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28 septembre 2023 4 28 /09 /septembre /2023 20:16

L'icône (entre 1585 et 1591) du Noli me tangere de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion ... et le triangle noir des larmes.

 

Voir :

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PRÉSENTATION.

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J'ai débuté une étude sur la représentation des larmes sur les icônes de l'école crétoise (XVI-XVIIe siècle) sous forme d'un triangle sombre formant une sorte de loup de déploration. Le Noli me tangere de Damaskinos me permet de poursuivre cette étude.

Cette icône réalisée entre 1585-1591 provient du monastère de Vrontisi , province de Kainourgio en Crète. Ce monastère,  l'un des plus célèbres de Crète fut un remarquable foyer des lettres et des arts lors de la Renaissance crétoise sous l'occupation vénitienne, et Michel Damascène y a créé six de ses icônes les plus importantes. 

Présenter cet artiste majeur de l'école crétoise serait superflu (  je renvoie à ses nombreuses bibliographies en ligne) mais je citerai la documentation trouvée sur le site du Musée d'art chrétien d'Héraklion

 

Le musée de sainte Catherine du Sinaï à Héraklion réunit une très riche collection d'icônes et de peintures commémoratives, tant de la période archaïque du XIIIe siècle, ou de la "renaissance péaléologue" de la première moitié du XIVe siècle, ou du courant académique de la seconde moitié du XIVe siècle, puis de la période de renouveau consécutif à l'arrivée des artistes de Constantinople à la fin du XVe (trois peintures d'Angelos Akotankos). 

"La seconde moitié du XVe siècle est dominée par la personnalité artistique d'Andreas Ritzos, fortement influencé par la peinture d'Angelos. Andreas Pavias, Nikolaos Tzafouris et Nikolaos Ritzos, fils d'Andreas, étaient également des peintres remarquables. Leurs œuvres s'inspirent de l'art paléologue tardif, dans lequel ils incorporent souvent des éléments sélectifs de l'art italien des XIVe et XVe siècles , assimilés de manière créative .

a grande diffusion des images portatives et la réputation des peintres crétois ont entraîné une augmentation significative de la demande pour leurs œuvres. Les maîtres crétois étaient au nombre de plus d'une centaine et étaient organisés en guildes. Leurs patrons comprennent les grands monastères orthodoxes, du Sinaï à Patmos, mais aussi des citadins nobles et riches, catholiques et orthodoxes. Selon la doctrine et les préférences artistiques des mécènes, ils réalisent des œuvres selon le style byzantin (maniera byzantina) ou italien (maniera Italiana). La diffusion particulière des images portatives a contribué à la marginalisation progressive de la peinture murale, qui avait perdu sa source d'influence artistique après la chute de Constantinople.

Des peintres du 16ème siècle, Théophane et Euphrosynos continuent de reproduire les modèles d'Angelos. Le haut environnement artistique de la Crète viendra nourrir le peintre de renommée mondiale, Domenikos Theotokopoulos ou El Greco. Les quelques œuvres survivantes de sa première période artistique en Crète, comme la Dormition de Syros et Saint Loukas peignant la Vierge Marie, témoignent de la survie des modèles d'Angelos dans la seconde moitié du XVIe siècle .

Cette influence s'étend à la plupart des peintres de la seconde moitié du XVIe sièclesiècle. Cependant, deux peintres éminents et exubérants du siècle, Georgios Klontzas et Michael Damascenes, fortement influencés par les courants du maniérisme italien, décidèrent d'expérimenter de nouvelles façons de rendre des sujets religieux, qui se rapprochent clairement de la peinture de la Renaissance occidentale.

Michel Damascène (Candie [Héraklion], 1530-35, †1592/93 ) est l'un des artistes grecs les plus importants de la peinture post-byzantine.  Il a probablement étudié dans un atelier de l'environnement de Theofanis Strelitza-Bathas, avec qui son art montre des affinités. Nous supposons qu'il a réalisé ses premières œuvres de maturité vers 1555-1565. Vers 1567, il se rend à Venise (comme son compatriote Domenikos Theotokopoulos), à l'apogée des brillants peintres vénitiens (Titien, Paolo Véronèse, Le Tintoret). En 1569, il s'installe pour trois ans à Messine, en Sicile, où il laisse une œuvre remarquable. Il retourna à Venise en 1574 et travailla jusqu'en 1583 pour la Fraternité grecque orthodoxe de Venise. Il a créé des icônes pour l'église orthodoxe de Saint-Georges, dont beaucoup se trouvent encore aujourd'hui dans le sanctuaire et l'iconostase. Il collectionne des dessins de peintres célèbres, comme le maniériste Parmigianino, dont il vend une partie au célèbre sculpteur Alessandro Vittoria en 1581, tout en ayant des contacts avec le peintre Jacopo Palma le Jeune et éventuellement avec l'atelier du Tintoret. Il revient à Candie en 1583, où il poursuit son activité professionnelle, entouré de prestige et appelé « enseignant ». Il a utilisé la gynaïkonite de l'église d'Agios Georgios Mouglinos comme laboratoire. Il a attiré de grandes commandes et a créé certaines de ses œuvres les plus importantes, que l'on trouve aujourd'hui à Héraklion et à Corfou. Il revient à Candie en 1583, où il poursuit son activité professionnelle, entouré de prestige et appelé « enseignant ».
Les dernières références à son activité remontent à 1591, lorsqu'il accepta une commande de deux grands tableaux dans les églises catholiques de Candie et qu'il peignit l'image du Premier Synode œcuménique, qui se trouve au Musée de Sainte Catherine. Il mourut probablement en 1592, peut-être victime de la terrible épidémie de peste de ces années-là. 

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Son œuvre.

Michel Damascène a créé de nombreuses œuvres, dispersées aujourd'hui dans les musées, temples, collections publiques et privées en Grèce (Mont Athos, Athènes, Galaxidi, Zakynthos, Corfou, Crète, Saint-Luc autrefois, Patmos), en Italie (Venise, Conversano Pouilles, Rome ), au monastère du Sinaï et dans des collections privées en Amérique et ailleurs. Ses œuvres connues dépassent la centaine. Plus de la moitié ne sont pas signées, mais lui sont attribuées sur la base de données historiques ou de critères stylistiques. Deux seulement sont datés, la Dissection de la tête de saint Jean le Précurseur, 1590 (Corfou) et le Premier Synode œcuménique, 1591 (Héraklion).

Il réalise des œuvres monumentales pour les temples et monastères, mais aussi de petites icônes et triptyques destinés à la dévotion privée. Un grand nombre de ses œuvres suivent l'iconographie traditionnelle, avec un fond de standards du Paléologue tardif et de peinture crétoise ancienne : Saint Siméon avec le Christ dans Saint Matthieu du Sinaï à Héraklion, Saint Antoine au Musée byzantin, le Prophète Élie au monastère de Stavronikita, les Apôtres Pierre. et Paul dans la part sinaïtique de Zakynthos, Saint Jean le Précurseur au Musée de Zakynthos, Naissance, Baptême, Apôtres Pierre et Paul et icônes de Dodécaortos à Saint Georges de Venise, etc.

Beaucoup de ses autres œuvres montrent des influences de l'art d'Europe occidentale, avec principalement des peintures et des gravures italiennes d'artistes de la Renaissance et du maniérisme (Titien, Le Tintoret, Paolo Véronèse, Jacopo Bassano, Raphaël, en passant par des gravures de Marcantonio Raimondi, Parmigianino, Andrea Schiavone), comme la Crucifixion de l'apôtre André au Musée byzantin, l'Épitaphe Lamentation de Saint Georges de Venise, le Martyre de Sainte Parascève au Musée Kanellopoulos, des œuvres à Corfou, comme les saints Serge, Justin et Bacchus, la Décapitation du Saint Précurseur, la lapidation du premier martyr Étienne, Saint Georges avec des scènes de sa vie.

Ses œuvres, dans lesquelles convergent des éléments byzantins et occidentaux, illustrent sa proposition pour le développement de la peinture de son temps et reflètent le caractère mixte de la culture de la société crétoise à l'époque vénitienne. Les plus ambitieuses et impressionnantes sont les six images de la Collection de Sainte Catherine d'Héraklion, qui dégagent de multiples significations, contiennent des références aux doctrines fondamentales de la foi chrétienne et reflètent les débats théologiques de l'époque.

Damaskinos a contribué au renouveau de l'iconographie traditionnelle. Bon nombre des nouvelles formes picturales qu'il a créées ont été largement acceptées par des peintres connus et inconnus. L'excellente qualité et la puissance de son art, ainsi que ses innovations picturales, ont suscité l'admiration de ses contemporains et plus tard. "

Les six œuvres présentées dans ce musée le sont dans une structure elliptique au centre de l'ancienne église : voir la visite interactive du site.

Ce sont :

  • Le premier concile œcuménique
  • La Vierge au Buisson ardent
  • La Divine Liturgie (Trinité entourée d'anges)
  • La Cène
  • L'Adoration des Rois Mages
  • Noli me tangere

 

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Rappel :

1204-1669 : après la prise de Constantinople par les croisés, Candie (la Crète) devient vénitienne. 1453 : chute de Constantinople. En 1669 : la Crète est conquise par les Ottomans.

 

L'île de Crète était sous la domination des Vénitiens. Cependant, la coexistence entre les Vénitiens et les Crétois indigènes s'est avérée être très fructueuse d'un point de vue artistique. Pour l’orthodoxie, les icônes sont le moyen ultime de communiquer avec la divinité et le ciel au-dessus. Les icônes fonctionnent comme une fenêtre qui transporte les fidèles vers le monde spirituel en permettant spectateur pour visualiser l’invisible et l’immatériel. Les icônes peuvent être représentées sur n'importe quel support - fresques, mosaïques, ivoires, manuscrits, peintures sur panneaux. À l'origine, les icônes n'étaient pas spécifiquement associées à un média particulier. Cependant, de nos jours, lorsque nous disons « icône », il s'agit des peintures sur panneaux.
Cette icône a été réalisée en Crète après la chute de Constantinople, aujourd'hui Istanbul, aux mains des Ottomans en 1453, et appartient donc à une période généralement dite post-byzantine.

De telles icônes sont appelées icônes hybrides ou icônes bilingues car elles combinent des éléments de la production artistique byzantine et de la production artistique occidentale (vénitienne ou italienne) pour refléter l'interaction entre les deux populations vivant ensemble sur l'île de Crète depuis 4 siècles et demi.

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Le Noli me tangere de Michel Damascène.

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La peinture doit son nom (Ne me touche pas") à la scène centrale dans laquelle, selon l'évangile de Jean, Marie-Madeleine reconnaît son maître dans celui qu'elle avait d'abord pris pour un jardinier, et où le Christ ressuscité, lors de sa première Apparition, lui adresse la parole pour lui demander d'éviter tout contact physique.

Mais quatre autres "vignettes" accompagnent cette scène, et représentent les saintes femmes — puis deux des apôtres — se rendant au tombeau le lundi de Pâques et constatant que le tombeau est vide, dans les différentes versions des évangiles, celles de Jean et celles des évangiles synoptiques.

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1. Présentation de Marie-Madeleine devant le tombeau vide ; accueil par deux anges.

2. Présentation des apôtres Pierre et Jean devant le tombeau vide.

3. Présentation de trois saintes femmes devant le tombeau vide ; accueil par un ange.

4. Marie-Madeleine se prosterne devant le Christ ressuscité.

5. Marie-Madeleine face au Christ : Noli me tangere (ne me touche pas).

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Elle mesure 109 cm sur  87 cm . Elle provient de l'église de la Présentation de la Vierge de Malia, Héraklion.

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Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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Lignes de composition.

La diagonale principale est parallèle  à la ligne des regards entre Marie-Madeleine et le Christ, des gestes de leurs bras, et de l'échange des paroles reprises par les inscriptions.

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Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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1. Présentation de Marie-Madeleine devant le tombeau vide ; accueil par deux anges. Évangile de Jean chap. 20.

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Pour Angeliki Lymberopoulou

"Le mouvement du corps de Madeleine est inspiré de figures similaires apparaissant dans les œuvres de Titien et de Véronèse. Ici cependant, la figure la plus importante est la figure de l'ange aux jambes croisées que nous voyons au premier plan.
Les figures aux jambes croisées, tout comme l'ange représenté ici, ne se retrouvent pas dans l'art byzantin, et elles sont également extrêmement rare dans l’art occidental. Cependant, Michel-Ange, le grand Michel-Ange, dans la Chapelle Sixtine, a peint la Sibylle d'Érythrée assise ainsi, les jambes croisées et il est très est probable que Michael Damaskinos ait vu une reproduction de la Sibylle Érythrée de Michel-Ange et a décidé de le copier dans son icône originale.
N'oubliez pas aussi que Michel-Ange, c'est Michael. Michael Damaskinos, qui avait en quelque sorte envie de participer à la renommée du grand artiste. Il fait donc quelque chose de tout à fait unique pour une icône byzantine.
Il prend une figure aux jambes croisées et la place dans un contexte que nous n'avons jamais vu auparavant."

Le texte évangélique  de Jean 20 1-13

"Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rendit au sépulcre dès le matin, comme il faisait encore obscur; et elle vit que la pierre était ôtée du sépulcre.  Elle courut vers Simon Pierre et vers l'autre disciple que Jésus aimait, et leur dit: Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où ils l'ont mis.

[...] Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre;  et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête, l'autre aux pieds. Ils lui dirent: Femme, pourquoi pleures-tu? Elle leur répondit: Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis."

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Les inscriptions.

L'inscription placée entre les deux anges cite cet évangile :  ΚΑΙ ΛΕΓΟΥϹΙΝ ΑΥΤΗ ΕΚΕΙΝΟΙ ΡΥΝΑΙ ΤΙ ΚΛΑΙΕΙϹ

Soit Καὶ λέγουσιν αὐτῇ ἐκεῖνοι, Γύναι, τί κλαίεις; Λέγει αὐτοῖς, ὅτι Ἦραν τὸν κύριόν μου, καὶ οὐκ οἶδα ποῦ ἔθηκαν αὐτόν. "Ils lui dirent: Femme, pourquoi pleures-tu?"

Près de Marie-Madeleine se lit le verset 11  ΜΑΡΙΑ ΔΕ ΕΙϹΤΗΚΕΙ ΠΡΟϹ Τω ΜΝΗΜΕΙω ΚΛΑΙΟΥΚΑ ΞΕω  Μαρία δὲ εἱστήκει πρὸς τῷ μνημείῳ ἔξω κλαίουσα. ὡς οὖν ἔκλαιεν παρέκυψεν εἰς τὸ μνημεῖον. "Mais Marie se tient devant le tombeau et pleure"On notera dans les deux phrases  le mot κλαίουσα, klaiousa, du grec κλαίω, klaíô "pleurer", central dans ma réflexion.

 

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Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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Les larmes de Marie-Madeleine représentée par un triangle sombre.

Michael Damascène a représenté les larmes de Marie-Madeleine, bien spécifiée dans le texte de Jean ("Comme elle pleurait").

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Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. Présentation des apôtres Pierre et Jean devant le tombeau vide. Évangile de Jean chap. 20.

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Jean 20 3-9

 "Pierre et l'autre disciple sortirent, et allèrent au sépulcre. Ils couraient tous deux ensemble. Mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre; s'étant baissé, il vit les bandes qui étaient à terre, cependant il n'entra pas.  Simon Pierre, qui le suivait, arriva et entra dans le sépulcre; il vit les bandes qui étaient à terre, et le linge qu'on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandes, mais plié dans un lieu à part. Alors l'autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra aussi; et il vit, et il crut. Car ils ne comprenaient pas encore que, selon l'Écriture, Jésus devait ressusciter des morts."

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Jean, en manteau rose et robe bleue, est désigné par une inscription, et se reconnaît car il est jeune et imberbe. 

L'inscription principale cite le début du verset Jn 20:5 

καὶ παρακύψας βλέπει κείμενα τὰ ὀθόνια, οὐ μέντοι εἰσῆλθεν (kaí parakýpsas vlépei keímena tá othóni,  "Et s'étant baissé, il voit les linges gisant "

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Les deux apôtres ne portent pas le triangle des larmes.

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Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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3. Présentation de trois saintes femmes myrrophores devant le tombeau vide ; accueil par un ange. Évangile de Marc chap. 16.

Les myrrophores de la tradition orthodoxe sont, comme les saintes femmes, au nombre de trois, et portent chacune un flacon d'aromates. Elles se tiennent devant le tombeau (figuré comme une grotte sous une haute montagne qui reprend les représentations précédentes) et manifestent leur frayeur. Elles ne peuvent être identifiées, quoique la première, aux longs cheveux dénoués, répond aux codes de représentation de Marie-Madeleine. D'autre part, elle est vêtue comme la Marie-Madeleine de la première scène, en robe bleue, manteau rouge (et sandales), tenue qui se retrouve aussi dans la scène du Noli me tangere, où l'identité de la sainte est incontestable.

Toutes les trois portent le triangle sombre des larmes, bien caractéristique si on compare leurs yeux à ceux de l'ange.

Selon Angeliki Lymberopoulou "Bien que l'ange ressemble aux modèles byzantins, on rencontre des figures similaires aux trois Marie. dans les œuvres du maître vénitien Tintoret. Encore une fois, nous avons ici un mélange d'éléments byzantin avec des éléments occidentaux produisant une scène qui aurait été tout aussi bien accueillie par les catholiques vénitiens que par les orthodoxes grecs."

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Alors que l'évangile de Jean ne mentionne que Marie de Magdala, et que l'évangile de Matthieu ne mentionne que deux Marie ("Marie la Magdaléenne et l'autre Marie"), l'évangile de Marc Mc 16 1-6 mentionne trois Marie : "Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé", qui sont accueillies par un seul ange

Marc 16

" Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates, afin d'aller embaumer Jésus. Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se lever. Elles disaient entre elles: Qui nous roulera la pierre loin de l'entrée du sépulcre? Et, levant les yeux, elles aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait été roulée. Elles entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu d'une robe blanche, et elles furent épouvantées. Il leur dit: Ne vous épouvantez pas; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié; il est ressuscité, il n'est point ici; voici le lieu où on l'avait mis. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée: c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit.  Elles sortirent du sépulcre et s'enfuirent. La peur et le trouble les avaient saisies; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi."

Quand à l'évangile de Luc Lc 23:55-56 et Lc 24:1-7 il reste plus vague sur le nombre des saintes femmes, mais elles sont accueillies par deux "hommes":

"Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus accompagnèrent Joseph, virent le sépulcre et la manière dont le corps de Jésus y fut déposé, et, s'en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums. Puis elles se reposèrent le jour du sabbat, selon la loi."

"Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre de grand matin, portant les aromates qu'elles avaient préparés. Elles trouvèrent que la pierre avait été roulée de devant le sépulcre; et, étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Comme elles ne savaient que penser de cela, voici, deux hommes leur apparurent, en habits resplendissants. Saisies de frayeur, elles baissèrent le visage contre terre; mais ils leur dirent: Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? Il n'est point ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu'il était encore en Galilée, et qu'il disait: Il faut que le Fils de l'homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite le troisième jour."

 

 

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Les deux inscriptions  semblent citer l'évangile de Marc 16:5 :

Au dessus de l'aile de l'ange :

Μὴ ἐκθαμβεῖσθε· Ἰησοῦν ζητεῖτε τὸν Ναζαρηνὸν τὸν ἐσταυρωμένον· ἠγέρθη, οὐκ ἔστιν ὧδε·  « N'ayez pas peur. Vous cherchez Jésus de Nazareth, celui qui a été crucifié. Il est ressuscité,

Et sous le doigt de l'ange :

  ἴδε ὁ τόπος ὅπου ἔθηκαν αὐτόν· "Il n'est pas ici, voici l'endroit où ils l'avaient déposé".

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Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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4. Deux femmes se prosternent devant le Christ ressuscité. Évangile de Matthieu chap. 28.

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Deux femmes sont prosternées, celle au premier plan, dissimulant la seconde qui tend les mains vers les pieds du Christ tandis que ses cheveux dénoués les touchent presque. Cette femme-là est Marie-Madeleine, et  on retrouve son manteau rouge derrière ses reins.

Quand à la première, elle est nimbée, et son identité de Mère de Dieu ou Théotokos (Θεοτόκος)  est inscrit  par le monogramme tildé ΜP θY (Μήτηρ Θεοῦ ): c'est Marie mère de Dieu. Cette assimilation d'une des Marie présentent au sépulcre est conforme à la tradition orthodoxe. C'est la seule qui soit nimbée sur cette icône.

Le triangle sombre des larmes est bien visible là encore sous les yeux des deux femmes.

Le Christ est vêtu du manteau d'or (himation) de la ressurection, et ses cinq plaies sont visibles. Le nimbe crucifère porte  les lettres grecques « Ὁ ὬΝ » disposées en croix, et qui signifient « Celui qui Est » en référence à Exode 3:14. Il tient dans la main gauche le rouleau des Écritures (dans lesquelles les prophètes annonçaient sa venue).

Tous ces éléments nous placent dans la plus pure tradition byzantine. Elle s'inspire notamment de l'icône nommé Chairete d'Angelos Akokontos, également conservée au Musée d'Art chrétien d'Héraklion :

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Le texte de Matthieu 28:1-7

"Après le sabbat, à l'aube du dimanche, Marie de Magdala et l'autre Marie allèrent voir le tombeau. Soudain, il y eut un grand tremblement de terre, car un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre [de devant l’ouverture] et s'assit dessus. Il avait l’aspect de l'éclair et son vêtement était blanc comme la neige. Les gardes tremblèrent de peur et devinrent comme morts, mais l'ange prit la parole et dit aux femmes : « Quant à vous, n’ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, celui qui a été crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez voir l'endroit où le Seigneur était couché et allez vite dire à ses disciples qu'il est ressuscité. Il vous précède en Galilée. C'est là que vous le verrez. Voilà, je vous l'ai dit. »

Elles s'éloignèrent rapidement du tombeau, avec crainte et une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et dit : « Je vous salue. » [Χαίρετε] Elles s'approchèrent, s’agrippèrent à ses pieds et se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : « N’ayez pas peur ! Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. » "

Inscription.

Elle débute par  le mot Χαίρετε :

ΧΑΙΤΕ ΤωΝ ΜΥΡΟΦΟΡωΝ, "Salutation des myrrophores".

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Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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Tous ces éléments nous placent dans la plus pure tradition byzantine. La scène peinte par Damaskinos s'inspire notamment de l'icône nommé Chairete (vers 1463) du peintre crétois Angelos Akokontos, également conservée au Musée d'Art chrétien d'Héraklion et provenant du monastère de la Vierge Odegetria de Pyrgiotissa . Marie-Madeleine y est présentée en beata peccatrix, et identifiée à la femme qui dans Luc 7:36-38 lave les pieds du Christ avec ses larmes et tente de les essuyer avec sa chevelure.

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"Chairete" (Salut") (vers 1463) d'Angelos Akokontos. Photographie lavieb-aile 2023.

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Angelos Akokontos, "Chairete" (Salut"), détail,  (vers 1463). Photographie lavieb-aile 2023.

 

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5. Marie-Madeleine face au Christ : Noli me tangere (ne me touche pas).

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Le Christ est représenté de manière typiquement byzantine, portant un himation en chrysographie en or au plissé soigneux. La figure où Marie-Madeleine s'agenouille, avec ses longs cheveux découverts, s'inspire de l'iconographie occidentale. 

Pour Emily Spratt, "L'icône Noli me Tangere, de Michael Damaskinos, est représentative de la persistance de certains aspects du style byzantin tel qu'il existait du vivant de Vasari, transformée en icône post-byzantine . Produite à la fin du XVIe siècle, cette œuvre révèle les influences interculturelles caractéristiques de l'école extrêmement populaire de peinture post-byzantine qui servait les mécènes orthodoxes et catholiques en Crète vénitienne. De telles icônes ont circulé à la fois sur les terres de l'ancien empire et à l'extérieur de celui-ci, principalement dans la péninsule italienne, bien qu'elles aient également atteint l'Europe du Nord. Le sujet de l'œuvre, l'apparition miraculeuse du Christ à Marie-Madeleine, est tiré de Jean 20 : 11-17. Cet événement, célébré dans l'Église catholique mais pas dans l'Église orthodoxe, est inattendu car les icônes byzantines restent traditionnellement fidèles au credo orthodoxe oriental et se caractérisent par leur utilisation de sujets et de styles conservateurs.

En effet, cela démontre ce que certains chercheurs ont appelé des caractéristiques « hybrides », que l’on retrouve souvent dans les icônes de Crète au cours de cette période. Alors que la représentation physionomique du Christ rappelle les peintures d'Andreas Ritzos, le peintre crétois du milieu du XVe siècle, la représentation de Marie-Madeleine dérive de modèles gothiques tardifs, tels que ceux développés par le peintre florentin du milieu du XIVe siècle Don Silvestro dei Gherarducci. Dans ce Noli me Tangere, Damaskinos attire l'attention sur les représentations physionomiques délicates et bien modelées des personnages à la manière d'Andreas Ritzos, comme cela est particulièrement évident dans la représentation du Christ par les deux artistes. La scène prédominante de l’icône repose cependant sur la même stratégie de composition employée par Don Silvestro. De plus, les poses des personnages du fond, liées aux épisodes entourant la Résurrection, ont été liées à la peinture vénitienne du XVIe siècle et la représentation de Marie-Madeleine courant vers le sépulcre gardé par des anges est celle de une figura serpentinata, suggérant ainsi des influences maniéristes. Malgré l'incorporation de modèles contemporains de la Renaissance, le fond doré et l'utilisation de tombes rupestres dans le paysage typique de la peinture d'icônes byzantines sont conservés, mais pas au détriment d'une récession d'espace convaincante dans l'œuvre. Toutes ces particularités caractérisent le mélange des styles et même des sujets dans l’art post-byzantin. Même si le mélange harmonieux de styles et de sujets orientaux et occidentaux existe dans une grande partie de l’art produit en Crète, définir l’ensemble de l’art post-byzantin selon les modèles développés dans les colonies vénitiennes est trompeur. Les érudits influencés par le canon vasarien font l’éloge des icônes « hybrides » pour leurs éléments occidentalisants et leurs caractéristiques de la Renaissance, tout en rejetant les icônes dépourvues de ces caractéristiques comme des œuvres d’art rétrogrades moins intéressantes. La typographie monolithique du « style byzantin » dans la recherche en histoire de l’art est particulièrement problématique lorsque diverses tendances picturales coexistent avec des tendances radicalement différentes."

La scène est liée à l'influence franciscaine au XIVe siècle sur la vénération de Marie-Madeleine en Italie et le sujet est représenté dans des modèles du gothique tardif tels que la peinture de dévotion attribuée à Silvestro dei Gherarducci à la National Gallery de Londres. Il est très probable que la représentation de ce sujet ait été développée en Crète au XVe siècle, bien que la diffusion de ce type semble avoir eu lieu aux XVIe et XVIIe siècles. Parmi les nombreux exemples de Noli Me Tangere dans la peinture post-byzantine, la plus précoce icône de Noli me tangere serait celle, vers 1500,  d'un peintre d'icônes anonyme de Crète, conservée  à l'Hellenic Institute of Byzantine and Post-Byzantine Studies, église  Saint George des Grecs, à Venise. (N.B. Je constate sur cette icône, ce ne semble pas un hasard, l'ombre triangulaire, assez nette tout de même, sous les yeux, du moins sous l'œil droit. Je constate aussi que la couleur du manteau de la sainte est, déjà, d'un rouge vermillon. Et que l'exclamation,  presque un cri, de  ΡΑΒΟΥΝΙ "Rabouni" est inscrit devant sa gorge. Ou que, déjà, le jardin est symbolisé par trois arbres et un parterre de fleurs.

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Noli me tangere (Μη μου άπτου), 84 X 73 cm, église Saint-Georges des grecs.

 

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 Dans cette œuvre de Damascène, le Christ ressuscité est représenté dans le style traditionnel crétois, avec un visage fin et la peinture dorée sur ses vêtements rayonnant de lumière, tandis que Marie-Madeleine est peinte dans un style occidental qui rappelle Bassano.

M. Constantoudaki-Kitromilides (*) a souligné que la représentation de Marie-Madeleine dans cette représentation de Noli Me Tangere et des scènes de la Résurrection s'inspire de modèles vénitiens tels que Jacopo Bassano (1546) et relie l'icône à plusieurs peintures spécifiques de la Renaissance.

(*) Maria Constantoudaki-Kitromilides, “Catalogue Entry 100. Noli Me Tangere,” in Icons of the Cretan School (From Candia to Moscow and St. Petersburg), ed. Manolis Borboudakis (Heraklion: Ministry of Culture, 13th Ephorate of Byzantine Antiquities of Crete, 1993), 457–458.

Voir aussi Véronèse, Noli me tangere, Musée de Grenoble vers 1576-1588

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Description.

La peinture illustre le texte de Jean 20:14-17 :

En disant cela, elle se retourna et vit Jésus debout, mais elle ne savait pas que c'était lui.

Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Pensant que c'était le jardinier, elle lui dit : « Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis et j'irai le prendre. »

Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître.

 Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Traduction Segond 21

Dans une traduction littérale du grec, on constate que les trois versets débute par λέγει αὐτῇ Ἰησοῦς·, "Jésus lui dit". La traduction de Segond 1910 traduit  Μή μου ἅπτου par "ne me touche pas". Voici le texte grec :

λέγει αὐτῇ Ἰησοῦς· Γύναι, τί κλαίεις; τίνα ζητεῖς; ἐκείνη δοκοῦσα ὅτι ὁ κηπουρός ἐστιν λέγει αὐτῷ· Κύριε, εἰ σὺ ἐβάστασας αὐτόν, εἰπέ μοι ποῦ ἔθηκας αὐτόν, κἀγὼ αὐτὸν ἀρῶ.

λέγει αὐτῇ Ἰησοῦς· Μαριάμ. στραφεῖσα ἐκείνη λέγει αὐτῷ Ἑβραϊστί· Ραββουνι (ὃ λέγεται Διδάσκαλε).

λέγει αὐτῇ Ἰησοῦς· Μή μου ἅπτου, οὔπω γὰρ ἀναβέβηκα πρὸς τὸν πατέρα· πορεύου δὲ πρὸς τοὺς ἀδελφούς μου καὶ εἰπὲ αὐτοῖς· Ἀναβαίνω πρὸς τὸν πατέρα μου καὶ πατέρα ὑμῶν καὶ θεόν μου καὶ θεὸν ὑμῶν.

Voir infra le relevé des inscriptions citant ce texte.

Michel Damascène ne montre pas le geste de retrait et de prévention du Christ . Comparez au panneau de Martin Schongauer en 1480 :

Au contraire, les deux visages, les regards, les bras sont tendus l'un vers l'autre. L'accent est mis sur la surprise de Marie-Madeleine se voyant ainsi appelée par son nom, sur la scène de reconnaissance, et sur l'émotion de l'interjection Rabbouni , littéralement petit rabbin, mon petit maître, en un diminutif tendre qui est inscrit devant les lèvres de la sainte.

On retrouve les sandales, la robe bleue et le manteau rouge des vignettes précédentes, ainsi que les cheveux dénoués en longue mèches bouclées. Le flacon d'aromates est posé sur le sol.

L'élan des deux corps l'un vers l'autre n'est  brisé que par la flexion et rotation du genou droit de Jésus, et le pied qui se soulève, amorçant un retrait.

Comme dans la scène 4 où les mains de la sainte allaient presque toucher les pieds du ressuscité, où ses larmes allaient presque les arroser et où ses cheveux allaient presque les sécher, ici, les mains vont presque se toucher, l'élan émotionnel de Marie-Madeleine la projette vers le Christ, et toute la dynamique de l'instant est dans ce "presque" et dans le "stop"  de la phrase "Ne me touche pas". 

 

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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a) Les inscriptions.

Les paroles du Christ sont en rouge, l'interjection de Marie-Madeleine en noir.

Marie commence par le prendre pour le jardinier et elle l'interroge (sous les deux mains, en abrégé) : ΚΙΡΙΕ ΕΙ ϹΥ ΕΒΑϹΤΑϹΑϹ ΑΥΤΟΝ ΚΑΓω ΑΥΤΟΝ ΑΡω « Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis et j'irai le prendre. »

Le Christ lui dit : ΓΙΝΑΙ ΤΙ ΚΛΑΙΕΙϹ Pourquoi pleures-tu ? ΤΙΝΑ ΖΗΤΕΙϹ Que cherches-tu ?

 

ΡΑΒΟΥΝΙ "Rabouni" qui fait face à ΜΑΡΙΑ "Marie" occupent l'espace entre les deux mains des protagonistes et les lèvres de la sainte : c'est le centre focal de toute la peinture

ΜΗ ΜΟΥ ΑΠΤΟΥ "Ne me touche pas" est en retrait de la main droite, ce qui lui ôte de la force incisive.

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b) Le triangle sombre sous l'œil 

...est bien présent.

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Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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L'inscription formant titre, gravée postérieurement sur le fond d'or. Marc 16,1

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Je trouve en ligne ce relevé, qui ne semble pas bien correspondre à ce que je vois :

ΜΑΡΙΑ Η ΜΑΓΔΑΛΗΝΗ ΚΑΙ ΜΑΡΙΑ ΤΟΥ ΙΑΚωΒΟΥ ΚΑΙ ϹΑΛωΜΗ ΗΓΟΡΑϹΑΝ ΑΡωΜΑΤΑ ΙΝΑ  ΕΛΘΟYCΑΙ  ΑΛΕΙΦωϹΙΝ ΑΥΤΟΝ.

 

"Marie Madeleine et Marie mère de Jacques et Maria Salomé avaient acheté  des aromates afin d'aller l'embaumer [Jésus]."

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Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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En bas à gauche, un cartouche contient une inscription dont j'ignore la traduction.

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Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

Noli me tangere (peinture a tempera et or sur bois enduit, entre 1585 et 1591) de Michel Damaskinos exposée au Musée de Sainte Catherine du Sinaï d'Héraklion. Photographie lavieb-aile 2023.

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Autre inscription en bas à droite.

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L'icône du Noli me tangere de Michel Damaskinos.

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ANNEXE. DONNÉES TECHNIQUES.

Elles concernent les données de l'étude de la copie du British Museum, qui provient de Crète et qui est plus petite que l'œuvre initiale. On peut penser que beaucoup de ces données s'appliquent aussi à l'œuvre originelle. Selon les auteurs (Lymberopolou 2011), l'icône du British Museum pourrait être basée sur une version réduite de l'anthibolon du tableau de Damaskinos. Les anthiboles étaient couramment utilisés par les peintres crétois pour créer des reproductions efficaces en en changeant l'échelle.

La traduction de l'article des conservateurs du British Muséeum est approximative, et je renvoie à l'article lui-même et à ses illustrations.

Un seul panneau de bois de cyprès, Cupressus sempervirens L., a été coupé dans l’axe longitudinal radial et préparé de manière à ce qu'il soit lisse sur la surface avant, avec une finition plus rugueuse (avec des traces de travail d'herminette visibles) sur l'envers . Le bois de cyprès était le choix traditionnel pour la peinture sur panneau en Crète , car il était largement disponible et ses qualités inhérentes de résistance, de dureté, de grain fin, résistance à la fissuration ou à la déformation et facilité de coupe et la sculpture était idéale à cet effet. De plus, comme le cyprès conserve son parfum, il peut être résistant à certains insectes. Deux lattes en bois bien ajustées, également de cyprès, étaient ensuite attachés horizontalement au revers du panneau, à égale distance du haut et du bas bords. 
Une couche de tissu uni  a été collée sur  la surface antérieure lisse du panneau : on employait habituellement pour cela du lin imbibé de colle animale. Un gesso, ou fond blanc de gypse lié dans un
du milieu protéique [œuf probablement] a ensuite été appliqué . La disposition de l'image, y compris les positions des figures, des draperies et de l'architecture, a été transférée à la couche de fond depuis un anthibolon (un dessin animé ou un motif utilisé pour tracer la base conceptions d’œuvres) en piquant et en appuyant avec une épingle avec un matériau contenant du carbone. Les points ont ensuite été reliés par des lignes tracées. D'après les radiographies, il est clair que certaines des lignes ont ensuite été incisées davantage  avec un outil pointu afin qu'ils pouvait être vu tout au long du processus de peinture. Fait intéressant, les arbres et les rochers de l'arrière-plan, les ailes des anges et les visages des figures n'étaient pas incisés. 
Une couleur sombre et inégale sur le visage et les mains est également apparent dans les rélectogrammes IR et est interprété comme une sous-couche ou proplasmos.
Suite à la réalisation du dessin de dessous, les zones à dorer (le fond et les auréoles) ont été préalablement enduits avec une miction à base de terre rouge, bruni puis recouvert avec une fine feuille métallique d'or , de haute pureté qui a été encore bruni.
 De la résine de conifère et de l'huile siccative ont été trouvées dans les couches de peinture d'origine mais aucune protéine ou graisse n'a été identifiée, bien que leur présence, peut-être seulement en petites quantités, peut avoir été masqué par d’autres matériaux.
La palette originale était composée de blanc de plomb, de gypse, de terres carbonées noires, rouges et jaunes (colorées par goethite et hématite), un vert basique de carbonate de cuivre, vert-de-gris, indigo, azurite, vermillon, minium et un laque rouge. L'image a été construite en couches, avec de simples
passages des mélanges de deux ou trois pigments.
Le ton  de la grande figure du Christ a été peint avec une peinture jaune-vert contenant un mélange de terre jaune, de vert-de-gris et d'un pigment blanc, Les points forts du blanc de plomb étaient appliqués sur cette couche avec l'ajout de petites quantités de vermillon pour les zones aux tons chauds. Un fragment de feuilles d'or ont été trouvées dans les couches de peinture les plus basses.
La robe grise de l'ange à la sortie du tombeau vide a été peint à l'aide d'un mélange de noir à base de carbone et de plomb blanc et azurite avec les plis les plus foncés ajoutés sur le dessus à l'aide d'un mélange comprenant uniquement du blanc de plomb et du carbone noir. Les ailes de l’ange ont été peintes pour la première fois avec du rouge (un mélange de vermillon, de blanc de plomb et d'un rouge laque) puis bordé de bouts d'ailes verdâtres d'un mélange de malachite (ou peut-être son analogue artificiel verditer vert) et azurite, avec rehauts blancs sur le dessus. En bas, dans la scène du Chairete, la draperie rouge de la figure agenouillée de la Vierge Marie est assez distinct des autres rouges utilisés dans l’image.  L'effet a été produit en utilisant trois couches de peinture. La première couche rouge brunâtre était colorée de terres et noir à base de carbone et celui-ci a été recouvert d'une seconde fine couche de rouge semi-opaque (un mélange de vermillon et de rouge laque) auquel une troisième couche relativement épaisse d'un matériau translucide la laque rouge a finalement été appliquée.
Après la peinture, la dorure au mordant a été utilisée pour décorer le manteau et les sandales du Christ, ainsi que les ailes des anges.

Le thème  du Noli me Tangere était courant dans la peinture crétoise à partir du milieu du XVIIe siècle. Le style de cette icône est similaire à celui d'autres œuvres de cette période qui montrent des influences crétoises ou vénitiennes. Il cible un public hybride à la fois orthodoxe et catholique et l'image combine des sujets favorisés par les deux traditions chrétiennes, le Christ ressuscité étant le point central de la foi orthodoxe grecque et la pénitente Marie-Madeleine d'une grande importance dans la théologie catholique.

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SOURCES ET LIENS.

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— DIMITRIADOU (Eleni)

https://www.museumofrussianicons.org/noli-me-tangere/

—Lynne Harrison, Janet Ambers, Rebecca Stacey, Caroline Cartwright and Angeliki Lymberopoulou, 2005, "The Noli me Tangere: study and conservation of a Cretan icon", The British Museum Technical Research Bulletin volume 5

https://www.academia.edu/24423229/The_Noli_me_Tangere_study_and_conservation_of_a_Cretan_icon

— MUSEE DES ARTS CHRETIENS

http://iakm.gr/agia/Page?lang=gr&name=infotext&id=501&sub=504&sub2=555

—WIKIPEDIA

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Touch_Me_Not_Michael_Damaskinos.png

https://www.openartsarchive.org/resource/open-arts-object-noli-me-tangere-cretan-orthodox-icon-late-16thearly-17th-century-british

— SPRATT, (Emily L. ) , 2020, "Byzantium not Forgotten: Constructing the Artistic and Cultural Legacy of an Empire between East and West in the Early Modern Period"  Princeton University ProQuest Dissertations Publishing,  2020. 

https://dataspace.princeton.edu/handle/88435/dsp010z7090361

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Published by jean-yves cordier - dans Icones. Renaissance.
26 septembre 2023 2 26 /09 /septembre /2023 11:07

Le "loup noir de déploration" dans l'icône de la Dormition du musée historique de Crète (Istoriko Mouseio Kritis) d'Héraklion.

Voir :

Les larmes en triangle (ou loup) noir des peintres byzantins crétois : L'icône de la "Déploration sur le Christ mort" (début XVIIe siècle) du Musée Historique d'Héraklion (Crête).

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Après avoir remarqué, sous les yeux des personnages de la Déploration du Musée historique d'Héraklion, ce triangle noir à la pointe effilée figurant les larmes, j'en constate aussi la présence sous ceux de la Vierge et des apôtres de l'icône de la Dormition de la collection Zacharias Portalakis.

N'ayant pas photographié lors de ma visite le cartel de cette œuvre, j'en ignore la datation. L'icône peint a tempera et or sur bois enduit (cyprès ?) est manifestement ancienne, elle est détériorée et la partie supérieure manque. Elle se rapproche de la Dormition peinte par le peintre crétois Andreas Ritzos (Héraklion 1421-1492), et antérieurement de l'Uspenie Bogoroditsy de 1392 peinte par  Théophanes le Grec, un modèle souvent suivi — notamment par Le Gréco—, et qui permet de reconstituer mentalement la partie manquante, mais elle leur est postérieure.

La Vierge est allongée et "endormie", le buste relevé par la forme du lit tandis que le Christ tout en or, dans une mandorle bleu clair vient, entre deux anges portant des cierges, accueillir son âme représentée par une petite enfant emmaillotée et nimbée. En arrière-plan, les murailles de Jérusalem.

Parmi les seize personnages, les douze apôtres s'inclinent, ou posent la main sur le drap, ou montrent des signes de chagrin alors que saint Pierre balance un encensoir. Un prêtre ou saint orthodoxe portant l'étole à croix noire tient un livre ouvert portant une inscription, et qu'un autre prêtre portant la même étole pose la main sur le drap . Au centre, entre deux candélabres, un cierge est allumé, fiché sur un support cylindrique reposant lui-même sur une boîte carrée.

Bien que le triangle noir ne soit pas aussi clairement peint que sur la Déploration étudiée précédemment, il est indubitablement présent sous les yeux de la Vierge et des apôtres, et on ne peut le confondre avec le cercle sombre peri-oculaire des autres icônes. Sur le visage de la Vierge, il devient un masque sombre de tout le visage, seulement éclairci sur la pommette droite, le menton, les lignes du nez et de la bouche.

Conclusion : le "loup noir de déploration" décelé sur la Déploration d'un peintre crétois se retrouve sur cette Dormition peut-être du XVIIe siècle, sous une forme un peu moins manifeste mais réelle. Un troisième exemple (le Noli me tangere de Damaskinos) viendra compléter cette étude.

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Dormition du musée historique de Crète (Istoriko Mouseio Kritis). Photographie lavieb-aile septembre 2023.

Dormition du musée historique de Crète (Istoriko Mouseio Kritis). Photographie lavieb-aile septembre 2023.

Dormition du musée historique de Crète (Istoriko Mouseio Kritis). Photographie lavieb-aile septembre 2023.

Dormition du musée historique de Crète (Istoriko Mouseio Kritis). Photographie lavieb-aile septembre 2023.

Dormition du musée historique de Crète (Istoriko Mouseio Kritis). Photographie lavieb-aile septembre 2023.

Dormition du musée historique de Crète (Istoriko Mouseio Kritis). Photographie lavieb-aile septembre 2023.

Dormition du musée historique de Crète (Istoriko Mouseio Kritis). Photographie lavieb-aile septembre 2023.

Dormition du musée historique de Crète (Istoriko Mouseio Kritis). Photographie lavieb-aile septembre 2023.

 

Note.

On ne voit pas ici le personnage s'apprêtant à poser la main sur le suaire, suivi d'un ange sortant son glaive, qu'on remarque ailleurs. Selon la légende, des Juifs auraient voulu toucher le brancard lors de la procession, mais leurs mains auraient été coupées, miraculeusement, par un ange. On voit cela sur l'icône de la basilique de la Panaghia Katapoliani de Parikia (Paros) :

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Photographie lavieb-aile 2023.

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Dormition, basilique Panaghia Ekatontapyliani de Parikia (détail). Photo lavieb-aile.

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Autre exemple :

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Comparez  à quelques Dormitions occidentales :

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La légende des mains coupées, Procession de la Dormition, retable anversois de la chapelle de Kerdevot à Ergué-Gabéric. Photo lavieb-aile

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SOURCES ET LIENS.

—Théophanes le grec (Constantinople vers1340-1410), Uspenie Bogoroditsy (Dormition), 1392

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Theofanus_uspenie.jpg

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Theophanus, Uspenie ...

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— Andréas Ritzos Dormition (vers 1480-1490).

https://en.m.wikipedia.org/wiki/File:Andreas_Ritzos_-_The_Dormition_of_the_Virgin_-_WGA19508.jpg

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—Domenikos Theotokopoulos (Le Gréco), La Dormition de la Vierge vers 1567, tempera sur bois, 61,4x45 cm, Église sacrée de la Dormition de la Vierge, Syros , Hermoupoli  :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dormition_El_Greco.jpg


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