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25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 12:15

Les vitraux du XIVe siècle du chœur de la cathédrale d'Évreux. XII. La baie 204 (vers 1335) offerte par l'évêque Geoffroy Faë : Saint Jean l'évangéliste et saint Martin de Tours.

 

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Cet article est le douzième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Nous suivons l'ordre chronologique de leur datation estimée. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327 du coté nord des travées droites. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières , et  la baie 208 , qui lui fait face du coté sud.

Après ce parcours en zig-zag, nous avons atteint  l'ensemble des 3 baies les plus prestigieuses par leur emplacement dans l'axe médian de la cathédrale et par leurs donateurs, les évêques d'Évreux : les baies 200, 201 et 202.

Nous voici, toujours dans le rond-point du chœur, devant la baie 204, offerte comme les baies 201 et 202, par l'évêque Geoffroy de Faë.

 Comme déjà dans le Déambulatoire en baie 12, 16, 18, 22, 23, 27, la Vierge (Notre-Dame d'Évreux) est représentée dans la majorité des baies hautes du chœur du 2ème quart  du XIVe : Vierge à l'Enfant tenant une fleur (207), Vierge allaitant son Fils (208), Vierge en Assomption (208), Vierge à l'Enfant (200), Vierge de l'Annonciation (201), Vierge du couronnement (202). Mais dans cette baie 204, Geoffroy de Faë rend hommage à deux saints majeurs pour le diocèse d'Évreux, saint Jean l'évangéliste et saint Martin de Tours.

 

Les fenêtres supérieures du chœur sont numérotées de 200 à 214, (les numéros impairs étant situés au nord), au dessus des baies du triforium dont les vitraux héraldiques sont plus tardifs, car réalisés au 3ème quart du XVe siècle.

Ces fenêtres hautes  du chœur bénéficient toutes de l'apport du jaune d'argent. 

Je suis guidé par les articles de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés :

.Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 6,70 m et large de 1,80 m, la baie 204 comporte 2 lancettes trilobées (et non 4 comme les baies des travées droites 205 à 214) organisées en 2 registres et un tympan à 1 pentalobe et 2 trilobes. Le registre supérieur montre à gauche saint Jean et à droite saint Martin de Tours. Au registre inférieur, un évêque agenouillé, son blason et une inscription révèlent l'identité du donateur, Geoffoy Faë, évêque d'Évreux de 1335 à 1340 déjà donateur de la baie 201 et 202, mais également de la baie  206. Le tympan est semblable à celui des baies 201 et 202, hormis l'oculus qui date du XIXe.

Contrastant avec les trois baies centrales 200, 201 et 202, qui étaient en pleine couleurs, la baie 204 reprend la disposition "en litre" des baies basses du déambulatoire et des baies hautes de la partie non arrondie du chœur, c'est à dire que les panneaux colorés figurés (les deux saints et le donateur) se détachent en bande horizontale au milieu d'une vitrerie losangique à festons et fleurettes. 

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Vue générale du rond-point du chœur : les baies 200 à 204.

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Baies 200 à 204 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 200 à 204 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

 Les vitraux du XIVe siècle du chœur de la cathédrale d'Évreux. XII. La baie 204 (vers 1335), Saint Jean et saint Martin,  offerte par l'évêque Geoffroy Faë.

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Le registre médian de la baie 204. Saint Jean et saint Martin.

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Les deux saints sont représentés sous une architecture réduite, et sur un sol à fleurette, se détachant l'un sur un fond rouge avec nimbe bleu clair et l'autre sur un fond  bleu clair, avec un nimbe rouge.

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Jean l'évangéliste tenant un livre et une palme.

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Batissier puis Lebeurier n'avaient vu qu'"une sainte tenant une palme". On peine à en justifier la présence, F. Gatouillat proposant l'hypothèse que ce soit la palme de la seconde Annonciation. On sait peut-être que Marie, après la Résurrection, habita la maison des parents de Jean. Elle  reçut  la visite d'un ange, qui lui annonça sa mort, et lui remit une palme "du paradis de Dieu". Lorsque Jean arriva, elle lui dit : «Jean, mon enfant, prends cette palme; tu le porteras devant mon cercueil, suivant qu'il m'a été dit. ».

Le saint est pieds nus (comme tout apôtre), et il tient un livre (comme tout apôtre), il est imberbe (ce qui le distingue d'entre les apôtres).

Sa tunique est bleue, et son manteau blanc à galons dorés. Cette bordure est peinte en grisaille et jaune d'argent, tout comme le revers du manteau, à filets entrecroisés jaunes.

Sa présence dans le rond-point, principalement voué à la Vierge, patronne de la cathédrale, se justifie facilement, d'une part comme "Fils" de celle-ci (selon les paroles du Christ sur la croix en Jean 19:25-27 et comme disciple préféré du Christ, d'autre part pour équilibrer la figure de l'autre saint Jean, Jean-Baptiste, en baie 200, et de toute façon comme une figure majeure de l'hagiographie de la chrétienté honorant l'auteur de l'évangile de saint Jean et du Livre de l'Apocalypse.

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le visage du saint est ombré, dans le creux de l'orbite, le menton et la joue, par des hachures entrecroisées, selon un procédé déjà noté dans les baies du rond-point, et inspiré par les enlumineurs.

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Martin de Tours représenté en évêque.

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Saint Martin fut évêque de Tours de 341 à 371, mais non archevêque, puisque l'archevêché date de 815 (pourtant, F. Gatouillat mentionne ce titre). Il est donc représenté avec la mitre et la crosse , les pantoufles épiscopales, les chirothèques, la chasuble, l'étole, le manipule, et un livre (figurant la règle de l'abbaye de Ligugé).

Il est identifié par l'inscription MARTINUS, que Lebeurier  a lu en 1868 (tout comme Batissier en 1849 qui a lu S~TUS MARTINUS) mais qui a disparu aujourd'hui.

Les vitraux de la cathédrale ont déjà rendu hommage à saint Martin, mais toujours par la représentation de "la Charité de saint Martin", ou partage du manteau. De même, c'est sous cette forme que les enlumineurs parisiens l'ont représenté.

Ainsi, le Bréviaire de Belleville fait mention dans son Temporal d'été  pour le 11 novembre (date de la fête) au folio 378v de la mention  « Sancti Martini episcopi et confessoris (rubr.) » suivi des lectures et textes liturgiques propres à cette fête jusqu'au folio 387v, où débute la fête de l'octave de saint Martin le 18 novembre « In octavis [sancti Martini] (rubr.) », jusqu'au folio 388v. La vignette de la Charité de saint Martin, peinte par Jean Pucelle, occupe la hauteur de 8 lignes de la 1ère colonne du folio 379r.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h/f754.image

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Bréviaire de Belleville folio 379r.

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La scène est également illustré dans les Heures de Jeanne d'Évreux :

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Par contre, je n'ai pas trouvé de représentation de saint Martin en évêque parmi les enluminures parisiennes.

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_2=SUJET&VALUE_2=SAINT%20MARTIN

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le registre inférieur : l'évêque donateur.

Les pièces colorés sont  détourées sur le fond blanc de la vitrerie losangique, dans un compromis respectant la disposition générale "en litre" (Band window).

Geoffroy Faë est représenté de profil, agenouillé, mains jointes, vêtu de l'habit sacerdotal, presque comme sur les registres inférieurs des baies 201, 202 et 206, mais ici la crosse n'est pas placé entre ses mains. Il porte sur une robe (ou surplis) rouge une somptueuse chape d'or à revers bleus, damassée de motifs à médaillons géométriques.

Nous remarquons ici encore le singulier accessoire qui pend dans le dos de cette chape, et qui m'avait intrigué déjà sur la baie 201 :

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Geoffroy Faë en baie 201. Photo lavieb-aile.

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Si nous acceptons d'y voir une forme de fanon de la mitre, il faut alors en souligner la singularité, car ce qui est peint, c'est un objet doré, crénelé, et à deux sphères aux extrémités (alors que les fanons sont deux bandes de tissus frangés et s'élargissant vers le bas).

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription indique :

DNS GAUFRID9 FAE :

ABBAS BEC : POST :

EA EBROICENSIS EPS :

Dominus Gaufridus Fae abbas becci post ea ebroicensis episcopus, "Seigneur Geoffroy Faé, abbé du Bec et ensuite évêque d'Évreux"

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C'est le même texte et la même graphie que sur les baies 201 et 201, à la différence que le nom de famille  Faé est mentionné pour la première fois ici.

Cette famille était surtout implantée à Rouen :

https://www.geneanet.org/genealogie/fae/FAE

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_204_(Notre-Dame,_%C3%89vreux)?uselang=fr

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

CHASSANT (Alphonse) ,1846,  : Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.image

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n29 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.

https://www.academia.edu/36414224/_Heraldry_and_Patronage_in_the_Lost_Windows_of_Saint-Nicaise_de_Reims_

 

— LILLICH (Meredith Parsons),  1970, The Band Window: A Theory of Origin and Development, Gesta, Vol. 9, No. 1 (1970), pp. 26-33 Published by: The University of Chicago Press on behalf of the International Center of Medieval Art

https://www.academia.edu/35604582/_The_Band_Window_A_Theory_of_Origin_and_Development_

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

INFLUENCES : ENLUMINURES ET ORFÈVRERIE.

 

a) Jean Pucelle :

 

"On associe son nom à trois œuvres, dont deux ont été exécutées en collaboration : le Bréviaire de Belleville et la Bible de Robert de Billyng (Paris, B. N.) ; la troisième, sûrement de sa main, est un " petit livret d'oraisons que Pucelle enlumina ", commandé entre 1325 et 1328 par le roi Charles IV pour sa femme, la reine Jeanne d'Évreux, et identifié aujourd'hui avec un petit livre d'heures (New York, Cloisters). Toutefois, la critique moderne, grâce à des rapprochements stylistiques, s'est efforcée d'attribuer à l'atelier de l'artiste une production beaucoup plus riche ; il s'agit en général de livres commandés par de très grands personnages, tels le Bréviaire de Blanche de France, les Heures de Jeanne de Savoie, le Psautier de la reine Bonne de Luxembourg, les Heures de Jeanne II de Navarre, les Heures de Yolande de Flandre. De plus, il est intéressant de constater une parenté de style entre l'art de Pucelle et les émaux translucides qui ornent la base de la célèbre Vierge d'argent doré, dite " de Jeanne d'Évreux " et datée de 1339 (Louvre). Le Bréviaire de Belleville et les Heures d'Évreux sont des œuvres vraiment représentatives de la manière de Jean Pucelle : il s'y révèle un artiste de premier plan. […]  l'artiste arrive à dépasser ses prédécesseurs au moyen de la technique : s'il utilise le contour noir, le pointillé foncé, le contour rouge avec des ombres de sanguine et des couleurs brillantes, dans les Heures de Jeanne d'Évreux, il découvre surtout le lavis en grisaille rehaussé de couleurs, nouveauté qui, par son effet de monochromie, lui permet d'assurer à la page une plus grande unité décorative, à ses personnages une plus grande plasticité, au style une plus grande spontanéité. Subit-il en cela l'influence du vitrail contemporain ? Connaît-il les trouvailles de Giotto ?"

https://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Pucelle/153981

Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de France (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

 

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

— Bible de Robert de Billying BnF  latin 11935   Décoration achevée en 1327.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447 

 — Bréviaire de Jeanne d'Évreux : ms. Chantilly, Musée Condé 51

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/10299 

Manuscrit de Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame (Livres I et II) pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000451c

— Influence : Heures à l'usage d'Amiens

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6048/659

— BLUM (Rudolf ), 1949, Jean Pucelle et la miniature parisienne du XIVe siècle  Scriptorium  Année 1949  3-2  pp. 211-217

https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1949_num_3_2_2230

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b) Jean le Noir, Jean Mahiet et autres artistes issus de l'atelier de Jean Pucelle : Bourgot, fille de Jean Le Noir 

Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145 réalisé vers 1330-1340.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r

Heures de Bonne de Luxembourg, Jean le Noir, avant 1349. Metropolitan Museum. New York, Cloisters, MS 69.86

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70012435 .

— Heures de Yolande de Flandre, 1353-1363, Londres, Brit. Mus., Yates Thompson, ms 27, par Jean le Noir ou sa fille Bourgot.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6440&CollID=58&NStart=27

 

— Heures de Jeanne de Savoie 

http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=IF3030001

— Orfèvrerie :La Vierge d'Évreux.

. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328  par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328,  elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.

Orfevrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vierge_%C3%A0_l%27Enfant_(Jeanne_d%27%C3%89vreux)

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux

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  • : Le blog de jean-yves cordier
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