La Danse des Pissenlits : une Akènochorie des Près sur une toile de Tétragnathe.
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Un âne de mes amis s'ennuyait tant en son pré qu'il confinait à l'acédie. On lui vanta la graine d'Ellébore d'Anticyre, qu'il rumina sans autre profit qu'un flux de ventre. Il échangeait, par oiseaux interposés avec toute sorte d'ânes fort sages dont l'un, le vénérable Fondh Mapoché, lui dit : « La fleur de lotus pousse dans l'eau boueuse . La conscience ordinaire est la Voie. Renonce aux élucubrations psychiques qui sont contraires à notre état, et regarde autour de toi. »
Ce fut le Satori, cette sorte de pirouette de l'âme, son Ah Ah !, ce bonsandenondediou qui illumina l'existence de tant de baudets . Il cessa de bâiller , et il eut brait si quelque troupe de pollens menée par Aquilon ne le fit éternuer, précisément au dessus de la tête chenue d'un Pissenlit. Trois ou quatre akènes, qui ne demandaient que cela, mirent les voiles.
C'est alors qu'un rideau se déchira devant ses yeux, qu'il avait fort chassieux. Des fillettes coiffées d'aigrettes lui apparurent, faisant mille cabrioles, dansant mille farces, ces demoiselles se poursuivant de leurs ombrelles, tandis qu'une funambule à plumette exécutait sur leur têtes un périlleux exercice. D'habiles notes de musique, toutes blanches, jouaient aux croches sur l'invisible portée.
Sans doute pris d'émotion, Maître Martin éternua encore. La toile d'araignée se déchira.
Ce bref accès aux splendeurs spirituelles lui fit retrouver l'appétit, et un chardon l'apprit à ses dépens. Il en aima le goût. Il sut désormais ce que vivre voulait dire : "rêver et bien aimer".
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Akène de Taraxacum officinalis munie de son aigrette, elle-même coiffée de son vortex. Photographie lavieb-aile 15 mai 2020.