C'est quoi, ce dragon chinois ? La chenille de la Noctuelle de la Patience, Viminia rumicis L.1758, ou Acronicta rumicis, la Cendrée noire, si j'en crois mon guide.
Elle appartient à ces chenilles susceptibles qui se mettent en boule sitôt qu'on veut les saluer.
Noctuelle est le titre de la première pièce pour piano appartenant au cycle des cinq Miroirs de Maurice Ravel. Elle est dédiée à Léon-Paul Fargue, avec comme épigraphe l'extrait d'un poème de cet auteur :
" Les noctuelles d'un hangar qui partent d'un vol gauche cravater d'autres poutres"
C'est une oeuvre impressionniste, toute en harmonies floues, en bruissements furtifs, en glissements obscurs : une confidence nocturne par une chaude nuit d'été, quand viennent nous froler les papillons de nuit. Mais rien, dans cette chenille de carnaval, ne préfigure l'émergence de ces noctuelles grises dont les ombres inquiétantes et douces viendront hanter nos soirées.
Étymologie de Viminia rumicis.
Je ne la trouve pas, il me reste à la proposer à partir des plantes hôtes de la chenille, le saule marsault, Salix caprea et la patience sauvage, Rumex obtusifolius : Viminia pourrait être rapproché du latin vimen, viminis, l'osier _ l'osier vert ou osier des vanniers se nomme salix viminalis _ et rumicis est le terme latin pour rumex.
P.S je vérifie plus tard mon hypothèse dans l'ouvrage d'A.Maitland Emmet, The scientific names of the British Lepidoptera, 1991 : C'est la dénomination Acronicta rumicis qui y figure :
Acronicta, Ochsenheimer 1816, vient de akronux, (acros : l'extrémité, le sommet / nux, la nuit) :crépuscule, bien que ces papillons de nuit ne soient pas crépusculaires.
Rumicis renvoie bien au rumex, "l'une des plusieurs plantes données par Linné comme plante-hote."
En index de l'ouvrage, on trouve en cherchant viminia un renvoi vers Brachylomia viminalis, dont la plante-hote est l'osier, comme elle l'est pour Coleophora viminetella , Stigmella vimineticola, Phyllonorycter viminiella, ou Phyllonorycter viminetorum !