La bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest. Histoire et inventaires.
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Voir aussi :
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La bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest. Histoire et inventaires.
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Inventaires de la Bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest 1804-1836...
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La Bibliothèque de l'Apothicairerie de l'Hôpital de la marine à Brest en 1756.
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Inventaire de l'apothicairerie de l'hôpital de la marine à Brest en 1756.
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Liste des instruments de chirurgie utilisés à l'hôpital de la marine à Brest en 1756.
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En 1740 est créée à Brest une École de chirurgie navale. Puis une École de médecine navale fut crée en 1783 à Brest. Ces deux écoles ne disposaient pas de bibliothèque. C'est en février 1798 que fut fondée L'École de Médecine Navale de Brest, réunissant dans la même formation médecins et chirurgiens. Le préfet maritime Caffarelli créa la bibliothèque nécessaire aux futurs officiers de santé, en 1801, sur une décision prise en 1798. Constituée alors d'un fond ancien venant de l'académie de marine, de biens nationaux, et d'ouvrages acquis par achats successifs à partir de 1803, elle comptait 1647 ouvrages en 1809, 10 000 volumes en 1865, 14 000 volumes en 1876, 18 000 volumes en 1909. Malgré la fermeture de l'École en 1890, la bibliothèque ne fut pas fermée, l'hôpital de Brest accueillant alors les élèves préparant leur entrée pour l'école de médecine navale de Bordeaux.
En 1837-1843, la Marine en dressa un catalogue, inclus dans son Catalogue général. En 1907, Charles de la Ronciére dressa pour le catalogue général de la Marine la liste des 39 volumes de manuscrits conservés dans la bibliothèque de l'École. Aujourd'hui, elle est dispersée en partie, perdue en partie, son fonds ancien étant sans-doute le mieux préservé . J'ai dû rassembler les morceaux du puzzle, (Service Historique de la marine à Brest, Hôpital Inter-Armées de Brest et ses 4000 volumes) et j'implore l'indulgence du lecteur à l'égard de la complexité du résultat, que n'améliore pas ma nature brouillonne et mon amateurisme foncier.
Je décrirai donc:
1. Le fonds ancien, les ouvrages.
2. Le fonds ancien, les manuscrits.
3. Les collections acquises de 1803 à (1848 ?)
Puis je donnerai en Annexe la copie de quelques documents et inventaires.
N'étant pas formé à la rigueur des archivistes-paléographes, j'ai été guidé dans cette recherche par la présence d'une sorte de personnage de bande dessinée, ou de Nicolas Le Floch, un héros des temps anciens en uniforme "gris d'épine" des officiers de santé, nommé Étienne Chardon de Courcelles, le directeur de l'École de chirurgie navale de 1742 à 1775. C'est lui dont la curiosité d'homme des Lumières m'a accompagné dans les allées des rayonnages de bibliothèques, lui qui regardait au dessus de mon épaule et m'évoquait le temps des épidémies redoutables, m'entretenait de son désir de former des chirurgiens compétents, de sa rage de ne pas savoir d'où venait le scorbut, de sa passion d'améliorer l'hygiène des navires et des ports, lui qui m'invitait à herboriser pour découvrir les plantes médicinales, lui qui m'expliquait les trucs d'une saignée efficace, qui me renvoyait réviser mon anatomie, qui rendait limpide les actes de chirurgie courante, mais qui savait aussi avec la bande de passionnés brestois de l'académie, embrasser le champ encyclopédique des sciences, des voyages et des Humanités.
Image : ASNOM
I. Le fonds ancien XVI-XVIIIe siècle.
Lors de leurs créations, chaque bibliothèque des écoles de médecine navale de Rochefort, Brest ou Toulon eut à se préoccuper de trouver les livres qui la constituerait ; Brest eut la chance de recevoir un fonds ancien de près de 500 ouvrages, principalement et pour 452 livres à partir de la bibliothèque du Port, riche elle-même de l'ancienne bibliothèque de 6000 volumes de l'Académie royale de marine , mais aussi à partir des Biens nationaux saisis et réunis au Dépôt de District Brest.
Un fonds ancien provient donc des collections de la Bibliothèque du Port : il s'agit de 452 ouvrages qui ont été détachés de ces collections en 1801 pour créer la bibliothèque de l'École de médecine navale.
1. Livres provenant des institutions religieuses et des émigrés.
Je rappelle qu'une part des collections publiques de livres trouvent leurs origines, à Brest comme ailleurs dans les saisies révolutionnaires de 1789, avec la confiscation des biens ecclésiastiques (fonds provenant de l'abbaye de Saint-Mathieu, des Carmes et des Capucins de Recouvrance) et de émigrés. En 1795, Jacques Cambry fut nommé commissaire pour le Finistère pour "pour assurer à la République la possession de ces objets précieux et remédier autant que possible aux ravages des dégradations…". Sur les 123 000 volumes qu'il a recensés dans le département, 26 000 furent regroupés à Brest, dans la Bibliothèque du District. En l'an III, la Convention crée par un décret le dépôt de Brest dans la maison dite Bureau des Marchands, 16 rue de la Mairie (Levot,3,p. 365). Selon Levot, le 15 prairial an IX (4 juin 1801), Huraut fit transporter ces livres à l'École centrale de Quimper, à l'exception des ouvrages concernant l'art nautique, prélevés le 18 août 1801 par Vincent, le préposé à la Bibliothèque du Port, et à l'exception des ouvrages traitant de l'art de guérir, remis à la même date à un officier de santé délégué par le Conseil de Santé de la marine. (Histoire du Port sous le Consulat, p. 92, Gallica).
En réalité, rien ne permet actuellement de savoir quels furent ces ouvrages, et seule une étude des ex-libris de livres qui porteraient la marque de la bibliothèque de l'école de médecine permettrait d'en savoir plus.
2. Livres provenant de la bibliothèque de l'académie de marine.
C'est le corpus le mieux argumenté, puisque l'on connaît le nombre d'ouvrages (452) prélevés sur la Bibliothèque du port, et que des informations assez précises sont disponibles tant sur l'ancienne bibliothèque de l'académie de marine que sur les ouvrages actuellement conservés, au Service Historique de la Défense. Je vais présenter ces informations :
a) l'académie de marine ; le rôle joué par de Courcelles, directeur de l'École de chirurgie navale.
La première Académie de marine fut fondée à Brest en 1752. L'institution, devenue en 1769 l'Académie royale de marine, fut supprimée en 1793, mais sa bibliothèque fut récupérée par la Bibliothèque du Port. Les ouvrages acquis par la bibliothèque au temps de l'Académie peuvent être identifiés grâce au fer doré apposé sur les deux plats de leurs reliures, et qui est formé (comme les palmes académiques) d'un rameau d'olivier et d'un rameau de laurier.
"Dès sa fondation, en 1752, la jeune Académie de marine attache une grande importance à la constitution d’une bibliothèque. Le règlement prévoit déjà qu’une des salles constituant ses locaux sera consacrée au « dépôt des livres, registres et mémoires », et précise que la somme de 6000 livres attribuée par le Roi (abaissée à 3000 au bout de 5 ans, puis portée à 4000 à partir de 1769) sera notamment affectée à l’achat de livres. Ces derniers sont en effet indispensables aux travaux des académiciens brestois, comme le sont d’ailleurs les instruments scientifiques et les modèles réduits de bâtiments ou de machines, que l’Académie mettra tout autant d’opiniâtreté à réunir au cours des années. En un an, 187 ouvrages sont acquis, parmi lesquels les mathématiques et la physique se taillent la meilleure part. Cependant, l’Académie ne sera pas en mesure de poursuivre cet effort les années suivantes, et 35 ouvrages seulement seront acquis entre 1754 et 1761.
Tombée en léthargie après 1761, l’Académie est refondée en 1769. Elle multiplie alors les travaux dans tous les domaines, et son dynamisme se traduit notamment par l’enrichissement raisonné de ses collections. Les décisions d’achat sont prises par les académiciens réunis en séance et ils veillent à combler les lacunes. C’est ainsi que Courcelles, docteur en médecine, se charge en 1773 de dresser la liste des meilleurs livres de chimie, de minéralogie, de médecine et de physique nécessaires à la bibliothèque. En 1780, durant la guerre d’Indépendance américaine, on décide de compléter les collections en ce qui concerne les affaires de l’Angleterre et de l’Amérique. Dès la première année, l’Académie consacre 474 livres 14 sols à l’achat d’ouvrages de référence, tels que les Leçons de physique de l’abbé Nollet, l’Ordonnance de la marine de 1765, l’ Optique de Smith, ou le Traité de calcul intégral de Bougainville. En 1770, elle pense à traiter avec un libraire parisien pour la fourniture de livres, étrangers notamment, mais se rallie à la proposition du libraire brestois Malassis, qui devient son fournisseur habituel et auquel elle passera des commandes annuelles qui, dans les années 1780, tourneront couramment autour d’une somme de 3 000 livres. Pour compléter ses collections, l’Académie ne néglige aucune occasion : en 1773, elle acquiert 30 volumes lors de la vente après décès de la bibliothèque d’Amédée-François Frézier, directeur des fortifications de Bretagne et membre de l’Académie depuis 1752. En 1775, elle se porte encore acquéreur d’une partie de la bibliothèque de Charles-François-Philippe de Charnières, quand cet officier de marine, académicien depuis 1769, s’en défait au moment de quitter le service pour raison de santé. L’Académie profite également des largesses de ses membres, tels Duhamel du Monceau, Kerguelen, Bougainville ou Bellin, qui ont pris l’excellente habitude de lui faire don de leurs propres œuvres. Elle met à contribution ses lointains correspondants, demandant par exemple, en 1776, au commissaire à la marine en Corse Régnier du Tillet, de lui fournir nombre de documents sur la marine en Méditerranée, qu’elle le prie en outre de bien vouloir accompagner…d’une livre de truffes de l’île de Monte-Cristo !
A ce rythme, le nombre de livres s’accroît rapidement, et lorsque l’Académie publie le premier catalogue de ses collections en 1781, elle peut s’enorgueillir de 1018 ouvrages. Sept ans plus tard, le second catalogue en recense 870 de plus. L’analyse de la répartition thématique de ces 1888 ouvrages, comme celle des 1436 subsistants encore aujourd’hui, laisse voir la place prépondérante accordée aux sciences et techniques, un résultat qui ne saurait surprendre eu égard à la raison d’être de l’Académie. De même, il n’est guère étonnant, en ce siècle de découverte et dans une telle institution, de trouver 128 ouvrages concernant les voyages et la géographie. Mais on constate également que les intérêts des académiciens se sont progressivement diversifiés. En effet, les ouvrages relatifs à l’histoire représentent environ 18% des collections et les ouvrages de philosophie, 6,7%. L’Académie n’hésite pas, en 1782, à souscrire pour une édition en 70 volumes des œuvres complètes de Voltaire. Soucieux de constituer un fonds de référence, les académiciens sont à l’affût des raretés que constituent certains ouvrages anciens : la bibliothèque compte encore aujourd’hui deux éditions de Platon datant du XVIe siècle, le célèbre De Re metallica d’Agricola (1556), l’Histoire des poissons de Rondelet (1558), ou les œuvres complètes d’Archimède (1544).
Si le règlement de l’Académie prévoit, en 1752 comme en 1769, que les livres seront du ressort du secrétaire, la nécessité d’un bibliothécaire se fait assez rapidement sentir. Dès 1766, le jeune abbé Rochon, astronome de grand talent qui rejoindra les rangs des académiciens en 1769, occupe cette fonction. Mais sa participation à des expéditions scientifiques successives lui laisse peu de temps à y consacrer. En 1771, l’Académie refondée nomme donc pour garde-bibliothécaire un certain Vincent, avec des appointements de 800 livres par an. Satisfaite de ses services et voulant l’employer à plein temps, elle sollicite en 1774 le ministre de bien vouloir lui accorder un brevet. Cela n’est cependant possible qu’à condition que Rochon se démette de sa charge, renonçant par là-même aux 1200 livres de pension qu’elle lui rapporte. L’abbé s’y refuse, fait mine de se décider à exercer réellement ses fonctions même s’il lui faudrait pour cela venir s’installer à Brest, lui qui réside habituellement –lorsqu’il n’est pas en expédition- à Morlaix. L’un et l’autre parti, après moult démarches auprès du ministre, consentent à un arrangement : Rochon désigne Vincent comme son remplaçant, et lui délègue sur sa pension 400 livres pour compléter ses appointements.
A vrai dire, on sait peu de choses du travail quotidien de Vincent, si ce n’est qu’il est chargé d’accueillir le public à partir de 1771, date à laquelle l’Académie autorise la consultation sur place de ses ouvrages (sans formalités pour les officiers civils et militaires de la marine, sur autorisation du directeur pour les autres) trois fois par semaine, puis tous les jours, de deux heures à quatre heures au printemps et en été, et jusqu’à cinq heures en automne et en hiver.
L’Académie de marine est supprimée en 1793 et le sort de sa bibliothèque reste incertain jusqu’au 15 février 1794, date d’un décret portant que les bibliothèques relatives à la marine resteront dans les ports où elles avaient été rassemblées, sous la garde des agents préposés à leur conservation. Devenant le premier conservateur de la bibliothèque du port de Brest, Vincent continue donc à officier jusqu’à son départ en retraite en 1812. La bibliothèque de l’Académie de marine constitue aujourd’hui le noyau et le plus beau fleuron des collections du service historique de la défense à Brest." (Catherine Junges, conservatrice Conservateur du patrimoine, Service historique de la défense, département Marine).
Les ouvrages :
"Que reste-t-il, aujourd’hui, de l’activité déployée par l’Académie de marine à Brest de 1752 à 1793 ? Une centaine de registres manuscrits (registres de séances, correspondance, mémoire des académiciens), actuellement en dépôt au service historique de la marine à Vincennes ; quelques instruments scientifiques et modèles de machines, au musée de la marine à Paris ; et l’essentiel de sa bibliothèque, à savoir 1 436 ouvrages représentant 3 683 volumes, que les hasards de l’histoire n’ont pas réussi à arracher à Brest et sur lesquels veille le service historique de la défense de cette ville." (C. Junges)
Un inventaire de ce fonds, numéroté de 1 à 1651, est disponible ici :http://www.academiedemarine.com/PJ3_ListeAcademiedemarine.pdf.
Dans ce fonds, un certain nombre d'ouvrages concernent la botanique (360 : Chomel, Abrégé d'histoire des plantes), ou l'électricité, ou l'Histoire naturelle (Tournefort, Bonnet, Buffon, Lacépède, Réaumur, Duhamel du Monceau) ou les Voyages (Cook, Sonnerat, Freziers, La Condamine, Adanson, Tournefort), mais surtout, du numéro 1425 au numéro 1640, le vaste champ de la médecine. Ces 215 ouvrages médicaux ont-ils fait partie de la bibliothèque de l'École de médecine ? Sans-doute, mais il faudrait vérifier qu'ils portent chacun le tampon ex-libris de celle-ci. J'ai procédé à cette vérification pour un exemplaire, n° 1472, que je présente § e).
b). Deuxième étape, la constitution de la Bibliothèque du Port.
Celle-ci hérite, comme nous l'avons vu, en 1794 de la bibliothèque de l'académie de marine avec tout ou partie de ses 6000 volumes et ses manuscrits.
En 1798-99 a été publié le Catalogue des livres de la Bibliothèque de la marine de l'imprimerie de R. Malassis à Brest, an VII. Il ne comporte que 2448 ouvrages. L'exemplaire que conserve le Service Historique de la Marine à Brest sous la cote R 7977 porte le cachet de la Bibliothèque du Port. Il est précieux car il indique par note manuscrite à l'encre les ouvrages qui sont " S. à l'hôpital", les ouvrages dont nous allons parler. Les livres sont classés par rubrique (Théologie, Droit, Philosophie, Physique, Histoire naturelle, Médecine, Mathématiques, Arts, Belles-lettres). Ce sont (presque) tous ceux de la rubrique Médecine qui partent "à l'hôpital" (en fait, à l'école de médecine), soit 252 titres, auxquels viennent s'ajouter 3 titres de botanique. En tout, plus de 470 volumes, et 21 volumes du Journal de Médecine, Chirurgie et Pharmacie.
J'ai signalé que tous les ouvrages de médecine n'étaient pas sélectionnés pour assurer la formation des élèves médecins. Les ouvrages choisis sont marqués par la marque à l'encre hô, puis confirmés par un point au crayon (peut-être de la main de Caffarelli, si on se base sur une lettre qu'il adressa à Jurien). Certains titres échappent au double marquage. Ces cinq ou six exceptions incitent à s'interroger. On comprend bien qu'on ait jugé inutile de transférer le Parfait Boulanger, par Parmentier, ou De la santé des gens de Lettres, par Tissot 1767. Mais pourquoi les Formules pharmaceutiques par M. de Courcelles, Brest 1769 sont-elles écartées, alors qu'elles sont dues à l'ancien directeur de l'École de chirurgie ? Le jour où les marins faillirent devenir végétariens : Le Mémoire sur le régime des gens de mer de Chardon de Courcelles.
Plus anecdotiquement, L'Onanisme, Dissertation sur les maladies produites par la masturbation, par Tissot, 1764 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k932293z doit rester dans la Bibliothèque du Port. Plus utile aux marins qu'aux carabins ? Il est difficile de savoir si Caffarelli, ou son conseiller, sont hostiles aux thèses du médecin suisse.
De même, les 3 volumes de De l'homme et de la femme considérés physiquement dans l'état du mariage, de Lignac, Lille, 1774 est condamné à rester au Port. La réalité de la croyance en l'intégrité de l'hymen comme critère de virginité y est critiqué, des erreurs médiévales datant de Paracelse sont dénoncées, le mystère de la reproduction y est évoqué —on ignore encore presque tout du rôle des animalcules, des animaux spermatiques que Lewenhoeck a décrit, et de celui des ovaires — mais on ne sait si ces idées sont jugées trop d'avant-garde, ou si le thème n'en n'est pas admis.
Pour rester dans la même veine, pourquoi écarter le grand livre de Harvey, Exercitationes de Generatione Animalium («expériences sur la génération animale»), publié en 1651 et dont le frontispice montre Jupiter ouvrant une boîte ronde qui porte les mots « Ex ovo omnia » ? Trop démodé, en proclamant l'oviparité comme dogme ? Trop en avance, en plaçant l'expérimentation en critère suprême ? Ou bien seulement, le livre est jugé bien trop précieux, par un jugement de bibliophile, pour le laisser échapper ? (De même, un Ambroise Paré de 1545, la Méthode de traiter les plaies, ne fait pas partie du lot).
Enfin, on n'enverra pas non plus aux jeunes élèves La Nymphomanie, ou Traité de la fureur utérine, de D.T. de Bienville, Amsterdam 1771, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76730q.
Une autre surprise est que les ouvrages d'Histoire naturelle ne quittent pas le Port. L'idée ne semble pas acquise que les médecins de la marine, qui embarqueront pour les grands voyages d'exploration ou de colonisation, sont, de fait, des naturalistes de premier choix, et qu'ils ont besoin d'une formation en botanique (et pas seulement en plantes médicinales), en zoologie et géologie. Cette idée germera un peu plus tard, après les déboires de l'expédition du Capitaine Baudin et ses savants indisciplinés (1800-1803).
Liste des ouvrages : cliquer pour agrandir :
Je me contente de transcrire la liste des ouvrages de pharmacie :
- CHOMEL (J.B), Abrégé des plantes usuelles, 5e édition, Paris, Clousier, 1739, 3 vol. in folio, Catalogue Biblioth. du Port 1799.
- POMET (Pierre) Histoire générale des drogues, traitant des plantes, animaux, minéraux, etc. Paris 1694, 2 vol. in folio, Biblioth. Académie de marine / catalogue bibliothèque du Port 1799 /
- JOAN. JACOB. MANGETI bibliotheca pharmaceutico-medica ; seu rerum ad pharmaciam galenico-chymicam speciantium thesaurus resertissimus, ordine alphabetico digestus. Genevae, Chouet, 1704.2 vol. in folio. Biblioth. Du Port n°832. Biblioth. École de médecine navale de Brest.
- RENOU (Jean de), Oeuvres pharmaceutiques, Lyon, Colombie, 1626, 1 vol. in-4°. Biblioth. Du Port n°833.
- LÉMERY (Nicolas), Dictionnaire universel des drogues simples, Paris : d'Houvy, 1759. 1 vol. in-4°.Biblioth. Du Port n° 834, Biblioth. École de médecine navale .
- LÉMERY (Nicolas), Pharmacopée universelle, 5e édition, Paris : Desaint , 1763. 3 vol. in-4°, Biblioth. Du Port n°835, Biblioth. École de médecine navale
- PEMBERTON (H), Pharmacopée du Collège Royal des Médecins de Londres, traduite de l'anglais sur la deuxième édition avec des remarques, Paris : Didot, 1771. 2 vol. in-4°.. Biblioth. Du Port n° 836, Biblioth. De l'École de médecine navale de Brest
- de COURCELLES (Étienne), Formules pharmaceutiques, Brest : 1769. 1 vol. in-8°. Biblioth. Du Port n° 837.
- QUINCY (John), Pharmacopoeia officinalis et extemporanea : or, a compleat English dispensatory, Londres : Longman : 1749. 1 vol. in-8°. Biblioth. Du Port n°838.
- PETR. JON. BERGII materia medica e regno vegetabili etc., editio secunda, Stockolm, Hesselberg : 1782. 2 vol. in-8°,. Biblioth. Du Port n° 839, Biblioth. École de médecine navale de Brest.
- The Edinburgh new dispensatory : the fourth edition, Edinburg, Creech : 1794. 1 vol. in-8°. Biblioth. Du Port n° 840.
- DE FOURCROY, L'art de connaître et d'employer les medicamens dans les maladies qui attaquent le corps humain, Paris, Hôtel Serpente : 1785, 2 vol. in-12°. Biblioth. Du Port n° 841.
- CARTHEUSER (Jo Frederici) fudamenta materiae medicae tam generalis quam specialis, editio nova, curante Jo.Car. Dessessartz. Paris, Cavelier : 1769. 4 vol. in-12°. Bibloith. Du Port n° 842, Biblioth. École de médecine navale de Brest.
- Pharmacopoeia chirurgica, Londres, Robinson, : 1794, 1 vol. in-12°. Biblioth. Du Port n° 843, Biblioth. École de médecine navale de Brest.
c) Troisième étape, la création de la bibliothèque de l'École de Médecine navale de Brest.
A la fin de l'année 1801, Jurien, Inspecteur de la marine à Brest, se conformant à l'ordre du préfet maritime Caffarelli, se fait remettre par la bibliothèque du Port tous les ouvrages concernant l'art de guérir, selon une liste cochée par Caffarelli, et pour compléter "les livres provenant du Dépôt de la ville". Ces ouvrages ont été sélectionnés sur leur thème, en rapport avec "l'art de guérir", soit qu'ils traitaient de médecine, de chirurgie ou de pharmacie, soit qu'ils traitaient de botanique, intimement liée à la pharmacopée. Comme on le verra, des manuscrits en relation avec l'hôpital et la médecine furent aussi confiés à la nouvelle bibliothèque. L'ensemble est remis par Jurien au Conseil de santé.
"Le 25 vendémiaire an 10, le conseil de salubrité navale de ce port adressa au préfet maritime une demande pour que plusieurs ouvrages qu'il désigna et relatifs à l'art de guérir fussent extraits de la bibliothèque de la marine réunis à d'autres livres devant former à l'hôpital principal un dépôt particulier et exclusivement à l'usage de l'école. Le préfet ayant adhéré à cette demande, il fut dressé un inventaire des livres nécessaires qui furent transportés au local destiné à l'hôpital pour les recevoir et le conseil de santé en délivra un reçu qui est déposé à mon bureau ». (Inspecteur de la marine Jurien, Ms 14).
On peut penser que c'est le Catalogue de la bibliothèque, de l'an VII, qui a servi de base à l'établissement de cet inventaire, et que les marques qu'il comportent en témoignent encore.
d. Quatrième étape, le fonds est récupéré par le Service Historique de la Marine.
J'ignore quand, comment, et dans quelle proportion, les livres du fonds ancien de la bibliothèque de l'École de médecine navale ont été récupérés par le Service Historique de la Marine. J'ignore encore aussi la part qui a pu rester au sein de l'Hôpital inter-Armées de Brest, qui détient 4000 ouvrages dont l'inventaire n'a pas été, à ma connaissance, mené. Des investigations restent donc à mener.
e) . Tribulation d'un livre à travers les bibliothèques. Un exemple, le Mémoire sur le régime des gens de mer.
Nous venons de voir que les ouvrages ont successivement appartenu à la bibliothèque de l'académie de marine, puis à la bibliothèque du Port, puis à celle de l'École de médecine navale, avant d'être conservés par le S.H.M de Brest, chacune y apposant sa marque spécifique : les fers dorés de la reliure pour l'académie, un cachet rond pour la bibliothèque du Port, un tampon d'encre pour celle de l'École, une cote au crayon pour le S.H.M. Prenons en exemple le Mémoire sur le régime des gens de mer, écrit par Étienne Chardon de Courcelles. On trouvera plus tard le cachet ovale de l'École de Santé navale.
a). En 1772, des débats ont lieu à l'académie de marine sur le régime des gens de mer, et les rapports sont conservés par l'académie dans ses archives. Un régime "végétal" privilégiant le riz, proposé par Antoine Poissonnier-Desperrières, est critiqué par divers membres, dont Courcelles qui participe comme rapporteur d'un mémoire d'Auffret.
b) Le Mémoire sur le régime des gens de mer de Chardon de Courcelles est édité à titre posthume en 1781, à Nantes chez Brun l'aîné : il intègre la bibliothèque de l'académie de marine, qui le fait relier avec le fer doré de l'académie sur le plat.
c) Puis, l'ouvrage passe, après 1794, à la Bibliothèque du Port, qui y a apposé son tampon circulaire PORT DE BREST, Bibliothèque de la Marine.
d) Faisant partie de la dotation des ouvrages médicaux vers la bibliothèque de l'hôpital, il a ensuite reçu le tampon ÉCOLE DE MÉDECINE NAVALE DE BREST.
e) Il apparaît bien dans l'inventaire de 1838 de la bibliothèque de l'hôpital, dans le catalogue général des livres du département de la marine, tome V, page 85 sous le numéro 3401 de ce catalogue.
f) Il a intégré actuellement la collection des ouvrages du Service Historique de la Marine à Brest, où il a reçu la cote BR. R 7142. Il est décrit ainsi :1472. COURCELLES (Etienne Chardon de) Mémoire sur le régime végétal des gens de mer. Ouvrage posthume de feu M. de Courcelles... publié par M. le chevalier de La Coudraye... A Nantes : Brun l’aîné, 1781 [2], 287, [3] p. ; (17 cm) Quérard : II, 134 R 7142.
II. Les manuscrits de la bibliothèque de l'École de médecine navale.
Outre les ouvrages, la bibliothèque de la jeune École de médecine reçue aussi pour son baptême les manuscrits que la Bibliothèque du Port détenait. Puis la bibliothèque reçoit d'autres manuscrits. En fait, on ne trouve dans ce corpus que trois documents dont la date est antérieure à celle de la création de l'École, dont un seul, celui de Chardon de Courcelles, a été lu devant l'académie de marine (Ms 15). A noter le dossier Ms 14, qui comporte toutes les pièces d'archive concernant la bibliothèque, et qui va être étudié dans le chapitre suivant.
En 1907, Charles de la Roncières, chargé de rédiger le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques de la marine, en dresse la liste et les présente ainsi : « Au-dessus des bureaux du Conseil de santé (à l'Hôpital de la marine), est placée la bibliothèque de l'École de médecine navale. Formée, en l'an XI, par M. le préfet maritime Caffarelli, au moyen d'environ 800 volumes d'ouvrages spéciaux qui existaient dans la bibliothèque du port, elle s'est rapidement accrue depuis plusieurs années ( P, LEVOT, Histoire de la ville et du port de Brest (Paris, 1865, in-8°), t. II, p. 318 ) » et se compose de 18,000 volumes environ, dont une quarantaine de manuscrits.
Plus de la moitié de ceux-ci sont des rapports remis par les officiers de santé au retour de leurs campagnes, entre autres, par le chirurgien de l'escadre de l'amiral Linois, durant la longue croisière de l'an XI à l'an XIV. Pièces d'archives plutôt que manuscrits, j'ai compris néanmoins ces rapports dans mon catalogue, en raison de leur présence à la bibliothèque de l'École de santé." On trouve cette liste en ligne ici : http://archive.org/stream/cataloguegnr00fran#page/412/mode/2up
Ces volumes de manuscrits ont été conservés au Service historique de la défense à Vincennes, puis ont été versés au Service Historique de Brest avec la partie de la bibliothèque provenant de la collection de l'Académie de marine en 1958. Un inventaire complémentaire de celui de La Roncière a en a été dressé par Melle Beauchesne ; celle-ci a constaté l'absence de pièces par rapport au premier inventaire, mais la numérotation initiale a été respectée.
Le médecin-chef Bernard Brisou a publié un inventaire détaillé des rapports de campagne : Catalogue raisonné des rapports médicaux annuels ou de fin de campagne des médecins et chirurgiens de la marine d'Etat 1790-1914 Paris,s.d [2004?] 1 vol. (533 p.) : ill. en noir et coul., cartes, portr., couv. ill. en coul. ; 31 cm.
Un nouvel inventaire de novembre 2004 est donc disponible au Service Historique de Brest, "par Charles de la Roncière complété par Marie-Andrée Guyot, conservatrice en chef du patrimoine".
Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Bibliothèques de la Marine. Port de Brest. Inventaire par Charles de la Roncière.
1-151, Ecole de santé de la Marine (1-39)
MANUSCRITS DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE DE SANTÉ DE LA MARINE A BREST
- 1. « Extrait d'anatomie patologique, rédigé d'après les leçons du cen BICHAT, médecin du grand hospice d'Humanité de Paris, professeur d'anatomie, de physiologie et de chirurgie. An 10 (1802)
2. « Cours de matière médicale, d'après les leçons particulières de Mr PERHYLE, D. M. chirurgien (1781 et 2) »
3. « Extrait des journaux de médecine des vaisseaux de la division du général Linois, pendant les années 11, 12, 13 et 14 de la République, » adressé « à Messieurs les membres du conseil de santé » par N. BIENVENU, second chirurgien sur la frégate l'Atalante.
4. « Mémoire sur une ligature de l'artère carotide primitive gauche, pratiquée par M. GONNET, chirurgien entretenu de 2me classe, chirurgien major de la corvette l'Espérance, » adressé « à Messieurs les membres du conseil de santé de la marine au port de Brest ». [Tour de monde de Bougainville sur la Thétis et l''Espérance, 1837]
5. « Chapitre des anévrismes, par Monsieur ABERNÉTHY (imprimé à Londres, en avril 1813), article traduit d'Abernéthy par Monsieur BOURSIN, chirurgien entretenu de 2me classe »
6. Discours prononcés par le président du conseil de santé naval et premier chirurgien en chef de la marine, Dr DELAPORTE, le 2 avril 1821, à l'ouverture d'un concours pour une place de professeur à l'école de santé de la marine, le 3 décembre 1822 pour l' « ouverture de l'année scholaire », et lors du concours de 1828.
7. « Considérations sur la fixation des traitemens des salariés de l'État en général et des officiers de santé de la marine en particulier, » par le docteur DELAPORTE (Brest, le 6 décembre 1831), à l'occasion du projet de budget de 1832
8. Recueil de règlements, manuscrits et imprimés, sur l'organisation du service de santé de la marine.
9. Recueil de projets d'organisation du corps des officiers de santé de la marine.
10. Recueil de règlements, décrets, arrêtés relatifs au service de santé et aux hôpitaux de la marine.
11. Recueil de rôles des chirurgiens de la marine et des médicaments existant à l'hôpital de Brest, et autres pièces relatives au service des religieuses de la Sagesse à l'hôpital.
12. « Considérations médicales » faites par le docteur FÉRIS, lors de sa campagne dans l'Atlantique sud à bord de l'Hamelin » ["Pathologie de l' Hamelin: 1° sur la côte occidentale d'Afrique", 19 mai 1876- 9 juin 1877].
13. Recueil de rapports médicaux sur des faits de tératologie, etc. divers d'épidémie, hygiène.
14. Recueil de documents sur la bibliothèque du service de santé de la marine et le jardin botanique de Brest. [cf infra]
15. « Mémoire sur les maladies qui ont régné dans l'escadre du Roi, commandée par feu M. le duc d'Enville, lieutenant général des armées navales [1746], composé par M. [CHARDON] DE COURCELLES, premier médecin de la marine au port de Brest, et lu à l'Académie royale de marine » [le 7 avril 1753].
16. « Rapport sur l'empoisonnement de l'équipage du Catinat au Hâvre-Ballade (Nouvelle-Calédonie) au mois de décembre 1854, » par MEUNIER, chirurgien de 3me classe du port de Rochefort. (Brest, 29 avril 1855).
17. Rapport du docteur Ch. NIELLY, chirurgien, chargé du service des fiévreux du bagne, sur l'empoisonnement par les moules. (Brest, 23 septembre 1857).
18. « Recueil de différents morceaux de phisique, morale, etc., tirés tant des ouvrages périodiques que des meilleurs autheurs, » par « Elie DE LA POTERIE. (A Paris, le premier janvier 1756) ».
19-39. Campagnes de mer. Rapports des Officiers de santé.
III. Le fonds constitué par les acquisitions depuis 1803 jusqu'à 1850.
Création de la Bibliothèque.
La création de la bibliothèque est consécutive à deux décisions :
- 19 pluviôse an VI = 7 février 1798 (Directoire) : arrêté du directoire exécutif concernant la création de la Bibliothèque.
- 29 Pluviôse an IX = 18 février 1801 (Consulat): Arrêté des Consuls concernant la création de la Bibliothèque (signé par Bonaparte). Confirmation par le ministre de la marine Decrès.
Ces décrets tardant à être réalisés, c'est à l'initiative du préfet maritime Joseph, Comte de Caffarelli, que la bibliothèque doit son existence : le 25 Vendémiaire an X (17 octobre 1801) : le Conseil de Santé propose une liste de livre de la bibliothèque du Port, liste approuvée par le Préfet qui charge Jurien, Inspecteur de la marine, de les remettre au Conseil de santé.
Le conseil de santé saura témoigner ultérieurement sa reconnaissance au préfet Joseph Caffarelli : "Sensibles à un tel bienfait, et reconnaissants d'un pareil service, les officiers de santé du port de Brest lui ont témoigné leur gratitude en plaçant son buste, très bien exécuté par monsieur Collet, sculpteur en chef du port, au milieu même de la salle de lecture ».(Jean-Louis Dauvin, Essais topographiques, statistiques et historiques sur la ville, le château, 1816).
La composition de la bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest, en dehors de son fonds initial, peut être connu par divers inventaires réguliers des acquisitions annuelles, contenus dans le dossier de manuscrits Ms 14 du Service Historique de la Marine à Brest, dossier qui renferme aussi de nombreux documents sur la création, les aléas et les règlements de la bibliothèque. Un inventaire complet est réalisé en 1838-1843. Les archives nationale de la marine conservent peut-être les inventaires ultérieurs.
J'ai dit en introduction que la bibliothèque comptait 1647 ouvrages en 1809, 10 000 volumes en 1865, 14 000 volumes en 1876, 18 000 volumes en 1909. Ces derniers chiffres m'ôtent jusqu'à l'idée d'en reconstituer les inventaires, mais j'ai publié les listes des acquisitions de 1809 à 1837 ici : Inventaires de la Bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest.
Je vais maintenant ouvrir le dossier de manuscrit Ms 14 pour y découvrir les documents sur la création et le développement de la bibliothèque. C'est au travail de Charles de la Roncières en 1907 que je dois le classement des pièces et leurs titres (en gras).
1. Le dossier Ms 14 du Service Historique de la Marine à Brest.
Recueil de documents sur la bibliothèque du service de santé de la marine et le jardin botanique de Brest (1792-1849). XVIIIe et XIXe siècle. Papier. 24 pièces. 380 sur 245 mm. Demi-reliure. (ancienne cote 3310s)
— Pièce 1. « Rapport sur l'établissement d'une bibliothèque médicale dans les trois grands ports de Brest, Toulon et Rochefort » (Brest, 28 février 1811).
Organisation de celle de Brest.
L'organisation de la Bibliothèque médicale de ce port avait été ordonnée par un arrêté du directoire exécutif du 19 Pluviôse an 6 de la République, dont voici les dispositions.
Article 1er.
Il sera formé, dans l'hôpital principal de chaque port ou dans l'une de ses dépendances, une Bibliothèque pour l'instruction des officiers de santé.
Art. 2.
Cette Bibliothèque pour le port de Brest sera formés de tous les ouvrages relatifs à l'art de guérir qui se trouvent dans celle du port. Il sera accordé une somme fixée et déterminée par le Ministre, pour l'école de santé qui n'aura point de bibliothèque.
Art.3.
La bibliothèque sera sous la direction du conseil de santé de salubrité navale, il sera affecté une somme de mille livres par an pour l'entretien de la bibliothèque et l'achat des ouvrages dont elle doit être pourvue.
L'emploi de cette somme sera dirigée par le conseil de salubrité. Le commissaire médecin d'après les ordres du ministre, fera passer au conseil de salubrité navale les journaux relatifs à l'art de guérir.
Art.4
Aucun ouvrage ne pourra sous aucun prétexte sortir de la Bibliothèque, les professeurs seuls pourront y prendre ceux dont ils auront besoin ; tous les ouvrages de la bibliothèque sont sous la responsabilité du conservateur.
Art. 5.
La Bibliothèque sera ouverte tous les jours, excepté le décadi,
du premier Brumaire au premier Ventôse :
Le matin de 9 heures à midi.
Le soir de 2 heures à quatre.
Durant les huit mois restants :
Le matin de 8 heures à midi.
Le soir de 4 heures à cinq.
Art.6.
Le chauffage et les fournitures de bureau seront fournies sur les demandes du conservateur , visées par le Conseil.
Signé Barras.
Arrêté des Conseils de la République du 29 Pluviôse an 9.
Lettre ministérielle à ce sujet.
Cet arrêté du directoire exécutif a été maintenu par le gouvernement consulaire qui fixe également les dispositions.
Copie de la lettre du ministre de la marine et des Colonies en date du 9 Ventôse an 9 au Comte Caffarelly, préfet maritime à Brest.
Citoyen Préfet.
Je vous fais connaître un arrêté des Consuls du 29 V. an 9 dont les dispositions ont pour but de favoriser l'h.. et d'entretenir le zèle des officiers de santé de la marine. Extrait des registres des délibérations des Consuls du 29 Pluviôse an 9.
Les consuls de la république considérant qu'il importe de régulariser toutes les parties du service de santé, le ministre entendu, arrêtent ce qui suit.
Art.1er.
L'enseignement de la médecine navale dans les écoles de santé des grands ports sera conforme à ce qui est prescrit par le règlement du 19 pluviôse an 6.
Le Premier Consul, signé Bonaparte.
Monsieur le général Caffarelly fonde la Bibliothèque médicale.
Malgré l'arrêté du directoire exécutif et celui postérieur des Consuls ; l'organisation d'une bibliothèque à l'hôpital principal restait sans effet, et était peut-être encore éloigné de son exécution, lorsque Monsieur le Général Caffarelly, préfet maritime à Brest, pénétré de l'importance de cet établissement et embrassant de grandes Nuées d'utilité publique jugea à propos d'après le vœu du gouvernement de s'occuper spécialement de la formation de la bibliothèque médicale en y faisant transporter les ouvrages de celle du port, qui concernaient la médecine.
Voici la copie de la lettre qu'il adressa pour cet effet à Monsieur Jurien inspecteur de la marine :
[An Onze, mention manuscrite]
Le Conseiller d'État préfet maritime au citoyen Jurien inspecteur de la marine.D'après un arrangement , Citoyen inspecteur, convenu entre le préfet du Finistère et moi de concert avec les autorités de la ville, j'ai jugé convenable de former dans l'hôpital principal une collection d'ouvrages relatifs à l'art de guérir, afin que les élèves de ce service puissent trouver réunis les moyens d'instruction théorique et pratique dont l'humanité retirera le plus grand avantage. Cette collection est composée des livres provenant du dépôt de la ville et j'ai jugé à propos d'y joindre pour la compléter une partie de ceux compris dans la note que je vous transmets, et qui existent à la bibliothèque du port. Ceux qui en sont exceptés sont marqués d'un trait de crayon.
Mon intention n'étant point de considérer cet établissement comme une bibliothèque particulière, mais bien comme une émanation directe et purement locale de celle du port, les mêmes règlements, la même surveillance et le même ordre y seront observés.
L'inventaire des ouvrages qui seront déposés dans cette succursale fera partie de l'inventaire général de la bibliothèque avec une note indicative de la destination des livres.
Le Conseil de salubrité sera chargé du maintien de la police ordinaire du local, qui est en effet confié à ses soins. Votre inspection s'y exercera de la même manière que sur la bibliothèque , dont ainsi que je vous l'ai dit plus haut, ces assemblages de traités relatifs à l'art de guérir est une collection. Signé Caffarelli.
2. Situation actuelle de la bibliothèque médicale, renfermant à peu près 1700 volumes :
Ainsi, d'après les ordres du gouvernement et sous les auspices du Conseiller d'État préfet maritime de ce port, la bibliothèque a été fondée, et enrichie successivement d'une ...prétiente [?] d'environ 1700 volumes renfermant tout ce que l'art a de plus intéressant dans les différentes branches.
Avantages qui résultent d'une bibliothèque par rapport au Conseil de Santé.
Le Conseil de santé, chargé de la direction du service, de l'examen scrupuleux des hommes qui doivent pour infirmité pour les cas prévus par les règlements, être congédiés, rétra..à des séances réglées. Les membres qui le composent sont souvent dans la nécessité eux-mêmes de se recueillir, devant rechercher dans les archives de l'art, ce qui a rapport aux différents cas, pour répondre à la juste confiance du gouvernement.
Ils pourraient être quelque fois embarrassés dans leurs décisions, s'ils étaient privés de la ressource d'une bibliothèque médicale.
Avantage d'une Bibliothèque par rapport aux salles de clinique médicale et chirurgicale.
Un avantage incontestable de cet établissement se présente dans les salles de clinique interne et chirurgicale. Ici, l'observation doit être prise au lit du malade à chaque visite.
Le médecin explorateur de la marche de la maladie, de l'apparition des symptômes, a-t-il quelque doute sur le diagnostic et sur les conséquences de l'affection, il rallie autour de lui les préceptes et les observations des auteurs distingués, qui ont mieux traité le cas de pathologie qui vient de s'offrir au jugement en les consultant, il détermine le genre, ..es la complication d'une maladie, et les nombreux élèves présents à la visite en retirent les plus grands fruits.
Avantage pour les professeurs de l'École de Santé.
Les divers professeurs chargés des branches séparées d'enseignement médicale sont susceptibles, chacun dans le mode d'enseignement qui le concerne, de recourir à la bibliothèque, pour puiser les découvertes des meilleurs auteurs, les matériaux qui devront servir à leurs utiles démonstrations.
Ils peuvent en vertu des règlements, prendre les ouvrages qui ont rapport à leurs cours, les garde temporairement et les méditer à loisir.
Ils n'auraient plus cet avantage, si cet hôpital ne possédait pas une bibliothèque, à laquelle ils peuvent se rallier à volonté, et à toute heure.
Avantage pour les chirurgiens de garde.
Les officiers de santé des différents grades sont libres d'étudier à la Bibliothèque de l'hôpital pendant une grande partie de la journée.
Ils peuvent immédiatement après la visite des salles de malades comprendre les maîtres de l'art, pour mettre en rapport la théorie avec leur pratique, et le passage instantané de l'une à l'autre est inappréciable.
Les élèves sont tenus aux notes hebdomadaires, aux examens de clinique, et à rendre compte de leurs études.
L'officier de santé de garde est fréquemment dans la nécessité de prendre connaissance des auteurs qui éclairent son jugement dans quelques cas imprévus, parmi les entrants à l'hôpital ; c'est encore à la bibliothèque qu'il a recours pour se mettre à portée de satisfaire aux notes qu'on exige de lui dans la visite du matin.
Avantage pour les pharmaciens.
La science de la pharmacie agrandie par la réunion des connaissances physiques et chimiques est une branche importante de la médecine.
Dans les laboratoires où se préparent, se combinent, et se conservent les médicaments que le besoin d'être utile à l'homme malade a enfanté, quel est le praticien quelque versé qu'il soit dans sa partie qui ne soit pas de temps à autre, obligé de consulter les auteurs, sur le mode de composition d'administration, sur les qualités et l'emploi de tel ou tel remède, de l'efficacité duquel peut dépendre la vie du malade.
En ce qui concerne la médecine légale.
Dans les rapports de médecine légale, (s'il s'agit d'un empoisonnement), quelle main téméraire ira sonder l'intérieur des viscères pour y trouver et soumettre ensuite à l'analyse chimique le venin destructeur, si préalablement le pharmacien chargé de ce rapport n'a pas présent sous les yeux les auteurs qui traitent cette matière. Et où trouverait-il des ressources si sa mémoire ne le sert pas en cette occasion dans le rapprochement d'une bibliothèque ?
Avantages reconnus pour ce qui concerne les concours.
Les concours rétablis dans la marine depuis plusieurs années prouvent les progrès des lumières et de l'émulation des officiers de santé de ce port. Si les candidats en général ont donné des marques d'une grande capacité et de beaucoup d'érudition, ils le doivent beaucoup à cette institution qui
sous tant de rapports doit être encouragée et respectée.
Autres avantages par rapport aux élèves.
Quels avantages ne résultent-t-ils pas encore d'occuper les jeunes gens au centre d'un hôpital pour les y rencontrer au .. quand la nature des services qu'ils doivent rendre nécessite l'u .. de plusieurs ?
Du coté des mœurs.
Et sous le rapport des mœurs ; en éloignant les jeunes gens dans l'âge des passions, livrés à l'inexpérience des lieux où ils pourraient se corrompre, entraînés par le torrent de l'exemple et hors de la surveillance attentive des chefs.
Il faut ajouter encore l'impossibilité d'avoir beaucoup de livres, avec les appointements fixés pour les classes inférieures si on met en comparaison de la solde la cherté des prix de la location et de l'entretien.
Inconvénient de la réunion des deux bibliothèques en une seule.
Nous venons d'exposer les nombreux avantages d'une bibliothèque au centre de l'hôpital en la considérant comme une émanation de celle du port de la quelle elle cesserait de ressortir et continuerait d'être soumise aux mêmes règlements.
Il nous reste à balancer ces grands intérêts relatifs avec les inconvénients réels qui résulteraient de la réunion de cette bibliothèque à celle du port. Dans celle-ci privés du rapprochement immédiat de leurs fonctions, avec l'étude, soumis aux heures réglés, à leur police, et à la fermeture du port entre des ateliers nécessairement bruyants, sous le bruit des marteaux les élèves tireraient un bien faible parti de leurs instruction, ils ne pourraient être surveillés dans le local commun à toute la marine et l'émulation s'affaiblira se détruira même par la suite, et qu'en résulterait-il, l'ignorance, des maux pour l'humanité.
Le corps qui peut se flatter d'avoir rendu et de rendre tous les jours des services à l'État verra avec douleur s'anéantir dans ceux qui doivent le reproduire le goût pour la..le zèle au travail qui distinguent le médecin.
Les deux grands hôpitaux maritimes de Toulon et de Rochefort possèdent une bibliothèque.
Les encouragements qu'elles ont reçu de la part des autorités supérieures font honneur aux hommes en place qui les ont protégés, et ne cessent de contribuer à leur entretien.
Le Conseil de santé de ce port avait jugé convenable de faire contribuer les élèves de l'école à l'entretien de la bibliothèque mais Monsieur le Général Caffarelly préfet maritime s'opposa à cette mesure qui privait les chirurgiens d'une portion de leur solde à peine suffisante.
Résumé.
Ces représentations ne sont dictées que par le seul intérêt du Bien Public il faut parler avec confiance sous un gouvernement qui seconde si puissamment les arts, les sciences et toutes les institutions utiles et qui pourront répondre comme le fit autrefois un grand monarque protecteur des belles lettres.
Qu'a besoin la plume de tracer des règles de conduite à celui qui entre dans les plus petits détails sur tout ce qui tient à la conservation des Citoyens.
Il suffit qu'une chose bonne en elle-même se présente pour qu'elle soit de suite saisie et adoptée.
L' École de médecine navale et les officiers de ce port osent donc espérer que, d'après leurs justes Représentations, la bibliothèque établie à l'hôpital principal sera conservée dans la même forme que par le passé.
Brest le 28 février 1811. Les membres du Conseil de Santé.
— Pièce 2. « Ordre de transcription des différentes pièces relatives à l'évacuation de la bibliothèque de l'école de santé sur celle du port, », signé : Decrès, Dordelin [1811] ; lettre originale du général Caffarelli (21 pluviôse an 12 de la République).
Cette pièce révèle une revendication de la Bibliothèque du Port, qui s'estime spoliéee des ouvrages confiés à la bibliothèque de l'École : 1810/1811 : à l'occasion d'une demande d'acquisition des derniers volumes de l'Encyclopédie méthodique, Decrés, ministre de la marine (de 1801 à 1814) accuse d'abord le Conseil de santé de s'être approprié indûment le fonds de bibliothèque du Port et en exige restitution. Le général Dodelin, préfet maritime du Finistère, sollicite du Conseil de Santé une défense argumentée, puis confirme l'existence de la Bibliothèque par un courrier le 21 pluviôse an 12 (10 février 1804), courrier qui attribue une somme au Conseil de Santé pour l'achat d'ouvrages.
Deux autres lettres, qui se trouvent en fin du corpus, témoignent de ce différent :
Une lettre du préfet maritime Léger exigeant la restitution des six volumes de la 74e et 75e livraison de l'Encyclopédie méthodique, ceux-ci "n'étant pas spécialement et exclusivement employé à traiter de l'objet de médecine".
La réponse du Conseil de santé ( Duret et Thamment?) qui obtempère tout en signalant que parmi ces volumes se trouvent ceux consacrés à la botanique, "partie qui ne peut être détachée de la médecine, puisqu'elle fait la base de la Matière médicale", et deux volumes consacrés aux insectes, "nécessaire au médecin naturaliste qui doit avoir des notions précise sur les trois règnes de la nature".
— Pièces 3, 7, 8, 9 : « États de la quantité de livres composant la bibliothèque de l'école de santé » : 1647 livres (en 1810), 1751 (en 1811), 1781 (en 1813).
_État de la quantité des livres composant la Bibliothèque de l'école de santé en 1809, savoir :
Donnés par le général Comte Caffarelli : 46 in f°, 371 in-4°, 638 in 8°, 140 in-12°, total 1195.
Donnés de la Bibliothèque du port par ordre du Gal Caffarelli : 76 in-f°, 87 in 4°, 138 in-8°, 151 in-12°, total 452
Soit au total 1647 volumes.
Livres achetés dans l'année, compris dans l'Inv[entai]re, 26 volumes.
Aperçu des dépenses faites par le Général Comte Caffarelli pour la Bibliothèque de l'École de Santé du port de Brest : An 11 : 210Fr46 ; An 12 : 1913 Frs 94, An 13 : 304 Fr 95, 1806 : 168, 25 ; 1807 : 295,25 ; 1809 : 439,01 TOTAL : 5601,06
Souscriptions à faire pour l'année 1810 :
- Abonnement à la Bibliothèque médicale : 30Fr80
- Ab au Journal Général de médecine rédigé par Sedilot : 21 Fr 80
- Ab aux Annales de Chymie : 18 Fr 80
- Ab au Journal de Médecine : 17 Fr 30.
- Ab au Bulletin des Sciences médicales : 14 Fr 80.
TOTAL : 103 Fr 50.
31 décembre 1809, signé GIRARDOT.
N.B : premiers abonnements aux journaux de médecine datent de 1804.
_État au 1er octobre 1811 : 463 livres fournis par le Port, 1318 achetés par le général Caffarelly pour l'école de santé, Total 1781 livres. Dont 140 in folio, 562 in-4°, 800 in-8°, 279 in-12°.Non compris plusieurs ouvrages de littérature dépareillés, et une collection de 128 thèses et les journaux de plusieurs années. Signé Thérot, conservateur.
Une quarantaine d'ouvrages sont prêtés à Duret, à Pichon pour le cabinet d'histoire naturelle, à Vasse et à Chatelain.
Même inventaire en avril 1811, où Dupont et Delaporte se rajoute au nombre des emprunteurs.
En décembre 1811, on dénombre 475 livres fournis par le Port, 1318 livres achetés grâce au préfet Caffarelly, Total 1793 livres, dont 140 in folio, 567 in-4°, 807 in-8°, 279 in-12°. Le nombre d'ouvrages prêtés est de 57.
En 1812, 50 volumes brochés, dont les journaux et les thèses, ont été reliés.
__ En 1813, on dénombre 463 livres fournis par le Port, 1318 livres achetés grâce au préfet Caffarelly, Total 1781 ouvrages, 140 in folio, 562 in-8°, 800 in-4°, 279 in-12°. Une mention est faite des ouvrages "dûs à la générosité du Ministre" : les derniers mémoires de l'Institut (5 volumes) , La Clinique chirurgicale en 3 volumes de Pelletan, Les maladies du Cœur de Corvisart, et 3 autres volumes [Encyclopédie méthodique n°70 et 71 Les Maladies de Peau]. 57 ouvrages sont empruntés.
Abonnements en 1810 et 1811 :
La Bibliothèque médicinale.
Le Journal général de médecine.
Le Journal de Corvisart
Les Annales de Chimie.
Pièce 4 « Notice des livres donnés par le préfet [Caffarelli] pour la bibliothèque ».
A la date du 5 septembre 1810, nous trouvons le premier Inventaire disponible réalisé à l'occasion du changement de Conservateur. Le titre en est Notice des livres donnés par le préfet pour la bibliothèque de l'École de Santé. On compte 49 folios, 468 in-4°, 648 in-8°, 552 (?) in-12°, soit 1717 (?) ouvrages, dont 115 thèses (78 thèses reliées formant 23 volumes in-8°, 20 thèses non reliées in-4°, 17 thèses non reliées in-8°), les collections de journaux reliées en 9 volumes pour la Bibliothèque médicale, 8 volumes pour le Journal de médecine. Les titres de la bibliothèque sont pour la plupart récents, témoignant d'acquisitions entre 1801 et 1810.
Voir la liste des livres ici : Inventaires de la Bibliothèque de l'École de médecine navale de Brest.
Pièce 5. Lettre des membres du conseil de santé Gesnouin, Duret, Dubrueil (1811).
Il s'agit plutôt d'une lettre du ministre Decrès (en fonction de 1801 à 1814), contre-signé pour réception par le préfet maritime, l'inspecteur de marine et les trois membres du conseil de santé.
Il s'agit de l'heureuse conclusion du litige dont faisait état la pièce 2.
Je ne vois pas d'inconvénient, Monsieur, à laisser subsister telle qu'elle est la Bibliothèque à l'usage de l'École de santé de Brest. […]. J'approuvai ...ces mesures, elles étaient sages puisqu'elles avaient pour but d'offrir constamment aux officiers de santé des moyens faciles d'étude dans les lieux même où ils mettaient leurs connaissances en pratique. Un autre avantage bien important qui résultait de cette bibliothèque c'est que dans tous les cas graves que présentent trop souvent les diverses maladies, le médecin trouvait sous la main les autorités qu'il avait besoin de consulter pour marcher d'un pas sûr et pour résoudre, d'une manière positive, sans incertitude et dans doute.Cependant, la Bibliothèque du Port n'en est pas moins une, bien qu'une petite portion des livres ait été transporté à l'hôpital principal. Le même règlement les régissent...
Il n'y a rien à changer à l'état des choses. Les succès obtenus par l'École de Brest justifient les mesures dont il s'agit. Je me persuade que leurs officiers ne cesseront point de profiter de l'avantage que leur offre cette bibliothèque particulière et qu'ils continueront à se faire distinguer par leur amour pour l'étude et par leur zèle pour le Service. Etc...
Pièces 6 et 13 : « Règlement pour la bibliothèque de l'école de santé, » par les membres du conseil de santé Gesnouin, Duret, Dubrueil (Brest, 2 avril 1811).
pièce 6 : Premier règlement de 1811, comportant 13 articles. Approuvé par le préfet maritime Dordelin.
Pièce 13 : 25 mars 1826 : Deuxième Règlement de la bibliothèque, dont le fonctionnement est précisé par 22 articles. Signé par le maître des requêtes, intendant de la marine.
Pièces 10, 11, 12, 15, 16. Lettres de l'intendant de la marine « Tadon » de « Vénuste Gleizes », du chef d'administration de la marine d' »Ubraie ».
En 1818, nous apprenons que l'abonnement au Journal de Sébillot a été remplacé par le Journal universel [des sciences médicales]. Les autres abonnements sont :
- Le Journal de Médecine, chirurgie et pharmacie par [Corvisart], Le Roux, [Boyer]:1808.etBIU.
- La Bibliothèque médicale [alors dirigée par Royer-Colard],
- Les Annales de Chimie [Paris, imp. Perronneau; n°77 en janvier 1811]
- Les Annales de Médecine de Montpellier .
Une somme de 200 frs est allouée chaque année au conseil de santé pour ces abonnements, et autres achats d'ouvrages.
En 1818, l'Intendant de la Marine Vénuste Gleizes fait parvenir 7 exemplaires de Secours à donner aux personnes empoisonnées ou asphyxiées par M.P Orfila (Gallica). Le chirurgien en chef est alors Delaporte.
La même année, le Ministre confirme ou attribue à la bibliothèque une somme de 200 Frs annuelle pour l'achat de revues (120 frs) et d'ouvrages.
En 1832, un projet d'échanges réciproques d'ouvrages entre la bibliothèque de la Marine et la Bibliothèque du Port révèle une rancœur tenace de cette dernière qui cherche à récupérer les ouvrages qu'elle possédait initialement.
— Pièce 17. État des ouvrages qui ont été achetés par l'école de santé en 1842.
En 1842 est dressé un État des ouvrages qui ont été achetés par l'École de Santé du Port de Brest en 1842 : Liste alphabétique de plus de 277 ouvrages.
— Pièce 18. État des instruments et des livres remis et déposés dans la bibliothèque du cabinet d'histoire naturelle du jardin des plantes à Brest, à la charge du sieur Laurent, jardinier botanique » (1792).
Cette liste semble être celle sur laquelle Cambry s'est basé
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110459s/f154.image.r=brest%20atlas%20laurent.langFR
pour décrire les pièces qui décoraient les salles de l'école des gardes de marine. Ces instruments mériteraient une étude à part entière, puisque nous y trouvons ceux que La Pérouse, [Jean-François de La Pérouse entre à l'Ecole des Gardes Maritimes de Brest à 15 ans le 19 Novembre 1756, sous l'influence de Clément de la Jonquière] emporta dans sa circumduction, à l'usage de son horloger Lepaute d'Agelet, et ceux nécessaires à la détermination de la longitude.
Graphomètre à pinnules de La Boussole retrouvé à Vanikoro en 1999.
Deux pendules à secondes de Bert[h]oud et leur boete.
Une idem idem de Galoude [sic] avec son pied de fer.
Un canon de fonte avec son attirail
Deux planchettes et leurs pieds. [loch ?]
Quatre chaîne d'arpentage.
Douze Jalons
Deux graphomètres en cuivre avec leur boete et leur pieds.
Trois compas à verge de bois.
Une planchette à calquer.
Un globe de carton mauvais.
Quatre idem, neufs, dont un percé.
Une sphère armillaire en cuivre.
Une idem en carton, mauvaise.
Une machine pneumatique.
Deux quarts de cercle en cuivre avec leurs pieds.
Un idem de trois pieds de rayon, auquel il manque la loupe du garde filet.
Trois quarts de nonante.
Deux sextants ;
Deux octants
Une lunette de sept pieds démontée en son étui.
Une mauvaise longue-vue.
Une lunette de...
Une petite boite d'aimants.
Un grand aimants artificiel.
U étui de mathématique incomplet.
Une alidade à pinnules.
Une lunette anglaise.
Deux niveaux d'eau en cuivre.
Un Idem d'air idem.
Quatre idem en fer blanc en mauvais état.
Deux arcs de construction.
Une machine parallactique.[ Machine composée d’un axe dirigé vers le pôle du monde, et d’une lunette qui peut s’incliner sur cet axe et suivre le mouvement diurne des astres sur le parallèle qu’ils décrivent.]
Deux instruments démontés dont on ignore le...
TABLEAUX.
Un tableau représentant la mort du Chevalier d'Al...
Un tableau représentant le combat de la Surveillante. http://fr.wikipedia.org/wiki/Surveillante_(1778)
Quatre petits tableaux.
Un portrait de M. du Couédic.http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Louis_du_Cou%C3%ABdic
Un tableau de M. de Sartine.http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_de_Sartine
Un grand tableau de M. de Chartres.http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Philippe_d'Orl%C3%A9ans_(1747-1793)
5 in folio :
Neptune français, 2 volumes.
Neptune oriental, 2 exemplaires,
Atlas français,
Hydrographie française,
Portuland anglais
43 in-quarto
27 in-octavo
5 in-douze.
21 brochures.
La liste des ouvrages est suivie d'une Liste de neuf pages d'ouvrages provenant des Jésuites ( et qui furent sans-doute transférés à la Bibliothèque du Port).
— Pièce 19. Annales des divers accroissements de la bibliothèque (1798-1849).
Le 12 Messidor an 11 (1er juillet 1803) : le Conseil de Santé choisit 31 ouvrages de médecine chez le libraire Lefournier et Neveux et fait régler la facture de 258 Frs par Caffarelli. (Allain Le Fournier, libraire à Brest, est mort en 1814. Il est associé dès 1808 avec ses neveux Jean-Baptiste Le Fournier et Pierre-Clair Deperiers) On trouve aussi une autre facture d'un montant de 437Fr 19 du même libraire,avec la liste de 14 ouvrages. Le 15 messidor, facture de 77Fr70 pour 14 ouvrages, puis de 142Fr12 pour 27 ouvrages.
En 1835 survint, vraisemblablement par une décision du Ministère de la Marine, une accentuation considérable des acquisitions, et qui concerna l'ensemble des bibliothèques de la Marine puisque Prosper Levot en fait état pour la Bibliothèque du Port (Hist. port p.253). Dans le même temps, et par une relation probable avec le fait précédent, le ministère organisa l'édition en 5 tomes du Catalogue général des livres composant les bibliothèques de la Marine, qui parut de 1838 à 1843 : un inventaire fut donc demandé à chaque établissement.
Je classe aussi dans cette pièce :
un courrier du Conseil de santé du 22 mars 1823 et les échanges de courrier qui ont suivi : confronté à la pénurie de moyens, (les acquisitions d'ouvrages sont très faibles durant ces années), le conseil de santé envisage de suivre l'exemple de Rochefort et de demander aux officiers et élèves officiers de santé une souscription individuelle, ou cotisation de bibliothèque. Signé Delaporte, Mollet, Legris-Duval, Droguet [Grimier ?]
la Demande de livres à Monsieur Lepontois, pour le compte de l'École de Santé. 28 février 184[6]
— Pièce 20. Copies, certifiées par le conservateur de la bibliothèque, des dépêches ministérielles relatives à son dépôt (1er février 1840-1er novembre 1841).
On peut y inclure :
Document imprimé du ministère de la Marine du 25 juin 1845, 4 pages : Seconde Instruction adressée aux conservateurs des bibliothèques .
Des copies de courriers ministériels datés de 1850.
— Pièce 22. « État des objets et instruments relatifs au cabinet de physique et d'électricité de la marine à Brest » (8 ventôse an 10). Voir "le cabinet de physique" de l'article Le Musée d'histoire naturelle de Brest (suite) : les autres collections de l'hôpital maritime Clermont-Tonnerre et la bibliothèque.
— Dernière pièce (incluse par de Roncière dans la Pièce 19 ?) : Lettre du 22 février 1848 : le Dr Berdelo sollicite le poste de conservateur de la bibliothèque de l'École de Santé en succession de Le Helloc.
Le docteur Berdelo, chirurgien de 1ère classe, souligne qu'il a été affecté de troubles intestinaux chroniques dus à ses navigations et qui l'ont tenus écartés du Service, le condamnant à un retraite anticipée ; « promu au grade de premier le 18 juin 1839, je n'ai pas pu atteindre les douze années de grade qui donnent droit à l'augmentation du cinquième de la solde, ma pension ne s'élève tout au plus qu'à la somme de 1650 frs ». Il s'engage à « renoncer à toute pratique de médecine de ville et à toute autre occupation qui serait incompatible avec ses nouvelles obligations. » .
La Notice nécrologique sur M. Berdelo, ancien chirurgien-major de la Marine / Prosper Levot in Bulletin de la société académique de Brest, Vol. 5/1, du 1868 (30/12/1868) Gallica, nous donne les informations suivantes : Vincent-Louis-François-Marie Berdelo, né à Saint-Pol-de-Léon le 9 septembre 1801, décédé accidentellement le 4 décembre 1867 par l'emballement des chevaux de sa voiture, était chevalier de la Légion d'honneur [26 avril 1846 : voir dossier LH ici], et comptait trente années de service dont douze à la mer. Lors de l'épidémie de choléra de 1832, il avait soigné la population de Crozon, Douarnenez et Lesneven. Il occupa la fonction de trésorier de la Société académique de Brest.
2. Les autres sources d'informations sur les inventaires.
a) 1838 : voir :Catalogue général des livres composant les bibliothèques du ..., Volume 1. Ministère de la marine :http://books.google.fr/books?id=-QlQAAAAYAAJ&pg=PR22&lpg=PR22&dq=%22biblioth%C3%A8que+du+port%22+brest&source=bl&ots=UEgoby7h_r&sig=WHpSGT_pD4DSTjeHthBm2oC1Zag&hl=fr&sa=X&ei=y5NIUrHvGeXG4gTc-YCoDA&ved=0CGIQ6AEwCQ#v=onepage&q=%22biblioth%C3%A8que%20du%20port%22%20brest&f=false
b) 1865, Prosper Jean Levot :
: "Au-dessus des bureaux du Conseil de santé (à l'Hôpital de la marine), est placée la bibliothèque de l'École de médecine navale. Formée, en l'an XI, par M. le préfet maritime Caffarelli, au moyen d'environ 800 volumes d'ouvrages spéciaux qui existaient dans la bibliothèque du port, elle s'est rapidement accrue depuis plusieurs années et se compose aujourd'hui [1865] de 10.000 volumes d'ouvrages spéciaux. Cet accroissement est dû en partie aux achats faits directement par le conseil de santé, au moyen de versements qu'effectuent les officiers de santé, soit à l'entrée à l'école, soit lors de leurs avancements successifs. Dirigée par M. Berdelo, ancien chirurgien de première classe de la marine, en qui ses confrères, comme ses plus jeunes élèves, rencontrent un dévouement éclairé et un empressement égal à faciliter leurs travaux, elle est d'une utilité qu'on apprécie chaque jour d'avantage" ( P, LEVOT, Histoire de la ville et du port de Brest (Paris, 1865, in-8°), t. II, p. 318 ).
c) 1876 :Rapport d'inspection générale du Médecin Général Jules Rochard .
"La bibliothèque de l'école se compose de 14 000 volumes et reçoit 38 journaux de médecine ou revues scientifiques. Ses dimensions sont devenues insuffisantes, bien qu'on l'ait accrue, il y a quatre ans, en disposant pour recevoir des livres, le grenier qui la surmonte. Lorsqu'on aura pris à l'égard des instruments de chirurgie, les mesures dont j'ai parlé, on pourra se servir des grandes armoires qui les contiennent et approprier à la même destination le cabinet contigu à la salle qu'occupe l'arsenal et dans lequel se trouvent aujourd'hui les appareils et les moyens de prothèse. La bibliothèque est très fréquentée et les deux tables qu'elle possède ne suffisent pas au nombre de lecteurs. Elle est ouverte de 8 heures du matin à 4 heures du soir, et, par une faveur dont l'École de Brest est seule à jouir, elle rouvre le soir de 7 heures à 9 heures pendant toute la durée de l'année scolaire. Elle n'a qu'un seul gardien et malgré son zèle il ne peut suffire..."
d) 1907.
En 1907, Charles de la Roncières dénombre 18 000 volumes environ.
e) La bibliothèque actuelle de l'Hôpital Inter-Armées.
Actuellement (2013), l'Hôpital Inter-Armées conserve encore plus de 4000 ouvrages (XVIe-XIXe siècles) dont prés de 300 intéressent la botanique.
Par comparaison, le musée de l'ancienne école de médecine navale de Rochefort est aujourd'hui riche de 25000 volumes.
3. Les Conservateurs de la Bibliothèque
- Girardot jusqu'en 1810
- Thérot de 1810 à ?
- 1838 :Pierre-Antoine-Henri Fischer, second médecin chef 1838 (P. Levot Bibl. Port).
- 1840 à 1848 : Lehelloq :http://books.google.fr/books?id=BQa3WNUIdoMC&pg=PR13&lpg=PR13&dq=%22biblioth%C3%A8que+du+port%22+brest&source=bl&ots=fduBHkTjqZ&sig=RCQAmeYrtgK4rgA3COLgKf8X6t0&hl=fr&sa=X&ei=KJhIUridOcnY4QSi6YDwCA&ved=0CFAQ6AEwBzgK#v=onepage&q=%22biblioth%C3%A8que%20du%20port%22%20brest&f=false
- 1848 : Berdelo.
Le 16 juillet 1922, en application de l'article 77 de la loi de Finances le Ministère de la Marine décida la suppression des emplois de conservateurs des bibliothèques des hôpitaux.
SOURCES ET LIENS.
JUNGES (Catherine) : « L’Académie de marine et la diffusion du savoir maritime », en ligne.
DONEAUD DU PLAN, « Histoire de l’Académie de Marine », dans Revue maritime et coloniale, 1878-1882.
LEVOT (Prosper Jean), Histoire de la ville et du port de Brest.
Service Historique de la Défense, Brest : Ms14.
Bibliothèque de l'Académie de marine :http://www.academiedemarine.com/PJ3_ListeAcademiedemarine.pdf
BIBLIOTHEQUES DE BREST : Histoire des collections de la Bibliothèque Municipale de Brest. http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/document-2076
Ce fonds serait aujourd’hui fort mal connu si M. Rémi Le Page, aujourd’hui décédé, n’avait consacré bénévolement de longues heures à le décrire, permettant ainsi à ceux qui le désirent d’accéder aux richesses qu’il recèle.
Sources et bibliographie
Rémi Le Page.- « La bibliothèque de l’Académie de Marine », dans La mer au siècle des encyclopédies, 1987.
Service historique de la défense, département Marine à Vincennes. Manuscrits de l’Académie de marine, 64 à 110.