La Vierge couchée (XVe siècle) de l'église Saint-Thomas-de Canterbury à Landerneau.
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Cette sculpture, un bas-relief teinté de chêne avec rares traces de polychromie (rouge au creux de quelques plis de la robe) mesurant 116 cm a été classée M.H. le 14 mai 2015, après sa restauration. Elle a longtemps été placée dans le porche de l'église, et donc exposée à des variations d'hygrométrie et de température qui expliquent en partie la perte du décor polychrome. C'est dans ce porche que le chanoine Abgrall et Peyron la décrivent en 1917 :
"Dans le petit porche qui est à la base de ce clocher, au-dessus de la porte qui donne entrée dans l'église, est creusée une arcade ou niche très large, dans laquelle est un personnage couché et qui semble être la Sainte Vierge, dans le mystère de Bethléem, comme à la porte principale du Folgoët et au porche de La Martyre. Mais ici, comme à La Martyre, l'Enfant-Jésus, qu'elle tenait sur sa poitrine, a disparu." (BDHA Quimper, 1917)
Selon Jean Bozec (APEVE) " Elle aurait séjourné en 1795 à la chapelle des Anges avant un déplacement dans le porche de Saint-Thomas."
Un cartel placé dans l'église la désigne sous le terme de "Vierge parturiente", mais la définition de l'adjectif parturiente, du latin parturio "accoucher" est : "qui met bas, qui accouche, qui enfante", ce qui n'est pas, bien-sûr, le cas ici. Louis Réau utilisait l'expression "Vierge en gésine sur son lit d'accouchement" ou Maria im Wockenbette. Le terme de "femme en couche" est ambiguë car il désigne (CNRTL) la période d'allaitement qui suit l'accouchement, mais aussi l'accouchement lui-même. Le terme médical de post-partum désigne, lui, la période s'étendant de l'accouchement jusqu'au retour de couche, c'est à dire le retour des règles : il n'impose pas la position couchée. Je donne donc ma préférence à la description stricte de ce qui nous est donné à voir, et j'utilise le terme de "Vierge couchée".
Voir la description des Vierges couchées de Bretagne dans mon article
Cette Vierge couchée de Landerneau se rapproche de celle du tympan du porche de la basilique du Folgoët (1423), et, par le même atelier mais un peu plus tardive, de celle du tympan du porche de l'église de La Martyre (1450-1468) : les trois œuvres sont du XVe siècle, et Landerneau est séparé du Folgoët de 17 km , et de La Martyre de seulement 9 km.
Voir le porche de La Martyre ici :
Au Folgoët, saint Joseph est assis au chevet de la Vierge alitée. A La Martyre et à Landerneau, il est assis au pied du lit ; mais la tête de Joseph a disparu de la sculpture de l'église Saint-Thomas.
Dans les trois œuvres, la Vierge est adossée à un oreiller à glands bien visibles. Dans les trois cas, elle est en appui sur son coude droit, tandis que le bras gauche entoure l'Enfant. Ce dernier n'est plus visible dans la sculpture de Landerneau, mais on estime qu'il devait être fixé par les trois tenons dont les trous sont encore visibles à la base.
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Un voile assez court couvre la tête et les épaules de Marie. Un calme méditatif émane de ses yeux et de son demi-sourire. Le bras gauche trace une courbe gracieuse. Le plissé du drap, de la couverture et du voile s'accordent ensemble pour créer des mouvements d'une grande douceur. C'est beau !
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SOURCES ET LIENS.
Source principal : le cartel placé à coté de la sculpture.
Topic-topos indique à tort "XIIIe siècle".
http://fr.topic-topos.com/vierge-couchee-landerneau
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