Histoire des noms (zoonymie) de mes papillons du Finistère IV.
Drepanidae, Lymantridae, Lasiocampidae, Arctiidae, Crambidae, Pyralidae.
• Drepanidae
-Drepaninae:
Cilix glaucata
• Lymantridae
Euproctis chrysorrhea
Euproctis similis
Lymantria monacha
• Lasiocampidae
Euthrix potatoria
Lasiocampa trifolii
Trichiura crataegi
• Arctiidae
-Lithosiinae
Miltochrista miniata
Eilema depressa
Eilema complana
Lithosia quadra
- Arctiinae
Coscinia cibraria
Euplagia quadripunctaria
Spilosoma lubricipeda
Tyria jacobaeae
Diacrisia sannio
Epicallia villica
• Crambidae
- Pyraustinae
Pyrausta purpuralis
Eurrypara hortulata.
Udea ferrugalis
• Pyralidae
- Pyralinae
Synaphe punctalis
DREPANIDAE
Drepaninae :
La Petite épine, Cilix glaucata (Scopoli, 1763) the Chinese Character.
Envergure : 18-22 mm,
Vole en deux générations en mai-juin puis en août ,
Alors que dans la famille des Drepanidae les chenilles échappent aux prédateurs en prenant l'aspect de'excrément d'oiseaux, ici c'est l'imago qui adopte cette stratégie et, par son aspect blanchâtre parcouru de veinage noir, ressemble à une fiente tombée du ciel sur une feuille. Mais cet aspect rebutant n'est qu'apparent, et à le considérer de près, Cilix glaucata ressemble plutôt à une porcelaine de Chine décorée d'une élégante calligraphie.
PHL : Prunellier, aubépine.
Zoonymie:
• Cilix, Leach, 1815 in Brewster, Endinburg Encycl. 9 : 135. Cilix est fils du roi de Phénicie Agenor et donc rien de moins que le frère de Phenix, Phynée, Cadmos, et Europe. Après que celle-ci ait réussi à se faire enlever par Zeus à force d'aller se baigner en petite tenue, son frère Cilix, soit-disant pour aller à sa recherche, partit à l'aventure et se fixa en Anatolie dans un beau pays arrosé par le fleuve Pyramos, qu'il s'appropria en le baptisant la Cilicie. Et si tout le monde faisait pareil?
• glaucata : de glaucus, bleu-gris
• nom vernaculaire La petite épine :
- sans nom,Engramelle : suppl. pl IX fig 280 a,b,c.
- La Verdâtre, (phalena glaucata) Charles de Villers, Entomologie linnéenne, tome 2 p. 364, 1796.
- Platypteryx Petite Épine, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères Tome 4 (2) p. 94 n°63, 1829 qui donne l'origine du nom : " Les supérieures, dont le sommet n'est nullement arqué, sont blanches en-dessus, avec une double rangée de lunules d'un gris bleuâtre qui longe le bord terminal, et une tache brune au milieu du bord interne, laquelle est bordée de fauve et surmontée d'une autre tache grise qui s'avance d'une manière oblique jusqu'au milieu de l'aile.Sur cette dernère tache on distingue les nervures qui ressortent en blanc et forment par leur disposition une petite branche épineuse ; d'où vient le nom de spinula (petite épine) donné à cette espèce."
En effet l'épithète spinula a été utilisé plutôt que celui de glaucata par Hübner, Esper, Ochsenheimer, etc...
Il se trouve que la plante-hôte de la chenille est le prunellier, prunus spinosa, l'Épine noire, alors qu'on nommait jadis petite-èpine ou épinette divers buissons épineux, aubépine, èpine-vinette,...
-
LYMANTRIDAE
Le Bombyx Cul-brun Euproctis chrysorrhea
Zoonymie :
• Euproctis
• chrysorrhea: " de chrysos, "or" et rheo, "couler", parce que l'anus de ce lépidoptère est garni de poils ferrugineux qui, chez la femelle, se détachent et coulent, pour ainsi dire, avec les oeufs. (Godart, p. 273)
• nom vernaculaire :
- La Phalène blanche à cul brun, Etienne-Louis Geoffroy, 1767 Hist. abr. ins. 2 p. 117 n° 20
- La Phalène blanche à cul brun, chenille à oreilles la Commune Jacques Louis Engramelle, 1779 Papillons d'Europe, tome 4, p. 95 pl. 135 n° 182.
- L' Arctie chrysorrhoe, Pierre-André Latreille, 1816 Nouv. Dict. Hist. Nat, 2, p. 444.
- L' Arctie Queue d' or, Pierre-André Latreille,1817 in : Le Règne animal par Cuvier tome 3, p. 569.
- Le Bombyx Cul-brun, Jean- Baptiste Godart, 1822 Hist. Nat. Lépidoptères, tome 4, p. 273 n° 80
Le Bombyx Cul-doré Euproctis similis;
Zoonymie:
• Euproctis: cf supra
• similis : semblable;
• nom vernaculaire :
- La phalène blanche à cul jaune, chenille à oreilles du poirier, Jacques Louis Engramelle, 1779, Papillons d'Europe, p. 100, pl 136 n° 183.
- Arctie cul-doré, Pierre-André Latreille, 1816, Nouv. Dict. Hist. Nat. 2, p. 444.
- Bombyx Cul-doré, Jean-Baptiste Godart, 1822, Hist. Nat. Lépidoptères tome 4, p. 276 n° 81.
Le Bombyx Cul-noir, la Nonne, Lymantria monacha (Linnaeus, 1758) Black Arches.
LASIOCAMPIDAE
La Buveuse, Euthrix potatoria (Linnaeus, 1758) the Drinker ( syn : Philudoria potatoria).
Zoonymie:
•Euthrix :Meigen, 1830 du grec eu-, bon, bien, et thrix, les cheveux : en raison de la belle toison dont est dotée ce papillon.
• potatoria Linné, 1758, pour, selon Emmet, l'habitude qu'a la chenille de boire l'eau de pluie ou la rosée. Voir infra.
• nom vernaculaire:
-La Buveuse, Chenille du Gramen Engramelle, 1786 Papillons d' Europe, tome 5, pl. 172 n°223. Il cite le potatoria de Linné, notre nom français est donc second par rapport au nom scientifique.
- Bombyx buveur, Godart, Hist. Nat. Lépidoptères tome 7 (2) p. 92 n° 17. Celui-ci écrit : "Godaert [ Métamorphoses naturelles, tome 1, page 39 Expérience XII, La Haye, 1700, 3 vol. petit in-8°.] a donné à la chenille de ce bombyx le nom de Buveuse, parce qu'il prétend avoir remarqué qu'elle est sujette à boire, et que lorsqu'elle boit, elle reprend haleine en levant la tête en haut, pour faire plus facilement dévaler l'eau, ni plus ni moins que les poules qui après avoir bu, ne manquent jamais d'élever la tête vers le ciel."
Le Bombyx du trèfle, lasiocampa trifolii ([Denis & Schiffermüller], 1775) , Grass Eggar.
Envergure : 40 à 55 mm
Vole d' août à septembre.
PHL: grande variété de plantes basses
Zoonymie :
• Lasiocampa Schrank, 1802 : du grec lasios, "chevelu" et kampa, "la larve".
• trifolii : du trèfle. Mais la chenille est polyphage.
• nom vernaculaire : le Bombyx du trèfle, Jean-Baptiste Godart, 1822, Hist. Nat. Lépidoptères tome 4 p. 9 n° 19. Il cite en référence le zoonyme créé par Jacques Louis Engramelle en 1779 (Papillons d'Europe vol. 4, pl 176, n°226, p. 13) : "Le Petit Minime à Bande", que la postérité n'a pas retenu.
Le Bombyx de l' aubépine, Trichiura crataegi (Linnaeus, 1758) the Pale Eggar.
Envergure : 25-30mm
Vole en août-septembre;
PHL : nombreux arbres et arbustes.
Zoonymie:
• Trichiura crataegi Stephens, 1828 : du grec trix, trikhos, "le cheveu, le poil" et oura, "la queue" (comme dans ouraboros, le serpent qui se mord la queue, ou dans urodéle, pagure, graphiure...) : en raison de l' épaisse touffe anale de cette espèce.
• crataegi : du nom scientifique de l'aubépine, l'une des plantes hôtes et la seule signalée par Linné, Systema Naturae 1758 p. 502 n° 30 sous le protonyme de Phalaena Bombyx crataegi.
• nom vernaculaire :
- Phalène à queue fourchue : Charles de Geer, Mémoires pour servir à l'histoire des Insectes 1752-1778 tome I, p. 193 & tome II(1) p. 300.
- La Queue Fourchue, chenille de l'aubépine, 1786, Jacques Louis Engramelle, p. 34 n° 235, avec ce commentaire : " De Geer les a nommées Phalènes à queue fourchue parce qu'effectivement dans le mâle les longs poils qui couvrent l'extrémité de son corps forment deux espèces de pinceaux.
- Le Bombyx de l'aubépine, 1822, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères vol 4 p. 122 n° 27.
- La Hausse-Queue Fourchue, 1866, Alfred Constant, Cat. Lépid. Saône-et-Loire p. 114.
Observée le 20 septembre à Crozon
Où on voit la queue fourchue...
ARCTIDAE.
Lithosinae :
L' Ecaille rosette, Miltochrista miniata (Forster, 1771) the Rosy Footman, Rosen-Flechtenbärchen.
Envergure : 23-27mm.
Vole de juillet à août.
PHL : lichens des arbres.
Zoonymie
• Miltochrista Hübner, 1819 : Verz. Beb. Schmett. (11) : 166 : Miltochristen, Miltochristae Le terme est construit sur le grec miltos, " terre rouge" et khristos , "oint, sacré", et se rapporte directement à l'espèce M. miniata, la seule que Hübner incluait dans ce genre, et qui se nommait alors Noctua rubicunda (Denis & Schiffermüller) ou Bombyx rosea (Fabricius).
• Miniata , Forster, 1771 , Nova Species insectorum : 75 sous le protonyme Phalaena miniata. . Il dérive du latin minius, a, um : "d'un rouge vermeil, éclatant" lié au nom commun minium, i : "minium, vermillon, cinabre", pour qualifier la coloration de ce papillon.
• nom vernaculaire:
-La Rosette, Geoffroy 1765, Hist. Ins. Paris, tome 2, p. 121 n° 25.
- La Rosette, la chenille des lichens des arbres, Engramelle, 1788 Papillons d'Europe, tome 6, p.50 n°310.
- Le Bombix (sic) Rosette, 1790, Olivier, Enc. Meth. p.102 n° 263.
- Callimorphe Rosette, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères tome 4 p. 383 n° 121
La Lithosie ocre ou Lithosie déprimée Eilema depressa (Esper, 1787) the Buff Footman, Nadelwald-Flechtenbärchen.
PHL : lichens et algues des arbres.
Zoonymie:
• Eilema Hübner, 1819 , tiré du grec eilema, "un voile" , pour la façon qu'adoptent beaucoup d'espèces de ce genre d'enrouler leurs ailes comme un rouleau de tissu.
• depressa : déprimée au sens d'aplatie
• Nom vernaculaire:
- Lithosie : " du grec Xiôosguoç, "qui se fixe ou s'attache sur les pierres" parce qu'on en a trouvé sur des pierres couvertes de lichen ", nous dit Constant Dumeril dans Entomologie analytique, 2 : 1150, 1860. Le vocable français découle du lithosia de Fabricius, 1798 et a été introduit par P.A Latreille en 1810 comme nom de genre.
La Lithosie aplatie ou Manteau à tête jaune Eilema complana (Linnaeus, 1758) Scarce Footman
Zoonymie:
•complana : du latin complano, niveler, mettre à plat
•nom vernaculaire:
- Le manteau à tête jaune, Etienne-Louis Geoffroy, 1764, Hist. abr. ins. 2, p. 191 n° 21
- Chenille du peuplier, le manteau à tête jaune, J. L. Engramelle, 1786 Papillons d'Europe, tome V p. 37 n° 301
La Lithosie quadrille, La jaune à qautre points Lithosia quadra (Linnaeus, 1758) the Four-spotted Footman.
Zoonymie :
• Lithosia Fabricius, 1798 : du grec lithos, la pierre, pour renvoyer aux chenilles qui se nourrissent souvent des lichens et que l'on trouve ainsi sur les roches.
• quadra : Linné, Systema Naturae 1758 p. 511 n°84 : P. Noctua sticornis laevis, alis depressis luteis : superioribus punctis duobus atris. La description des deux points noirs sur chaque aile antérieure, et le choix du chiffre quatre pour nommer cette espèce, devait apparaître évidente pour des entomologistes qui examinaient plus souvent des spécimens de collection aux quatre ailes épinglées et aux points noirs aussi apparents que sur la face d'un dé à jouer, que pour nous qui ne voyons le plus souvent que trois points sur les papillons vivants.
• noms vernaculaires :
- La Phalène jaune à quatre points , 1762, Etienne Louis Geoffroy, Hist. abr. ins. 2 p. 14 n° 84.
- La Jaune à quatre points, 1788, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe volume VI p. 31 n° 298.
- La Lithosie quadrille, 1824, Jean-Baptiste Godart Hist. Nat. Lépidoptères, volume V p. 13 n° 131.
Crozon, 1er octobre 2011 : la femelle
Le mâle ; Plouzané, 5 octobre 2011 :
Arctiinae:
Le Crible, Coscinia cribraria (Linnaeus, 1758) Speckled Footman
Envergure 30-35mm
Vole de juillet à août
PHL : plantes herbacèes, Genista, Erica, Plantago,...
Zoonymie :
• Coscinia Hübner, 1819 : du grec koskinon, "un crible", un tamis : en raison du motif des ailes parsemées de points noirs comme les petits trous d'une passoire.
• cribraria : "criblé" du latin cribrarius, a, um : "passer au crible". Linné le décrit sous le protonyme Phalaena bombyx cribraria page 507, n°52 du Systema Naturae avec la description " alis incambentibus : superioribus albis, transverse nigro punctatis".
• nom vernaculaire
- Le Manteau à points : 1767, Geoffroy, Hist. abr. ins. tome 2, p. 190 n° 21.
- Le Crible : 1779, J.L. Engramelle, Papillons d'Europe, p. 47 n° 308.
- Lithosie Crible, 1824, J.B. Godart, Hist. Nat. Lépidoptères, tome 5 p. 26 n° 136.
Les Ecailles : zoonymie
Le nom d'Ecaille designe une ensemble de papillons de la sous-famille des arctiinae, mais appartenant à des genres différents. Un genre Ecaille / Chelonia a été fondé en 1822 par Godart, Hist. Nat. Lépidoptères 4 : 299 pour reprendre les Arcties de Latreille avec l'explication suivante : Chelonia est issu du mot grec qui signifie "écaille de tortue", "parce que les ailes de la plupart de ces nocturnes est tachée comme l'écaille des tortues. Arctie vient du grec arctos, "ourse", parce que les chenilles des espèces de ce genre sont très velues. M. Latreille adopte maintenant aussi la dénomination générique d'écaille. Elle est en effet beaucoup plus usité parmi nous, et a d'ailleurs l'avantage d'être plus caractéristique et d'être de prononciation moins dure que le mot arctie ".
Mais Godart n'est pas le créateur de ce mot, qui a été utilisé par Etienne Louis Geoffroy en 1762 dans son Histoire abrégée des insectes, 2, p. 105, sans l'expliciter, pour nommer l'écaille mouchetée, puis les espèces suivantes, écaille marbrée, martre, couleur de rose.
Godart semble le réserver aux arctiidés aux ailes tachées de points, alors qu'il nomme callimorphe les espèces zébrées, mais ces callimorphes seront plus tard renommées écailles, sans souci d'appartenance générique ou de ressemblance à l'écaille des tortues.
Godart, "Le Genre Ecaille" : 1: Ecaille fermière (Villica) femelle. 2 & 3 : E. pourprée (purpurea) mâle et femelle. 4 &5 : Roussette (ruscula) mâle et femelle.
L' Écaille chinée, la Callimorphe Euplagia quadripunctaria (Poda, 1761) Jersey Tiger Moth.
Envergure : 42-52 mm
Vole en juillet et en août.
PHL : lamier, ortie, sauge des près, épilobe, framboisier, chévrefeuille.
Zoonymie :
• Euplagia Hübner, 1820 : du grec eu-, "bon, beau", et plagios, "oblique", pour la belle obliquité des ailes.
• quadripunctaria, "à quatre points", pour les deux points noirs qui apparaissent sur le fond rouge des ailes postérieures lorsque la callimorphe accepte de les dévoiler au photographe chanceux.
• Callimorpha Latreille, 1809 : nom de genre synonyme d'où est issu le nom vernaculaire : du grec kallos, "beau", et morphe, "la forme", pour les belles formes de ces papillons.
• noms vernaculaires:
- La phalène chinée : Etienne Louis Geoffroy, 1762, Hist. abr. ins. 2 : 145 n° 74.
La phalène chinée : Jacques Louis Engramelle 1789, Pap. Europe , 4 : 126 n° 190.
L'adjectif "chiné" n'est attesté, dans l' Encyclopédie, qu' en 1753, neuf ans avant son utilisation par Geoffroy, pour désigner des étoffes brodées à la manière des chinois en faisant alterner les couleurs sur le fil de chaîne pour faire apparaître un motif.
-Callimorphe Hera, Jean-Baptiste Godart, 1822, Hist. Nat. Lépidoptères 4 : 368 n° 96, qui reprend le Callimorpha Hera de Pierre André Latreille ( gen. crust. et ins.) reprenant lui-même Phalaena hera de Linné, 1767.
L' Ecaille tigrée, Ecaille de la menthe Spilosoma lubricipeda (Linnaeus, 1758) the White Ermine ou the Buff Ermine.
Envergure : 34-48 mm
Vole de mai à juillet.
PHL : diverses plantes herbacées ; Linné donne le chêne, l'atriplice, l'ortie, et beaucoup d'auteurs anciens, la menthe.
Zoonymie :
• Spilosoma Curtis, 1825 ; du grec spilos, "le point", et soma, "le corps", en raison des points qui marquent l'abdomen des adultes.
• lubricipeda Linné, Systema Naturae 1758 p. 506 n° 47 sous le protonyme Phalaena bombyx lubricipeda. Duponchel donne l'origine : "de lubricus, "glissant, mobile" et pes, "pied", ainsi nommée par Goedart parce que sa chenille court avec beaucoup de vitesse", et Geoffroy disait aussi " c'est ce qui a fait donner par d'autres celui de lievre". En effet, tant Geoffroy que Linné ont confondu, comme deux variétés de la même espèce, la Phalène-lièvre ( Engramelle, 1779) Spilosoma luteum (qui est jaunâtre, caractère qu'on attribuait aux mâles), et notre Ecaille tigrée.
• noms vernaculaires :
- La Phalène-Tigre, 1762, Etienne Louis Geoffrroy, Hist. abr. ins. 2, p.118 n° n21.
- La Phalène-Tigre, chenille de la menthe,, 1779, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe, vol.4, p. 161 n° 204, qui débrouille l' embrouillamini des auteurs précédents entre Ecaille lièvre, et mendiante.
- L' Ecaille de la menthe Chelonia menthastri, 1822, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères vol.4 p. 362 n° 114. Comme d'habitude, Godart ne retient pas les appellations imagées des prédecesseurs français, mais crée un nom binominal inspiré des noms scientifiques. Ici, il reprend l'épithète menthastri de Latreille (Arctia menthastri, gen. crust. et ins.), de Fabricius, Esper et Hübner (Bombyx menthastri).
- Notre appellation d'Ecaille tigrée semble récente, je la trouve utilisée en 1954 par C. Ferdinand, mais pas auparavant.
Remarquons que les anglosaxons nomment tiger moths, ou tigers, les arctidés vivement colorés correspondant peu ou prou à nos écailles.
L' Ecaille du Séneçon, l' écaille carmin, la Goutte de sang Tyria jacobaeae (Linnaeus, 1758) the Cinnabar.
Envergure : 32-42 mm
Vole de mai à juillet
PHL : senecio jacobae, le séneçon.
Zoonymie :
• Tyria Hübner, 1819 : selon A.E. Emmet, Tyria est un "grecisme" pour Tyrian. On trouve dans Wikipédia la donnée suivante :
Pourpre de Tyrian (Grec : πορφύρα, porphyra, latin : purpura), également connu sous le nom de le pourpre royal, colorant pourpre ou impérial impérial, est un colorant pourpre-rouge qui a été produit la première fois par les phéniciens antiques dans la ville du pneu.
• jacobaea Linné, 1758, de la plante hôte nommée par Linné Jacobaea senecionis.
• noms vernaculaires :
- La Phalène carmin du séneçon, 1762,Etienne Louis Geoffroy Hist. abr. ins. 2 : 146 n° 75. Le carmin est un rouge vif extrait de la cochenille, quirmiz en arabe.
- Le Carmin, 1788, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe 6 :54 n° 312.
- La Callimorphe carmin, 1822, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères,4 : 377 n° 118.
- Je trouve le nom Ecaille du séneçon employé en 1888 par Maurice Maindron dans Les Papillons.
L'emploi du zoonyme Goutte de sang semble très récent.
Un regard outre-Manche pour signaler que le zoonyme anglo-saxon vient de cinnabaris, remède homéopathique et nom du sulfure rouge de mercure à la belle couleur
L' Ecaille roussette, La Roussette, la Bordure ensanglantée Diacrisia sannio (Linnaeus, 1758) the Clouded Buff.
Envergure : 35-50 mm
Vole en juin et juillet.
PHL : bruyère,diverses plantes basses.
Zoonymie :
• Diacrisia : Hübner, 1819 : du grec diakrisis, "séparation". D. sannio, la seule espèce du genre Diacrisia, est particulière par son dimorphisme sexuel marqué.
• sannio : du latin sannio, onis : "bouffon, pitre, moqueur,". Le dimorphisme est tel que Linné a décrit deux espèces différentes, Bombyx Sannio ( p. 506) et Noctua russula, dont il subodore néanmoins la parenté puisqu'il écrit de cette Noctuelle rousse "qu'il serait facile de croire que les deux espèces ne différent que par le séxe tant elle ressemble au Bombyx Sannioni".
• noms vernaculaires :
- La Bordure ensanglantée, 1762, Etienne Louis Geoffroy, Hist. abr. ins. 2 : 129 n° 39
- L' Ecaille à bordure ensanglantée, 1779, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe, 4 : 153 n° 201
- L' Ecaille roussette, 1822, Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidoptères 4 :343 n° 106 : Godart, ou Duponchel, ne font que reprendre le nom donné par Linné en traduisant Russula par Roussette.
l'Ecaille fermière, l'Ecaille villageoise, Epicallia villica (Linnaeus, 1758) ou Arctia villica (Oberthür, 1911) the Cream-spot.
Envergure 45-60 mm
Vole de mai à juillet.
PHL :diveres plantes herbacées, genêt, chevrefeuille.
Zoonymie :
• Epicallia :
• villica :
• nom vernaculaire :
- l'Ecaille marbrée 1762, Etienne Louis Geoffroy, Hist. abr. ins. 2 : 106 n° 7.
- l'Ecaille marbrée, 1779, Jacques Louis Engramelle, Papillons d'Europe, 4 : 138.
Ce zoonyme désigne actuellement Callimorpha dominula, mais c'est bien E. villica que décrivent ces deux auteurs
- l'Ecaille fermière, chelonia villica, 1822 Jean-Baptiste Godart, Hist. Nat. Lépidotères, 4 : 336 n° 104. Celui-ci donne la description suivante : "Le dessus des premières ailes ets d'un noir foncé et velouté, avec huit taches blanches ou d'un blanc jaunâtre, disposées ainsi qu'il suit : 1,2,2,2,1. La tache de la base est toujours à peu-près en forme de coeur, et celle de l'extrémité est surmonté d'un ou de deux points de sa couleur." Ces taches sont pourtant très variables, permettant de décrire des sous-espèces comme la brittanica d'Oberthür aux taches jaune-pâles, ou l' angelica de Boisduval aux macules jaunes confluentes.
- Le nom d' Ecaille villageoise est d'usage récent. Comme Ecaille fermière, il traduit l'épithète scientifique de Linné villica, signifiant en latin "fermière, campagnarde".
CRAMBIDAE
Pyraustinae
La Pyrale pourpre Pyrausta purpuralis (Linnaeus, 1758)
Envergure 20 mm
Vole en deux générations de mai à juin, et de juillet à août
PHL : menthe, thym
Zoonymie :
• pyrausta ( Pallas, 1771) se rapporte aux "pyraustes" dont parle Aristote ( Historia animalis, livre V, chap. 19) et Pline l'Ancien ( Histoire Naturelle, livre I, chap. 42 : Ignum animal :Pyralis, sive pyraustes et livre XI, chap. 36) et dont le nom signifie "qui ne craint pas le feu" , qui, telles les salamandres, vivent dans le feu et meurent dès qu'ils s'en éloignent.
On trouve ce nom dans La Chanson du Mal-aimè de Guillaume Apollinaire:
Les satyres et les pyraustes
Les égypans les feux follets
Et les destins damnés ou faustes
La corde au cou comme à Calais
Sur ma douleur quel holocauste
Douleur qui doubles les destins
La licorne et le capricorne
Mon âme et mon corps incertains
Te fuient ô bûcher divin qu' ornent
Des astres des fleurs du matin
• purpuralis : pourpre. Décrit par Linné page 534 n° 233 sous le protonyme Phalaena Pyralis purpuralis
• nom vernaculaire:
- Pyrale : voir infra
- Elle se nommait au XIXème siècle Botys pourpré
La Pyrale de l'ortie Eurrhypara hortulata ( Linnaeus, 1758) the Small Magpie.
Envergure : 24-28mm
Vole de juin à juillet.
PHL : orties, et autres plantes.
Zoonymie
• Eurrhypara Hübner, 1825 : des mots grecs eu-, "bon, bien" et rhuparos, dérivé de rhupos : "graisseux, gras", [et secondairement "sale, souillé, misérable"]. S'applique à l'aspect lustré, bien ciré ou huilé des ailes.
• nom de genre synonyme : anania
• hortulata : je recopie Emmet, 1991 : hortus, dim. hortulus, un jardin : Linné écrit dans sa description de 1758 (protonyme Phalaena geometra Hortulata p. 529 n° 195 ) "habitat in Urtica, hortis pomonae" ( vit sur l'ortie, dans les vergers de fruits) Linné le classe parmi les Géomètres, d'où la terminaison en -ata.
• nom vernaculaire :
- Pyrale : je copie Wikipédia, "Pyrale" ; "Le radical pyr désigne le feu et une couleur rousse ou rougeâtre en grec.Les insectes du genre Pyrrhosoma sont également rouge vif. Ces papillons étaient réputés naître dans l'âtre, peut-être par ce qu'on les y retrouvait attirés par la lumière, ou qu'ils y passaient le jour à l'abri de la lumière solaire, ou que certaines espèces s'y échappaient de dessous les vieilles écorces des bûches, fagots ou foins qu'on jetait au feu."
- Le premier auteur qui a nommé cen français est Etienne-Louis Geoffroy avec le zoonyme de Queue-jaune (Hist. abr. ins. tome 2, p. 136 n° 54.) e papillon
- Puis on trouve cette pyrale décrite sous le nom de La Phalène queue-jaune en 1817 ( G. Cuvier et P.A Latreille, Le régne animal, vol 2,p. 573), et, Pierre-André Latreille ayant créé le genre Botys, sous le nom de Botys queue-jaune en 1843 (Pierre Boitard, Nouv. man. compl. entom. vol 3 p. 246 ) ou de Botys de l'ortieou queue-jaune en 1863 ( Aristide Dupuis, Les Papillons, guide de l'amateur des lépidoptères, p. 186). Godart en 1823 utilise le terme de Botys de l'ortie (Hist. Nat. des Lépidoptères, tome I, p. 251), tout comme Emile Blanchard en 1868 ( Métamorphoses, p. 290).
- Le nom de Pyrale de l'ortie est donc récent, mentionné en 1988 dans "Sauvons les papillons", ed. Duculot de J. Blab et G. C. Luquet.
La Pyrale ferrugineuse Udea ferrugalis (Hübner, 1796) Rusty Dot Pearl
Envergure : 18-22 mm
Vole de mai à décembre;
PHL : diverses plantes herbacées.
Zoonymie :
• Udea Guenée 1845 in Duponchel, Cat. méth. lépid. eur. : 209 Il remplace les genres Botys de Treitschke et Godart, Scopula de Curtis et Margarita de Stephens et regroupe les papillons " à antennes simples dans les deux séxes, palpes aussi longs que la tête, droits, sans articles distincts, et s'allongeant en pointe aigue. Trompe grêle. Abdomen obconique. Ailes supérieures étroites, et dont l'angle apical est assez aigu. elles sont marquées de deux taches ordinaires, comme celles des noctuélites." Type : P. ferrugalis.
Il existe un adjectif latin udus, a, um : "mouillé, arrosé".
• ferrugalis : issu du nom latin ferrugo, inis, "la rouille", pour la couleur des ailes et de leurs taches.
• noms vernaculaires :
- Botys ferrugineux, Duponchel in Godart, Hist. nat. Lépid. Fr. 8(2) : 138 n° 1003 pl. 218 fig. 7.
- Les auteurs français le désignent ensuite sous le nom scientifique de Scopula ferrugalis : Hippolyte Lucas en 1849 dans Hist. nat. anim. artic. in Exploration de l'Algèrie, ou Guenée en 1851 dans Boisduval et Guenée Hist. nat. ins. 7 :398 n° 515.
- la Pyrale ferrugineuse : semble la reprise récente d'un nom vulgaire.
PYRALIDAE
Pyralinae
Synaphe punctalis (Fabricius, 1775)
Envergure : 22-27 mm
Vole de juin à août
PHL : mousses
Zoonymie :
• Synaphe, Hübner, 1825 : du grec sunaphe, "union" ; en musique antique, le synaphe désigne la conjonction de deux tétracordes. En botanique, le nom de synaphe rigida est un synonyme de catapodium rigidum, le Paturin-duret. A.E. Emmet n'explique pas l'emploi de ce nom par Hübner, mais cite Mc Leod : " peut-être de l'union partielle de quelques veines des ailes postérieures".
• punctalis : désignerait le prtit point blanc-jaunâtre sur la cote de l'aile antèrieure.
• nom vernaculaire : ce papillon paraît-il trop vil pour qu'un nom de notre langue lui soit attribué ? Il ne dispose pas non plus de nom en anglais.
- La Clédéobie étroite : c'est pourtant le nom que Duponchel lui donna en 1831 dans Godart, Hist. Nat. Lépidoptères volume 8 (2), se contentant de reprendre le genre Cledeobia créé par Stephens pour grouper des espèces "aux palpes courbes et inclinées vers la terre, aux ailes oblongues", et en y ajoutant l'épithète "étroite", traduction de l'angustifolia de Treischke (Pyralis angustifolia). L'espèce reçu également les noms de Pyralis curtalis (Illig.), Phalaena erigalis (Fabricius), P. curtalis (Fab), crambus eigatus (Fab.), Cledeobia angustifolia (Curtis), qui a servi de type à Stephens pour le genre cledeobia.
Le nom cledeobia est issu du grec kledos, "haie, cloture" et bios, "vie".