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28 mai 2018 1 28 /05 /mai /2018 22:04

Saint Côme et saint Damien sur le cadran solaire de 1614 de l'église de Saint-Nic (Finistère).

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Cet article s'intégrera dans une  étude iconographique de ces deux saints, en Bretagne notamment. Il sera bref, pour me procurer une aimable récréation.

 

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Localisation Géoportail. 

 

La façade sud de l'église Saint-Nicaise de la commune de Saint-Nic comporte, au dessus du fronton du porche et à droite du fleuron, un cadran solaire en ardoise, daté de 1614, dont les lignes horaires sont tracées de 6 heures du matin à 6 heures du soir, numérotées de 6 à 12 et de 11 à 6 (avec un 10 rétrograde) en chiffres arabes. Le style est une tige de fer coudée à angle droit, qui marquait midi lorsque j'ai pris ma photo, à 15h 09 le 28 mai 2018.

 

 

Il est centré par une rose, ne comporte pas d'autre inscription que la date de 1614, et est gravé d'un soleil et d'une lune. Lune curieuse, dont la concavité est orné de bésicles !

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La date de 1614 correspond à la fin de la régence de Marie de Médicis et à la majorité de Louis XIII.

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Cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

Cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

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Mais ce qui motive mon intérêt, ce sont les deux saints gravés dans la moitié haute. Il s'agit de saint Damien et de saint Côme, choix causé évidemment par la présence un peu plus loin vers l'est de la chapelle Saint-Côme-et-saint- Damien". Je suis impatient de découvrir quel attribut le sculpteur leur a donné, et dans quel tenue vestimentaire il les  a figurés.

Ils sont tous deux nimbés, coiffés du bonnet carré des docteurs, les épaules couvertes d'un camail, et vêtus d'une robe longue, aux manches larges et plissées, et qui bouffe à la taille sous l'effet d'une vraisemblable ceinture. 

C'est sous Louis IX que son premier chirurgien, Jean Pitard, créa la confrérie Saint-Côme et de Saint-Damien, dont les membres deviennent des chirurgiens de robe longue, se distinguant ainsi des barbiers ou chirurgiens de robe courte, qui ne réalisent que des actes de petite chirurgie. Et en 1437, les membres de la confrérie obtiennent le droit de suivre les cours des écoles de médecine.

 

Les deux saints sont donc représentés dans le costume proche de celui des médecins de l'époque,  " en robes longues à manches, le bonnet carré sur la tête, le rabat au cou, la chausse d'écarlate sur l'épaule."

 

Saints Côme et  Damien, cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

Saints Côme et Damien, cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

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1°) Saint Côme soulevant l'urinal.

Le personnage de droite, que je nomme saint Côme, porte un flacon sphérique à long col qu'il élève à la hauteur de ses yeux : ce flacon — en réalité en verre — est l'urinal ou matula (en latin vase, pot de chambre), c'est l'attribut des médecins, et il sert à mirer, à examiner par transparence les dépôts (ou "contents") des urines des patients pour se prononcer sur le diagnostic et le pronostic.

J'attribue l'urinal à saint Côme en fonction des travaux spécialisés (Pierre Julien), mais aussi en me fondant sur la Madone des Médicis, le tableau datant de 1460-1464 de Rogier van der Weyden, où le saint le plus proche de la Vierge, et qui tient le flacon de verre, ne peut être que saint Côme, en l'honneur de Côme de Médicis (1389-1464), ancêtre fondateur de la dynastie à laquelle appartient le commanditaire du tableau.

Cette représentation se retrouve sur les portails des églises de Landivisiau (1554), de Bodilis (1570) et de Landerneau (vers 1554-1570), mais aussi à l'intérieur de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien elle même. Et sur l'enluminure des Grandes Heures d'Anne de Bretagne folio 173v par Jean Bourdichon (1505-1510) . 

 

 

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Saint Côme soulevant l'urinal. Cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

Saint Côme soulevant l'urinal. Cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

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Saint Côme soulevant l'urinal. Cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

Saint Côme soulevant l'urinal. Cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

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2°) Saint Damien tenant le pilon et le mortier [ou la spatule et le pot à onguent].

Si saint Côme tenait le rôle du médecin mireur d'urine, saint Damien tient celui de l'apothicaire, préparant les remèdes pharmaceutiques au moyen du pilon et du mortier. On ne peut écarter l'hypothèse, vers laquelle j'incline, que les deux objets soient plutôt la spatule et le pot à onguent, plus fréquemment représentés.

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Saint Damien tenant la spatule et le pot à onguent. Cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

Saint Damien tenant la spatule et le pot à onguent. Cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

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Saint Damien tenant la spatule et le pot à onguent. Cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

Saint Damien tenant la spatule et le pot à onguent. Cadran solaire (ardoise, 1614) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 28 mai 2018.

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En conclusion, les deux saints sont, comme dans toute leur iconographie, représentés en médecins dont ils portent les insignes vestimentaires, et ne diffèrent que par leur attribut, l'urinal pour la partie diagnostique et pronostique de leur profession, et le mortier (ou le pot à onguent) pour sa partie thérapeutique. De toute façon, ils sont toujours figurés ensemble, nommés ensemble, honorés ensemble, comme si ils constituaient une seule entité, à deux versants inséparables. Nous aurions tort de vouloir séparer d'un coup de bistouri néfaste ce qui doit, pour être efficace dans les suffrages, rester uni. Ces saints sont thaumaturges, comme saint Sébastien (pour la peste), saint Roch (id), saint Herbot (pour les animaux), saint Éloi (pour les chevaux), sainte Apolline (pour les rages de dents), sainte Barbe (pour la mort subite et la foudre), sainte Catherine et sainte Marguerite (pour les risques de la grossesse), saint Christophe (pour les voyages, les ponts et les seuils), et, à Saint-Nic, les eaux de leur fontaine passe pour guérir les maux de tête. Ou de ventre. Ce sera mon prochain article.

 

 

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SOURCES ET LIENS.

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— CASTEL (Yves-Pascal; L'iconographie religieuse des cadrans solaires du Finistère, 

http://patrimoine.du-finistere.org/art2/index_ypc_cadrans_solaires.html

"Saint Côme et saint Damien, deux frères arabes, médecins de leur état, se voient sur un cadran solaire de Saint-Nic, daté 1614, antérieur de quelques années à peine au cadran de Pleyben. Les patrons des apothicaires fort bien typés, tiennent chacun en main la fiole de médicaments qui est leur attribut. Chose curieuse, pour une œuvre qui montre la maîtrise incontestable de l’artiste, le travail demeure inachevé. On y devine le cercle qui attend un soleil et celui qui attend la lune. On remarque en outre un tracé inversé pour le 6 et le 10 d’avant le milieu du jour (Cornec-Labat, op. cit., p. 93)

— CORNEC (Jean-Paul) LABAT-SEGALEN ( Pierre), 2010, « Cadrans solaires de Bretagne, horolajou heol Breizh » ( Skol Vreizh, nov. 2010).

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Published by jean-yves cordier

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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