Chapelle de Saint-Hernot à Crozon.
Introduction : les chapelles de Crozon.
La paroisse de Crozon avait frappé l'esprit du Père Le Maunoir par l'intensité de la foi et de la pratique religieuse de ses habitants. Elle compta près de vingt sanctuaires :
- Église paroissiale Saint-Pierre
- Saint-Laurent XVIe (Tal-ar-Groas)
- Saint-Fiacre.
- Saint-Philibert à Saint-Dregent
- Saint-Hernot.
- Saint-Julien (atuellement rattachée à Camaret)
- Saint-Jean, située au Leidé (1617)
- Porz-Salut (en ruine en 1804)
- Saint-Sébastien et le cimetière attenant,
- La Madeleine (prés du presbytère, au bourg,
- La Trinité
- Sainte-Marine à Morgat : elle fut remplacée par l'église Notre-Dame de Gwel-Mor en 1957.
- Saint-Louis (Quelern)
- Saint-Gildas
- Sainte-Barbe
- Saint-Nicolas
- Saint-Guénolé
- Saint-Michel
- Saint-Jean de la Palue
Les rôles de décime mentionnent encore Saint-Hervé [Saint-Hernot], Saint-Philippe, Saint-Joseph de Lanveau...
En 1834, un annuaire indique la fête paroissiale le dimanche le plus près du 29 juin, date de la fête de saints Pierre et Paul : le pardon de Saint-Julien le premier dimanche de mai ; celui de Saint-Hernot le premier dimanche de juillet. Celui de Lanvéoc le dimanche le plus près de la fête de sainte Anne (26 juillet) ; de Saint-Laurent le dimanche le plus près du 10 août ; de Saint-Fiacre le 3ème dimanche de septembre ; et de saint-Jean-Leidez le 24 juin. Il y a donc encore, au minimum, six chapelles ouvertes au culte.
La chapelle de Saint-Hernot.
La presqu'ile de Crozon est le seul endroit où est attesté le toponyme ou l'hagionyme de Hernot . Il semble qu'il faille ne pas le confondre trop facilement avec saint Herbot, saint breton protecteur des bêtes à corne. La carte d'État-Major porte le toponyme St-Ernot, dénomination que reprend Georges Toudouze en 1894 dans Un apôtre, et beaucoup d'auteurs de la mêlme époque. La carte de Cassini porte St-Hernot.
La chapelle se trouve au hameau de Saint-Hernot, sur la route reliant Morgat et la Pointe de la Chêvre, à 6 km au sud de Crozon.
Comme l'indique la date 1669 de la tourelle du clocheton, la chapelle date du XVIIe siècle, mais c'est alors un simple édifice rectangulaire, l'aile sud du transept datant de la seconde moitié du XIXe siècle. Sur le pignon du transept nord se lit la date de 1694 et sur le mur du bras nord : "1652. Y.D.". Elle sert de refuge et de lieu de culte pendant la Révolution pour les prêtres réfractaires est désaffectée puis rendue au culte en 1854. Elle est considérablement agrandie au niveau de la nef et du chœur en 1855 et, en 1874, on construit avec les pierres des chapelles de Saint-Jean à la Palue et de Tromel, l'aile sud du transept. elle adopte désormais un plan en croix latine de 21 m de long et 9 m de large sur une surface de 200 m².
Crucifix.
Au visage très expressif, il date du XIVe ou XVe siècle et était placé jadis (1776) au dessus du chancel de l'église de Crozon, puis plus tard face à la chaire de la même église jusqu'à la Mission de 1883.
Saint Pierre
Statue en bois, XVIIe siècle. Premier évêque de Rome, il a coiffé la tiare pontificale et a suspendu les clefs du paradis à sa ceinture. Il tient la croix papale à trois branches, symbole de la Trinité. Peut-être serez-vous intrigués par un je-ne-sais-quoi d'insolite et de peu catholique dans ce tableau. Était-ce l'impression que notre grand saint ressemblait à un maître coq consultant un livre de cuisine, la louche à la main ? Je faisais taire ce mauvais esprit et cherchais mieux : regardez la vraie croix papale portée par le pape saint-Sylvestre (Wikipédia). Ses trois traverses sont de taille progressivement croissantes ; c'est très important, protocolaire, et immuable.
Ici, un artiste ou artisan, lors d'une rénovation, a négligé de suivre les règles de la paramentique. Soyons indulgent, il réglera ses comptes directement avec l'interessé.
Saint Pierre est le patron de l'église de Crozon, et la statue provient de l'église paroissiale.
Saint Paul.
Statue en bois, XVIIe siècle, 1,50m. On identifie Paul à son attribut, l'épée* ; par son livre et par ses pieds nus, propres aux apôtres.
* Saint-Paul, citoyen romain, ne fut pas crucifié comme saint pierre, mais eut le privilège d'être décapité à Rome. Sa tête rebondit trois fois, et trois fontaines jaillirent aussitôt, à l'abbaye Tre Fontane. Plus-tard, on enterra là les dix mille martyrs qui avaient travaillé comme des romains à bâtir les Thermes de Dioclétien.
D'autres localise sa tombe juste sous l'autel principal de la basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs .
Saint Hernot
Statue en bois, 1,40 m, XVIIIe siècle. Patron de la chapelle, il est habillé en évêque. Selon le site topic-topos, cette statue est attribuée aux sculpteurs du roi des arsenaux de Brest. Une autre source (Archives paroissiales) indique que c'est la statue de la Vierge qui provient de ces ateliers.
Saint Nicolas.
Statue en bois du XVe ou XVIe siècle provenant de la chapelle Saint-Nicolas de Rostudel à Crozon. J'ai honte, mais je le dis quand-même : j'avais cru que c'était saint Fiacre avec sa bêche ! Non, c'est un bâton d'évêque ( c'est le pasteur du diocèse de Myre) avec un panneau indiquant, sous une couronne, son nom.
Saint Jean-Baptiste.
C'est une statue en bois du XVe ou XVIe siècle provenant de l'ancienne chapelle Saint-Jean de la Palue ; elle mesure 1 mètre de haut. J'aime particulièrement cette statue, peut-être parce qu'elle représente mon saint patron, auquel on finit toujours par s'identifier : peut-être aussi parce qu'elle ne représente pas, pour une fois, sa tête coupée dans un plat, ou comme un nazir, sale, hirsute et vêtu de peaux de bête. Certes il est pieds et jambes nues, certes "le rasoir n'est pas passé sur sa tête", mais il est plus présentable que, par exemple, sur le retable d'Issenheim.
Dois-je rappeler que l'agneau qu'il tient se réfère à la phrase Ecce Agnus Dei, qui tollis pecata mundi (Jean 1, 29-36) ?
La Vierge à l'Enfant.
Statue du XVIIIe siècle, 1,30 m, sortant des ateliers de la Marine de Brest.
Vierge dite de Marseille.
Dorée, XIXe (?).
Bannière de Saint-Hernot.
avec la traduction en breton : Sant Ernot, Pedit evid omp, Saint Hernot, priez pour nous.
Liens :
http://www.crozon-bretagne.com
Source :
État des églises et des chapelles de la Presqu'île de Crozon en 1978, recteur Louis Calvez, abbé Thomas Keraudren, A.H. Dizerbo.