La Zygène du trèfle
L' Écaille roussette
La Mi
La Citarie verdâtre
La Citarie à bec
Le Cloporte ?
L' Écaille fermière
Le Ptérophore blanc
La Cabère virginale
Le Céladon
L' Écaille tigrée
L' Avrilière
Le Phalène du Noisetier
L' Herminie grisée
La Timandre aimée
La Noctuelle à museau
L' Impolie,
La Phalène sillonnée
L'Ecaille rosette
Le Hibou,
......sous toutes réserves.
J'ai débuté mes observations de juin par une énigme : comptant les points de toutes les zygènes que je voyais (finalement, qu'est-ce-qu'il y en a !) pour trouver, comme le trèfle à quatre feuille, un individu à six points, je trouve ceci :
Qu'est-ce-que c'est encore ? Je croyais que dans le Finistère nous n'avions que deux zygènes, celle du tréfle et celle de la filipendule, vite à mes bouquins !
Mais ce n'est pas la romeo
pas la carniolica
pas la minos
pas la sardepon
pas la purpuralis
pas la fausta
pas l' osterodensis
pas la loti
mais alors c'est qui?
J'm voyais déjà en haut de l'affiche Et dix fois plus gros que n'importe qui mon nom s'étalait
J'm voyais déjà baptisant une nouvelle espèce Moi premier zig venu je l'aurai appellé ma Zygène primo zigii
Je voyai déjà le site de Goulien accueillant les entomologistes puis les naturalistes puis les touristes sur la Station de Z.primozigii, une découverte incroyable par un simple promeneur, l' équivalent de la grotte de Lascaux découverte par Marcel Ravidat et son chien Robot... aussi célèbre que le chien Robot, on est obligé de construire un fac-similé de la plage de Goulien, "Goulien II", alors que la station de Z;primozigii devient un sanctuaire inviolable ... Et pourquoi ne pas réaliser un fac-similé de chacune de nos plages, en béton et polyester avec du faux sable pour les châteaux, des fausses vagues pour les long-boards et les kite-surf, du vent par turbine pour les cerfs-volants et les planches à voile, des coquillages cachés par les employés pour être retrouvés par les amateurs de pêche à pied, des kilomètres de béton gravillonné et de beau sable fin pour les serviettes et les parasols, le beach volley et les promeneurs de chien. Il y aurait le bruit de la mer, les cris d'enfants et des rires enregistrés tout comme à la télé; On mettrait des oeufs de gravelot dans les cailloux et des bécasseaux mécaniques qu'on pourrait faire envoler pour s'amuser : les plages redeviendraient ces espaces naturels indispensables et les oiseaux pourraient venir s'y reposer et s'y alimenter en paix...
Mais non, cette zygène n'est ni zigii ni imbeciliiii :
C'est la trifolii ...à priori. Les livres que j'ai ouvert ne montrent cette zygène qu'avec ses cinq points bien espacés et non avec cette figure en forme de forcola,la dame de nage des gondoles de Venise...
C'est sur "lepinet.fr, les carnets du lépidéptoriste français" que je trouve l'information : Z.trifolii présente souvent des taches aux formes confluentes. Et j'y trouve aussi des photographies qui correspondent bien à mon observation.
Mais comme rien n'est simple, cette Z. peut être confondue avec la Z.filipendulae à cinq taches : si si, ça existe, et on peut aussi se tromper avec Z.lonicerae, sauf si les antennes sont moins effilées et si la bordure des ailes postérieures est moins régulière. Comble : "les genitalia des deux espèces sont identiques".
Ah les genitalia! C'est pourtant le moyen quasi infaillible pour se prononcer, et Alain Ramel sur aramel.free nous le rappelle, : "seules l' observation sous la loupe binoculaire et éventuellement la dissection des génitalias permettent d'identifier certains insectes."
Le recours au latin pour désigner les organes reproducteurs, recours utilisé aussi pour l'accouplement où on parle d'insectes "in copula" relève-t-il de la même protection défensive que Sigmund Freud utilisait à son insu pour mettre à distance les affects embarrassants? On sait comment il utilisa l' expression "matrem nudam" dans une des premières lettres à Fliess pour raconter comment il avait aperçu sa mère nue lors d'un voyage en train quand il avait trois ans, et André Haynal y voit une technique inconsciente pour adoucir l'impact affectif subjectif dangereux par l'utilisation d'une langue étrangère ou par celle d'un terme scientifique destiné à objectiver une affectivité.
Comme je ne n'envisage pas de compléter la longue-vue et le mode macro de mon APN par un matériel de dissection , un speculum et une loupe binoculaire, j' attribue d'autorité à ma zygène le titre de trifolli : qu'elle soit du trèfle et qu'elle y reste jusqu'à preuve du contraire, ductus ejaculatorius ou germarium en main.
La voici donc, telle qu'en elle-même Dame nature l'a faite :
Voilà la même zygène du trèfle, dans sa robe à pois de tous les jours :
Et voilà sa chenille, ou une chenille de zygène vue juste à coté de ces Z.Trifolii :
Cette chenille m'incite à décrire le cycle de vie d'une zygène.
Après l'accouplement, la femelle cherche avec ses antennes l'odeur de la plante-hôte. Elle choisit soigneusement une feuille et y dépose ses oeufs, qu'elle a entourée d'une substance gluante pour qu'ils y adhèrent bien. Après trois jours d'incubation, une toute petite chenille sort de l'oeuf, en mange la coquille puis racle la surface de la feuille pour se nourrir. Pendant trois semaines elle mange et elle mange et elle mange tant de feuilles qu'elle grossit et qu'elle doit changer plusieurs fois de costumes lors de mues successives. Au terme de ces trois semaines, elle voit que tout cela est bon et elle se repose : c'est la diapause hivernale, une sorte de jeun rituel, où elle vit cachée.
Tous les papillons s'arrétent ainsi dans leur développement et interrompent leur métabolisme en attendant des jours meilleurs : certains au stade d'oeuf, d'autres au stade de chenille, de chrysalide ou de papillons.
Au printemps la chenille de zygène sort donc de sa grasse matinée et grimpe sur la tige de la graminée la plus proche; elle y accroche très solidement l'extrémité de son corps en utilisant ses glandes salivaires puis met en marche ses glandes séricigènes (productrices de soie) pour y tisser un beau cocon, un tipi écologique en parchemin dans laquelle elle se retire comme le grand Achille sous sa tente :c'est la nymphose.
La chrysalide perce le cocon par se contorsions et se dégage à moitié.
Enfin le papillon -l'imago- se libère de sa carapace et s'envole à la recherche du partenaire avec lequel il s'accouplera au plus tôt.
Place aux images :
Toutes ces photographies ont été prises au même endroit, près de l'étang de Pontavennec, sur une aire de dix mètres carrés riche en joncs (juncus effusus ?) qui avait dû bénéficier d'une ponte copieuse. J'ai rapproché les différents stades des métamorphoses en jouant sur la prise de vue.
Des papillons noirs à taches rouges, vous en voulez encore ? Pour les vampires,nous avons en rayon aujourd'hui la Goutte-de-sang: je lui trouve (c'est une obsession) un coté très zygène-turquoise, avec sa grande cape et sa capuche à fourrure, mais c'est une Écaille : Tyria jocobaeae, c'est à dire de la jacobée ou séneçon. Les écailles font partie de la famille des Arctiidae (de arctos, l'ours : l'ours brun c'est Ursus arctos, les continents arctique et antarctique sont les pays des ours)
C'est beau en train de poser pour la photo, mais en vol c'est une splendeur : l'écaille ouvre ses ailes et laisse voir ses ailes postérieures qui sont rouge uni. J' ai vu passer ce grand fantôme gris et carmin et je l'ai poursuivi, mais il est venu se réfugier en plein milieu des grands joncs très pointus pour me compliquer l'existence. J'ai été récompensé mais j'étais transformé en Saint -Sébastien transpercé par les flèches.
Passons à une autre écaille, l' Écaille roussette, qui est bien belle aussi : le mâle du moins est somptueux, majestueux dans son grand manteau jaune. On le nomme Bordure ensanglantée ou Écaille à bordure amarante pour designer l'élégance des décorations liminales d'un rose soutenu. La femelle est plus menue et discrète, si bien que je ne l'ai pas remarquée : la prochaine fois je serai plus attentif.
Quittons les écailles et leurs couleurs vives dites aposématiques destinées à avertir les prédateurs que ces papillons sont déconseillés à la consommation pour nous tourner vers ceux qui ont opté pour le camouflage. En mai j'avais observé la Doublure jaune: dans la même famille des Euclidiini se trouve la Mi, ou M noir, Callistege (Euclidia) mi.
Drôle de papillon de nuit qui butine en plein soleil et se repose la nuit.
Dans la série camouflée, j' ai trouvé deux citaries
La Citarie verdâtre
Et la Citarie à bec
Le papillon suivant est peut-être un Cloporte, Heterogenea asella, ainsi nommé en raison de la forme de sa chenille, qui se nourrit des feuilles des chênes et hètres : un bombycoïde de la famille des Limacododae, comme la Tortue, apoda limacodes.Je ne retrouve pas sur mon papillon les deux lignes sombres divergentes de la Tortue (quoique...), et sur Lepinet cette dernière n'est pas mentionnée dans le Finistère alors que le Cloporte y est signalé : arguments non définitifs. Observé à Pontavennec, St Renan, le 5 juin 2010.
L'Ecaille fermière, ou villageoise.
Gourmand, ce mâle d' Arctia villica, ou Epicallia villica, s'est laissé piéger dans le fond d'un bocal de compote vide, qui devait encore diffuser des parfums assez attractifs pour attirer notre écaille dans la cuisine.
C'est donc le premier papillon que je photographie alors qu'il n'est pas vivant, et je souhaite bien que cela reste l'exception.
Le Ptérophore blanc.
Ce papillon, Pterophorus pentadactylusLinnaeus 1758 de la super-famille des pyraloïdes à laquelle appartient la plupart des ravageurs des graminées et des farines est un hôte crépusculaire et nocturne des jardins. Son nom ne signifie pas porteur (phore) d'ailes (ptére), ce qui le qualifierait mal parmi les papillons, mais porteur de plumes, car -ptére signifie aussi en grec "plume".
En effet, il est doté d'ailes plumeuses.
Sa chenille affectionne les liserons.
Le qualificatif de pentadactyle, muni de cinq doigts, fait sans-doute allusion aux éperons de ses longs tibias.
Il est difficile à photographier la nuit surtout si on ne dispose pas de flash perfectionné du fait de sa blancheur uniforme.
La cabère virginale
Le Céladon, Campaea margaritata.
L' Ecaille tigrée, ou Ecaille de la menthe, Spilosoma lubricipeda.
L'Avrilière : Moma alpium
En anglais: " Scarce Merveille du jour "
La Phalène du Noisetier, l' Angéronie du prunier, Angerona prunaria.
L'Herminie grise, Herminia grisealis.
Observée le 23 juin ; doute possible avec l' Herminie de la ronce.
La Timandre aimée, Timandra comae.
La Noctuelle à museau, Hypena proboscidalis
L' Impolie : Idaea aversata.
La Phalène sillonnée, Hemithea aestivaria.
Je l'identifie sur la coloration en damier noir et blanc de ses franges, et sur la coloration de son abdomen, pour écarter la phalène du thym.
L'Ecaille rosette, Miltochrista miniata.
Le Hibou, Noctua pronuba.
C'est un timide : attiré par ma lampe, il se cache vite dans un coin d'ombre et y reste. Dérangé, il écarte ses ailes pour m'effrayer, et je découvre ses ailes postérieures orange avec une bande noire : je lui cours après pour qu'il refasse le coup devant la caméra, mais il repart se cacher... Je ne parviens pas à le photographier ailes écartées, en entier.
Il existe une espèce assez semblable, la Hulotte : espèrons que j'ai fais le bon choix.