Le gisant d'Yves Bervet, sieur du Parc (kersanton, Roland Doré, 1640), au Musée départemental breton de Quimper.
.
Sur les gisants, voir (approximativement par ordre chronologique) :
-
L'enclos paroissial de Dirinon VI: le gisant de sainte Nonne (vers 1450).
-
Le gisant d'Olivier de La Palue au château de Kerjean (Saint-Vougay), (vers 1505).
-
Le gisant de François de Tournemine (Maison prébendale de St-Pol-de-Léon) et son soubassement à Landivisiau. (XVIe siècle)
-
Le gisant de Troïlus de Mondragon au Musée Départemental Breton de Quimper (vers 1545).
-
Le gisant (kersanton, XVIe siècle) de Gilles de Texue au château de Brest (Musée de la Marine).
-
La tendre main de l'ange et le sommeil éternel : les treize gisants du cloître de la cathédrale de Tréguier. (dont 3 gisants de Roland Doré)
-
Seigneur de Sainte-Marie du Mont, et ami de Henri IV "mon cousin" Henri-Robert Aux-Épaules. (1607)
-
Le gisant de Jacques Barbier (kersanton, Roland Doré, 1638) au Musée du Léon de Lesneven .
et aussi ailleurs :
-- Le gisant du seigneur de Liscoët en Botquélo (22), limite XIV-XVe.
-- Le gisant de Perronelle de Boutteville et Bertrand de Trogoff (église Notre-Dame-de-l'Assomption au Faouët par l'atelier du Folgoët. Début XVe, granite, h. 1,70, 1. 0,86. Gisants représentés sur un lit funéraire : à gauche, personnage masculin (Bertrand de Trogoff?), coiffé en calotte, vêtu d'une armure; à droite, personnage féminin (Perronnelle de Boutteville,?) portant une coiffure à cornes.
-- Le tombeau de saint Jaoua à Plouvien par l'atelier du Folgoët.
--Le tombeau du chanoine de Nantes Laurent Richard en l'église de Plouvien vers 1555.
-- Le gisant gisant d’Auffray du Chastel (kersanton, Roland Doré, XVIe )
.
PRÉSENTATION : LA SCULPTURE TUMULAIRE DE ROLAND DORÉ.
(D'après Le Seac'h).
L'atelier de Roland Doré (1618- Plouedern 1663), tailleur de pierre et sculpteur établit à Landerneau pour bénéficier de l'arrivée par voie fluviale du kersanton, pierre extraite sur les rivières de Daoulas et de L'Hopital-Camfrout en rade de Brest, est le plus renommé des ateliers de Basse-Bretagne pour le XVIIe siècle. On trouve les œuvres de ce sculpteur d'exception, "Michel-Ange du kersanton", dans plus de 82 paroisses, essentiellement dans le Léon et le nord de la Cornouaille. Il a exercé pour des commandes religieuses (statues, croix et calvaires), mais neuf gisants d'hommes d'armes et quatre statues en pied témoignent de son activité dans le domaine profane.
Ses neuf gisants se concentrent autour de Saint-Brieuc pour six tombeaux, et dans le Finistère pour les trois autres. Ce sont :
-
Gisant de Guillaume de Rosmadec, vers 1608. Chapelle Notre-Dame-de-la-Cour, Lantic (22). Ce serait la plus ancienne.
-
Gisant de la famille de Bois-Boissel. Angle sud-est du cloître de la cathédrale de Tréguier (22).
-
Deux gisants des Bréhant. Cloître de la cathédrale de Tréguier (22).
-
Gisant de Thébault de Tanouarn, vers 1655. Enfeu du transept nord de l'église de Plérin (22).
-
Gisant de Gilles de la Noë. Conservé au château de Keranroux à Ploujean (29) mais provenant de l'église de Plounez (fusionné avec Paimpol (22).
-
Le gisant de Jacques Barbier, seigneur de Kernaou à Ploudaniel. 1638.Conservé au Musée du Léon de Lesneven (29).
-
Gisant d'Auffray du Chastel, vers 1638. Musée départemental breton de Quimper, venant de l'église Saint-Théleau de Landeleau (29).
-
Gisant d'Yves Bervet, sieur du Parc (1640). Musée départemental breton de Quimper, venant de la chapelle Saint-Eutrope de Plougonven (29).
Dans tous les cas, les gisants de kersanton sont allongés, les mains jointes, vêtu de la même armure Louis XIII au col à plis empesés en ailes de chauve-souris, les pieds posés sur un lion ou un lévrier, et l'épée au coté gauche. La tête repose sur un "carreau" ou coussin à pompons, rarement soutenue par des anges. Ils affichent un visage serein, les yeux clos dans la tradition médiévale avec une chevelure bouclée semblable à une perruque qui s'étale sur les cotés. Une fine moustache ombre la lèvre supérieure et un toupet taillé en pointe sur le menton rappelle la coiffure des mousquetaires sous Louis XIII. Un blason est parfois présent contre le bras gauche, mais les armoiries et des inscriptions sont gravés sur les flancs du monument. Un bénitier est présent dans deux cas.
Les gisants ne sont pas personnalisés, ils donnent du défunt une image idéale du seigneur dans sa fonction militaire à la fleur de l'âge : les visages, les armures et les postures sont les mêmes dans tous les cas. Seuls différent les éléments héraldiques.
.
Le gisant d'Yves Bervet.
.
"Le tombeau d'Yves Bervet, sieur du Parc, mort en 1640 est exposé dans les collections du Musée Départemental Breton de Quimper dans la même salle que le gisant de Troïlus de Mondragon. Il était à l'origine au cimetière de la chapelle Sainte-Eutrope à Plougonven dans le diocèse de Tréguier. Le gisant reposait sur un caisson constitué de plaques de kersanton dont les parties centrales des cotés étaient ornées de deux anges tenant un blason. Aux pieds du gisant est creusé un bénitier. Bien que ce soit un des tombeaux les plus complets parvenus jusqu'à nous, il a été démonté, et le musée n'en présente plus que le gisant, son chien et les parties latérales et médianes. Les armoiries des Bervet, d'argent à trois jumelles surmontées d'une étoile de même sont en alliance avec celle des Le Duc de La Biardais, d'azur, à trois étoiles, et celles des Huon de Kergadou d'argent à trois chevrons de gueules, une fasce d'azur brochante, sur l'autre. Sur la partie médiane, sous le chien, le bénitier est gravé des armoiries des Bervet surmontées du collier de l'ordre de Saint-Michel. Les mêmes armoiries se retrouvent sur le bouclier du gisant." (E. Le Seac'h page 225).
Aucune inscription ne précise l'identité du défunt.
.
.
Biographie et éléments généalogiques et héraldiques.
Yves LE BERVET (1579-1641), écuyer, seigneur de Kergadou et de Garspern, maire de Morlaix en 1615, chevalier de Saint-Michel, né en 1579, et décédé le 21 août 1641 à l'âge de 62 ans, fut enterré dans l' église paroissiale de Plougonven.
Il était le fils de François LE BERVET, seigneur de Toulanlan 1549-ca 1630 et de Catherine de May, dame de Toulalan. François Le Bervet était, en 1600, jurat de la communauté morlaisienne et, en 1608, receveur des ports et havres de Morlaix. Ce dernier demeurant en son manoir de Manachty en la commune de Plufur, fut autorisé par un arrêt du 12 novembre 1614 de la Cour du Parlement de Bretagne, à reprendre le nom de "du Parc" quitté par Tristan du Parc, fils de Philippe du Parc, seigneur du Parc, par son mariage, en 1405, avec Claudine Le Bervet.
Il épousa le 5 Janvier 1605 Marie HUON, fille et unique héritière de Guyon HUON, seigneur de Kercadou.
Leur fils aîné François DU PARC ou Le Bervet, (Plusquellec,1608- manoir de Rosampoul en Plougonven, 1678),fut conseiller du roi au Parlement de Bretagne en 1634-1673- Il épousa Marie LE DUC DE LA BIARDAIS en 1634 dont il avait deux fils : Jean (1641-1720, conseiller au Parlement de 1673 à 1699) et Joseph (mort en 1730).
Selon Courcy, :
Duc (le), (orig. du Maine), sr de la Massais, — de la Biardais, — de la Forêt-Neuve. D'azur à trois étoiles à sept rais d'argent. Marc, président aux enquêtes en 1618 ; Jean, son fils, conseiller au parlement en conseiller au parlement en 1643. Fondu dans du Parc-Kergadou.
.
Conclusion.
Le tombeau porte les armes d'Yves LE BERVET, mais aussi de son fille Jean DU PARC et de l'épouse de celui-ci, Marie LE DUC DE LA BIARDAIS. Cela incite à penser que c'est son fils qui a commandité cet ouvrage tumulaire par contrat avec Roland Doré, ou du moins qu'il a participé à cette commande (au plus tôt après 1634).
.
.
.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
— CHAURIS (Louis), 2010, Le kersanton, une pierre bretonne, Presses Universitaires de Rennes, 244 p.
https://journals.openedition.org/abpo/2187
— GUICHOUX (Jean), 2016, L’église de Landeleau et l’étonnante histoire de la tombe au gisant d’Auffray du Chastel KAIER AR POHER N° 52 – Mars 2016
http://www.plouye-poher.fr/ressources/files/rub/pdf/66.pdf
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Description matérielle : 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm. Description : Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395. Édition : Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014. Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page et Fañch Roudaut pages 222-226.
.
.