Les stalles de la cathédrale de Tréguier : les inscriptions des musiciens et des enfants de la psallette.
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Voir :
Les stalles de la cathédrale Saint-Pol-de-Léon Les inscriptions des enfants de la psallette.
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Découvrir, sur les dossiers de leurs sièges, les inscriptions que des enfants ont laissé voici 300 ou 400 ans est une émotion semblable à celle qui naît à la lecture des graffiti de Pompéi. Retrouver, dans les archives de la cathédrale de Tréguier, l'identité et la biographie de ces enfants majore encore cette émotion. Comprendre, grâce à ces lettres jadis gravés à la pointe d'un couteau, la vie des "psallettes", ces écoles de musique formant de jeunes garçons au chant choral pour les collégiales et les cathédrales, et deviner la l'austérité de leurs conditions de vie, la sévérité de leurs maîtres ou des chanoines, et inversement, leurs chahuts et leurs espièglerie, partager leurs espoirs d'entrer au séminaire ou, surtout, de devenir chantre ou instrumentiste de la cathédrale une fois adulte, voilà ce que peut susciter ces images : comme tout document épigraphique, c'est le bruit lointain du passé qui nous parvient et nous bouleverse.
Et je crois entendre, sur les stalles basses du milieu de rang, des voix de séraphins s'élever soudain des visages des petits chenapans : et, comme leurs maîtres des rangs supérieurs qui les regardaient d'un air courroucé , tout leur pardonner soudain de leurs fredaines.
Je crois entendre aussi, derrière l'orgue, retentir le serpent, instrument majeur des chœurs, et désormais totalement oublié. Est-ce Pierre Bidement qui en joue vers 1630 ? Berthélémy en 1645 ? Laurans Bequet en 1735 ? Ou François-Ignace Le Gorrec qui accompagne son fils Isaac à la veille de la Révolution ?
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Plan et numérotation des stalles de Tréguier in Florence Piat :
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Florence PIAT http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ensemble-de-stalles-dans-la-cathedrale-saint-tugdual-contre-les-piliers-nord-et-sud-du-choeur/7f42329b-0365-497e-aedf-80f29a0e327a
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Généralités :
Les stalles de Tréguier sont réparties en deux ensembles mobiliers, l'un au sud et l'autre au nord ; chaque ensemble comprend deux rangs de 12 sièges, l'un supérieur et l'autre inférieur. 48 sièges, ou stalles, étaient ainsi disponibles pour accueillir 19 membres du Chapitre, 8 musiciens et 6 enfants de chœur accompagnés de leur maître, mais aussi des dignitaires et des membres de la noblesse.
"Pour les offices solennels, il fut décidé qu'après que les ecclésiastiques, tant du haut que du bas du choeur, auraient occupé leurs places, les juges et magistrats de la ville, les gentilshommes et autres personnes de considération seraient admis dans le choeur et placés dans les chaires vacantes."
Le chœur a été édifié vers 1400, avec un premier ensemble de stalles, perdu. Puis il fut séparé de la nef, en 1485 par un chanceau monumental. De nouvelles stalles et un grand lutrin furent commandées, par actes des 22 mars 1508 et 20 juillet 1509, à deux artisans de la ville, Gérard Dru et Tugdual Kergus . Le contrat en est toujours conservé aux Archives Départementales des Côtes-d´Armor (2 G 364 et 2 G 456). Ce document, très rare, donne des indications précieuses quant à la commande et à l´exécution de ces stalles. Daté de 1508, il décrit les exigences, iconographiques principalement, des chanoines trégorois . Gérard Dru est probablement un artiste d´origine rhénane comme l´indique la consonance germanique de son nom. Les thèmes et le style qu´il développe sur ces stalles, mais aussi sur un retable de cette même cathédrale, est par ailleurs caractéristique de cette région.
Réalisé de 1508 à 1512, cet ensemble fut remanié au cours du 17e siècle, époque où les dorsaux ainsi que quelques stalles furent supprimés. Non-adossées, elles sont reliées entre elles par des barres de fer boulonnées au revers. Plusieurs scènes représentant principalement des sodomites furent « purgées » à cette même époque. Au moment de la Révolution et un an avant que la cathédrale ne soit transformée en « Temple de la Raison », les chanoines réussirent à cacher leurs précieuses stalles chez certains habitants de Tréguier, les sauvant d´une destruction quasi certaine. Cet ensemble imposant par le nombre de stalles est certainement un des plus beaux de Bretagne, par la grande qualité de la sculpture autant que de l'iconographie. La richesse de cet ensemble est encore augmentée par la conservation du contrat d'origine. Les sujets eux-mêmes sont surprenants par leur aspect scatologique. ( Je reprends le dossier IM22005668 des services du Patrimoine)
Les stalles que nous voyons sont bien celles sculptées en 1509, mais elles ont été modifiées, elles ont perdu leur dais (qui persiste à Saint-Pol-de-Léon où on peut se former une idée de leur aspect), et leurs rangs ne sont plus complétées par le chanceau, qui fut détruit en 1790.
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1°) Les hommes : le Chapitre, les musiciens et la psallette.
a) Le chapitre : 16 à 19 membres.
Le chapitre de la cathédrale de Tréguier était composé de 5 dignitaires — le grand chantre, les archidiacres de Plougastel et de Tréguier, le trésorier et le scholastique — et de 14 chanoines.
Le Grand chantre. L'office de chantre (cantor ou prœcentor) fut érigé en dignité par Grégoire IX au commencement du XIIIème siècle, et devint la deuxième des cinq dignités de l'Eglise de Rennes. Faire apprendre le chant aux officiers du bas-choeur, le diriger dans les solennités, dresser un tableau de ce que chacun devait lire ou chanter au choeur pendant la semaine, corriger ceux qui s'acquittaient mal de leurs devoirs aux offices, exercer la police sur le choeur et aux cérémonies religieuses, telles étaient les attributions du chantre. Comme insigne de sa dignité, il avait aux cérémonies la chappe et le bâton cantoral, avec lesquels il se promenait dans le choeur et portait les antiennes aux dignitaires qui devaient les entonner. — Rennes, sa stalle, au choeur, était la deuxième du côté de l'évangile. Il avait pour coadjuteur et suppléant le sous-chantre (succentor), ce qui, pour le distinguer, lui fit donner le titre de grand-chantre.
Le scholastique ou écolâtre, était originairement chargé d'instruire les enfants destinés au service de l'église et vivant en commun sous les yeux de l'évêque. « Jouissant en France d'une grande considération, cet officier n'enseigna bientôt plus lui-même, mais présida à l'instruction et nomma les maîtres de grammaire. D'ailleurs, ses attributions s'étendirent d'un autre côté : il fut chargé, jusqu'à la forme stable des offices, de composer ou de choisir les hymnes, les antiennes et les répons qui se chantaient au chœur ; d'examiner les jeunes gens que le Chapitre présentait à l'ordination ; de faire, jusqu'à l'établissement des théologaux, des leçons de théologie aux chanoines et des sermons au peuple. Le pape Innocent III l'éleva au rang de dignitaire. Aux derniers siècles, il n'était tenu qu'à faire quelques discours latins devant le Chapitre à matines, aux veilles des plus grandes fêtes, et à s'assurer que les employés inscrits par lui au tableau de la semaine étaient en état de bien lire aux offices du choeur les parties qui leur incombaient. Ses revenus étaient nuls à la fin du XVIIIème siècle ; aussi avait-il depuis longtemps, et malgré les réclamations de l'évêque et du Chapitre, cessé de faire ses discours » (L'abbé Luco, Personnages ecclésiastiques d'un diocèse, p. 46).
OU selon Morice : Le chapitre de Tréguier était composé du grand chantre qui le présidait, d'un trésorier, d'un archidiacre, celui de Tréguier, d'un écolâtre et de douze chanoines, dont l'évêque était le premier, et jouissait, en cette qualité de la prébende attachée à son siège. Ou encore : Le chapitre de la cathédrale Saint-Tugdual se compose de cinq dignitaires et de onze chanoines prébendés assistés de six vicaires et d’un «chœur de musique» ; le maître de psallette a six enfants de chœur sous son autorité.
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b) les musiciens : jusqu'à huit.
Les musiciens (nom sous lequel sont désignés aussi les chantres) étaient au nombre de huit en 1790 :
- Le Maître de musique qui est alors aussi l'organiste
- Deux serpents : François-Ignace LE GORREC et son fils François Isaac LE GORREC,
- trois "musiciens", François LE CORRE, Guy LE GUILLOU (celui-ci chantant la haute-contre) et Yves LE QUÉMENT,
- le "premier chantre" et chapier , Yves LE GOFF (le seul clerc du groupe).
- le "second chantre" et chapier, Guillaume LE CUN.
"Après la clôture du concile, les cardinaux Charles Borromée et Vitellozo Vitelli, chargés de la chapelle pontificale, y favorisèrent le style dit « a capella », mis au point surtout par Palestrina, style plein de retenue, de calme, de plénitude, et qui donne une importance égale à chaque voix. C'est ce style qui régnera en Europe catholique pendant tout le XVIIe siècle et le début du XVIIIe. C'est lui que nous trouvons à Tréguier pour les messes chantées, avec la présence de quatre voix de solo : la haute contre, la basse contre, la haute et la basse taille (Basse contre : voix d'homme la plus grave. Basse taille : ancien nom de la basse chantante, moins puissante mais plus souple que la basse contre. ). Cette dernière voix, qui était la voix de prédilection de l'école italienne, n'apparaît toutefois qu'en 1685, avec l'engagement par le chapitre d'un chanteur parisien, Jean Guerrier." (G. Minois)
Les orgues étaient primitivement dans l'aile nord du transept, contre la tour Hasting , mais il fut décidé en 1665, de les transporter au bas de la nef à l'emplacement actuel. Elles furent détruites en 1794. Les instruments étaient initialement les orgues, le serpent et le cornet :
"L'influence de l'Italie est donc présente dès ce moment dans le Trégor, et va se renforcer dans les années suivantes avec l'introduction des messes concertantes. Jusque là en effet, et en accord avec le style « a capella », les seuls instruments utilisés dans la cathédrale de Tréguier sont, outre l'orgue, le serpent et le cornet (*), instruments à vent dont le seul rôle est de soutenir le chant, qui reste l'élément essentiel.
(*) : cornet à bouquin, 1624 (ADCA, 2 G 440)
Mais dès 1685 le chapitre engage un joueur de basse continue, François Couarde, de Saint Pol de Léon, et dès lors la place des instruments devient plus importante. En 1731, avec l'adjonction d'un violon et d'une viole, c'est un quintette de trois cordes et deux instruments à vent qui accompagne le chant : toutes les messes jouées à Tréguier sont alors des messes concertantes, alors que cette mode italienne rencontrait encore beaucoup d'opposition en France comme en témoignent les oeuvres de Lecejrf de la Viéville de Fresneuse. La dizaine de messes composées par les chantres et maîtres de musique de Tréguier de 1700 à 1740 est de, ce style, ainsi celle que présenta le basse taille Le Roy, de Lannion, le 17 août 1736, pour la saint Hyacinthe, fête de l'évêque. Quelques manuscrits de ces œuvres subsistent, prouvant que du point de vue de la musique religieuse Tréguier était en accord avec son temps, voire en avance sur lui par l'adoption précoce des modes italiennes dès 1685-1690..
La diffusion rapide des modes musicales aux XVIIe et XVIIIe siècles était assurée par les déplacements des chantres et musiciens, qui accomplissaient un véritable tour de France pour compléter leur formation, se mettant tout à tour au service des cathédrales qu'ils rencontraient. C'est ainsi qu'à Tréguier de 1650 à 1700 tous les chantres et musiciens sont d'origine extérieure au Trégor, venant d'aussi loin que Calais, Cambrai, Paris, Agen, Clermont ou Langres.... La mobilité diminue toutefois à partir du deuxième tiers du XVIIIe siècle et l'origine géographique se restreint à l'ouest de la France. " (G. Minois)
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c) La psallette. Six enfants et un maître.
En 1444, Mathieu du Cozker avait établi la psallette de Tréguier, approuvée par une bulle du pape Nicolas V, en 1449, et par son successeur, Calixte III, en 1456.
Les enfants vivent dans la Maison de la psallette de Tréguier, sous la férule du Maître ou économe et de deux servantes.
"Les chants : la réforme de la psalette La solennité des offices exigeait des chants et une musique de qualité. Un effort particulier sera fait dans ce domaine aux XVIIe et XVIIIe siècles. Institution médiévale, la psalette, composée de six enfants de chœur, joue un rôle important dans les cérémonies. La direction en est confiée à un économe avec lequel la fabrique de la cathédrale signe un bail de neuf ans et qui se charge de la vie matérielle et spirituelle des enfants. Le recrutement de ces derniers se fait par « concours » : lorsqu'une place est vacante, le chapitre demande aux recteurs de Tréguier et des environs d'envoyer tous les garçons de moins de huit ans pour une audition par le maître de musique, qui choisit le meilleur candidat. Les postulants sont nombreux et viennent parfois d'assez loin : au XVIII' siècle le quart des enfants de chœur provient de Tréguier même, la moitié des paroisses voisines et le reste de Lannion, de l'extrême sud du Trégor ou même du diocèse voisin de Saint Pol dei Léon. En effet, les membres de la psalette bénéficient d'avantages matériels appréciables pour leurs parents, qui n'ont à fournir qu'un mince trousseau alors que leur fils va être nourri et logé gratuitement pendant six ou sept ans. Cependant la vie de l'enfant de chœur est austère. Faisant partie du personnel de la cathédrale, il est considéré comme un ecclésiastique mineur et doit se conduire comme tel. Les règlements se durcissent même dans la deuxième moitié du XVIIe siècle : pensionnaires à la maison de la psalette à partir de l'âge de sept ou huit ans, les choristes assistent chaque jour à la messe, à matines, laudes, vêpres et compiles, où ils se rendent en rang, deux par deux, les bras croisés, en robe rouge et bonnet carré. Lorsqu'ils entrent dans l'église ils doivent réciter un Pater, un Ave et un Credo devant le crucifix, faire une génuflexion devant le Saint Sacrement, une révérence à ceux qui sont dans l'église et à chaque chanoine qui entre ou sort. Ils restent debout pendant les offices, récitent un De Profondis avant de sortir. Ils se confessent et communient le premier dimanche de chaque mois, chantent le salut tous les soirs et répètent les chants du lendemain avant de se coucher. Chaque jour ils ont des leçons de catéchisme, de grammaire et de musique, apprennent à chanter, à jouer de la viole et de l'épinette. Ils donnent un concert par semaine. Leur distraction est la promenade du jeudi, mais toujours en robe et en bonnet carré et accompagnés par le maître. Nourris « de pain de froment et de beurre frais », ils bénéficient d'une certaine surveillance médicale, surtout en période d'épidémie, et on leur coupe les cheveux deux fois par mois, pour des raisons d'hygiène. En fait, la psalette était plus ou moins un pré-séminaire, et l'enfant qui y entrait était destiné dans la plupart des cas à une» carrière ecclésiastique. Lorsque sa voix commence à muer il est congédié et reçoit une pension pour lui permettre d'aller étudier au collège de Tréguier, qui lui ouvrira les portes du séminaire. Il reste d'ailleurs en même temps chantre ou musicien dei la cathédrale. Les conditions de vie à la psalette sont aggravées par les difficultés matérielles de la fabrique. [...]
"La maison de la psalette, située dans la rue Neuve, est en mauvais état malgré les réparations de 1723, 1725, 1728, 1734, 1750, 1763. Aux rigueurs provoquées par le règlement et par la pauvreté s'ajoutent parfois celles de certains maîtres de psalette irascibles. : en 1629 les enfants se plaignent au chapitre « d'un excès commis en leur personne par le maistre de lad. psalette, les ayant battus et frappés à coups de poing sur le visage et sur la teste sans aucun subjept ny faute de leur part » (délibération du 16 février) ; en 1676 il est à nouveau question de mauvais traitements et de mauvaise nourriture (délibération du 11 septembre). Mais à côté de ces défauts il faut insister, du point de vue liturgique, sur l'attention croissante que le chapitre apporte aux XVIIe et XVIIIe siècles au bon fonctionnement de la psalette et à la formation des enfants de chœur afin d'assurer une meilleure qualité des cérémonies. L'amélioration est lente mais continue : en 1655 les chanoines, déplorant l'ignorance des choristes et leur peu d'application à l'étude des lettres et de la musique, les exemptent des offices de fondations afin qu'ils puissent travailler davantage avec le maître de grammaire (4 janvier). En 1667 on se plaint de la mauvaise qualité de leur chant : ils connaissent mal les versets et les répons (30 septembre), et comme ils n'ont pas progressé en ce domaine en 1735 on exige qu'ils apprennent leur texte par cœur (9 septembre). En 1736 on double le nombre des leçons de musique (20 février). Parallèlement la discipline se renforce ; les désordres et tumultes se font plus rares, les derniers signalés datant de 1686 (agression contre la gouvernante ; 24 mai) et 1694 où on signald les « friponneries » des enfants de chœur qui ont cassé du matériel (15 octobre). Au XVII? siècle on n'aura à se plaindre que du bruit qu'ils font dans la sacristie (4 janvier 1748). La sévérité croissante se manifeste par des renvois plus fréquents et pour des motifs moins graves : au XVIIe siècle on ne congédiait que les cas extrêmes, comme le jeun© Henry, « attendu l'imbécilité de son esprit, estant dénué du bon sens » (25 juin 1663), alors que dans les années 1730-1740 il suffit d'être « peu doué », d'avoir des « aptitudes insuffisantes » pour être renvoyé. Aussi le recrutement s'accélère-t-il : 1 engagement en 1726, 2 en 1727, 1 en 1(728, 1 en 1730, 2 en 1731, 4 en 1733, 1 en 1734, 1 en 1736, 2 en 1737, 1 en 1739, 1 en 1740, soit 17 en 15 ans, alors que la moyenne était inférieure à 10 en 1660-1675. La psalette devient ainsi à partir de 1740 environ un « corps d'élite », du point de vue moral, intellectuel et musical. Le terme d' « enfant de chœur », volontiers associé jusque là à « chahuteur » et « turbulent », va prendre son sens contemporain d' « enfant modèle ». (G. Minois)
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Le corpus des inscriptions.
24 stalles sur 48 portent des inscriptions et 3 des dessins (croix, rosace).
Les 12 stalles hautes gravées ne portent qu'un seul nom (ou une abréviation) écrit en grandes lettres sur la partie haute du dossier comme par l'autorité d'un titulaire officiel et investi d'une notabilité remarquable. Les noms sont précédés de titres abrégés comme M., Mr, Mri. Aucune de ces inscriptions hautes n'est datée (sauf S.12) et leur titulaire n'a pu être identifié. La qualité de la gravure peut laisser penser à une réalisation récente, au XIXe siècle. Alors que ces places hautes étaient réservé aux dignitaires du chapitre cathédrale (le Haut-chœur) et aux chanoines , aucun des noms de chanoine n'est retrouvé sur les stalles.
Les 12 stalles inférieures gravées s'opposent point par point aux précédentes. Elles reçoivent en général de nombreux noms, placés sur le corps du dossier, sur le siège ou sur la sellette, sous forme variées allant des belles lettres jusqu'aux graffiti timides, maladroits ou interrompus ; beaucoup accompagnent le nom (et l'initiale du prénom) d'une date allant de 1604 à 1776. Beaucoup de noms peuvent être identifiés grâce aux archives de la cathédrale comme des musiciens et enfants du chœur de la Psallette. Inversement, aucun nom n'est identifié qui ne soit pas celui d'un musicien ou chantre.
Les textes sont exclusivement la citation de noms, prénoms et dates, sans mention de qualité (sauf "chappier" ), aucune inscription religieuse, aucun monogramme, ... et, contrastant avec le caractère des miséricordes et appuis-mains, aucune inscription graveleuse.
Parmi la cinquantaine de noms de ces rangées basses, 26 ont été identifiés.
Le plan annoté suivant a tenté d'indiquer en rouge le nom d'autorités supposés, en noir les inconnus, en bleu les "musiciens" (chantre et instrumentistes adultes) et en vert les enfants. C'est bien-sûr un simple schéma.
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LES 24 STALLES SUD.
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LE HAUT RANG DES STALLES SUD (n° 1 à 12) : CELUI DES DIGNITAIRES.
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Stalle n°1. Sur le haut du dossier et sur le rebord supérieur "DUPORZOU" en grandes lettres majuscules régulières.
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Je n'ai trouvé aucun renseignement sur un membre du chapitre de Tréguier portant ce nom. L'élément le plus notable est que le Chapitre possédait depuis 1400 (Ogée) le manoir du Porzou à Tonquédec, qui lui rapportait en 1574 30 boisseaux de froment, mesure de Lannion. Par ailleurs, une famille DENIS DU PORZOU tient son titre d'une seigneurie du Porzou située dans la Paroisse de Saint-Gilles-le-Vicomte.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n°3 :
Sur le dossier : "J: QUILLIEN". en grandes lettres majuscules régulières.
Je n'obtiens aucune information sur ce nom..
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n°4 :
Sur le dessus du dossier : "DUPORZOU" , exactement dans la même graphie que la stalle n°1 évoquant l'usage d'un poinçon.
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Stalle n° 5 : "H : QUILLIEN" en très grandes lettres majuscules régulières
Là encore, la maison noble Quillien ne se signale pas par un ecclésiastique de la cathédrale de Tréguier.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 6 :
Sur le haut du dossier:"M. DIEULEVEULT" en grandes lettres majuscules régulières.
Cette famille normande ne s'établit en Bretagne qu'au XVIIe siècle, et à Tréguier, il faut surtout cité François-Marie Dieuleveult, né le 19 août 1749 à Carhaix-Plouguer, décédé le 14 avril 1821 à Tréguier, docteur en médecine, médecin en chef des hôpitaux de Tréguier, et son fils Paul de Dieuleveult (1799-1867), maire de Tréguier.
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Stalle n° 8. "M. DE BOISGELIN" : le siège d'un chanoine ou du moins d'un ecclésiastique.
Sur le haut du dossier:"M. DE BOISGELIN", en grandes lettres majuscules régulières.
Il s'agit du nom d'une famille de la noblesse de Tréguier et du Goèlo : les frères Mathelin et Prigient DE BOESGELIN sont présent en brigandine lors du serment de 1437. Jacques de Boegeslin est mentionné à Châtelaudren. Mieux, Bertrand de Boegeslin était recteur de Ploubezre en 1469 et procureur de la fabrique de la cathédrale de Tréguier.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n°11 .
Sur le dossier : "S"et "RAOVL 1769"
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LA RANGÉE INFÉRIEURE DES STALLES SUD (13 à 24) : LES MUSICIENS.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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La stalle n° 14 : deux choristes, Guy GUILLOU, haute contre, et Guillaume LE CUN, chappier puis second chantre.
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Les deux inscriptions principales du dossier sont : "GUILLOV 1763" "G : LL : LECUN 1766". La seconde est soigneusement gravée, avec les deux-points de séparation, et des lettres régulières ornées d'empattements.
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1°) "GUILLOV 1763" renvoie à Guy GUILLOU v. 1701-Tréguier 1829.
Les archives mentionnent Yves GUILLOU fils de F. Guillou et Jeanne Le Bizet, ménagers à Trédarzec, Reçu à la Psallette (7/8 ans) le 12 juillet 1709, est "cy devant enfant de la psalette" et joueur de basse de viole en la cathédrale de Tréguier en avril 1720, il est congédié de la Psallette ayant fait son temps le 20 août 1717. Il tient également la partie de haute-contre en 1723, 1724, 1726. Cela ne peut être l'auteur de cette inscription de 1763.
Par contre, Guy Guillou, fils de Guillaume Guillou et Catherine Liard, de Minihy-Tréguier fut reçu enfant de la Psallette, 8 ans et 3 mois le 10 février 1764 . Il est mentionné comme musicien en la cathédrale de Tréguier 1774, 1775, 1778, 1780
En septembre 1773 , Guy LE GUILLOU reste à la cathédrale de Tréguier en tant que musicien après y avoir été enfant de chœur durant 9 ans et 7 mois. Le jeune musicien de presque 18 ans est alors rémunéré 10 livres par mois. C'est très peu, et il s'agit sans doute d'une allocation d'étude plus que de gages au sens strict. Il épouse le 13 novembre 1780 à Tréguier Marie-Yvonne Hamon dans l'église paroissiale de Saint-Sébastien-de-la-Rive en présence de Pierre Charles BOULLAY organiste de la cathédrale.
De 1781 à 1800, en 19 ans, le couple GUILLOU aura neuf enfants. Deux d'entre eux ont pour parrain un musicien : le sieur Pierre BOULLAY, ancien maître de musique de la cathédrale (29 mai 1783), et son fils Pierre-Charles BOULLAY organiste et maître de musique (1er novembre 1785). En 1790, Guy GUILLOU est toujours musicien à la cathédrale Saint-Tugdual et ce depuis 28 ans. Les documents disponibles le disent toujours "musicien", sans plus de précision. Cependant le baptême du 29 mai 1783 avait révélé une précision importante en qualifiant le père de l'enfant, le sieur Guy GUILLOU, de "musicien haute Contre de l’église cathedralle de Tréguier". Le corps de musique de Saint-Tugdual comprend alors, outre Pierre Charles BOULLAY, maître de musique et organiste, deux serpents, François Ignace LE GORREC et son fils François Isaac LE GORREC, trois "musiciens", lui-même Guy LE GUILLOU, François LE CORRE et Yves LE QUÉMENT, ainsi que le "premier chantre", Yves LE GOFF et le "second chantre", Guillaume LE CUN.
Le 31 décembre 1812 à Tréguier Guy GUILLOU, alors "âgé de 57 ans", toujours musicien de profession, partage la même activité que son jeune fils de 20 ans, Henry-Marie GUILLOU, sûrement dans le même édifice puisque les deux musiciens habitent Tréguier. Le père et le fils se retrouvent, là encore, au mariage du jeune musicien. Le patriarche a donc transmis sa profession à son fils bien après la Révolution. En effet, ce dernier était né le 25 mai 1792 et son père était avéré musicien le 20 mai 1796 alors qu'il n'avait que 4 ans. Sans doute n'avait-il pas cessé de l'être, dans des conditions plus ou moins confortables. Il décède le 12 mars 1829 , "âgé de 75 ans, profession de musicien, domicilié de Tréguier" . Il était alors veuf de Marie-Yvonne Hamon. Son fils Henry-Marie GUILLOU, toujours dit musicien, signe l'acte de décès de son père.
Notice MUSEFREM Guy le GUILLOU
http://philidor.cmbv.fr/Publications/Bases-prosopographiques/MUSEFREM-Base-de-donnees-prosopographique-des-musiciens-d-Eglise-en-1790/Cotes-d-Armor
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2°) Guillaume Le CUN (Trédarzec 1745- Tréguier v.1795), chappier et second chantre.
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Guillaume LE CUN fit toute sa carrière à la cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier en tant que chapier et chantre. Il subit de plein fouet les événements et les conséquences de la Révolution puisque, contrairement à de nombreux musiciens, il embrassa le camp contre-révolutionnaire, allant jusqu'à participer en 1795 au débarquement de Quiberon. Il fut – peut-être – fusillé auprès de l'évêque de Dol en juillet 1795. Il est né le 13 avril 1745 à Trédarzec du mariage d’Yves Le Cun et de Catherine Le Du. Il se marie le 15 avril 1766 à Trédarzec à l'âge de 21 ans avec Marguerite Saint-Jalm. Courant 1767, Guillaume LE CUN devient chapier de la cathédrale Saint-Tugdual. Il sera ensuite qualifié de second chantre ou de chantre, et le restera pendant 25 ans. Le jeune chapier de 22 ans reçoit 151 livres pour l'année 1767. Le 1er décembre 1787 : Le "sieur Guillaume LE CUN chapier de la cathédralle" est témoin au mariage de son collègue Yves LE QUÉMENT, "chantre de la cathédrale", avec Marie Michelle Deremond. En Juillet 1795, Quiberon : Guillaume LE CUN, émigré, débarque à Quiberon pour soutenir Mgr. de Hercé, dernier évêque de Dol (exécuté le 28 juillet). Il aurait été exécuté à la suite de ce dernier selon l'Abbé Tresvaux. D'après la notice MUSEFREM Guillaume Le Cun http://philidor.cmbv.fr/Publications/Bases-prosopographiques/MUSEFREM-Base-de-donnees-prosopographique-des-musiciens-d-Eglise-en-1790/Notices/LE-CUN-Guillaume
Le terme de chapier ou chappier, qui désigne ailleurs un meuble renfermant les chasubles, est une fonction ou un titre parmi les chantres, définie comme "celui qui porte la chape pour faire l'office de chantre", "et qui se promène vêtu d'une chape dans le chœur pendant certaines parties de l'office , tant pour gouverner et maintenir le chant, que pour faire taire les causeurs". Voir plus de développement dans l'Encyclopédie de J.P. Migne. Un autre chantre occupait également cette fonction à la même époque, Yves le Goff (cf. stalle n°48, à l'autre extrémité des stalles nord).
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 15 : occupée par des musiciens du XVIIe siècle : haute-contre et enfant de la psallette.
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Je lis "IACQ POCHEL--" (ou POCHET) / "I : GALESNE 1692" / "R : DROUET R" /" IAN BIDEMENT" / "RIEL".
1°) I : GALESNE 1692 renvoie à un certain GALLENNE qui apparaît comme Musicien en la cathédrale de Tréguier en 1693 (ADCA, 2 G 442)
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2°) René DROUET est mentionné comme Chantre, haute-contre en 1671, et juillet 1676
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3°) Jean BIDEMENT, fils de Gilles Bidement appartenait à la psallette jusqu'en octobre 1639 (ADCA, 2 G 441)
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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La stalle 16 : deux enfants de la psallette en 1702 et 1722.
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Je lis sur le dossier" IACQ LE PIVAIGN 1722 1722" , sur la sellette "IVE : IAC" : et sur le siège rabattu : "IACQ LE PIVAIGN" / "F:AVBAVDI : 1702" / "YVON" / NELL / PH
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1°) "F. AVBAVDI : 1702" renvoie à AUBAUD connu par les archives comme probable ancien de la Psallete de Tréguier (mention "Cy devant aisné de la Psallette" le 16 août 1715), chante la haute-contre en cette cathédrale avec une mention d'archive le 4 octobre 1717 (ADCA, 2 G 229). L'inscription de 1702 correspondrait alors à son séjour à la psallette.
http://www.plenumorganum.org/histoire/organistes-musiciens-deglise-et-artisans-de-la-musique-en-cotes-du-nord-avant-1930/base-de-donnees-des-musiciens-deglise/?listpage=16&instance=1
Ollivier Aubaud, présent à la Montre de Tréguier de 1481
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2°) Jacques LE PIVAIGN (ou LE PIVAIN) est mentionné comme ancien de la Psallette de Tréguier engagé comme joueur de basse de viole au même lieu le 8 novembre 1728 avec des mentions dans les archives en 1730, 1731 (ADCA, 2 G 301). La date de 1722 de l'inscription indique qu'il a gravé son nom lorsqu'il était à la Psalette.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 19.
Sur le dossier : "Md LETOURNEUR" en grandes lettres majuscules régulières . Je ne trouve pas de renseignement sur ce personnage, dont les lettres Md indique un titre, donc un dignitaire.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 22 Croix en pointillées sur le dossier.
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Stalle n° 23 : 2 croix en pointillées et une rosace.
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LES STALLES NORD.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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LE HAUT RANG DES STALLES NORD n° 25-36.
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Comme leurs homologues du nord, elles ne comportent, à une exception près aucun nom d'enfants ou de musiciens, et aucun nom attribuable à un membre du chapitre cathédrale ; elles sont gravées en partie haute du dossier, en "caractère d'imprimerie" et précédées pour deux d'entre elles de titre (Mr et Mri): cela confirme que ce rang était réservé à des notables ; les inscriptions les plus larges sont peut-être récentes.
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- DELANGLE.
- SA.
- Mrt T.
- Mr KMARC
- Y. BAST.
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Stalle n° 25 .
Florence Piat a observé pour ce premier siège : "DELANGLE"
cf http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-tugdual-stalle-25/6fbc70af-ecde-49ac-ad12-cd447060a93d
Elle est gravée en très grandes lettres capitales sur le haut du dossier. Il est très peu vraisemblable, au vu de l'emplacement, que cela ait un rapport avec Michaud DESLANDES, "le plus ancien enfant de la Psallette" mention dans les archives le 21 septembre 1568 . Elle pourrait dater du XIXe siècle.
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Stalle 29.
Sur le haut du dossier : Mri T.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 30.
Encore plus laconique que la précédente : "SA"
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 35
Selon Florence Piat, les inscriptions apparaissent sur la planche centrale du dossier, les deux autres devant être plus récentes. Les inscriptions sont donc tronquées : " Mr. KMAR(..)""MD"
J'a lu "Mr KMAR/C" écrit en grandes lettres capitales, ce qui évoque Mr KERMAREC : probablement un dignitaire.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 36
Florence Piat a relevé divers inscriptions dont "Y. BAST" "1687".
Yves BASTIOU fils de Joseph Bastiou et Marie-Anne Le Gaspem de Pontrieux (trêve de Ploëzal). Il est reçu enfant de la Psallette, le 8 décembre 1758 à l'âge de 7 ans et demi. (ADCA, 2 G 304 )
La présence d'un enfant de la psallette sur cette stalle, la plus proche de l'autel et du coté de l'évangile, est surprenante.
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LE RANG INFÉRIEUR DES STALLES NORD n° 37 à 48.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 37.
F. Piat relève divers inscriptions dont : "IANDVRECHOVM 17 (?)".
Je lis LANDVPECHOYT ? Le seul patronyme approchant serait DUPECHOT : Jean Dupéchot
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 38 .
"AM. GAC"
Ce patronyme n'apparaît pas parmi les musiciens et enfants de la cathédrale de Tréguier.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 40.
Je lis , Inscrit à l'envers (destinées à être lues d'en haut, tête en bas) YVES LARMET / CESSON
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Je donne le cliché pivoté :
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 41.
Différents graffiti sur le dossier dont :"DXSC"et"GAREL".
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Sur le siège de la stalle n°41 : "PHILIPPE –LL" [Grall?] / "FRANCOIS AUBAUD 1716" / "ALEXANDRE NAYROD LAN 1765" /
1°) FRANÇOIS AUBAUD 1716 est sans doute cet enfant de la Psallette jusqu'en 1717 puis admis à chanter la haute-contre au chœur, qui a gravé son nom en 1702 sur la stalle n°16 : cf.
2°) ALEXANDRE NAYROD LAN 1765 est mentionné dans les archives comme Alexandre-Fiacre NAYROD, fils de François-M. Nayrod et Jeanne Valentine Conan, de Lanvellec, qui fut reçu enfant de la Psallette, à 6 ans le 14 avril 1758 et qui en sortit le 13 avril 1767 (ADCA, 2 G 304)
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 42
Je lis : "GVILLAVME GERO" "RENE I. CLAV : N" "1722" "VINCENT PERR 1691" « DESMARAT « « CHAPPIER 1709 « JACQUES HAVDAYE 1722" "RENE GRAL" "YVON LE GOFF" "RHI LEVOT 16--" et sur le rabat du siège "IACQVES HAVDAYE 1723" / "RENE GVILLOV" /" T. LASAL".
DESMARAT correspond-il à Desmaretz dont on lit que "comme le maître de musique, l'organiste change souvent et vient de l'extérieur du diocèse : Alain Desmaretz, de Dol, engagé le 2 octobre 1719, est remplacé dès le 2 avril 1720 par Jean le Marié, de Saint-Malo."
Doit-on comprendre que DESMARAT était chappier en 1709 ?
1°) "GVILLAVME GERO" correspond à Guillaume GERAULT (GIRO / GIROU), fils d'autre Guillaume Gérault demeurant Le Merzer, reçu enfant de la Psallette le 22 juin 1646 puis congédié le 15 mars 1651. ( ADCA, 2 G 288)
2°) "RENE GRAL " correspond à René GRALL, qui devient second enfant de la Psallette en avril 1648 et est déclaré Aîné des enfants de la Psallette dès le 30 octobre 1652 et en 1654. (ADCA, 2 G 288, 289)
3°) "IACQVES HAVDAYE 1723" correspond à HAUDAYE Jacques, fils de Nicolas Haudaye et Jeanne Le Hont de Pleubian, reçu enfantde la Psallette à 8 ans et six mois le 3 septmebre 1717 et congédié le 11 février 1724 à sa demande (ADCA, 2 G 299 et 300).
4°) "RHI LEVOT 16--" correspond à Philippe LE VOT, enfant de la Psallette en juin 1658 (ADCA, 2 G 289)
5°) "VINCENT PERR 1691" correspond à Vincent PERROT , Congédié de la Psallette, n'étant "plus propre pour le service" le 22 juin 1646 (ADCA, 2 G 287) .
6°) "YVON LE GOFF" correspond à l'un des Yves Le Goff, cf. stalle 48.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 43
Beaucoup d'inscriptions sur cette stalle :
"MICHEL" / F / "YVE:O" /" IACQ" / PH:L / Y/ "PIERRE DE MONFORT" / E / "DERIEN" / "PIERRE BIDEMENT 1615" / PH / "PIERRE IVEL-- 1610" / IACQ /" OLLIVIER" / "DVAVLT??" ou DVVIBLE /" VERBOYS"
1°) "PIERRE DE MONFORT" renvoie àPierre Monfort , fils de Jacque de Montfort, sieur de Kermenou à Trésezny a été reçu enfant de la Psallette après audition le 3 février 1634 et sorti de la Psallette ("du tout inutile à la musique") le 29 juillet 1641 ( ADCA, 2 G 286 et 287)
2°) "PIERRE BIDEMENT 1615" renvoie à Pierre BIDEMENT est joueur de serpent en la cathédrale de Tréguier en 1622, 1624, 1625, 1630, 1635, 1643. (ADCA, 2 G 286, 439) . "PIERRE BIDEMENT 1615" semble indiquer qu'il était présent (à la psallette ?) en dehors de ces dates.
À propos de l'instrument de musique nommé serpent, voir ici :
http://www.lavieb-aile.com/article-un-lutrin-au-joueur-de-serpent-eglise-saint-louis-brest-99268565.html
3°) " VERBOYS" renvoie à Me Ollivier VERBOIS musicien en la cathédrale de Tréguier (haute-contre) est mentionné en 1611, 1620, 1622, 1626, 1627, 1633, † 1636 (ADCA, 2 G 285, 286, 439, 440)
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 44.
Beaucoup d’inscriptions sur cette stalle dont : "FRANCOIS LE MANACH 1604" "GILLES LOBLEZ 1617" "GV. EE (?) MARELLEC 1744".
Je lis sur le dossier : MATH / PIER / TH / IACQ GVEL / LALLEMAND ? / YVON LE PROVOST 1619
et sur le rabat du siège : GV / LE / MARELLEC 1744 1744 17-- en grandes capitales.
1°) "FRANCOIS LE MANACH 1604" renvoie à Maître François Le Manach qui est mentionné en 1616 et 1620 comme Maître et administrateur de la psalette de la cathédrale de Tréguier (ADCA, 2 G 439, 447). L'inscription indique qu'il était déjà dans le chœur de la cathédrale en 1604 (à ce poste ?).
2°) L'inscription "IACQ GVEL" évoque la mention d'un GUIEL comme Aîné de la Psallete en 1701 (ADCA, 3 G 443)
3°) L'inscription "GILLES LOBLEIZ" évoque la mention d'un Gilles LE BLEIZ en juin 1620 comme "naguère sorti de la Psallette" (ADCA, 2 G 439).
4°) L'inscription "YVON LE PROVOST 1619" évoque la mention d'un Missire Yves LE PROVOST, fils de François Le Provost et Jacquette Gauvic, demeurant à Tréguier comme "Receu en la Psallette" en juillet 1608 (ADCA, 2 G 305) puis "autrefois enfant de la Psallette" le 10 septembre 1629 (ADCA, 2 G 286)
4°) L'inscription "GV / LE / MARELLEC 1744 " évoque la mention d'un LE MARELLEC Guillaume, fils de Ollivier Le Marellec et Blaize Hamon demeurant à Tréguier, comme "reçu enfant de la Psallette, 7 ans et demi" le 20 décembre 1737 (ADCA, 2 G 462) puis sorti de la Psallette le 14 novembre 1746 (ADCA, 2 G 303) et ensuite engagé au chœur comme joueur de basse en la cathédrale (mention en 1746 21 nov, 1748, 1750. Un LE MARELLEC est Haute-contre en la cathédrale de Tréguier en 1751, 1752, 1753, 1756, 1757, 1758.
Son frère Jean le Marellec a été reçu enfant de la Psallette, 7 ans le 14 novembre 1750, puis sorti de la Psallette à la demande de son père le 7 mai 1752.
L'inscription a donc été gravée par Guillaume Le Marellec à l'âge de 14 ans lorsqu'il était à la psallette.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle n° 47 Inscriptions des enfants de la psallette .
L'inscription paraît tronquée car elle est uniquement présente sur la planche centrale du dossier. Les deux autres planches doivent être plus récentes, à l’image de la stalle n°35.
Je lis : "GVILLAUME.CO", "CHAR.", et "[YV]ES LE QUEMENT 1776"
1°) "[YV]ES LE QUEMENT 1776" renvoie à Yves LE QUEMENT (1750-1813) qui est Musicien en la cathédrale de Tréguier depuis le 25 juillet 1776 , en 1778, et 1780. Yves LE QUÉMENT est chantre jusqu'à la fermeture du chapitre cathédral de Tréguier. Il se reconvertit alors en boulanger (négoce familial) mais redevient chantre dans les dernières années de sa vie à l'église Saint-Jean du Bally de Lannion. ; la base MUSEFREM lui consacre une notice.
http://philidor.cmbv.fr/Publications/Bases-prosopographiques/MUSEFREM-Base-de-donnees-prosopographique-des-musiciens-d-Eglise-en-1790/Cotes-d-Armor
Il est né le 10 décembre 1750, La Roche-Derrien, dans une famille où le père, le parrain et la marraine signent.
Il est reçu chantre à la cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier le 25 juillet 1776 . Puis, le 1er décembre 1787 , toujours "Chantre de la cathédrale", Yves LE QUÉMENT épouse Marie Michelle Deremond en présence du "sieur Guillaume LE CUN chappier de la cathédralle", son collègue (stalle n°14). Le chantre Yves Le QUÉMENT est toujours en exercice en 1790 à la cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier. Il a 40 ans. Le corps de musique de Saint-Tugdual comprend alors, outre Pierre Charles BOULLAY, maître de musique et organiste, deux serpents, François Ignace LE GORREC et son fils François Isaac LE GORREC, trois "musiciens", lui-même Yves Le QUÉMENT, François LE CORRE et Guy LE GUILLOU (celui-ci chantant la haute-contre), ainsi que le "premier chantre" Yves LE GOFF et le "second chantre" Guillaume LE CUN. En 1791 : À la suppression du chapitre cathédral, après "14 ans de services", il obtient une gratification de 800 livres puis une pension viagère de 100 livres qui lui sera payée par quartiers tous les trois mois. Il exerce ensuite la profession de boulanger à Tréguier de 1796 à 1807 aumoins. Mais en janvier 1813 , à 66 ans, Yves LE QUÉMENT est de nouveau considéré comme chantre, dans l'église de Lannion, au mariage de son fils François, chantre également . À cette époque, trois Le Quément exercent en tant que chantres dans le même établissement religieux : son fils François, son neveu Jacob et lui-même. L'église de Lannion n'étant pas aussi conséquente qu'une cathédrale, il est possible qu'Yves LE QUÉMENT ait toujours été chantre à temps partiel ou peut-être seulement depuis son déménagement à Lannion tout en continuant l'exercice de la boulange. Il décède le 4 novembre 1813 à Lannion.
L'inscription a été gravée dès la première année d'entrée comme chantre à Tréguier.
2°) "GVILLAUME.CO", "CHAR." permet d'évoquer Guillaume CHARLES, fils dYves Charles et Marie Rolland de Tréguier, a été reçu enfant de la Psallette (6 ans et demi) le 29 décembre 1756 et a obtenu son congé le 28 avril 1766.
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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Stalle 48.
Je lis "I.R" en grandes majuscules sur le haut du dossier et « V : LE GOFF » en lettres plus petites.
« V : LE GOFF » correspont-il à Yves ou Yvon LE GOFF, fils de Noble homme Charles Le Goff, sieur de Traougicquel et Guillemette Guisnou de Tréguier, a été reçu enfant de la Psallette le 21 juin 1641 et congédié le 20 avril 1648.
Un autre Yves Le Goff est cité comme chapier puis premier chantre au chœur de la cathédrale de Tréguier en 1764, 1766, 1774, 1775, 1777, 1778, 1780. Un Le GOFF est mentionné comme Basse-taille en la cathédrale de Tréguier en 1740 et 1741, un autre musicien gagé à la cathédrale de Tréguier, en 1743, 1746, 1748, 1750, 1751, 1752, 1753, 1754 ; un autre comme reçu au chœur de Tréguier le 12 juillet 1756, et un autre chapier en juin 1759. Ou bien sont-ce le même ?
cf :Yves le GOFF : premier chantre http://philidor.cmbv.fr/Publications/Bases-prosopographiques/MUSEFREM-Base-de-donnees-prosopographique-des-musiciens-d-Eglise-en-1790/Cotes-d-Armor
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Inscriptions des stalles du chœur de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile 1er mars 2019.
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SOURCES ET LIENS.
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— BILLAUD, Sophie. "Iconographie et culture folklorique en Bretagne à la fin du Moyen âge : l'exemple des stalles de Tréguier". Mémoire de Maîtrise : Hist. de l'Art. Rennes : université Rennes 2, 1990. Non consulté
— BILLAUD, Sophie. "Figures grotesques, figures sacrées, les stalles de Tréguier". Ar Men, N°2, 1991 pp. 64-75
— "La cathédrale de Tréguier". in : Congrès Archéologique de France, 107e session, 1949. Paris : SAF, 1950 pp. 102-123
— MINOIS (G.), 1982, Réforme catholique et liturgie en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles : le cas de la cathédrale de Tréguier Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1982 89-4 pp. 451-478
— PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente, [thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.
https://www.academia.edu/34924818/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_-_Volume_2_-_Annexes
https://www.academia.edu/34924613/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_Les_stalles_de_lancien_duch%C3%A9_de_Bretagne._De_la_fin_de_la_guerre_de_Succession_jusquau_concile_de_Trente
https://www.academia.edu/34924818/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_-_Volume_2_-_Annexes
http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-tugdual-stalle-01/8f9c774e-d69b-4e48-9974-d08ce13d859b
http://perso.numericable.fr/tessonmic/Les%20Stalles%20en%20Bretagne.pdf
http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/treguier/interieur/stalle-misericorde.html
http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_82/La_CathAdrale_de_Treguier_et_Port-Blanc_.pdf
http://www.plenumorganum.org/histoire/organistes-musiciens-deglise-et-artisans-de-la-musique-en-cotes-du-nord-avant-1930/base-de-donnees-des-musiciens-deglise/?listpage=8&instance=1
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MUSEFREM - Base de données prosopographique des musiciens d'Église en 1790
http://philidor.cmbv.fr/Publications/Bases-prosopographiques/MUSEFREM-Base-de-donnees-prosopographique-des-musiciens-d-Eglise-en-1790/Cotes-d-Armor