.
Voir :
La liste de tous mes articles sur les papillons.
L'origine des noms du Machaon, le Grand Porte-queue.
L'origine des noms de 89 papillons observés en Bretagne.
.
J'avais vu mon premier Machaon à la pointe de Talagrip ( St Nic) et j'avais appris que ses chenilles se nourrissaient de fenouil, aussi pendant toutes mes ballades côtières de l'été j'inspectais chaque pied de fenouil sauvage, mais en vain : pas de papillon, pas de chenille sur la belle plante vert-anis.
Je me décidais à revenir à Talagrip et la première chose que je vis sur le talus du parking, ce fut une inflorescence de Foeniculum vulgare ( je ne latinise pas pour étaler une science dont je suis dépourvu, mais pour éviter des répétitions lassantes ) et arpentant une tige en la broutant d'un air méditatif, une belle et dodue chenille verte et orange !
Cinq mètres plus loin, c'était une vraie nurserie ...et là encore, et puis là, et là ! Des chenilles de toutes tailles, à tous les stades de développement.
La chenille de Machaon qui vient d'éclore est toute noire. Elle va passer par des mues successives qui vont lui permettre d'atteindre la taille de la chenille adulte, or en deux semaines elle peut multiplier son poids par mille.
L'ensemble de sa maturation de l'oeuf à la chrysalide dure trois semaines dans les conditions optimales.
A un premier stade elle complétera sa tunique noire par des taches rouges sur le dos et une zone plus claire
au milieu lui donnant un aspect de fiente d'oiseau peut-être capable de repousser les prédateurs.
Un autre stratagème pour repousser les intrus, c' est l'osméterium, sorte de limace bifide orange situé derrière la tête et qui surgit en émettant une odeur épouvantable (dit-on, car je n'ai rien perçu) en cas de plan Orsec : j'en obtins le déploiement en la persécutant avec une brindille, et je vis la chenille brandir cette arme en la faisant tournoyer tout en se contorsionnant, mais ce fut très rapide et donc difficile à photographier, d'autant que cette self-défense semble à usage unique.
Puis après la mue elle deviendra verte et noire à points orange en "picots", en gardant sa marque blanche centrale;
En croissant, elle perd cette région blanche et prend une belle livrée vert-anis, à taches noires et orange : elle est prête pour la nymphose.
Pour ma part je constate sur mes clichés un stade où elle présente des rayures blanches et noires qui lui donnent un pelage de tigre et des "picots" jaunes; sa tête est translucide. Ici, on voit l'enveloppe de la mue qu'elle abandonne :
D'autres présentent des picots noirs :
On voit les quatre fausses pattes abdominales à fonction de ventouse, et les valves anales par lesquelles, plus tard, elle se fixera à un support pour débuter la nymphose
La voici en fin d'évolution : vraiment superbe :
On voit ici ses vraies pattes thoraciques, celles qui persisteront chez le papillon.
Deux jours plus tard, elle a fabriqué un petit tampon de soie bien collé à la tige de son ombellifère préférée et y a fixé ses valves anales. Je remarque que toute la tige est manchonnée. Elle a débuté la confection du baudrier avec lequel elle va se suspendre, tel un véliplanchiste à son os à souhait (wishbone en ingliche), à son support.
Le 4 septembre, la métamorphose est complète : c 'est une chrysalide.
Il y a des chrysalides vertes et d'autres grises, peut-être en fonction de la couleur de leur support; il est des chrysalides qui hivernent et d'autres qui libèrent leur reclus après une retraite de trois semaines.
Celle-ci va bientôt prendre une teinte verte à pointes jaunes et à reflets dorés, pour justifier l'étymologie de son nom : du grec khrusos, doré, comme la bouche de St Jean Chrysostome.
Le 5 septembre, le processus se poursuit. Mais je trouve son amarrage bien fragile et mal fagoté: elle pivote de droite et de gauche dés qu'on remue un peu la tige, je ne voudrai pas me mêler de ce qui ne me regarde pas ni me permettre de dire qu'elle semble filer un mauvais cocon mais comment ce bout de ficelle dont elle s'est ceinturée va-t-il résister au coups de vent de septembre?