Estrange estran I : le bigorneau perceur Nucella lapillus Linnaeus 1758, la "Pourpre petite pierre".
Estrange estran I : les aventures à marée basse du bigorneau perceur Nucella lapillus Linnaeus 1758, la "Pourpre petite pierre".
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PRÉSENTATION.
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Qu'on le nomme savamment Nucella ("petite noix") lapillus ("petit caillou"), ou de l'un de ses petits noms familiers comme brelin, pilau, le pourpre, Pourpre de l'Atlantique, Pourpre petite pierre, ce bigorneau est un drôle de coco aux mœurs de vampire qui pénètre chez vous par effraction lors d'un baiser gourmand, vous injecte ses sucs digestifs puis savoure vos chairs dissoutes dans des bruits de succion et des grands aah ! de gastronome comblé.
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Vous ? Oui, vous la moule bleue, la moule commune Mytilus edulis, et vous encore la petite balane étoilée Chthalamus stellatus. Ou même vous les patelles Patella vulgata.
Or, c'est précisément parmi vos colonies, sur les rochers de la zone de balancement des marées (alias "estran"), que ce mollusque gastéropode de la famille des Muricidae (famille de teinturiers produisant la pourpre rouge violacée) vient effrontément pondre ses œufs.
Le professeur Lavieb a réuni ici les preuves photographiques des mœurs de cet Arsène Lupin
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https://doris.ffessm.fr/Especes/Nucella-lapillus-Pourpre-petite-pierre-1359
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nucella_lapillus
https://codexvirtualis.fr/codex/cabinet-de-curiosites-virtuel/images-insolites-instructives/un-trou-dans-une-coquille
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I. LES OUTRES CONTENANT LES OEUFS.
Le Pourpre petite pierre met tous ses œufs dans les mêmes paniers : l'accouplement des mâles et des femelles par copulation a lieu dès l'hiver ou au printemps et la ponte des œufs est encapsulée dans de petites outres rondes d'environ 7 à 8 mm de hauteur. "Chaque femelle en dépose une quinzaine et les pontes des différentes femelles sont regroupées. Ces outres sont cylindriques, jaunes ou rosées, et fixées par paquets dans les crevasses ou sous les rochers. Chacune d'elles contient quelques centaines d'œufs mais un tout petit nombre seulement parviendra à maturité., les autres servant de nourriture aux jeunes larves,.
Les embryons encapsulés montrent une forte croissance ,la taille des œufs fertilisés est d’environ 180 μm. Ils mesureront entre 760 et 1 250 μm à leur émergence de la capsule pour un poids compris entre 50 et 180 μg. La durée du développement embryonnaire varie de 50 à 80 jours en fonction notamment de la température La jeune pourpre naît parfaitement formée et mène immédiatement sa vie benthique. Elle atteint sa maturité sexuelle au cours de sa troisième année.
Dès février, les rochers se sont couverts ici de taches roses, jaune et fuschia dans les failles et rebords que les moules n'avaient pas colonisés
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II. LES BIGORNEAUX EN TRAIN DE PERCER LES MOULES ET LES BALANES.
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"Nucella lapillus est un gastéropode dont la coquille est épaisse et enroulée sur elle-même. On dénombre jusqu'à cinq tours de spire, la spire terminale représentant les trois quarts de la longueur de la coquille qui, chez l'adulte, est d'environ quatre centimètres.
On note la présence d'un canal siphonal court et profond.
Le rebord externe, le labre, est incurvé et lisse chez les jeunes individus et épais et crénelé à l'intérieur chez les adultes.
La coloration est très variée et va du blanc au jaune en passant par le gris et le brun, avec parfois des bandes colorées épaisses sur l'extérieur. L'intérieur peut prendre différentes teintes : orange, violet, blanc, et la zone crénelée est blanche.
On rencontre deux formes : l'une lisse et l'autre côtelée. Il n'y a pas en général de protubérances ni d'épines." (DORIS)
Sitôt majeur, nos escargots s'établissent chacun sur un rocher à sa convenance . Puis, par reptation, ils se déplacent vers une proie et se mettent à table, appliquant leur pied sur une valve .
Ils possèdent en effet un appareil buccal, la radula, sorte de lame dentée agissant comme une râpe, contenue dans une trompe protractile ou rétractile. Le perceur se fixe par son pied à la valve supérieure du bivalve. Sa trompe étant appliquée en général à l'endroit du muscle adducteur, l'animal se livre à un mouvement alternatif de rotation. La radula taraude la coquille, dont les débris sont ingérés.
L’alternance des phases chimique et mécanique aboutit à la formation d’un orifice circulaire dans la coquille. Le processus demande 8 heures pour une coquille épaisse de 2 mm. Lorsqu'elle est perforée le Pourpre introduit son proboscis à travers la coquille. La radula, par ses mouvement, râpe les tissus de la proie et en détache de petits fragments. Ils sont aspirés par le complexe buccal et entraînés dans le tube digestif par le battement des cils œsophagiens.
Le proboscis permet ainsi à l’animal de puiser sa nourriture à l’intérieur de la coquille.
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L'ouverture ovale est fermée par un opercule corné.
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Le trou dans les coquilles de moules.
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Différents bigorneaux perceurs.
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On lira ailleurs (site DORIS) comment Nucella lapillus est un marqueur de la pollution par Tributylétain TBT engendré par les antifouling (peintures sous-marines des coques des navires). Et plein d'autres choses passionnantes.
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EN BONUS : LITTORINA OBTUSATA, LE "BIGORNEAU JAUNE".
Il broute au moyen de sa radula rapeuse les algues microscopiques de la surface des fucus.
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