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18 juin 2018 1 18 /06 /juin /2018 11:30

La Mise au tombeau (calcaire, fin XVe-début XVIe) de l'abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé : Gamaliel et Abibon.

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Dans la crypte de l'abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé est présenté une Mise au tombeau datant de 1500 environ. Ce groupe de dix personnages sculptés dans le tuffeau s'étend sur 3,65 m de long et les personnages mesurent 2 mètres environ. Comme l'indique la notice de la base Palissy, il  vient de " l´abbaye blanche", l'ancien couvent de dominicains fondé vers 1265 par la duchesse de Bretagne Blanche de Navarre au Bourg-Neuf de Quimperlé : 

"Cette oeuvre, soit importée, soit commandée à l'initiative de Guillaume du Botderu, prieur, et de l'aristocratie locale proche de l´entourage ducale, peut-être la famille de Quimerc´h, provient de l´ancien couvent de dominicains de Quimperlé où elle est signalée à la Révolution. Elle est placée ensuite dans l´église Sainte-Croix où elle échappe en 1862 à la destruction lors de l´effondrement du clocher. Durant la reconstruction de l'édifice, l'ensemble est transféré dans la chapelle Saint David du cimetière de Quimperlé où il se trouve jusqu´en 1884, date de son transfert dans le jardin du presbytère. Une photographie des années 1900 montre son état avant la disparition des têtes de saint Jean et des trois Marie. L´ensemble se dégrade progressivement avant d´être restaurée en 1967 par le sculpteur Mainponte qui modifie l´emplacement des personnages ; il est alors placé dans l´avant-sacristie de l´église Sainte-Croix. L´ensemble est de nouveau restauré en 1998 par le sculpteur Pierre Floc´h, puis présenté dans l'espace voûté sous la croisée du transept où il se trouve actuellement."

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Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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Cette œuvre présente plusieurs particularités.

D'abord, elle est considérée comme la plus ancienne "Mise au tombeau" de Bretagne.

Ensuite, le corps du Christ est orienté tête placée vers la droite, face à Nicodème, alors que traditionnellement il est orienté à gauche face à Joseph d'Arimathie.

Enfin, on y trouve la rarissime présence, attestée par les inscriptions, du pharisien Gamaliel (le maître de saint Paul) et de son fils puîné Abibon.

Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

 

Je le décrirai  en allant de gauche à droite.

Le sujet représenté.

Mais auparavant, une première remarque: le Christ ne repose pas réellement dans un sarcophage, mais il est posé sur une table creusée : il serait peut-être plus juste de parler ici d'un EMBAUMEMENT DU CHRIST SUR LA PIERRE DE L'ONCTION, un thème qui figure sur le Vitrail de la Passion (1145-1155) de la cathédrale de Chartres, et qui a été repris par Fouquet dans l'enluminure des Complies des Heures de la Croix des Heures d'Etienne Chevalier en 1452-1460. (Nicole Raynaud,  Les Heures d'Etienne Chevalier p. 112). Voir Pierre de l'onction Wikipédia.

Il ne s'agit pas stricto sensu d'une Mise au tombeau, puisque ni Joseph d'Arimathie ni Nicodème ne tiennent le linceul pour le descendre dans la cuve, qui devrait être creuse, d'un sarcophage (comme dans le folio 152 des Très Belles Heures du duc de Berry par les frères Limbourg vers 1406-1409).  Chrystel Douard et Philippe Bonnet, dans la Notice de la base Palissy, font preuve de prudence : "Le Christ mort repose sur un soubassement en forme de tombeau".

Mais il ne s'agit pas non plus d'un embaumement, puisqu' aucun des personnages ne verse le contenu d'une fiole sur le corps du Christ.

J'y vois donc un moment de recueillement des protagonistes, après la Descente de Croix et l'Embaumement et avant la Mise au tombeau (Rosporden). Donc assez proche des Déplorations ou "Lamentations sur le Christ mort", mais sans effusion de larmes ou manifestation extérieure de chagrin, hormis l'effondrement de la Vierge affligée. Voir à Pencran (1517), et  à Bodilis .

 

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Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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I. JOSEPH D'ARIMATHIE.

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La statue de  Joseph d'Arimathie mesure 192 cm.

1. Le costume:

a) La coiffure.

Bonnet conique mou (plissé ou plié) sur un bourrelet circulaire ("turban") orné d'un médaillon central.

Sur le bonnet juif ou pileus comme signe discriminatif (depuis le Concile de Latran en 1215) ou identitaire dans la communauté juive, lire l'article Wikipédia "chapeau juif". Mais en iconographie, dans les enluminures et les vitraux, cette coiffure n'a pas ces fonctions, mais sert d'indicateur dans une représentation assez codifiée mais évolutive des personnages de la Passion, notamment pour distinguer trois groupes : les "pharisiens", les disciples de Jésus et les soldats ou officiers romains. Dans notre contexte, cette coiffure, et les autres éléments hébraïsants, ont d'autant moins de chance de se vouloir discriminante qu'ils sont portés par les "bons juifs" qui ont pris le parti du Christ lors de sa Passion.

Derrière ce bonnet descend un voile qui recouvre les épaules, et dont il est difficile de dire s'il appartient de manière solidaire au chapeau ou s'il y est enfoncé (il rentre, en arrière, à l'intérieur du bourrelet). De même, j'ignore si ce voile possède une fonction rituelle. On le voit représenté ici, en 1483, indépendamment du châle à rayures ou talit.

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b) Le visage.

Les cheveux longs torsadés et la barbe non taillée appartiennent à ce vocabulaire des artistes de la Première Renaissance dans leur représentation des pharisiens.

Ces figurations sont codifiées afin de permettre une identification par le grand public :  les notes de régisseur d'une passion rouergate, il est spécifié que Joseph d'Arimathie et Nicodème devaient porter des costumes "à l'antique", comme les Prophètes. 

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Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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L'inscription est portée sur une bande horizontale du torse, bande perlée en haut et frangée en bas. Les lettres en caractère gothiques sont "fleuries" avec des fûts perlées et aux extrémités bifides .

Inscription : JOSEPH AB ARIMATHEA

 

L'inscription vient du texte évangélique en latin. Ainsi Marc 15:43: 

venit Joseph ab Arimathaea nobilis decurio, qui et ipse erat exspectans regnum Dei, et audacter introivit ad Pilatum, et petiit corpus Jesu.

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Sources concernant Joseph d'Arimathie.

L'Évangile selon Marc présente Joseph d'Arimathie comme membre respecté du Sanhédrin, mandaté pour réclamer le cadavre de Jésus et l'inhumer hâtivement avant que ne débute le sabbat pascal puis relate la mise dans un tombeau quelconque par cet éminent Juif ; l'Évangile selon Luc le présente comme un membre du conseil « bon et juste » (sympathisant du christianisme) plaçant Jésus dans un tombeau neuf .

 — Évangile selon Marc 15:42-47

"Le soir étant déjà venu, comme c'était Préparation, c'est-à-dire veille du sabbat, vint Joseph d'Arimathie, membre honoré du grand conseil, qui attendait, lui aussi, le royaume de Dieu. Il alla hardiment auprès de Pilate pour demander le corps de Jésus. Mais Pilate s'étonna qu'il fût déjà mort, fit venir le centurion, et lui demanda s'il y avait longtemps qu'il était mort. Renseigné par le centurion, il accorda le cadavre à Joseph. Ayant acheté un linceul, il le descendit, l'enveloppa dans le linceul, le déposa dans un sépulcre qui avait été taillé dans le roc, et il roula une pierre à l'entrée du sépulcre. Or Marie la Magdaléenne et Marie, mère de José, observaient où il était déposé."

— Évangile selon Matthieu 27:57-61

 "Le soir venu, vint un homme riche d'Arimathie, nommé Joseph, qui lui aussi était devenu disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate pour lui demander le corps de Jésus ; Pilate alors ordonna qu'on le lui remît.

    Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc, et le déposa dans son sépulcre neuf, qu'il avait fait tailler dans le roc ; puis, ayant roulé une grosse pierre à l'entrée du sépulcre, il s'en alla. Or Marie la Magdaléenne et l'autre Marie étaient là, assises en face du tombeau."

    — Évangile selon Luc 23:50-56

    "Et alors un homme, nommé Joseph, qui était membre du conseil, homme bon et juste,— il n'avait pas donné son assentiment à leur résolution ni à leur acte —, d'Arimathie, ville juive, qui attendait le royaume de Dieu, cet (homme) alla trouver Pilate pour lui demander le corps de Jésus ; il le descendit, l'enveloppa d'un linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n'avait encore été mis. C'était le jour de Préparation, et le sabbat commençait. Ayant suivi (Joseph), les femmes qui étaient venues de la Galilée avec (Jésus) considérèrent le sépulcre et comment son corps (y) avait été déposé. S'en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums ; et, pendant le sabbat, elles demeurèrent en repos, selon le précepte."

    — Évangile selon Jean 19:38-42

      "Après cela, Joseph d'Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate d'enlever le corps de Jésus, et Pilate le permit. Il vint donc et enleva son corps. Nicodème, qui précédemment était venu vers lui de nuit, vint aussi, apportant un mélange de myrrhe et d'aloès, environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus et l'entourèrent de bandelettes avec les aromates, selon la manière d'ensevelir en usage chez les Juifs. Or, au lieu où il avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne n'avait encore été mis. C'est là, à raison de la Préparation des Juifs, le sépulcre étant proche, qu'ils mirent Jésus."

      Les Actes de Pilate (vers le VIe siècle)  reprennent le texte de Matthieu 27 :

      "Voici qu'un homme dont le nom était Joseph — lequel était un lévite bon et juste qui n'avait pas siégé dans le Sanhédrin ni aux conseils tenus par les Juifs, car il était à Arimathie, attendant le royaume de Dieu — vint trouver Pilate; il lui demanda le corps de Jésus. Et lorsqu'il l'eut reçu, il l'enveloppa d'un linceul bien blanc. Il le déposa dans son tombeau taillé dans lequel personne n'avait été déposé.

      L'Évangile de Nicodème décrit comment Joseph d'Arimathée demande à Pilate le corps de Jésus (Ecrits apocryphes chrétiens, Pleiades, page 279,  Ev Nicod. II, 3) puis l'ensevelissement de Jésus (id. pp 280-281, Ev. Nicod. II 3). 

      "Alors Joseph remercia Pilate, lui baisa les mains et des vêtements, et sortit en se réjouissant en son cœur d'avoir obtenu ce qu'il désirait, mais avec les yeux encore plein de larmes — ainsi en son chagrin avait-il aussi un sujet de joie. Il s'en alla donc chez Nicodème et lui rapporta tout ce qui s'était passé. "

      L'embaumement :

      "Ensuite, il acheta de la myrrhe, de l'aloès — cent livres — et un tombeau neuf ; puis, avec l'aide de la Mère de Dieu, de Marie Madeleine et de Salomé, ainsi que de Jean et des autres femmes, Joseph et Nicodème le préparèrent pour la sépulture dans un linge blanc, comme c'était la coutume, et le déposèrent dans le tombeau".

      La Déploration :

      "La Mère de Dieu disait en pleurant : "Comment ne pas te pleurer, mon fils ? Comment ne pas lacérer mon visage de mes ongles ? Voilà, mon fils, ce que le vieillard Syméon m'avait annoncé lorsque, petit enfant âgé de quarante jours, je t'avais conduit au Temple. Voilà l'épée qui, maintenant, transperce mon âme. Qui fera cesser mes larmes, mon fils très cher. Absolument personne, si ce n'est toi seul, si, comme tu l'as dit, tu ressuscites le troisième jour"

      Marie Madeleine disait en pleurant : [...]

      De même, Joseph se lamentait en disant : [...]

      "Ainsi se lamentait aussi Jean et les femmes."

      Ensuite, Joseph avec Nicodème rentrèrent chez eux. La mère de Dieu ainsi que les femmes en fit autant, et Jean également était présent avec elles."

      Dans la suite de l'Évangile de Nicodème, Joseph d'Arimathie est mis en prison dès le vendredi soir par Caïphe et Anne pour avoir fait des funérailles au Christ ; mais il en fut délivré par Jésus, qui le conduisit à Arimathie où il demeura quarante jours avant d'être interrogé par les grands prêtres.

      — La Déclaration de Joseph d'Arimathée qui a demandé le corps du Seigneur. (Apocryphes chrétiens Pléiades p. 351).

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      Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

      Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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      II. GAMALIEL.

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      Costume. 

      Gamaliel porte le bonnet conique en tissu gaufré et  aux hauts bords retroussés, posé sur un voile retombant en camail sur les épaules ; ce voile est orné de huit glands de cannetille ; une robe boutonnée jusqu'à la taille par trois boutons et serrée par une ceinture à laquelle est passée une aumônière et une sangle fleuronnée . L'objet qu'il tenait dans la main droite est perdu.

      Il porte la barbe aux mèches tentaculaires des prophètes bibliques.

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      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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      L'inscription est portée sur tout le tour du le revers du bonnet:

      [G]AMALIEL / [M]EUS / DOMINUS.

      Tandis qu'un auteur (SAF 1909) a lu "Gamaliel Magister meus", "Gamaliel mon maître", et l'abbé Abgrall a lu "Gamaliel Meus Dominus", "Gamaliel mon seigneur", très proche de ce que je constate sur place, mais ce qui ne correspond à aucun texte en ligne.  Cette inscription ne trouve un  sens que par référence à la deuxième lecture de l'Invention des reliques de saint Etienne martyr le 3 août  dans le Sanctoral de l'office dominicain (1254-1256)  ou Ecclesiasticum officium secundem ordinem fratrum praedicatorum : un texte qui reprend celui se saint Augustin (Civitate Dei, livre 22) et autres manuscrits anciens.

       

      Inventio S. Stephani Lectio secunda.

      Et respondi dicens : « qui es, domine ? Et qui sunt tecum ? » Et respondit michi : « Ego sum Gamaliel, qui Paulum nutrivi. Et qui mecum est in parte orientali monumenti ipse est dominus meus Stephanus domnus autem Nichodemus in altera theca positus est qui venit ad Salvatorem nocte. Abibas vero filius meus qui mecum baptistum accepit sepultus est in tercia theca excelsiori in qua et ipse postea defunctus applicatus sum ».

      "Et je répondis en disant : "Qui es-tu, Seigneur ? Et qui sont ceux qui sont avec toi ? Et il me répondit : Je suis Gamaliel, qui a nourri saint Paul. 

      Et je [c'est le prêtre Lucien qui parle, répondant à un vieillard qui lui est apparu] répondis en disant : "Qui es-tu, Seigneur ? Et qui sont ceux qui sont avec toi ? Et il me répondit : Je suis Gamaliel, qui a nourri l'apôtre Paul. Et celui qui repose avec moi dans la partie orientale du tombeau est mon  maître (ou seigneur)  Etienne et aussi saint Nicodème dans l'autre tombeau, celui qui vint trouver le Sauveur la nuit. Et Abibas mon vrai fils qui fut baptisé en même temps que moi est enterré dans le troisième tombeau."

       

      Si le sens de l'inscription n'est pas relié à ce texte de façon irréfutable, cela a de toute façon le mérite de nous introduire à ce récit de la révélation de l'emplacement des reliques de saint Etienne, "invention" qui eut un retentissement considérable dans la chrétienté. En effet, si la présence de Gamaliel peut se comprendre sans ce récit, celle d'Abibas ne peut en faire l'économie.

       

      Selon la Légende dorée, le corps de saint Etienne aurait été enseveli par Gamaliel et Nicodème « qui soutenaient les intérêts des chrétiens dans tous les conseils des Juifs » dans le champ dudit Gamaliel.

      https://archive.org/stream/lalgendedore00jaco#page/46/mode/2up/search/gamaliel

      La tradition chrétienne garde le souvenir de l'apparition de Gamaliel au prêtre Lucien, curé de Cafargamala (Kfar-Gamala) le vendredi 3 août 415, le rabbi indiquant où se trouvait sa relique qui aurait été alors retrouvée dans le même tombeau que celle de son fils Abibas, ainsi que saint Étienne et saint Nicodème."

      Saint Augustin, Civitate Dei,  Livre 22

       

      "Et je [c'est le prêtre Lucien qui parle, répondant à un vieillard qui lui est apparu] répondis en disant : "Qui es-tu, Seigneur ? Et qui sont ceux qui sont avec toi ? Et il me répondit : Je suis Gamaliel, qui a nourri l'apôtre Paul. Et celui qui repose avec moi dans la partie orientale du tombeau est saint Etienne et aussi saint Nicodème dans l'autre … qui vint trouver le Sauveur la nuit. Et Abibas mon vrai fils qui fut baptisé en même temps que moi est enterré dans le troisième tombeau"

      Et qui mecum est in parte orientali monumenti ipse est dominus meus Stephanus domnus autem Nichodemus in altera theca positus est qui venit ad Salvatorem nocte. Abibas vero filius meus qui mecum baptistum accepit sepultus est in tercia theca excelsiori in qua et ipse postea defunctus applicatus sum ».

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      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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      La présence de Gamaliel lors de la Mise au tombeau.

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      a) Nouveau Testament.

      Les textes évangéliques ne citent pas Gamaliel, personnage qui n'apparaît que dans les Actes des Apôtres comme maître de saint Paul. "Gamaliel apparaît dans les Actes des Apôtres. Il serait intervenu en leur faveur tandis qu'ils devaient comparaître devant le sanhédrin pour avoir continué à prêcher malgré l'interdiction édictée par l'autorité juive  (Ac 5, 34-39). Le même livre indique aussi que Paul de Tarse aurait été son élève (Ac 22, 3). L'historien Thierry Murcia écrit : « Gamaliel l’Ancien n’est cité que deux fois dans le Nouveau Testament mais il a toujours un rôle positif : maître de Paul (Actes 22, 3), il se fait également le « défenseur » de Pierre devant le Sanhédrin (Actes 5, 34). C’était amplement suffisant pour que l’on ait cru, très tôt, qu’il avait secrètement été chrétien (et c’était peut-être même déjà dans le projet de Luc de le laisser supposer). » (Wikipédia)

      b) Roman Pseudo-clémentin.

      Texte apocryphe de dix Livres, écrit en grec au IVe siècle et traduit en latin au Ve siècle par Rufin.

      La tradition chrétienne développe ensuite sa figure comme "prince de la loi" hébraïque avec Anne et Caïphe, participant, au Temple,  aux débats entre les apôtres Pierre et Jacques lors de la période décrite par les Actes des Apôtres, en favorisant secrètement les premiers chrétiens. Dans le Roman pseudo-clémentin  (Clément, Recognitiones, Livre I, 65, in Ecrits apocryphes chrétiens II, Pleiade, Gallimard, 2005, p. 1677) il est décrit comme "appartenant à notre foi mais, selon notre arrangement, [il] demeurait parmi eux, afin que, ils préparaient contre nous une manœuvre hostile ou impie, il pût soit les arrêter par un conseil habilement formulé, soit nous en avertir.". Plus loin (Rec.I,67,6 et Ac. 5,38-39), il ne permettra pas que les chrétiens soient persécutés par les Juifs. 

      "Si moi, Gamaliel, je ne considère pas comme un affront à mon savoir et à mon grand âge d'apprendre quelque chose des petits enfants et des ignorants au cas où il y aurait quelque chose d'utile ou de salutaire à y gagner, comment ne serait-il pas désirable pour tous d'apprendre ce qu'on ignore et d'enseigner ce qu'on a appris ? Car il est bien certain que ni l'amitié, ni la parenté du sang ni la majesté du pouvoir ne doivent être plus précieuses pour l'homme que la vérité."...ces paroles de Gamaliel ne plaisaient guère à Caïphe" (Rec. I,67-68, id. p. 1678)

      c) L'évangile de Gamaliel.

      On nomme ainsi une version longue de l'évangile de Nicodème dans lequel Gamaliel, oncle de Nicodème,  devient  le narrateur d'un récit très favorable à Ponce Pilate.

      "L'évangile de Gamaliel ou Passion selon Gamaliel est un apocryphe très proche de l'évangile de Nicodème. Si le fond du récit est identique, le point de vue est différent : le narrateur n'est plus Nicodème, mais son oncle Gamaliel, qui prétend avoir assisté en témoin privilégié à tous les événements qu'il décrit. Corollairement, Gamaliel ne se situe plus du coté des adversaires du Christ, mais parmi ses sympathisants : tel est d'ailleurs le critère fondamental qui permet à la critique de distinguer les versions." "Il s’agit d’une branche tardive de l’Evangile de Nicodème, dont le manuscrit le plus ancien, Grenoble B. M. 50, en prose, est de la fin du XIVème siècle. Le récit de la Passion du Christ de l' 'évangile de Gamaliel fut adapté en ancien français, version existant dans une quinzaine de manuscrits des XIVe et XVe siècles."

      " L'Évangile de Nicodème est le nom usuel d'un évangile apocryphe composé en grec au IVe siècle. Le narrateur de ce récit serait Gamaliel, maître de l'apôtre Paul de Tarse. La genèse de cet évangile reste encore confuse: dès le IIe siècle, des documents portant le titre d'Actes de Pilate circulent et sont cités par Justin et Tertullien. Chez ce dernier, Pilate apparaît même comme chrétien dans un rapport qu'il fait à Tibère; il existe par ailleurs un rapport de Ponce Pilate à Claude qui est incorporé dans les Actes de Pierre et Paul au IIIe siècle. Mais la persécution des chrétiens au début du IVe siècle se traduit, selon Eusèbe, par la rédaction demandée par l'empereur Maximin Daïa d'« Actes de Pilate » dirigés contre les chrétiens: Ceux-ci ont alors rassemblé les matériaux dont ils disposaient en un ouvrage intitulé l'Évangile de Nicodème, dans lequel sont relatés les faits de gestes de Ponce Pilate. Il présente le préfet romain sous un jour très favorable, faisant de celui qui a condamné Jésus un Saint converti au christianisme, ce qui a pour effet de transférer sur les juifs la responsabilité de sa crucifixion. Cet ouvrage comprend trois parties, le récit d'abord de la crucifixion et de la mise au tombeau du Christ, puis celui de la controverse au sujet de sa résurrection et, enfin, celui de sa descente en enfer. L'ouvrage est conservé dans deux versions grecques assez différentes, dans des versions syriaque, copte, arménienne et latine, et les chrétiens de Syrie et d'Égypte ont vénéré Ponce Pilate comme un saint et martyr. Les «occidentaux» s'y sont aussi référés avec passion (voir les chroniques historiques, les manuels de prédication, les encyclopédies médiévales, Jacques de Voragine, La Légende dorée) jusqu'à la Renaissance, la descente du Christ en enfer étant devenue alors inconcevable, d'autant que cette descente en enfer implique une vengeance du Christ. Il existe deux recensions latines de cet évangile. La recension latine B, version longue, et  la version A ou version brève. Aucune édition intégrale de la recension latine B - ou Évangile de Gamaliel- n'a encore été publiée. Elle a pourtant connu un énorme succès et a été traduite en français, en provençal et en langue d'oc. Son adaptation en ancien français n'existe que dans une dizaine de manuscrits des XIVe et XVe siècles.

      Cette évangile de Gamaliel  a inspiré à son tour des Passions théâtrales. "Le Mystère de la Passion Nostre Seigneur, conservé dans le manuscrit Paris, Sainte Geneviève 1131, est la première Passion longue jouée au Moyen Age, datée du milieu du XIVe siècle. A l’exception des évangiles canoniques, l’Évangile de Nicodème représente la source la plus importante de la Passion de sainte Geneviève. Une Passion narrative en langue vernaculaire, conservée dans une quinzaine de manuscrits des XIVe et XVe siècles suit de près cette recension : il s’agit de l’Évangile de Gamaliel. Un manuscrit du XVe siècle est encore conservé à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, ce qui atteste de sa diffusion à Paris à cette époque. Il s’agit du manuscrit Sainte-Geneviève, 1194. Perçue par Alvin Ford comme une version longue de l’Évangile de Nicodème , il s’agit en effet d’une version assez proche de la recension AC de l’Évangile de Nicodème, qui reprend et remanie sa structure."

      On le retrouve ainsi dans (selon le tableau de N. Henrard) : 

      Sainte-Geneviève (1350-1370)

      Semur (1410-1430)

      Arras (1410-1430)

      Arnould Gréban (1450-1460)

      Jean-Michel (1486)

      Troyes (avant 1490)

      Robin Fouquet  1497.

      Passion de Châteaudun (1510)

      Passion bretonne (1530)

      Passion de Valenciennes (1507-1549?)

      Mystères rouergats

       Edme Briden, Troyes  1600

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      Je n'ai pu consulter chacun des textes, mais, lorsque j'ai pu le faire, je n'ai jamais constaté que Gamaliel participe à l'embaumement ou à la Mise au tombeau.

      Deux textes "bretons".

      Dans cette étude de la Mise au tombeau de Quimperlé datée vers 1500, il est logique de porter son attention vers les deux œuvres bretonnes du corpus précédents.

      a) — Ludolphus de Saxionia, La Vie de Jésus-Christ, imprimée par Robin Fouquet (B. N. Rés. H 506), 1485 : "Judas fut si diligent qu'il servait Pilate a son plaisir tant que Pilate l'amait plus que serviteur qu'il eust oneques... Si avint un jour que Pilate s'alloit esbatre et passa touchant le vergier de Ruben et avoit léans ung bel pommier plaing"

      C'est à Bréhan-Loudéac que vivaient en 1484-1485, Robin Fouquet et Jean Crès "maîtres en l'art de l'impression" . L'imprimerie s'est implantée en Bretagne à la fin du XVe siècle,  simultanément en trois places (Bréhan, Rennes et Tréguier)  car les trois ateliers vont utiliser des matériels de même provenance, peut-être débarqués à Tréguier et venant de Flandre. A l'initiative d'un obscur cadet de famille, Jean de Rohan, seigneur du Gué-de-l'Isle de 1463 à 1493, d'autre part propriétaire d'un des premiers moulins à papier bretons (à la Ville Jégu en Bréhan), sort en décembre 1484 la première pièce imprimée en Bretagne, dans l'atelier de Jean Crès et Robin Fouquet à Bréhan (non loin de Rohan et La Chèze)  : le Trepassement Notre Dame. En moins d'une année, douze incunables, le plus fréquemment de modeste proportion, vont sortir de Bréhan.". Jean de Rohan, marié à l'héritière du Gué de l'Isle, avait pris le titre de Rohan, et ce fut lui qui choisit et établit imprimeurs, pour son usage, Robin Fouquet et Jean Crès, son ami ou compagnon.

      E. Roy en donne de marges extraits dans "Le Mystère de la Passion aux XIVe et XVe siècle", et Gamaliel y est souvent cité ; mais, dans les pages publiées, Gamaliel ne participe pas à la Mise au tombeau.

      b) La Passion et la Résurrection publiées à Paris par Eozen Quillivéré en 1530. BNF Réserve, Yn.11 . Réimprimé à Morlaix en 1622 BnF Réserve Yn13. Edité par M. de la Villemarqué en 1865 et par Yves Le Berre en 2005.

      Là encore, Gamalile est fréquemment en scène. Lors de la Déposition, Joseph d'Arimathie et Nicodème vont chercher Gamaliel (fin de scène XV), et, à eux trois, ils partent "afin de faire du bon travail". Le récitant expose alors ce qui va se passer :

      Lorsque le corps de Jésus

      Eut été selon l'usage enveloppé d'un linceul,

      Le bon Nicodème

      Partit en compagnie de Joseph

      pour l'ensevelir

      Avant le crépuscule.

      Ils le soulevèrent en hâte,

      Puis, respectueusement et solennellement,

      Le transportèrent

      Et l'installèrent

      Au milieu du fort beau tombeau

      Tout neuf.

      Quand il eut été mis au tombeau

      et oint

      et disposé comme il faut

      Par les susdits

      Et les (trois) Marie

      Conformément à la coutume de ce monde,

      Alors chacun exprima son chagrin

      Et lui-même demeura

      Dans le magnifique tombeau

      Séparé de ses proches

      Jusqu'à sa résurrection." (Traduit du breton par Y. Le Berre)

      Puis les dialogues entre Nicodème, Joseph et Gamaliel mettent en scène la Descente de croix : Gamaliel tient l'échelle et Nicodème monte "afin de prendre doucement le corps si délicat de Jésus" tandis quer Joseph ôte les clous avec des tenailles. Le corps est remis par Joseph entre les bras de Marie, afin qu'elle procède à la toilette. Marie se lamente (vers 3272-3292) puis la scène se conclue ainsi sans participation de Gamaliel:

      JOSEPH. N'est-il pas temps, ma dame, que nous le portions et que nous le couchions au fond du tombeau? Oui, il est l'heure de s'y rendre; le soir vient. Hâtons-nous donc, ne restons pas ici plus longtemps, je vous en conjure humblement.

      MARIE. Hélas! puisqu'il le faut, partons, et que, selon les rites ordinaires, il soit étendu et renferme dans le tombeau.

      NICODÈME. Allons donc, et faisons ce que nous voulons faire, car il est presque nuit.

      JOSEPH (après avoir enseveli Jésus). Le voilà couché dans le tombeau; fermons-en l'entrée tout de suite; il n'y a pas lieu de différer." (trad. Villemarqué).

       

      En conclusion, je ne suis pas parvenu à trouver la source scripturaire de la participation de Gamaliel à la Mise au tombeau, telle qu'elle est représentée à Quimperlé, mais la Passion bretonne de 1530 le fait participer à la Déposition, ce qui sous-entend ipso facto sa présence en tant que témoin muet lors de la Déploration, de l'embaumement et de la Mise au tombeau.

       

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      La Mise au tombeau de l'abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé

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      III À V. LES SAINTES FEMMES.

      Il s'agit de sainte Marie-Madeleine ; sainte Marie-Jacobie ; sainte Marie-Salomé, toutes trois debout.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      VI ET VII. JEAN SOUTENANT MARIE ÉPLORÉE.

      Tête de saint Jean refaite.

      Jean, imberbe, vêtu d'une robe et d'un manteau, soutient Marie éplorée.

       

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      Les yeux de la Vierge sont entrouverts, émouvant et sobre témoin de son chagrin.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      VIII. ABIBON.

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      C'est le fils de Gamaliel, et il est donc représenté dans une tenue vestimentaire analogue à celui-ci, avec le bonnet pointu "mou" (effondré) aux bords repliés ornés d'un médaillon. Nous retrouvons le voile descendant de ce bonnet, avec ses franges sur les épaules. Les cheveux torsadés  à mèches serpentines creusées de multiples trous réguliers (trous de fixation de bijoux ?). Le baudrier qui suspend une épée visible sur le coté gauche. Les  manches à franges. Etc.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      L'inscription est marquée au même endroit que pour Gamaliel, dans un bandeau perlé en haut et frangé en bas On y lit, entre deux fleurs, : ABIBON.

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      Si l'évangile de Gamaliel fournissait un certain nombre d'éléments justifiant la présence du Prince de la loi au pied de la croix, il n'en va pas de même pour Abibon, et seul le récit de la découverte des reliques de saint Etienne par le prêtre Lucien a pu inciter l'artiste (ou ses commanditaires) à imaginer que, puisqu'il avait été baptisé en même temps que son père, il avait pu accompagner celui-ci lors de la Passion.

      L'un des commanditaires présumés est Guillaume de Botdéru, inquisiteur de la foi, prieur du couvent des dominicains, docteur en théologie. En  l'an 1483 il fit bâtir un beau corps de logis accompagné de salle, chambre, prisons et office nécessaires pour la justice, et au-dessus une belle librairie garnie de livres qui est à présent fort délabrée. Ce qui témoigne de son souci (comme inquisiteur) de faire justice, et de son intérêt pour les livres. Cela n'éclaire guère notre lanterne.

      L'autre commanditaire est la famille de Quimerc'h.

      Saint Abibon  est souvent assimilé à un saint breton, saint Diboan, mais je ne vois pas, sur cette Mise au tombeau, ce qui justifie une telle dérive. Je signale néanmoins qu' à Pluméliau, les trois saints Nicodème, Gamaliel et Abibon sont réunis.

      Dans la chapelle Saint-Nicodème de Pluméliau (56), un  retable polychrome du maître-autel a été réalisé au troisième quart du xviie siècle. Son panneau central représente 12 personnages, dont saint Nicodème recevant le corps du crucifié descendu de croix. Le saint est aussi représenté dans une niche, dans la partie haute du retable. Ses deux compagnons (Gamaliel et Abibon) sont eux sculptés dans les niches latérales.


      Dans le placître, a été érigée au XVIème siècle une fontaine, restaurée en 1608. C'est, sans conteste, la plus importante des fontaines sacrées de Bretagne.  C'est un monument à trois édicules accolés, tous semblables et richement décorés. Ces trois fontaines, dont les niches sont vides, sont dédiées aux saints Nicodème, Gamaliel et Abibon. La tradition voulait qu'on offrit à saint Nicodème des animaux, vendus le jour du pardon, et que l'on déposât des mottes de beurre sur l'autel de la chapelle. Le pardon était célébré le premier dimanche du mois d'août. Les pèlerins, nombreux, venaient de fort loin demander la protection pour leurs animaux et surtout pour leurs chevaux. La deuxième fontaine est dédiée à saint Gamaliel. La troisième contenait la statue de saint Abibon entre un cavalier et un homme en prière. Saint Abibon s'appelait en réalité saint Diboan, le saint sans souci, sans douleur, autrement dit, qui vous tire de la peine. Il était particulièrement honoré dans le Finistère sous le surnom, parfois, de " Tu-pe­tu ", "d'un côté ou de l'autre"; car on lui prêtait pour accessoire la roue de fortune, qui marquait l'arrêt du destin. La roue, symbole du dieu soleil chez les Celtes, a été à l'honneur dans de nombreuses églises bretonnes, au Moyen-Age où elle était devenue la roue à sonnettes qui permettait aux fidèles de conjurer le mauvais sort. Mais c'était à saint Diboan de décider, d'un côté ou de l'autre, " Tu-pe-tu ". On venait donc le consulter pour la vie ou pour la mort, demandant la guérison sur l'heure du malade ou une mort rapide pour abréger ses souffrances. "; Saint Abibon / Sant-Abibon  : variantes Diboan : Diboen, Thibon, Abibon, Yboiene, Iboen, Abilon, Languis, Langis.  Le nom Diboan contient le breton «poan», peine, souffrance, douleur; le préfixe di- étant privatif, Diboan s'est référé à quelqu'un qui soulageait les douleurs. Ainsi, invoque-t-on saint Diboan pour soulager les souffrances des malades et notamment des moribonds. Pendant longtemps, le jour du pardon, on vendait aux enchères les chemises des défunts de l'année.  Fêté le 28 janvier. 

       

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      IX. NICODÈME.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      L'inscription porte, comme pour Joseph d'Arimathie, le nom de Nicodème en latin : NICODEMVS.

      Le rôle de Nicodème dépasse très largement le souvenir péjoratif qu'il a pu laisser lorsque son nom a été à l'origine du nom "nigaud". 

      Il est fêté comme saint Nicodème le 3 août, jour de la découverte de sa tombe, de celle d'Abibon, de Gamaliel et de saint Etienne par le rêve du prêtre Lucien à Kfar-Gamala. C'est un des premiers disciples de Jésus. Pharisien et membre du sanhédrin, il  apparaît trois fois dans l’Évangile selon Jean : il va écouter son enseignement Jn 3. 1-21, il prend sa défense lorsqu’il est malmené par les Pharisiens (Jn 7. 45-51  il aide Joseph d’Arimathie lors de la descente de croix et la mise au tombeau Jn 19. 39-42 .

      L'importance du texte apocryphe de  l'évangile de Nicodème (cf. supra) et de sa version longue ou Evangile de Gamaliel témoigne également de sa place au Moyen-Âge et à la Renaissance.

      Outre la chapelle Saint-Nicodème de Pluméliau, il faut signaler celle de la commune de Ploéven (29) et celle de la commune de Guérin, où il passe pour guérir les porcelets.

       

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

       

       

       

       

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      CONCLUSION.

      J'ai signalé en introduction que ce chef-d'œuvre en tuffeau du fin XIVe/début XVIe présentait trois particularités.

       

      Son titre de plus ancienne "Mise au tombeau" de Bretagne justifie à lui seul notre considération.

      Le fait que le corps du Christ soit orienté tête placée vers la droite, face à Nicodème, alors que traditionnellement il est orienté à gauche face à Joseph d'Arimathie, pourrait témoigner de l'importance prise par Nicodème (et son évangile apocryphe) dans le culte et dans les réflexions théologiques sur la Vie du Christ, comme sur les débats entre les pharisiens et les premiers chrétiens. 

      Mais l'intérêt capital vient de la présence, attestée par les inscriptions, du pharisien Gamaliel  et de son fils puîné Abibon. En effet, beaucoup de Descente de Croix ou de Mise au tombeau, tout comme beaucoup de grandes Passions des maîtresse-vitres de Basse-Bretagne, comportent de nombreux personnages que nous pouvons considérer, par leur tenue, comme des notables Juifs, mais sans pouvoir les identifier avec certitude. Seuls Joseph, (précisément en raison de la tradition qui veut que ce soit lui qui tienne la tête du Christ) et Nicodème (pour la raison inverse) peuvent être nommés. Ici, à Quimperlé, les inscriptions lèvent toute ambiguïté et nous obligent à expliquer la présence de Gamaliel et de Abibon en même temps que Joseph d'Arimathie et Nicodème.

      Pour moi, seule la tradition de la découverte miraculeuse des reliques de saint Etienne, enterré en même temps que Gamaliel, Abibon et Nicodème, peut, associée à la diffusion des Passions théâtrales d'après l'évangile de Gamaliel,  expliquer la réunion des neuf personnages de la Mise au Tombeau de Quimperlé.

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      Rappel :

      -Dans la "Passion selon Gamaliel", l'ensevelissement n'est pas décrit.

      https://archive.org/stream/lemystredelapa02roy#page/336/mode/2up/search/gamaliel

      -Dans la Passion selon Gamaliel et dans la Passion d'Auvergne (rouergate), Gamaliel a, lors de la mort du Christ, un rôle négatif puisqu'il s'offusque que Nicodème ait dépendu et inhumé le corps du Christ

      -Dans la Passion bretonne de 1530, Gamaliel est présent lors de la Déposition, au cours de laquelle il tient l'échelle. Mais l'embaumement et la Mise au tombeau ne sont décrits que très rapidement, sans mentionner d'autre personnage que Nicodème et Marie.

      -Dans tous les cas, Abibon ne participe pas à la Vie et à la Passion du Christ.

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      SOURCES ET LIENS.

      —ABGRALL (Jean-Marie), 1903, BDHA, Quimper.

      https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1903.pdf

      "On s'est plu, au Moyen Age et à la Renaissance, par dévotion pour la Passion de Notre-Seigneur, à représenter la Mise au tombeau. Voici quelle en est Ia composition ordinaire : Autour du corps inanimé du Sauveur, sont : la Sai nte-Vierge, sa mère, soutenue par l'apôtre saint Jean ; la Madeleine, portant son vase d'aromates, les Saintes Femmes, Joseph dArimathie et Nicodème, tenant les extrémités du linceul.

      A la cathédrale de QUIMPER existe un sépulcre que Mgr Sergent fit exécuter par M. Froc Robert, vers 1868, et qui, m'a-t-on assuré, serait la copie du sépulcre de la cathédrale de Bourges. Je croirais plutôt que c'est la reproduction de celui de Saint Germain-des Prés, à Paris.

      Le plus ancien du pays est probablement celui de Sainte-Croix de Quimperlé, autrefois dans l'église, et maintenant au fond du jardin du presbytère, Les personnages sont en pierre blanche, ayant sur les bordures de leurs vêtements des feuillages brodés avec une extrême finesse, ou leurs noms gravés en jolies lettres fleuries : Joseph ab Ârimatheâ ; — Nicodemus ; — Abibon ; — Gamaliel meus dominus. Lettres et ornements semblent indiquer les premières années du xvi6 siècle.

      De la même époque doit être aussi le sépulcre de Ia chapelle de Coadry, en Scaër ; il est en grande vénération, et les pèlerins vont baiser avec respect les plaies du Sauveur, an Autrou Christ.

      Les deux plus beaux, comme importance et correction de style, sont ceux de Saint Thégonnec et de Lampaul-Guimiliau.

      Celui de Saint-Thégonnec est dans une sorte de crypte ou chambre basse, sous l'autel de l'ossuaire ou magnifique chapelle du cimetière. On y remarque tout particulièrement la Véronique, la Madeleine et un ange pleurant au bord du tombeau.

      À LAMPAUL, le sépulcre occupait autrefois aussi une place analogue, au dessous de l'abside dans la chapelle de la Trinité. Comme il se rongeait par l'humidité, on la placé depuis plusieurs années au bas du collatéral Nord de l'église. La tête et le torse de Notre-Seigneur sont d'une noblesse sans égale, et l'on ne peut se défendre d'admirer l'expression douloureuse de tous les personnages, dont les yeux sont fixés sur la figure inanimée du Sauveur. Ce monument est en pierre blanche, il est signé et daté : ANTHOINE : FECIT : 1676. C'est un des rares ouvrages qui portent la signature du sculpteur.

      Après cela, nous pouvons nommer les sépulcres de Plouguerneau, de Saint-Martin de Morlaix, de Saint-Mathieu de Morlaix, dans un édicule derrière l'église, près de la chapelle de Notre-Dame-du Mur, celui de Beuzec-Conq, maintenant au musée de Keriolet, dans la même paroisse; puis à Rosporden, la même scène en haut-relief, sous l'autel latéral Nord."

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      [Mais aussi : la Déposition du Pénity à Locronan ; le calvaire de Guimiliau]

      — ARLIMA, Versions françaises de l'évangile de Nicodème.

      https://www.arlima.net/eh/evangile_de_nicodeme_en_francais.html

      — Trois versions rimées de l'évangile de Nicodème

      http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k51035/f84.item

      — Evangile de Gamaliel BnF fr 12445, XVe siècle. Folio 33 Contient : Traité de la passion de Jésus-Christ, selon Gamaliel. « Fn celuy temps que Jhesucrist print mort... » (Évangile de Nicodème. — La place des miniatures a été laissée en blanc) ; 

      http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90616396/f36.image.r=12445

      — PASSION PROVENÇALE BnF fr 24945 évangile de Nicodème folio 92

      http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9063338c/f95.item

      — FORD (Alvin Earle ) 1973, L'Evangile de Nicodème , Droz ;

      https://books.google.fr/books?id=DqrjcUdaUGkC&dq=manuscrit+Sainte-Genevi%C3%A8ve,+1194&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

       JEAN MICHEL Jean Michel, Le Mystère de la Passion (Angers 1486), éd. Omer Jodogne, Gembloux (Belgique), Duculot, 1959.

      http://okina.univ-angers.fr/publications/ua8495/1/le_mystere_de_la_passion_de_jean_michel.pdf

      —   HERSHON (Cyril P.) et Peter T. RICKETTS, 2007, «La tradition occitane de l'Évangile de Gamaliel, éditions et commentaires», La France latine. Revue d'études d'oc (nouvelle série, n° 144, 2007), p. 132-327 

      — HENRARD  (Nadine), 1998.  Le théâtre religieux médiéval en langue d'oc, Librairie Droz, 1998 - 655 pages

      Cet ouvrage constitue la première étude d'ensemble du théâtre religieux occitan du Moyen-âge. L'analyse porte sur les quinze textes et fragments conservés (42000 vers, de la fin du XIe siècle à la première moitié du XVIe siècle), qui illustrent toutes les grandes catégories du genre (drame liturgique ou semi-liturgique, miracles et mystères, cycle de la Nativité et cycle de Pâques). La première partie présente, pour chacun des témoins, une notice codicologique, une étude des sources et de leur transposition, un examen des thèmes et des motifs, une recherche des influences subies ou exercées. Le second volet comprend un examen des didascalies et une étude technique de la versification, considérée dans ses rapports avec la structure dramatique des textes.

      https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=BNw2x1OrDkgC&q=gamaliel#v=snippet&q=gamaliel&f=false

       

      — LE BERRE (Yves), 2011, La Passion et la Résurrection bretonne de 1530, suivies de trois poèmes, d'après l'édition d'Eozen Quillivéré, CRBC, Brest. Voir aussi

       

      —VILLEMARQUÉ Le grand mystère de Jésus, passion et resurrection : drame Breton du Moyen Age

      https://archive.org/stream/bub_gb_SVCVLoIODpIC

      https://archive.org/stream/bub_gb_SVCVLoIODpIC#page/n295/mode/2up/search/gamaliel

      — PARIS (Gaston), RAYNAUD (Gaston), 1878, Paris Le mystère de la passion d'Arnould Greban. Publié d'après les manuscrits de Paris avec une introd. et un glossaire" : Gamaliel scribe de la loi, Première journée pages 77, 80, 92, 108-112, 124-125. Gamaliel est absent de la Déposition et Mise au tombeau de la Troisième journée pages 352 et suiv.

      https://archive.org/stream/lemystredelapa00grebuoft#page/76/mode/2up/search/gamaliel

      — LE MERRER (Madeleine), 1982, Figure de Joseph d’Arimathie : sa chasteté, sa proximité de Dieu, p. 229-252, © Presses universitaires de Provence, 1982

      https://books.openedition.org/pup/2867?lang=fr#ftn69

      — Légende Dorée, Invention  de saint Etienne

      https://archive.org/stream/lalgendedore00jaco#page/394/mode/2up/search/gamaliel

       

      — LANSART (Lydie), 2011,  De Nicodème à Gamaliel. Les réécritures de l’Évangile de Nicodème dans la littérature narrative médiévale : XIIe – XVIe s. : étude et éditions Thèse de doctorat en Littérature et civilisation francaises

      — LANSART (Lydie), 2012,  « Lydie Lansard, De Nicodème à Gamaliel. Les réécritures de l’Évangile de Nicodème dans la littérature narrative médiévale (xiie-xvie siècle). Étude et éditions », Perspectives médiévales [En ligne], 34 | 2012, mis en ligne le 26 septembre 2012, consulté le 19 juin 2018. URL : http://journals.openedition.org/peme/2542

      "Pour analyser la réception de ce texte au Moyen Âge, ont été prises en considération dans cette étude les différentes versions à ce jour recensées de l’apocryphe parmi lesquelles on peut distinguer trois versions rimées du xiiie siècle (celles de Chrétien, André de Coutances et d’un anonyme), trois versions courtes en prose du xiiie siècle (issues des recensions latines A, B et C), les interpolations de la version en prose courte recension C dans le Livre d’Artus (xiiie siècle) et dans le Perceforest (xive siècle), l’interpolation de la version en prose courte recension A dans une Histoire de la Bible du xive siècle, une Complainte de Notre Dame du xive siècle, une paraphrase du xive siècle et une version longue en prose intitulée communément Évangile de Gamaliel dans sa version manuscrite du xive siècle et dans sa version imprimée de la fin du xve siècle.

      Alors que les premières traductions de l’apocryphe sont toutes issues de la recension latine A et de l’aire anglo-normande (ce qui peut expliquer les liens étroits qu’elles entretiennent avec le culte marial et le culte du Précieux Sang), elles ont, dès le xive siècle, été supplantées par le remaniement qu’est l’Évangile de Gamaliel, issu, quant à lui, de l’aire occitane. Suivies de la lettre de Pilate à l’empereur (versions rimées), de la Vengeance Nostre Seigneur (version en prose courte recension A, Évangile de Gamaliel), interpolées dans des récits plus vastes (dans une séquence néotestamentaire pour la version en prose courte recension B, dans une Histoire de la Bible pour la version en prose courte recension A, dans Le Livre d’Artus ou dans le Perceforest pour la version en prose courte recension A, dans une Complainte Notre Dame, ou encore, pour aller plus loin, dans la Vie de Jesu Crist pour l’Évangile de Gamaliel), les réécritures de l’Évangile de Nicodème en ancien et moyen français servent différentes stratégies, démontrant une plasticité propre à se mettre au service de divers projets de lecture.

      Sous l’emprise grandissante de l’imaginaire, le renouvellement de l’enchâssement des récits, constitutif de la structure de l’Évangile de Nicodème, permet la recréation d’une « estoire » où le temps et l’espace sont remodelés, rapprochant un peu plus les réécritures de la fiction.

      Dès lors que la fiction prend le pas sur la lettre, naît le personnage de fiction. Ainsi le personnage de Pilate, bien que défini socialement, politiquement et symboliquement, voit au fil des réécritures sa romanité altérée, son autorité, dédoublée, et son auctoritas littéraire ainsi que sa fonction structurante, déplacées au profit du personnage de Gamaliel. Paradigmatique de la fiction romanesque, le personnage de Gamaliel conquiert son autonomie narrative en épuisant les autres personnages du récit-source. Son statut et son discours sont autant de remplois de ceux de Pilate, de Nicodème ou de Joseph d’Arimathie et construisent un personnage nouveau mais néanmoins familier."

      — LANSART (Lydie)Déplacements structurels et localisations textuelles : La Descente du Christ aux Enfers dans le Mystère de la Passion Nostre Seigneur du manuscrit Sainte Geneviève 1131.

      http://sitm2007.vjf.cnrs.fr/pdf/s16-lansard.pdf

      —LA PASSION D'AUVERGNE, 1982, Droz

      https://books.google.fr/books?id=JpXW38NPkCkC&pg=PA14&lpg=PA14&dq=%22guamaliel%22&source=bl&ots=-QUH_A6-8j&sig=wK9VMBHl5tJ9GNFu-QfLbPvn3Is&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwing8T-oN_bAhWIbRQKHeSWCxEQ6AEILjAB#v=onepage&q=%22guamaliel%22&f=false

      — LE BERRE (Yves), 2011, La Passion et la Résurrection bretonnes de 1530, suivies de trois poèmes, d'après l'édition d'Eozen Quillivéré, CRBC, Brest.

      — MARCADÉ (eustache) Le mystère de la Passion : texte du manuscrit 697 de la Bibliothèque d'Arras ([Reproduction en fac-similé]) / [attribué à Eustache Marcadé] ; [texte établi et présenté par] Jules-Marie Richard ; [publié par la Société du Pas-de-Calais] « Gamaliel, 3eme prince de la loi »Deuxième journée, pages XXXIV, 223, 224

      http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4070q.image

      MIGNE, Dictionnaire des Apocryphes. L'évangile de Nicodème.

      https://books.google.fr/books?id=YP4gDAAAQBAJ&pg=PT440&lpg=PT440&dq=%22+La+passion+et+resurrection+par+le+bon+maistre+Gamaliel+et+Nichodemus+Tr%C3%A9perel,+1497.&source=bl&ots=Hgxp7dLuNh&sig=2UXueTtfIffplAtW3_3BpAfXh-M&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiw5dT4_OHbAhXGvxQKHeZ1AnMQ6AEILzAB#v=onepage&q=%22%20La%20passion%20et%20resurrection%20par%20le%20bon%20maistre%20Gamaliel%20et%20Nichodemus%20Tr%C3%A9perel%2C%201497.&f=false

      — PARIS (Gaston), RAYNAUD (Gaston), 1878, Paris Le mystère de la passion d'Arnould Greban. Publié d'après les manuscrits de Paris avec une introd. et un glossaire" : Gamaliel scribe de la loi, Première journée pages 77, 80, 92, 108-112, 124-125. Gamaliel est absent de la Déposition et Mise au tombeau de la Troisième journée pages 352 et suiv.

      https://archive.org/stream/lemystredelapa00grebuoft#page/76/mode/2up/search/gamaliel


       

      — REMACLE : traduction et présentation  de l'évangile de Nicodème :

      http://remacle.org/bloodwolf/apocryphes/nicodeme.htm

      — ROY (, Émile), 1904, Le mystère de la Passion en France du XIVe au XVIe siècle : étude sur les sources et le classement des mystères de la Passion ; accompagnée de textes inédits..Dijon, Extrait de la Revue bourguignonne, 1903, tome XIII, nos 3-4 ; 1904, tome XIV, nos 3-4

      https://archive.org/stream/lemystredelapa02roy#page/280/mode/2up/search/gamaliel

      — VANDERLINDEN, S, 1946,  Revelatio Sancti Stephani (BHG 7850-6) , Revue des études byzantines  Année 1946  4  pp. 178-217

      https://www.persee.fr/doc/rebyz_0766-5598_1946_num_4_1_939

      —WIKIPEDIA

      https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vangile_de_Gamaliel

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      • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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