Le char d'Aminadab :
vitraux de la basilique de Saint-Denis : fenêtre des Allégories de Saint Paul.
Chapelle de Saint-Pérégrin.
Quel titre ! Rébarbatif ? Non, croquant et juteux comme une gaufrette aux fruits. Quel est cet Aminadab et pourquoi a-t-il garé son char sur ce vitrail ? Que veut dire cette curieuse image de Christ à roulettes ? Suspens ! Qui traduira cette inscription latine ?
Cerise sur le gâteau : la Sulamite, la belle enivrante du Cantique des Cantiques est mon invitée. Viens, Sulamite, viens !
Hauteur : 4,75 à 4,90m
Médaillons de 0,66m
Datation : Suger, XIIe
Voir plus loin l'article sur les autres médaillons de ce vitrail.
Le vitrail de droite de la chapelle Saint-Pérégrin de la basilique de Saint-Denis est consacré aux "Allégories de Saint-Paul".
Paul affirme en effet que les auteurs de l'Ancien Testament ont exprimé leurs révélations par des allégories et que leurs écrits, par conséquent, doivent faire l'objet d'une interprétation allégorique. Si l'Ancien Testament apparaît ainsi comme une immense allégorie, c'est qu'il s'adresse en réalité aux chrétiens, et non pas aux Juifs, qui n'étaient pas à même de l'entendre. Son message devait donc revêtir une présentation déguisée, à laquelle les Juifs s'arrêteraient, tandis que les chrétiens perceraient cette écorce pour en recueillir le fruit spirituel. Paul offre donc l'exemple d'une lecture allégorique de la Bible, dans laquelle il découvre, sous le déguisement des figures, l'annonce du Christ, la description de la foi chrétienne ou encore un ensemble de prescriptions morales destinées aux chrétiens.
La pensée, les œuvres et la culture du Moyen Âge utilisent intensément la conception proprement théologique de l'allégorie, procédure exégétique utilisé par saint Paul dans son Épître aux Galates 4, 24 Quae sunt per allegoriam dicta , et qui fonde le passage du sens littéral au sens spirituel. A cette allégorie exégétique peut se mêler celle plus littéraire et héritée de la rhétorique antique que l'on peut nommer allégorie poétique et qui enrichit les récits de métaphores continuées; la première se voulant fondée sur la Révélation et mise en relation de deux niveaux de réalités, la seconde sur le plan humain et liée à l'imagination des hommes.
Cet art de "dire autre chose" (Allegoria est alieniloquium), selon la formule d'Isidore de Séville ("on entend une chose, on en comprend une autre"), est bien une dimension centrale des œuvres d'art et de la pensée médiévales, et ces "allégories de saint Paul" sont plutôt celles de l'abbé Suger.
Parmi les cinq médaillons du vitrail, deux remontent au XIIe siècle et à la création par l'abbé Suger. Leur étude est donc intéressante pour découvrir cette exégèse de Suger. Notamment, le médaillon supérieur, nommé "le quadrige d'Aminadab" m'intrigue, avec ce nom curieux, mais que j'ai déjà rencontré sur les Arbres de Jessé. Et la figure est encore plus mystérieuse pour moi, avec ses quatre roues sous le Christ.
La photographie ne montre que ce qui est actuellement visible à Saint-Denis, un film photographique transparent qui remplace le vitrail authentique placé — depuis 1997— en restauration. Pour la compréhension de l'allégorie, on s'en contentera.
Le quadrige d'Aminadab.
Que voit-on ? Dieu le Père, les deux bras ouverts, soutenant devant sa poitrine son Fils cloué sur la croix.
On connaît bien dans les chapelles et église bretonnes cette représentation qui sera reprise pendant des siècles sous le nom de Trinité souffrante (quand la colombe y figure) ou de Trône de grâce , cet équivalent mâle des Pietà où le Père de Pitié participe à la Passion de son Fils, inscrite dans sa pensée de toute éternité. Mais on sait moins que c'est Suger qui en donna ici l'une des premières figures.
A Saint-Denis, elle était sculptée au dessus du tympan du portail occidental.
Surtout, le Père et son Fils en croix apparaît ici posés sur un coffre à quatre roues : le "quadrige d'Aminadab".
Qui se cache sous "Aminadab" ?
Qui est ce conducteur ? La réponse n'est pas simple.
1. On pense d'abord à l'ancêtre du Christ cité dans la généalogie de Jésus donnée par l'évangile de Matthieu 1,4 dans la séquence Aram - Aminadab - Naasson - Salmôn - Booz - Obed - Jessé - David. C'est un homme de la tribu de Juda, fils d'Aram, et père de Naasson et d'Élisabeth, femme du grand-prêtre Aaron. (Ex 6:23 ; Nu 1 :7 ; Ru 4 :19 ; 1Ch 2 :10 ; Mt 1 :4 ; Lu 3 :33).
2. On peut aussi découvrir l'existence d'un Aminadab 2, fils de Kétath. (1Ch 6 :22).
3. C'est aussi le nom d'un fils du roi Saül, qui fut tué avec lui dans la bataille de Gelboé (1Sa 31 :23 ; 1C 8 :33 ; 9 :39 ; 10 :2)
4. Et c'est celui d'un lévite, habitant à Cariath-Iarim, chez lequel on déposa l'arche, après qu'elle eut été ramenée du pays des Philistins (1Sa 7 :1-3) : Les gens de Kirjath Jearim vinrent, et firent monter l'arche de l'Éternel ; ils la conduisirent dans la maison d'Abinadab, sur la colline, et ils consacrèrent son fils Éléazar pour garder l'arche de l'Éternel. (Louis Ségond).
5. Mais le vitrail porte en inscription deux mots (Q)WADRIGE AMINADAB qui désignent un cinquième Aminadab, celui du Cantique des cantiques chapitre 6 dans la traduction de la Vulgate 6:10-12 : descendi ad hortum nucum ut viderem poma convallis ut inspicerem si floruisset vinea et germinassent mala punica/ nescivi anima mea conturbavit me propter quadrigas Aminadab / revertere revertere Sulamitis revertere revertere ut intueamur te :
" Je ne sais ; mon âme m'a rendue aussi prompte que les chariots d'Aminadab".
On se dit que c'était apparemment un cocher célèbre, dont les chevaux étaient d'une rapidité singulière.
Tout serait simple si ce conducteur de char à quatre chevaux était un personnage en chair et en os, mais il s'agit en réalité d'une chimère crée par un contresens de saint Jérôme dans sa traduction de l'hébreu. En effet, il a traduit les deux mots hébreux Ami Nadib, littéralement "(les chars) de mon vaillant peuple" par Aminadab par rapprochement/parasitage du personnage d'Exode 6,23 et de Matthieu 1,4.
Comme cela est beau sous la plume de Jérôme traduite en français, lorsqu'on lit le dialogue de l'époux et de l'épouse, et que, par cet esprit allégorique de Suger, on le comprend comme le dialogue du Christ avec l'Église [ou, au contraire, avec la Synagogue] :
9 Quelle est celle-ci qui s'avance comme l'aurore à son lever, belle comme la lune, éclatante comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille ?
10 Je suis descendu dans le jardin des noyers, pour voir les fruits des vallées, et pour considérer si la vigne avait fleuri, et si les grenades avaient germé.
11 Je n'ai plus su où j'étais ; mon âme a été toute troublée, à cause des chars (quadriges) d'Aminadab.
12 Reviens, reviens, ô Sulamite ! reviens, reviens, afin que nous te contemplions.(Abbé Fillion)
Comparons avec les traductions récentes : celle de la Bible du Semeur traduit "Je ne sais pas comment je me suis retrouvée, poussée par mon désir, au beau milieu des chars des hommes de mon prince" et Louis Ségond propose :"Je ne sais, mais mon désir m'a rendue semblable Aux chars de mon noble peuple". Aminadab a disparu.
C'est donc à la suite de ce contresens de saint Jérôme (qui ne fut corrigé qu'en 1508 par le dominicain Goudanus) que l'abbé Suger développe la vision d'un char portant le Christ et son Père.
Description et interprétations.
Il est décrit comme un char triomphal en 1863 : "Ce char à quatre roues porte l'Arche d'Alliance à moitié ouverte, dans laquelle on aperçoit les tables de la Loi mosaïque, le rameau fleuri d'Aaron, et le vase qui contenait la manne du désert du Sinaï. Au milieu de l'arche émerge une croix verte, richement ornée de filigranes, à laquelle est attaché le Sauveur. cette croix est soutenue par les bras même du Père éternel, qui est debout sur le char. Aux quatre coins du quadrige sortent du ciel, à mi-corps, les quatre attributs des évangélistes, tenant chacun le livre de leur évangile. Ils regardent le char et semblent acclamer de leur grande voix, surtout le lion et le bœuf, le divin triomphateur. On lit au dessus du char : FEDERIS : EX.ARCA.CRUCE :/ XRI SISTITUR. ARA.FEDERE. MAIORI. VULT : IBI.VITA./MORI. Ainsi l'arche d'alliance s'arrête et se fixe sous la croix du Christ pour se transformer en autel, parce que sous la force d'une Alliance plus grande encore, la Vie a voulu subir la Mort." (Annales archéologiques, 1863)
Il nous reste à comprendre l'inscription latine du vitrail, que je lis (F) EDERIS.EX.ARCA CRVCE (X)RI SISTITUR ARA FEDERE.MAIORI. VVLT.IBI VITA MORI.
Suger l'a lui-même retranscrit dans la description qu'il donne de ses verrières (Suger, De administratione S.360, v. 1177-1178) : In eadem vitrea super archam federis: Federis ex archa Christi cruce sistitur ara, Federe maiori vult ibi vita mori : "Dans la même vitre, au dessus de l'arche d'Alliance : L'autel de la croix du Christ s'est établi sur l'ancienne Arche d'alliance. Dans une plus grande alliance, sa vie a voulu (y subir) la mort".
Interprétation.
Tout récemment, Émile Berthoud Suger, l'homme-clef du moyen âge (VI) en donnait ce commentaire:
" L'Arche, les Tables de la Loi, la verge d'Aaron, marquent la première alliance de l'homme avec Dieu. Mais elles ne sont que le symbole d'une autre alliance qui doit être définitive. L'Arche apparaît comme le piédestal de la croix. L'Arche surmontée de la croix est vraiment, comme le dit l'inscription, le quadrige d'Aminadab, le char triomphal du Cantique des Cantiques, que les évangélistes doivent tirer jusqu'au bout du monde et jusqu'à la fin des temps."
Jean-Michel Leniaud et Philippe Plagnieux, dans leur monographie sur la Basilique, écrivent ceci :
"Suivant les écrits de saint Paul, l'arche d'or représente l'autel de l'Ancien Testament devant l'autel du Christ signifié par le Sacrifice de la Croix. Quant au char, c'est celui de la nouvelle Église du Christ. Le Christ accomplit ici sans la rendre caduque l'alliance avec Moïse. Aussi la verrière était-elle complétée par le seconde à caractère typologique représentant Moïse comme préfiguration du Christ".
Je m'interroge néanmoins : dans cette allégorie de Suger, Aminadab est-il considéré comme préfigurant le Christ, et son char, l'Église ? Qui est alors représenté par la Sulamite, troublée, égarée par le quadrige et son conducteur ? La Synagogue ?
Le poème Di vier schiven (Les Quatre roues) du prêtre Wernher (von Niederrhein)
Ce poème doctrinal Di vier schiven datant de 1160-1170 et dont l'unique manuscrit conservé à la Bibliothèque de Hanovre, ( Niedersächsische Landesbibliothek I 81) date du XIIIe siècle est construit autour du chiffre quatre. En ses quatre parties, le poème rapproche les quatre dimensions de la croix des quatre dimensions de l'amour du Christ selon saint Paul (Eph 3,18 ): largeur, longueur,profondeur, et hauteur, comparaison déjà formulée par Augustin (cf. Sermo 53, 14, 15-16; S. 145, 3-5) . Celles-ci sont elles-même rapprochées de l'image du quadrige d'Aminadab, avec ses quatre chevaux mais aussi ses quatre roues. Salomon, qui parle dans le Cantique, est identifié au peuple juif, Aminadab au Christ et le char figure la doctrine chrétienne, les chevaux sont les quatre évangélistes, les roues du char représentent les quatre actes salvifiques du Christ : Naissance, Mort, Résurrection, Ascension (52-86).
Le Commentarium in cantica de Wolberon.
Dans le Commentaire du Cantique des cantiques en 4 livres de Wolberon, l' abbé du monastère Saint-Pantaléon de Cologne de 1147 à 1167. in Wolberon, Opera omnia, p. 612, l'auteur identifie celui qui prononce le verset Cant 6, 18 nescivi anima mea (la Sulamite, ou Salomon), avec le peuple juif ignorant et aveugle, Aminadab avec le Christ, et les quatre roues du quadrige avec les quatre évangélistes, et avec les quatre mystères de l'Incarnation, la Passion, la Rédemption et l'Ascension.
Qui est autem iste Aminadab, nisi Christus qui sponte posuit animam suam Deoque acceptabilem ? Quae porro eius sunt quatuor sacramenta nisi incarnatio, passio, ressurectio et ascensio. Quadriga ergo Aminadab huius liber est quatuor evangelorium, continens et conferens quatuor praedictorum sacramentorum aurigante Spirituo Sancto, cuius inspiratione compositae et ordinatae sunt huiuscemodi quadrigae.
Honorius Augustodunensis Honoré d'Autun:
Selon l'auteur de Allégories et Symboles dans l'Hortus deliciarum, Honoré d'Autun moine et théologien mort en 1157, a pu participer à l'élaboration du motif iconographique du char d'Aminadab par deux œuvres :
a) Dans le Speculum ecclesiae : il insiste sur le sens profond des attributs apocalyptiques qui désignent les quatre évangélistes: Matthieu, Luc, Marc et Jean sont respectivement le lait, l'huile, le vin et le miel de l'Église. Les quatre attributs sont en relation avec le Christ,, l'Homme fait allusion à l'Incarnation, le Taureau à son sacrifice, le Lion à sa résurrection et l'Aigle à son ascension.
Les quatre anneaux d'or par lesquels on porte l'Arche d'Alliance qui préfigure l'Église sont associés à ces quatre termes du tétramorphe, et, au pied de la croix, l'Église/Arche d'Alliance est portée par les quatre "anneaux d'or" du tétramorphe. (voir dans Hortus delic. folio 51, l'image où l'arche transférée par les lévites au son des trompettes).
b) Dans Expositio in Cantica canticorum 8,7 et 8,12 (P.L 172 481A), la Sulamite est assimilée à la Synagogue prostrée dans le sommeil de l'ignorance, pantelante et sans âme sous l'arbre de la Croix, mais qui sera convertie par les prophètes Enoch et Élie et conduite par eux vers l'époux sur le quadrige d'Aminadab : cette œuvre a été très populaire à la fin du XIIe siècle et illustrée par les enlumineurs danubiens : le Codex de Vienne lat. 942 folio 79v illustre Cant.6,11-12 : la Sulamite, autrement dit la synagogue convertie avant le Jugement Dernier, est assise sur un char, fanion en main. Les roues sont des médaillons circulaires où s'inscrivent les signes du tétramorphe, attributs des évangélistes. Aminadab, figure du Sauveur, mène les chevaux attelés au char, tandis que de leur corps sortent des têtes d'apôtres et de prophètes.
Rupert de Deutz, Commentaire sur le Cantique des cantiques Exp in Cant.cant. Patrologie Latine 172,376 D.
Le cheval, emblème des apôtres ou des évangélistes.
in Jules Corblet, revue de l'art chrétien.
Reprenant un certain nombre de citations vétérotestamentaires (Habacuc 3,8 ; Job 39,19 ; Cantique cant.6,11 ; Zach.1,8 ; Apoc 29,11), les auteurs chrétiens ont qualifié les apôtres de Coursiers du Seigneur : Origène les voit domptés par le frein de sa discipline, Raban Maur (†856) leur applique la prophétie d'Habacuc 3,8-15 ascendet super equos tuos et equitatus tuus salus : misisti in mare equs tuos, turbante aquas multas et les voit envoyés dans la tempête du monde. Saint Bruno de Segni se plaît à leur appliquer toutes les qualités équestres énumérées par Job. On les présente tour à tour cheval de monture, cheval de trait ou cheval de combat, attelé au char de l'Église, à celui de la Nouvelle Loi, ou à celui des deux Testaments.
Ces allégories apostoliques s'exercent ensuite vis à vis des quadriges pour les quatre évangélistes en leur appliquant les considérations médiévales du mysticisme des nombres. Je m'intéresserai notamment aux écrits de Saint Brunon, l'évêque de Segni et abbé du Mont Cassin décédé en 1123. En effet, celui-ci, dans son commentaire du Cantique des cantiques 6,11, In cantic. canticorum VI,11 reprend d'abord l'étymologie proposé par Cassiodore pour le nom d'Aminadab : "Interpretatio autem Aminadab, populi mei spontaneus :ideoque significat Christum, qui populi sui spontaneus fuit : "le nom d'Aminadab se traduit comme "volontaire de mon peuple", ce qui désigne le Christ, qui fut volontaire de son peuple". Autrement dit, pour Bruno de Segni, Aminadab est le Christ celui qui se lève tout à coup pour son peuple et parmi son peuple, ce Sauveur dont la Synagogue / Sulamite aperçut les quadriges, c'est à dire les apôtres dirigés par le Christ comme l'annonçait Habacuc : "vous montez sur vos coursiers, Seigneur, et vos quadriges portent le salut".
Raban Maur utilise les mêmes termes dans son traité des allégories bibliques : quadrigae sunt apostoli, ut in cantico Habacuc qui ad Christum per mundum venebiant, populum per fidem salvatant.
Les quatre évangélistes ainsi transformés en coursiers mystiques, les artistes ou leurs commanditaires vont les représentés attelés au char de l'Église ou au char de Dieu, ou tous rassemblés dans un cheval-chimère chevauché par une femme représentant la Foi : c'est le cas selon J. Corblet dans l'un des verrières de la cathédrale de Fribourg en Brisgau, ou dans l'Hortus deliciarum.
En conclusion.
Reprenant des réflexions précoces dans l'histoire du christianisme sur la symbolique du chiffre quatre, sur le tétramorphe d'Ezéchiel et les évangélistes assimilés à des coursiers, l'abbé Suger, nourri des écrits de la patrologie et animé d'un désir de représentation allégorique des analyses typologiques considérant l'Ancien Testament comme une annonce du Nouveau Testament, crée ici une iconographie parfaitement originale en plaçant la croix de la crucifixion du Christ sur le char d'Aminadab. Ce Chariot d'Aminadab reprend pour lui les thèmes des auteurs de tous les Commentaires du Cantique des cantiques voyant dans ce conducteur de char le Libérateur, figure qui, comme celle de Salomon lui-même, préfigure le Christ.
Cette image ne sera pas reprise comme telle et reste un hapax propre aux vitraux de Saint-Denis. Par contre, la figure de Dieu le Père tenant dans ses bras son fils crucifié va connaître un développement extraordinaire, parallèlement à celle de la Vierge de Pitié.
Malgré cette figure et son inscription, le nom d'Aminadab va conserver l'ambiguïté de sa polysémie, et lorsque Michel-Ange, au plafond de la chapelle Sixtine, après les Prophètes, parmi les Ancêtres du Christ, représentera sous son nom un jeune homme à coté d'une femme en train de se peigner, il sera difficile de savoir s'il s'agit seulement de l'aïeul des rois de Juda (Aminadab précède sur le plafond Naassôn son fils), ou du conducteur de quadrige auprès de la Sulamite.
( voir Image apparence.net).
De même, lorsqu'on trouve Aminadab mentionné sur un Arbre de Jessé d'un vitrail breton (chapelle saint-Fiacre, Le Faouët) , cet ancêtre de David et du Christ n'endosse-t-il pas aussi, aux yeux des fidèles, le rôle de "type" préfigurant le Christ Libérateur et conducteur de l'humanité qui est celui du maître du chariot du Cantique des cantiques ? voir Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la chapelle Saint-Fiacre à Le Faouët.
Liens et sources :
http://fr.slideshare.net/endrodig/o10111muv311pr09
Fruhmittelalterliche Studien: Jahrbuch Des Instituts Walter De Gruyter Incorporated
Site medart.pitt.edu/image : http://www.medart.pitt.edu/image/France/St-denis/windows/Anagogical/Sdenwind-Anagog.html
Brochure sur la Basilique de Saint-Denis sur Calaméo :http://www.calameo.com/books/000753147f39c1be4213a
Gérard Cames, Allégories et Symboles dans l'Hortus Delicaiarum, 1971, Google books p. 47