Le vitrail de Notre-Dame de Liesse (XVIe) de la baie 15 en la collégiale de Gisors.
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Voir ;
1. Sur l'église de Gisors :
2. La liste de mes articles sur les vitraux.
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Cette baie, l'une des quatre de la Chapelle de la Vierge, mesure 3 m. de haut et 1,10 m de large ; elle comporte 1 lancette trilobée et un tympan à 1 ajour et 1 écoinçon. Son registre inférieur est l'œuvre de l'atelier Duhamel-Marette. Celui-ci , chargé de la restauration des baies, réalisa entre 1893 et 1898 des verrières neuves pour les baie 9 à 15 de la chapelle de la Vierge en incluant ici en registre supérieur la figure de Notre-Dame-de-la-Liesse, conservée jusqu'en 1897 dans le bas-coté sud du chœur, peut-être en baie 12.
Le fond Duhamel-Marette et Muraire est conservé aux Archives départementales de l'Eure (75J 1-7).
"Louis-Gustave Duhamel, formé à l'école des Beaux-Arts de Rouen puis à l'atelier du maître-verrier Bernard dans la même ville, s'associa vers 1860 à un ''peintre-vitrier'' d'Evreux, Jean-Gabriel Marette, dont il épousa la fille, Marie-Adeline. Sous le nom de Duhamel-Marette, cet atelier ébroïcien devint l'un des principaux artisans du renouveau de l'art du vitrail en Normandie, actif aussi bien dans la restauration de vitraux anciens que dans la création de verrières dans le style du Moyen-Âge et de la Renaissance et sa production fut exportée bien au-delà des limites régionales."
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LE REGISTRE INFÉRIEUR. DUHAMEL-MARETTE 1895-1898.
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Une inscription explicite le sujet de la scène :
COME EN LAN 1634 AYANT PRIS FIN UNE PESTE HORRIBLE MRE ROBERT DENYAU
CURE DE CEANS ET LES BOURGEOIS DE GISORS REMERCIENT NOSTRE DAME EN SON EGLISE DE LIESSE.
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"Comment en l'an 1634, ayant pris fin une horrible peste, messire Robert Denyau curé de céans et les bourgeois de Gisors remercient Notre-Dame en son église de Liesse."
P. F. D. Hersan dans son Histoire de la ville de Gisors parue en 1858, fournit les explications suivantes :
En l'année 1604, Marc Philo de Saint-Servin , licencié en théologie , protonotaire apostolique, de la compagnie de Jésus, curé de Gisors, installa les religieux de la Mercy ou de l'Ordre de la Très-SainteTrinité, appelés Mathurins, dans la chapelle de Notre-Dame-de-Liesse de Gisors, près le Mont-de-l'Aigle, le 13 juin 1610.
Les Mathurins , ordre qui avait pour but le rachat des captifs chrétiens dans les états barbaresques : Maroc, Alger, Tunis, Tripoli, etc., firent bâtir une nouvelle église beaucoup plus vaste que la chapelle fondée en 1610 sous le vocable de Notre-Dame-de-Liesse. Cette église fut consacrée le 3 juin 1626, par M. Déniaud, alors curé de Gisors.
Robert Déniaud , docteur en droit canon et civil, succéda à Raoul Neveu, au titre de curé de Gisors, en 1611.
Il écrivit une Histoire politique de Gisors (Rouen, ms Y14a)
En 1632, une peste fit un grand nombre de victimes en cette ville où elle dura jusqu'en l'année 1634.
M. Déniaud, curé de Gisors, fit, dans cette circonstance, tout ce qui était en son pouvoir pour ranimer les esprits et soulager ses malheureux paroissiens. Il organisa, en outre, des processions à la chapelle de Notre-Dame-deLiesse, sise aux Mathurins et le terrible fléau ayant cessé, il rendit grâce à Dieu par le chant du Te Deum , dans l'église de Gisors , auquel assistèrent tous ses paroissiens et une partie de ceux des villages voisins.
La statue de N.-D. de Liesse, qui était jadis dans la chapelle de Mathurins, est présentement placée dans le mur d'une maison, située vis-à-vis le pont des Argilières.
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Victor Patte :
https://archive.org/details/HistoireDeGisors/page/n187
"Cette vierge avait, en effet, la tête inclinée, et, comme si elles n’étaient pas toutes ainsi, on assurait que c’était pour perpétuer le souvenir du miracle qui avait fait cesser, dans la ville, l’affreuse maladie qui mettait toutes les familles en deuil. Non content d’avoir ainsi placé sa paroisse sous la protection de toutes les Notre-Dame-de-Liesse de Gisors, le pasteur de celle ville fit encore le vœu d’aller, avec ses ouailles, invoquer celle dont l’église était située près de Laon: voyage qui fut, en effet, effectué le mercredi d’après le dimanche de Quasimodo de l’année 1634. . Le terrible fléau ayant cessé d’exercer ses ravages dans la ville, ce fut, pour Denyau, un signe de l’apaisement de la colère de celui dont il était le ministre. Aussi fit-il chanter, dans son église, un Te Deum d’actions de grâces, auquel assistèrent tous les paroissiens et une partie de ceux des villages voisins. Au sujet de la peste qui affligea de son temps la ville de Gisors, en 1632 et 1633, Robert Denyau, dans une histoire de cette ville, demeurée manuscrite, fait un long détail du pèlerinage que ses paroissiens firent a l’église des Trinitaires, et de la dévotion avec laquelle ils y chantèrent le Regina cœli."
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Sur le couvent des Mathurins, voir ici.
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L'inscription est surmontée d'un blason d'azur à la fasce d'or, accompagnée en chef de deux cœurs d'argent et en pointe d'un croissant de même : ce sont les armes de la famille Denyau, d'Anjou. :
https://docplayer.fr/25602541-Archives-departementales-de-seine-maritime.html
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Le blason est posé sur un crucifix entouré d'un chapelet où est accroché une médaille d'or.
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Action de grâce à Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Duhamel-Marette, 1898), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Action de grâce à Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Duhamel-Marette, 1898), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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REGISTRE SUPÉRIEUR. LA STATUE DE NOTRE-DAME.
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Dans un encadrement architectural datant essentiellement du XIXe siècle, est inséré un panneau du milieu du XVIe siècle : c'est une grisaille, comme celle de la baie 10, qui lui est contemporaine, et comme celle-ci elle s'inspire d'une gravure. Il s'agit ici d'une gravure de Marc-Antoine Raimondi, d'après la "Vierge au poisson" de Raphaël. (voir infra)
M. Hérold, in Callias Bey et col. attribue cette grisaille à "Romain Buron, auteur probable de Notre-Dame-du-Salut à Sainte-Foy de Conches, tirée du même patron à grandeur."
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Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Romain Buron ?, milieu XVIe s.), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Romain Buron ?, milieu XVIe s.), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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La comparaison avec la gravure de Raimondi laisse apparaître de sérieuses différences avec le vitrail, concernant la posture et la direction du regard de la Vierge ou son habillement, aussi bien que la posture de l'Enfant.
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Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Romain Buron ?, milieu XVIe s.), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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SOURCES ET LIENS.
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— BLANQUART, (Abbé), 1885, Notice sur les vitraux de Gisors, Mémoires de la société archéologique et historique de Pontoise et du Véxin, T7, page 67 et suiv.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214014k/f127.item.zoom
— CALLIAS BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2001,"Les vitraux de Haute-Normandie", Corpus vitrearum Recensement VI, CNRS éditions, page 171
— HAMON (Étienne), 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages page 321.
https://books.google.fr/books?id=QrXmxuOPH5MC&dq=isbn:2848672196&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
—HÉROLD (Michel), 1993, Gisors, église paroissiale Saint-Gervais Saint-Protais, les verrières, Paris, 1993. Non consulté.
— PATTE (Victor), 1896, Histoire de Gisors, ed. C. Lapierre, Gisors page 261-263
https://archive.org/details/HistoireDeGisors/page/n327
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