Un blog qui se nomme lavieb-aile et qui abuse un peu du plaisir d'écrire se doit de se chercher un emblème qui allie l'aile et la plume: par exemple, un représentant de la gente ailée venant dicter sa prose à l'oreille de l'auteur, tel que je l'ai trouvé à la Pinacothèque de Sienne :
Ou bien, plus modestement, un âne (et chacun a pu constaté que l'auteur est un "asino" ) qui viendrait se placer sous la douche dorée de l'inspiration déversée par une bonne colombe ?
Hi Han, Hi Han, bête certes, mais gourmand, je poursuis l'autoportrait :
Des ailes, une paire d'ailes qui viennent me tendre l'encrier, voilà ce qu'il me faut :
Oui, oui, tout cela est bien, mais trop riche en auréoles, pêchant par trop d'or, de myrrhe, et d'encens : n'y a-t-il pas un animal tout simple qui veuille bien me servir de stylo ? Eh bien, figurez-vous que j'ai le choix : même si j'écarte tous les oiseaux indubitablement porte-plumes, je peux choisir soit un papillon, le Sphinx plumet surnommé le Porte-plume Ptilophora plumigera,choix qui est séduisant, mais que j'écarte au profit d'une jolie mouche, une Syrphide plus exactement, qui obtient mes faveurs :
C'est le Syrphe porte-plume, Sphaerophoria scripta (Linnaeus, 1758) qui sera le Pierrot qui me prêtera sa plume, et si je jette sur lui mon dévolu, c'est qu'il accompagne toutes mes balades actuelles, au cours desquelles je ne cesse de le voir sur chaque pétale de marguerite. Un Syrphe, donc un roi du vol stationnaire, recherchant le soleil et le nectar des fleurs, jaune et noir, aux ailes plus courtes que l'abdomen, aux antennes jaunes, à la face jaune,au thorax remarquable par son allure de bouclier d'airain poli encadré de parenthèses jaunes, et par son scutellum jaune également. Il pond ses oeufs dans les colonies de puceron car sa larve en raffole, et cette aphidiphagie (compulsion à manger des pucerons) la rend fort sympathique aux jardiniers.
Le mot latin sphaera (qui reprend un mot grec) signifie ...sphère, et sphaeraphora, le porte-sphère.
Scripta signifie "qui a été tracé, écrit". Il se référerait aux marques noires du bout de l'abdomen, qui sont différentes selon les individus. Pour ma part, ce qui évoque le plus l'écriture chez cette mouche de moins de 10mm, c'est la manière élégante qu'elle a de s'incliner à 45° sur les fleurs, avec la même inclinaison que le porte-plume sur la feuille.
Selon Alain Ramel, seuls les mâles mérite l'appellation Syrphe porte-plume, les femelles pouvant toujours se faire appeler Sphaérophore notèe, ce qui n'est pas mal non plus ; seul les mâles ont l'abdomen cylindrique, rond comme un crayon de couleur, les femelles ayant un peu d'embonpoint au niveau du ventre et l' extrémité de l'abdomen terminée en pointe.
Je pense n'avoir photographié que des mâles: on les reconnaît aussi à leurs yeux, qui sont rapprochés, et à un demi-ballon qu'ils portent sous l'extrémité de l'abdomen : ce sont leurs genitalia, leurs humbles génitoires, particulièrement développès. Voilà donc l'explication de ce nom de sphaerophoria !
Leur langue ou trompe, nommée proscobis, est courte (2, 47 mm selon le pied à coulisse) et ne leur donne accès qu'aux calices les moins longs : ceux des composées, des renoncules, des rosacées, ou des ombellifères. Il recherche le nectar et le miellat, mais aussi le pollen qui augmente considérablement leur espérance de vie : c'est l'occasion de vous envoyer voir le très beau site SylvieScope qui vous dira tout sur le Sphaerophoria scripta :
http://www.sylviescope.com/sphaero/12.html