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22 juin 2018 5 22 /06 /juin /2018 09:24

L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic : inscriptions lapidaires, de datations et nominatives. De l'intérêt de lire les tildes.

Voir :

Voir sur la commune de Saint-Nic :

L'église :

 

La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :

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— La chapelle Saint-Jean :

 

 

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La lecture de la notice de Couffon et Le Bars consacrée à la commune de Saint-Nic donne accès à divers éléments de datation de l'église paroissiale :

"L'édifice actuel, en forme de croix latine, comporte une nef irrégulière avec bas-côtés de trois travées au nord et de quatre travées au sud, un transept et un chœur profond à chevet plat. Il date de la seconde moitié du XVIe siècle. Du type à nef obscure, il est lambrissé sur sablières sculptées. Les grandes arcades pénètrent directement dans les piliers octogonaux.

Entre deux arcades du côté nord, inscription : "M. LE. PARLAT. FA. 1566." Et sur un pilier du bas-côté sud : "I. C. P. 1536 (?)."

Le clocher, du type cornouaillais à une chambre de cloches sans galerie, porte la date de 1576 ; il fut réparé en juin 1790 par Hervé Chapron, de Pleyben.

Sur le portail ouest en tiers-point et à voussures sous accolade, date de 1570.

Le porche latéral du midi, lambrissé, est daté 1561 sur le gable ; ses sablières sont décorées de chimères et de grotesques. Il renferme douze niches latérales, aujourd'hui vides, pour les Apôtres ; l'une d'elles est datée 1620 ; à l'extérieur, cadran solaire de 1614."

Il faudra y ajouter le reliquaire, daté de 1578. Les vitraux sont estimés (Gatouillat et Hérold) de 1560, 1570 et 1600, avec un élément de 1520 environ.

Tout cela atteste d'une reconstruction très active en 1561 et 1562  (porche sud), puis en 1566 (nef) et se poursuivant entre 1570 et 1576 avant de trouver son achèvement par la commande d'un reliquaire en argent en 1578. C'est  cette aventure que l'examen des inscriptions permet de revivre, tant il est émouvant de découvrir la beauté des calligraphies  ; mais parfois, des détails permettent de mieux connaître les hommes qui ont été les maîtres d'œuvre et les artisans de ces travaux. C'est le cas ici.

 

 

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Les inscriptions du porche sud. 1561 et 1562.

"Le porche latéral, lambrissé, est daté sur le gable de 1561 ; ses sablières sont décorées de chimères et de grotesques. II renferme douze niches latérales pour les apôtres, l'une d'elles est datée de 1620."(Couffon)

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1°) Inscription lapidaire  du tympan du fond du portail sud : 1561.

"La porte de l'église  est dominée par trois statues en bois : au milieu, Saint Roch montrant son genou ; à ses pieds, un petit ange porte une boîte ; à gauche·, Sainte Catherine, appuyée sur sa roue ; à droite, Sainte Marie-Madeleine tenant un vase de parfums, de la forme d'un calice. Au dessous de ces statues, la date: L: M: V"ç: LXI (1561)." (C. Parcheminou)

Les statues ont quitté leurs niches, mais l'inscription demeure :

 

:L: M: V:cc :

: LXI : FFe :

L[an] Mil Cinq cent Soixante-et-un ffe.

J'interprète ainsi  "L'an, 1561 fecit" : "Cela fut fait l'an 1561" .

Inscription en creux en lettres et chiffres gothiques aux hampes bifides, aux fûts perlés ou barrés, avec ponctuation de séparation des mots par deux-points, le dernier deux-point relié par une ligne en S.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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2°) Inscription sur cartouche de la   sablière droite  du portail sud : 1562. 

La sablière, entre deux blochets figurés, est ornée de deux dragons, liés à deux monstres anthropoïdes qui présentent un cartouche.

Voir Les sablières de l'église de Saint-Nic. Le porche sud.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Ce cartouche porte l'inscription gravée en creux (chiffres) et en plein (lettres) :

1562

A F E : AARIA.

(lecture de la ligne inférieure douteuse : AVE MARIA ?? ).

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic : inscriptions lapidaires, de datations et nominatives.

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3°) L'intérieur : inscription lapidaire : 1566.

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Inscription peinte en rouge, en réserve en lettres romaines et chiffres arabes. Ponctuation entre les mots par deux-points. Lettres aux fûts et aux traverses ornées de barres. Utilisation du tilde.

M : LE : PARLÃT : FÃ : 1566.

Cette inscription a été déchiffrée par les auteurs (Abgrall, Parcheminou puis Couffon) sans tenir compte du premier tilde (qui affecte la forme d'un losange et non, comme le second, d'une navette). Ils ont tous lu "M LE PARLAT FA. 1566."

-Le premier est le chanoine Abgrall, dans son article "Inscriptions gravées et sculptées sur les monuments du Finistère", Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1916 :

-Le deuxième est Corentin Parcheminou en 1930.

Puis vient René Couffon dans sa Notice :

 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf

- Les organismes communaux et associatifs ont repris cette lecture :

https://www.saint-nic.fr/eglise-st-nicaise.htm

http://folklore-culture.fr/index.php/patrimoine/eglise-saint-nicaise/

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Pourtant, il est évident qu'il faut rétablir l'abréviation du deuxième tilde : 

M. LE PARLAT FABRICIEN [EN] 1566.

Il est étonnant, au vu de la lisibilité de l'inscription pour tous les paroissiens et tous les visiteurs, et l'importance qu'elle affiche dans l'histoire de la construction de l'église, que personne ne se soit avisé que le patronyme "le Parlat" n'est attesté nulle part en France.

Par contre, si, comme on le doit, nous prenons en compte le premier tilde sana lui tenir rigueur de sa forme en losange, nous obtenons :

"M. LE PARLANT, FABRICIEN EN 1566."

Ce patronyme est attesté à Plomeur (29, près de Pont-L'Abbé) sur la généalogie de Thierry Palud, ou sur celle de Bruno Margelidon (Marie-Catherine LE PARLANT, marié à Yves Biger 1592-1672.

Par ailleurs, Guyon LE PARLANT était Gardien supérieur en 1549 du couvent du Cuburien à Saint-Martin-des-Champs près de Morlaix.

Les amateurs d'histoire locale tiennent donc là une information précieuse, qui pourrait les inciter à une recherche dans les registres et archives de la paroisse. Mais la priorité semble être plutôt l'installation de projecteurs et de radiateurs alimentés de très esthétiques fils polychromes habilement  fixés par de solides cavaliers, soigneusement mis en valeur.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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4°) Face est d'un des piliers sud de la nef : Et sur un pilier du bas-côté sud : "---. 1636" (sous réserve)

Cela corrigerai la lecture de Couffon "ICP 1536"..

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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5°) La tribune : A. ROIGNANT.

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La tribune porte une inscription gravée : 

A : ROIGNANT : CHARP.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Cette inscription,  peut être précisée et  datée : le prénom est vraisemblablement Alain, et l'inscription date environ de 1670.

En effet, c'est en 1670 qu'AL[ain] ROIGNANT FAB[ricien] et CHARP[entier] inscrivit son nom sur les sablières du bas-coté nord de la chapelle Saint-Côme-et Saint-Damien, dans la paroisse de Saint-Nic. Et le même Alain Roignant se chargea de confectionner la  porte nord de la même chapelle, sur laquelle il inscrivit : "AL. ROIGNANT. F. 1675 (ou 1673 ?). (cf. Couffon)

La généalogie D'Eric Lagathu nous permet aussi de préciser qu'Alain Roignant était marié avec Marie LE BIHAN(1629-St-Nic, 7 mai 1690) dont il eut une fille, Marguerite, née le 1er avril 1661 à Saint-Nic.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Une inscription non déchiffrée : celle du clocher.

L'inscription porte, selon Couffon, la date de 1576..

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription de la cloche.

. --FELEC GUEGUENIAL / JE ME NOMME NICOL--

MAIRE LAROUR.

Je ne dispose pas de la liste des maires de Saint-Nic ; en 1789, le maire était Pierre Larour, de Brénalen (celui-ci devint capitaine des grenadiers de la garde nationale de la commune en 1792). L'un de ses 5 adjoints était Corentin Queffelec, de Creac'h Milin. En 1792, le maire se nomme Henri Guegueniat, de Penanvoez, tandis que l'un des officiers municipaux est Jean Larour, du manoir Guermeur. Les successeurs seront Etienne Le Droff, Michel Damoy, [---] Jean Horellou en 1837, 

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Bul. Société archéologique du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1916_0122_0159.html

 

 

— COUFFON (René), Le Bars (Alfred), 1988, 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf

 

 

— PARCHEMINOU ( Corentin), 1930  “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,” 

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf

 

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Published by jean-yves cordier

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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