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30 mai 2015 6 30 /05 /mai /2015 09:19

La caisse d'instrument de musique de Hans-Jacob Fugger. La musique à Munich en 1570.

Suite des articles sur la musique à la cour de Bavière d'après les enluminures de Hans Mielich :

La "Chapelle de cour" du duc Albert V et les musiciens de Roland de Lassus, dans le Mus. Ms. A. "Hofkapelle" et Orlando de Lassus. Deuxième partie : la Hofkapelle ou Musique de cour de Roland de Lassus, instrumentistes et instruments.

La chapelle de cour du duc Albert V, dans le Mus. Ms. A. Première partie: la Salle St-Georges et la Chapelle.

Mirabar solito dans le livre de chœur enluminé Mus. Ms B. de Munich.

Autoportrait de Hans Mielich : Ne Sutor Ultra Crepidam.

Autoportrait de Hans Mielich et portrait de Roland de Lassus : le Mus. Ms. A. I et II.

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Sur la gravure de Nicolas Solis des Noces de Guillaume de Bavière et de Renée de Lorraine à Munich en 1568, déjà examinée ici pour la comparer à l'enluminure de la Salle Saint-Georges de la Résidence de Munich par Hans Mielich, on remarque derrière les musiciens et le meuble portant un orgue (Positif) une caisse d'instruments de musique. Des trombones et d'autres instruments y sont posés.

Nicolas Solis, Le Banquet de Noces de Guillaume de Bavière et de Renée de Lorraine (détail).

Nicolas Solis, Le Banquet de Noces de Guillaume de Bavière et de Renée de Lorraine (détail).

Barra Boydell (1978) a fait le rapprochement entre cette caisse, et celle qui est décrite dans un manuscrit du banquier d'Augsbourg Hans-Jacob Fugger rapporté par Bertha Antonia Wallner, “Ein Instrumentenverzeichnis aus dem 16. Jahrhundert,” in Festschrift zum 50. Geburtstag Adolf Sandberger (Munich: Hof-Musik-Verlag von Ferdinand Zierfluss, 1918), 275–85.

 

 

Cet Inventaire  est rédigé de la main de Johann (Hans) Jakob Fugger, alors conseiller et directeur artistique de la musique à la Cour de Bavière à Munich. Il est accompagné par une lettre datée du 26 Mars 1571, adressée par Wilhelmo Olivo à Anvers Johan de Porta à Bruxelles, et offrant les instruments à la vente. B. Wallner fait valoir que l'inventaire et la lettre sont tous les deux traduites de l'italien.

 

V[er]Zaichnus d[er] Instrument Truhen: VerZaichnis der Instrument Truhen, so der Bassani brueder gemacht haben, mit gar schönen vnd guetten Instrumenten, so für einen yeden großen Herrn vnd Potentaten tauglich wern vnd ist gemelte Truhen Inwendig durchaus mit rottem Tuch gefuetert, vnd die Instrument volgender gestalt darein geordnet. Erstlich zwen große Baß von vier Clauibus, seind am Poden der Truhen angemacht, vnd so lang als die gantz Truhen. Item zwen andere Baß von gar guetter Harmonie, welche gegen den obgemeldten Zwen großen Baß gleich wie Tenor seind, vnd an der Seitten der Truhen angemacht werden. Item Zwen Discant, die seind aber gleich mitten in der Truhen angemacht, vnd schöner als khain diaspro Item 4 Tenor von großen Pfeiffen, seind zu obrist mitten an der Truhen angemacht. Item zwen klaine Baß von ainem Claue seind mitten an der Truhen. Item noch ein klainer Baß mit zwen Clauibus auch mitten an der Truhen angemacht. Item am Boden Hinden an der Truhen ist ein großer Halber Baß von einem khrummen Zinggen, gar einer großen resonantz angemacht. Deßgleichen seind vnden ob diesem yetzt gemeldten noch Zwen Baß von khrummen Zinggen mit clauibus. Item oben am luckh ist ein Teütsche Schwegl von Helffenpain angemacht, vnd mit gold geZiert, vnd gar schön zu sehen. Deßgleichen seind auch oben an dem Lueckh vier khrumme Zinggen mit Ihren Claubius, vnd noch drey die kheine Claues haben, alle von gar großer resonanz, angemacht. Item an gemeltem luckh seind noch 12 khrump Hörner, nemblich Discant, Tenor, Baß, ContraBaß, vnd halbe Baß, alles gar schöne herrliche und guette Instrument, mit Ihren clauibus. Und letzlich seind Zuuorderist am Poden vnd an den seitten gemeldter Truhen 9 Fletten mit geraden löchern, außgenommen die Baß, welche dann gar schön und guett sind. Alle dise Instrument khan mann in gemeldter Truhen allenthaben Hintragen, wo mann will, so wol seind sy Zusamen gericht. vnd zum vndrist am Boden der Truhen ein klaines Trühel 37 hineingemacht, in welchem die Rörlein ligen, so zu gemeldten Instrumenten gehören, und khan von disen 45 Instrumenten neunerley Musikh gemacht, vnd volgendts alle miteinander auf dem gemeinem Tonum der Orgel accordirt und zusamen gericht werdern.

 

" [Inventaire de la caisse d' instruments, que les frères Bassano ont fait, avec de très beaux et de bons instruments, tels qu'ils conviendraient à chaque grand Seigneur et potentat, et ladite caisse est doublée à l'intérieur tout au long de tissu rouge, et les instruments y sont répartis de la manière suivante: 

Tout d'abord, deux grandes basses (probablement de chalémie) avec quatre clefs, qui sont fixés à la partie inférieure de la caisse, et qui sont aussi longs que la caisse. Item, deux autres basses (de chalémie) de très bonne sonorité, qui sont comme des ténors aux deux grandes basses mentionnées ci-dessus, et sont mis sur les côtés de la caisse.

 Item, deux discants (de chalémie), qui sont mis au milieu de la caisse, et plus belle que tout le jaspe. Item, quatre ténors de grands tuyaux (probablement des chalemies également), qui sont mis dans la moitié supérieure de la caisse.

De même, deux petites basses avec une clé, qui sont au milieu de la caisse. Item, un autre petit basse avec deux clés, également mis au milieu de la caisse.

 De-même, sur le fond à l'arrière de la caisse est fixée un grand cornet courbe demi-basse d'une très grande résonance. De même, ci-dessous, sur le mentionné ci-dessus sont encore deux cornets courbes basse avec des clés. 

Item, ci-dessus en haut (ou dans le couvercle) un tuyau (ou une flûte) d'ivoire est disposé, et décoré avec de l'or, et très beau à voir. De même, également au-dessus en haut (ou dans le couvercle) sont mis quatre cornets courbes avec leurs clefs, et trois autres qui ont pas de clé, tous de grande résonance.

 De-même, dans l'intervalle mentionné ci-dessus sont également douze cromornes, à savoir discant, ténor, basse, contrebasse, et  demi-basse, tous instruments, très beaux, magnifiques, et  bons, avec leurs clefs.

 Et enfin à l'avant sur le fond et sur les côtés de la caisse il y a neuf flûtes à bec avec trous en ligne droite (ou peut-être: avec perçages droits), à l'exception de la basse, et qui sont très beaux et bons. 

On peut transporter tous ces instruments partout dans ladite caisse, comme on le souhaîte, car ils sont très bien disposés ensemble. Et en dessous de la caisse est intégré un petit étui, dans laquelle se trouvent les accessoires qui appartiennent à ces instruments, et à partir de ces quarante-cinq instruments, neuf genres de musique peuvent être faits, et ils sont donc tous classés ensemble"

Traduction d'après la traduction anglaise du site

http://www.instantharmony.net/Music/inventoriesto1630.pdf

provenant de David Lasocki et Roger Prior, The Bassanos: Venetian Musicians and Instrument Makers in England, 1531–1665 (Aldershot: Scolar Press; Brookfield, VT: Ashgate, 1995), 213. 

Les constructeurs de ces instruments sont les cinq frères Bassano, Vénitiens (plus exactement de Bassano dal Grappa) émigrés en Angleterre dans les années 1540 à la cour de Henri VIII. Avec leurs cousins, les Laniers, ils appartiennent aux deux familles qui dominèrent la musique de cour en Angleterre de 1530 à 1665. Ce sont les fils  de Jeronimo Bassano (Antonio, Jacomo, Alvise, Jasper, Giovanni et Battista).

Ce document est intéressant pour l'interprétation de l'enluminure de Hans Mielich montrant la formation musicale de Roland de Lassus en 1570, puisque d'une part le banquier Hans-Jacob Fugger, grand mécène des arts et notamment de musique, est alors le directeur musical du duc Albert V, et que d'autre part son bibliothécaire le médecin Samuel Quickelberg est étroitement impliqué dans la réalisation des manuscrits musicaux des Motets de Cipriano de Rore et des Psaumes pénitentiels de Roland de Lassus : il est permis de penser que la collection d'instruments de H.J. Fugger est très proche de celle de la cour de Bavière. La même année où Fugger proposait à la vente sa caisse d'instruments, en 1571, sa faramineuse bibliothèque —  contenant la bibliothèque de Hartmann Schedel—, fut rachetée par le duc Albert V et constitua  (avec la bibliothèque de Johann Albrecht Widmannstetter en 1558) le fond de la bibliothèque de cour des Wittelsbach, avant dêtre celui de la Bayerische Staatsbibliothek : peut-être Albert V a-t-il acheté aussi la caisse de musique ?

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Hans-Jacob Fugger mécène des musiciens.

Hans-jacob Fugger ( 23. Dezember 1516; † 14. Juli 1575 à Munich), fut, avec son frère Ulrich, un prodigieux mécène des arts. 

 Quelques faits :

 – Sigmund Salminger lui dédicacea dès 1545 un recueil de motets.

en 1533, Senfl envoya à Luther sa messe Nisi Dominus, qu'il avait composée peu de temps auparavant pour Hans Jakob Fugger.

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Les Fugger, collectionneurs d'instruments de musique : la collection de Raymond Fugger.

Hans-Jacob et Ulrich sont les fils de Raymond  Fugger von der Lilie (1489–1535). On dispose de l'inventaire des instruments de musique qu'il possédait: 

 

Volgen hernach die Pfeiffen. Fletten. Schalmeyen. Corneti. Kromhörner. vnd d[er]gleichen. Erstlich, ain groß Fueter darin 27 Fletten. groß vnd klain Im Engelandt gemacht worden. ... 8 Zwerch Pfeiffen in Irem Fueteral. ... Mer 8 Flettenn auch in ainem Fueter. ... 2 Zwerch Pfeiffen. vnd 5 Fletten von helffenbein In seinen Fuettern. ... 1 Fueteral von 10 Fletten von Oliuen Paum. 1 Fueteral von 8 Zwerch Pfeiffen d[er]gleichen. ... 1 Fueteral von 5 Zwerch Pfeiffen von Ebano Holtz. ... 1 Fueteral von 4 Zwerch Pfeiffen. von schwartzem Holtz. ... 1 Muda mit 9 Fletten Columnen in einem schwartzen Trüchle mit Leder vberzogen. 1 Fueter von 5 Fletten von Ebano. 1 Fueter mit 5 Pfeiffen mit Silber beschlagen so eines veldt Pfeiffers gewesen. ... 1 Fueter mit 7 gueten Fletten. 1 Fueter mit 8 gueten Zwerchpfeiffen.

Richard Schaal, “Das Musikinstrumentensammlung von Raimund Fugger d. J,” Archiv für Musikwissenschaft 21 (1964): 212–16,  et  Douglas Alton Smith, “The Musical Instrument Inventory of Raymund Fugger,” Galpin Society Journal 33 (1980): 36–44.

"Là suivent les flûtes, flûtes à bec, cornets, chalémies, et assimilés. D'abord une grande caisse, dans laquelle se trouvent 27 flûtes à bec, grandes et petites, faites en Angleterre. 8 flûtes traversières dans leur boîte.  En outre, 8 flûtes à bec également dans leur boîte. 2 flûtes traversières  et 5 flûtes de Helssenbein dans leurs étuis. Une boîte de 10 flûtes en bois d'olivier. Une boîte de 8 flûtes traversière de même (bois?). Une boîte de 5 flûtes traversières en ébène. Une boîte de 4 flûtes traversières de bois noir. Un set de 9 flûtes-colonnes ? dans une boîte noire recouverte de cuir. Une boîte avec 5 flûtes à bec d'ébène. Un étui avec 5 fifres décorés d'argent, possédé auparavant par un fifre de l'armée. Une boîte avec 5 bonnes flûtes à bec. Une boîte avec 7 bonnes flûtes. Une boîte avec 8 bonnes flûtes traversières. "

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D'autres inventaires d'instruments :

sur le site http://www.instantharmony.net/Music/inventoriesto1630.pdf

 

Hans Jakob Fugger, to whom Sigmund Salminger dedicated a collection of motets as early as 1545

en 1533, Senfl envoya à Luther sa messe Nisi Dominus, qu'il avait composée peu de temps auparavant pour le banquier Hans Jakob Fugger d'Augsbourg.

La Bayerische Staatsbibliothek a été fondée avec l'achat de la bibliothèque de Johann Albrecht Widmannstetter en tant que bibliothèque de la cour desWittelsbach en 1558 par le duc Albrecht V. En 1571, la collection de Johann Jakob Fugger, contenant la bibliothèque de Hartmann Schedel, y a été ajoutée.

Le livre secret d'honneur de la famille fugger http://www.wdl.org/fr/item/8920/

histoire de la famille Fugger est souvent perçue comme la plus prestigieuse de la Renaissance allemande. À ses débuts, durant la seconde moitié du XIVe siècle, elle était constituée de tisserands, puis elle évolua rapidement en famille de marchands, banquiers et membres de la noblesse prospères, culminant avec Jakob Fugger dit le Riche (1459–1525) et Anton Fugger (1493–1560). Elle est considérée comme la famille la plus riche de son époque, bien que les prêts qu'elle accorda aux Habsbourg dans les années 1560 provoquèrent pratiquement sa faillite. La dynastie des Fugger existe encore aujourd'hui comme famille de la noblesse allemande. En 1545 environ, Johann Jakob Fugger (1516–1575) commanda ce manuscrit détaillant la généalogie de sa famille jusqu'à son époque. La recherche généalogique et la compilation des textes ont été réalisées par l'appariteur, archiviste et entrepreneur Clemens Jäger (1500–1560 env.). L'enluminure du manuscrit, notamment les portraits somptueux des membres de la famille, les emblèmes héraldiques et les motifs ludiques et détaillés des bordures, fut réalisée dans le grand atelier d'Augsbourg de Jörg Breu le Jeune (1510–1547 env.) et achevée vers 1548. Contrairement au reste de la bibliothèque de Johann Jakob Fugger, qui fut vendu au duc Albert IV de Bavière en 1571, ce manuscrit resta en possession de la famille pendant plusieurs siècles et fut même mis à jour au cours du XVIII e siècle. Ce n'est qu'en 2009 que la famille Fugger le vendit à la Bibliothèque d'État de Bavière. Cette acquisition fut possible grâce au concours financier généreux de la Fondation Ernst von Siemens pour l'art.

http://www.wdl.org/fr/item/8914/ : les portraits de la famille Fugger

En 1593, les membres de la célèbre famille Fugger demandèrent au graveur Dominicus Custos (1550–1612 env.) d'Augsbourg de réaliser cette ambitieuse collection de portraits de famille. En utilisant des portraits existants comme modèles, Custos termina la première édition des portraits en 1593. Après sa mort, ses gendres Lukas Kilian (1579–1637) et Wolfgang Kilian (1581–1662) agrandirent la collection et la mirent à jour, remplaçant les portraits de certains membres de la famille par de nouvelles gravures où ils apparaissaient avançant en âge. Cette nouvelle édition fut publiée en 1618. La copie présentée ici fut achetée auprès de la famille Fugger par la Bibliothèque d’État de Bavière en 2009 et fait désormais partie de ses biens. L'ouvrage contient 138 gravures, représentant les éditions complètes de 1593 et 1618, ainsi que deux addenda issus de l'édition de 1620. Toutes les gravures furent coloriées à la main par un artiste inconnu. Les Fugger étaient une dynastie de marchands et de banquiers allemands dont les origines remontent à Hans (Johannes) Fugger (1348–1409), un tisserand d'Augsbourg. Cette famille domina les affaires européennes aux XVe et XVIe siècles, et exerça une grande influence politique grâce aux prêts qu'elle accorda aux rois et empereurs, d'Henri VIII en Angleterre à la Maison de Habsbourg.

SOURCES ET LIENS :

 

 

— BERGQUIST (Peter), éditeur, 19901,The Seven Penitential Psalms and Laudate Dominum de caelis Par Orlando di Lassus

https://books.google.fr/books?id=NWPdOJWL0CMC&pg=PR19&lpg=PR19&dq=Seghkein&source=bl&ots=OMXz8sby0r&sig=eTNBm7zMdg3I8N5AQTwYOIREJqg&hl=fr&sa=X&ei=eRJSVcCcJ4KBU9fxgdgN&ved=0CEIQ6AEwBw#v=onepage&q=Seghkein&f=false

 

— BOYDELL (Barra) 1978, "The Instruments in Mielich's Miniature of the Munich "Hofkapelle" under Orlando di Lasso. A Revised Identification," Tijdschrift van de Vereniging voor Nederlandse Muziekgeschiedenis Deel 28, No. 1 , pp. 14-18 in  Koninklijke Vereniging voor Nederlandse Muziekgeschiedenis
Article Stable URL:http://www.jstor.org/stable/938948

 

 ERAS (Rudolf), 1963, Zur Deutung von Mielichs Bild der bayerischen Hofkapelle, in: 

Die Musikforschung 16 (1963)  page 363-367, http://www.jstor.org/stable/41115586

 

— FREI (Walter) 1962, "Die bayerische Hofkapelle unter Orlando di Lasso: Ergänzungen und Berichtigungen zur Deutung von Mielichs Bild" in Die Musikforschung, 15. Jahrg., H. 4 (octobre-décembre 1962), pp. 359-364 http://www.jstor.org/stable/41115442 

 

 

— SCHALL (Richard) 1964,     "Die Musikinstrumenten-Sammlung von Raimund Fugger d. J". Archiv für Musikwissenschaft 21. Jahrg., H. 3/4 (1964), pp. 212-216 , Franz Steiner Verlag

 URL:http://www.jstor.org/stable/930328

 

— SCHERPEREEL (Joseph) 2006 "Compte-rendu de Musikinstrumentenverzeichnis der Bayerischen Hofkapelle von 1655. Faksimile, Transkription und Kommentar by Bettina Wackernagel",   Revue de Musicologie T. 92, No. 2 (2006), pp. 414-416 Société Française de Musicologie http://www.jstor.org/stable/20141683

 

 SCHÜTZ (Lieselotte) 1966 Hans Mielichs Illustrationen zu den Busspsalmen des Orlando di Lasso

Munich., 1966 - 147 pages. Thèse soutenue en 1967. Non consulté.

— SCHWINDT (Nicole) 1996, "Hans Mielichs bildliche Darstellung der Münchner Hofkapelle von 1570"

Acta Musicologica Vol. 68, Fasc. 1 (Jan. - Jun., 1996), pp. 48-85  International Musicological Society
URL: http://www.jstor.org/stable/932680

 

 SMITH (Douglas Alton) 1980, "The Musical Instrument Inventory of Raymund Fugger" The Galpin Society Journal Vol. 33, (Mar., 1980), pp. 36-44 Galpin Society

 URL:http://www.jstor.org/stable/841827

 

— TROIANO ( Massimo Troiano), 1569,  Dialoghi, ne'quali si narrano le cose piu notabili fatte nelle nozze dello Venise, Bolognino Zaltieri, page 42-47, 

 https://books.google.fr/books?id=JtNcAAAAcAAJ&pg=RA1-PT18&dq=stopio+nicolo&hl=fr&sa=X&ei=67VAVbD_Fcfiaor6gLgB&ved=0CE4Q6AEwBw#v=onepage&q=stopio%20nicolo&f=false

— TROIANO ( Massimo) 1569 Discorsi delli triomfi, giostre, apparati, e delle cose piu notabile fatte nelle sontuose nozze dell' illustrissimo & eccelentissimo Signor Duca Guglielmo. primo genito del generosissimo Alberto quinto, Conte Palatino del Reno, e Duca della Bauiera, alta e bassa, nell' anno 1568 a 22. di Febraro. Compartiti in tre libri, con una dialogo, della antichita del felice ceppo de Bauiera. Alla serenissima Regina Christierna Danismarchi  ...Montano page 67-68 et 165

https://books.google.fr/books?id=TzRgAAAAcAAJ&dq=de+rore+stopio&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/?c=viewer&bandnummer=bsb00024645&pimage=00001&v=100&einzelsegmentsuche=&mehrsegmentsuche=&l=it

 

 —  WACKERNAGE(Bettina), 2003, Musikinstrumentum-Verzeichnis der Bayerischen Hofkapelle von 1655, Faksimile, Transkription und Kommentar, Tutzing, Hans Schneider, 2003.

WALLNER ( Bertha Antonia) , “Ein Instrumentenverzeichnis aus dem 16. Jahrhundert,” in Festschrift zum 50. Geburtstag Adolf Sandberger (Munich: Hof-Musik-Verlag von Ferdinand Zierfluss, 1918), 275–85.


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Published by jean-yves cordier - dans Mielich
15 mai 2015 5 15 /05 /mai /2015 10:23

La "Chapelle de cour" du duc Albert V et les musiciens de Roland de Lassus, dans le Mus. Ms. A. "Hofkapelle" et Orlando de Lassus. Première partie : la Salle St-Georges et la Chapelle.

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Cet article poursuit la série suivante :

Mirabar solito dans le livre de chœur enluminé Mus. Ms B. de Munich.

Autoportrait de Hans Mielich : Ne Sutor Ultra Crepidam.

Autoportrait de Hans Mielich et portrait de Roland de Lassus : le Mus. Ms. A. I et II.

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Source des images :

Par copie d'écran de :

Roland de Lassus / Orlando di Lasso , Les sept psaumes pénitentiels de David avec le motet Laudes Domini :

Livre de chœur volume I Mus.ms. A I(1), Bibliothèque Nationale de Bavière Bayerrische Staat Bibliothek BBS , Munich, 1565

https://opacplus.bsb-muenchen.de/metaopac/search?View=default&db=100&id=BV035322074

— Microformes (noir et blanc, tout le manuscrit) :

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035007/images/

— Couleur (une sélection d' enluminures) :

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0008/bsb00089635/images/index.html

– en pdf (déroulant, plus rapide) :

http://burrito.whatbox.ca:15263/imglnks/usimg/1/1d/IMSLP368393-PMLP594987-d-mbs_mus._ms_a_1.pdf

Livre de chœur II (Mus. Ms. AII) :

— Microformes (noir et blanc, tout le manuscrit) :

http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&bandnummer=bsb00035009&pimage=188&v=150&nav=&l=de

http://imslp.org/wiki/Choirbook,_D-Mbs_Mus._MS_A_%28Lassus,_Orlande_de%29

Ou mieux, en pdf déroulant : http://javanese.imslp.info/files/imglnks/usimg/6/66/IMSLP368394-PMLP594987-d-mbs_mus._ms_a_2pb.pdf

— en couleur (sélection) en pdf (déroulant) mais avec une résolution moins fine des image :

http://petrucci.mus.auth.gr/imglnks/usimg/8/85/IMSLP368403-PMLP594987-d-mbs_mus._ms_a_2.pdf

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— Volume de commentaire (Erläuterungen) de Samuel Quickelberg (1569) : Mus. Ms AI(2) Cim 207 et Mus. Ms AII(2)

Vol. I : http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&lv=1&bandnummer=bsb00035012&pimage=00001&suchbegriff=&l=de

Vol. II : http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035013/images/index.html?id=00035013&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=1&seite=3

N.B. Les couleurs ont été parfois fortement ravivées et la netteté rehaussée, le but étant ici la lisibilité des documents et non la fidélité de reproduction.

Cet article est une enquête menée par un ignorant qui n'y comprend rien. Qu'appelle-t-on "Hofkapelle" à Munich ? Une formation musicale ? Une chapelle? Les deux en réalité, ce qui complique les recherches.

Je comprends vite en effet que le terme désigne plus souvent l'institution musicale, et je découvre que cette dernière a été formée par  Ludwig Senfl, qui avait été membre du chœur de la Hofkapelle de Maximilien Ier du Saint-Empire à Augsbourg avant de venir à Munich au service du duc Guillaume IV. Ludwig Senfl est mort vers 1543, et le duc Albert V, intronisé en 1550, fit appel à Orlando de Lassus en 1556 pour prendre la suite de L. Senfl.

Pourtant, la Résidence de Munich, ancien château médiéval aménagé dès Guillaume IV, puis par Albert V et par Guillaume V en luxueuse résidence de style italien puis maniériste, comporte aujourd'hui une chapelle qui porte le nom de Hofkapelle. Je la découvre sur le site http://www.residenz-muenchen.de/englisch/museum/hofkapel.htm qui m'apprend (je traduis) que :

"La Hofkapelle a été érigée dans le cadre de la rénovation à grande échelle et de l'expansion de la "Residenz" entreprises par le duc Maximilien Ier dans les premières années du 17ème siècle. Le choeur ne fut achevée qu'en 1630.

Maximilian assistait à la messe tous les jours. Les membres du tribunal assistait au culte dans la chapelle, tandis que le duc et sa famille étaient assis dans la galerie, qu' ils pouvaient atteindre facilement de leurs appartements.

La Hofkapelle est dédiée à la Vierge de l'Immaculée Conception. Ce fut probablement le propre choix de Maximilien, parce qu'il avait déjà fait de la Vierge Marie la sainte patronne de la dynastie des Wittelsbach et de la Bavière. Le magnifique maître-autel, probablement conçu par Hans Krumper, se concentre également sur ​​la Vierge Marie. La peinture principale a été créé par Hans Werl en 1600 et montre la Vierge trônant en gloire sur les nuages ​​entourés par les anges. La peinture au sommet représente la Trinité."

Or, l'examen des enluminures de Hans Mielich pour le luxueux manuscrit Mus. Ms. A, qui appartenait au trésor privé du duc Albert V et qui contenait les partitions des sept Psaumes pénitentiels de son Hofkapellmeister, Roland de Lassus, montre l'existence d'une chapelle, organisée pareillement avec une galerie princière privée, et manifestement dédiée aussi, déjà, à la Vierge de l'Immaculée Conception. 

En scrutant les images, je me propose le double but de découvrir la chapelle de Cour pré-existant à celle de Maximilien Ier , et, dans une vraie archéologie iconographique, de découvrir aussi la formation musicale de Cour de Roland de Lassus. Bref, de rendre visite à Albert et Anne pour voir comment c'est arrangé chez eux.

Auparavant, dressons un panorama des deux volumes du manuscrit, pour y situer les planches qui m'intéressent, à la fin du volume II. Ce sont les pages 185 à 187 du volume II, mais l'examen des pages 2 et 4 du premier volume, et des pages 3, 4 et 10 du second volume permettent d'entrer dans le Palais ducal et d'y rencontrer du beau monde.

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Table des matières des deux volumes du Mus. Ms. A.

I. Manuscrit Mus. MS. AI

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/ausgaben/thumbnailseite.html?id=00089635&seite=1&fip=193.174.98.30

Page 1 : page de titre « Septem Psalmi Poenitentiales auspicis illustris : principis Alberti com pal  : Rheni utriusq : Bavariae ducis sacris imaginibus cum textu congruentibus : Copiosissime exornati et in duos tomos divisi. :Anno MDLXV"

Page 2 : Portrait du duc Albert V.

Page 3 Armoiries de la Bavière entourées de celles de 86 monastères, Abbés, Chapitres, et de 35 comtés, de 34 cités grandes ou petites, de 79 contrées et villages.

Page 4 : La Salle d'Audience. 

 Page 5 : Index

Page 6 Psaume 31 Domine ne in furore...miserere, pour 5 voix, en 12 parties

page 10 ? Laboravi in gemitu me

page 42 Psaume 31 Beati quorum remissae sunt, pour 5 voix, en 16 parties

Page 98, Psaume 37, Domine ne in furore ...quoniam, pour 5 voix, en 25 parties

Page 172, Psaume 50, Miserere mei Domine Deus, pour 5 voix, en 22 parties

page 222 : portraits de Roland de Lassus et de Hans Mielich

page 223 Janus bifrons. Uno ego finem libri monstro / Alterius ego initium praenuncio.

 

II. Manuscrit MUS. Ms. A.II :

Page 1 :Janus bifrons : Janus bifrons uti primi tomi finem monstravi sic secundi tomi totius huius operis initium praenuncio. Inceptus est autem hic secundus tomus die lunae post Jacobi, Anno MDLXV.

page 2 Page de titre Secundus Tomus Septem Psalmorum Poenitentialium etc..

Page 3 Albert V  recevant les remerciements des artistes

Page 4 : la duchesse recevant les remerciements des artistes.

Page 5 : armoiries de Bavière et celles de 16 cités du Palatinat.

Page 6 à 9 : 499 armoiries de familles de la noblesse bavaroise.

Page 10 index , avec la date de 1565 (lD'un coté, le Pape, plusieurs cardinaux et évêques sont agenouillés avec les mots « Tu supplex ora ». De l'autre, l'Empereur et plusieurs chevaliers, rois et princes avec la légende « Tu protèges ». Au dessous, un laboureur avec les mots « Tu quoque labora ».

Page 11 : début des partitions (pages 15 Rêve du roi ?? page 18 ; page 21 ect)

page 11 Psaume 101 Domine exaude orationem...et clamor, pour 5 voix, en 31 parties.

Page 81 Psaume 129 De profundis clamavi, pour 5 voix, en 10 parties.

Page 103, Psaume 142, Domine exaudi orationem...auribus, pour 5 voix, en 16 parties.

Page 159, Psaume 148, Laudate Dominum de cœlis, et psaume 150 Laudate Dominum in Sanctis, pour 5 voix, en 4 parties.

Page 185 : Choeur de cour dans la chapelle « durant un sermon » (Bardley) ou 1 seul chanteur au pupitre

page 186 : Chapelle de Cour durant un office.

page 187 : Choeur et instrumentistes

page 188 : Portrait de Roland de Lassus en pied

Page 189 : Portrait de Hans Mielich.

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DÉCOUVERTE DE LA COUR BAVAROISE ENTRE 1565 ET 1570.

1) Mus Ms AI page 2 : le duc Albert V.

 Portrait du duc Albert V en manteau rouge doublé intérieurement de satin blanc (rouge et blanc = couleur de la Bavière), portant le collier de la Toison d'or*, devant une tenture damassée bleue, entouré des statues emblématiques de la Sagesse, de la Tempérance, de la Justice et de la Pitié. Un lion et une lionne à ses pieds. Dieu le Père tenant un enfant ; Saint Michel ; Archange Gabriel (?). La partie haute est encadrée du Soleil et de la lune, se référant selon Quickelberg à la citation du psaume 135 Solem in potestatem Diei [...] Lunam et Stellas in potestatem noctis; sous le soleil est suspendu un trophée d'armes alors que sous la lune se trouvent des armes de vénerie, symbole de la force héroïque. Un cœur couronné est présenté par Intelligentia,  Constantia et Ratione.  ;On trouve aussi Veritatem, Prudentiam, Devotionem; Clementiam, Fidem, Spem, Charitatem, Desiderium, Pacem, Longanimitatem, Victoriam, Iustitiam, Temperentiam.

*L'Ordre de chevalerie de la Toison d'or, fondé à Bruges en 1430 par Philippe le Bon, est, à l'époque concernée, sous la maîtrise de Philippe II, roi d'Espagne. L'ordre comporte, depuis Charles Quint, le nombre fixe de 51 chevaliers, censés se réunir le 30 novembre de chaque année, jour de la Saint-AndréPar les statuts, les chevaliers étaient obligés de porter en toutes circonstances et en particulier en public un collier d'or, composé d'une alternance de fusils et de pierres à feu ("briquet") auquel était suspendue la toison d'un bélier.  

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0008/bsb00089635/images/index.html?id=00089635&fip=qrssdaseayaenxdsydyztseneayawfsdr&no=7&seite=3

2) Mus. Ms AI Page 4 : la Salle d'Audience.

 

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0008/bsb00089635/images/index.html?id=00089635&fip=qrssdaseayaenxdsydyztseneayawfsdr&no=8&seite=5

La photographie semble être inversée puisque les textes et la pagination y sont à l'envers : j'ai corrigé l'image venant de la Staatsbibliothek.

Débutons par la partie supérieure : dans le dais d'un voile, une figure allégorique ailée portant une couronne crénelée, ouvre les bras. Plutôt que Minerve, ou que la Ville, je propose d'y voir la Victoire. Deux putti et deux grotesques faunesques et ailés décorent l'entablement encadré par  deux paires d'angelots et par les armes à losanges bleus et blancs des Wittelsbach.  

Dans un cartouche à coquilles et volutes, l'inscription

ROM. XIII .

OMNIS ANIMA POTESTATIBUS

SVBLIMIORIBVS SVBDITA SIT

NVM EST ENIM POTESTAS NISI

A DEO

C'est une citation de l'épître aux Romains de saint Paul Rom. 13:1  omnis anima potestatibus sublimioribus subdita sit non est enim potestas nisi a Deo quae autem sunt a Deo ordinatae sunt  

"Que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent le pouvoir, car il n’y a d’autorité que par Dieu et celles qui existent sont établies par lui."

L'entablement, qui ouvre sur un beau plafond à caissons, est soutenu par deux piliers symétriques formant ainsi une entrée monumentale. 

— Pilier de gauche. De bas en haut.

  • Le piédestal porte un trophée d'armes entre deux hommes accroupis.
  • Puis le pilier  comporte quatre niches : celle qui nous fait face contient un guerrier (torse nu,casque, hallebarde, épée, blason à trois couronnes [Landshut?]
  • Un médaillon avec le duc de profil tenant l'épée et les mots  ALBERTVS UTRVSQ. BAVARIAE DVX SOLVS
  • entre des colonnes de marbre brun-rose, quatre panneaux dédiés aux ancêtres du duc, avec les mentions difficiles à décrypter : ENRESTVS MONACI –H—RICVS IANOSISH LVDOVIC --- / ALBERTVS –VS---LVDOVICVS EXVI LANO LVDO---/ ALBERTVS PRVDENS ---ACHI --- / WILLHELMVS SVE ---BAVARIAE SEV MINACH LVDOVICVS

 

— Pilier de droite :

  • piédestal presque identique
  • dans la niche, un guerrier en armure, blason à identifier.
  • Médaillon : chef en armure tenant l'épée avec les mots : OTHO SOLVS BAVARIAE DUX. Othon Ier , duc de Bavière de 1180 à 1183, est l'ancêtre des ducs de Bavière 
  • Entre les colonnes, les quatre panneaux dont je ne déchiffre que le premier  XI LVDOVICVS MONACHII HEINRICVS STRAVBINGAE ET IN NORICO.

​Quickelberg donne la liste des dix tableaux et médaillons de gauche à droite:

  • Otho
  • Wilhelmus duc de Haute-Bavière ou Bavière-Munich, et Louis, duc de Basse-Bavière ou Bavière-Landshut.
  • Albertus prudens Monachii, et Georgius pour Landshut.
  • Albertus pius pour Munich, Ludovicus Dives pour Landshut
  • Ernesto Monachii, Henricus de Landshut, Ludovicus barbartus pour Ingostadt
  • Johan de Munich, Fidericus de Landshut, Stephanus d'Ingostadt, et Wilhelmus pour la Hollande et autres lieux.
  • Stephanus de Munich, Albertus de Hollande, et Otto en Brandebourg
  • Ludovicus empereur à Munich, Rudolphus électeur Palatin, Otho Ungariae rex, Stephanus Straubingae
  • Ludovicus Monachii, Heinricus Straubingae, et in Norico
  • Otho solus Bavariae dux (médaillon)

​La Salle d'Audience est éclairée par trois fenêtres hautes de chaque coté. Une porte monumentale y donne accès à gauche. La pièce est tendue à mi-hauteur d'une tenture dorée damassée, alors qu'un dais d'or monte jusqu'au haut plafond et s'avance largement. Ce dais porte les armoiries des Wittelsbach et le blason rouge et blanc de la Bavière. Au-dessous, un cartouche porte la date, mais malheureusement je ne parviens pas à affirmer s'il s'agit de 1565 ou de 1564 ou 1567. Le premier volume ayant été terminé en 1565, c'est cette date que l'on s'attend à trouver ici. 

Le mur principal est entièrement peint d'une scène de bataille. Des cavaliers armés de lance se dirigent depuis un littoral (navires en arrière-plan) vers une plaine surmontée d'un château, en suivant leurs chefs situés à droite.

Deux médaillons séparent à droite comme à gauche les voûtes des fenêtres. Le médaillon visible à gauche montre un paysage avec un cheval blanc ; le médaillon de droite montre des personnages devant des arbres et un temple. Il s'agit peut-être de Pégase à gauche, et de Minerve et les Muses à droite.

 

 

Mus. Ms AI Page 4  Droits réservés MDZ BSB

Mus. Ms AI Page 4 Droits réservés MDZ BSB

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L'accès de la Salle est gardée par seize nobles, vénérables et barbus personnages qui portent des hallebardes. Il est vraisemblable que Hans Mielich a dépeint ici les portraits de membres de la cour.

Mus. Ms AI Page 4  Droits réservés MDZ BSN

Mus. Ms AI Page 4 Droits réservés MDZ BSN

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Plusieurs centaines d'hommes, tous en habit noir, tous barbus, portant tous la fraise, assistent à la cérémonie. Deux chiens sont tenus en laisse, mais le petit chien personnel du duc (celui qui apparaît dans Le duc jouant aux échecs, Mielich, 1552) a le droit d'être sur le plus haut degré de l'estrade où Albert V est assis sur un trône, épée à la main. Un personnage, un pied sur la deuxième marche, un autre sur la troisième, se penche révérencieusement tout en présentant un objet qui me semblait être le manuscrit lui-même. Les enluminures où un auteur présente à son commanditaire son ouvrage relève d'une tradition bien établie, par exemple à la cour de Bourgogne. Juste devant le duc, se tiennent trois hommes en costume de drap bleu. Ce serait, alors, logique d'y voir Roland de Lassus en avant, en manteau bordé d'hermine, et derrière lui Hans Mielich d'un coté, et Jean Pollet le copiste de l'autre, ceint d'une ceinture blanche. Mais dans tout le manuscrit, le peintre et le musicien sont placés sur un pied d'égalité. Dans les portraits de Lassus et de Mielich, ils sont toujours vêtus de noir, jamais de bleu. D'autre-part, un détail me gêne, car je crois voir que la nuque des trois hommes est rasée, comme s'ils étaient les officiers ou les clercs d'un ordre particulier.

Mais Samuel Quichelberg écrit :

Princeps tribunali sedens, sub aureo conopeo, ubi audit orationem peregrinorum legatorum, ac responsionem dirigit Cancellario edicendam, proceres undique circumstant : tum et alii ministri, et stipatores a la bardigeri suo ordine dispositi. Haec a pictore exhibita ut gubernationis huius principis, qui vere dignus Bavariae monocrator esset, dum solus regiminis clavo cum summa iusticia praesidet memoria relinqueretur, utque per banc omnibus pariter summa animi lenitate et mansuetudine (tam suis, quam alienis suscipiendis) placabilis fuisse ostenteretur, quique nullo divitiarum aut potentiae fastigio exultarit, sed summae humanitatis illustre et solenne exemplum perpetuo extiterit. Imagines autem etiam adjunt, tam hoc tempore viventium personarum, quam novae arcis structurarum, pleraeque, satis evidentes et significantes. 

"Le duc est assis sur l'estrade sous le dais (conopeo, "tente, pavillon"), où il écoute les sollicitations des ambassadeurs étrangers, et édictant les réponses, que l'Huissier (Cancellarius) proclame à haute voix aux nobles rassemblés sur le coté, avec les minstres et autres préposés, disposés [selon l'ordre protocolaire] par les gardes Suisses (alabardigeri, "hallebardier", de l'italien alabarda ). "

 Ce serait donc, en bleu avec leur coupe de cheveu inhabituelle, des ambassadeurs étrangers.

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Je note encore le motif du carrelage noir et blanc ; dans mon enquête, je ne veux négliger aucun détail. Je retrouverai ce motif dans les images suivantes, ce qui montre que nous allons rester dans cette pièce, ou dans le voisinage. 

N.B Je ne trouve aucun renseignement sur un problème aussi important que celui de savoir à quelles races appartiennent les chiens du duc et de la duchesse. Je suis intéressé par toute information qualifiée. Un griffon ? 

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Mus. Ms AI Page 4  Droits réservés MDZ BSB

Mus. Ms AI Page 4 Droits réservés MDZ BSB

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Mon enquête.

Le premier indice que je vais découvrir (Schwindt, 1996) va être le nom de cette salle : St Georgs-Saal der Neuveste.

Le "Neuveste" est, malgré son nom évoquant un édifice neuf, le vieux château ducal gothique construit en 1385 au nord-est de Munich par le duc Etienne III. Le duc Albert, qui a succédé à son père en 1550, a fait bâtir la St. Georgs-Saal en 1560-1562 par Wilhelm Egckl (1520-1588), alors officier de l'armurerie ducale architecte : en même temps, il fut chargé de la construction du premier collège des Jésuites à l'Augustinergarten. Albert V fit construire, par Egckl ou par Bernhard Zwitzel  de 1563 à 1567 les Ecuries et le cabinet de curiosité (Marstall- et Kunterkammerbau), puis par Jacopo Starda l'Antiquarium de 1569 à 1571, pour la période qui concerne ce manuscrit (1565-1570). Dans ces différents ensembles, l'omniprésence des arcades, des colonnades et des frontons de porte Renaissance témoigne de l'influence italienne, notamment celle du Palais du Té de Mantoue.

Un autre résultat de mon travail est de découvrir la date de la destruction de cette salle, le 7 mars 1750 (in D. Sadgorski, page 39). Par la même occasion, j'apprends qu'on y donna l'Arpa festante de Jean-Baptiste Maccioni en 1653 ; en 1740, la salle aurait été aménagée en théâtre avec des loges.

Les informations sur cette St. Georgs-Saal sont rares ; l'article Wikipédia sur Egckl dit que la miniature de Mielich en est le seul témoin avant sa destruction. Elle est qualifiée de "salle de bal". Je découvre néanmoins un autre document, la représentation sur une gravure du pentre Nicolas Solis (ca 1542-1584) des noces du prince Guillaume avec Reine de Lorraine, noces dont les festivités durèrent trois semaines avec la création d'œuvres musicales que j'ai déjà étudiées mais qui donnèrent lieu à un banquet le soir du 22 février 1568 dans la salle St-Georges. 

 Source: Staatliche Graphische Sammlung München , numéro d'inventaire 1910 226-35 D.

 

Nikolaus Solis (ca. 1542–1584), Die Münchner Fürstenhochzeit von 1568 (Hochzeitsbankett), Stahlstich, Source: Staatliche Graphische Sammlung München, Inventarnummer 1910:226-35 D. En ligne grâce à :

 

 

http://ieg-ego.eu/de/mediainfo/die-muenchener-fuerstenhochzeit-von-1568-hochzeitsbankett

Le premier intérêt de cette gravure est de corroborer la miniature de Mielich et d'affirmer la valeur dcocumentaire du manuscrit enluminé, puisque les détails des deux illustrations se rejoignent. L'autre intérêt est de fournir un angle de vue orthogonal avec celui de Mielich :  la St-Georgs-Saal est éclairée par 5 baies cintrées dont la régularité est interrompue par une cheminée monumentale. Un intérêt supplémentaire vient de la présence, au premier plan à gauche, d'un effectif réduit de l'orchestre de cour, avec deux violes, un violon, un orgue portatif, et une caisse où sont posés des instruments à vent. Cette caisse a attiré l'attention des musicologues (Schwindt, 1996), mais nous y reviendrons sans-doute. Lors de ce souper fut jouée, selon Massimo Troiano (P.58) une "Bataille à huit voix"  : Battaglia a otto, di Messere Annibale Organista con tromboni, e cornetti alti et altre opere altre di otto. Poscia al sono di gagliarde e alte trombe, e tintinnanti baccini, dalla cucina usirono li quattro scali ..."

Par contre, je ne retrouve pas la porte latérale qui figure chez Mielich, soit qu'elle soient masquée par les tentures, soit, plutôt, qu'elles soit ouverte dans le mur opposé à celui qui est visible ici.

Dans cette salle de bal fut organisé, une semaine après le banquet de noce pour Guillaume et Reine, un tournoi, le soir du 28 février 1568.

 

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Je vais trouver ensuite un second document iconographique sur le site http://stadt-muenchen.net/lexikon/lex.php?fw=Neuveste ; mais on ne peut agrandir l'image, ni en connaître l'auteur et la date. Elle est si proche de la peinture de Mielich qu'elle pourrait n'en être une copie, et on retrouve  la porte cintrée de gauche, la peinture murale du fond, le motif de carrelage,  mais, ici, on voit à droite la cheminée dessinée par Nicolas Solis. Lorsqu'on revient au folio 4 du manuscrit, on voit que la cheminèe, masquée par le pilier factice du cadre, est, indirectement, présente,...car elle se signale par un demi-cercle vide, inoccupé en raison de la chaleur du foyer. 

 

 

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La Chapelle Saint-Georges.

Il semble que la chapelle de cour que nous allons découvrir ait été nommée St-Georg-Kapelle et qu'elle ait été adjacente à la St-Georgs-Saal.  

Le nom de "St-Georgs" donné à cette Salle d'Honneur et à sa chapelle indique l'importance de ce saint pour le duc. Son fils Guillaume voua à saint Michel, autre saint chevalier terrasseur de dragon, un véritable culte, et nomma de ce nom l'église qui'il fit construire à Munich, tout en faisant réaliser des peintures et des statues par ses artistes de cour ; mais c'est qu'il était né le 29 septembre (1548). Saint Georges est le saint patron des chavaliers et des ordres de chevalerie, dont les Chevaliers Teutoniques, et, au château de Trausnitz à Landshut, la salle d'Honneur équivalente de celle de Munich se nomme la salle des Chevaliers, Rittersaal.

Si je quitte provisoirement ce premier volume et que je vais ouvrir le volume II du manuscrit, je trouve, en page 5, au bas des armoiries ducales, une représentation de saint Georges repoussant les ennemis de la Bavière, laquelle est figurée par l'Ysar, le fleuve qui s'écoule en ses rives paisibles.

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Hans Mielich (1570), Saint Georges, Mus. Ms. A.II folio 5, droits réservés MDZ, BSB.

Hans Mielich (1570), Saint Georges, Mus. Ms. A.II folio 5, droits réservés MDZ, BSB.

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Il me reste à situer la chapelle et la St-Georgs-Saal par rapport au plan actuel de la résidence de Munich, diffusé sur les dépliants touristiques. Entreprise hasardeuse, mais je vais partir du principe que la chapelle, si elle a été restaurée, n'a pas changé de place. La Grottenhof, jardin créé par Guillaume V, est  postérieur à notre manuscrit. L'emplacement de la St-Georgs-Saal, dont les fenêtres donnaient sur l'extérieur, peut correspondre aux n° 100 à 103, ou à la Chapell Courtyard et la Max-Joseph Saal,  mais j'attends qu'un lecteur éventuel corrige cette hypothèse. Le site schlosser.bayern donne les deux plans correspondant au rez-de-chaussée et à l'étage (lien infra), mais la chapelle, avec sa galerie que nous allons découvrir, et la Salle de bal avec ses hautes fenêtres, prennent les deux étages.

Ma source : http://www.schloesser.bayern.de/deutsch/service/infomat/screen-pdf/mu-residenz_engl.pdf

Plan de la Résidence de Munich, Rez-de-chaussée : la chapelle surlignée en jaune.

Plan de la Résidence de Munich, Rez-de-chaussée : la chapelle surlignée en jaune.

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Mon enquête se poursuit.

Après une quinzaine de jours de recherches, je m'aperçois que Bettina Walckernagel, conservatrice du Musée National de Munich, a publié en 2003, dans le facsimilé du catalogue de 1655 des instruments de musique de la cour ducale de Munich ( Musikinstrumentenverzeichnis der Bayerischen Hofkapelle von 1655. Faksimile, Transkription und Kommentar, Ed. Schneider : Tutzing, les plans d'époque de la Salle St-Georges ainsi que deux vues et  une maquette. Gr...

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3) Mus. Ms. AII page 3.

 Familiarisé avec la Salle Saint-Georges, nous la reconnaitrions ici facilement (même dais damassé or, mêmes armoiries, mêmes hautes fenêtres) mais cela pourrait être une autre pièce, moins large, puisque le dais s'étend sur toute sa largeur ; la porte par laquelle nous observons la scène (si ce n'est pas un simple encadrement de l'image) est située latéralement. On a dressé une large estrade où un fauteuil plus confortable que le précédent accueille le duc Albert. Il porte le collier de la Toison d'Or. A sa gauche se trouvent ses trois fils les princes Guillaume (futur duc Guillaume V), Ferdinand, né en 1550, et Ernest, né en 1554 et qui deviendra Archevêque et Prince-électeur de Cologne. A sa gauche, son neveu le marquis de Baden, Philippe de Bade (1559-1588), le fils de sa sœur Mathilde de Bavière. Son père Philibert I de Bade étant mort  à la bataille de Moncontour en 1569 en défendant les Huguenots, il fut recueilli à la cour d'Albert V et reçut une éducation catholique.

Au pied du duc, son petit chien, bien identifiable désormais, et un lion couché ; la présence de plusieurs lions, lionnes et loinceaux est attestée à la cour de Bavière. 

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La partie basse de l'enluminure est encadrée par deux Allégories ailées en train d'écrire sur une tablette  le texte du cartouche: elles portent leur nom en collier : Constantia et Experimentia. Un atlante et deux femmes assisent tiennent le cartouche central dont l'inscription décrit la scène supérieure.

GRATVLAMVR ET SCRIPTIS NOSTRIS ATTESTAMVR ASPICIENTES ILLVSTRISSIMI PRINCIPIS ALBERTI  COMITIS PALATINI RHENI VTRVSQ BAVARIAE DVCIS &C. DEI GRATIA CATHOLICAE FIDEI ADHVC STVDIOSISSIMI SVAEQVE CELS : DILECTISSIMORVM FILIORVM DVCVM GVILIELMI , FERDINANDI ET ERNESTI : AC ETIAM PHILIBERTI MARCHIONIS IN BADEN EX SOREORE NEPOTIS ET CONSILIARIORVM PRVDENTISSIMORVM  ADSTANTIVM IMAGINES AD AETERNAM GLORIAM INCLYTAE DOMVS BAVARIAE APPICTAS.

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La partie haute est centée par le Christ de résurrection bénissant  et tenant le globe du Monde, avec l'inscription  DIGNITAS FOR---- TIO GRAVITAS. Il est entouré par les Allégories ailées RATIO

et SAPIENTIA, la Raison et la Sagesse. Enfin, en arc sur la voûte, nous lisons :

BEATUS VIR QUI TIMET DOMINVS IN MANDATIS VOLET NIMIS

POTENS IN TERA ERIT SEMEN EIVS GENERATIO RECTORVM BENEDICETVR

il s'agit du début du psaume 111 : "Heureux l’homme qui craint l’Éternel, qui trouve un grand plaisir à ses commandements. Sa postérité sera puissante sur la terre, la génération des hommes droits sera bénie." 

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Les huit statues masculines latérales correspondent à des vertus, dont le nom est indiqué, comme, en haut à gauche, celui de RELIGIOSO 

 

Mus. Ms. AII page 3.  Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 3. Droits réservés MDZ BSB.

4) Mus. Ms. A. II page 4

 Passons maintenant dans le gynécée ducal. L'image est strictement identique à la précédente, mais inversée dans son orientation, comme si nous accédions au coin opposé de la même pièce. En réalité, les deux pages 3 et 4 sont disposées pour former lorsque le livre est ouvert une seule image en double page, et d'ailleurs Quickelberg les décrit ensemble. C'est une seule scène avec deux visiteurs se présentant au duc, et deux autres se présentant en même temps à la duchesse. Nous sommes donc, toujours, dans St-Goerg'-Saal.

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Une lionne remplace le lion, mais la même estrade, le même dais damassé d'or les mêmes rinceaux latéraux sur une étoffe ou un marbre vert, les mêmes fenêtres, le même motif de carrelage montre que nous sommes en tout cas au même étage du même palais. L'estrade accueille huit femmes dont trois sont assises. Débutons par elles. Il s'agit :

  • de la duchesse Marie Jacobée, marquise de Bade-Sponheim (1507-1580), épouse du Guillaume IV et mère du duc Albert V,
  • de la duchesse Anne d'Autriche (1528-1590), fille de l'empereur Ferdinand Ier.
  • et de Renée de Lorraine, (Renata von Lothringen), épouse du prince Guillaume.

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Les armoiries de l'archiduché d'Autriche (de gueules à la fasce d'argent), du margraviat de Bade (écartelé de Bade et de Sponheim) à gauche, et de Lorraine (d'or, à la bande de gueules, chargé de trois alérions d'argent) à droite, dominent les trois femmes.

 

Les jeunes-filles sont les filles d'Albert V et d'Anne d'Autriche :

  • Marie-Anne (1551-1608) qui a donc 19 ans en 1570.
  • Marie-Maximilienne (1552-11614), qui a donc 18 ans. 

​Les fillettes sont sauf erreur les nièces d'Anne d'Autriche, les sœurs du jeune Philippe de Bade de la page 3

  • Jacqueline de Bade (1558-1597), 12 ans
  • Anne-Marie de Bade (1562-1583), 8 ans

  • Marie de Bade (1563-1600), 7 ans, entre les genoux de sa tante.

Dans l'assistance, Samuel Quickelberg signale la présence de :

  •  Otton Henri Comte de Schwarzenberg (portrait au British Museum),
  •  praefectus et Magcj nobilissimique viri Dominus Simon Thaddaeus Ecckius I.V. Doctor suae cels. cancellarius,
  • Guiliel Lesebius
  • et Conradus Zeller camerae ducalis magister,
  • aliique consiliarii prudentissimi et aulici intimi ad immortalem memoriam appictii

Les deux personnages qui se présentent ici, et que je supposais être les deux artistes de la page 3, ne ressemblent pas à ces derniers.

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La partie basse comporte les deux allégories ailées Veritas et Aequitas sont en train d'écrire  sur des tablettes le texte qui suit . 

Le cartouche porte en effet l'inscription : 

GRATVLAMVR EQVIDEM ET NOS CONSIDERANTES DEI GRATIA EIVSDEM ILLUSTRISSIMI PRINCIPIS ALBERTI &c MATRIS PIISIMAE IACOBAE MARCHIONISSAE IN BADEN ET DVCISSAE BAVARIAE ET SVAE CELSITUD. CONIVGIS SVAVISSIMAE ANNAE COMITISSAE PALATINI RHENI  ET ARCHIDVCISSAE  AVSTRIAE AC ETIAM DILECTISSIMA NVRVS RENATAE DVCISSAE LOTHARINGIAE CONIVGIS DVLCISS. ILLVSTRISSIMI PRINCIPIS  GVILLIELMI FILII NEC NON ET DILECTISSIMARVM FILIARVM . MARIAE ET MARIAE MAXIMILIANAE : ET SVAE CELS. EX SORORE DVARVM NEPTVM MARCHIONISARVM IN BADEN ALIARVSQVE HONESTARVM MATRONARVM PRAESANTIVM IMAGINE AD LAVDABILEM ET PERPETVAM ILLUSTRISSIMAE FAMILIAE BAVARIAE MEMORIAM ASCRIPTAS.

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La partie haute accueille cette fois-ci dans les nuées Dieu le Père, bénissant et tenant le globe, comme son Fils en page 3. Les mots SPES --- CONSOLATIO , FIDES ET CARITAS, PACIFICIA et ALACRITAS correspondent aux Allégories ailées. 

Dans l'arc de la voûte , on retrouve la suite du psaume 111, avec cette-fois le verset 3 : 

Gloria et divitiae in domo eius et iustitia eius manet in saeculum saeculi

"Il a dans sa maison bien-être et richesse, et sa justice subsiste à jamais."(Louis Segond) 

Les parties latérales accueillent quatre statues des Vertus :  Helena Religios. Elisae Misericors. Sara Clemens. Rachel Temerité . ...Rebecca Providence...

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Mus. Ms. AII page 4.  Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 4. Droits réservés MDZ BSB.

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5) Mus. Ms. A.II page 185. La chapelle ducale.

a) Le cadre.

L'image est insérée, comme les autres, dans un cadre monumental apparenté à une porte avec ses deux piliers, son entablement couronné d'un fronton, et son soubassement.7

 Dans la partie haute, le Christ Sauveur est peint dans un médaillon sur fond doré, vêtu du manteau de gloire, couronné, tenant le globe et bénissant. Quatre angelots entourent le médaillon. Deus anges ou divinités ailées soutiennent avec grâce et aisance l'entablement, auquel est suspendue uen guirlande, et un médaillon ovale plus petit que le précédent. On peut y lire l'inscription :

EPHES. IV

IPSE DEDIT QVOSDAM APOSTOLOS, QVOSDAM PPH AEDIFICATIONEM CORPORIS XPI

Ephésiens IV :11-12 et ipse dedit quosdam quidem apostolos quosdam autem prophetas alios vero evangelistas alios autem pastores et doctores 12 ad consummationem sanctorum in opus ministerii in aedificationem corporis Christi . "[Celui qui est descendu, c'est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses.] Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs,pour le perfectionnement des saints en vue de l'oeuvre du ministère et de l'édification du corps de Christ,.."

Ce texte appartenant au cadre inventé par le peintre, il ne doit pas être vu comme un élément documentaire du décor de la chapelle ducale, mais comme un commentaire théologique de l'image. Le cadre comporte encore trois personnages dans des niches, dont l'un dont la main est posée sur un grand livre.

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b) la chapelle Saint-Georges.  

Ce cadre fonctionne comme une ouverture donnant une vue sur l'intérieur de la chapelle, comme si nous étions l'un de ces personnages qui assistent à un office. L'espace qui s'offre devant nous est assez vaste, et se compose de quatre parties

Devant nous, un vestibule au plafond à caisson et au carrelage à croix noire est doté de stalles latérales, et six hommes se sont installés à gauche. Un garde suisse est assis devant eux, en livrée et casque à plume. Une douzaine de personnes en habit noir restent debout, et l'un, de très petite taille, appartient peut-être à ces nains de cour que nous connaissons, par exemple, à la cour d'Espagne, peints par Vélasquez. Ils discutent entre eux, ou s'observent, comme lors d'un intermède. L'ensemble de la scène possède la force de véracité d'un instantané photographique, ce qui nous porte à croire, cette fois,  à la fiabilité documentaire de la peinture.

Une avancée du mur, se poursuivant par un arcade, sépare ce vestibule d'une salle reservée. Un Christ en croix entouré de la Vierge et de saint Jean d'une facture sommaire est accroché sur ce mur. A gauche, l'espace va se rétrécir, puisque le deuxième mur prolonge l'avancée. A droite, on voit qu'un espace fait retour derrière l'arche.

Sur une base en pierre, sculpté, vient s'adosser une grille doté d'une étroite ouverture. De notre coté de cette grille, un prélat en robe pourpre, tenant son chapeau, est appuyé dans une attitude cavalière sur le piétement du pilier. Quatorze hommes sont debout devant ces grilles, et semblent suivre attentivement quelque chose.

De l'autre coté, les murs portent les signes en croix de la cérémonie de dédicace : l'espace devient consacré. Des boiseries signalent la présence de nouvelles stalles, avec prie-dieu, où sont présents sept à huit personnes. Au centre, devant un pupitre, et faisant face à la foule, se tient un homme qui semble porter une fraise, ce qui excluerait un membre du clergé. Chante-t-il ? Dit-il un sermon ? Donne-t-il lecture d'un texte ?

au dessus du lecteur ou précheur, une mandorle bleue et or est suspendue dans la chapelle ; nous y distinguons la silhouette d'une Vierge de l'Apocalypse sur son croissant lunaire. Nous l'étudierons sur l'image suivante, mais c'est sur elle que porte tout mon intérêt.

Le fond de la chapelle réunit deux autels latéraux à retable et dais de velours rouge et or, et une niche centrale, avec, sans-doute, l'autel principal. Deux portes permettent un accès direct au chœur, la porte de droite étant haute et voûtée, celle de gauche basse et rectangulaire.

 Le mur du fond, peint d'anges en grisaille et de rinceaux sur fond or, est éclairé par une haute fenêtre à trois meneaux, dotée de vitraux.  Les murs latéraux sont peints à fresque. Mais à gauche, on voit à mi-hauteur du mur une ouverture vitrée à petits volets au sein d'une boiserie à fronton, permettant sans-doute d'assister à l'office sans être vu.

Le plus important maintenant, pour comprendre l'image suivante, est d'observer la galerie en bois qui apparaît en hauteur juste au dessus de l'arcature du mur de séparation.

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Mus. Ms. AII page 185.  Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 185. Droits réservés MDZ BSB.

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5) Mus. Ms. A.II page 186. La chapelle ducale, vue du chœur.

a) La chapelle.

Le peintre s'est placé maintenant au niveau de l'autel principal, et s'est retourné vers le vestibule où il était précédemment situé. Il a repris le même cadre, en représentant seulement Dieu le Père bénissant et tenant le globe à la place du Christ, et en ôtant le médaillon à inscription. 

Nous retrouvons la disposition de la chapelle, en l'inversant. Nous pouvons désormais découvrir la galerie haute, sa balustrade tendue de velours rouge, pour comprendre qu'elle permet aux membres privilégiés de la famille ducale d'y accéder depuis leurs appartements, par un espace voûté. Trois femmes s'y tiennent, dans lesquelles nous pouvons peut-être reconnaître la duchesse Marie Jacobée, et les filles d'Albert V Marie-Anne et Marie-Maximilienne. 

Le plafond voûté d'ogives de la chapelle est peint à fresque, comme nous l'apercevions à peine tout à l'heure : la partie la mieux visible est celle d'un Jugement Dernier, avec les élus en robe blanche à gauche et les damnés avalés par la gueule du Léviathan dans les flammes de l'Enfer, à droite. Les deux autres pans nous échappent d'autant plus que les boiseries de la galerie les recouvrent en partie. Néanmoins, nous  disposons déjà d'informations précieuses sur la décoration de la Hofkapelle avant son réaménagement par Maximilien Ier.

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La Vierge de l'Apocalypse est visible de dos maintenant, mais avec une meilleure précision : dans sa mandorle bleue peut-être décorée de nuées, elle est couronnée par deux anges. Sa chevelure blonde descend en longues boucles sur une longue tunique dorée. On distingue le sceptre qu'elle tient à droite, mais non l'Enfant-Jésus nimbé qui se devine page 185. La Vierge est entouré de rayons d'or, figurant le halo du soleil. Le croissant lunaire est masqué, mais elle répond à la description de l'Apocalypse 12:1  "Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ". Un candélabre de huit cierges allumés est suspendu à cette sculpture.

La présence de cette Vierge de l'Apocalypse est importante car on considère habituellement que son culte a été introduit par Maximilien Ier, qui a déclaré la Vierge "Patronne de la Bavière":

"La plus ancienne affirmation du patronage marial bavarois remonte à l’année 1615, lorsque le duc Maximilien de Bavière décide de placer une statue de la Vierge Immaculée, sous laquelle il fait inscrire «Patrona Boiariae» dans un cartouche, au centre de la façade principale de sa résidence munichoise. La royauté universelle de la Mère de Dieu est ici bien mise en valeur grâce à son sceptre et sa triple couronne (couronne temporelle, couronne de lys et couronne d’étoiles). De part et d’autre, quatre allégories des vertus du bon gouvernement renvoient à la doctrine néo-stoïcienne. La patronne du duché est donc ici clairement associée au règne du prince ; elle se situe encore dans un contexte dynastique.On peut donc dire que le patronage marial bavarois s’est développé à partir du patronage marial personnel du duc, qui était comme son père un membre actif de plusieurs sodalités. Pendant la Guerre de Trente Ans, la  Patrona Bavariae prend une place de plus en plus importante. On place les combats et les victoires sous le signe de la Reine des cieux. En même temps, le culte s’étatise petit à petit. Certes, le terme d’«État» n’est pas encore appliqué à la Bavière, qui est un territoire de l’Empire, donc une entité non souveraine. Le terme employé est plutôt celui de «patrie». Mais on reconnaît une tendance nette à vouloir intégrer l’ensemble des habitants du pays dans la communication du prince avec le ciel, mouvement participant d’une recherche d’unité du territoire, du peuple et du pouvoir.En Bavière, le patronage marial envahit la symbolique politique et même la législation. Bon nombre de fondations religieuses, publications, estampes,blasons, cris de guerre, drapeaux, médailles et pièces de monnaie évoquent et invoquent la Vierge et le patronage spécial dont bénéficie la Bavière ; de plus, de nouvelles fêtes mariales et la possession du rosaire sont rendues obligatoires sous peine d’amende pour tous les sujets."

"Maximilien de Bavière peut être considéré comme l’archétype du prince dévot. Le duc n’a pas été seulement à titre personnel un esclave convaincu de la Mère de Dieu. Sous son règne, les sodalités mariales ont pris un caractère officiel. Sa piété est profondément marquée par la Réforme catholique et tout particulièrement influencée par la Compagnie de Jésus. Elle porte la marque du désangoissement eschatologique : les contemporains remarquent qu’elle n’exprime aucune crainte de Dieu, mais vise simplement à magnifier la gloire du Seigneur. Surtout, la piété princière a des implications qui dépassent de loin sa simple personne. Maximilien a développé un arsenal législatif et judiciaire sans précédent afin de contraindre ses sujets à s’adonner aux œuvres religieuses, comme nous l’avons déjà vu pour le cas de la dévotion mariale, et à mener une vie exemplaire. Sous son règne, le combat contre le péché est devenu une des priorités du duché de Bavière." (D. Tricoire)

La présence de la Vierge de l'Apocalypse dans le volume II du Mus. Ms. A témoigne du culte de l'Immaculée Conception sous Albert V en 1570. Dans le même volume, le portrait du peintre est placé au pied de la représentation de l'Annonciation entourée du verset d'Isaïe 7:14   Ecce Virgo concipiet et pariet filium et vocabitur nomen Emanuel. Butrum et mel comedet ut sciat reprobare malum et eligere bonus, un verset étroitement lié au thème de l'Arbre de Jessé, lequel est lui-même, au XVIe siècle, associé à l'Immaculée Conception.

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b) Les personnages.

Devant nous, un chœur d'hommes est rassemblé autour du pupitre central. Celui-ci porte sur le tissu rouge l'inscription “Non impedias musicam” Ne troubles pas la musique" avec la référence ECCLES : XXX 2. Cela renvoie au chapitre 32 du Livre de l'Ecclésiastique (ou Siracide), verset 5 :

Loquere, maior natu: decet enim te
5 primum verbum in diligenti scientia;
et non impedias musicam.

"4. Parle, toi qui es le plus âgé, car c'est à toi qu'il appartient .5. de parler le premier; mais fais-le avec sagesse et avec science, et n'empêche pas la musique."

 

Autour du lutrin, sont rassemblés 

  • un homme de chaque coté,
  • un groupe d'enfants (6 sont visibles)
  • un demi-cercle de 12 adultes
  • un groupe de 6 adultes à gauche
  • cinq chanteurs à droite, en partie dans les stalles.
  • cinq chanteurs à gauche, en partie dans les stalles, et dont trois portent le surplis.

​soit 36 chanteurs...environ.

Deux prêtres disent la messe sur l'autel latéral droit du chœur, celui qui est à gauche de l'image.

 Derrière les grilles, trois personnes sont assises ; plus en arrière, dans ce que j'ai nommé le vestibule ("narthex" ne me semblait pas adapté), quatre hommes personnes assistent à l'office chanté, et, là où le peintre s'était placé pour la page 186, sous le porche voûté, se trouvent encore huit personnes.

Mielich nous donne donc à voir une production polyphonique a capella. Néanmoins, nous savons que les musiciens accompagnaient parfois les chanteurs, car Massimo Troiano indique que les instruments à vent accompagnaient le cœur les Dimanches et jours de grande fête, à la messe et aux Vêpres. La présence de trois organistes permettaient d'assurer un roulement ; un orgue "positif", dont un exemple apparaît dans les marges des partitions enluminées par Mielich, est attesté par l'inventaire des instruments de 1655, scellé dans le mur de la chapelle.

Alexander J. Fisher Music, Piety, and Propaganda: The Soundscape of Counter-Reformation Bavaria, Oxford, 2014, pp.78-79.

La réunion des deux vues permettrait donc de dresser un plan assez précis de la chapelle de cour sous le duc Albert V.

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Mus. Ms. AII page 186.  Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 186. Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 186. partie supérieure Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 186. partie supérieure Droits réservés MDZ BSB.

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2. Les choristes .

 Les noms et le nombre des chanteurs peuvent être retrouvés soit par la description donnée par Massimo Troiano en 1569 dans ses Dialoghi et ses Discorsi, soit dans les archives de la comptabilité du "bureau du personnel" du duché, dont la partie concernant la musique a été publiée par Sandberger. Enfin, le site BMLO ou Bayerisches Musiker Lexicon Online procure les données numérique des différents musiciens Bavarois. Selon Nicole Schwindt, à  l'époque, en 1570, la Cantorei ducale comportait 23 chanteurs : 7 altistes, 7 ténors et 9 basses. Troiano en cite une trentaine en 1569. Mais il faut ajouter à ce nombre 3 à 6 enfants sous la direction d'un précepteur. Cet effectif des comptables et d'un témoin avoisine le chiffre de 36 membres, et est donc égal ou proche de celui retrouvé sur la page 186 de Mielich. 

Le dénombrement est rendu difficile par le fait que le comptable ne cite souvent que le prénom, associé parfois à la fonction, et que Troiano ajoute au prénom, après une virgule,  un qualificatif (Genua, Veneziano; Ramedello, Romano, Flamenghi) qui est lié aux origines géographiques mais dont on ne sait s'il constitue un nom de famille. Enfin, le même nom se décline sous de nombreuses formes. Le plus intéressant est de constater que les chanteurs proviennent principalement soit des Pays-Bas, soit d'Italie.

 

 7 Altistes (Altisten)

  •  Anton Gosswin (1535-1598) ou Antonio Gossuino, néerlandais. Voir Troiano page 42. Il fut compositeur, chef d'orchestre, organiste, alto, professeur de musique, professeur de chant,  choriste, à Munich , Bonn, Francfort / Main, Freising, Landshut, etc. Le comptable le déclare Kapellmaister de Landshut en 1569 (Sandberger page 42)

  • Caspar Pichler, ou Puchler mentionné à partir de 1562 ; décédé en 1606.

  • Wilhem Niclas, né aux Pays-Bas, membre de 1568 à 1576 ; altiste et ténor.

  • Ludwig Haberstock, membre à partir de 1564 ; décédé après 1597. Altiste et joueur de trompette.

  • Wilbold Mader, membre de 1563 à 1590.

  • Johan de la Huß

Seuls les noms des quatre premiers sont mentionnés par le comptable en 1570-1572 dans ses Cantorei-Personen. 

 

Je n'y trouve pas Massimo Troiano : cf. Sandberger p. 50. Le napolitain Massimo Troiano, altiste, et compositeur de canzoni, était à Munich en 1568 (où il assiste aux noces du prince Guillaume ), séjourne à Venise en 1569, mais est à nouveau à Munich en 1570, jusqu'à Pâques où il est accusé du meurtre de l'un des musiciens, Johann Battista Romano. On perd sa trace à partir de cette date. Il est surtout connu par ses Dialoghi et ses Discorsi de 1569, qui décrivent la vie à la cour de Bavière lors des Noces de février 1568, et que je cite fréquemment ici.

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7 ténors (Tenoristen)

  • Georg , Jörg ou Joris Gattmair, ou Gattermaier, Gattner, etc.Ténor à la cour depuis 1563, décédé en 1591. Il est le frère de Peter et de Lorenz Gattmair.

  • Wolfgang Schönswetter ; chanteur, musicologue, compositeur, professeur de musique, mais serait né en 1570 ?

  •  Simon ou Sigmund Principe, Simon von Rhom "Simon de Rome", membre de 1568 à 1572 (déces), ténor.

  • Joachim, Jocham ou Johan Freithof, mentionné en 1558 et 1592

  • Heinrich Franz de Plau. Le comptable parle d'un Hainrich Franz Niderlender (le néerlandais)

  • Peter Gattmair, membre de 1568 à 1570, également instrumentiste et copiste.

  • Don Carlo Brachogin, membre de 1568 à 1575."Carl Brachogin, von Rhom" pour le comptable. Sans-doute "Don Carlo, Livizzano" de Troiano.

 

 

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 9 Basses (Bassisten)

  • Gallus Rueff, flamand

  • Caspar Kummer ( Khumerer)

  • Hans Vischer ou Fisher, flamand

  • Franz Flori, niderlander (flamand) mentionné en 1569

  • Richard von Genua. Il est précepteur des choristes (Khnaben ou Knaben) en 1569 (Sanderberg p.41)

  • Octaviano de Alberto, flamand. Le comptable mentionne Octaviano Romano.

  • Bartholo. Fanndenfeld

  • Augustino Persi

  • Christoph Nusser

Les trois derniers n'apparaissent pas dans les Cantorei-Personen du comptable (mais leurs noms ont été relevés par N. Schwindt).

 

Massimo Troiano les décrit ainsi dans ses Discorsi entre Mariano et Fortunio page 70 :  5 Basses, 5 Ténors ; 5 ou 6 Alto ; 12 Soprano,  2 autres chanteurs, soit 29 ou 30 membres :

Quelli honorati virtuosi ? Hans Fischer, Franz Flori, Gallo Rueff, Richardo & Ottaviano di Alberti, tra gli altri questi sono cinque Bassi, che ciascuno da se potrebbe fare fondamento e corpo ad ogni gran Capella .

 Don Carlo, Livizzano ; Don Alessandro, Ramedello ; Cornelio, Giorgio, Volffgangus, Henrich, e Gioachin. Questi sono tenoristi, tra gli altri, di molta importanza.

 Gaspar, Piler, Francesco, di Spagna, Talanera, Martino, e Gugliemo Fiamenghi ; Christofaro Haberstoch ; e Vilbaldo ; contralti, certo, e per la voce, e per la virtu veramente degni di quella honorata Capella. Poi vi sono dodeci soprani, discepoli, di Orlando Lasso, e quali siano, lo lasso considerare, a voi, che sapete le virtu del mastro.

Mar. Voi non mi dite nulla di Messere Antonio Gosuino.

For. Donde il conoscete ?

Mar. Ho udito cantare delli suoi Motteti, e Madrigali, e sono informato, che la parte del contralto, con infinitissima gratia, e leggiadria la canta, & anco che è molto prattico della compositione.

For. Egli è vero, e spesse volte in quella capella, si cantano delle sue Messe. Et è ben voluto da quel Prencipe, e Messere Orlando, havendolo in tutte le attioni conosciuto, virtuoso, costumato, e prattico del le cose del mondo ; gli ha dato pensiero, con consenso di sua Eccellenza, ch' impari tutti li soprani della capella. 

Mar. Don Augustino Persii, non è anco in quel servitio ?

For. S'io volesse dirvi tutti quelli che vi sono, io haverei molto da dire, e voi troppo d'ascoltare.

 

 

 

La Cantorei en 1592.

Selon le Taschenbuch für die vaterländische Geschichte, la formation musicale fut réduite  en 1592.  Elle se composait alors de 22 membres +/- 7 :

Quatre Basses : Hans Vischler (450 florins) ; Jacomo 220 fl ; Christianus 201 ; Jonas 200 ;

Quatre Ténors : Fossa 500 fl. ; Wolf Schlender 335 fl. ; Don Sebastian 340 fl.; Ferdinand Lasso 240 fl.;

Quatre Altistes : Horatio  340 fl. ; Hainrich 340 fl. ; Saleno (Galeno) 305 fl. ; Klain Cäspale 200

Quatre Discantisien: Spänisch Münch 200 fl. ; Gabriel 250 fl. ; Peter Anthoni 400 fl. ; Julio Geigle 400 fl.

Six enfants de chœur (Cantorei Knaben) 40 fl/ par tête, majoré hiver et été  52 fl. Par tête

Un Précepteur 300 fl ;

Des sommes ont été versées à six chanteurs (pour leur départ ?)  Georg Gäglmair 140 fl. ; Sebastian Pica (Bica) 220 fl. ; Joachim Freithof 120 fl. ;Octavian 170 fl.; Hans Tele 170 fl.

"et  3 enfants de chœur Cantorei Knaben 276 fl."

 

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La page suivante ( p.187) montre les musiciens de Roland de Lassus entourés de personnages (4 d'un coté, 11 de l'autre) qui ont été considérés (N. Schwindt) comme des chanteurs, mais dont la posture évoque plutôt pour moi celle de courtisans ou de spectateurs. Chacun pourra se faire son avis, mais c'est certainement la page 186 qui permet le mieux de découvrir la Hofcantorei de Munich sous Roland de Lassus.

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Mus. Ms. AII page 186. partie inférieure Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 186. partie inférieure Droits réservés MDZ BSB.

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5) Mus. Ms. A.II page 187 : la formation musicale de Roland de Lassus.

C'est la page la plus célèbre, couramment reproduite dans les livres ou sur les pochettes de disque, et soigneusement analysée par les musicologues. 

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a) Le cadre.

L'encadrement est semblable aux précédents, avec le Père Eternel dans le cartouche, l'entablement soutenu par deux femmes ailées, les guirlandes et un médaillon,  deux colonnes latérales en marbre gris et vert à motif de télamon, et un cartouche inférieur.

Le médaillon porte l'inscription Sicut in fabricatione auri signum est smaragdi, sic numerus musicorum in jucundo et moderato vino . qui est une nouvelle citation de l'Ecclésiastique 32, ici dans les versets 8 . Je donnerai aussi la traduction des versets 7 et 9 :

7. Un concert de musiciens dans un festin où l'on boit du vin est comme un joyau d'escarboucle enchâssé dans l'or.

8. Une symphonie de musiciens pendant qu'on boit du vin avec joie et modération est comme un cachet d'émeraude monté sur or.

9. Ecoute en silence, et ta retenue t'acquerra la faveur.

 

On remarque le mot latin smaragdus, du grec ancien σμάραγδοςsmáragdosdéformation du mot perse zamarat qui veut dire « cœur de pierre ». Il a donné notre mot émeraude, 

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b) Le cartouche inférieur.

Le cartouche inférieur porte le nom d'auteurs et de musiciens célèbres ayant précédé Roland de Lassus et que H.F. Delmotte a transcris en les arrangeant un peu:

 

AVCTORES P[ER] MVSICES P[RAE]CIPVI ET EXCELLENTISSIMI : Compositeurs de musique  les plus excellents.

J'ai utilisé Wikipédia pour les présenter:

– Jacobus Hobrecht.

Jacob Obrecht (Gand, 1457 ou 1458 - Ferrare, juillet 1505) est un compositeur néerlandais de la Renaissance. Il était le plus renommé des compositeurs de messes en Europe à la fin du xve siècle, seulement dépassé par Josquin Des Prés (référence nécessaire) après sa mort, et il composa en outre de nombreux motets et chansons.

–  Jusquinus Pras.

 Josquin des Prés né peut-être à Beaurevoir vers 1450 et mort à Condé-sur-l'Escaut le 27 août 1521, souvent désigné simplement sous le nom de Josquin, est un compositeur franco-flamand de la Renaissance. Il est le compositeur européen le plus célèbre entre Guillaume Dufay et Palestrina et est habituellement considéré comme la figure centrale de l'école franco-flamande.  

–  Johannes Maulton.

Jean Mouton, de son vrai nom Jean de Hollingue, né à Samer vers 1459 et décédé à Saint-Quentin le 30 octobre 1522, est un compositeur français. On trouve aussi les orthographes Jehan de Hollingue ou Houllingue, ou encore Jehan Mouton. Comme Josquin des Prés, dont il est l’ami et le condisciple, Jean Mouton est originaire du nord-est de la Picardie.

Il étudie à la maîtrise de Saint-Quentin avec Josquin, puis y devient magister puerorum (maître des enfants chantant dans le chœur).

Vers 1483, il est maître de chapelle à Nesle et y est ordonné prêtre. En 1499, il dirige la maîtrise de la Cathédrale d'Amiens pour deux ans, sans toutefois être nommé maître de chapelle. Il est ensuite chanoine à la cathédrale de Thérouanne, puis il obtient en 1501 une charge à l'église collégiale Saint-André de Grenoble. Il est par la suite à la chapelle d'Anne de Bretagne (épouse de Louis XII) qui intercède en 1509 pour qu'il obtienne un canonicat à Saint-André de Grenoble. Musicien favori d’Anne de Bretagne, alors reine de France, il effectue avec elle un voyage à Grenoble et devient maître de la chapelle du palais en 1505. En 1510, un de ses motets, Non nobis domine, célèbre la naissance de la fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne. En 1514, à la mort d'Anne de Bretagne (où il écrit un motet Quis dabit), il devient maître de chapelle, d'abord sous Louis XII, puis sous François Ier.

–  Hadrian[us] Willjarzt.

Adrian Willaert, probablement né à Bruges vers 1490 et mort à Venise le 7 décembre 1562, est un compositeur flamand de la Renaissance. Willaert a laissé plus de soixante-dix madrigaux italiens, environ soixante chansons françaises, plus de cent cinquante motets, une cinquantaine d'hymnes et de psaumes ainsi que huit messesoù apparaît l'influence de Josquin des Prés. Il est le créateur de l'école vénitienne (entre 1550-1610) et a formé toute une génération de musiciens : Cyprien de Rore; Costanzo Porta; Francesco Dalla Viola; Gioseffo Zarlino; Andrea Gabrieli. Il marque également de son influence l'œuvre de Roland de Lassus. 

–  Clemens Jannequin.

Clément Janequin est un compositeur, chanteur (chantre), et prêtre français (né à Châtellerault vers 1485 et mort à Paris en 1558). Connu dans l'Europe entière pour ses chansons polyphoniques. En 1525, il devient maître de chapelle et chanoine, d'abord à Saint-Émilion puis dans d'autres églises collégiales du bordelais. En 1530 il se dit « chantre du roi », au moment du séjour de François Ier et de sa cour, à Bordeaux. Il est, depuis 1527, chapelain de la cathédrale d'Angers. En 1533, il devient curé de la paroisse d'Avrillé, à côté d'Angers, et « maître de musique » de la cathédrale d'Angers jusqu'en 1535. 

–  Ciprian Rore.

Cyprien de Rore (en italien : Cipriano da Rore) (né à Renaix en 1515 ou en 1516 – mort à Parme, entre le 11 et le 20 septembre 1565) est un compositeur franco-flamand. C'est un des représentants importants de l'école franco-flamande après Josquin des Prés ; il s'établit en Italie pour y résider et travailler, fait œuvre de pédagogue et participe au développement du dernier style musical de la Renaissance en Italie  ; il est considéré comme l'un des plus importants madrigalistes de son époque.

–  Leo Pa:Aude_CM:Di;

 Pape Léon X Giovanni de Médicis (1475-1521) ?.

 

– Petrus pirton De la Rue.:

 Pierre de La Rue parfois nommé Pierchon, Van Straeten, de Vimté ou Platensis, (né vers 1460, probablement, à Tournai et mort le 20 novembre 1518) est un compositeur franco-flamand dela Renaissance. De la même génération que Josquin Des Prés, il est avec Agricola, Brumel, Compère, Isaac, Obrecht et Weerbeke un des principaux représentants de l'école franco-flamande vers 1500. 

– Certon Werdelot : faut-il voir deux personnages différents?

– Pierre Certon  est un compositeur français de la Renaissance, né  vers 1515 et mort à Paris le 23 février 1572. Éminent musicien de l'école parisienne du xvie siècle, Pierre Certon est célèbre avant tout par ses chansons courtoises polyphoniques. D'abord comme clerc des matines à Notre-Dame (1529), chantre à la Sainte-Chapelle (1532), où il devint maître des jeunes choristes vers 1542; il fut nommé chapelain perpétuel en 1548. En 1560 il obtint une prébende de chanoine à Notre-Dame de Melun.

– Philippe Verdelot ?, parfois appelé Verdelotto en Italie, est un compositeur français de la Renaissance, né entre 1480 et 1485 aux Loges, près de Rebais, et décédé entre 1530 et 1552. 

 

– Christo : Morales.

Cristóbal de Morales, né à Séville vers 1500 et mort à Marchena ou Malaga en 1553, est un compositeur espagnol de musique sacrée, qui vécut à l'époque de la Renaissance. Après des études classiques et musicales, il est en poste à Avila et à Plasencia en 1528. Il chante ensuite comme baryton dans le chœur de la Chapelle Sixtine, à Rome. Il réside alors pendant dix ans à Rome, durant le pontificat du pape Paul III. 

– Nicolas Gombert.

Nicolas Gombert (vers 1495 - vers1556) est un compositeur franco-flamand, maître des enfants de chœur de la chapelle de Charles Quint. 

– Petrus Mancicourt.

Pierre de Manchicourt est un compositeur franco-flamand né à Béthune vers 1510 et mort à Madrid le 5 octobre 1564. Maître de chapelle de la cathédrale de Tournai en 1545, il s'installe ensuite à Arras en 1556 sous la protection de l'évêque Antoine Perrenot de Granvelle, puis à Anvers en 1557, avant d'être nommé maître de la Capilla Flamenca de Philippe II à Madrid de 1559 à sa mort. Disciple de Nicolas Gombert et Thomas Créquillon, ses nombreuses compositions polyphoniques de forme traditionnelle sont surtout caractérisées par une grande clarté harmonique et contrapuntique.

– Joanes. Richafort.

Jean Richafort, né vers 1480 et mort vers 1547, est un compositeur de la Renaissance. Il est sans doute mort à Bruges. D'après Pierre de Ronsard, il aurait étudié auprès de Josquin des Prés, pour lequel Richafort compose un requiem en 1532. Il est maître de chapelle à la cathédrale Saint-Rombaut de Malines de 1507 à 1509, puis à l'église Saint-Gilles à Bruges de 1542 à 1547.

 

– Lupus Lupi.

Johannes Lupi,  (Jean Leleu, dit ; v. 1506 (Cambrai)-1539) . Il fit toute sa carrière à la cathédrale de Cambrai, d'abord enfant de choeur de 1514 à 1521, puis vicaire (1526-1527), et enfin maître des enfants de 1527 à 1539. Malgré la présence de musiciens homonymes (parmi lesquels Didier Lupi Second), on lui attribue généralement trois messes (quelquefois treize), un recueil de quinze motets, une vingtaine d'autres motets publiés dans des recueils collectifs, onze chorals en allemand, et une vingtaine de chansons et de liedekens montrant l'existence d'un lien entre l'école néerlandaise et l'école parisienne. 

– Thomas Crequillon.

Thomas Créquillon (parfois orthographié Crecquillon), né vers 1505, et mort probablement au plus tard en 1557, est un compositeur franco-flamand de la Renaissance. 

– Clemens non papa.

Jacob Clemens non Papa (Jacques Clément ou Jacobus Clemens non Papa), né vers 1510-1515 et mort en 1555 ou en 1556, est un compositeur prolifique, pratiquant différents styles et genres, issu de l'école franco-flamande et surtout célèbre par des harmonisations   polyphoniques des psaumes néerlandais (Souterliedekens).

– Joha[nes] Ocsenheim.

Johannes Ockeghem ou Jean Ockeghem (né v. 1420 à Saint-Ghislain, tout près de Mons, Hainaut - mort le 6 février 1497 à Tours,France) était un compositeur franco-flamand de la seconde moitié du xve siècle, considéré comme le chef de file de la deuxième génération de compositeurs après Guillaume Dufay et avant Josquin Des Prés. 

– Henricus Ysac.

Heinrich Isaac ou Heinrich Isaak est un compositeur germano-flamand (? v. 1450 - Florence, 26 mars 1517), actif dans le Saint Empire et en Italie. Par son style, il se rattache à l'école franco-flamande de la Renaissance. Son principal élève, Ludwig Senfl, devient lui-même un musicien réputé au xvie siècle. 

 

– Claudin.

Claude Le Jeune, né vers 1530 à Valenciennes et mort en 1600 à Paris, est un compositeur de musique originaire du Hainaut, ayant vécu à la Renaissance et appartenant à l'école franco-flamande. Bien que protestant (calviniste), Le Jeune fut rapidement un habitué des cénacles intellectuels parisiens. Protégé par Guillaume d'Orange et le duc d'Anjou, Le Jeune devint « compositeur principal » puis « Maître de la musique » du roi Henri IV. 

– Antonius Brumel.

Antoine Brumel (* ca 1460 - † ca 1520) est un compositeur français des débuts de la Renaissance. Né peut-être à Brunelles près de Nogent-le-Rotrou, Brumel est un des rares compositeurs de l'école franco-flamande nés en France, hors des frontières de l'empire bourguignon. Élève de Johannes Ockeghem, il est chanteur ("chantre", c'est-à-dire choriste) dans le chœur professionnel de la cathédrale Notre-Dame de Chartres en 1483, puis maître de musique (maître du chœur et des enfants, alias maître de psallette, ou encore maître de chapelle comme on dirait aujourd'hui) à la cathédrale Saint-Pierre de Genève, jusqu'en 1492. Il devient chanoine à Laon en 1497 et maître de musique à la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1498. Il démissionne en 1500, retourne à Chambéry, avant d'être nommé maître de chapelle en 1506 à la cour de Ferrare (Italie) parmi la suite d'Alphonse Ier d'Este.

Compositeur du Nord, il intègre les influences italiennes dans son œuvre. Il compose essentiellement des messes (dont il nous reste une quinzaine, plus quelques extraits). Parmi elles, la Missa Et ecce terrae motus à 12 voix, dite "du tremblement de terre" (sur les 7 premières notes: ré-ré-si-ré-mi-ré-ré de l'antienne pascale chantée à Laudes : "Et ecce terrae motus..."). Le manuscrit qui nous reste est celui que Roland de Lassus fit copier dans le but de donner l'œuvre à la cour de Bavière). Sa dernière production est sa Missa pro defunctis (son Requiem), pour chœur quatre voix. On lui doit aussi des motets (34 dont 3 Magnificat, la Prose - ou Séquence - franciscaine Mater Patris et Filia à trois voix, le Benedictus à huit voix de la messe Et ecce terrae motus, l'antienne mariale Regina Cœli à quatre voix, l'antienne de l'Assomption Sicut lilium inter spinas, à quatre voix) et une quinzaine de chansons profanes.

– Ludovicus Senfl.

Ludwig Senfl, né en 1486, mort entre le 2 décembre 1542 et le 10 août 1543, est un compositeur suisse de la Renaissance, actif en Allemagne. Il fut l'élève le plus célèbre de Heinrich Isaac et eut une influence considérable sur l'essor de la musique polyphonique en Allemagne. 

– Thomas Stolzer.

Thomas Stoltzer (né à Schweidnitz (Silésie) vers 1470, mort en 1526 ou 1544) est un compositeur allemand de la Renaissance. Il a acquis une grande réputation en Europe centrale et dans les pays germaniques. Il travaille en Silésie puis entre au service les rois de Hongrie. Il a composé des œuvres essentiellement polyphoniques à caractère religieux ou profane. Son style s'apparente à Heinrich Finck, son maître, et à Heinrich Isaac.

 

– Joan. Courtois.

Compositeur franco-flamand. - Actif à Cambrai entre 1516 et 1545. - Mort avant 1567 

– Sandrin.

Pierre Sandrin, né Pierre Regnault, est un compositeur français de la Renaissance.

Pierre Sandrin a été un compositeur fameux en son temps. Il a été au service de François Ier, Henri II, et Hippolyte d'Este vers 1550-1560. Il est l'auteur de cinquante chansons à quatre voix, sur des textes galants, parues entre 1538 et 1556. Certaines de ses chansons s'inspirent du style de Claudin de Sermisy, d'autres de la frottola italienne. Il est aussi en 1543 le premier à écrire des chansons strophiques, à l'origine des chansons en forme de voix-de-ville.

 

– Schlaconius Episc.

Georg von Slatkonia ou Jurij Slatkonja (* 21 Mars 1456 à Ljubljana , ( Krain ); † 26 Avril 1522 à Vienne ) a été  évêque de Vienne depuis 1513. Il a étudié à Ljubljana, Ingolstadt et à Vienne, a été ordonné prêtre, et était chantre à l' Orchestre de Musique de Cour de Vienne Cour , qu'il a dirigé à partir de 1498. Grâce à lui, les compositeurs comme Paul Hofhaimer ,Heinrich Isaac et Ludwig Senfl sont venus à Vienne. De son propre travail de compositeur aucun œuvre n'a été conservée.

 

– Erasm[us] Roterod[amus].

Desiderius Erasmus von Rotterdam (1496-1536) n'a jamais composé de musique.

— Orlando di Lasus.

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– Christoph. Morales.

Cristóbal de Morales, né à Séville vers 1500 et mort à Marchena ou Malaga en 1553, est un compositeur espagnol de musique sacrée, qui vécut à l'époque de la Renaissance. Après des études classiques et musicales, il est en poste à Avila et à Plasencia en 1528. Il chante ensuite comme baryton dans le chœur de la Chapelle Sixtine, à Rome. Il réside alors pendant dix ans à Rome, durant le pontificat du pape Paul III. 

Mus. Ms. AII page 187.  Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 187. Droits réservés MDZ BSB.

c) Les compositeurs cités en référence.

La liste de 27 (ou 28) noms est un témoignage condensé mais précieux pour étudier de quelles influences se réclame Roland de Lassus, ou, plus généralement, la Hofkapelle de Munich à la fin du XVIe siècle. Or, ces influences regroupent ce qui est considéré actuellement comme "l'école franco-flamande" , et parmi celle-ci sa branche italienne (A. Willaert et de Rore). Si on adopte, avec Wikipédia,  la répartition en "générations" de cette école, la première génération n'est pas représentée, la liste débute chronologiquement par la seconde génération (XVe siècle) avec Johannes Ockeghem, mais est surtout consacrée à la troisième génération (début XVIe siècle) avec son leader Josquin des Prés, accompagné de Jacob Obrecht, Antoine Brumel, Pierre de la Rue et Heinrich Isaac (et son élève Ludwig Senfl).

Ces noms sont associés ailleurs que dans ce cartouche du manuscrit munichois. Ainsi, en 1520, est rédigé à Augsbourg un recueil de 24 motets, le Liber selectarum cantionum quas vulgo Mutetas appellant, sex quinque et quatuor vocum, qui associe des œuvres de Ludwig Senfl, Heinrich Isaac, Josquin  des Pres, Pierre de la Rue, Jacob Obrecht. (British Library K.9.a.24.)

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La musique liturgique à Munich.

La musique liturgique de la Chapelle était copiée dans des codex manuscrits, depuis 1523 avec Ludwig Senfl. L' inventaire de cette collection de Livres de chœurs mentionne 75 Livres. Il a été publié par Martin Bente, Marie-Louise Göllner ,Helmut Hell et Bettina Wackernagel : Bayerische Staatsbibliothek, Katalog der Musikhandschriften. I. Chorbücher und Handschriften in chorbuchartiger Notation. KbM vol.5/1  

Cet inventaire avait été précédé en 1879 par :

MAIER(Julius Joseph), 1879 : Die musikalischen Handschriften der K. Hof- und Staatsbibliothek in München, Bd.: 1, Die Handschriften bis zum Ende des XVII. Jahrhunderts, München, 1879 : 

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/bsb00008139/images/index.html?fip=193.174.98.30&seite=1&pdfseitex=

.

c) La pièce où se donne le concert.

Cette pièce de la Résidence de Munich appartient au même ensemble que celles que nous avons parcouru sous la conduite de Hans Mielich, et nous sommes d'ailleurs apparemment revenu  dans la St-Georgs-Saal, avec le même carrelage, les mêmes hautes fenêtres à arcade, vitrées en verre en culs-de-bouteille, le même plafond à caisson, la même peinture dorée sur les deux-tiers de la hauteur des murs, et les mêmes médaillons ovales peints dans l'intervalle entre chaque fenêtre. Mais la porte latérale, cintrée à la page 4, est ici rectangulaire ; et les fenêtres ne sont pas interrompues par la cheminée. Nous sommes donc, selon toute vraisemblance, placé à un angle de vue opposé, correspondant, sur l'enluminure de la page 3, à la porte latérale cintrée. Nous découvrons donc le mur opposé à celui qui supportait le dais et la grande scène de bataille. Ce mur reçoit lui aussi une fresque représentant un roi recevant des courtisans ou présidant à une séance devant des notables assis dans une stalle. On y voit aussi une tour commandant l'accès à un pont.

Les médaillons suspendus à l'angle du mur et du plafond portent, pour un sur deux, les armes blanche et rouge de l'archiduché d'Autriche, comme sur la gravure de N. Solis. Entre ceux-ci, les autres médaillons semblent ornés d'un profil.

Mus. Ms. AII page 187, partie supérieure.  Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 187, partie supérieure. Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 187, milieu  Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 187, milieu Droits réservés MDZ BSB.

La partie principale de l'enluminure, c'est-à-dire celle qui représente les musiciens et trois jeunes enfants de chœur, fera l'objet de la deuxième partie de cet article.

Mus. Ms. AII page 187.  Droits réservés MDZ BSB.

Mus. Ms. AII page 187. Droits réservés MDZ BSB.

SOURCES ET LIENS :

— Annales de la Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand, Volume 7 :page 191

https://books.google.fr/books?id=624TAAAAQAAJ&pg=PA192&dq=%22In+corde+prudentis+requiescit+sapientia%22+lassus&hl=fr&sa=X&ei=aBFRVf2lGe3fsATc1oDABg&ved=0CCUQ6AEwAQ#v=onepage&q&f=false

 

— BERGQUIST (Peter) 2006,   Orlando Di Lasso Studies page 165   Google

— BERGQUIST (Peter), éditeur, 19901,The Seven Penitential Psalms and Laudate Dominum de caelis Par Orlando di Lassus

https://books.google.fr/books?id=NWPdOJWL0CMC&pg=PR19&lpg=PR19&dq=Seghkein&source=bl&ots=OMXz8sby0r&sig=eTNBm7zMdg3I8N5AQTwYOIREJqg&hl=fr&sa=X&ei=eRJSVcCcJ4KBU9fxgdgN&ved=0CEIQ6AEwBw#v=onepage&q=Seghkein&f=false

BERGQUIST (Peter), éditeur, The Complete Motets 9: Patrocinium musices, prima pars (Munich, 1573) Par Orlande de Lassus   :https://books.google.fr/books?id=TJrSKKuGV6kC&printsec=frontcover&dq=Patrocinium+musices&hl=fr&sa=X&ei=L_VRVZ3eOsfwUOufgKgB&ved=0CCAQ6AEwAA#v=onepage&q=Patrocinium%20musices&f=false

— BOYDELL (Barra) 1978, "The Instruments in Mielich's Miniature of the Munich "Hofkapelle" under Orlando di Lasso. A Revised Identification," Tijdschrift van de Vereniging voor Nederlandse Muziekgeschiedenis Deel 28, No. 1 , pp. 14-18 in  Koninklijke Vereniging voor Nederlandse Muziekgeschiedenis
Article Stable URL:http://www.jstor.org/stable/938948

 BRADLEY ( John William) , 1888 A Dictionary of Miniaturists, Illuminators, Calligraphers and Copyists,... https://archive.org/stream/adictionarymini02bradgoog#page/n342/mode/2up/search/lindelius

—  BOSSUYT (Ignace) « The copyist Jan Pollet and the theft in 1563 of Orlandus Lassus « Sercret »  Penitential Psalms » From Ciconia to Sweelinck: Donum Natalicium Willem Elders Par Albert Clement,Eric Jas page 262

https://books.google.fr/books?id=OW0ktdIxMoIC&pg=PA262&lpg=PA262&dq=lindel+mielich&source=bl&ots=xyuNPQpN8x&sig=2lfFoBPITIPcndpKiCuNqF0AC3I&hl=fr&sa=X&ei=_MdPVYmTM8zvUo3agLgK&ved=0CEYQ6AEwBQ#v=onepage&q=lindel%20mielich&f=false

— CLOSSON (Ernest), 1919, Roland de Lassus, Burnhout, Ets Brépols, Serié Les Grands Belges,  36 pages. Ernest Closson (1870_1950) est un musicologue belge. 

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 DECLÉVE, (Jules) 1894, Roland de Lassus, Sa vie, son œuvre, Mons.

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— DELMOTTE (Henri Florent), 1836, Notice biographique sur Roland Delattre: connu sous le nom d'Orlando de Lassus, A. Prignet, 176 pages. pages 132-139.

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—  EICHNER (Barbara), 2012, Protecting the Muses, promoting the Church: Lassus’ "Patrocinium musices" reconsidered. (Oxford Brookes University)

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— FOURNIÉ ( Eléonore), LEPAPE (  Séverine), 2012, Dévotions et représentations de l’Immaculée Conception dans les cours royales et princières du Nord de l’Europe (1380-1420) http://acrh.revues.org/4259

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 https://www.academia.edu/2519774/A_la_recherche_de_l_universel_constructions_%C3%A9tatiques_et_patronages_mariaux_en_France_et_en_Bavi%C3%A8re_de_1600_%C3%A0_1660_environ_

WALCKERNAGEL (Bettina)  2003 Musikinstrumentenverzeichnis der Bayerischen Hofkapelle von 1655. Faksimile, Transkription und Kommentar Ed. Schneider

— ZIMMERMANN (Max Georg),1895, Die bildenden künste am hof herzog Albrecht's V. von Bayern J. H. E. Heitz,  - 132 pages page 98-99 et page 108:

https://archive.org/stream/diebildendenknst00zimm#page/98/mode/2up

 — Taschenbuch für die vaterländische Geschichte. Hrsg. v. Hormayr ..., Volume 33

 Par Joseph Freiherr von Hormayr, Alois Freiherr von Mednyanszky page 280

https://books.google.fr/books?id=Pn9UAAAAcAAJ&pg=PA280&lpg=PA280&dq=Joachim+Freithof&source=bl&ots=QcSa9JyJn6&sig=ae0tzAl5BamQWwLs1wK79tZV_kY&hl=fr&sa=X&ei=I9xmVfjEFsv1UJr7gLAL&ved=0CCYQ6AEwAQ#v=onepage&q=Joachim%20Freithof&f=false

Sur la musique baroque et ses instruments : http://classic-intro.net/introductionalamusique/baroque3.html

Sur la musique à Munich :

http://www.musiklexikon.ac.at/ml/musik_M/Muenchen.xml

Sur la Résidence de Munich :

http://www.residenz-muenchen.de/deutsch/service/publik.htm

 

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Published by jean-yves cordier - dans Mielich
10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 20:53

Autoportrait de Hans Mielich et portrait de Roland de Lassus : le Mus. Ms. A. I et II.

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Source des images :

Par copie d'écran de :

Roland de Lassus / Orlando di Lasso , Les sept psaumes pénitentiels de David avec le motet Laudes Domini : Livre de chœur volume I Mus.ms. A I(1), Bibliothèque Nationale de Bavière Bayerrische Staat Bibliothek BBS , Munich, 1565

https://opacplus.bsb-muenchen.de/metaopac/search?View=default&db=100&id=BV035322074

— Microformes (noir et blanc, tout le manuscrit) :

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035007/images/

— Couleur (une sélection d' enluminures) dernière page (p. 222) :

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0008/bsb00089635/images/index.html

— Volume de commentaire (Erläuterungen) de Samuel Quickelberg (1569) : Mus. Ms AI(2) Cim 207

Vol. I : http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035012/images/index.html?id=00035012&fip=qrssdaseayaenxdsydyztseneayawfsdr&no=18&seite=294

Vol. II : http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035013/images/index.html?id=00035013&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=1&seite=3

— Portrait du Livre de chœur II (Mus. Ms. AII) dernière page :

http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&bandnummer=bsb00035009&pimage=188&v=150&nav=&l=de

http://imslp.org/wiki/Choirbook,_D-Mbs_Mus._MS_A_%28Lassus,_Orlande_de%29

http://petrucci.mus.auth.gr/imglnks/usimg/8/85/IMSLP368403-PMLP594987-d-mbs_mus._ms_a_2.pdf

N.B. Les couleurs ont été parfois fortement ravivées et la netteté rehaussée, le but étant ici la lisibilité des documents et non la fidélité de reproduction.

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Dans un premier article, j'ai présenté l'autoportrait de Hans Mielich figurant à la fin du manuscrit Mus. Ms. B des Motets de Cipriano de Rore, accompagné d'une inscription et d'une devise Ne Sutor Ultram Crepidam. Ce manuscrit enluminé par le peintre munichois Mielich datait de 1559.

Autoportrait de Hans Mielich : Ne Sutor Ultra Crepidam.

Voir aussi : 

Mirabar solito dans le livre de chœur enluminé Mus. Ms B. de Munich.

 

Présentation.

Le duc Albert V de Bavière dut être satisfait de ce précieux volume de partitions musicales, puisqu'il fit réaliser un recueil identique par le même copiste Jean Pollet et par le même miniaturiste, cette-fois pour les Psaumes pénitentiels de son Maître des chœurs de sa cour, Roland de Lassus. Il fallut ici le partager en deux volumes, intitulés aujourd'hui Mus. Ms A.I et Mus. Ms. A.II, contenant respectivement 222 et 189 folios sur vélin, de 60 cm sur 40 cm.. Le premier volume se conclue, page 222 donc, par les portraits du peintre et du compositeur, en deux médaillons placés autour d'une inscription dédicatoire. En outre, chaque volume est accompagné par les commentaires descriptifs du médecin et bibliothécaire Samuel Quickelberg, ce qui fait du Mus. Ms. A un ensemble de quatre volumes, chacun assemblé dans une reliure de maroquin rouge enrichie de coins, d'armoiries et de serrures d'orfèvrerie.

 

Portraits d' Orlando di Lasso et de Hans Mielich, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés  BBS MDZ

Portraits d' Orlando di Lasso et de Hans Mielich, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés BBS MDZ

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I. L'inscription à la postérité.

La partie principale de cette page est occupée par une longue inscription centrale, imitant une épigraphie romaine, et que l'on n'a pas très envie de lire, d'une part parce qu'elle est longue, d'autre part parce qu'elle est en latin. J'ai pris la peine pourtant de la recopier. 

D.O.M.S
AETERNEQVE MEMORIAE ILLVSTISS : PRIN/CIPIS ALBERTI BAVARIAE DVCIS. QVI DVM A GVBERNANDA  AMPLISSIMA REGIONE SVA , ET SACRO IMPERIO CONSILIIS INDEFESSE IVVANDO INTERDVM RESPIRARET QVO ERAT OMNIA LIBERALISSIMA STVDIA , TVm VERO MAXIME ERGA MVSICAM ET PICTVRAM ANIMO, BENIGNE ADMODVM APVD SE FOVEBAT AVDIEBATQVE , CELEBERRIMVS PER EVROPAM MVSICVM ORLANDVS DE LASSVS,  MVLTORUM IBI CANTIONVS ET HORUM QUOQUE PSALMORVM COMPOSITOREM. ET IOHANNIS MVELICHII MONACHIENSIS PICTORIS BIBLICARVM IMAGVM PRAESENTIVM VNICI COLLECTORIS ARCHITECTI ET INVENTOR  IS OPERIBVS CONTEMPLANDIS, MEMORANDISQUE SACRIS HISTORIIS , TV[-] HIS, TU[S] ALIIS OMNIBVS, ILLVSTRISSIMO EXEMPLO DIVINE PENITVS VACABAT .
TOMVS PRIMVS HOC LOCO ABSLOVITVR.

Soit :

Deo Optimo Maximo Sacrum, Aeternaeque memoriae illustrissimi principis Alberti Bavariae ducis, qui dum a gubernanda amplissima regione sua, et sacro imperio consiliis indefesse iuvando interdum respiraret, quo erat erga omnia liberalissima studia tum vero maxime erga musicam et picturam animo, benigne admodum apud se fovebat audiebatque, celeberrimum per Europam musicum Orlandum de Lassus, multorum ibi cantionum et horum quoque psalmorum compositorem. Et Iohannis Muelchichi Monachiensis pictoris biblicarum imaginum praesentium unici collectoris architecti et inventor operibus contemplandis, memorandisque sacris historiis, tum his, tum aliis omnibus, illustrissimo exemplo divine penitus vacabat. Tomus primus hoc loco absolvitur.

Fut-elle jamais traduite entièrement ? Un auteur aussi consciencieux  que Zimmermann, qui donne les mesure des médaillons au demi-centimètre près (10,5 cm x 8,5) fait l'impasse sur cette version latine, et Bradley, qui dépasse son collègue en matière de description pointilleuse, se contente de dire qu'il s'agit de vers (?) faisant la louange du duc et de son amour des arts. Henri Florent Delmotte y remarque ce passage : "Quoique le duc soit un grand protecteur de tous les arts et de toutes les sciences en général, cependant la peinture et la musique lui doivent un hommage particulier". Ma traduction est très hasardeuse :

"A la mémoire éternelle  du très illustre prince le duc Albert de Bavière, qui, tout en (pour se délasser de ) gouvernant sa vaste région, et en aidant par ses conseils inlassables  , a soutenu très généreusement tous les arts et les sciences mais tout particulierement la musique et la peinture , écoutant et favorisant  Orlando de Lassus, célèbrissime dans l'Europe de la Musique comme compositeur de nombreux  chants,  parmi lesquels ces psaumes . Et Hans Muelich de Munich, peintre et architecte et inventeur des images bibliques présentées à la contemplation dans ce livre  ...

Ce premier volume se termine ici."

Les commentaires de Quickelberg vont-ils nous aider ? Les voici :

Inscriptio est ad posteritatem, in qua quicquid hic est artis, atque imaginum, totum Deo optimo maximo aeternaque memoriae Alberti principis sacrum esse iubetur indicanturque simul sub hoc principe, qui praeter ipsum summum autorem ac liberalissimum libri patronum artifices reliqui accesserunt aliquii enim ipsi nusquam in tam ingenti volumine nominantur. Sed hic utriusque tam Orlandi de Lassus musici, quam Ioannis Müelichii pictoris effigies adiiciuntur, ut iam erit infra de iisdem statim dicendum.

L'inscription s'adresse à la postérité ...

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A défaut de comprendre les inscriptions, nous pouvons observer l'image, avec les deux statues en grisaille bleutée, deux femmes sans attribut d'identification mais que l'on peut considérer comme représentant la Musique et la Peinture. Le montant du cadre du coté du musicien présente des instruments de musique (trombone, cornemuse et violon ?).

 

D.O.M.S
AETERNEQVE MEMORIAE ILLVSTISS : PRIN/CIPIS ALBERTI BAVARIAE DVCIS. QVI DVM A GVBERNANDA  AMPLISSIMA REGIONE SVA , ET SACRO IMPERIO CONSILIIS INDEFESSE IVVANDO INTERDVM RESPIRARET QVO ERAT OMNIA LIBERALISSIMA STVDIA , Tvus VERO MAXIME ERGA MVSICAM ET PICTVRAM ANIMO, BENIGNE ADMODVM APVD SE FOVEBAT AVDIEBATQVE , CELEBERRIMVS PER EVROPAM MVSICVM ORLANDVS DE LASSVS,  MVLTORUM IBI CANTIONVS ET HORUM QUOQUE PSALMORVM COMPOSITOREM . ET IOHANNIS MVELICHII MONACHIENSIS PICTORIS BIBLICARVM IMAGVM PRAESENTIVM VNICI COLLECTORIS ARCHITECTI ET INVENTOR  IS OPERIBVS CONTEMPLANDIS, MEMORANDISQUE SACRIS HISTORIIS , TV[-] HIS, TU[S] ALIIS OMNIBVS, ILLVSTRISSIMO EXEMPLO DIVINE PENITVS VACABAT .
TOMVS PRIMVS HOC LOCO ABSLOVITVR 

A la mémoire éternelle  du très illustre prince le duc Albert de Bavière, qui, tout en gouvernant sa vaste région, et en aidant inlassablement par ses conseils inlassables  le Saint-Empire et  parfois toutes les  très libérales études  en particulier vers la musique et la peinture de votre esprit, très généreux avec son oncle écoutait, très souvent en Europe Musique Orlando de Lassus, de beaucoup de ces chants, et, là aussi, des psaumes de choses composites. Et Hans Muelich de Munich peintre des images du livre  un architecte collecteur unique et inventeur est l'opéra observation, mémoires et l'histoire sacrée, Tus ces Tus autres choses, l'exemple le plus illustre de la divine est complètement vide. Ce premier volume se termine ici.

Portraits d' Orlando di Lasso et de Hans Mielich, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés  BBS MDZ

Portraits d' Orlando di Lasso et de Hans Mielich, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés BBS MDZ

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II. Le portrait de Roland de Lassus.

 

a) Roland de Lassus et les Psaumes pénitentiels ( Psalmi poenitentiales).

Les sept  Bußpsaum  ou psaumes de la pénitence (lat. de poenitentiales Psalmi ) sont une série de psaumes qui ont  comme thème l'aveu de culpabilité, et la tristesse du péché.

Ce sont les psaumes suivants (dans la numérotation gréco-latine, celle de la Vulgate) :

Dans le Volume I :

  • Psaume 6  : Domine, ne in furore...miserere ; 5 voix, en 12 parties.

  • Psaume 31  : Beati quorum remissae sunt ;  Page 42, pour 5 voix, 16 parties.

  • Psaume 37  : Domine, ne in furore...quoniam ; Page 98,  5 voix, en 25 parties.

  • Psaume 50 : Miserere mei, Deus ; (le Miserere est, dans la tradition de l'Église, le psaume pénitentiel par excellence). Page 172, pour 5 voix, en 22 parties.

Dans le Volume II :

  • Psaume 101  : Domine, exaudi, orationem meam et clamor; en 31 parties

  • Psaume 129  : De Profundis clamavit ; en 10 parties

  • Psaume 142 : Domine, exaudi orationem meam auribus; en 16 parties

La compilation du groupe remonte  à Augustin d'Hippone, au début du Ve siècle . Ils ont été mis en musique par Roland de Lassus pour l'usage privé du duc Albert V et de sa cour, le musicien de cour ayant interdiction de copier et de diffuser la musique qu'il composait. 

​A ces sept psaumes s'ajoutent, dans le volume II, le psaume-motet Laudate Dominum de caelis, en quatre parties, tiré des psaumes 148 (trois parties) et 150 (une partie) . Très différents, ils sont aussi jubilatoires que les premiers sont sombres. Ils appartiennent néanmoins intégralement au cycle conçu par le musicien, car chacun des sept psaumes pénitentiels prenant son "mode musical" (ou tonalité) à partir de l'un des huit modes ecclésiastiques, le huitième mode trouve ainsi son attribution.

 

Les  Psalmi poenitentiales Davidis ne seront publiés qu'en 1584, à Munich, chez Adam Berg. Dans la préface que de Lassus rédige alors, il écrit Anni sunt, plus minus, viginti quinque, cum septem Psalmos Poenitentiales Musicis modis redidi, " Il y a 25 ans, plus ou moins, que j'ai écrit les sept Psaumes Pénitentiels dans les modes musicaux". Peter Berquist estime donc que cette composition date de 1559 et suit celle des Prophetiae Sibyllarum et des Lectiones (dont la copie par Jean Pollet compose le manuscrit Vienna Mus. Hs. 18744). Le musicien a donc composé la musique en 1559, date à laquelle le copiste Iohannes Pollet et le peintre Hans Mielich venaient de copier et d' illustrer les 26 Motets de Cipriano de Rore du Mus. Ms. A. Ce manuscrit de 304 pages et 82 enluminures leur avait demandé deux ans environ. Les 222 pages du premier volume du Mus. Ms. A.I, dont presque chaque page est enluminée, débutèrent en 1563 (P. Berquist) et furent terminées en 1565. Le volume A.II ayant été achevé en 1570, on voit qu'il fallut environ 7 ans pour réaliser ce qui fut l'un des plus coûteux manuscrits jamais commandé.. 

La version de Roland de Lassus des Psaumes de pénitence de David  est l'une des plus célèbres de toute la Renaissance. Le contrepoint est libre, en évitant l'imitation généralisée des franco-flamands. Comme ailleurs, Lassus s'efforce de mettre en valeur l'impact émotionnel. L'avant-dernière pièce, De profundis (Psaume 130, ici sixième Psaume), est considérée par de nombreux spécialistes comme l'un des sommets de la polyphonie de la Renaissance, à l'égal de Josquin des Prés.

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b) la Musica reservata.

Cette œuvre relève par excellence de la musica reservata, (ou musica secreta) style ou pratique musicale maniériste propre à la musique vocale de la seconde moitié du 16ème siècle, principalement en Italie et le sud de l'Allemagne , impliquant le raffinement (recherche de performance ornementale), l'exclusivité (elle est conçue pour être réalisée et appréciée par des groupes très restreints  de connaisseurs), l'expression émotionnelle (musique émotive traduisant les états d'âme), la littéralité ( "peinture musicale des mots"  par des figures musicales spécifiques et reconnaissables pour éclairer des mots spécifiques dans le texte) et l'usage de  progressions chromatiques.  

C'est à l'époque une notion suffisament importante pour que Samuel Quickelberg en fasse état dès l'introduction de ses Commentaires du manuscrit, aux pages 4-5:

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035012/images/index.html?id=00035012&fip=qrssdaseayaenxdsydyztseneayawfsdr&no=18&seite=12

Ad imaginum inspectores et explicationum lectores.

[...] Mandavit itaque princeps illustrissimus (Albertus) excellentissimo suo Orlando de Lassus musico, quo praestantiorem ac suaviorem nullum nostra saecula tulere, hoc psalmos quinque potissimum vocibus componendos, qui quidem adeo apposito lamentabili et querula voce, ubi opus fuit, ad res et verba accomodando, singulorum affectuum vim exprimendo rem quasi actam ante oculos ponendo, expressit, ut ignorari possit : suavitasne affectuum, lamentabiles voces, suavitatem affectuum plus decorarint. Hoc quidem musicae genus MUSICAM RESERVATAM vocant : in qua ipse Orlandus mirifice, ut quidem in aliis carminibus, quae sunt fere innumerabilia, sic etiam in his ingenii sui praestabilitatem posteris declaravit. Erläuterungen Vol.I folio 4

" Le très illustre duc Albert a expressement demandé à son excellent Roland de Lassus, musicien inégalé de ce siècle pour la suavité expressive de sa musique, de composer ces psaumes principalement pour cinq voix, pour offrir le cas échéant en effet une telle palette de voix plaintives et de lamentations, en s'adaptant aux mots et aux choses,  en exprimant la force des sentiments comme si elle était exposée devant les yeux (quasi actam ante oculos ponendo),  l'embellissant de voix suaves et de lamentations, d'affections tristes et douces. Ce type de musique se nomme MUSIQUE RESERVÉE ; Roland de Lassus lui-même y excelle, ici comme d'ailleurs dans ses autres motets, qui sont presque innombrables."

— Ou encore par Florian Weininger : "Le duc ordonna à son excellent musicien Roland de Lassus de composer ces psaumes à 5 voix. Celui-ci adapta sa composition là où cela était nécessaire au sujet et aux paroles, lui donna une expression si plaintive et touchante, rendit la chose elle-même á ce point concrète pour l‘auditeur par la belle peinture des sentiments qu‘il n‘est pas facile de démêler si la beauté de l‘expression musicale confère un plus grand charme aux mots touchants ou l‘inverse. Dans ce genre de musique appelée MUSICA RESERVATA, Roland a donné la preuve de son talent sublime à la postérité. Samuel van Quickelberg : tome de commentaire au codex (d‘après la traduction de Siegfried Wilhelm Dehn, 1837)" 

 

-- traduction en anglais par Albert Dunning, in « Musica reservata » : 

"Lasso expressed these psalms so appropriately in accomadating, according to necessity, thoughts and words with lamenting and plaintive tones, in expressing the force of the individual affections, and in placing the object almost alive before the eyes, that one is at loss to say whether the sweetness of the affections enhanced the lamenting tones more greatly, or whether the lamenting tones brought greater ornement to the sweetness of the affections. This genre of music they call musica reservata. In it, whether in other songs, which are virtually innumerable, or in these, orlando has wonderfully demonstrated to posterity the outstanding quality of his genius."

"Lasso a exprimé ces psaumes de manière si appropriée dans leur arrangement , en accordant, selon le cas, des pensées et des mots avec des sons gémissants et plaintifs, en exprimant  la force des sentiments individuels, et en placer l'objet presque vivant sous les yeux, que l'on est en peine de dire si la douceur des affections rend le ton de lamentations plus grand encore, , ou si les tons de lamentations apportent un ornement supplémentaire à la douceur des affections. Ils appellent ce genre de musique la musica reservata . Dans celle-ci, soit dans d'autres chants, qui sont pratiquement innombrables, soit dans ceux-ci, Orlando a merveilleusement démontré à la postérité la qualité exceptionnelle de son génie.".

En bref, cette musique relève de l'illustration musicale : c'est ce qui donne du sens à la mise en parallèle des portraits du musicien et du peintre et à leur association dans l'inscription dédicatoire. E. Closson dit de Lassus : "Il suit le texte pas à pas. Dans un même morceau, il est tour à tour menaçant, courroucé, implorant, miséricordieux, tendre. Cette qualité dans le sentiment religieux est la qualité qui signale les célèbres Psaumes de la Pénitence". De la peinture avec des sons, pour peindre les états d'âme.

 

 

 

 

 

c) Portrait de Roland de Lassus.

Son portrait porte les inscriptions suivantes :

ORLANDVS DE LASSO

IN CORDE PRVDENTIS REQVIESCIT SAPIENTA ET INDOCTOS QVOQVE ERVDIET.

Prov. XIV. D

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035012/images/index.html?id=00035012&fip=qrssdaseayaenxdsydyztseneayawfsdr&no=20&seite=296

La citation In corde prudentis requiescit sapienta et indoctos quoque erudiet est tirée du Livre des Proverbes Prov,14:33 . La Bible du Semeur donne comme traduction : "La sagesse repose dans un esprit intelligent : elle sera reconnue même parmi les sots [Selon le texte hébreu traditionnel. L'ancienne version grecque et la version syriaque ont: mais le cœur des sots ne la connaît pas.]"

L'interprétation du sens de ce proverbe dépend donc de sa traduction. Amputée de sa chute, l'imprese In corde prudentis requiescit sapienta  a servi de marque d'imprimeur à Galliot et à Gilles Corrozet, mais sa finale peut donner à la citation un sens élitiste parfaitement en accord avec l'esprit de la musica reservata, et parfaitement en accord aussi avec la devise Ne Sutor Ultra Crepidam du peintre Mielich : l'affirmation de l'exigence de l'art (expression ultime de la Sagesse, puisque les Muses sont conduites ici par Minerve) : seuls les esprits les plus élevés et les mieux éduqués peuvent pénétrer les arcanes d'une composition musicale très élaborée, ou d'une peinture remplie de références religieuses, mais surtout philosophique voire ésotérique.

Roland de Lassus est né à Mons en 1532 : en 1565, il est donc âgé de 33 ans. Il est représenté en buste, de 3/4. Son front est dégarni, il porte un collier de barbe, et une médaille au bout d'un ruban noir.

 



 

Portraits d' Orlando di Lasso et de Hans Mielich, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés  BBS MDZ

Portraits d' Orlando di Lasso et de Hans Mielich, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés BBS MDZ

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II. Portrait de Hans Mielich.

Ce médaillon porte l'inscription :

E. IOANNIS MVELICHI PICTORIS.

SOLI DEO HONOR, GLORIA, CVIVS BONITATI HAEC QVAE RECTA A ME INVENTA SVNT ADSCRIBO OMNIA. SI QVID ERRATVM INVENITVR, ERROR MEVS FIT NON ALIORVM. JVDICIVM SALVVM MANEAT ECCLESIAE.

Hans Mielich peintre.

Soli Deo honor, gloria cuius bonitati haec quae recta a me inventa sunt adscribo omnia si quid erratum invenitur, error meus fit non aliorum judicium salvum maneat Ecclesiae

En 1565,  Mielich a 49 ans ; par rapport au portrait de 1559, sa calvitie s'est accentuée mais surtout sa barbe a pris une taille considérable et fait concurrence avec celle du duc. Comme Roland de Lassus, il porte attaché à un ruban une médaille en or. Comme dans tout autoportrait, son corps est tourné devant son chevalet mais son visage fait face au spectateur qu'il fixe dans les yeux. 

Les rémunérations.

Mielich reçut 10 florins pour chacune des 414 pages enluminées, soit 4140 florins en plus de ses honoraires de 3800 florins. (Son successeur Hoefnagel recevait, au service de l'archiduc Ferdinand de Tyrol, 800 florins par an, et son Missale Romanum fut payé 2000 couronnes d'or, plus une chaine en or de même valeur).

[Florin = Gulden ; Couronne = Kreutzer.  1 Florin = 60 Couronnes ???]

 Roland de Lassus acheta à Munich une maison de 1535 florins, et à cette fin Albert V lui fit remettre 1000 florins. En 1571, l'empereur Maximilien II lui paya une Messe 150 florins. En 1574, il percevait 400 florins/an. Ses fils furent engagés comme chanteur de chœur et comme organiste pour 200 florins/an (et, en 1614, Anton Holzner, également chanteur de cour fut engagé à 200 florins/an, puis perçut 400 florins comme organiste). Les archives bavaroises  BayHStA HZA révèlent que les dépenses effectuées pour la Cantorei s'élèvaient à 4150 florins  y compris les salaires du Kapellmeister et des chanteurs, puis chûtèrent à 2024 florins en 1594, année du décès de Roland de Lassus.

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Portraits d' Orlando di Lasso et de Hans Mielich, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés  BBS MDZ

Portraits d' Orlando di Lasso et de Hans Mielich, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés BBS MDZ

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IV. Le cartouche inférieur : Le peintre Apelle et la devise "Ne Sutor apud Crepidam".

Comme dans son autoportrait du Mus. Ms. B des Motets de Ciriano de Rore, Hans Mielich fait figurer une illustration de l'anecdote rapportée par Pline au sujet du peintre grec Apelle, selon laquelle il s'en prend à un cordonnier qui, examinant l'une de ses peintures, commence par critiquer un détail d'une sandale (crepida), puis exerce son esprit critique sur les autres parties du tableau : Apelle s'écrit alors Ne Sutor Ultram Crepidam, "Pas au dessus de la sandale, cordonnier". La façon de Mielich pour traiter ce sujet est presque la même que dans le Mus. Ms. A, mais le sujet du tableau peint par Apelle n'est plus Hercule et le Lion (allusion au duc Albert). On ne reconnaît que cinq personnes autour d'une table à nappe blanche, le premier d'entre eux étendant la jambe. C'est cette jambe vers laquelle se penche le cordonnier (identifiable à son tablier de cuir), devant une réunion de six personnes qu'il prend à témoin. Mais parmi eux, un homme barbu et imposant, qui n'est pas sans ressembler au duc Albert, semble dubitatif. Apelle semble bondir de derrière la toile pour protester et lancer sa célèbre sentence.

Voici le commentaire de Samuel Quickelberg :

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035012/images/index.html?id=00035012&fip=qrssdaseayaenxdsydyztseneayawfsdr&no=18&seite=296

Apellis quandam tabulam, a se palam propositam, contemplantur homines diversae et aetatis et conditionis : ubi inter religuos valde criticus adest sutor : qui cum ulterius insolenter, quam de calceis vellet indicare, ab Apelle admonetur bis verbis : Ne sutor ultra crepidam. Ita quidem pictor quoque noster Muelichius quosdam salutatos voluit, (qui praeter eos, quorum erit sacras indicare historias, quibus se quantum ad accomodationem singulorum libenter subiicit) de subtiliore ambigent imaginum illustratione : ut prius intelligant, quanto temporis spacio iussu Illustrissimi principis primi autoris et fundatoris fuerint haec absoluenda : quantisque iterum annis opus fuisset ad eiusmodi volumen, per se laboriosissimum, et amplissimum pluribus minutiis exornandum, et ad finem usque perducendum.

Ainsi que vous le constatez, Quickelberg semble ne pas faire allusion à un détail, d'ailleurs insignifiant en apparence. Dans le cartouche de Mus. Ms. A, Mielich avait peint Apelle à demi-allongé en dessous de deux petits cadres, dont l'un ressemblait à un blason à trois taches triangulaires blanches sur fond rouge. Or, ici, c'est un atelier de peintre avec divers palettes et pots  qui remplace les deux cadres. Mais, au dessus du cartouche lui-même, inséré dans l'encadrement de l'inscription, on retrouve ce cuir, avec une tête de bovin (ou de daim) couronné de laurier au centre et une tenture rouge ourlée d'or portant, de chaque coté, les trois objets blancs.

Quickelberg décrit in ornamentis ce décor :

Supra Apellis tabulam sunt insignia pictorum, in pelle vitilina infixa, in quo etsi tacite alludere, voluit ad Lucam evangelistam, etiam pictorem, bovi seu iuvenco in sacris literis comparatum, tamen ideo potissimum exhibuit, quod gesfite adhuc et exilire vitulorum instat non desinant pictores, opere aligno gravi absoluto. Sed et floribus et frondibus triumphalibus ornatae sunt reliquae partes ; ut voti usque, et usque non videatur immemor fuisse pictor, quo homines quam plurimos, eosque maximos cupiat, tanquam odoratis floribus et suavissimis fructibus harum terum inspectione, cantu, et lectione ac salutari meditatione invari, et ad optimam frugem excitari.

"Au dessus du tableau d'Apelle sont les insignes du peintre, insérés dans une peau de veau (vélin) faisant allusion tacitement  à l'évangéliste Saint Luc, qui traditionnellement était un peintre, comparé dans les Saintes Écritures à un bœuf ou jeune bovin. [... ] Mais les autres parties sont ornées de fleurs, de guirlandes de triomphes, ...

 

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Devise de Mielich, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés  BBS MDZ.

Devise de Mielich, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés BBS MDZ.

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V. Le cartouche supérieur : Minerve prenant la Musique et la Peinture sous sa protection.
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 Le cartouche supérieur reprend le thème que le poète Stopio, le peintre Mielich et le musicien Cipriano de Rore avaient traité dans le motet Mirabar solito du Mus. Ms. A et qui s'affirme encore une fois comme central pour le duc de Bavière, en allusion à son statut d'Apollon mécène des Muses. 

C'est un fronton en demi-cercle, couronné par ce qui ressemble à une louve ailée mais qui est le cheval Pégase, celui qui ouvrit de son sabot la source Hippocrène sur le mont Hélicon. Cette source est l'image poétique de l'inspiration créatrice des artistes. Tout ici se réfère au Livre V des Métamorphoses d'Ovide, qui s'est trouvé déjà au cœur de l'interprétation du Mirabar solitoà laquelle je renvoie le lecteur.

Au centre, Minerve, armée de sa lance, casquée, tenant l'égide à tête de Méduse. (Pégase est né du sang de la tête de Méduse, tranchée par Persée).  A l'arrière-plan, un arbe (l'olivier ?) et les sommets de l'Hélicon. De chaque coté, les neuf Muses, dont Uranie, debout, identifiable au globe qu'elle tient (?). Ces dames offrent à la déesse un concert.

Cela offre une occasion de découvrir un témoignage des instruments de musique de la Renaissance, et, a priori, des instruments en usage à la Hofkapelle de Munich. De gauche à droite, nous trouvons :

  • une flûte traversière

  • un triangle

  • un luth (cordes pincées)

  • une viole (cordes frottées) dont on note les ouïes en f très fendu.

  • un fifre

  • deux tambourins

  • un hautbois ou une chalémie.

La muse agenouillée joue peut-être aussi d'un instrument que je ne discerne pas.

Minerve a les pieds posés sur une tête mi-animale et mi-grotesque évoquant peut-être celle d'un bouc. Faisant saillie sur le cadre de l'inscription centrale, elle répond à la tête inférieure (bovine?) selon une intention qui m'échappe.

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Les commentaires de Quickelberg. (je ne traduis pas, car il a recopié ma description).

Pallas, quae et sapientiae et armorus dea est, consistit media inter novem Musas : ad quas venerat, ut fontem caballinum Pegasi ungulis excitatum (tem sane novam). Videret. Circumsident ergo singulae musicis et diversarum artium instrumentis insignitae, quibus earum inventa celebrantur. Imo et aliis quoque rebus artificiosis omnibus idoneae as fenduntur. Servit huic historiae Pegasus equus alatus, in coronide appictus et Caput Medusae in clypeo Minervae efficttus, quia equus ille e sanguine colli Medusa ortus erat. De hoc adventu Palladis ad Mussas, sic est apud Ovidium lib. V Metamorph.

 

Fama novi fontis nostras pervenit ad aures, / Dura Medusaei quem proepetis ungola rupit.

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Ce cartouche est enrichi de volutes typique du style Floris, avec ses C et ses Contre C barrés d'une tige en T. En haut, deux putti y sont installés, tandis que sur le coté ils servent de siège à deux musiciennes et à deux pies. Celles-ci nous indiquent que nous n'en n'avons pas fini avec le thème du Mirabar solito et du livre V des Métamorphoses, puisque les Piérides, filles du roi Pierus, ont été transformées en pies par Minerve après s'être impudemment comparées aux Muses. Dans le siège de gauche, la belle Piéride tient en main une crécelle, instrument déplaisant qui la déprécie immédiatement. Mais à droite, sa consœur joue, si je ne m'abuse, de la cornemuse, l'embouchure au bec, deux bourdons (ténor et basse) sur l'épaule gauche, pressant le sac entre son ventre et son coude, et pianotant sur les trous du chalumeau. Or, quoique cet instrument soit déconsidéré par des connotations diaboliques (corne-muse) ou érotiques, il a néanmoins toute sa place dans la musique de cour , notamment à la hofkapelle de Roland de Lassus. Qu'en dit Quickelberg ? 

 

Superius ad latera inter ornamenta

Duae picae, et duae Musae adulterineae : illa in propria forma : hae quasi numellis inclusae : sed rusticis instrumentis et crepitaculis in signitae : quarum duae hic appictae, reliquum numerum, et fabulam subinditant. Quia cum essent quaedam sorores musicae Pieri ex Evippa uxorre filiae, pulchritudine et clamasitate nimis superbientes, adeo ut cum Musis Castaliis arroganter certare auderent, ob stoliditatem in picas mutatae sunt. De quibus Ovidius lib. V.

Ales erat, numeroque novem sua fata querentes, / Institerant ramis imitantes omnia picae.

"Au-dessus et à  côté du cartouche.  Deux pies, et deux fausses Muses, sous la forme appropriée : enfermées dans une sorte de carcan elles se reconnaissent par leurs instruments rustiques et leurs crécelles , dont deux sont peints ici, les autres étant sous-entendues. Parce que ces sœurs musiciennes,  filles de Pierus et d'Evippe,  trop fières de leur beauté et de leurs clameurs, clamasitate , firent tant et si bien que, lorsque les Muses de Castalie furent lasses de leur  arrogance grossière, elles furent changées en pies. De cela voir Ovide livre V."

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En conclusion, cette page 222 , qui clôt le volume I du deuxième manuscrit de partitions de musique commandé par le duc Albert, est une citation auto-réferentielle au premier manuscrit composé par le même copiste de musique Jean Pollet et par le même peintre. On y retrouve la confrontation des deux portraits du musicien et du peintre, qui est une façon de souligner une caractéristique capitale de la musica reservata, sa volonté de peindre par les notes et les rythmes ce qu'exprime le texte. Inversement, le peintre affirme aussi son statut supérieur d'artiste à part entière, qui revendique le raffinement et la complexité technique propre à la poésie, selon le poncif de l'époque, "ut pictura poesis" inspiré d'Horace.

On y retrouve  la volonté de passer à la postérité en associant leur gloire à celle de leur mécène Albert V, qui, à l'époque, est engagé dans une concurrence acharnée avec les cours des duchés italiens pour réunir autour de lui les meilleurs artistes des différents arts, et les plus belles collections de monnaies, de statues, de peintures, de partitions, et, bien-sûr, de livres.

On y retrouve aussi la devise de Hans Mielich, s'assimilant à Apelle pour affirmer que sa peinture est une invention, qu'elle est cosa mentale, une chose intellectuelle saturée de références littéraires et emblématiques, et qu'elle n'est accessible qu'aux connaisseurs.

Enfin, on retrouve, comme un condensé de tout le Mus. Ms. A, voire même du thème principal de décoration des palais que le duc est en train d'aménager ou de concevoir à Munich et à Landshut, la reprise du thème du Mirabar solito, où Albert V était comparé, avantageusement, à Apollon, patron des Muses.

Dans ce premier volume (1565), la place de l'Antiquité grecque romaine (Minerve, Apelle, Ovide, les grotesques des villa romaines)  est encore prépondérante. Cela pouvait se comprendre pour les Motets de Cipriano de Rore, dont seuls 20 sur 26 étaient de la musique sacrée. C'est plus étonnant pour les Psaumes pénitentiels de David, entièrement voués à l'histoire biblique et, sur la figure de David coupable d'adultère par sa concupiscence envers Bethsabée, et de meurtre de son mari Uri le Hittite, entièrement voué au thème de la faute, de la pénitence (mort de son premier fils), du repentir et du pardon.  

Cela changera dans le volume II. La Contre-Réforme sera plus présente, le rôle des Jésuites plus important.

 

 

 

 

 Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés  BBS MDZ.

Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés BBS MDZ.

Minerve et  les Muses, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés  BBS MDZ

Minerve et les Muses, Mus. Ms. AI, folio 222. Droits réservés BBS MDZ

 

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LES PORTRAITS DU VOLUME II (1570) du Mus. Ms. A. 

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I.  Portrait de Roland de Lassus (1570).

A.II page 188.

http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&bandnummer=bsb00035009&pimage=187&v=150&nav=&l=de

C'est un portrait en pied, de trois-quart, avec ombre portée (éclairage venant de la droite) sur un fond bleu saphir intense, dont les trois tons évoquent en partie une encoignure. Le musicien, par rapport à son portrait de 1565, a pris de l'importance et de l'embonpoint. Il tient un placet dans la main droite, ses gants chamois et sa coiffe de la main gauche. Sa robe de cérémonie, en velours moiré noir, gaufré aux emmanchures, vient, autour du cou, enserrer une haute fraise. Un ruban retient une médaille d'or (qui se retrouve sur un  portrait fait à 39 ans). Il est entouré latéralement par deux cariatides, puis par deux putti porteurs de guirlandes de fruits.

Portrait de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII. folio 188. Droits réservés  BBS MDZ

Portrait de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII. folio 188. Droits réservés BBS MDZ

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Le cadre aux volutes Renaissance est surmonté d'un cartouche portant les mots

                                LEAL IVSQUE A LA MORT.

soit "Loyal jusqu'à la mort".

Leal est un mot de l'ancien français, leial, dérivé du latin legalis, "relatif aux lois", puis "usuel, courant, normal"et qui a donné loyal.

Roland de Lassus l'utilise couramment dans ses courriers dans la formule "trèshumble et leal seruiteur orlando ": 

On peut s'étonner de trouver cette devise (ou simple proclamation de fidélité) écrite en français ancien. Une lettre transcrite par Ernest Closson montre que Roland de Lassus parlait lui-même une sorte de sabir mêlant l'italien, le français (ou le patois montois) et le latin, y compris pour s'adresser au prince Guillaume.

Lettre de Roland de Lassus au duc Guillaume de Bavère (écrite à Munich le 11 septembre 1573).

Très illustre Prince, mon Souverain Seigneur et Maistre.

Je me retreuve avecq la gracieuse letterine que il placuit à Vr~e. Exce mihy scribere. Après menger opportet bibere, je veux dire, in meo sermonibus, que le rens grosse et grasse grâce à Vr~e bonté et Exce, qui se dègne recorder du moibndre de ses petiz serviteurs, de son retour sano et gagliardo et légier d'argento. Dieu face que le mente, ma pur l'aqua corr' al mare. Enquant à la musique que Vr~e Exce m'escrit qu'elle va petit à petit, cela va fort bien, S[en]or, si perche si dice in italiano, pian piano, si va luntano ; librum mutetarum erit completorium, sed nunquam potuerunt habere nec invenire la impresa di Vrã Extia, quale va stampato sotte la Sua imagine, si che l'Adam Berg se donne au cuisiniers d'enfer, et moi je le donne au diable. Quant à la partita d'Anthonia violista, j'ai parlé ad longum con il signor Jacobo Fucarj, e spero que fara bono uffitio per ipsum, si autem veritatem mihj dixit ; quant aux nouvelles de nre Court, elle ne sont oujes d'un sourt . Monsr le duc Albert se treuve pour adesso à Staremberg, et demourera là jusque qui s'en parte ; il ia beacoup d'autre chose à dire, mais je ne les veux escrire. […]

De Monaco, le 11 de settembre 1573,

De V~re Excse,

Très humble et léal serviteur,

 

Orlando Lasso Col...

On se régalera à en lire l'inégralité truculente ici :

https://archive.org/stream/rolanddelassus00clos#page/26/mode/2up/search/leal.

Ce ton familier et enjoué viendra atténuer l'aspect sévère du portrait.

Un autre portrait gravé l'année de son décès est accompagné de la devise, également en français POVR REPOS, TRAVAIL (Jan Sadeler I, 1594)

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http://www.bibliotecamusica.it/cmbm/scripts/quadri/scheda.asp?id=1847,%201848,%20137,

 

 

Le titulus inférieur contient, sur fond de faux marbre vert, les mots suivants :

IMAGO EXCELLENTISSIMI MVSICI

ORLANDI DI LASSVS .SUAE

AETATIS . 40 ANNO.

"Portrait de l'excellentissime musicien Orlando de Lassus à l'âge de 40 ans."

Si cet âge a été calculée sur l'année de naissance de 1532 que nous connaissons aujourd'hui, cela correspond donc à un portrait de 1572. 

 

 

Portrait de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII. folio 188. Droits réservés  BBS MDZ

Portrait de Roland de Lassus, Mus. Ms. AII. folio 188. Droits réservés BBS MDZ

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II. Portrait de Hans Mielich.

Ce portrait est plus petit que celui du musicien, il se réduit à un médaillon placé, comme pour un monument funéraire, en bas d'un médaillon principal à thème religieux, lui-même placé sur un piétement portant une longue inscription. 

 

 

a) l'inscription.

D.O.M.S. 

AETERNAEQVE MEMORIAE ILLVSTRISS : PRINCIPIS ALBERTI BAVARIAE DVCIS . QVI DVM A GVBERNANDA AMPLISSIMA REGIONE SVA, ET SACRO IMPERIO CONSILIIS INDEFESSE IVVANDO INTERDVM RESPIRATET . QVO ERAT OMNIA LIBERALISSIMA STVDIA. TVM VERO MAXIME ERGA MVSICAM ET PICTVRAM ANIMO, BENINGNE ADMODVM APVD SE FOVEBAT AVDIBATQUE CELEBERRIMVM PER EVROPAM MVSICVM ORLANDVM DE LASSUS, MVLTORUM IBI CANTORVM ET HORVM MUQVOQVE PSALMORVM COMPOSITORES . ET IOHANNIS MVELICHII MONACHENSIS PICTORIS BIBLIACARVM IMAGINUM PRAESENTIVM VNICI COLLECTORIS ARCHITECTI ET INVENTORIS OPERIBVS CONTEMPLANDIS, MEMORANDISQUE SACRIS HISTORIS, TVM HIS .TVM ALIIS OMNIBVS, ILLUSTRISSIMO EXEMPLO DIVINE PENITUS VACABAT.

TOMVS SECVNDNS HOC LOCO ABSOLVITVR.

C'est la même inscription que pour le premier volume, vouant à la mémoire de la postérité le duc Albert protecteur des arts, son musicien Orlando de Lassus et son peintre Hans Mielich, ... mais qui se termine avec la mention "Ici s'achève le second tome". Je tente une nouvelle traduction : le peintre est décrit comme "Ioannis Muelich de Munich, peintre, collectionneur, architecte et inventeur des images bibliques ainsi que des autres histoires  observées et retenues de l'Histoire Sainte, de ce livre entièrement consacré à l'illustrissime enseignement divin."

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b) les tituli des télamons.

Oui, ce lourd panneau est encadré par deux couples (de face et de profil) de télamons, et j'adore utiliser ce synonyme d'atalante pour placer ces mots savants. Celui de gauche est un bel éphèbe glabre, alors que son ascèle acolyte de droite est barbu, cavalièrement accoudé à son cartel, et comme un garde du corps surpris à abandonner la pose pour un brin de causette avec son stagiaire.

Que disent les pancartes ?

 

La résolution de l'image photographique ne me permet pas de lire autre chose que des bribes incertaines incluant le mot dies. Dommage.

c) Le cartouche.

HVNC QVI TAM VARIA DEPINXIT IMAGINE LIBRVM,

AVTORIS VERAM CONSPICIS EFFIGIEM.

IS . SI OPERE EX TANTO (CEU DIGNUS EST) GLORIA SVRGIT,

LAVDEM NON SIBI VVLT, SED TRIBVISSE DEO.

SI QVIS AB INCANTO COMMISSVS CERNITVR ERROR,

ERROREM PROPRIVM VENDICAT IPSE SIBI.

 

Hunc qui tam varia depinxit imagine librum  autoris veram conspicis effigiem. Is, si opere ex tanto (ceu dignus est) gloria surgit, laudem non sibi vult, sed tribuisse Deo.  Si quis ab incauto* commissus cernitur error, errorem proprium vendicat ipse sibi.

*incanto corrigé en incauto dans la transcription de Quickelberg.

"Voici le portrait véritable de l'auteur qui a peint les images si variées de ce livre. Si cette œuvre mérite (si elle en est digne) quelque gloire, il ne veut pas les louanges pour lui-même, mais pour Dieu. Si quelqu'un trouve une erreur commise par imprudence , il la revendique comme sa propre erreur."

 

 

Portrait de Hans Mielich, Mus. Ms. AII. folio 189. Droits réservés  BBS MDZ

Portrait de Hans Mielich, Mus. Ms. AII. folio 189. Droits réservés BBS MDZ

d) Le "retable" recevant le portrait de Mielich.

L'ovale centrale est comme adossé à une façade traitée à l'antique, et il est présenté par deux femmes POLYPONIA et EVSEBIA. C'est pour moi une nouvelle énigme. Polyponia tient un piquet et un compas, alrs qu'Eusébia tient contre sa hanche un objet indistinct, un livre peut-être. Elles sont toutes les deux coiffées d'un voile, et portent une longue tunique bandée sous la poitrine par une large ceinture. Elles ont, à leur pieds, les débris de colonnes  grecques et de temples, et, à leur coté, un angelot tenant l'un un chardon, l'autre une ronce, deux plantes à connotation péjorative. 

Mes recherches restent vaines. En 2002, Kurt Léocher écrivait :Die allegorischen Frauengestalten sind als Polyponia - die Polyphonie (Mehrstimmigkeit) - und Eusebia - die Frömmigkeit - ausgewiesen." . "Les Allégories féminines sont Polyponia –la Polyphonie, et Eusebia — la Piété  expulsées."  Je retrouve bien, dans la religion nomme héllenisme, Eusebia définit comme l'allégorie de la Piété, mais je ne trouve aucune Polyponia, hormis sous la forme d'un genre de lépidoptères. En outre, on ne voit pas pourquoi la Polyphonie (donc la musique de de Lassus) serait mise au rebus, et pourquoi elle aurait en main les instruments d'un géomètre. Chez Socrate, polyponia correspond à la pratique de plusieurs exercices athlétiques. Quant à Eusebia (Eusebeia), cette notion de la philosophie grecque du respect des choses sacrées a été reprise dans le Nouveau Testament, et sa disqualification paraît étonnante. 

Quoiqu'il en soit de cette scène, son entablement porte l'inscription SOLI DEO HONOR ET GLORIA, "A Dieu seul (revient) l'Honneur et la Gloire". Un chérubin couronne le tout. 

Les dames de l'Ancienne Grèce entourent un grand médaillon de fond bleu représentant l'Annonciation (Gabriel à gauche, la Vierge prononçant tacitement le Fiat à droite) sous le regard de Dieu le Père, bénissant et tenant le globe terrestre parmi douze angelots, sans oublier la colombe fécondatrice au dessus de la tête de Marie.

Enfin, tout autour, on lit l'inscription :

 ECCE VIRGO CONCIPIET ET PARIET FILIVM ET VOCABITVR NOMEN EMANVEL. BVTRVM ET MEL COMEDET VT SCIAT REPROBARE MALVM ET ELIGERE BONVS. ESAIA VII.

Ecce Virgo concipiet et pariet filium et vocabitur nomen Emanuel. Butrum et mel comedet ut sciat reprobare malum et eligere bonusEsaia VII.

La première phrase est bien connue, puisqu'il s'agit d'une citation du verset d'Isaïe 7:14 qui est systématiquement associé au thème de l'Arbre de Jessé puis dans la théologie de l'Immaculée Conception pour témoigner du fait que l'Incarnation a été annoncée dans l'Ancien Testament : "[Aussi bien le Seigneur vous donnera-t-il lui-même un signe :]  Voici que la jeune femme est enceinte et enfante un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel." 

La seconde phrase, débutant dans sa version exacte par  Butyrum (la lettre I oubliée par le peintre a été suscrite), est le verset suivant Isaïe 7:15, moins souvent cité : "De crème et de miel il se nourrira, sachant rejeter le mal et choisir le bien."

C'est donc une présentation typologique de l'Incarnation et, indirectement, une affirmation de l'Immaculée Conception de Marie, à la dernière page d'un corpus tout entier consacré à l'Ancien Testament, et, dans celui-ci, au thème de la faute commise par David.  Cette faute sexuelle par l'adultère avec Bethsabée, ce crime de sang par le meurtre de Urie, le mari, sont au cœur de la culpabilité du roi David, fils de Jessé, et ces péchés  vont conduire à la punition ( Bethsabée perd son premier enfant), puis au repentir sous la conduite du prophète Nathan, puis au pardon avec la naissance de Salomon. C'est l'origine de la lignée des rois de Juda, et cet élément figure dès les premières lignes de l'évangile de Matthieu énumérant les ancêtres du Christ :Mat. 1:6 "Le roi David engendra Salomon de la femme d'Urie ; 1:7 Salomon engendra Roboam." . Les tout premiers mots de l'évangile (son Incipit) sont  Liber generationis Iesu Christi filii David "Généalogie de Jésus-Christ, fils de David."

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e) le portrait de Hans Mielich.

Inclus dans cette mandorle sacrée et cette scène originelle du Christianisme, le portrait du peintre prend la place reservée, dans les rétables, aux Donataires : dans l'espace sacré et au contact de la Divinité.

L'inscription indique :

EFFIGIES IOANNIS MIELICHII PICTORIS MONACENSIS AETATIS SUAE ANNO LV -1570-

"Portrait de Hans Mielich peintre de Munich à l'âge de 50 ans ; 1570." . La naissance du peintre est donc placée en 1520, ce qui le rajeunit de 4 ans par rapport à ce que nous considérons aujourd'hui.

Il est richement vêtu d'un manteau d'étoffe noire, au col très haut, recouvrant une autre pièce (veste ? Robe ?) de même couleur, et dont la coupe est la même que sur le portrait précédent. Sa barbe a considérablement blanchi.

f) Discussion.

Si on compare ce portrait du volume II de 1570 avec celui du volume I de 1565, le changement ne tient pas tellement au vieillissement des traits qu'au bouleversement radical de la mise en scène. Toute référence aux Muses, à Minerve, et aux Métamorphoses d'Ovide à disparu, de même que la devise Ne Sutor Ultra Crepidam qui renvoyait au peintre de l'Antiquité Apelle. Le culte humaniste de l'Antiquité grecque et romaine  se trouve aboli au profit du culte chrétien. Marie prend la place de Minerve.  Barbara Eichner (Oxford Brookes University) a  présenté un exposé intitulé Protecting the Muses, promoting the Church: Lassus’ Patrocinium musices reconsidered. Les deux termes placés ici en gras me semblent résumer le basculement entre 1565 et 1570.

Le premier volume rendait hommage au duc Albert V comme Protecteur des Arts (dans l'impulsion du poème de Stopio Mirabar solito mis en musique par Cipriano de Rore dans le manuscrit Mus.MS B). Ce second volume rompt avec cette métaphore et honore Albert V comme Promoteur de l'Église et du catholicisme tridentin. Il s'ouvre par une présentation de la Chapelle de cour où est suspendue la statue grandeur nature de la Vierge de l'Apocalypse, dans le concept théologique du Péché, de l'Incarnation, de l'Immaculée Conception et de la Vierge médiatrice de la Rédemption. 

Je vais donc consacrer mon prochain article à l'analyse des enluminures de Mielich donnant à voir la formation musicale de Roland de Lassus jouant dans cette chapelle et sous cette statue.

 

 

Portrait de Hans Mielich, Mus. Ms. AII . Droits réservés  BBS MDZ

Portrait de Hans Mielich, Mus. Ms. AII . Droits réservés BBS MDZ

Nous disposons donc de trois autoportraits de Mielich, datant de <1559 (Mus. Ms. B), 1565 (Mus. Ms. AI) et 1570 (Mus. Ms. AII). Je replace ici le premier : 

 

 

 

 

Hans Mielich portrait, 1565, Mus. Ms. B, droits reservés MDZ BBS.

Hans Mielich portrait, 1565, Mus. Ms. B, droits reservés MDZ BBS.

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III. L'équipe artistique et rédactionnelle du manuscrit des Psalmi pœnitentialis.
Quickelberg conclue son deuxième volume de commentaires par cette phrase :

Ancre Et sic cum laude dei omnipotentis hic secundus Tomus absolvitur die vigesima mensis Junii Anno Millensimo quingentesimo Septuagesimo.

"Ainsi le second tome se termine par la louange du Dieu Tout-puissant, le vingtième jour du mois de Juin 1570."

Lorsque nous tournons la page, nous trouvons quatre médaillons dont la légende est circonscrite et qu'il nous reste à déchiffrer. Mais, pour que la photo de groupe soit complète, rendons-nous d'abord au premier volume des Commentaires de Quickelberg, celui correspondant au Mus. Ms AI. Avec la formule finale Anno Domini MDLXV Mense septembri absoluta (terminé au mois de septembre de l'année de Dieu 1565) , il nous donne deux portraits, le sien, et celui son associé Frieshamer.

 Portrait de Samuel Quickelberg et de Mathias Frieshamer :

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035012/images/index.html?id=00035012&fip=qrssdaseayaenxdsydyztseneayawfsdr&no=11&seite=301

a) Portrait de Samuel Quickelberg

Inscription : SAMVEL A QVICCHELBERG BELGA HANC PSALMORUM DECLARATIONEM FECIT 

"Samuel Quickelberg, Belge, a fait ces commentaites des Psaumes.'

 

Il porte le manteau à col montant et au revers doublé de soie, un gilet à passement en brandebourg sur le plastron, la fraise blanche et haute , trois tours de chaîne d'or et une médaille d'or (qui, puisque nous l'observons régulièrement ici, semble récompenser les membres de la cour bavaroise). Ici, on y distingue un profil. Enfin, il porte, et c'est aussi une constante, la barbe, aux reflets châtain clair sur les joues roses.

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Né en 1529 à Anvers dans une famille de marchands, Samuel Quickelberg dut émigrer avec son père pour des raisons confessionnelles en 1539 à Gand puis à Nuremberg ; Entre 1548 et 1549 il est inscrit à l'Université de Bâle, puis se déplace à Ingolstadt en 1550, où il est précepteur des enfants de Jacob Fugger. Outre les Arts, il étudie la médecine. En 1553 il entreprend à Nuremberg aupès du pharmacien Georg Öllinger (1487-1557) un vaste Herbier. En 1555, il devient le médecin personnel d'Anton Fugger, avant de rentrer au service de Hans Jacob Fugger qui lui confie la charge de sa bibliothèque et de ses autres collections. En raison des liens de H.J. Fugger avec le duc Albert V, il joue un rôle de plus en plus important à la cour de Bavière, de sorte que ses dernières années sont entièrement occupées à des taches confiées par le duc. La supervision, et la rédaction de ses Commentaires de la luxueuse copie enluminée des 23 Motets de Cipriano de Rore (Mus. Ms. B) s'étend de 1557 à 1559, celle des Psaumes pénitentiels de de Lassus (Mus. Ms. A) de 1563 à 1568, date de son décès, deux ans avant la fin du travail en 1570. 

En 1563, il voyage en Italie, où il visite des collections célèbres, comme celle du médecin Ulysse Aldrovandi à Bologne ou du juriste Marc Mantova Benavides à Padoue, et procède à des achats pour les collections ducales.

En outre Quickelberg avait commencé plus tôt une biographie de Roland de Lassus. Cependant l'œuvre à laquelle Quickelberg doit sa réputation est l' Inscriptiones vel tituli theatri amplissimi (1565), qui conçoit l'organisation d'un musée idéal et de sa bibliothèque, en se basant sur la préparation  de la Kunstkammer de Munich, et qui donne, dans sa dernière partie,  un aperçu des collections existantes qu'il avait examiné en Italie. Bien qu'il ait reçu des suggestions  de Giulio Camillo ou de Conrad Gesner, présente son livre est le premier traité  traité théorique de la pratique des collections, qui fait de lui  le premier muséologue d'Allemagne. Ses Inscriptiones eurent un  impact durable sur la présentation des Musées d'art et Cabinets de curiosités comme celui de le Ferdinand II au château d' Ambras ou de Rodolphe II à Prague.

Outre ce portrait, Quickelber est représenté, de profil, sur une médaille de 1563 :

 

Biographie d'après Dur (Helmut), 2003 "Quicchelberg, Samuel" dans: Nouvelle Biographie allemande 21 , pp 44-45 [version en ligne]; URL: http://www.deutsche-biographie.de/ppn119331535.html

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b) Portrait de Mathias Frieshamer .

MATHIAS FRIESHAMER MONACHIENSIS HAEC OMNIA HUC TRANSCRIPSIT

 

A la mort de Quickelberg, Mathias Frieshamer, de Munich, a poursuivi le travail de rédaction de ces commentaires. Mais puisqu'il figure déjà sur le premier volume de commentaire, il était peut-être déjà le collaborateur de Quickelberg. Emile Naumann (1886) le donne page 389 comme le calligraphiste chargé des lettrines en or et couleurs. Selon J.W. Bradley, c'est le copiste qui écrivit le volume de Commentaires sous la dictée de Quickelberg, ce qui me semble plausible. Je découvrirai plus tard qu'il est secrétaire de chancellerie.

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Portraits de Samuel Quickelberg et de Mathias Frieshamer, in Quickelberg, Erläuterungen Mus. MS AI

Portraits de Samuel Quickelberg et de Mathias Frieshamer, in Quickelberg, Erläuterungen Mus. MS AI

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Retour aux Commentaires du Mus. Ms. AII : c'est cette fois-ci quatre médaillons qui nous sont offerts.

 

Portraits, in Quickelberg, Erläuterungen Mus. MS A II.

Portraits, in Quickelberg, Erläuterungen Mus. MS A II.

c) Portraits de Caspar Lindel et de Mathias Frieshamer. Erläuterung 1570, folio 158v.

c1) Caspar Lindel 

Inscription : 

 

CASPARVS LINDELIVS  I.V . DOCTOR SVAE CELST  CONCILIIS ET SECRETIS ---

H.F Delmotte lit Casparus Lindelius Jus Utrq. Doctor suae Celsitudinis a conciliis et secretis. Bradley lit Casparus Lindelius Juris Utriusque Doctor suae Celsitudinis a conciliis et secretis

Faut-il traduire Doctor Celstitudinis par "Médecin de son Altesse (le duc) ? L'expression concilii a secretis désigne un secrétaire de Concile (pour des évêques) et, sans-doute, ici, un secrétaire de Conseil, dans les deux cas un poste éminent.

 

Bardley écrit "He was the coadjutor of Hans Mielich in the invention and application of the allegorical designs". Selon H.F. Delmotte, "C'est lui qui a supervisé la réalisation de l'ouvrage tout entier" Il est représenté (comme Frieshamer) avec une médaille d'or, en sautoir, suspendue à un ruban blanc.

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c2) Mathias Frieshamer.

Inscription : MATHIAS FRIESHAMER MONACEN IN MEM-ANIS   HOC OPVS PROPRIA MANV EXSUTESIT

Lecture de H.F. Delmotte et de Bradley : Mathias Frieshamer monacensis in membranis totum hoc opus propria manu exipsit (sans-doute pour exscripsit). Nous verrons qu'il apparaît dans les registres de comptablilité de la cour comme  secrétaire de la chancellerie de cour  :Mathias Frißhamer Hofkanzlei schreiber, ou Matheisen Frißhamer

 

 

 

  

 

Portraits de Casparus Lindelius et de Mathias Frieshamer, in Quickelberg, Erläuterungen Mus. MS A II.

Portraits de Casparus Lindelius et de Mathias Frieshamer, in Quickelberg, Erläuterungen Mus. MS A II.

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d) Portraits de Georgius Seghkein et Casparus Ritter.

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d1) Georgius Seghkein.

Inscription : GEORGIVS SEGHKEIN VNGARVS AURIFABER CLAVSTRIS EXORNAVIT.

"Georges Seghkein orfèvre a réalisé les fermoirs."

Georgius Seghkein est l'orfèvre hongrois qui a ciselé les garnitures en vermeil et en argent des quatre volumes. Il reçut 1138 florins et 11 kr pour son travail et les matières premières. Il employa 15 livres d'argent, 15 Pfund Silbers  pour les pièces de métal des quatre volumes. 

 Le livre des comptes de la cour mentionne une somme de 983 florins pour l'année 1565 (219 pour la matière première, 764 pour le travail), et 1138 florins en 1572, soit 2121 florins au total.  

d2) Casparus Ritter.

 

Inscription CASPARVS RITTER HOC OPVS ILLIGAVIT.

"Casparus Ritter a relié cette ouvrage."

 

 

Portraits de l'orfèvre Georgius  Seghkein et du relieur Casparus Ritter, in Quickelberg, Erläuterungen folio 158v, Mus. MS A II.

Portraits de l'orfèvre Georgius Seghkein et du relieur Casparus Ritter, in Quickelberg, Erläuterungen folio 158v, Mus. MS A II.

 

 Les volumes sont décrits ainsi : Quatre volumes in-folio, reliés en maroquin rouge et garnis en vermeil ciselé et émaillé ; le poids de la garniture en métal d'un volume équivaut à six livres. Chacun des coins du plat figure une tête de lion ; au milieu du plat se trouvent les anciennes armoiries de Bavière. Chaque volume est fermé par quatre serrures à clef, dont deux en argent et deux en vermeil. Les volumes sont d'inégale grandeur ; les tomes 1 et 2 renferment les psaumes mis en musique ; ils sont hauts de trois palmes et larges de deux palmes et plus (ou 60 x 44 c). Les deux autres, plus petits (39 x 27 c), contiennent les commentaires de Quickelberg.

Le lion est l'animal emblématique du duc (et la lionne, celui de la duchesse).

 

 

 

Georges Seghkem, orfèvre et Casparus Ritter, relieur, Reliure du Mus. MS A, MDZ, BBS.

Georges Seghkem, orfèvre et Casparus Ritter, relieur, Reliure du Mus. MS A, MDZ, BBS.

Georges Seghkem, orfèvre et Casparus Ritter, relieur,Armoiries ducale, Reliure du Mus. MS A, MDZ, BBS.

Georges Seghkem, orfèvre et Casparus Ritter, relieur,Armoiries ducale, Reliure du Mus. MS A, MDZ, BBS.

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Les comptes. 

Après avoir passé mon après-midi d'un jeudi de l'Ascension à chercher vainement des informations sur les artisans et artistes figurés en portrait, je trouve dans la publication suivante Taschenbuch für die vaterländische Geschichte. Hrsg. v. Hormayr ..., Volume 33 Par Joseph Freiherr von Hormayr,Alois Freiherr von Mednyanszky, à la page 244, un chapitre V intitulé Orlando di Lasso, oberster Kapellmeister der banerischen Herzog Albrecht V. und Wilhem V., qui me donne des micro-informations, notammentà la page 273 avec l'Aufzüge aus den Hofkammer Rechnungen 1558-1574, c'est-à-dire un relevé des factures de la chambre des comptes du duché, trié pour ne conserver que ce qui intéresse Roland de Lassus et sa musique.

Ainsi :

1564 ;

  •  Hans Mielich pour un livre : 1000 florins.
  • Math. Fritzhamer Hofkanzleyschreiber umb ein Viertl Bigment zu Dr Quichelpergers ....8 florins 1 b 22 dl 1t

1565:

 

  • Samuel Quichelberg .........100 florins

  • Dem hundertpfund Kunzmaister [Georgius Seghkein] umb Silber so er dem Unger Goldschmid wegen Beschlagung eines Buechs geantwort ......219 florins, 6..12...1....

  • Dem Unger Goldschmid  [Georgius Seghkein] um arbeit wegen Beschlagung eines Buechs .......764 florins.

  • Matheisen Fritzhamer kanzleischreiber aus Gnaden, umb das er mit schreiben in sachen fo Quichelpergers under handen, gebraucht worden......32 florins

  • Mielich Malers Gefellen Drinkgelt oder Vererung.........12 florins 

1566

 

  • Auf Sonnderm Befelch eines genedogen Fürften und Herrn ist Hannsen Muelich Malern allhie auf Arbait und zu Malung aines Gefang Buechs vermög übergebener Bekhanntnus auf vorige empfangene 1000 Gulden bezalt worden : …...............800 florins.
  • Wegen der jungen Fûrsten, als mein gnedig Herrn bei dem Orlando und dann bei Sand Peter in Dechantshof geessen …................5 florins.
  • Dem Samuel Quichelberg aus Gnaden …........200 florins

.

1567

1572

  • Nachdem Georg Sockhein, Unnger, Goldschmidt, meinem genedigen fürsten und Herrn drei grosse gefang Büecher mit seinem Silber beschlagen und Geschmelz ; auch solche Buecher Irn fstl Gnaden Anno 66.71. und 72. überanthwort, haben die beschlecht zu gemelten drei Buechern gewogen 41 Mark 12 Lot 2 Quint ; die Mark per 29 fl. Geraitt, thuet an gelkt 1211 fl. 391/2 kr. – daran wirdet abgezogen 73 fl. 281/2 kr. Von wegen 6 Mark 3 quint (?) Silber, se Im aus fstl. Müntz ist geben worden, Rest Roch 1138 fl. 11 kr. Die ich Zallmaister gedachtem Unnger bezalt uundt vermig aines beilingenden underschriebenen Zelt hiemit in ausgab einpring  :1138 Florins 1b 81/2 dl.​Etc...

(On pardonnera mes erreurs de copie et on se rapportera au document indiqué)

 

https://books.google.fr/books?id=Pn9UAAAAcAAJ&pg=PA274&dq=seghkein&hl=fr&sa=X&ei=vANVVdKFOYP8ULS3geAC&ved=0CCUQ6AEwATgK#v=onepage&q=seghkein&f=false

SOURCES ET LIENS :

— Annales de la Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand, Volume 7 :page 191

https://books.google.fr/books?id=624TAAAAQAAJ&pg=PA192&dq=%22In+corde+prudentis+requiescit+sapientia%22+lassus&hl=fr&sa=X&ei=aBFRVf2lGe3fsATc1oDABg&ved=0CCUQ6AEwAQ#v=onepage&q&f=false

— BARNES (Molly),2011,The Notion and Practice of Musica Reservata   and the Motets of Adrian Willaert’s Musica Novahttps://www.academia.edu/5518341/The_Notion_and_Practice_of_Musica_Reservata_and_the_Motets_of_Adrian_Willaerts_Musica_Nova

— BERGQUIST (Peter) 2006,   Orlando Di Lasso Studies page 165   Google

BERQUIST (Peter), éditeur, 19901,The Seven Penitential Psalms and Laudate Dominum de caelis Par Orlando di Lassus

https://books.google.fr/books?id=NWPdOJWL0CMC&pg=PR19&lpg=PR19&dq=Seghkein&source=bl&ots=OMXz8sby0r&sig=eTNBm7zMdg3I8N5AQTwYOIREJqg&hl=fr&sa=X&ei=eRJSVcCcJ4KBU9fxgdgN&ved=0CEIQ6AEwBw#v=onepage&q=Seghkein&f=false

— BERQUIST (Peter), éditeur, The Complete Motets 9: Patrocinium musices, prima pars (Munich, 1573) Par Orlande de Lassus   :https://books.google.fr/books?id=TJrSKKuGV6kC&printsec=frontcover&dq=Patrocinium+musices&hl=fr&sa=X&ei=L_VRVZ3eOsfwUOufgKgB&ved=0CCAQ6AEwAA#v=onepage&q=Patrocinium%20musices&f=false
 BRADLEY ( John William) , 1888 A Dictionary of Miniaturists, Illuminators, Calligraphers and Copyists,...

https://archive.org/stream/adictionarymini02bradgoog#page/n342/mode/2up/search/lindelius

—  BOSSUYT (Ignace) « The copyist Jan Pollet and the theft in 1563 of Orlandus Lassus « Sercret »  Penitential Psalms » From Ciconia to Sweelinck: Donum Natalicium Willem Elders Par Albert Clement,Eric Jas page 262

https://books.google.fr/books?id=OW0ktdIxMoIC&pg=PA262&lpg=PA262&dq=lindel+mielich&source=bl&ots=xyuNPQpN8x&sig=2lfFoBPITIPcndpKiCuNqF0AC3I&hl=fr&sa=X&ei=_MdPVYmTM8zvUo3agLgK&ved=0CEYQ6AEwBQ#v=onepage&q=lindel%20mielich&f=false

CLOSSON (Ernest), 1919, Roland de Lassus, Burnhout, Ets Brépols, Serié Les Grands Belges,  36 pages. Ernest Closson (1870_1950) est un musicologue belge. 

https://archive.org/stream/rolanddelassus00clos#page/n7/mode/2up

DECLÉVE, (Jules) 1894, Roland de Lassus, Sa vie, son œuvre, Mons.

https://archive.org/stream/rolanddeslassuss00decl#page/n5/mode/2up

— DELMOTTE (Henri Florent), 1836, Notice biographique sur Roland Delattre: connu sous le nom d'Orlando de Lassus, A. Prignet, 176 pages. pages 132-139.

https://books.google.fr/books?id=XmVDAAAAcAAJ

—  EICHNER (Barbara), 2012, Protecting the Muses, promoting the Church: Lassus’ "Patrocinium musices" reconsidered. (Oxford Brookes University)

— GUTKNECHT (Dieter), 2009,  Musik als Sammlungsgegenstand Die Kunstkammer Albrechts V (1528-1579) in München Wiener Musikgeschichte: Annäherungen - Analysen - Ausblicke ; Festschrift ... publié par Julia Bungardt,Maria Helfgott,Eike Rathgeber,Nikolaus Urbanek, pages 43-66.

https://books.google.fr/books?id=sh3X7YoDq2wC&pg=PA54&lpg=PA54&dq=%22johannes+milichius%22+mielich&source=bl&ots=vfaECHachT&sig=fN9eHzcVeZzB1AckNDKXukn9sU8&hl=fr&sa=X&ei=pzBPVauZL8bbU9bdgagE&ved=0CCEQ6AEwAA#v=onepage&q=%22johannes%20milichius%22%20mielich&f=false

 LÖCHER (Kurt), 2002  Hans Mielich, 1516-1573: Bildnismaler in München Deutscher Kunstverlag,- 279 pages

NAUMANN (Emil), 1886, History of Music I .

https://archive.org/stream/historyofmusic01naum#page/380/mode/2up

— RAINER (Bernhard), 2012, La distribution originale des psaumes de pénitence, in  commentaires du disque "Musica reservata, Secret music for Albert V" par Profetti della Quinta, Dolce risonanza :

file:///C:/Users/jean-yves/Pictures/H,ans%20Mielich/Orlando%20de%20Lassus/PN+0323.pdf

 — SANDBERGER (Adolf), 1864-1943 Ausgewählte Aufsätze zur Musikgeschichte, https://archive.org/details/ausgewhlteaufs00sand

— SMITH (Charlotte) 1983, Orlando di Lasso 7 penitential Psalms with 2 laudate Psalms : An Ddition of Munich, bayerische Staatsbibliothek Mus. MS. A, I and II

https://books.google.fr/books?id=qSu6r2byCTkC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

SCHMIDT-BESTE (Thomas), 2008, "Dedicating music manuscripts"  in "Cui Dono Lepidum Novum Libellum?" Par Ignace Bossuyt , Leuwen University Press page 98-99

https://books.google.fr/books?isbn=9058676692 

SCHÜTZ (Lieselotte) 1966 Hans Mielichs Illustrationen zu den Busspsalmen des Orlando di Lasso

Munich., 1966 - 147 pages. Thèse soutenue en 1967. Non consulté.

— WEININGER (Florian), 2012, Un tableau illustre mis en musique, in commentaires du disque "Musica reservata, Secret music for Albert V" par Profetti della Quinta, Dolce risonanza :

file:///C:/Users/jean-yves/Pictures/H,ans%20Mielich/Orlando%20de%20Lassus/PN+0323.pdf

— ZIMMERMANN (Max Georg),1895, Die bildenden künste am hof herzog Albrecht's V. von Bayern J. H. E. Heitz,  - 132 pages page 98-99 et page 108:

https://archive.org/stream/diebildendenknst00zimm#page/98/mode/2up

— Sur la musique baroque et ses instruments : http://classic-intro.net/introductionalamusique/baroque3.html

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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