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22 août 2010 7 22 /08 /août /2010 16:58

    C'est l'été, le temps des navigations sur les îles de Hoedic, d'Houat, de Belle-Île, de Groix et des Glénans, des escales dans les rias de Bretagne Sud, des visites des réserves naturelles (Séné, Kerfontaine, Pen en Toul, Groix, Glénans, Île au Moutons, ...) , d'où je ramène l'album que voici :

 

 

 

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L'Agreste, Hipparchia semele.

 C'est pour moi LE papillon de l'été et du littoral, le compagnon des sentiers cotiers et des landes sèches des falaises insulaires : c'est qu'il ne paraît chez nous qu' en juillet et août, en une seule génération, et que l'expansion des surfaces cultivées a fait disparaître sur le continent les zones incultes qu'il affectionne.

   On le voit voler trop rapidement au dessus des prunelliers et des bruyéres pour identifier ce passage coloré vaguement orangé, puis on le trouve, ailes repliées comme un dévot ermite, posé sur les chemins rocailleux où il passe parfaitement inaperçu et où, à un mètre de soi, on ne le trouve pas quand quelqu'un tend le doigt pour vous le désigner !

   Puis on apprend à déceler sa présence et on observe comment il s'oriente face au soleil, légérement incliné, pour réduire son ombre porté "et échapper ainsi aux prédateurs". C'est du moins ce que l'on dit car Hipparchie semele

comme l'a étudié H.Dreisig (Oecologia (1995) 101:169-176, Thermorégulation and flight activity in territorial male graylings ) dispose en réalité l'axe de son corps et l'inclinaison de ses ailes selon trois processus de régulation différents selon que , par temps froid, il cherche à accroître sa température corporelle, ou que , au contraire, par temps chaud, il diminue la surface corporelle exposée au soleil, tout cela afin d'optimiser ses performances de vol sur son territoire de reproduction pour combattre un rival, ou se livrer à des démonstrations de vol bref pour épater la galerie...et les femelles.

   C'est un Nymphalidé, c'est dire qu'il n'utilise pour marcher que deux paires de pattes sur trois, la paire antérieure étant réduite et dotée de brosses.

 

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Son nom d' Agreste témoigne de sa nature rustique, sauvage voire faunesque (c'est un Satyrinae) plutôt que bucolique mais qui lui a donné ce baptême le plaçant sous le parrainage d' Hipparchie et de Sémélé ?

   Certes,Sémélé foudroyée d'avoir voulu, sur le conseil de la jalouse Hera, regarder dans la splendeur insoutenable de sa gloire son amant Zeus peut avoir donné à ce papillon sa livrée cendrée.

   Mais Hipparchie ? On écarte la possibilité que ce nom renvoie à une division de cavalerie de l'antiquité grecque, commandée par un Hipparque, mais on se félicite d'avoir ainsi accru  son vocabulaire et découvert la puissance de la chiliarchie equestre à l'époque d'Alexandre III der Macédoine. On devine que ce nom tire son origine de Hippos, le cheval, et archos, le chef, mais rien ne renvoie à un papillon.

   On se tourne alors vers la célèbre Hipparchie.

     Hipparchie est cette jeune athénienne qui tomba amoureuse d'un chien, je veux dire d'un cynique, Crates,un disciple de Diogéne de Sinope  adepte de la vie dans un tonneau, de la masturbation en public et de la provocation. C'est dire si ses parents ne furent pas réjouis de la savoir tombée sous les charmes de ce Crates de Thébes qui prônait l'ascetismeet avait l'habitude de rentrer chez les gens sans être invité, ce qui est d'autant moins agréable qu'il devait, tel son maître, ressembler à un mendiant.

    Mais Hipparchie refusait tous les beaux partis et voulait mourir si elle ne se mariait pas avec ce hippie contestataire laid, bossu, vètu d'un manteau de peaux de biquettes, portant bâton et besace,qui après un festival à l'île de Wight, prétendait qu'il n'y avait aucune raison de ne pas faire l'amour en public.

    Et d'ailleurs, ce fut exactement ce qu'il firent , sous le Portique (Stoa) des stoïciens, si on croit Diogène Laërce, Sextus Empiricus et Apulée.

 

   Pourquoi ne pas les croire, alors que j'ai surpris "à une heure de grande écoute" l'Agreste et sa compagne, manifestement disciples d'Hipparchie et de Crates, sur la voie publique dans la posture suivante :

 

 

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Puis Monsieur Agreste "exhibant ( pour reprendre l' Epave de Georges Brassens) ses pauvres génitoires" ou, selon un langage plus entomologique, ses genitalia composés de l'edeage(penis), et des trois processus externes permettant l'accrochage et le maintien de la femelle, l'uncus en forme de crochet et les valves en plaques latérales :

 

 

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    On peut aussi livrer un des secrets de ce séducteur : selon Tinbergen et al ( 1942) , l' Agreste dipose, comme d'autres papillons, d'écailles spécialisées pour libérer des phéromones sexuelles au pouvoir redoutable. On nomme ces écailles les androconies. Celles-ci sont disposées chez notre Hipparchie sur la face dorsale de ses  ailes antérieures, aussi celui-ci s'arrange pour terminer sa parade nuptiale par une pirouette au cours de laquelle il saisit les antennes de la femelle entre ses ailes antérieures,  imposant  aux antennes un contact direct avec ses androconies et leurs effluves irresistibles.

Malin, non?

 

 

 

Le Chevalier-gambette

 

 

Observé en la réserve de Séné :

 

 

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L'huitrier-pie :

 

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Le Gravelot à collier interrompu (un immature)

 

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En comparaison, un immature de Grand Gravelot :

 

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Les mouettes rieuses, sur les balises babord de la remontée de l'Aven :

 

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Des sternes, Pierregarin ou Caugek, mais ce sont ces dernières qui voulurent plus volontiers poser :

 

Attention, prêt pour la série ? En avant :

 

   A Houat :

 

 

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  ...A Arradon, prés du marais de Pen En Toul où nous avons vu les Pierregarin nicher et nourrir les poussins (pas d'image) , mais au port c'était encore les Caugek qui menaient le bal :

 

 

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A  l'île aux moutons, où se trouve une colonie mixte de sternes : en mai 2010, 944 couples de caugek et 146 couples de pierregarin étaient dénombrés par Bretagne Vivante, mais surtout, UN couple de Dougall s'était installé, pour la première fois depuis 1996 : il y eurent un poussin, mais les Dougall s'envolèrent et n'adressèrent pas de carte postale, aussi ne sait-on pas si le poussin a survécu.

  Un gardien bénévole de Bretagne Vivante vit prés du phare (automatisé depuis 1993) dans un tout petit logement, (un gardien reste un mois sur l'île) à proximité de la zone de nidification qui est protégée du public et des prédateurs par une ceinture de grillages. Il surveille la colonie et la dénombre, il  accueille très gentiment les visiteurs, les informe et les guides jusqu'à une longue-vue qui permet d'observer les poussins et le manège des parents qui les ravitaillent.

   Les prédateurs sont les visons d'Amérique et les ragondins, qui franchissent par groupes les 4 à 6 milles qui séparent les Moutons de la côte, et  les faucons pèlerins.

 

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   Ah, une pierregarin, enfin !

 

 

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Enfin, les sternes d' l'ile de Hoedic, face au phare des Grands cardinaux, me permettent d'observer les performances des caugek immatures :

 

Ici, un adulte et un immature :

 

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Les sternes pierregarin,  je les verrai surtout en Rivière d'Auray :

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  Il est bien difficile de les poursuivre lors de leur piquer :

    

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Un peu de mal de mer ? Allons nous promener sur les sentiers cotiers. On y voit, dans les pruneliers, ce tout petit papillon : l'Hyponomeute:

 

 

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Ou bien, voletant pour nous accompagner le long des sentiers côtiers, l'Azuré commun :

 

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Mais comment être sûr de différencier sa femelle d'un Collier de corail, certes plus petit (2,5 cm), lorsqu'on a omis de les mesurer?

 

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   Et celui-ci, avec ces taches brunes ?

 

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Par contre, je reconnais l'Azuré du trèfle, ou Argus mini-queue, à son petit catogan  juste à l'arrière des deux marques orange. Mais je ne l'ai vu qu'une fois, à Kerfontaine, prés de Ploermel, loin du littoral.

 

 

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L' Azuré de nerpruns  vole plus haut, au sommet des houx ou des lierres ou dans les chemins bordés d'arbres ou de ronciers bien développés : c'est l'Argus bleu à bande noire, le verso de ses ailes ne porte pas de couleur orange:

 

 

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Les ajoncs, les genets ou les ronces permettent aux araignées de dresser à leur proies de redoutables pièges :

 

L'épeire-diadème

 

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   L'épeire fasciée, ou argiope frelon.

 

    Elle se tient au milieu de sa toile, bien en évidence, mais c'est qu'elle utilise la stratégie de la Lettre Volée, cette lettre de la nouvelle d' Edgar Poe que les enquêteurs ne voient pas parce qu'elle est posée en négligemment sur le bureau.

    Tout en elle relève du leurre visuel, à commencer par son habit alternant les stries noires et blanches qui la rend moins visible de ses proies. On dit aussi depuis que Charles Darwinl'a observé chez une épeire américaine, qu'elle fait vibrer sa toile lorsqu'elle perçoit par les résonances vibratoires de sa toile qu'une proie ou un prédateur survient afin de brouiller la perception visuelle.

    Et le stablilimentum, cette couture zig-zag en soie qui se déploit  en rayon vertical  sur sa toile  pourrait servir aussi à troubler l'observation, même si de nombreuses autres rôles lui sont attribués

   Enfin elle s'attache à réunir deux par deux ses pattes pour les rendre moins visibles...

 

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Elle semble porter une coiffe bigoudène qui aurait été brodée aux couleurs des gilets bretons :

 

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  Mais chacune met sa fierté à ce que chaque motif de broderie soit différente.

 

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Encore une, pour admirer la variété des motifs ?

 

 

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 On la montre le plus souvent de dos, mais sa face ventrale est élégante :

 

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   On se distingue aussi en arborant une proie originale : la coccinelle, par exemple:

 

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A Sauzon, devant l'avant-port, un buddleia attire les vulcains, les machaons, les amaryllis mais je m'interesse surtout au Moro-Sphinx dont j'observe la précision de vol :

 

 

 

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   Une visite aux tourbières de Kerfontaine(56) me permet d'admirer la Droseracette plante carnivore dont les tentacules avides attendent de se refermer sur l'insecte innocent immobilisé par les gouttelettes de glue...

 

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   Dans cette tourbière se trouvent aussi des libellules : l'Agrion délicat, Ceriagrion tenellum. 

 

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 J'y vois aussi ce papillon voué aux espaces humides, l' Hydrocampe du Potamot, Elophila nymphaeata,un hétérocère aux moeurs diurness

 

 

Il faudrait parler aussi du marais de Pen en Toul, de ses papillons, de ses libellules,de ses criquets et de ses grenouilles, alors, quelques images seulement :

 

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La Cétoine dorée.

 

     Souvenez-vous : "A la fin tu es las de ce monde ancien

                                  Bergère ô tour Eiffel [...]

                                  Je suis dans le jardin d'une auberge aux environs de Prague

                                 Je me sens tout heureux, une rose est sur la table

                                 Et j'observe au lieu de finir mon conte en prose

                                 La cétoine qui dort dans le coeur de la rose

 

     Ces vers du poème Zone dans Alcools, de Guillaume Apollinaire ne m'ont pas quitté depuis que je les ai lus et me reviennent maintenant que moi-aussi je me plonge dans la contemplation de ce coléoptère.

 

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Published by jean-yves cordier

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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