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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 19:40

 

      Le vitrail des Allégories de saint Paul,

   Chapelle Saint-Pérégrin, basilique de Saint-Denis.

 

 

   Parmi les sept chapelles rayonnantes qui entourent le déambulatoire du chœur de la basilique de saint-Denis, la chapelle de Saint-Pérégrin est située à gauche de la chapelle axiale dédiée à la Vierge. Avec la chapelle de Saint-Cucuphas située en symétrie à droite, ces trois chapelles, éclairées chacune par deux baies, forment un ensemble dont les vitraux étaient consacrés à une représentation typologique : Rédemption pour Saint-Cucuphas,  Incarnation pour la chapelle axiale, liens entre Ancien et Nouveau Testament (donc, une Histoire du Salut) pour Saint-Pérégrin. Les autres chapelles recevaient des décorations à griffons, ou des thèmes hagiographiques.

  Les vitraux de ces trois chapelles tenaient particulièrement à cœur à l'abbé Suger qui les avaient conçus, puisqu'il en a décrit les panneaux, et qu'il y avait fait inscrire des poèmes latins de sa composition. 

 Le thème des deux vitraux de chaque chapelle étant jumelés, celui de la Vie de Moïse, situé à gauche, doit se comprendre par rapport à celui des Allégories de saint Paul, placé à droite, et qui affirme, dans le médaillon du dévoilement de Moïse, que celui-ci était une préfiguration voilée du Christ. 

 

                                          allegories-de-saint-paul 9567c

 

 Ce vitrail des allégories de saint Paul est aussi nommé vitrail anagogique. Selon le système anagogique ("qui conduit vers le haut") renvoyant au Pseudo-Denys, la verrière se lit de bas en haut afin que l'esprit puisse s'élever de la réalité matérielle jusqu'à la lumière divine, de la transformation de la matière brute de l'Ancien Testament  jusqu'à la nouvelle alliance instauré par l'Église. 

 

La chapelle, son saint et ses reliques.

 Chaque chapelle ou absidiole est une réduction de la basilique, centrée sur les reliques d'un saint et dotée d'un autel. Celle-ci contenait les reliques du premier évêque d'Auxerre, saint Pélerin  mort martyr vers 304. Son nom latin, Peregrinus a donné notre forme Pérégrin. cela permet de se rappeler que la dévotion aux reliques, celle de saint Denis bien-sûr, puis de celles d'autres martyrs que les abbés et rois pouvaient obtenir, faisait la réputation et la sanctification de la nécropole royale, et faisait aussi sa richesse en attirant les foules de pèlerins et leurs offrandes. Ce culte des reliques étant premier,,  étant la raison d'être de Saint-Denis  avant toute autre considération religieuse, il devrait, en théorie, être pris en compte dans l'interprétation de l'iconographie, qui est d'abord à son service. Mais cette approche est parfois ardue. Elle mérite néanmoins qu'on prenne connaissance des éléments historiques concernant ce culte.

 "On dit que ce fut le roi Dagobert 1er qui obtint pour le monastère de Saint-Denis le  corps du saint évêque d’Auxerre, et qui I’y fit transporter. En 1144, lorsque l’abbé Suger fit construire la partie de l’église de Saint-Denis qui regarde l’orient, un des autels fut mis  sous l’invocation de saint Pèlerin, et consacré par Hugues de Montaigu, évêque d’Auxerre. Dans le siècle suivant, il se fit plusieurs distractions des ossements renfermés dans la châsse de saint Pèlerin. Jeanne d’Évreux, veuve de Charles le Bel, en obtint, en 1340, de Guy,  abbé de Saint-Denis, et les remit en 1342 aux Jacobins d’Auxerre, après les avoir fait renfermer dans une châsse d’argent. L’empereur Charles IV an avait aussi obtenu une partie; ce fut celle qu’on transporta à Prague en 1373. La paroisse de la Roche-en-Bregny, à deux lieues de Saulieu, prétendait aussi posséder un bras du Saint. L’église de Sens avait un reliquaire renfermant un morceau des vêtements de saint Pèlerin, imbibé de son sang ; et la cathédrale d’Auxerre possédait, dans une croix d’argent, un des bras de son premier évêque, avant le pillage de son trésor par les Calvinistes. Le reste du corps, déposé à Saint-Denis, échappa à une semblable profanation par les soins que prirent alors les religieux de transporter à Paris tous leurs reliquaires. Ce fut en 1570 que Charles de Lorraine, abbé de Saint-Denis, le fit rapporter dans le monastère il plaça dans une nouvelle châsse le corps de Saint Pèlerin.. Plusieurs églises des environs de Paris obtinrent de l’abbaye de Saint-Denis quelques parcelles des précieuses reliques du saint martyr." La suite ici :http://auxerre.historique.free.fr/Personnages/eveques/saint_pelerin.htm.

Voir aussi  Jean Lebeuf, Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre 1848.


1. Le moulin allégorique.

   Dans le premier  médaillon se trouvait le Moulin de saint-Paul, où l'apôtre Paul tourne la meule alors que les prophètes apportent les sacs au moulin. L'original a été perdu, mais Alfred Gérente sous la direction de Viollet-le-Duc a reconstitué au XIXe siècle le vitrail en fonction des descriptions qui en avaient été faite. Il se trouve actuellement à la troisième place.

 Il représente un homme (saint Paul) tournant la meule d'un moulin tandis que deux hommes (les prophètes de l'Ancien Testament)  versent le contenu de leur sac...donnant ainsi du grain à moudre, allégorique bien-sûr, à l'apôtre.

allegories-de-saint-paul 9571c


Description.

Suger le présente ainsi :

  Vitrearum etiam nouarum preclaram uarietatem ab ea prima, que incipit a stirps Iesse in capite ecclesie, usque ad eam que superest principali porte in introitu ecclesie, tam superius quam inferius magistrorum multorum de diuersis nationibus mani exquisita depingi fecimus.

  Una quarum de materialibus ad inmaterialia excitans Paulum apostolum molam vertere prophetas saccos ad molam apportare representat. Sunt itaque eius materie versus isti:

 

 Tollis agendo mollam de furfure, Paule, farinam,

Mosaïcae legis intima nota facis,

Fit de tot granis verus sine furfure panis,

Perpetuusque cibus noster et angelicus.

  "Un de ces vitraux, par des objets matériels duirige la pensée vers les objets immatériels. Il représente l'apôtre Paul occupé à tourner un moulin, et les prophètes apportant les sacs de blés pour les réduire en farine. On lit les deux distiques suivants :

 

 "En tournant la meule tu sépares, Paul, le son de la farine

"De la loi mosaïque tu donnes l'explication profonde,

"De tous ces grains est fait le vrai pain sans son,

"Nourriture perpétuelle pour nous et pour les anges."

 Louis Grodecki a reconnu dans le premier vers une référence à Isaïe 47,2 Tolle molam et mole farinam, "saisis la double meule et mouds de la farine", texte par lequel le prophète  désigne un dur labeur, un travail réservé aux esclaves (Voir Ex. 11,15). En outre, de nombreux textes de la Patrologie latine présentent le moulin comme le travail d'éxégèse,  la farine comme le fruit de ces travaux d'interprétation, et  le pain comme l'enseignement de l'Église: ainsi, Saint Eucher commente-t-il le passage de l'évangile de Matthieu 24,41 "Deux femmes seront en train de tourner la pierre de meule: l'une sera emmenée, l'autre laissée" ainsi : "les meules du moulin peuvent signifier les deux Testaments, par lequels, au moyen du travail des commentateurs, le blé de l'Ancien Testament est converti en farine de l'Évangile". Plus près de nous, Emile Mâle cite l'inscription latine du grand portail de Saint-Trophime d'Arles, sur un phylactère tenu par saint Paul : "ce que la loi de Moïse cache, la parole de Paul le révèle. Alors il transforme en farine les grains donnés au Mont Sinaï". C'est aussi ce que dit l'inscription d'un médaillon de ce vitrail anagogique : "Quod Moïses velat Christi doctrina revelat".

  Sa reconstitution se base sur des croquis de sept verrières de Saint-Denis fait par Charles Percier en 1793 ou 1794 et conservé à la bibliothèque de Compiègne.

  Quelque soit le regret que nous puissions ressentir de ne pas disposer du vitrail original de Suger, il me semble que nous pouvons admirer le travail d'Alfred Gérente, qui crée une sorte de fac similé bien vraisemblable.

A Vézelay, le chapiteau du moulin mystique est interprété comme montrant saint Paul plaçant un sac à la sortie du moulin qu'alimente Moïse : l'idée, dans le fond, est la même. L'élément supplémentaire est que la roue centrale a la forme d'une croix ; le moteur du moulin est donc le Christ par son sacrifice, et saint Paul, dégagé du rôle moteur, se charge de la récolte du sac de farine. Michel Zink en a proposé en 1976 une analyse pénétrante (Moulin mystique. À propos d'un chapiteau de Vézelay : figures allégoriques dans la prédication et dans l'iconographie romanes).


2. Moïse dévoilé par le Christ.

Item in eadem vitrea, ubi aufertur velamen de facie Moysi:

Quod Moyses velat, Christi doctrina revelat.

Denudant legem, qui spoliant Moysen.

« Ce que Moïse couvre d'un voile est dévoilé par la doctrine du Christ. Ceux qui dépouillent Moïse révèlent la loi»

 Exode 34,29 : 30 Aaron et tous les enfants d'Israël regardèrent Moïse, et voici la peau de son visage rayonnait; et ils craignaient de s'approcher de lui. 31 Moïse les appela; Aaron et tous les principaux de l'assemblée vinrent auprès de lui, et il leur parla. [...] 33 Lorsque Moïse eut achevé de leur parler, il mit un voile sur son visage. 34 Quand Moïse entrait devant l'Éternel, pour lui parler, il ôtait le voile, jusqu'à ce qu'il sortît; et quand il sortait, il disait aux enfants d'Israël ce qui lui avait été ordonné. 35 Les enfants d'Israël regardaient le visage de Moïse, et voyait que la peau de son visage rayonnait; et Moïse remettait le voile sur son visage jusqu'à ce qu'il entrât, pour parler avec l'Éternel.

 

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3. L'ouverture du Livre par le Lion et l'Agneau.

 Le texte de Suger est celui-ci : Item in eadem, ubi solvunt librum leo et agnus: Qui Deus est magnus, librum leo solvit et agnus. Agnus sive leo fit caro iuncta Deo : "De même dans ce vitrail , où le lion et l'agneau ouvrent le livre. Celui qui est le Dieu grand, lion et agneau ouvrent ec livre. L'agneau ou le lion deviennent (la chair unie à Dieu ?)"

Tiré de l'Apocalypse 5, 5-12 :

5:1 Puis je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône un livre écrit en dedans et en dehors, scellé de sept sceaux.

5:2 Et je vis un ange puissant, qui criait d'une voix forte : Qui est digne d'ouvrir le livre, et d'en rompre les sceaux ?

5:3 Et personne dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ne put ouvrir le livre ni le regarder.

5:4 Et je pleurai beaucoup de ce que personne ne fut trouvé digne d'ouvrir le livre ni de le regarder.

5:5 Et l'un des vieillards me dit : Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux.

5:6 Et je vis, au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des vieillards, un agneau qui était là comme immolé. Il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre.

5:7 Il vint, et il prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône.

5:8 Quand il eut pris le livre, les quatre êtres vivants et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l'agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d'or remplies de parfums, qui sont les prières des saints.

5:9 Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant : Tu es digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation ;

5:10 tu as fait d'eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre.

5:11 Je regardai, et j'entendis la voix de beaucoup d'anges autour du trône et des êtres vivants et des vieillards, et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers.

5:12 Ils disaient d'une voix forte : L'agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire, et la louange. 

Les quatre évangélistes, représentés par les animaux du tétramorphe qui les désignent , chacun d'eux tenant le volume de leur évangile, convergent vers le centre, occupé par un volumineux livre. Sept ou huit ronds rouges représentent peut-être le sept sceaux. Le lion et l'agneau s'approchent du livre.


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4. Le Christ entre l'Église et la Synagogue.

Le Christ  ouvre les yeux de la Synagogue en enlevant un voile et  de l'autre main il couronne l'Église.

On lit les désignations ECCLESIA et SYNAGOGA.

  Sept colombes sont disposées en étoile rayonnante centrée sur la poitrine du Christ : ces sept colombes étaient déjà représentées au sommet de l'Arbre de Jessé, comme les sept dons , les sept dona Spiritus Sancti  que sont SCIENTIA connaissance • TIMOR crainte • CONCILIUM conseil • SAPIENTIA sagesse • INTELLECTUS intelligence • FORTITUDO force • PIETAS piété. Elles faisainet alors allusion au texte d'Isaïe 11,1-2. Néanmoins, aucune autre image de l'Église et la Synagogue ne fait figurer ces colombes, cette bizarrerie iconographique conduisant Louis Godecki à y voir plutôt un rappel de l'Apocalypse dans ses passages Ap 5,5-7 et 5,12 concernant l'Agneau :Voici: il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de la racine de David, pour ouvrir le livre et ses sept sceaux.Alors je vis, au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des vieillards, un Agneau qui se tenait debout. Il semblait avoir été égorgé. Il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre.  L'Agneau s'avança pour recevoir le livre de la main droite de celui qui siégeait sur le trône. [...] Ils disaient d'une voix forte:  Il est digne,  l'Agneau qui fut égorgé, de recevoir la puissance, la richesse et la sagesse,  la force et l'honneur et la gloire et la louange. 

Le Christ, Agneau immolé, est porteur des sept dons attribués à l'agneau, la puissance, la richesse et la sagesse,  la force et l'honneur et la gloire et la louange.

 

 

  Hormis ces colombes, le vitrail est d'interprétation transparente et parfaitement semblable aux autres représentations couplées de l'Église et de la Synagogue dont la plus connue est le groupe de statues de la cathédrale de Strasbourg. 

 L'origine se trouve dans saint Paul, deuxième épître aux Corinthiens, 3 :

13 et nous ne faisons pas comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage, pour que les fils d'Israël ne fixassent pas les regards sur la fin de ce qui était passager.

14 Mais ils sont devenus durs d'entendement. Car jusqu'à ce jour le même voile demeure quand, ils font la lecture de l'Ancien Testament, et il ne se lève pas, parce que c'est en Christ qu'il disparaît.

15 Jusqu'à ce jour, quand on lit Moïse, un voile est jeté sur leurs cœurs;

16 mais lorsque les cœurs se convertissent au Seigneur, le voile est ôté.

17 Or, le Seigneur c'est l'Esprit; et là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté.

18 Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit. (Trad. L. Ségond)

  On remarque néanmoins que l'image conçue par Suger est dépourvue de toute polémique ou de toute acrimonie contre les Juifs. Les deux femmes, Église et Synagogue, sont de même taille, de présentation semblablement aimables, chacune d'elle tient un livre (Ancien et Nouveau Testament), chacune a les yeux ouverts, et  le Christ couronne l'une et dévoile l'autre par un geste symétrique. Aucune dévalorisation de la Synagogue n'apparaît.


 

 allegories-de-saint-paul 9568c

 

5. Le Chariot d'Aminadab.

      Deuxième médaillon datant de Suger, il a obtenu un article rien que pour lui :  Le char d'Aminadab , vitraux de Saint-Denis : Allégories de Saint Paul.

 

 

 

Conclusions. 

  Ce vitrail, plus encore que celui de la Vie de Moïse, conduit Suger à concevoir des motifs iconographiques originaux, mais qu'il reprendra à Saint-Denis (pour sa grande croix émaillée par exemple). Ces motifs, tout autant que l'Arbre de Jessé, vont essaimer à Chartres, à Saint-Germain, mais en perdant de leur audace, et dans toute l'Europe. 

   Les trois panneaux jadis placés dans la partie supérieure du vitrail, le char d'Aminadab, le Livre ouvert par le Christ Lion et Agneau mystiques, et le Christ entre Église et la Synagogue composaient, pour L. Grodecki, une seule démonstration théologique : "Le Crucifié sur l'autel propitiatoire de l'Arche, qui scelle avec son sang une nouvelle alliance de Dieu avec les hommes, est l'Agneau qui ouvre le livre et révèle le sens des écritures, lequel [Dieu] muni, à son tour, comme l'Agneau des dons du Saint-Esprit est celui qui fait reine l'Église et réhabilite la Synagogue en lui découvrant le visage." (Études sur les vitraux de Suger à Saint-Denis, 1995)

  Dés lors, c'est toute la verrière qui trouve son sens :

1. d'abord, le moulin de saint Paul  affirme que la méthode allégorique d'exégèse paulinienne de transformation de la matière brute vétérotestamentaire en une nourriture spirituelle chrétienne sera la méthode employée.

2. Moïse dévoilé :l'exégèse de saint Paul dévoile l'Ancien Testament aux chrétiens comme la face de Moïse, qui était voilée pour les Juifs, se dévoile par le Christ.

3. Le char d'Aminadab : l'épître aux Hébreux révèle comment le sacrifice du Christ sur la croix fonde une nouvelle alliance fondée sur les quatre évangiles et établie en l'Église, comme les sacrifices de la Loi (image de l'autel et des tables de la Loi sur le chariot) inaugurait l'ancienne alliance.

4. Le livre ouvert par l'agneau et le lion : 'ouverture du livre scellé par l'Agneau immolé, où se reconnaît la figure du Christ, illustre la Révélation de la Nouvelle Alliance.

5. Au sommet, le Christ couronnant l'Église et dévoilant la Synagogue montre le Dieu rayonnant des dons de l'Esprit, triomphant dans sa royauté entre la Loi Nouvelle et l'Ancienne.

 

   La pensée théologique dépasse de loin le seul jeu de recherche de concordance entre les deux Testaments, et les images créées sont bien plus complexes et étudiées que de simples tableaux d'histoire sainte ; la marque propre de l'esprit de Suger, c'est "sa propension à imposer à la matière la préciosité extrême du travail qui la transforme, et à imposer aux images la préciosité des spéculations intellectuelles" (Grodecki 1995)



Note. Selon Philippe Verdier (La grande croix de l'abbé Suger à Saint-Denis  Cahiers de civilisation médiévale  1970 ) Suger s'inspira de bibles carolingiennes illustrées comme celle de Moutier-Granval (British Museum) ou de Vivien (BNF), appartenant toutes deux à la seconde école de Tours qui fleurit sous Charles le Chauve. 

Sources et liens:

— Louis Grodecki,  Chantal Bouchon, Yolanta Zaäuska, Études sur les vitraux de Suger à Saint-Denis II, Corpus Vitrearum Presses Paris-Sorbonne 1995.    

— Jean-Michel Leniaud et Philippe Plagnieux, La Basilique Saint-Denis, monographie, Edition du Patrimoine, en ligne sur Calaméo.

— Eustache-Hyacinthe Langlois  Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre ancienne et moderne , 1832.


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Published by jean-yves cordier

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