Station S.N.S.M. de Camaret :
visite de l'abri du canot,
maquettes des canots,
anciens troncs d'offrande.
Tous mes remerciements au président Jacques BRUÈRE qui m'a ouvert les portes de la station.
I. L'Abri du canot à l'extrémité du Sillon à Camaret.
L'abri, rectangulaire, mesure 24 mètres sur 10 et s'ouvre par une double porte en métal sur la cale de lancement de 85 m sur 5m de large ; elle est équipée des rails du chariot mobile sur lequel se trouve le canot.
C'est à la suite d'une pétition des habitants, des pêcheurs et des industriels de Camaret qu'une cale fut construite, entre 1882 et 1883, à l'extrémité du Sillon. Le premier abri avait été construit en 1866 à l'enracinement du sillon, mais cet emplacement s'était avéré malcommode. En 1901, un nouvel abri fut construit à l'emplacement actuel. Il fut détruit lors de la Première Guerre Mondiale pour permettre d'édifier une base d'hydravions, avant d'être reconstruite en 1919. Elle fut modifiée ultérieurement.
La station fait partie à son origine en 1866 de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés. Son premier canot fut le Édouard Hollandre qui servit de 1866 à 1899. Il était d'abord mis à l'eau au Styvel, à l'enracinement du Sillon, sur un chariot poussé à la main, coté mer ou coté port.
Un plaque y est apposée à la mémoire de mademoiselle Amélie Le Boucher (1873-1966), "bienfaitrice de la société qui s'intéressa au sauvetage après avoir visité cette station".
Une autre plaque salue la générosité de Melle Alyette de Lareinty-Tholozan, qui permit l'acquisition en 1969 du premier canot motorisé, le Taï.
Alyette Anne-Louise-Marie de Baillardel de Lareinty-Tholozan, née le 18 février 1892, décédée le 19 février 1954 à Hyères, a été infirmière bénévole durant la première Guerre Mondiale en tant qu' infirmière S.B.M (Secours aux Blessés Militaires) à Bray-sur-Somme, Mont-Notre-Dame et Dunkerque, puis faisant trois fois le trajet Marseille-Salonique sur un navire-hôpital, et, à ce titre, décorée de la médaille d'honneur des épidémies et de la Croix de Guerre en juillet 1918 pour avoir "rendu des services appréciés au Maroc, sur le navire-hôpital La Bretagne, en Extrême Orient et dans les H.O.E [HOpital d'Évacuation] du front...", puis en janvier 1921 nommée chevalier de la Légion d'honneur. (Source)
© Coll. Patrimoine de la grande Guerre
Elle était la fille d'un député de Loire-Inférieure, le baron Jules de Baillardel de Lareinty-Tholozan, et de Louise de Sabran-Pontéves.
Son frère Honoré de Baillardel, Comte de Lareinty-Tholozan, capitaine d'aviation, décéda après un accident d'avion en 1916.
En 1920, elle fit don de son château de Ribécourt au Ministère des Anciens Combattants pour la rééducation des mutilés de guerre. A son décès en 1954, le château de Pont-Piétin à Blain (54) dont elle était la dernière châtelaine fut vendu au département et transformé en hôpital psychiatrique.
Nous découvrons ainsi peut-être la raison du nom de ce canot : Taï peut être rapproché du caractère chinois tài (太), "très grand, suprême", mais surtout des peuples de langue taï du sud de la Chine, du Laos, du Vietnam et de la Thaïlande. Alyette de Lareinty-Tholozan a sans-doute suggéré ce nom en hommage aux peuples qu'elle avait découvert lors de ses sèjours en Extrême-Orient.
Trois canots successifs ont portés ce nom.
Il abrite actuellement le canot Vice-Amiral Lacaze.
Ce canot en bois construit par Augustin Normand en 1956 a commencé sa carrière à Ouistreham, puis a servi aux Sables d'Olonne avant d'être rénové et affecté à Camaret en 1986 en remplacement du Taï 3 dont nous allons découvrir la maquette. Presque aussi agé que ce dernier, le Vice-Amiral Lacaze n'effectuera que deux sorties avant d'être réformé en novembre 1987 à la suite d'une avarie; il repose sur son chariot dont le treuil est toujours en état, et pourrait être sorti sur la rampe de lancement, comme en juillet 2012 où sa coque a été repeinte ; il est, par contre, impossible de le mettre à l'eau, et n'a plus de moteur.
Pendant dix ans, il ne sera pas remplacé, jusqu'à l'arrivée en 1997 du Patron Noé Devaud.
Il porte le nom de l'ancien ministre de la Guerre et trois fois ministre de la Marine (1915-1917) Julien Lacaze, Préfet Maritime de Toulon, membre de l'Académie Française en 1936, qui présida en 1930 la Société Centrale des Naufragés.
Comme toutes les stations, celle de Camaret a inscrit sur des tableaux toutes les sorties jusqu'aux années 1980.
L'Édouard Hollandre et les équipages camarétois qui l'armèrent durant ses 32 années de service sauvèrent 80 navires et 140 hommes.
Cliquer pour agrandir :
II Les modèles réduits des canots conservés par la station de Camaret.
Les différentes embarcations :
Actuellement, les canots tout-temps ont une coque verte, en souvenir des couleurs de la Société Centrale de Secours des Naufragés, et leur immatriculation est de type SNS 0xx (canots de 15,50 à 17,60m, 8 sauveteurs) alors que les vedettes sont en bleu, reprenant les couleurs des Hospitaliers Sauveteurs Bretons, et portent une immatriculation SNS1xx (vedette de 1ère classe supérieure à 13 m, 6 sauveteurs) SNS2xx ( vedette de deuxième classe, 9 à 12 m, 4 sauveteurs) et SNS 3xx (vedette de troisième classe, 8 m, 3 sauveteurs) .
1. Le Canot Taï III (1965-1980).
2. L'Amiral Amman SNS 068.
Ce canot de la station d'Audierne, de 17,60m HT a été construit en 1989 au chantier Bernard Locquimélic. Coque en polyester, 2 moteurs IVECO de 294 Kw, modernisé en 2005.
Il porte le nom du premier président de la S.N.S.M. en 1967.
Son indicatif radio FG7455 est peint sur le roof de la cabine à l'attention des aéronefs.
3. Une vedette SNS 198
C'est un modèle disponible en maquettisme naval au 1/20ème d'un type d'unité en service dans les années 1980. Il ne correspond pas à un navire ayant navigué.
4. Maquettes conservées dans l'Abri du Canot.
Le "Patron Noé Devaud" de l'Île d'Yeu.
Le SNS 052 Patron Noé Devaud, du nom d'un patron de canot de l'Île d'Yeu [Noé Devaud, patron du "Paul Tourreil" notamment lors d'un hèroïque et dramatique sauvetage de l'Ymer en 1917] , a servi a Camaret de 1997 à 2001. Il avait été construit en 1972, avait été affecté à l'île d'Yeu, puis à Ouistreham en 1995 avant de venir à Camaret. Déclassé en 2001, il a été prolongé pour servir à l'île d'Yeu en remplacement du SNS 084 à la suite d'une panne. Il fut alors offert pour le Musée de sauvetage de Port-Joinville à l'Île d'Yeu.
Coque acier, taille 15,20m, vitesse 12 n, 2 moteurs de 280 cv.
Un côtre pilote
Maquette réalisée par Mr Serge Renard (confiée à la station par son petit-fils Gildas Morvan).
III. Les "troncs" de récolte des dons.
La S.N.S.M ne peut poursuivre son activité que grâce au bénévolat de ses membres et aux dons du public, qui assure 68 % du budget, contre 32 % de fonds de l'État. Différents modèles de troncs sont visibles à Camaret.
1. Tronc mural des H.S.B. sur la porte de l'abri.
Photographie du "tronc" encore en poste sur l'abri du canot à Camaret ; il date du temps (1873-1967) où la Société Nationale de Sauvetage en Mer se nommait encore Hospitaliers Sauveteurs Bretons : il a donc près de 50 ans. Néanmoins, il ne vient pas directement de la station de Camaret, qui n'appartenait pas , avant la fusion HSB / SCSN en 1967, aux Hospitaliers Sauveteurs Bretons, mais à la Société Centrale de Sauvetage aux Naufragés. On ne sait pas par qui et comment ce tronc s'est retrouvé ici ; peut-être un échange entre station ?
La couleur de la coque est verte et le pont orange, ce qui est curieux car c'était les couleurs de la SCSN, comme les Canots-Tout-Temps actuels.
Fonte de fer polychrome,hauteur 27 cm, longueur 41,5 cm.
Autre exemplaire plus ancien :
(Coll. privée Dr. Pillet)
2. Tronc mural datant de 1900.
A l'époque, la station de Camaret faisait partie de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés, dont le siège était 1 Rue de Bourgogne à Paris.
Il existe deux sortes de modèles de tronc : les "troncs de comptoir", en forme de coque de bateau, et les "troncs muraux", en forme de demi-coque.
Tôle de fer émaillé ou peinte, 19 x 37 x 6,5 cm. Couleur Bleu-Blanc-Rouge. D'autres modéles portent l'inscription Société centrale de Sauvetage des Naufragés en lettres gravées sur la bande blanche, et d'autres, comme à Lesconil, portent, au dessus, le nom du canot.
3. Tronc mural actuel.
4. Tronc de comptoir actuel.
(Capitainerie du port)
IV. Saint-Pol-Roux et la Station de Sauvetage.
Une promenade littéraire sur les traces de Saint-Pol-Roux : Camaret et Roscanvel.
On connaît peut-être les liens d'estime réciproque que le poète Saint-Pol-Roux et les habitants du port de Camaret tissèrent, et la manière avec laquelle l'écrivain utilisa ses relations pour venir en aide aux pêcheurs touchés par la crise sardinière. Il avait composé, lors du baptême du premier Taï un poème Tai de Camaret qu'il dut lire lors du baptème de ce canot, et qui parut dans la Dépêche du 7 août 1929.
En voici un extrait :
Tai de Camaret "Coeur nouveau qui va battre au point robuste
de Morvan à la barbe pointue, ô jeune Tai de blanc vêtu,
laisse le vieux poète te bénir aussi par un coup d'aile de son goéland
attentif dans l'azur !...
Coeur nouveau du pays, sache dompter l'onde méchante
au rayon pur de la jeunesse allant au sacrifice dans tes battements !...
Fais davantage encore, ô véhémente barque, au moyen du spectacle divin
de ta fraternité fais donc s'épanouir l'immense harpe de la Mer,
pour qu'on n'entende plus que des hymnes d'amour et pour que même
la Tempête à la tiare d'arc-en-ciel ne soit plus désormais
qu'un grand sursaut d'enthousiasme en le triomphe de la vie !...".
Plus tard, à l'occasion de la Fête Nautique qui eut lieu le dimanche 20 août 1939 , il composa un APPEL DES CANOTIERS DU TAÏ AUX HÔTES DE CAMARET, plaquette publiée Société Centrale de Sauvetage des Naufragés, Camaret, 1939.
Liens :
Site de la station S.N.S.M de Camaret :
Site de l'Inventaire régional sur l'abri du canot de sauvetage.