il fut écorché vif :
Saint Jude ? avec comme attribut un bâton
que j'ai omis de prendre en photo !
Saint Simon :
avec la scie avec laquelle il fut coupé en deux :
Saint Jacques le Mineur :
et son bâton de foulon particulièrement remarquable:
Saint Matthias le remplaçant de Judas avec sa hache ou hallebarde qui le décapita.
Inscriptions :
1) coté nef : lan 1680 fvt peint sclt letrin catherin le schavff . noble damoesel fille dv dréor . dame de morgant fvt bone fioe
Explication dans l'article Wikipédia consacré à la chapelle. Il y aurait une erreur de date et il faudrait lire 1580. Catherine Le Scanff est la fille de Tristan Le Scanff, seigneur de Dréors (décédé en 1577) et la soeur d'Yves Le Scanff (décédé en oct. 1591) et de Françoise Le Scanff, héritière, dont le mariage avec Jean de Talhoët-Kersévant vers 1564 fit basculer le titre dans cette famille.
Catherine Le Scanff figure en 1571 et 1576 dans l'inventaire des titres de Paule comme "dame de morgant".
Le jubé a été commandé en 1565 à la naissance de Nicolas de Talhouët, fils de Françoise Le Scanff, et qui devint seigneur de Kersévant, du Dréortz, de Paule, de Crémenec, chevalier de l'ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, capitaine du ban et de l'arrière-ban de l'évêché de Cornouailles.
2) corniche, coté choeur :
REPAINT ET DORÉ 1768 me LOUIS. DURANS. FABRIQVE goudemare pinxit 1768.
Louis Durand (?-15/05/1789 à Priziac) est attesté à Priziac, où il épousa Marie-Anne Hervé le 15-02-1987.
Le patronyme Goudemare est attesté en Morbihan en 1751.
Armoiries : celles de la famille Le Scanff, de sable à la croix engreslée d'argent, à gauche, et les mêmes en alliance à droite au dessus des vantaux du portail, des deux cotés du jubé. Mais les armes en alliance sont différentes entre le coté nef ( où on discerne cinq macles d'or sur fond d'azur en dessous d'une forme carrés à quatre points noirs qui pourrait se rapporter à Claudine de Guer, que Tristan le Scanff épousa, et dont les armes sont "d'azur à sept macles d'or 3,3,1, qui est le Sénéchal ; au franc carton d'argent, frétté de huit pièces de gueules" ) et coté choeur (où un lion rampant d'argent , armé, lampassé et couronné de gueules sur fond d'azur qui est du Juch, rappelle le mariage de Pierre Le Scanff (mort en 1566) avec Jeanne du Juch )
La fiche PM56000908 des Monuments historiques signale à propos du jubé : "éléments volés en 1973. Retrouvés à Bruxelles mais volés à nouveau entre le 1er et le 2 mai 1990."
V. La déploration, le Christ aux liens et la chaire à prêcher.
La Déploration, nommée Descente de croix sur la fiche 56000909 des Monuments historiques, est datée du premier quart du 16e siècle. Elle est placée de façon originale sur une sorte de scène ou de baldaquin à faux rideaux de bois bleu. Et curieusement encore, Joseph d'Arimathie est absent, et saint-Jean, la Vierge et Marie-Madeleine se trouvent assistés par Nicodème, qui tient encore la paire de tenaille qu'il a utilisé pour la déposition.
Le corps du Christ forme la diagonale de la composition rectangulaire.
Le groupe est formé de l'assemblage de trois blocs.
Le Christ aux outrages en granite date du XVIe siècle.
Chaire à prêcher en bois polychrome à abat-voix du XVIIe , à la cuve hexagonale sur pieds à ailerons. Elle n'est pas à son emplacement d'origine, et l'escalier a disparu.
Saint Jean-Baptiste et son agneau, 16e siècle, granite:
Transept, bras nord, mur est, sur un culot. H. 1,08m.
Saint Jacques le Majeur : non identifié formellement comme tel , on évoque un pélerin, ou saint Hervé.
16e siècle, granite, inscription sur la tunique, h. 1,37.