Je profite de ces images récentes de bergeronnettes de Yarrell Motacilla alba yarrellii Gould, 1837 pour revenir sur la personne de John Gould . Je renvoie à mon article initial : "Yarrell et Alex à Pentrez " du 7 novembre.
Mais suis-je si sûr qu'il s'agisse d'une femelle yarrellii et non alba, alors que Gould lui-même signalait la difficulté de les distinguer ? Voici les éléments que donne Aurélien Audevard:
http://files.biolovision.net/www.faune-maine.org/userfiles/Bergeronnettegrise-Yarrell-6678.pdf
Femelle yarrellii en hiver:
-plus de noir sur la calotte et la nuque
- manteau et scapulaires plus sombres
-croupion et sus-caudales noirs ou noirâtres
-d'avantage de gris sur les côtés de la poitrine et les flancs
- contrairement à de nombreuses alba, les femelles yarrellii n'ont jamais le front, la calotte et la nuque toute grise.
John Gould (1804-1881) a été un immense ornithologue, et a bien mérité l'épitaphe qu'il s'était choisi: John Gould the Bird Man. Il a décrit 377 nouvelles espèces d'oiseaux, rédigé plus de 300 articles scientifiques, il a été en relation avec les meilleurs ornithologues de son époque, il a écrit la partie ornithologique de la Zoologie de Darwin, il n'a pas hésité à se rendre en Australie pour y collecter l' avifaune, ce fut un pilier de la Societé Zoologique de Londres, il a introduit en Europe les espèces majeures d'oiseaux de compagnie, etc...etc..., ce fut réellement un Grand, Grand nom de l'histoire de l'ornithologie.
Il laissa à sa mort une collection de 12395 spécimens, dont 5378 colibris (collection acquise par le Département Zoologique du British Muséum ).
Je veux lui rendre hommage en donnant ici un aperçu de sa biographie.
1. La pierre : John Gould éditeur de lithographies.
John Gould fut non seulement un ornithologue hors pair, mais tout autant un chef d'entreprise exceptionnel, novateur, ambitieux et comblé par le succès: outre son entreprise de taxidermie, il créa une maison d'édition d'où sortirent 15 publications d'intérêt majeur, totalisant 50 volumes dont les planches coloriées atteignent le nombre de 3000, et qui décrivent dans leur milieu les oiseaux de tous les continents hormis l'Afrique.
Alors qu'il semblait destiné à suivre la voie de son père jardinier aux jardins royaux de Windsor, il constate l'intérêt que portent les fils des aristocrates de la Cour aux oiseaux qu'il réussit à naturaliser dès l'âge de 14 ans : son sens des affaires le pousse à s'installer en 1824 à Londres comme taxidermiste, et il rencontre vite le succès, si bien qu'il est recruté en 1827 comme conservateur des collections du Muséum de la Société Zoologique, fondée un an auparavant. Il y découvre avant les autres les peaux ou les spécimens adressés par des collectionneurs du monde entier.
En 1798, Aloys Senefelder découvre en Allemagne le procédé d'impression par lithographie, qui permet de reproduire toutes les techniques de dessin appliquées sur la pierre : plume, encre, craie, crayon. Dessiner sur le bloc de calcaire soigneusement poli avec des crayons et stylos adaptés est aussi naturel que de travailler sur le papier. En 1830 sera inventé la lithoteinte, une aquarelle appliquée au pinceau.
Après que le dessin soit tracé au crayon gras, le bloc est lavé à l'acide nitrique, essuyé à la gomme arabique, puis l'encre, qui ne se fixera que sur le tracé gras du crayon, est appliqué avant l'impression à plat sous presse.
La plupart des pierres sont réutilisées après polissage.
En 1824, Charles Joseph Hullmandel (1789-1850) et Ludolf Ackermann introduisent en Angleterre la technique de la lithographie (L'art du dessin sur pierre, Hullmandel, 1824). Ce procédé d'illustration est très onéreux car chaque planche est ensuite colorée à la main : elle est réservée aux livres médicaux. Gould réalise tout l'intérêt de cette jeune technique en ornithologie après avoir examiné Family of Psittacidae d'Edwar Lear (1830) : les courbes qu'impose le tracé des plumes est rendu avec une meilleure liberté qu'avec la gravure sur métal, et la technique est plus économique car le dessin est réalisé directement sur la pierre tandis qu' un graveur sur métal doit reproduire le dessin de l'artiste. En 1820-23 avaient aussi paru les trois volumes du Zoological Illustrations de William Swainson dont les lithographies avaient été suggérées par E.Lear ; néanmoins la qualité du résultat fait bien apparaître la supériorité du travail des Gould .
John a épousé Elisabeth Coxen en 1829 : c'est une dessinatrice de talent. Il sollicite Edwar Lear pour qu'il initie son épouse à la lithographie , et il crée sa propre maison d'édition à son domicile londonien à Golden Square, Soho, où il vit avec ses six enfants. Les pierres (de l'argile de Dusseldorf) y seront dessinées au crayon gras par Elisabeth et par Lear, puis par Henry Constantine Richter d'après l'esquisse de John Gould, avant d'être transportées à l'atelier de Charles Hullmandel pour l'impression, puis les planches seront confiées aux coloristes dirigés par Gabriel Bayfield : entre 1831 et 1861, ce sont plus de 500 000 planches qui seront ainsi produites.
Gould utilise ainsi les compétences de meilleurs artistes naturalistes de son époque : aux noms cités, ajoutons ceux de Joseph Wolf et William Mathew Hart
Les oiseaux du monde entier provenaient d'une équipe internationale de collecteur : John Gilbert en tête, mais aussi F.Strange, son beau-frère Charles Coxen, Johnson Drumond ou John Mac Gillivray.
A cette époque, les oiseaux étaient collectés essentiellement en les chassant, et les bons ornithologues étaient d'abord de bons tireurs. Ainsi l'australien William Holmes, zoologiste de l'Australian Museum, se tue accidentellement en 1831 par une décharge de son fusil alors qu'il "collectait" les oiseaux. Les spécimens arrivaient sous forme de peaux, puis étaient "naturalisés", c'est à dire empaillés.
John Gould lui-même n'était pas un artiste chevronné, mais il réalisait des dessins au crayon, à l'encre, au lavis ou à la craie, annotés d'instructions et de consignes de couleurs, et il s'impliqua dans toutes les étapes de réalisation des planches. Il était le seul garant de l'exactitude de l'illustration. A la fin des années 1840, il adopte une formule où chaque planche montre le mâle et la femelle,en vue dorsale et ventrale, avec si possible leur nid et les oeufs ou les poussins. En fait, ce sont ses esquisses qui procurent tous les détails scientifiques d'identification des espèces, et qui donnent leur originalité à ses planches par l'attention portée à l'environnement et au comportement.
Sur la fin de sa vie, il délaissa les oiseaux australiens pour ceux des forets de l'Amérique du Sud et notamment des colibris.
Voici deux planches qui montrent des espèces proches de celles de nos côtes : l'une représente le Fou austral, l'autre notre échasse blanche à coté de l'échasse noire de Nouvelle Zélande :
The Birds of Australia, pl 76. Australian Gannet.
The Birds of New guinea, Pl 25
En 1870, 1062 riches particuliers, ou des bibliothèques,ou des institutions composaient la clientèle et possédaient un ou plusieurs des luxueux et splendides ouvrages de Gould.
Parmi ceux-ci :
1830-1833 : A century of birds from the Himalaya mountains,1 volume, 80 planches
1832-37 : The Birds of Europe, 5 volumes, 22 parties, 448 planches, Londres.
1835-38 : A monograph of the Trogonidae.
1833-35 : A monograph of the Ramphastidae or Family of Toucan
1837-38 ; The birds of Australia and the adjacents islands, 1 vol, 2 part. 20 planches, Londres (supprimé )
1837-38 : Icones Avium, or Figures and description of New and Interesting species of Birds from various parts of the Globe.
1840-48 : The Birds of Australia, 7 vol, 36 parts, 600 planches.
1841-42 : A monograph of the Odontophorinae.
1845-63 The Mammals of Australia, 3 vol, 13 parts, 182 planches.
1849-61 : A monograph of the Trochildae or Family of the Humming birds. (les colibris ), 5 vol,25 parts,360 planches.
The Birds of Asia;
Supplement to the Birds of Australia
A monograph of the Ramphastidae
A monograph of the Trogonidae
1862-73 ; The Birds of Great Britain, 5 vol,25 parts, 367 planches
1875-88 : The Birds of New-Guinea and the adjacent Papouan Islands.
A monograph of the Pittidae
Suppl. to the monograph of the Trochlidae
Lorsqu'il meurt en 1881, il laisse une collection de 12395 spécimens d'oiseaux
2- John Gould et les " pinsons" de Darwin.
Quand Charles Darwin revient en 1836 du second voyage du Beagle (le fouineur) qui a conduit ce navire destiné à dresser la cartographie des côtes de l'Amérique du Sud à boucler une circumnavigation via Tahiti et l'Australie, il soumet ses collections aux plus éminents spécialistes. Son ancien professeur d'histoire naturelle, John Stevens Henslow se charge de la botanique, les ossements fossiles de mammifères géants sont étudiés par Sir Richard Owen au Collège Royal de Chirurgie, les mammifères, crustacés et reptiles sont confiés à Charles Bell, et c'est John Gould qui ètudie les exemplaires ornithologiques présentés le 4 janvier 1837 lors de la réunion de la Société zoologique de Londres. Cessant toutes ses activités, il remet ses conclusions à la réunion suivante du 10 janvier !
Darwin, quoique collectionneur réputé de coleoptères, est néanmoins surtout préoccupé par ses découvertes géologiques et géographiques sous l'inspiration de Charles Lyell. Les oiseaux sont pour lui d'intéret secondaire, et d'ailleurs ce n'est pas lui, mais son jeune assistant Syms Covington qui les a récolté.
Parmi les oiseaux ramenés de îles Galapagos se trouvent ce que l'on appelle "les pinsons" (il me semble que tout passereau à gros bec granivore reçoive cette appelation traduite de l'anglais Finch). Treize sortes viennent des Galapagos, une des îles Cocos, ce sont tous des oiseaux bruns ou noirs, de 10 à 20 cm, mais dont la forme du bec est très variée.Gould les identifient comme treize espèces différentes appartenant à quatre genre distincts mais à la même famille des Thraupidae :
Geospiza scancens (Gould, 1837), au bec fin adapté à s'alimenter des cactus et de leurs fleurs.
Geospiza fuliginosa Gould, 1837
Geospiza magnirostris Gould 1837, au gros bec destiné à briser les graines résistantes
Geospiza fortis Gould 1837
Geospiza difficilis Sharpe 1888, ce géospize à bec pointu se nourrit du sang des oiseaux marins
Geospiza conirostris Rigdway 1890
n.b le mot geospiza vient de geo, le terre, et du grec ancien spiza, le pinson. Spiza est aussi un genre (Bonaparte,1824) dans le famille des cardinaux.
Camarhynchus psittacula Gould 1837
Camarhynchus parvulus ( Gould 1837)
Camarhynchus pauper Rigdway 1890
Camarhyncus pallidus Sclater et Salvin 1870. Ce Géospize pique-bois utilise des èpines de cactus pour extraire sous l'écorce des arbres les insectes et des larves, occupant aux Galapagos la même niche écologique que nos pics qui utilisent leur langue : aussi le nomme-t-on Pinson-pic ou Woodpecker Finch.
Camarhynchus heliobates Snodgrass et Heller 1901
Camarhynchus crassirostris
Certhidea olivacea Gould 1837 au bec fin et pointu d'insectivore
Pinaroloxias inomata ( Gould 1843) : endémique sur l'île Cocos au Costa-Rica.
Geospiza magnirostris, Gould, The zoology of the Beagle, part. The Birds, Pl 36
C'est pour Gould l'espèce type du genre geospiza.
Darwin, découvrant qu'il ne s'agit pas de variètès de pinsons, mais réellement d'espèces différentes, perçoit tout l'intéret de cette observation rare, et tente de savoir l'origine géographique de ces oiseaux, mais celle-ci n'a pas été notée et il doit la reconstituer grace aux spécimens colléctés avec plus de soin par le capitaine Fitzroy. Il s'avère bientôt que chaque espèce vient d'une île différente et qu'à partir d'une espèce ancestrale commune, l'isolement géographique a entrainé leur différenciation. Plus tard, il comprend que c'est l'adaptation à leur régime alimentaire qui a sélectionné, parmi les individus aux formes variées, les formes les plus aptes à la survie : sur certaines îles des Galapagos, les épisodes de sécheresse furent suivis par une raréfaction des graines molles et par une sélection des individus aux becs les plus forts, dont la descendance fut mieux armée pour consommer les graines plus dures et mieux se reproduire (travaux de Grant sur l'île Daphne major,1973) . Les populations initialement inter-fécondes ont perdu ultérieurement cette capacité en raison de l'isolement des îles. C'est la spéciation allopathique.
C'est dire l'importance du travail de Gould sur la genèse de la théorie darwinienne de l'évolution par la selection naturelle.
Plus tard John Gould montre également que les moqueurs polyglottes Mimus polyglottos (Linnaeus 1758) sont également des espèces différentes. Or Darwin peut localiser ses spécimens et ceux du Beagle:
- Mimus parvulus G.R.Gray (initialement baptisé Orpheus parvulus par Gould in Proceeding of Zool. Soc. 1837 p.27) ne se trouve que sur Albemarle, la plus grande des Galapagos.
- Tous les Mimus trifasciatus viennent des îles de Chatham et de James,
- alors que les Mimus melanotis viennent tous de l'île Charles .
Darwin,(Zoology of the Beagle, part.3, p.63 ) mentionne ces différences mais ce n'est que plus tard qu'il exposera les conséquences théoriques de ces constatations.
Mimus melanotis, Zoology of the Beagle, pl 44
Mimus parvulus, Pl 48
Mimus trifasciatus, Zoology Pl 40
En 1833, Darwin avait trouvé en escale à Porto Deseado (Patagonie argentine ) une espèce de Rhea, une sorte d'autruche aussi appelée Nandou et qui avait semble avoir été servie sur la table du Capitaine FitzRoy comme dinde de Noël. Darwin raconte l'histoire ainsi :
"La première fois que j'entendis parler de cette espèce, c'était dans le Rio Negro où les gauchos décrivaient un oiseau très rare chez eux, qu'il nommaient Avestruz Petise, assez ressemblant avec l'autruche qui y est abondante, mais à la couleur sombre et tachetée, aux pattes plus courtes et au plumage plus bas; cette espèce ètait signalée comme beaucoup plus abondante dès que l'on descendait un degrè et demi plus au sud.
Lorsqu' à Porto Deseado Mr Martens a abattu une autruche, j'avais oublié la Petise, et je pensais qu'il avait tué l'espèce commune. Lorsque la mémoire me revint, l'oiseau était déjà plumé et cuit. Mais la tête, le cou, les pattes, les ailes, les principales plumes et une grande partie de la peau avaient été préservés, et un spécimen tout à fait convenable a pu être confectionné : c'est lui qu'on peut voir exposé au musée de la Société Zoologique " (traduction libre personnelle)
Gould confirma à Darwin qu'il s'agissait d'une espèce nouvelle qu'il baptisa Rhea de Darwin (actuellement Rhea pennata ), et non de Rhea americana dont le territoire en Argentine se situe plus au nord, et qui avait été décrite par Linné ( Syst. Nat. 1758 p.155 ). On doit le genre Rhea à Brisson (Orn.1 p 46; 5 p. 8 ). Il publia sa description dans les Proceeding ofZoological Society, 1837, P.35.
The zoology of the Beagle, part3, 5pl XLVII : Rhea darwinii
John Gould rédigea la troisième partie, nommée Birds.1838-1841 du livre en cinq parties, tiré en dix-neuf exemplaires et intitulé The Zoology of the voyage of the H.M.S.Beagle under the command of captain Fitzroy, R.N, during the Years 1832 to 1836. Cette troisième partie est divisée en cinq volumes totalisant 96 pages.Les 40 planches sont de la main d'Elisabeth Gould sur une esquisse de son mari.
Elle est disponible ici : http://darwin-online.org.uk/content/frameset?viewtype=side&itemID=F8.11&pageseq=1
Charles Darwin ramena de son périple 468 peaux d'oiseaux, 10 parties détachées du Rhea de Darwin, les nids et oeufs de 10 espèces, 14 oiseaux entiers, et 4 prélèvement d'oiseaux conservés dans l'alcool.
On imagine difficilement le travail necessaire à l'époque pour ceux qui recevaient les peaux et devaient à partir de là décrire les oiseaux et réaliser des planches tant qu'on n'a pas vu des exemples de ces peaux : voici celles qui sont conservées au Muséum d'Histoire Naturelle de Londres :
Les specimens avec leur étiquette. in Steinheimer 2004, Photo Henry Taylor,
4 specimens de pigeons, Steinheimer, 2004
Peaux de melamodera melanorera sur la planche 32 d' Elisabeth et John Gould in Zoology of the Beagle. Steinheimer 2004
Darwin n'avait pas de connaissances approfondies en ornithologie, mais était un bon chasseur, et avait appris auprés du préposé du Muséum d'Edimbourg comment préparer les peaux d'oiseau ; c'était tout ce qui était necessaire, avec un esprit d'observation et un souci de collecte, pour amener à Gould une collection prècieuse.
2' John Gould, un nomenclateur typique de l'époque victorienne.
On l'a dit, John Gould a décrit 377 espèces nouvelles : cela signifie qu'il a créé 377 dénominations scientifiques, et si toutes n'ont pas été validées par la suite par les Commissions taxonomiques, ce travail de dénomination reste interessant à étudier pour ce qu'il nous apprend de l'auteur et de son époque.
Ne pouvant reprendre les 377 appellations, je vais donner la liste des espéces baptisées par Gould lors de son étude des oiseaux ramenés par Darwin: d'abord le nom proposé par Gould, puis si il y a lieu le nom actuel en gras,d'après Steinheimer, puis mes commentaires; je suivrai l'ordre d'apparition dans le texte de Zoology of the voyage of the Beagle:
Famille des Falconidae:
- Polyborus (Phalcobaenus ?) albogularis, Gould/ Milvago albogularis Gould : Phalcoboenus megalopterus albogularis Gould, 1837.
Famille des Accipitridae
- Genre Cravirex Gould non valide
Cravirex galapagoensis Gould. Buteo galapagoensis (Gould,1837)
-Buteo varius Gould : Buteo polyosoma polyosoma (Quoy & Gaimard;1824)
-Buteo ventralis Gould : Buteo ventralis Gould, 1837.
-Circus megaspilus Gould : Circus buffoni Gmelin, 1788
Famille des Strigidae :
- Otus galapagoensis Gould : Asio flammeus galapagoensis (Gould, 1837)
-Otus palustris Gould : Asio flammeus palustris (Gould,1837).
Famille des Caprimulgidae:
-Caprimulgus bifasciatus Gould: Caprimulgus longirostris bifasciatus Gould, 1837.
-Caprimulgus parvulus Gould : Caprimulgus parvulus parvulus Gould,1837.
Famille des Hirundinidae :
-Progne modesta Gould : Progne modesta modesta Gould 1838
-Hirundo frontalis Gould : Tachycineta leuchorroa (Vieillot 1817)
Famille des Alcedinidae
-Halcyon erythrorhyncha Gould : Halcyon leucocephala acteon (Lesson, 1830)
Famille des Tyrannidae
sous-genre pyrocephalus Gould;
-Pyrocephalus parvirostris Gould : Pyrocephalus rubinus rubinus (Boddaert, 1783).
- Pyrocephalus obscurus Gould : Pyrocephalus rubinus obscurusGould, 1838.
- Pyrocephalus nanus Gould : Pyrocephalus rubinus nanusGould 1838.
- Pyrocephalus dubius Gould : Pyrocephalus rubinus dubiusGould 1839.
-Myiobius auriceps : Tyrannula auriceps Gould : Myiobius fasciatus auriceps(Gould, 1839)
-Myiobius parvirostris : Tyrannula parvirostris Gould : Ochthoeca parvirostris(Gould 1839)
- Myiobius magnirostris ; Tyrannula magnirostris Gould : Myiarchus magnirostris(Gould, 1838)
Genre Serpophaga Gould
-Serpophaga parvulus Gould : Anairetes parulus patagonicus (Hellmayr, 1920)
-Serpophaga coronata Gould : Serpophaga subcristata straminae (Temminck, 1822)
- Serpophaga nigricans Gould : Serpophaga nigricans (Vieillot, 1817).
-Pachyrhynchus albescens Gould : Suiriri suiriri (Vieillot 1818)
- Pachyrhynchus erythropterus Gould : Polysticus pectoralis pectoralis ( Vieillot, 1817)
-Lichenos erythropterus Gould :Hymenops perspicillata perspicillata (Gmelin,1789)
- Fluvicola Azarae Gould : Xolmis dominica (Vieillot,1823) ou Heteroxolmis dominica
Genre Agrionis Gould
-Agrionis gutturalis Gould : Agriornis livida livida (Kittlitz, 1835)
-Agrionis striatus Gould : Agriornis microptera microptera Gould 1839.
-Agrionis micropterus Gould : Agriornis microptera microptera Gould 1839.
-Agrionis maritimus Gould : Agriornis montana leucura Gould 1839.
Famille des Mimidae.
-Orpheus modulator Gould : Mimus saturninus modulator (Gould,1836)
- Orpheus trifasciatus Gould : Nesomimus trifasciatus (Gould 1837)
-Orpheus melanotis Gould :Nesomimus trifasciatus melanotis (Gould, 1837)
-Orpheus parvulus Gould : Nesomimus trifasciatus parvulus (Gould, 1837)
Troglodytidae.
-Troglodytes Magellanicus Gould : Troglodytes aeron chilensis Lesson,1830.
Famille des Furnariidae.
-Opetiorhynchus lanceolatus Gould : Cinclodes nigrofumosus (D'Orbigny & Lafresnaye 1838)
Genre Eremobius Gould
-Eremobius phoenicurus Gould 1839
-Synallaxis major Gould : Anumbius annumbi (Vieillot,1817)
-Synallaxis rufogularis Gould : Asthenes anthoides (King, 1821)
-Synallaris flavogularis Gould :Asthenes pyrrholeuca flavogularis (Gould, 1839)
-Synallaris brunnea Gould. : Asthenes pyrrholeuca flavogularis (Gould, 1839)
Genre Limnornis Gould 1839.
-Limnornis rectirostris Gould : Limnoctites rectirostris (Gould, 1839)
- Limnornis curvirostris Gould, 1839 : le Synallaxe à bec court
-Oxyurus tupinieri Gould : Aphrastura spinicaudata fuva Angelini, 1905. ou Synallaxe radatido.
-Oxyurus ? dorso-maculatus Gould : Phleochryptes melanops melanops (Vieillot 1817)
Genre Dendrodramus Gould
-Dendrodramus leucosternus Gould : Pygarrhichas albogularis (King, 1831)
Famille des Rhinocryptidae
-Scytalopus fuscus Gould 1837. (Un Tapaculo)
Famille des Motacillidae.
-Muscisaxicola brunnea Gould : Lessonia rufa (Gmelin, 1789).
Famille des Parulidae.
- Sylvicola aureola Gould : Dendroica petechia aureola (Gould,1839)
Famille des Alaudidae
- Melanocorypha cinctura Gould ; Ammomanis cincturus cincturus (Gould, 1839)
-Pyrrhalauda nigriceps Gould : Eremopterix nigriceps nigriceps (Gould,1839)
Famille des fringillidae
-Chrysometris campestris Gould : Carduelis barbata (Molina 1782)
Famille des Emberizidae.
-Spermophila nigrogularis Gould : Sporophila caerulescens caerulescens ( Vieillot 1823)
-Crithagra ? nigriceps Gould : Sicalis ? luteola luteiventria (Meyen 1837)
-Ammodramus longicaudatus Gould : Docanospiza albifrons (Vieillot 1817)
-Ammodramus humeralis xanthornus Gould 1839
-Zonotrichia canicapilla Gould : Zonotrichia capensis australis Latham 1790
-Zonotrichia strigiceps Gould : Aimophila strigiceps (Gould, 1839)
- Fringilla formosa Gould : Phrygilus patagonicus Lowe,1923
genre Geospiza Gould:
-Geospiza magnirostris Gould : Geospiza magnirostris magnirostris Gould, 1837
-Geospiza strenua Gould : Geospiza magnirostris strenua Gould, 1837.
-Geospiza fortis Gould, 1837
-Geospiza nebulosa Gould, 1837.
-Geospiza fuliginosa Gould : Geospiza fuliginosa fuliginosa Gould, 1837.
-Geospiza dentirostris Gould: Geospiza fortis Gould, 1837.
-Geospiza parvula Gould : Camarhynchus parvulus parvulus Gould,1837
-Geospiza dubia Gould : Geospiza fortis Gould,1837
sous-genre Camarhyncus Gould :
-Camarhynchus psittacula Gould : Camarhynchus psittacula psittacula Gould,1837.
-Camarhynchus crassirostris Gould,1837.
sous-genre cactornis Gould :
- Cactornis scandens Gould : Geospiza scandens scandens Gould, 1837.
-Cactornis assimilis Gould : Geospiza scandens ? Rothschildi Heller & Snodgrass, 1901.
sous-genre Certhidea Gould,1837
-Certhidea olivacea Gould : Certhidea olivacea olivacea Gould,1837.
Famille des Proceidae
Passer jagoensis Gould : Passer iagoensis iagoensis (Gould,1838)
Famille des Icteridae
Molothus niger Gould : Molothus bonariensis bonariensis (Gmelin 1789)
Famille des Columbidae.
-Zenaida galapagoensis Gould : Neopelia galapagoensis galapagoensis Gould 1841.
Famille des Rheidae.
-Rhea Darwinii Gould : Pterocnemia pennata pennata (D'orbigny, 1834)
Famille des Charadriidae
-Squatarola fusca Gould : Zonibyx modestus (Lichtenstein, 1828).
Famille des Scolopacidae.
-Totanus fuliginosus Gould : Heteroscelus incanus (Gmelin, 1789)
- Pelidna minutilla Gould : Erolia minutilla (Vieillot 1819)
Famille des Rallidae.
-Zapornia notata Gould : Coturnicop notata (Gould 1841) Le râle étoilé.
-Zapornia spilonota Gould : Laterallus spilonotus (Gould, 1841).
-Porphyrio simplex Gould : Porphyrula alleni (Thomson, 1842)
-Rhynchaspis maculatus Gould : Anas platalea Vieillot 1816.
Famille des Laridae.
-Larus fuliginosus Gould,1841
Que déduire de cette liste de 83 dénominations binominales ?
J'y dénombre :
-2 toponymes, galapagoensis, appliqué à deux espèces,
, jagoensis [sic] l'indication de localisation, l'île de Sâo Tiago (actuelle Santiago) au Cap Vert, se justifiant sans-doute par le fait que ce passereau (Iago sparrow, Moineau du Cap-Vert) est le seul qui ait reçu sur l' étiquette qu' apposait Darwin la mention "loc St Jago" au crayon en plus du numéro d'inventaire 189. Pour tous les autres spécimens, Darwin n' ècrit sur l'étiquette qu'un chiffre, qui renvoit aux commentaires de son carnet de zoologie. Gould l'a décrit dans la parution 1837 des Prooceding of Zoological Society sous le nom de Pyrgita jagoensis, pyrgita désignant les moineaux. Celui-ci, enrémique au Cap Vert, est trés proche de notre moineau domestique, avec une bavette très réduite et une coloration canelle des joues et du croupion.
-4 patronymes : Magellanicus dédié à Magellan en toute logique pour une expédition qui se rendit en Patagonie. Mais nous aurions alors Magellanii.
: Darwinii, hommage attendu à Darwin .
: Azarae : cf infra.
: tupinieri : cf infra.
- Une soixantaine adjectifs qualifiant l'anatomie :
-la couleur alba, niger, erythro-, olivacea, fuscus (noir sombre), fuliginosus, nebulosus, maculatus, brunnea, aureola,
- la taille ; magnis, major, parvis, parvulus,
-la forme ou la couleur du bec (-rhynchus ou -rostris), des ailes (-pterus),des pattes (-ceps)
-une particularité : cinctura (ceinture), psittacula (petit perroquet ?), strenua (actif).
-Le qualificatif formosa est issu du latin formosus, "qui a de belles formes".
-Le pyrocephalus (tête de feu) est bien décrit comme ayant la tête d'un écarlate brillant.
- 3 à 6 adjectifs qualifiant l'environnement : palustris (des marais), campestris ( de la campagne) et maritimus, un nom de sous-genre cactornis, ( qui orne les cactus ?) et de genre Limnornis (qui orne les rivages ?) et Geospiza (pinson des terres [arides] ).
Parmi ceux-ci, je note le genre monospécifique baptisé par Gould, Eremobius du grec eremos, désert, et bios, manière de vivre : l'Eremobius phoenicurus ( phoenikos = pourpre ), ou Annumbi rouge-queue, vit effectivement en Patagonie, selon Darwin " le plus souvent dans des régions sèches et arides où il hante les fourrés en courant de l'un à l'autre ".
Hormis quelque noms de genre et de sous-genre (Eremobius, Limnornis, Geospiza, Cactornis, Certhidea...)les noms créés par Gould sont des épithétes spécifiques, pour lesquels les auteurs sont théoriquement tenus à introduire une valeur descriptive de l'espèce, quoiqu'en pratique ils aient beaucoup de liberté. Or notre ornithologue s'en tient à une stricte application de la régle, dans une visée d'objectivation anatomique qui est peut-être à attribuer à son travail et à son poste au Muséum : ce n'est pas ( avant son départ en Australie ) un homme de terrain, mais de musée, de collection et de bibliothéque, et son travail de taxidermiste le place au plus prêt de la réalité physique de l'oiseau.
Mais mon postulat est que l'onomastique zoologique (ou botanique) reflète l'époque et la mentalité _les paradigmes_ des auteurs, et que Gould est, comme nomenclateur, typique d'une ére victorienne soucieuse d'explorer le monde (encore largement incognita), de le décrire, de l'étiqueter et de le ranger selon les critères scientifiques et objectifs.
L'époque idéaliste de la période Arcadienne est révolue, où les auteurs du Siécle des Lumières puisaient dans la mythologie et la culture grecque ou latine pour baptiser les espèces. (Voir mon article sur le Vulcain )
A contrario la fin du XIXème siècle, préoccupée par le principe de l'entropie, par la décadence, par la perte du vivant dans sa diversité, et plus tard par l'action prédatrice d 'Homo sapiens reste à venir. On prendra alors ses distances avec l'imperatif nominaliste : "nommer et classer". (Marilyne Cettou, Jardins d'hiver et de papier : http://doc.rero.ch/lm.php?url=1000,42,5,20080117194646-ML/Lire_Ecrire_Cettou.pdf )
Dans cette liste, le seul nom de la mythologie grecque n'est pas de Gould, mais il est significatif ; c'est celui d'Orphée (Orpheus modulator et autres mimidae). C'est le personnage qui signe la perte du monde irénique de l'harmonie universelle, où le son de la lyre charme les animaux : le serpent mord Eurydice, Orphée se confronte à la mort et à l'impossibilitè d'échapper au temps, et à son retour des Enfers les Bacchantes le dèchirent, détruisant l'unité paisible, démocratique et intemporelle des bergers d'Arcadie.
Terminons ce chapitre en satisfaisant la curiosité développée par le -maigre- butin des noms amusants ou inattendus. Par exemple :
-Oxyurus tupinieri : je suis intrigué par le manque de la majuscule qui s'impose pour ce que je pense être un patronyme, celui du baron Jean Marguerite Tupinier(1779-1850), qui, avant même d'être briévement Ministre de la Marine et des colonies en 1839, joua un rôle suffisamment important pour soutenir les expéditions scientifiques françaises pour que Dumont-d'Urville,qui commandait l'Astrolabe lors de trois voyages, baptisa de son nom plusieurs ilots en Antarctique. René Primevère Lesson, chirurgien et naturaliste de La Coquille (future Astrolabe) lors de la circumnavigation de 1822-25, nomma Sinallaxe de Tupinier un oiseau du Chili (Zoologie de La Coquille, Pl.29,fig.1) Gould avait-il aussi ses raisons ou bien reprit-il une dénomination antérieure?
- Fluvicola Azarae : la majuscule est cette fois de rigueur pour saluer Felix de Azara (1746-1841), ce militaire espagnol qui se vit affecter au Paraguay à une mission de délimitation des frontières entre Espagne et Portugal : comprenant qu'il y resterait longtemps, il s'interessa en amateur à la zoologie du Rio de la Plata et de ses alentours, pour publier, enfin revenu de son long exil, son Apuntamientos para la historia natural de las Paxaros del Paraguay y Rio de la Plata de 1802 à 1805. Il y décrit 448 espèces dont la moitiè étaient nouvelles. Il en donne les dénominations vernaculaires savoureuses, et ainsi le Pyrocephalus parvirostrisde Gould est-il pour Azara le Churrincho, le Serpophaga nigricans, le Petit Tachuris noirâtre, et l'Agriornis le Pepoaza. Le Fluvicolae azarae est décrit par Gould comme très proche ou semblable au Pepoaza Dominica d'Araza, un Tyran gobe-mouche qu'il signale comme "très commun aux alentours de Maldonado" (Uruguay), alors qu'il s'agit actuellement d'une espéce dont les populations ont fortement déclinée depuis 1850.
On déduit de la rareté des epithètes spècifiques patronymiques chez Gould que notre bergeronnette Yarrellii n'a pas été dédié à son ami Yarrell par complaisance banale entre collègue.
Source :
Frank.D.Steinheimer,2004, Charles Darwin's birds collection and ornithological knowledge during the voyage of the H.M.S. " Beagle", 1831-1836, J.Ornithol. (2004) 145 : 300-320
http://darwin-online.org.uk/content/frameset?itemID=A161&viewtype=text&pageseq=1
3. John Gould et le Diamant.
Au début des années 1830, ses beaux-frères Charles et Stephen Coxen émigrèrent en Australie et lui adressèrent des specimens d'oiseaux étranges et inhabituels, que Gould décida de décrire dans une publication intitulée A synopsis of the birds of Australia, and the adjacent islands, car il jugeait insuffisants les ouvrages existants sur le sujet.
Voyant l'opportunité d'un travail plus conséquent, il se lança dans la rédaction d' un Birds of Australia, mais il lui apparût vite qu'il manquait de spécimens et de renseignements sur les habitudes et l'environnement des oiseaux : il décida de se rendre sur place lui-même. Utilisant les bénéfices réalisés sur ses livres précédents, il quitta son poste à la Zoological Society et confia à son secrétaire Edwin Prince la gestion de son entreprise de taxidermie et de sa maison d'édition . Il reprit les deux premiers volumes de Birds of Australia déjà publié sur la promesse qu'il seraient remplacés plus tard par une édition corrigée.( tous les volumes "annulés" retournés à l'éditeur sont devenus des raretés que s'arrachent les collectionneurs ).
En mai 1838, John Gould et son épouse Elisabeth, accompagnés de leur fils Henry âgé de sept ans, de son neveu Henry Coxen et de son assistant John Gilbert quittent l' Angleterre pour un séjour de trois ans en Australie afin d'effectuer le premier recencement scientifique des populations ornithologiques de ce continent. Ils arrivent en septembre à Hobarth en Tasmanie où ils font connaissance avec le gouverneur Sir John Franklin et où ils débutent leurs investigations. Elisabeth est enceinte de leur futur fils qui portera le nom doublement justifié de Franklin Tasman, aussi attendra-t-elle à Hobarth pendant que son mari gagne Sidney et la Nouvelle-Galle du Sud en février 1839 à la découverte des oiseaux autour de Yarrundi , effectuant un voyage de 400 miles; John Gilbert explore de son coté Swan River à Perth.
Bientôt, ils recueillent 800 oiseaux, ainsi que leurs oeufs et leur nid dès que possible, identifiant plus de 300 espèces ou sous-espèces. Ce chiffre représente 44% des 745 espèces de l'avifaune australienne ! John Gould pût être le premier à admirer, puis montrer par ses illustrations le nid extraordinaire du Jardinier satiné, espèce que notre compatriote Louis Jean Pierre Vieillot avait décrite en 1816 : pièce essentielle du rituel de séduction du mâle, cette chambre d'amour où il tente d'attirer la femelle est ornée d'un jardin décoré de motifs confectionné avec des pétales ou des objets colorés.
Gould, Birds of Australia,
L'expédition était audacieuse, car le continent était largement sous exploré, très peu peuplé, et dangereux. Parmi les hommes que Gould employa pour ses collectes, trois perdirent la vie. John Gilbert lui-même, qui resta juqu'en 1841 pour explorer les parties occidentale et septentrionale de l'Australie, et qui fut si productif et précieux qu'il y fut ré envoyé plus tard, fut tué par les aborigènes en 1845.
En août 1840, les Gould reviennent en Angleterre et dès le premier décembre, le premier volume de Birds of Australiaparaît. Pendant huit ans, John Gould travaillera afin de faire paraître un volume par trimestre, mais Elisabeth ne réalisa "que" les 84 premières planches lithographiques avant d'être emportée par la fièvre puerpérale en 1842.
Les souscripteurs des 250 exemplaires de l'ouvrage , qui avaient versé la somme très élevée de 115 Livres Sterling durent patienter huit ans avant de recevoir leurs sept volumes aux 681 planches. 84 sont de la main d'Elisabeth Gould, une d' Edward Lear, une de Waterhouse Hawkins, et 595 de H.C.Richter.
Dix ans plus tard ils reçurent le supplément présentant les espèces récemment découvertes.
On peut consulter Birds of Australia en ligne : http://nla.gov.au/nla.aus-f4773
La perruche.
Gould est l'auteur du genre Melopsittacus ( 1840 in Birds Austr. Pt1, Pl 10) dont l'unique espèce est la perruche ondulée, Melopsittacus undulatusShaw, 1805. Avant 1838, un seul exemplaire était parvenu en Europe. Gould en ramena un couple vivant d'Australie, et initia ainsi leur élevage en Angleterre; il les appreciait aussi beaucoup pour son repas.Ce perroquet des zones arides d'Australie élevé en captivité depuis 1850 est devenu le deuxième oiseau de compagnie au monde après le canari. .
Le Diamant
Le Diamant de Gould (Gouldian finch pour les anglais) Erythrura gouldiae(Gould, 1844) ou Chloeba gouldiae pour reprendre l'appellation ancienne de Reichenbach est un passereau granivore au bec court et conique de la famille des estrildidés, que l'on peut trouver encore à l'état sauvage dans les savanes boisées d'eucalyptus du nord de l'Australie où subsiteraient moins de 2500 individus. Découvert par une expédition française en 1833 ( Jacquemot en tue trois specimens), il est retrouvé par John Gilbert qui fait parvenir le spécimen abattu à Gould. celui-ci le décrit, le peint et le nomme Lady Gould amadineen raison de sa similitude avec le diamant africain amadine à tête rouge, et en mémoire de son épouse Elisabeth.
Les premiers exemplaires vivants arrivent en 1887 en Angleterre. Leur élevage est difficile et la première réussite revient à P.H.Teague en 1930-1946.
L' importation à partir de l'Australie est interdite depuis les années 1960.
Cet oiseau, s'il n'est pas le plus répandu des oiseaux de compagnie, est l'un des plus admirables et des plus recherchés; des milliers d'éleveurs maîtrisent actuellement son élevage, et espèrent l'heureuse mutation (une sur 100 000 naissances) qui procurerait un oiseau unique. Il existe à l'état natif en trois variétés : à tête rouge, comme les premiers exemplaires découverts; à tête noire, et à tête orangée. Il a le ventre jaune, le dos vert, la poitrine mauve, et mesure 13 cm.
" Il ne s'attire souvent pour toute critique, écrit l'un de ses éleveurs passionnés, Jean-Yves Hervé, que de laisser à penser qu'il a été peint."
Birds of Australia, vol 3, pl 89 : site de l'université de Glasgow.
John Gould a décrit également parmi les estrilidés :
_Le Diamant modeste, Aidemosyne modesta ( Gould 1837), actuellement Neochima modesta.
_le Diamant à queue rousse, Bathilda ruficauda (Gould 1837) l'actuel Neochmia ruficauda.
_le Donacole à poitrine chataine, ou capucin donacole, Lonchura castaneothorax (Gould 1837).
_ le Diamant bavette, Poephila cincta (Gould 1837)
_ le Donacole à poitrine blanche, Heteromunia pectoralis
_ le Diamant à longue queue, Poephila acuticauda (Gould 1840)
_ l'Emblème peint, Emblema picta Gould 1842
_ le Diamant à masque, Poephila personata (Gould 1842)
_L'Eurylaine de Gould, Serilophus lunatus, Gould 1834.
source : l'exposition de l'Université de Glasgow http://special.lib.gla.ac.uk/exhibns/month/july2005.html
: le site de l'Australian Museum : http://australianmuseum.net.au/John-Gould
4- John Gould et la girafe de Georges IV .
1) Zarafa la girafe française.
L'histoire commence en Egypte où un vice-roi, Méhémèt-Ali, avait reçu en cadeau d'un seigneur du Soudan, Mouker Bey, des girafons. Le consul de France à Alexandrie suggère de les offrir au Roi de France Charles X afin d 'enrichir le zoo du Jardin des Plantes.
Une girafe a toujours été un cadeau somptueux, conférant au propriétaire prestige et pouvoirs. En 1261, le sultan d'Egypte en avait offert une à Frédéric II des Deux Siciles en échange d'un ours blanc ; au XVième siècle, le Duc de Calabre en posséda une, ainsi que le Duc Hercule Ier de Ferrare. C'était l'époque des Cabinets de curiosité, regroupant les artificialia, les exotica, les scientifica , et enfin les naturalia, corne de narval, branche de corail, oeuf d'autruche, animaux empaillés, insectes séchés,et autres fossiles : Ces dernières collections seront à l'origine de nos Musées d'Histoire Naturelle, les trésors de Sir Hans Sloane au départ du British Muséum et les collections de Réaumur de Ferchaut alimentant le Cabinet du roi, notre futur Muséum .
En 1486, c'est Laurent de Médicis qui en reçoit une d'un Mamelouk.
Ces échanges se situent au coeur de la fascination pour l'Exotique et de l'attirance pour les produits rares qui suscitent les grandes voies du commerce international, les menées expansionnistes : la girafe de Laurent le Magnifique précéde de peu la conquète du Nouveau Monde et de ses richesses, celles qu'offrit Méhémèt-Ali annonce la conquète de l'Algérie, puis l'ouverture par la diplomaties des cannonières du marché extrème-oriental du caoutchouc,du thé, des porcelaines et des soieries.
La girafe arrive ainsi à Marseille le 14 novembre 1826 accompagnèe de deux palefreniers, Atir et Hassan, et elle est conduite à pied vers Paris au printemps 1827, sous la responsabilité et la compagnie du Directeur du Jardin des Plantes en personne, Geoffroy Saint Hilaire : c'est dire toute l'importance de l'opération, et Zarafa (c'est le nom du girafon) reçoit un accueil enthousiaste de la population tout au long de son trajet. Elle arrive enfin au château de Saint-Cloud le 9 juillet 1827, où Charles X se meurt d'impatience de vivre ce grand moment.
On l'installe au Jardin des Plantes où elle reçoit 600 000 visites, tandis que tout le pays est atteint de girafomania : on représente des girafes partout, on la chante, on en parle, cela dure trois ans, et puis on s'en lasse et on l'oublie.
Zarafa vivra 18 ans, jusqu'au 12 janvier 1845 dans la ménagerie du Jardin des Plantes,puis sera naturalisée et rejoindra les collections du Museum d'Histoire Naturelle de La Rochelle.
2) La girafe de Georges IV.
Le pacha d'egypte souhaita honorer les autres souverains de ce cadeau diplomatique, et offrit une girafe à Francis II, Empereur du Saint Empire Germanique, qui l'installa dans la ménagerie de son palais de Schönbrunn, ainsi qu'au roi d'Angleterre Georges IV.
Lorsqu'en 1811, le roi Georges III décidemment trop atteint de folie fut déchu de son trône et que son fils devint prince régent , l'Angleterre connut les fastes du style Regency, où l' élégance, la richesse, l'ambition des réalisations se mélent au goût pour l'exotisme et les tendances extravagantes de celui qui devint en 1820 le Roi Georges IV, et fut vite surnommé "Prinny", le scandaleux.
Il était connu pour le déréglement de ses moeurs ou de son esprit, et aussi accesoirement pour son goût pour les animaux sauvages, qu'il rassemblait dans un zoo privé du parc du château de Windsor. On trouvait à WindsorGreat Park les lamas, zébus, les antilopes, les gnous ou les wapitis.
La girafe nubienne femelle y arriva le 11 août 1827, agèe de 18 mois, après un séjour à Malte ; mais il s'avéra qu'elle avait mal supporté le voyage, et elle ne put se dresser sur ses pattes que soutenue par un palan ! Georges IV en devint véritablement obsédé, mais cette toquade prit fin lorsque la royale girafe mourut deux ans après son arrivée. Quelle disgrâce nationale face à la zarafa tricolore ! Le chagrin du roi était tel qu'il fallut rechercher le meilleur empailleur du royaume pour naturaliser sa girafe et la conserver dans ses collections.
John Gould s'était installé comme taxidermiste à Londres en 1825 à 21 ans; en 1829, il avait déjà acquis une solide réputation d'autant qu'il avait été nommé responsable des collections du Museum de la Société Zoologique de Londres, ce fut donc lui que Georges IV chargea de naturaliser sa chère girafe ! L'histoire ne dit pas comment the Bird Man s'y prit pour appliquer à un animal de 10 pieds et demi de haut les techniques qu'il utilisait pour les petits oiseaux.
A la mort de Georges IV, la girafe fut léguée au Museum de la Société Zoologique.
Le nouveau roi Guillaume IV voulut venger l'honneur national bafoué et chargea un français, Monsieur Thibaut , de capturer au Soudan 8 nouvelles girafes; 4 survécurent au trajet, et le 25 mai 1836, 3 mâles et une femelle s'installèrent dans la Maison de l'Éléphant du zoo londonien avant qu'en 1837 soit terminée the Girafe House.
Vu le glorieux service rendu au Royaume, Thibaut reçu la coquette somme de 700 livres par animal livré.
Nos voisins ont amélioré leurs capacités de soins aux Giraffa camélopardalis puisque la pensionnaire actuelle du Zoo de Londres, Ellis, est agèe de 6 ans; c'est la doyenne des girafes du zoo et regarde du haut de ses sept vertèbres cervicales (autant que nous) de quarante centimètres les jeuns girafons Molly et Margaret. Vous pouvez l'adopter pour 24 Livres sterling.
Satisfaisons notre curiosité de naturaliste amateur et découvrons la Société Zoologique de Londres: fondée en 1826 à partir du Club zoologique de la société linnéenne de Londres par Sir Thomas Stamford Raffles, qui mourut la même année, elle obtint une parcelle à Reg