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18 avril 2017 2 18 /04 /avril /2017 08:33

La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. IV. Les emblèmes, devises et marques des ducs de Bretagne 1423-1505  par le Grand Atelier ducal du Folgoët (1423-1509).

 

Sur le Folgoët, voir :

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Cet article est le prolongement de l'article introductif  La Collégiale du Folgoët I. L'Autel des Anges  où j'ai présenté le mécénat de propagande débuté par Jean IV et poursuivi par Jean V. Il complète aussi l'étude de l'emploi de la devise A MA VIE sur les chantiers ducaux, étude débutée à propos du porche sud de saint-Herbot où l'on retrouve cette devise et les armoiries.

Les ducs de Bretagne ont marqué leurs réalisations (mais aussi leur monnaie, leur sceau et leurs actes) des signes suivants :

  • La qualification IOHANNES, DEI GRACIA BRITONVM DVX «Jean, duc des Bretons par la grâce de Dieu», apparue par intermittence sur les actes ducaux à partir de 1395, et qui devint systématique à compter des années 1417-1418. On la retrouve ici tronquée sur une inscription de fondation.
  • Leur portrait couronné, souvent agenouillé devant la Vierge, en peinture sur verre ou en statues en ronde-bosse.
  • Leurs armoiries aux mouchetures d'hermines plain, en sommité de la maîtresse-vitre, en bas-relief des façades ou (comme ici) à la voûte des porches. L'écu peut être timbré d'un heaume à deux cornes.
  • Leur devise A MA VIE, le plus souvent associée à leur animal emblématique,
  • L'hermine au naturel, passante, colletée, portant parfois une écharpe  d'hermines.
  • Les files d'hermines passantes enrubannés d'une banderole tourbillonant autour de leur tronc et portant la devise A MA VIE,
  • Le lion des Monfort.

Tout ou partie de ces emblèmes proviennent de l'Ordre de l'Hermine, fondé par Jean IV en 1381 après la bataille d'Auray, et plus précisément du collier de l'Ordre.

Le collier de l'Ordre de l'Hermine.

Selon Guillaume de Saint-André qui décrit l'ordre en 1381 « Qui lors portaient nouveaux colliers/ De moult bel port, de belle guise/ Et estoint nouvelle devise/ De doux roletz bruniz et beaux/ Couplez ensemble de doux fermaulx/ Et au dessoux estoit l’ermine/ En figure et en couleur fine/ En deux cedule avoit escript :/ A ma vie, comme j’ay dit. » »

Selon l'article Wikipédia, "le collier de l'Ordre se composait de deux chaînes d'or, formées elles-mêmes d'agrafes ornées d'hermines. Ces deux chaînes étaient attachées à leurs extrémités par une double couronne ducale où deux hermines émaillées étaient suspendues. Une banderole entourait les chaînes et portait la devise A ma vie. Il comprenait une banderole tourbillonnant autour d'une file d'hermines passantes (cette disposition se retrouve sur de nombreuses sablières, corniches, larmiers ou bandeaux courant autour des églises). À une couronne à hauts fleurons (dite alors « royalle ») était suspendue par une chaînette une autre hermine passante colletée, emblème personnel de Jean IV."

Au Folgoët :

  • L'inscription datée de 1423 et portant la mention du duc Jean est conservée.
  • La statue de Jean V agenouillée au porche ouest est décrite, mais perdue (ou transférée au Faouët ??)
  • Les armoiries des façades ont été martelées.
  • Les vitraux ont été perdus.
  • Les armoiries d'hermines plain et mi-parties avec les fleurs de lys du roi de France sont présentes à la voûte du porche des Apôtres.
  • Trois frises d'hermines passantes sont présentes, l'une à l'extérieure (façade sud), l'autre à l'intérieur d'un porche (Porche des Apôtres) le troisième sur le maître-autel.
  • La liste n'est pas exhaustive et pourrait s'enrichir lors d'une nouvelle visite....

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Ce qu'il reste de ce matériel héraldique et emblématique est suffisamment riche pour en rendre la découverte passionnante, surtout si on la place en comparaison des emblèmes des autres réalisations de mécénat ducal.

La châtellenie de Lesneven.

En 1423, date du début du chantier ducal au Folgoët, la châtellenie de Lesneven forme, avec la Cornouaille centrée par Quimper, une vaste corne nord-sud sur les diocèses de Quimper et de Léon, que le Premier atelier ducal de sculpture va enrichir de 1423 à 1468 de ses réalisations à Plouvien, Plougoulm, Sibiril, Saint-Pol-de-Léon (siège de l'évêché du Léon), Le Folgoët, La Martyre, Dirinon, Daoulas,  Rumengol, Plomodiern, Quéménéven, Locronan, Plogonnec, et Quimper : 

Joël Cornette, Histoire de la Bretagne et des Bretons : Des âges obscurs au règne de Louis XIV, Tome I, Le Seuil, 2008, P.297, in Wikipédia "Jean V"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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I. L'INSCRIPTION D'ÉRECTION EN COLLÉGIALE PAR JEAN V.

Aujourd'hui, c'est avec difficulté qu'on découvre à gauche du porche occidental, sous la tête de la statue de saint Michel terrassant le dragon, l'inscription en lettres gothiques en trois lignes circonscrites dans un cadre à rinceaux : 

IOHANNES ILLVSTRIS DVX B[R]ITONVM FVNDAVIT PRAESE[N]S C[OL]LEGIVM ANNO D[OMI]NI M. CCCC. XX III. 

" Jean, illustre duc des Bretons, a fondé la présente collégiale l'année du Seigneur 1423.".

Elle a été scellée un an après l'érection en collégiale du sanctuaire du Folgoët par le duc Jean V, le 10 juillet 1422. Jadis, elle accompagnait une statue du duc à genoux devant la Vierge :

"Au portail, sous les deux clochers, l'on voit la statue du très-illustre Prince, Jean, duc de· Bretagne, Ve du nom, étant à genoux, la couronne ducale en tête et l'épée nue en main, devant une très belle image de la Vierge, avec cette inscription latine gravée sur la pierre : Johannes illustris dux Britonum fundavit praesens collegium, anno Domini M. CCCC XX III. C'est-à-dire, "Jean l'illustre, duc des Bretons fonda la présente collégiale l'an du Seigneur 1423" : laquelle il avait pourtant fondée l'an précédent, y nommant quatre chanoines , et leur donnant 80 livres de rente sur la châtellenie de Lesneven et sur les dîmes de Plouneour-trez, de Plouider et d'Elestrec. Quatre ans après, il l'augmenta d'un doyen , de trois choristes et d'un secrétaire, leur assignant 40 livres sur la paroisse de Plestin ; lesquelles lettres furent confirmées par bulle du Pape du 3 juin 1426, sur le décret de Jean Coëtguon, Jean Miorcec, Hamon-Prigent de la Forêt, Jean Guernysac et Jean Saliou, chanoines de Léon" (Cyril Pennec).

 

La chapelle du Folgoët trouve son origine, on le sait, dans le miracle survenu en 1350 à la mort d'un pauvre fou vivant dans les bois, Salaun le Fol, qui ne savait répéter pour mendier que les deux mots Ave Maria : un lys blanc portant ces mots aurait fleuri sur sa tombe. A la suite d'un vœu, le duc Jean IV  voulu faire édifier une chapelle sur les lieux mêmes, au bois du fou ou Fol-coat. Les fondations de la chapelle débutèrent en 1350-1360, furent interrompues par les conflits avec notamment l'exil du duc en Angleterre de 1373 à 1379. La construction ne redémarre que sous Jean V en 1404, le gros-œuvre étant presque terminé en 1420 lors du voyage du duc au Folgoët en décembre de cette année.  Le chantier est achevé le 7 octobre 1419 avec la consécration par l'évêque Allain. En 1422, le duc donne au sanctuaire le statut de Collégiale, c'est à dire une église qui possédait, comme les cathédrales, un chapitre de chanoines ou chapelains chargés de chanter des messes et offices pour le salut de l'âme des donateurs. Cette érection suppose que l'église soit dotée de biens pour que les revenus permettent de régler les prébendes des chapelains, les salaires des choristes et les autres dépenses. "Celle du Folgoët était la plus ancienne du diocèse de Léon, puisque la collégiale de Sainte-Anne de Lesneven sera fondée seulement en 1477, et celle de Notre-Dame de Kersaint en 1518."

La fondation de la collégiale eut lieu  le 10 juillet 1422 : le duc étant à Vannes en son conseil, où se trouvaient l'évêque de Saint-Brieuc, l'abbé de Saint-Mahé, l'archidiacre de Rennes, les sénéchaux de Goello et Hennebont, et le trésorier général, fonda quatre chapelains en l'église Notre-Dame-du Folgoët, dont il se réserva, et à ses successeurs, la présentation ; ordonna qu'il y serait célébré deux messes, l'une à haute voix et l'autre basse, et qu'on dirait dans cette église toutes les heures canoniales ; assigna à don Jean Kergoat, prêtre, gouverneur de chapelle et de sa fabrique, l'un des postes de chanoine :

 Abgrall donne  le texte de l'acte de fondation du duc Jean V :

 « Vannes, 10 Juillet 1422. «Jehan..., à tous salut. Comme... en nostre duché y ait une notable et dévote chapelle vulgairement appelée N. D. du Folgoet au diocèse de Léon et pour ce, ayons volonté et désir de fonder et dotter un collège en la dite chapelle, scavoir faisons que nous voulons et ordonnons en ladite chapelle, perpétuellement par chascun jour, deux messes à estre célébrées, l'une à notte et lautre à basse voix en contant, de tel office comme il plaira aux chapelains qui les diront; et avec ce, par chacun jour.  - matines et toutes les autres heures du jour canoniaux à l'use de l'église cathédrale de Léon, à estre les dites messes, heures canoniaux et office divin dessus dit, célébrées et continuées par quatre chapelains ydoines et suffisans par la disposition et ordonnance de dom Jehan Kergoat, prestre, principal chapelain et gouverneur d icelle chapelle et de la fabrice dicelle dont il sera l'un. » Pour cette fondation, le Duc donne une rente de 80 livres : « et pour ce que ladite chapelle n'est encore mie suffisamment garnie de livres pour dire à notte les dites heures canoniaux, fumes content que les dites heures se disent sans nottes jusques à la fin d'un an, affin que entre deux, l'on puisse faire provision des livres ». (Abgrall)

 

1°) La musique sacrée des ducs de Bretagne.

Comme une cathédrale, une collégiale  possède un chapitre de chanoines. À ce collège de prêtres incombe de chanter quotidiennement l'office divin et d'accomplir les fonctions liturgiques plus solennelles dans l'église : le chant et la musique sacrée occupe donc une place centrale. 

L'acte de fondation atteste de l'existence de  messes chantées par plusieurs des quatre chapelains,  de livres de chœur, et en 1423, de trois choristes (soit un chœur de six à sept membres). Plus tard, la basilique comportera un grand chantre, un maître de psallette, un sacristain, un organiste, un trésorier, tous chanoines, les grands et petits choristes, et les chantres. Nous ne disposons pas d'informations abondantes sur la musique sacrée pratiquée en Bretagne au XVe et XVe siècle, mais il ne faudrait pas en sous-estimer l'importance. Je rappelle  l'existence de :

la psallette de la Cathédrale de Saint-Pol-de-Léon :   fondée le 9 Juillet 1455 par Guillaume Féron, évêque de Léon (1439-1472), peu d'années après la fondation de la psallette de la Cathédrale de Quimper. Elle était composée d'un maître de chant, d'un maître de grammaire et de six enfants et dotée d' une rente "de 10 livres de la monnaie usuelle de Bretagne, à charge pour la psallette de chanter tous les mercredis une messe à note en l'honneur de la Sainte-Vierge, pour les besoins spirituels du fondateur "

— la psallette de Quimper fondée entre 1417 et 1432  par l'évêque Bertrand de Rosmadec pour l'entretien d'un maître de musique et de six enfants de chœur, avec 150 livres de rentes. Mais un groupe de clercs attachés au service choral est signalé dès 1221, avec 4 enfants en 1287, dirigés par un maître des écoles de grammaire mentionné en 1260. Entre 1396 et 1527, les choristes sont désignés sous le terme de "massicots".

— les deux Psallettes à Nantes : pour la cathédrale et pour l'église Notre-Dame

— la psallette de Saint-Brieuc fondée en avril 1420 par l'évêque Alain de la Rue, celui-là même qui inaugura la chapelle du Folgoët en 1419 en tant qu'évêque du Léon.

La qualité de la musique peut être imaginée grâce aux peintures murales des Anges musiciens de Kernascleden datée de 1440 et reproduisant les notes d'une messe aragonaise à trois voix, source qu'il faut peut-être attribuée à Jeanne de Navarre (née à Pampelune en 1370, épouse de Jean IV et mère de Jean V)   ou aux prédication du dominicain espagnol Vincent Ferrier, que le duc avait fait venir en Bretagne et qui est enterré en la cathédrale de Vannes.

2°) Le titre "duc des bretons".

 

Au début de son règne, sans doute entre 1397 et 1416, Hervé Le Grant, un ancien secrétaire de Jean IV, compila pour lui la Chronique de Saint-Brieuc (Chronicon briocense), qui devait être le premier ouvrage consacré à l’histoire de la Bretagne. On y retrouve déjà tous les grands thèmes de la tradition patriotique du Moyen Âge breton. La Bretagne et la France y étaient présentées comme deux nations séparées et habitées par deux peuples antagonistes, les ducs se voyaient rattachés par une généalogie légendaire aux ancien souverains de Bretagne, le roi Arthur et Conan Mériadec, et l’on prétendait même qu’ils descendaient des Troyens par l’intermédiaire de Brutus, le fils d’Enée.

Afin de mieux marquer cette prise de distance vis-à-vis de la royauté française, Jean V prit d’ailleurs un ensemble de mesures extrêmement fortes sur le plan symbolique. D’une part, il cessa de répondre à partir de 1415 aux convocations du ban, et d’autre part il s’intitula officiellement «Jean, duc des Bretons par la grâce de Dieu» (IOHANNES, DEI GRACIA BRITONVM DVX). Cette mention, qui était déjà apparue par intermittence sur les actes ducaux à partir de 1395, devint systématique à compter des années 1417-1418." https://devirisillustribusblog.wordpress.com/

 

 

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Inscription de 1423 érigeant Le Folgoët en Collégiale, portail ouest, photographie lavieb-aile.

Inscription de 1423 érigeant Le Folgoët en Collégiale, portail ouest, photographie lavieb-aile.

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Inscription de 1423 érigeant Le Folgoët en Collégiale, portail ouest, photographie lavieb-aile.

Inscription de 1423 érigeant Le Folgoët en Collégiale, portail ouest, photographie lavieb-aile.

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II. LE PORCHE DES APÔTRES : FRISE "A MA VIE" ET ARMOIRIES DE LA VOÛTE.


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1°) La frise d'hermines passantes et la devise "À ma vie". Kersanton, vers 1423-1433, atelier du Folgoët.

Au fond du Porche des Apôtres, au dessus de la porte géminée et du trumeau occupé par une statue de saint Pierre, court une frise de six hermines passant entre les spires d'une banderole. 

Frise d'hermines A MA VIE, Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.
Frise d'hermines A MA VIE, Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.
Frise d'hermines A MA VIE, Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Frise d'hermines A MA VIE, Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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Frise d'hermines A MA VIE, Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Frise d'hermines A MA VIE, Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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Chaque hermine — avec quand même des variantes —  mord la partie de banderole portant les mots A MA (encadrés parfois du deux-points gothique en forme de S ou d'ouïe de violon), chaque hermine porte autour du cou un collier en mailles de chaîne, pose la patte antérieure et postérieure sur le rouleau, et chaque hermine a autour du ventre la partie de phylactère portant le mot VIE. 

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Frise d'hermines A MA VIE, Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Frise d'hermines A MA VIE, Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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On comparera cette frise avec celle des corniches de  l'église Notre-Dame-de-Quimperlé, (ville haute) datée par inscription de 1430 (photo lavieb-aile) ; et on verra plus loin un autre point commun, la présence d'une statue du duc en armure.

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Frise d'hermines A MA VIE, Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Frise d'hermines A MA VIE, Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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2°) Les armoiries présentées par des anges à la voûte du porche.

Les armoiries du fond du porche.

Elles sont présentées par trois anges, typiques du style de l'Atelier ducal du Folgoët comme en témoigne la chevelure méchée.

Elles ont été décrites, et interprétées, de manière contradictoire

 "Et voici que l'église a été bâtie par ces deux princes et leurs femmes, c'est-à-dire par Jean IV et Jeanne de Navarre, de 1386 à 1399, et par Jean V et Jeanne de France, de 1400 à 1418 , ainsi que le prouvent les clefs de voûte du céleste portique , autrement dit le Porche des Apôtres, où sont gravées  d'une part   les armoiries mi-parti de Bretagne et de Navarre, et, de l'autre, celles : Mi-parti de Bretagne et de France. " (Miorcec de Kerdanet 1853). Les armes de Navarre ne sont pas observées aujourd'hui.

 

"A la voûte, des arcades croisées aux nervures délicates se réunissent par des clefs : l'une porte un écusson aux armes réunies de France et de Bretagne ; l'autre porte un médaillon représentant l'Ordre de la Cordelière, dit Monsieur de Kerdanet. D'après lui, la Duchesse Anne, à qui nous devons cet admirable portique, avait institué cet ordre en l'honneur des cordes dont Notre-Seigneur avait été lié dans sa passion. Elle le donna aux principales dames de la cour,  "les admonestant, dit un historien, de vivre chastement, et d'avoir toujours en mémoire les cordes et les liens de Jésus-Christ." D'après Monsieur de Coëtlogon [lapsus pour Kerdanet ?], ce deuxième écu, le plus rapproché du fond du portique, paraît, quoique fort endommagé, avoir porté les armoiries mi-partie de Bretagne et de Navarre, celles de Jean IV et de Jeanne sa femme, fille de Charles Ier, roi de Navarre. Jean V, à qui il attribue la construction du portique, aurait probablement fait poser ces armoiries, pour rappeler qu'il accomplissait les recommandations paternelles au sujet de cette chapelle. Cette opinion va à l'encontre de la tradition, qui attribue la construction de ce porche à la reine Anne. Monsieur de Courcy, et, à sa suite, Monsieur de Coëtlogon, veulent voir dans cet écusson la preuve que Jean V, époux de Jeanne de France, fille de Charles V en serait l'auteur. En effet, disent-ils, dans l'écu, mi-partie les armes de France sont placées à sénestre, côté toujours réservé aux femmes, et ces armes se composent de fleurs de lis sans nombre, tandis que, au temps de la reine Anne, les fleurs de lys étaient depuis longtemps réduites à trois dans l'écu de France. Nous ne pensons pas que cet argument suffise pour écarter la tradition. A supposer même qu'il soit évident que l'écusson porte les armes de Jean IV ou de Jean V, ne pourrait-on pas supposer que la reine Anne les eût fait mettre là, pour commémorer le souvenir du premier fondateur? Ce qui nous porte à accepter leur opinion, malgré la tradition, c'est que, à l'époque de la Renaissance, qui est l'époque de la reine Anne, on manifestait une vive répugnance pour l'architecture ogivale : toute pierre qui ne se rattachait pas à l'architecture païenne était méprisée ; ce porche est d'un style gothique trop pur pour avoir été construit à cette date." (Guillermit)

L'écu du fond est tenu par deux anges dont la chevelure ébouriffée et l'amict à rabat en W sont typiques de l'atelier du Folgoët. Les armes sont d'hermines plain, avec onze mouchetures réparties 4-3-4. Au dessus de cet écu est bien visible un heaume, et un rapprochement avec l'image du heaume ducal à cornes permet de ici reconnaître le casque à lambrequins  malgré les dégâts subis.

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C'est le même écu qui timbre la voûte du chœur de la cathédrale de Quimper, devant les vitraux représentant le duc Jean V et la duchesse Jeanne (photo lavieb-aile) :

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Un rapprochement doit être fait aussi avec les sceaux armoriaux du duc Jean V, tels qu'ils ont été décrits par René Blanchard dans Lettres et mandements de Jean V, planche III. 

5. 1er sceau armorial du duc Jean V 1409-1411 ;

6 : 2ème sceau armorial 1410-1421 ;

7 : 3ème sceau armorial 1420-1425

8 : 4ème sceau armorial 1427-1437.

9. 5ème sceau armorial 1439-1442.

Le 3ème sceau, de 52 mm,  est gravé d'un écu penché, chargé de 10 hermines 4,3,2,1, timbré d'un heaume à cornes, sommé d'un lion.

 

 

 

 

 

https://archive.org/details/lettresetmandem00blangoog
https://archive.org/details/lettresetmandem00blangoog

https://archive.org/details/lettresetmandem00blangoog

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Voûte du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Voûte du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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Voûte du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Voûte du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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Le second écu, plus proche de l'extérieur, est présenté par trois anges également ébouriffés.  Leur front épilé ponctué d'un tortillon de cheveux méchés, et les deux ou trois paquets de cheveux latéraux, évoquent les anges de l'Autel des Anges, un peu plus tardif (vers 1445).

L'écu est mi-parti de Bretagne et de France.

 

Voûte du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Voûte du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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Diaporama, Voûte du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.
Diaporama, Voûte du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.
Diaporama, Voûte du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Diaporama, Voûte du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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III. AU DESSUS DU PORCHE : LA STATUE DU DUC EN CHEF DE GUERRE.

"Statue du duc Jean V, avec son armure défensive, sa couronne ducale, son manteau à fleurs de lys sans nombre, un sceptre dans une main, et dans l'autre un livre de fondateur ... ,. parce qu'il avait continué le temple commencé par son père , et fondé    la belle collégiale du Folgoët; le manteau semé de fleurs·de lys, au lieu d'hermines en mémoire de ceste  fleur miraculeuse, de ce beau lys musqué et fleurissant trouvé en la bouche du pauvre Salaün aprez sa mort...).Miorcec de Kerdanet  https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/33e093346604e23fe86b2fdaa39ca374.pdf

Le duc est représenté en armure complète, plastron et genouillères, solerets aux pieds, portant une cape aux pans réunis par un fermail en losange. Les cheveux en mèches bouclées et les yeux en amande, aux paupières ourlées, sont dans le style de l'atelier du Folgoët. Cette statue est à comparer à celle de la niche centrale du porche nord de l'église Notre-Dame à Quimperlé, une statue de granite datée de 1420-1450 et attribuée aussi au même atelier ducal.

Là encore, il est intéressant de rapprocher cette statue du premier sceau en majesté du duc Jean V (premier sceau, 1405-1408) dont le contre-sceau correspond aux armoiries de la voûte du porche. (Blanchard, op. cité, pl. II). Le duc y est représenté couronné, en armure, tenant l'épée,  les solerets posés sur le lion des Monfort. L'inscription en latin est COMITIS MO[N]TISFORT ET RICH[EMONDI] / S [JOHANNIS :] DUCIS BRITANNIE. Ce premier sceau comporte deux hermines le long des pans du pavillon ; dans le deuxième sceau en majesté (1410-1441), les deux animaux tiennent la devise A MA VIE. L'inscription est en français COMTE DE  MONTTFORT ET RICHEMONT / S JEHAN DUC DE BRETAIGNE.

Description par Blanchard p. LXXVI

 

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 sceau en majesté du duc Jean V (premier sceau, 1405-1408 ; 2ème sceau 1410-1441)  https://archive.org/stream/lettresetmandem00blangoog#page/n276/mode/2up
 sceau en majesté du duc Jean V (premier sceau, 1405-1408 ; 2ème sceau 1410-1441)  https://archive.org/stream/lettresetmandem00blangoog#page/n276/mode/2up

 sceau en majesté du duc Jean V (premier sceau, 1405-1408 ; 2ème sceau 1410-1441) https://archive.org/stream/lettresetmandem00blangoog#page/n276/mode/2up

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Statue du duc Jean V, au dessus du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Statue du duc Jean V, au dessus du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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Statue du duc Jean V, au dessus du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Statue du duc Jean V, au dessus du Porche des Apôtres, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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IV. LA FRISE D'HERMINES " À MA VIE" DE LA FAÇADE SUD.

Dix ou onze hermines reprennent ici leur chemin dans le tunnel emblématique déjà décrit sur le Porche des Apôtres.

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Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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Frise d'hermines passantes enrubannées de la devise A MA VIE, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Frise d'hermines passantes enrubannées de la devise A MA VIE, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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Frise d'hermines passantes enrubannées de la devise A MA VIE, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Frise d'hermines passantes enrubannées de la devise A MA VIE, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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Frise d'hermines passantes enrubannées de la devise A MA VIE, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Frise d'hermines passantes enrubannées de la devise A MA VIE, Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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III. LA FRISE D'HERMINES DE LA CORNICHE DU MAÎTRE-AUTEL.Kersanton, Atelier du Folgoët, 1423-1445.

Cinq autels sont alignés le long du chevet droit ; le maître-autel est le deuxième, et le plus grand.

"Le premier autel est celui du Rosaire. Taillé dans la pierre fine de Kersanton, il offre en façade huit arcatures subdivisées chacune en deux autres secondaires et séparées entre elles par de petits piliers carrés qui se terminent en clochetons. Une guirlande feuillagée, refouillée clans la pierre qui forme table les surmonte.  [...] Le maître-autel est composé exactement sur le même modèle, mais il est plus fini. Il mesure quatre mètres de long. et est orné de guirlandes de vigne avec quatorze petites arcades. Au milieu du feuillage, une hermine passante avec la devise : A ma vie. Des oiseaux égrènent le raisin, et chaque feuille se détache artistiquement de la tige à moitié cachée dans l'ombre." (Guillermit)

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Maître-autel (kersanton), Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

Maître-autel (kersanton), Collégiale du Folgoët. Photographie lavieb-aile avril 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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Jean V de Bretagne : avènement et politique intérieure

https://devirisillustribusblog.wordpress.com/2016/11/27/jean-v-de-bretagne-i-avenement-et-politique-exterieure/

ABGRALL (Jean-Marie) 1909 Notice sur Le Folgoat  Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper page 175 et 209

https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1909.pdf

— ABGRALL (Jean-Marie), 1896, Le Folgoët (Finistère), « Livre d’or des églises de Bretagne », Rennes, 

ABGRALL (Jean-Marie), 1901, L'église Notre-Dame du Folgoat, in A.Le Grand, La vie des saincts...page 88

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f126.item.r=Folgoet

— BLANCHARD (René), 1895, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne : étude sur les sources du recueil publié par la Société des bibliophiles bretons et de l'histoire de Bretagne vol. 4 Planche III.

https://archive.org/details/lettresetmandem00blangoog

— COATIVY (Yves) 2006, La monnaie des ducs de Bretagne. Presses Universitaires de Rennes.

http://books.openedition.org/pur/25404

 

— COËTLOGON (Marquis de), 1851, Dessins, histoire et description de l’église de Notre-Dame du Folgët, Brest, 1851

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LESNEVEN. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c07f91a4317a870c35de08f576183805.pdf

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LE FOLGOET. Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/FOLGOET.pdf

— COUFFON (René),  1948, « À quelle époque convient-il de dater l’église actuelle de Notre-Dame du Folgoët ? », Nouvelle revue de Bretagne, 5, 1948.

— COURCY   Notice sur Notre-Dame du Folgoët, par Pol et Henri de Courcy. ln-12. Saint- Brieuc, Prud'homme; 1860

— GUILLERMIT (Augustin),1922  Le Folgoat Monographie paroissiale. ed. A. Lajat (Morlaix)

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8c56e3a44e19df315b7cd0de70f0f172.pdf

— GUILLOUET (Jean-Marie), 2009,  Le Folgoët, collégiale Notre-Dame, Congrés archéologique de France (2007), Finistère. 165, pp.166-176.

https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00557740/document

— JOB AN IRIEN 1989, A la recherche de la vérité sur Notre Dame du Folgoët = Itron Varia ar Folgoet. Ed Minihi Levenez (Landerneau) 24 p.: ill.; 25 cm.

 

— KERBIRIOU (Louis) 1938, Un grand Sanctuaire Marial en Bretagne · Notre·Dame du Folgoët Notice descriptive, historique et archéologique, Brest, Impr. Le Grand

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c02069db4918a110fe135511d651ae02.pdf

 

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. Pages 95-100.

— LÉCUREUX ,1914,  « Le Folgoët. Église collégiale. 3ème excursion », dans Congr. arch. de France. Brest et Vannes, 1914, p. 99-110.

— LORME (A. de ), 1896, « L’art breton et l’église du Folgoat », dans Congr. arch. de France . Brest, 1898, p. 218-236.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f290.item

— MIORCEC DE KERDANET ( Daniel), 1853, Nouvelle notice sur N.-D. du Folgoët et sur ses environs, J.-B. Lefournier (Brest), 144 p.; 22 cm.

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/33e093346604e23fe86b2fdaa39ca374.pdf

Ou : in A.Le Grand, La vie des saincts 1837 :

https://books.google.fr/books?id=BYITAwAAQBAJ&dq=%22La+vie+des+saints+de+la+Bretagne+armorique%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— PENNEC (Cyrille), 1825,  Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët, Rennes

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/061c8316a48418d20634b1b408c93613.pdf

— THOMAS (chanoine A.M) , 1901, Le duc de Bretagne et le Folgoat; in A.Le Grand, La vie des saincts

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f126.item.r=Folgoet

 

— INFOBRETAGNE :

http://www.infobretagne.com/folgoet.htm

http://www.infobretagne.com/folgoet-basilique.htm

— LES AMIS DU FOLGOËT.

http://les-amis-du-folgoet.pagesperso-orange.fr/Basilique.htm

— monumentshistoriques.free.fr

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/folgoet/descriptif.html

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Published by jean-yves cordier - dans Le Folgoët

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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