Les reliques de Saint Thérèse de Lisieux
exposées à la vénération des fidèles
en l'Église Saint-Louis de Brest.
Le reliquaire gothique.
A la demande de Mgr Ravel,évêque du diocèse aux Armées, dans le cadre d'une tournée des aumôneries catholiques militaires de la zone Défense Ouest du 15 janvier au 24 mars, les reliques de saint Thérèse de Lisieux ont été acheminées jusqu'à Brest sous la vigilance de Pierre Josse, Aumonier du Groupement de gendarmerie : arrivées le jeudi 9 février en l'église Saint-Michel, elles ont été exposées à la vénération du public à l'Hôpital Inter-Armées avant d'être placées au centre de la nef de l'église Saint-Louis dimanche 12 février lors de la Grand-Messe présidée par le Curé Doyen, le Père Claude Caill. Pas une place de banc n'est restée libre pour cette cérémonie où les militaires en grand uniforme, leurs épouses et leurs enfants écoutèrent l'homélie du Père Joseph Gstadler, aumônier de marine avant de venir très nombreux autour de la châsse pour y prier, placer une bougie votive ou la photographier.
C'est la troisième fois que ces reliques viennent en Finistère, après 1947 et 2009.
Il ne peut qu'être superflu de rappeler qui fut Sainte Thérèse de Lisieux, elle dont la statue est dans chaque église bretonne, celle qui est vénérée sur les bannières du Finistère (voir : Église de Plogonnec : statues et bannières.), celle dont les oeuvres autobiographiques ont été traduites en breton (revue Imbourc'h), celle dont tant de lycées bretons , tant d'écoles et de collèges portent le nom, celle enfin dont le livre Histoire d'une âmeeût une diffusion populaire extraordinaire.
Disons simplement que Thérèse Martin rentra en 1888 au Carmel de Lisieux où elle prit le nom de Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, qu'elle mourut en 1897 de la tuberculose, et que la sainteté de sa vie et la hauteur de sa spiritualité en fit l'une des plus grandes saintes du XXe siècle, la patronne des Missions, la seconde patronne de la France, reconnue Docteur de l'Église en 1997, et que son pèlerinage à la Basilique de Lisieux est le deuxième en France après Lourdes.
Il paraît plus intéressant, face à certaines confusions parues dans la presse à l'occasion de l'évènement, de préciser ce que l'on entend par "reliques de Sainte Thérèse". Non que quelque colombe m'ai fait don de l'infaillibilité, mais pour partager mes efforts pour m'y retrouver entre Premier reliquaire, Grand Reliquaire, Reliquaire du centenaire, Châsse du Brésil ou Reliquaire Gothique, entre celui qui contient un fémur et un fragment de pied et celui qui contient une vertèbre.
I. Le reliquaire gothique à Brest le 12 février :
Il est placé sur un plateau doté de quatre poignées et de quatre bras escamotables, et protégé par un vitrage. Ce reliquaire est dit "gothique" en raison du travail néogothique de l'orfèvre, qui a réalisé uns sorte de basilique aux arcades de plein cintre surmontées de frontons triangulaires, séparées par des pinacles (arrêtez-moi si je me trompe...) ou tourelles au toit conique, pinacles ou tourillons que l'on retrouve aux coins de la galerie du petit clocher central. Les frontons sont décorés d'émaux quadrilobés, comme le socle. Le caractère gothique est aussi donné par les crochets en volutes foliées qui s'échelonnent le long des pignons, et par les pommes de pin couronnant les palmettes. ( Corrigez-moi, vous dis-je !)
Cet ensemble en or remplit parfaitement sa fonction, celle d'inspirer le respect et de marquer la valeur inestimable de ce qu'il contient.
Des pierres prècieuses rouges, bleues, grenat, sont certies autour du socle.
L'intérieur est composé de trois vitrines : dans les vitrines latérales, une tige sans épine s'évase en quatre roses d'or, pour évoquer le symbole cher à la petite Thérèse et les paroles qu'elle prononçait avant de mourir : "oui, je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre. Après ma mort, je ferais tomber une pluie de roses". Ou bien, elle écrivait dans un poème du 21 janvier 1897 :
"La joie se trouve dans mon coeur
Cette joie n'est pas éphémère,
je la possède sans retour.
Comme une rose printanière,
Je la possède sans retour."
On pense aussi à la rose d'or que le pape Pie XI, ou plutôt son légat, déposa dans la châsse contenant le corps de Thérèse à Lisieux peu après la canonisation du 17 mai 1925.
La vitrine centrale contient , suspendue par une chaîne à un médaillon crucifère, la relique de la sainte : c'est une vertèbre cervicale, et parmi les quatre vertèbre candidate (C3 à C6), il est possible qu'il s'agisse de la troisième vertèbre.
En effet, les minutes du Procès en canonisation de 1916 comportent les constatations de deux médecins, le Dr Alexandre Damasse de Cornière, chirurgien-chef honoraire de l'hôpital de Lisieux, et Paul Loisnel, médecin à Lisieux et chirurgien adjoint à l'hôpital. C'est ce dernier qui, dans sa déposition, précise qu'il a noté que toutes les vertèbres étaient intactes à l'exhumation, qu'il n'existait que onze vertèbres dorsales, mais "seule la troisième cervicale présente un trait de fracture au niveau de son apophyse transverse gauche." Et on constate sur la sainte relique un defect osseux entre les tubercules antérieur et postérieur du processus transverse.
Ce détail n'en est pas forcément un puisqu'il atteste la relique, mais nous serons d'accord pour penser qu'il est bien secondaire pour le coeur du croyant.
Au dessous de l'anneau d'or figure un médaillon à l'effigie de Sainte Thérèse, où elle figure tenant une croix et un bouquet, la tête auréolée de rayons ardents
II. Les autres reliquaires.
Le reliquaire gothique est celui qui est destiné à circuler en France parmi les diocèses. Il ne doit pas être confondu avec le Reliquaire du Centenaire, offert par les diocèses du Brésil.
J'emprunte cette image à http://marcdan.canalblog.com/archives/2011/06/07/21345160.html : au premier plan le "premier reliquaire", puis le reliquaire gothique, puis le reliquaire du Centenaire.
1°) Le Reliquaire du Centenaire.
dit aussi "grand reliquaire" et reliquaire du Brésil"
Il voyage depuis 1994 à travers le monde à la demande des évêques, allant ainsi en 2011 à Dakar, puis en Terre-Sainte de mars à juin, puis à Avignon, puis en Espagne, puis au Pérou.
image : http://www.therese-de-lisieux.catholique.fr
Il est bien reconnaissable du reliquaire gothique car sa vitrine est ronde et qu'il a la forme d'un long dôme aux 9 arcades de plein cintre entourées de colonnades. Il pèserait 100 kg et mesurerait 1,20m.
Il contient un fémur et une partie du pied droit.
Il a été réalisé à la suite d'une souscription collectée par le père Henri Rubillon s.j dans les diocèses du Brésil de 1920 à 1922 qui récolta la somme considérable de 55 000 contos de reis. http://marcdan.canalblog.com/archives/2011/06/07/21340350.html
Grâce à cette collecte, un premier reliquaire fut réalisé par H. Brunet, orfèvre de Paris sur un projet de Charles Tardy, de Caen. Il est en argent, or, onyx et lapis-lazuli et a fait le tour de France après la dernière Guerre, puis a circulé à nouveau à partir d'octobre 1994. Puis un second reliquaire a été réalisé sur le même modèle, mais en bois de rose et argent doré, destiné à contenir les reliques sous le gisant de Thérèse dans la chapelle du Carmel. Les reliques elles-mêmes ont été placées dans ce reliquaire dans un coffret en argent massif doré. Ce deuxiéme reliquaire a été exposé dans la basilique de Lisieux pour la vénération des fidèles lors des manifestations du centenaire de la naissance de Thérèse en 1997, et c'est lui qui est nommé Reliquaire du Centenaire, et qui a circulé en 1998 dans tous les diocèses du Brésil.
2°) Le premier Reliquaire .
Aussi nommé "petit reliquaire"
C'est le premier qui a été réalisé pour les processions du pèlerinage de Lisieux, celui qui fut vénéré par les légats du pape, tel le cardinal Pacelli, futur Pie XII. Il se déplace aussi, puisqu'il a honoré en 2011 l'aumônerie militaire de Paris puis N.D. des Victoires à Paris. http://www.therese-de-lisieux.catholique.fr/Calendrier-du-petit-reliquaire-Statue.html
3°) Le Reliquaire des Bienheureux Zélie et Louis Martin.
Il contient les reliques des parents de sainte Thérèse. Il est placé dans la crypte de la Basilique de Lisieux. Il dispose comme les précédents d'un calendrier qui gère ses déplacements en France, ou parfois en Italie.
Les Reliquaires de la Basilique de Lisieux.
La Basilique possède une crypte, avec le reliquaire de Zélie et Louis Martin, et une basilique supérieure avec "un reliquaire dédié à Ste Thérèse", "offert par Pie XI" (Wikipédia) dont je trouve la photographie ici :http://www.flickr.com/photos/marc_dan/4499893896/in/photostream/
4°) Le Gisant de la Chapelle du Carmel de Lisieux :
Dans la chapelle que connut sainte Thérèse, à laquelle on a ajouté la chapelle de la châsse et la nef latérale, se trouve le "gisant", statue de Thérèse sur son lit de mort réalisée en 1920 par Louis Richomme, le moine Marie-Bernard de la Trappe de Soligny : c'est celui où le légat du pape plaça la rose d'or. Il contient quelques ossements, mais la presque totalité des reliques est contenue dans un coffret placé sous la châsse. Ce coffret est promené en ostension le troisième dimanche de septembre dans les rues de Lisieux. Si j'ai bien compris, ce coffret est le premier Reliquaire, réalisé par Brunet à Paris grâce à la souscription brésilienne, mais je trouve des données contradictoires signalant que ce reliquaire serait en bois de rose;
Les reliquaires mentionnés par le Procès de canonisation.
Celui-ci mentionne huit reliquaires présentés au tribunal , réalisés sauf erreur avant l'exhumation, et contenant :
- La chevelure complète de Thérèse avant qu'elle soit coupèe pour la Vêture.
- une petite dent conservée depuis 1884
- des fleurs en cheveux,
- 5 reliquaires de cheveux.
Face à l'afflux de pèlerins enthousiasmés par la lecture de l'Histoire d'une âme, ou attirés par les récits de conversion ou de miracles ( la guérison de la cécité de reine Fouquet, 4 ans, attira sur la tombe la future Edith Piaf, qui souffrait de kératite : elle fut guérie), des pèlerinages s'organisèrent à Lisieux.
Puis une première exhumation eut lieu le 6 septembre 1910 pour transférer la dépouille de la sainte dans un autre caveau.
Le 10 août 1917, une deuxième exhumation en présence de deux médecins experts permit de placer les restes de la dépouille dans un coffret de chêne sculpté, lui-même placé dans un cercueil de palissandre doublé de plomb. C'est à cette occasion que les docteurs Alexandre Damasse de Cornière et Paul Loisnel firent les investigations anatomiques indispensables.
La tombe de la sainte se trouvait donc toujours inhumé au cimetière de Lisieux. Le 26 mars 1923, il fut procédé au transfert des ossements, désormais considérés comme reliques, vers la chapelle du Carmel de Lisieux, accompagnés de 50 000 pèlerins, 200 prêtres guidés par Mgr Lemonnier. Le lendemain, le Tribunal ecclésiastique présidé par l'évêque de Bayeux procéda à la reconnaissance des reliques : après leur identification, elles furent placées dans le coffret d'argent et le coffret de bois de rose et conservés dans le soubassement en marbre du Gisant.
J'ai cherché à réunir le mieux possible les informations nécessaires à ma compréhension de ce culte des reliques de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jèsus : je ne suis pas certain d'y être parvenu sans erreur : n'hésitez pas à m'aider par vos commentaires. Merci au site marcdan.canalblog.com.