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27 août 2022 6 27 /08 /août /2022 13:55

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan.

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Voir dans ce blog :

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—Sur l'art tumulaire hors Bretagne:

 

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— Sur les gisants de Bretagne, voir (approximativement par ordre chronologique) :

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—Hors de ce blog :

 

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PRÉSENTATION.

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L'église Saint-Malo de Dinan renferme, alignés sur le bas-côté nord, quatre gisants. Celui de l'abbé Guillaume de Lesquen est le quatrième.

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Plan de l'église Saint-Malo, le gisant de l'abbé Lesquen est le n°4

 

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Il provient de l'abbaye de Beaulieu, commune de Languédias (22), dont il a été l'abbé au XIVe siècle. En effet, nous disposons de cette description de 1791 : 

«Dans l'église de l'abbaye de Beaulieu, nous est apparu dans le chœur, du côté de l'évangile, un tombeau, sur lequel est une statue en pierre de grain fin représentant un abbé crossé; ce tombeau est enfoncé dans le mur. Au dessus de ce tombeau est une pierre de grain aussi adossée au mur, sur laquelle est une épitaphe en écriture gothique, et sur une autre pierre, aussi en dessus du même tombeau est un écusson écartelé de 12 pièces, dont 6 unies et les 6 autres chargées de 3 hermines, chacune disposée 2 et 1 [famille Le Bouteiller].

Dans la chapelle collatérale placée à gauche en entrant dans l'église, du côté droit d'icelle sont deux tombeaux enclavés dans la muraille, sur lesquelles sont deux statues entières et en pierre de grain, représentant deux abbés en habits sacerdotaux et au dessus de celui plus près du bout de la chapelle, est un écusson de pierre de grain, chargé de trois canettes ou oisons, deux en chef, l'autre en pointe [famille Lesquen]." (Description des monuments intéressants qui se trouvent dans l'église abbatiale de N.-D. de Beaulieu, rédigée le 30 juillet 1791, par François Cahurel, homme de loi, nommé commissaire par le district de Broons (Archives C.-du-N., série Q, églises et chapelles) )

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 L'abbaye Notre-Dame de Beaulieu fut fondée dans la paroisse de Mégrit vers 1160 ou 1170 par Rolland de Dinan, seigneur de Bécherel 2e fils de Geoffroi de Dinan pour des Chanoines réguliers de saint Augustin à l'époque où le diocèse de Saint-Malo était dirigé par l'évêque Albert.  Elle était autrefois très considérable à cause de la grande étendue de ses fiefs. On ne nommait à cette Abbaye que des personnes de Maisons distinguées, lesquelles étaient souvent à la Cour des Ducs de Bretagne, & y possédaient des charges.

L'abbaye fut supprimée en 1791, elle n'hébergeait plus que trois chanoines.  Le directoire du district de Broons établit alors l'état de lieux de l'abbaye, ne concernant que le mobilier.

J'ai présenté cette abbaye dans mon article sur les gisants de la cathédrale de Tréguier. En effet, le cloître de la cathédrale conserve quatre gisants des abbés de Beaulieu. Il faut ajouter à cette liste celui d'Alain de Vitré [gisant n°5 de Tréguier, le plus ancien, datant vers 1220], provenant de l'abbaye, et le gisant de Roland de Dinan, fondateur de l'abbaye, conservé aujourd'hui dans l'église Saint-Sauveur de Dinan.

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 Si on considère la liste des abbés de Beaulieu dans le créneau temporel qui nous occupe, on trouve  (je mets en gras les gisants identifiés et présents à Tréguier) :

Abbés en fonction  en l'abbaye :

  • vers 1300-1350 : gisant d'un chanoine non identifié. gisant n°7 de Tréguier.

  • vers 1363-1390 : Guillaume de Lesquen

  • 1391-1405 : Guillaume V du Val

  • 1406-1426 : Guillaume VI du Flo gisant n°3

  • 1426-1467 : Guillaume VII Boutier gisant n°2

  • 1470-1476 : Marc Gruel [peut-être le gisant n°1]

 Abbés commendataires (percevant les bénéfices)

  • 1487-1517 : Guy le Lyonnais mort en 1528 ; gisant n°6.

  • 1517-1545 : Mathurin Glé ;

 

 

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Les armoiries de sable à trois jards d'argent membrés et becqués de gueules qui permettent de l'identifier (malgré l'absence des couleurs) sont  visibles sur le gisant, dans un écusson placé entre les deux pantoufles de l'abbé. Le sculpteur ne manque pas d'humour puisque la pantoufle gauche est mordillée par un petit chien, dans une scène de genre touchante et familière. Un autre petit chien, à droite, est orienté tête vers l'extérieur.

D'ailleurs, l'ensemble de la sculpture est d'un style très particulier, bien différent de celui des autres gisants à la dignité stéréotypée. Certes l'abbé est allongé sur le dos, mains jointes, dans sa chape et sa robe monastique aux plis en bec. Mais ces plis sont, de façon invraisemblable, transfilés par une bande, sans doute une étole. 

Certes  son visage longiligne est austère, on ne peut dire si les yeux sont ouverts ou clos, mais  la  bouche aux lèvres pleines esquisse, comme dans un rêve doux, un demi-sourire. 

Le crâne tonsuré forme avec le visage en ovale une drôle de noisette, et le cou est excessivement mince, surgissant au milieu d'une encolure béante. L'abbé a oublié sa mitre. Il porte au poignet gauche le manipule.

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Le plus curieux est le personnage qui l'assiste à sa droite, et qui tient des deux mains, comme un contrebassiste, un instrument plus grand que lui. La crosse, tenu selon les usages à droite, bien-sûr, mais une crosse bien curieuse, dont la hampe est remplacée par des plis évasés, et où s'entrecroisent deux rubans.

Cet acolyte ne ressemble pas à un clerc, avec son chapeau de feutre, ses cheveux mi-longs, sa tunique courte au dessus de chausses modelant les jambes.

Donc, celui-ci tient la crosse. Mais que fait ce personnage féminin qui, à la gauche de l'abbé, arrange d'une main le coussin, et retient de l'autre son manteau-voile ? Dans la tradition, ce sont des anges qui s'occupent du coussin du dernier sommeil.

Les deux assistants semblent des sosies de l'abbé, car ils ont le même visage oblong. N'est-ce pas assez comique ?

Si on compare ce gisant à celui de tout les gisants des abbés de Beaulieu, sa profonde originalité ne peut que nous frapper. Cela la rend très attachante à mes yeux.

 

Une notice rédigée par le Musée de Dinan signale ces particularités en les qualifiant d'imperfections.

« les imperfections sont nombreuses sur cette œuvre à commencer par le traitement assez grossier du visage ou encore l'animation du drapé du costume, maladroitement restitué à travers une série de vagues sans finesse. Deux petits personnages prennet place de part et d'autre du corps. Celui de droite soutient le coussin sur lequel repose la tête de Guillaume tandis que celkui de gauche porte un bâton sculpté, probablement la crosse de l'abbé." (Focus, cf. Sources)

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L'abbé Guillaume de Lesquen a un homonyme dans sa famille, Guillaume de Lesquen, seigneur de Lesquen en Pluduno, né vers 1330, marié en août 1364 avec Jeanne Aimée du Parc ca 1335.

Les généalogistes mentionnent aussi son fils Guillaume, seigneur de Lesquen, 1365-ca 1425.

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Les quatre gisants de  l'église Saint-Malo de Dinan. Photo lavieb-aile août 2022.

Les quatre gisants de l'église Saint-Malo de Dinan. Photo lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Les armoiries :

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Au dessus des armoiries, le triangle sculpté de feuilles et glands de chênes correspond à l'extrémité de l'étole.

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Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

Le gisant (granite, vers 1363-1390) de Guillaume de Lesquen (mort vers 1390), abbé de Beaulieu en Languédias. Église Saint-Malo de Dinan. Photographie lavieb-aile août 2022.

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SOURCES ET LIENS.

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— Focus Gisants, 2018 Brochure 16 pages - Villes et Pays d'Art et d'Histoire Ville de Dinan

https://issuu.com/caracteresgraphic/docs/16_pages_focus_gisants

L'abbaye de Beaulieu.

https://www.genealogie22.org/sites/racines_galleses/abbaye_beaulieu_languedias.htm

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_de_Lesquen

http://poudouvre.over-blog.com/2018/02/notes-sur-la-famille-de-lesquen.html

https://gw.geneanet.org/claudie23?lang=fr&n=lesquen&oc=0&p=guillaume+de

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Published by jean-yves cordier - dans Gisants Monument funéraire Sculptures
24 août 2022 3 24 /08 /août /2022 14:26

Les gisants ou dalles funéraires (granite, premier quart du XVe siècle) de Bertrand de Trogoff et  de Perronnelle de Boutteville  en l'église du Faouët (56).

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Voir les autres articles sur le patrimoine du Faouët:

a. Les articles sur la chapelle Saint-Fiacre :

b. Les vitraux de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët:

c. Chapelle Saint-Sébastien

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PRÉSENTATION.

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Dans le bras sud du transept d l'église Notre-Dame-de-l'Assomption, près de l’autel de la Vierge, se trouve un couple de « gisants debout ». Il s’agirait des statues funéraires de Bertrand de TROGOFF, seigneur de TROGOFF-MOYSAN, et de Perronnelle de BOUTTEVILLE. Les dalles sont adossées et scellées, en léger oblique, à un support de maçonnerie. 

Les BOUTTEVILLE, d’origine normande, étaient seigneurs du Faouët depuis 1340, et leurs armes se retrouvent dans les chapelles de Sainte Barbe, de Saint Fiacre et autres. Ces gisants sont  classés au titre d'objet depuis le 7 décembre 1912.

Les dalles mesurent  174 cm de haut, 86 cm de large et 29 cm de profondeur.

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À l’origine, le tombeau de Péronnelle et Bertrand, devait se trouver à l’intérieur de l’église dont les BOUTTEVILLE étaient les fondateurs et prééminenciers. Aujourd’hui, ces deux gisants sont séparés d’une partie de leur tombeau qui se trouve à l’extérieur de l’église au sud, près de la croix, dans l’ancien cimetière. Il porte les armes des familles BOUTEVILLE et celles à trois fasces des TROGOFF.

Ce tombeau comportait un socle rectangulaire, orné sur les côtés d'arcades trilobées , et sculpté sur la face Sud de deux blasons avec à gauche les armes des Boutteville et à droite les armes à trois fasces attribué a priori aux Trogoff. Il  portait les deux gisants jusqu'à l'incendie qui, en  1917, a ravagé l'église. À cette date ils furent déposés à l'intérieur de l'église . Le seul couple liant les familles de Boutteville et de Trogoff est celui de Bertrand de Trogoff et de Perronnelle de Boutteville. Le tombeau est toujours présent à l'extérieur.

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cliché éclairci de : "© Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion RMN-GP"

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Armoiries d'argent à trois fasces de gueules de Trogoff, Wikipédia, par Yricordel

 

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Armoiries d'argent, à cinq fusées de gueules accolées et rangées en fasce des Boutteville. Wikipédia.

 

 

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Attribution.

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Emmanuelle Le Seac'h date ce monument funéraire vers 1425, et l'attribue  au premier atelier ducal du Folgoët, qui a réalisé au Faouët le porche sud de la chapelle Saint-Fiacre vers 1450, ainsi que le retable de Saint-Sébastien entre deux archers et des statues d'un personnage en armure, de sainte Catherine et de Marie-Madeleine, conservées dans la chapelle.

 

Rappel : Un premier atelier ducal attaché à la collégiale du Folgoët a travaillé entre 1423 et 1509, réalisant notamment l'autel des Anges, les Anges des façades, le porche des Apôtres, le tympan du porche occidental et de nombreuses statues de la collégiale du Folgoët, mais aussi le porche sud de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, le calvaire et le porche de Notre-Dame-de-Rumengol, le porche sud de l'église de La Martyre, la chapelle Notre-Dame du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon, le gisant de Sainte-Nonne dans l'enclos paroissial de Dirinon, le gisant de Jean de Kérouzéré dans l'église Saint-Pierre de Sibiril, plusieurs statues de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas, des sculptures en ronde-bosse à Kernascléden, Saint-Fiacre du Faouët, Quimperlé, etc.

Un second atelier ducal, qui a fonctionné entre 1458 et 1509 a réalisé entre autres le porche sud de Saint-Herbot et le porche de l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Plourac'h.

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Description par Emmanuelle Le Seac'h.

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L'exercice de copie qu'exige la citation de ce texte est un hommage à sa qualité remarquable, aux capacités d'attention aux détails et de déductions de cette auteure.

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"Les drapés des statues de sainte Catherine d'Alexandrie et de saint Marie-Madeleine sont similaires à ceux des gisants en granite de Perronnelle de Boutteville et de Bertrand de Trogoff de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption. Ils sont conservés à l'intérieur de l'église dans le transept sud depuis l'incendie de l'église en 1917. Le socle en granite se trouve à l'extérieur, entre le bras sud et le porche. Deux blasons sculptés sur la face antérieure permettent d'identifier les personnages avec à gauche les cinq fusées des Boutteville et, à droite, probablement les trois fasces des Trogoff.

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Cliché Le Seac'h CD 99, recadré.

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Les deux gisants se tiennent les mains jointes, leur tête reposant chacune sur un coussin agrémenté de pompons. Le personnage masculin porte des canons d'arrière-bras et d'avant-bras avec les articulations des coudes et des épaules protégées par des cubitières et des épaulières hémisphériques. Un vêtement de corps au col en V est recouvert par un plastron dont le bas semble articulé par des tassettes en forme de bandes horizontales. Les cuisses et les mollets solides sont similaires à ceux du saint Sébastien et du saint en armure de la chapelle Saint-Fiacre. Les lèvres fines, les yeux bridés et l'hélix développé sont conformes aux conventions stylistiques du premier atelier du Folgoët.

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Cliché Le Seac'h : la statue d'homme en armure conservée à la chapelle Saint-Fiacre.

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La femme porte une robe longue à l'encolure en V resserrée à la taille par une ceinture lâche dont la boucle rectangulaire tombe sur le côté. Les plis imitent un tissu de texture épaisse par leur tombant régulier et parallèle en cônes cachant presque les pieds. Seul un petit bout pointu de pied gauche dépasse de la robe. La poitrine est plate par opposition à l'abondance de plis verticaux sur la jambe. 

Elle porte une coiffure à cornes dont la mode perdura jusqu'en 1425 (C. Enlart, Manuel d'archéologie), ce qui permet de dater cette sculpture du premier quart du XVe siècle et place cette sculpture et celles  des deux saintes de Saint-Fiacre dans les premières faites par l'atelier."

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Cliché Le Seac'h : les deux statues de saintes conservées à la chapelle Saint-Fiacre.

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Gisant de Bertrand de Trogoff et Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff et Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff et Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff et Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Bertrand de Trogoff, seigneur de Trogoff en Plouegat-Moysan et seigneur de Callac , décédé en 1406), écuyer, est  couché sur le dos, les yeux ouverts, la bouche affichant un léger sourire, et les mains jointes. Ses cheveux épais sont coupés "au bol", en calotte, selon l'usage des chevaliers de l'époque. Il est  en armure compète, portant l'épée ceinte du côté gauche par un baudrier et la dague suspendue à la ceinture du côté droit.

Il était le fils d'Éon ( décédé en 1400), chevalier, seigneur de Trogoff  et de Marguerite de Léon, dame de Frémerville Il eut deux filles de son mariage avec Perronelle de Boutteville : Jeanne, dame de Trogoff qui épousa Olivier de Plusquellec ( - 1444), chevalier, et  Marguerite qui épousa Jean du Mur, écuyer.

 

 

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Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Bertrand de Trogoff, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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Perronnelle de Boutteville était la fille de Jean de BOUTTEVILLE, décédé en 1340, et d' Andrée de La RIVIÈRE. Son frère aîné était Bizien de BOUTTEVILLE, seigneur du Faouët , marié avec Jeanne de QUELEN (décédée en 1426).

Ses yeux sont ouverts, ses mains jointes devant la poitrine. Elle porte, sur un front épilé,  un hennin à double cornes orné d'un médaillon. Sa robe au décolleté en V est, comme c'est l'usage, très ajustée au dessus de la taille, puis plissée en dessous. Une ceinture large, à long passant sous la boucle, est portée descendant sur le côté gauche.

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Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

Gisant de Perronnelle de Boutteville, granite, début XVe siècle. Église du Faouët. Photographie lavieb-aile août 2022.

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SOURCES ET LIENS.

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 — LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. Pages 69 et 314.

 

 

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https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM56000259

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM56002599

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/eglise-paroissiale-notre-dame-de-l-assomption-le-faouet/5c1b4e15-12c3-4d76-9fa5-8df7888511ab

https://www.google.fr/books/edition/Revue_historique_de_l_Ouest/2ZwsAAAAYAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22Bertrand+de+Trogoff%22&pg=PA346&printsec=frontcover

https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=de+trogoff&oc=0&p=bertrand

https://man8rove.com/fr/blason/yk0xq22-bouteville

https://man8rove.com/fr/blason/ii6a2o-trogoff-olim-lanvaux

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Le_Faou%C3%ABt_gisants.JPG

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Blason_fam_fr_de_Trogoff.svg

https://www.lefaouet.fr/tourisme-culture-patrimoine/patrimoine/eglise-dame-de-lassomption/

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Monument funéraire Gisants
25 juin 2022 6 25 /06 /juin /2022 18:46

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan.

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— Voir sur Runan :

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— Voir sur l'art tumulaire hors Bretagne:

 

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Sur les gisants de Bretagne, voir (approximativement par ordre chronologique) :

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Hors de ce blog :

 

 

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PRÉSENTATION.

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Ce gisant en pierre est placé dans l'angle sud-ouest de la nef, à droite de l'entrée, à l'angle de la tour, dans un endroit assez sombre et empoussiéré, et le recul nécessaire à son examen est limité par la présence d'une ancienne cloche conservée devant lui. 

Il était placé jadis, selon Monnier, au centre du bas-côté sud ; un couple de seigneur y est représenté mais leurs  visages  ont été martelés à la Révolution, de même que tout indice d'identification. Les propositions n'ont pas manquées, et Benjamin Jollivet avait suggéré d'y voir le tombeau de Jean V et de sa femme Jeanne de France, tandis que J.-M. Luzel suggérait d'y voir les seigneurs de Lestrezec, ou Monnier ceux de Kerambellec.  En 1936, René Couffon, toujours péremptoire, n'affirme y distinguer "encore nettement" les armes des du Parc de la Roche-Jagu. Puisque le tympan de la maîtresse-vitre porte les armes en prééminence de Henry du Parc d’azur au léopard d’or, brisé d’un lambel de gueules et et de Catherine de Kersaliou  d’argent à trois fasces de gueules au lion brochant, cela lui permit d'affirmer, dans une publication aussi sérieuse que celle de la Société archéologique de France, qu'il s'agissait du gisant de ce couple, dont l'épouse est décédée en 1433. C'est ce qu'on retrouve aujourd'hui repris partout.

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Ou presque. Seven Lemaître, dans la 173e cession du Congrès archéologique de France de 2015, ne cite son prédécesseur devant le même Congrès qu'avec prudence et au conditionnel. Pas plus que moi, il ne semble avoir pu constater  les armoiries des du Parc. Voici sa description :

"René Couffon a cru reconnaître l'écu de Henri du Parc seigneur de la Roche-Jagu, cité en 1421 comme garde de la foire de Saint-Barnabé  en Runan. Il serait accompagné de sa femme Catherine de Kersaliou, décédée en 1433, dix ans après son mari. Elle est enterrée le 15 novembre 1433 à Runan (René Couffon, "La Roche-Jagu", Soc. d'Emul. des Côtes-du-Nord p. 38). 

Leurs têtes reposent sur des coussins tenus par des anges. Henri du Parc, écimé,  porte une armure de plates complètes aux genouillères bien tracées et Catherine de Kersaliou porte une longue robe au drapé lourd et  ceinturée au dessus de la taille, selon la mode du XVe siècle."

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Pour respecter les conventions, j'adopte dans ma description, comme le fait S. Lemaître, l'hypothèse de René Couffon, qui reste plausible.

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Qui est Henry du Parc ?

Il est le fils de Maurice du PARC, seigneur du Parc ca 1321-1383..1390, Capitaine de Quimper, chambellan du duc de Bretagne, et de Catherine de TROGUINDY, dame de la Roche-Jagu ca 1340-1418. Catherine de Troguindy mourut en 1418 et son fils aîné , Henri du Parc , rendit au duc minu de sa succession le 25 juin de la même année.

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DU PARC d'azur au léopard d'or, au lambel de gueules. Et Morice du Parc, un escuier hardy. MAURICE DU PARC, seigneur du dit lieu, Paroisse de Rosnoën, Evêché de Cornouailles, ainsi qu'il le dit lui-même dans l'enquête pour la canonisation de Charles de Blois, en 1371 (D. Morice, T. II., Pr., col. 9), ne doit point être confondu, comme on l'a fait, avec une autre famille du Parc, sr. du dit lieu, Paroisse du Gouray, et de Locmaria, Paroisse de Ploumagoër, qui s'armait d'argent à trois jumelles de gueules.

Les du Parc de Rosnoën,, issus en ramage des vicomtes du Faou, portaient les armes de ceux-ci, brisées d'un lambel.

Maurice, l'un des champions du combat des 30, puis capitaine de Quimper pour Charles de Blois, contribua, en 1359, pour la somme de 5.000 écus, à la rançon de son maître prisonnier en Angleterre, et, à sa mort, passa au service de France. Suivant l'enquête susdite, il était âgé, en 1371, d'environ 50 ans, ce qui lui donne l'âge de 20 ans lorsqu'il fit ses premières armes au chêne de Mi-Voie. En 1372, il conduisait, avec Alain de Beaumont, l'aile gauche de l'armée du connétable à la déroute des Anglais devant Chisey, en Poitou, et était gouverneur de La Rochelle, en Aunis, en 1373 (Le Laboureur, p. 54). Les anciennes Réformations et Montres de Cornouailles mentionnent plusieurs membres de la même famille, savoir :

Henry, sr. du Parc, employé dans la Réformation de 1426, Paroisse de Rosnoën (*) ; Jean, archer en brigandine dans la Montre générale de 1481 ; autre Jean, sr. du Parc, Réformation de 1536, père de 1° Jean, mineur en 1562 et représenté à une Montre de cette année, par Jacques du Parc, son oncle paternel, en équipage d'arquebusier à cheval ; 2° Jeanne, Dame du Parc, après son frère mort sans hoirs, mariée, vers 1560, à Jean Troussier, sr. de la Gabetière. De ce mariage naquit une fille, Jeanne Troussier, Dame du Parc, mariée, en 1581, à Charles de Penmarc'h, sr. de Coëténez, Paroisse de Plouzané, dont la petite-fille, Marie-Françoise de Penmarc'h, Dame de Coëténez et du Parc, épousa, vers 1675, François Le Veyer, sr. de Kerandantec, Paroisse de Plouzané, et du Ster, Paroisse de Cléden-Poher.

Gabriel Le Veyer, fils des précédents, seigneur du Parc, de Coëténez et du Ster, mourut au Parc et fut enterré, en 1724, à Rosnoën, laissant de son mariage avec Marie-Perronnelle de Kerléan :

Roberte-Angélique Le Veyer, Dame du Parc, de Coëténez et du Ster, épouse de Claude-René de Guer, marquis de Pontcallec, frère de Clément décapité, en 1720, pour sa participation à la conspiration de Cellamare.

(*) Je n'ai pu vérifier cette information.

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Henry du Parc Sr de la Roche-Jagu épousa Catherine de Kersaliou. Il décéda en 1423 entre le 2 octobre et le 19 décembre. Certains auteurs indiquent qu'il décéda à Runan, ce que je n'ai pas pu confirmer et que je tiens comme douteux, ou basé sur la présence de ce gisant.

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Son nom apparait en 1495 dans un acte ducal qui concède à Runan l'établissement d'une foire le jour de la  saint Barnabé (le 11 juin), et qui attribue la garde et le gouvernement de cette foire à Henry du Parc et à ses héritiers :

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1495 Concession d'une foire annuelle au bourg de Runan . Copie de 1683 ( Ar . paroissiales de Runan )

A Vannes, 1421, 19 mai. « Jehan. A tous, salut. Comme à nous de nos droicts royaux et ducheaux, souverainetez et noblesses appartiennent la creatiuon et institution des foires et marchez en nstre duché et non à aultre, et nous ayant suplié et requis les tresoriers et fabriques de l'eglise et chapelle de Nostre Dame de Runargan, en la chatellenie de Chateaulin sur Trieu, pour augmentation de lad. Chapelle et du service divin en icelle, et pour le bien de la chose publique, leur donner et octroyer une foire annuelle et perpetuelle, au jour et feste de la St Barnabé apostre, o les debvoirs, esmoluements et prerogatives y appartenances, Scavoir faisons que nous avons aujourd'hui creé et octroyé aud. Fabrique d'icelle chapelle une foire annuelleet perpetuelle aud. Lieu de Runargan, aud. Jour de St Barbabé, à en jouir avec des debvoirs, esmoluements et prerogatives appartenantz a droitct de foire ; et à ce qu'elle soit seure et en puisse mieux valloir, avons voullu e octroyé, voulons et octroyons que nostre bien amé et feal ch[evali]er et chambellan messire Henry du Parc, s[eigneu]r de la Roche Jagu, ait la garde, gouvernement et juridiction et seigneurye de lad. Foire avec les sequelles et deppandances d'icelle juridiction, à en jouir luy et ses heritiers en perpetuel. Sy mandons et commendons à nos seneschaux, allouez et procureurs de Treguier et du resotrt de Gouelo, etc. etc. En tesmoign de ce, nous avons fait sceller cestes nos presantes en las de soye et cire verte.

Signe, Par le duc. Par le duc, de son commandements et en son conseil, présents : l'evesque de Dol, l'abbé de St Mahé, le sire de Molac, Pierre Eder, chevalier et Jehan de Kermellec.

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Ses armes, et celle de Catherine de Keraliou, se trouvent dans le tympan de la maîtresse-vitre datée de 1423 par déduction héraldique, sous celle des du Perrier 

 

"Au troisième rang, un écu aux armes des du Perrier et un autre losangé mi-parti : au I, du Perrier, au II, écartelé Gaudin et Brienne de Beaumont, armes de Jean du Perrier, sire de Quintin et du Perrier et de Constance Gaudin sa femme, fille de Péan et de Jeanne Riboule. Enfin au dessus des troisième et quatrième panneaux, un écusson losangé mi-parti du Parc de la Rochejagu et de Kersaliou et autre des armes pleines des du Parc, armes de Henry du Parc Sr de la Rochejagu et de sa femme Catherine de Kersaliou.

Ces grandes armoiries permettent de dater avec une très grande précision la verrière. En effet, l'on sait, d'une part, que c'est par contrat du 3 janvier 1423 que Jean du Perrier, veuf d'Olive de Rougé, épousa Constance Gaudin, et d'autre part, qu'Henry du Parc Sr de la Rochejagu décéda en cette même année 1423 entre le 2 octobre et le 19 décembre. L'on peut donc dater la commande de cette verrière de l'an 1423, les armes d'Alain du Parc, frère et héritier d'Henry, et de sa femme Miette de Tréal n'y figurant pas. Cependant les armes de Catherine de Kersaliou précédant les armes pleines des du Parc indiquent que lors de son exécution, Catherine était sans-doute veuve. Probablement était-elle même la donatrice de la verrière, comme semble l'indiquer la présence de sainte Catherine, elle mourut le 15 novembre 1433.". (R.C.)

 

https://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=646

 

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Vue générale.

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Le plateau de granite clair (leucogranite ?) sculpté en haut relief des deux membres du couple est la réunion de deux pièces de pierre, au bord arrondi mais sans moulure, celle de Henri du Parc étant près de deux fois plus large que celle de son épouse. Elles sont posées sur un soubassement fait d'un appareillage de bloc maçonnées, et nous n'avons accès qu'à deux des côtés.

Du côté est, ces pierres sont de taille irrégulières.

Du côté nord, elles sont régulières et les quatre blocs font toute la hauteur du soubassement. La pierre la plus à gauche porte les traces d'un écu martelé, mais ces traces sont ininterprétables. Un nouvel examen à jour frisant y distinguerait peut-être le blason des du Parc , mais la photo que j'ai prise peine à m'en convaincre. Les autres faces, inaccessibles, seraient-elles plus parlantes?

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Armes de la famille du Parc,  d’azur au léopard d’or, brisé d’un lambel de gueules .

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Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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Les deux époux ont les mains jointes, et leur tête encadrée d'anges repose sur un coussin .

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Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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Les pieds des époux reposent sur deux animaux opposés par l'arrière-train et dont la tête et le haut du tronc ont été martelés : cela souligne l'importance de ces animaux comme indice de privilège seigneurial. Il pourrait s'agir de deux lévriers pour Catherine de Kersaliou et de deux lions (ou deux chiens de chasse ?) pour Henri du Parc.

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Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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L'écu martelé.

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Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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Henri du Parc.

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Il est figuré mains jointes, en armure de plates complète non recouverte d'un tabard mais sans casque, et deux anges de tendresse l'entourent. À sa droite comme à sa gauche, les anges, tournés vers lui, posent leurs mains sur le moignon de l'épaule et sur le bras.

La présence de ces anges entourant le défunt est presque constante sur les gisants des nobles bretons. On les voit déjà sur le gisant de Roland de Dinan, le plus ancien (1222).

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Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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Il ne reste vraiment rien de la tête, et de la chevelure.

Les deux spalières (protection des épaules) ont trois lames articulées, et une forme très oblique, sans arrondi d'épaule.

Puis viennent les cubitières et les brassards, concernés par le martèlement.

Les mains jointes ont été martelées mais devaient être nues.

Sous les bras, se voit la sangle de fixation, bien détaillée, de la cuirasse.

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La tête des anges a été également martelée. Nous distinguons les ailes et leur plumes. Les anges sont vêtus d'une tunique qui descend jusqu'aux pieds, qui semblent nus.

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Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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L'armure décline ensuite la braconnière, les cuissardes, les grèves et les solerets, à bouts pointus.

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Le seigneur porte une épée courte le long de sa jambe droite, et une épée longue du coté gauche.

L'épée longue est dans son fourreau, et sa taille approche un mètre, si on la compare à la distance entre la ceinture et la cheville du défunt. Elle évoque donc l'épée de taille.

En Occident, le plus courant est l'épée de taille, longue (près d'un mètre) et plate, à deux tranchants. Au XIIe siècle, le pommeau rond se répand et remplace les pommeaux ovales ou lobés des épées normandes. Des modèles à la garde recourbée apparaissent. L'estoc (pointe) peu prononcé (bien que fonctionnel) tend à s'effiler : l'épée d'estoc, plus fine et plus courte (mesurant entre 60 et 75 cm du talon à la pointe), à l'extrémité acérée, plus adaptée aux coups de pointe, devient plus usitée dès la fin du XIIIe siècle de l'épée d'estoc. Son talon est large (jusqu’à 10 cm) et l'estoc très pointu permet de transpercer l'armure entre les plates qui apparaissent alors. À la fin du XIIIe siècle apparaissent les épées longues (à deux mains) telles que le brand d'arçon qui, comme son nom l'indique, est porté sur la selle et est utilisé par le chevalier démonté. Les épées bâtardes (dites à une main et demi) se développent au XVe siècle. Leur longueur et leur masse modérées ainsi qu'un excellent équilibrage (notamment grâce aux pommeaux en ampoule) en permettent l'usage à cheval et à pied, à une ou deux mains. Les épées très longues telles que les espadons restent d'usage au XVe siècle et jusqu'au début du XVIe (Zweihänder des Lansquenets)." (Wikipedia)

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L'épée courte va de la ceinture au genou, soit 50 cm environ. Elle n'a pas de fourreau, il s'agit plutôt d'une dague. Voir les deux épées et la dague de Jehan de Kerouzéré (1460) ou de son père Éon (mort en 1435)  :  la proximité des dates des deux gisants en rend la comparaison précieuse.

 

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Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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Catherine de Kersaliou.

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Sa tête et ses cheveux, ses mains jointes, une partie de ses avant-bras, la tête des anges et celles de ses animaux emblématiques (lévriers ?) ont été martelés.

Elle est vêtu d'une robe descendant jusqu'aux pieds, à décolleté en V souligné par un épais revers, et dont la ceinture, une bande d'étoffe large, sépare un bustier d'une "jupe" plissée. L'ourlet inférieur forme une jolie courbe festonnée au dessus de l'extrémité des chaussures, qui sont pointues.

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Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

Le gisant (granite ?, après 1433 ?) de Henry Du Parc (?) et Catherine de Kersaliou (?) à l'église de Runan. Photographie lavieb-aile juin 2022.

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CONCLUSION.

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Il semble indispensable de soumettre ce gisant à un nouvel examen qualifié, afin de tenter de préciser si, oui ou non, les armes des du Parc, avec leur léopard et leur lambel, peut être découvert par un éclairage adapté ou par un examen plus attentif.

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SOURCES ET LIENS.

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—ALAIN (Agnes), 2020, Sortie fontaines et petits patrimoines

https://docplayer.fr/189176009-Sortie-fontaines-et-petits-patrimoine-du-9-mars-2020-pontrieux-runan.html

L'auteur cite Rolland 2016 : "À droite en rentrant, les gisants d'Henry Du Parc , seigneur de La Roche-Jagu (mort en 1 423), et de  son épouse Catherine de Kersaliou (décédée en 1433). On devine à leurs pieds des corps de chiens qui sont le symbole de la fidélité. L’épée du seigneur Henry du Parc est située le long de son corps ce qui signifie qu’il est mort dans son lit et non pas au combat."

https://docplayer.fr/189176009-Sortie-fontaines-et-petits-patrimoine-du-9-mars-2020-pontrieux-runan.html

BONNET ( Philippe), RIOULT ( Jean-Jacques), 2010 , Bretagne gothique : l'architecture religieuse, Paris, Picard, 2010, 485 p. 

COUFFON René Couffon, « Runan », Congrès archéologique de France, Société française d'archéologie « 107e session, 1949, Saint-Brieuc »,‎ 1950, p. 150-164. 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32118665/f154.image.r=runan

 

Tombe élevée du XVe siècle.

Cette tombe, reléguée au bas de l'église a été extrêmement mutilée pendant la Révolution. L'on y distingue, cependant, deux gisants en ronde bosse portant les costumes du début du XVe siècle.

Quoique les écus qui la décorent aient été soigneusement martelés, on y distingue, cependant, encore nettement les armes des du Parc de la Roche-Jagu, ce qui permet d'affirmer que ce tombeau est celui d'Henry du Parc et de Catherine de Kersaliou, dont nous avons mentionné les prééminences [sur le tympan de la maîtresse-vitre].

 

DURAND ( Gildas), 1999,, « Nouvelle théorie sur le retable de Runan. Ses conséquences pour la connaissance de l'art gothique breton », Les dossiers du Centre de Recherche et d'Archéologie d'Alet, no 18,‎ 1999, p. 91-104.

Infobretagne

http://www.infobretagne.com/runan-eglise.htm

LEMAÎTRE (Stéven), 2015, « Runan, église Notre-Dame-de-Miséricorde », Congrès archéologique de France, Société française d'archéologie « Monuments des Côtes d'Armor, le « Beau Moyen Âge », 173e session, 2015 »,‎ 2017, p. 313-326. 

— MAN8ROVE

https://man8rove.com/fr/blason/dul7nwn-parc

https://man8rove.com/fr/profile/yru34x5gc-henry-du-parc

MONNIER (Louis), 1900, « L'église de Runan, ses origines, son histoire », Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, vol. 24,‎ 1900, p. 195.

"Il y a quelques années s'érigeait au milieu de l'une des nefs latérales un sarcophage élevé, représentant un chevalier armé de toutes pièces, mains jointes, couché près de sa femme en habits de châtelaine, les pieds reposant sur des lévriers, la tête soutenue par des anges. M. Luzel (Revue De Bretagne 1868) assure reconnaître dans ces personnages des seigneurs de Lestrézec. Ou bien encore des seigneurs de Kerambellec, les restaurateurs de la chapelle du Rosaire ?. Ce tombeau, aujourd'hui placé à l'angle de la tour et des fonts baptismaux occupait jadis le centre de la nef méridionale.

Mais quelque mystère dont il demeure entouré, ce n'est certes pas là le monument funéraire de Jean V et de Jeanne de France comme le prétend, dans sa «Géographie des Côtes-du-Nord, M. B. Jollivet."

MONUMENTUM

https://monumentum.fr/eglise-notre-dame-cimetiere-pa00089576.html

— PATRIMOINE

https://www.patrimoine-religieux.fr/eglises_edifices/22-C%C3%B4tes-dArmor/22269-Runan/138124-EgliseNotre-Dame

ROLLAND (Jean-Paul), 2016, L'église Notre-Dame de Runan.

 

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_242/eglise__notre__dame__runan.pdf

ROPARTZ ( Sigismond), 1854, « Notice sur Runan », Annuaire des Côtes d'Armor,‎ 1854.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1107857/f87.item

SPREV

http://www.sprev.org/centre-sprev/runan-eglise-notre-dame-de-misericorde/

WIKIPEDIA

 https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame_de_Runan

 

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Published by jean-yves cordier - dans Gisants Sculpture Héraldique
19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 15:45

 

L'enfeu nord, et le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat.

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Voir sur Guengat :

 

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Voir sur l'art tumulaire hors Bretagne:

 

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Sur les gisants de Bretagne, voir (approximativement par ordre chronologique) :

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Contre la porte de la sacristie précédant la chapelle Saint-Roch au nord du chevet, un enfeu est occupé par un gisant.

En position symétrique du coté sud (chapelle Saint-Michel) se trouve un autre enfeu, vide, et dont, comme ici, l'accolade à crochets et fleurons s'appuie sur deux écus muets (sans doute martelé à la Révolution). 

On attribue, en toute logique, ces enfeus (déverbal d'"enfouir") à chacune des principales familles de la paroisse, Guengat et Saint-Alouarn. Et selon l'Aveu de Jacques de Kergorlay, héritier des prééminences après le mariage de son père René avec Louise de Guengat, l'enfeu "du côté de l'évangile" donc au nord est celui des seigneurs de Guengat (cf. Sources).

Ce n'est qu'au XXe siècle que l'enfeu nord reçut le monument funéraire qu'on y trouve aujourd'hui, et que les armoiries attribuent à la famille de Saint-Alouarn.

Celui-ci est l'un des rares gisants doubles (couple) de Bretagne avec celui d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan, un siècle auparavant.

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Les tribulations du gisant de Saint-Alouarn.

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Ce gisant proviendrait des ruines du manoir (?) de Saint-Alouarn à Guengat, lequel disposait d'une chapelle seigneuriale, et fut vendu à la Révolution après la fuite de la famille à Jersey.(H. Torchet )

Selon Christian Jouin, qui cite toutes ses sources, il fut placé ensuite dans la chapelle Lanascol (bas-côté nord), puis dans le cimetière jusqu'en 1881, puis dans l'ossuaire attenant à l'église juste avant le porche. Une photo de Jos Doaré datant de 1968 (site POP. Culture) le montre, posé au sol, sans soubassement, contre le mur d'un local qui est sans-doute l'ossuaire. https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000324. C'est donc vers le dernier quart  du XXe siècle qu'il fut placé dans cet enfeu.

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Description.

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L'enfeu associe à l'accolade gothique à crochets et fleurons retombant sur deux écus martelés une pierre plus haute (réemploi ??) où deux anges portent un écu également muet.

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Le gisant  est a priori celui de Jean de Saint-Alouarn et son épouse Marie de Trégain . On identifie clairement la famille par le griffon du blason placé entre les époux  et qui renvoie aux armes d'azur au griffon d'argent  de Saint-Alouarn.  L'animal est dressé, toutes griffes dehors, ses ailes sont visibles ainsi qu'une queue hérissée de spicules.

 

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SanglierT — Travail personnel Wikipedia

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Entre les deux époux, deux anges ont placé ce blason parfaitement lisible. De l'autre main, ils caressent les cheveux des défunts, et nous incitent à observer ces coiffures du XVIe siècle. Mais le plus admirable est la robe de la défunte, très ajustée, aux plis réguliers ne débutant que sous le bassin, mais dont le pli médian remonte sous forme d'une tresse serpentine jusqu'à l'amorce des seins.

Jehan de Saint-Alouarn est en armure. La ceinture est décorée de cabochons losangiques.  La cuirasse est recouverte d'un tabard frangé à l'extrémité basse. Le bras droit est en bonne partie brisé, tout comme la hanche droite. Le seigneur ne porte pas d'épée, mais c'est peut-être un poignard qui a été brisé sur la hanche.

Ses pieds sont posés sur un lion (ce qui est conforme à un usage répandu) tandis que ceux de son épouse reposent sur un chien, dans lequel on peux imaginer l'habituel lévrier malgré les destructions.

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Données biographiques.

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Pol Potier de Courcy indique :

Saint-Alouarn (de) : seigneur dudict lieu et de Kervéguen, paroisse de Guengat . Référence et montres de 1423 à 1536 pour la dite paroisse, évêché de Cornouaille. D'azur au griffon d'argent (Armorial de l'Arsenal). Fondue dans Alleno.
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Cette fusion avec Alleno date de 1550, par le mariage de Claudine , nièce de René de Saint-Alouarn (présent à la montre de 1536) avec Pierre Alléno de Kersalic, conseiller du roi au Présidial de Quimper. 

Dans cette famille, on connaît Daniel et Guillaume (montre de 1356), Jean (capitaine de Concarneau en 1393, René (1420), Hervé (montre de 1426), Jean (1470), Prigent (fondateur d'une chapelle Notre-Dame de Guengat en 1502, maître d'hôtel de Claude de Rohan en 1488), René (montre de 1536) et Daniel ( dernier abbé de l'abbaye de Quimperlé à partir de 1521, décédé en 1553).

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Le couple Jehan de Saint-Alouarn et Marie Trégain.

-Leur promesse de mariage date du 28 novembre 1471. Le 28/11/1471 mariage d'Alain de Kerraoul avec Marie du Fou fille  d'Hervé du Fou. (Le même jour : promesse de mariage de Jehan le fils âgé de moins de 14 ans d'Alain de Kerraoul de Sainct Alouarn avec Marie Tregayn la fille aînée de Jehan de Trégayn et  Marie du Fou."
 

"Aveux de Kerraoul: Jean Trégain décédé avant 1471 époux de Marie du Fou ( qui se remariera avec Alain de Kerraoul)
D’ou    Catherine de Trégain épouse d’Hervé Mazéas." et    Marie épouse en 1479 Jan de Kerraoul de St Alouarn, né en 1558.

-Leur mariage date du 14 décembre 1479.

 

http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=534

http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=670

http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=677

-Jehan de Sainct-Allouarn fait partie, à la Montre de 1481, des "Nobles et annoblis deffaillans et non comparoissans"

https://www.tudchentil.org/IMG/pdf/Montre_de_1481_en_Cornouaille.pdf

-Le manuscrit BnF 22318 indique page 172 que Marie Trégain est veuve en 1510 (évocation de Prigent de Saint-Alouarn contre Marie Trégain veuve de Jehan de Saint-Alouarn).

Le même manuscrit indique page 214 que Marie Trégain est encore vivante en 1517 ("1517, Marie Trégain contre Guillaume de Trégain son frère aîné sur la succession de leur père).

Elle est également vivante, sauf homonymie, en 1524 : id. page 723 : 1/X/24, Marie Trégain contre Guillaume Trégain.

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Datation.

-Selon les documents :

-La date la plus précoce serait celle du mariage : 1479

-La date plus probable, si le monument est commandé par la veuve, qui s'y fait figurer (ce n'est pas rare) est celle qui suit le décès de Jean de Saint-Alouarn  : peu avant 1510

-La adte la plus probable est celle qui suit le décès de sa veuve : après 1524

-Selon les armoiries : celles-ci ne donnent aucune précision en dehors de la désignation de la famille du défunt.

-Selon les  costumes : ces informations sont à prendre avec précaution, les défunts se faisant représenter selon des conventions, dans leur âge et leurs  atours idéaux. Néanmoins des spécialistes des armures, ou de l'habillement féminin, pourraient apporter d'utiles précisions.

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L'enfeu nord, et le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord, et le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord,  dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord, dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord, et le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord, et le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Document : Musée départemental breton (non exposé) R. 2001.15.1 et 2.

Une pierre en deux morceaux est conservée au Musée. Sur la première moitié de la pierre, un écusson est sculpté représentant un animal ailé de profil à tête d'aigle et pattes de lion (griffon) . Un blason entier et un demi se trouvent sur la deuxième moitié.

"Catalogue du Musée Archéologique et du Musée des Anciens Costumes Bretons de la ville de Quimper" / SERRET (A.).- Quimper : éd.Société Archéologique du Finistère ; Quimper, imprimerie Cotonnec, 1901. p.109, n°19-24

"Bulletin de la Société Archéologique du Finistère", 1894, tome XX, Séances du 22 février et 26 avril 1894 : "une troisième pierre porte à chaque extrémité un écusson aux armes de Saint-Alouarn : d'azur au griffon d'argent."

 

Pierre aux armoiries des Saint-Alouarn - Fragment de pierre tombale. Granit, XVIe siècle.

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SOURCES ET LIENS.

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ABGRALL (Jean-Marie), 1911, Notice sur la paroisse de Guengat, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, BDHA, Quimper

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e296d04e82cd30c9fa97fe5d8508bc81.pdf

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/344

"Au bas, la nef latérale Nord s'élargit sur l'espace de trois travées, de manière à former une vaste chapelle, autrefois chapelle seigneuriale des Lanascol ou Quimper. On y trouvait une tombe de cette famille avec deux gisants, couchés côté à côte, qui représentent, selon M. Pol de Courcy (Bret. Cont.) Hervé de Saint-Alouarn et sa femme, vivant en 1426. Cette tombe est maintenant transportée dans l'ancien ossuaire, au bas du collatéral sud."

 

—CHUTO (Pierrick), 2010, Le manoir de Saint-Alouarn de 1792 à 1834 à Guengat en Basse-Bretagne.

https://www.histoire-genealogie.com/Le-manoir-de-Saint-Alouarn-de-1792-a-1834-a-Guengat-en-Basse-Bretagne

"Le 30 mars 1792, un décret confisque les biens des ennemis de la Révolution. Le 27 juillet, un autre décret en ordonne la vente. La famille Aléno de Saint-Alouarn, propriétaire d’un immense domaine à Guengat, petite commune rurale à deux lieues environ de Quimper, émigre à Jersey. Depuis de nombreuses années, la famille ne séjournait que rarement au manoir. Le superbe hôtel de la rue Saint-Mathieu à Quimper et le manoir de La Villeneuve en Plomeur avaient ses préférences.

Deux jours de suite, ils parcourent les terres. Avant de quitter les lieux, ils entrent dans la salle au rez-de-chaussée de la maison de Saint-Alouarn, donnant à gauche de l’entrée et « aperçoivent au-dessus de la cheminée, les armes imprimées de morceaux de grappes blanches de la ci-devant noblesse ». François Morvan est chargé de monter sur une échelle et d’enlever les armes à l’aide d’un levier de fer. Il les a en garde jusqu’au moment où Laurent Ollivier se charge de les faire transporter par charrette à Quimper."

 

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988,  Notice sur les paroisses,...

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/GUENGAT.pdf

— COURCY (Pol Potier de), Nobiliaire :

https://www.google.fr/books/edition/Histoire_de_l_Abbaye_de_Sainte_Croix_de/27wGAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=Saint+-+Alouarn+griffon&pg=PA381&printsec=frontcover

 

DILASSER (Maurice), 1979 : Locronan et sa région (Paris, 1979)

DIVERRÈS (Henri), 1891,  "Monographie de la commune de Guengat ", Bull. S. A. F., pages 42-61).

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f115.image

JOUIN (Christian), s.d, Tout sur l'histoire de Guengat.

https://www.guengat.com/

— KERGORLAY (Jacques de), 1681, Extrait de l'aveu de Jacques DE KERGORLAY :1681 : [AN P/1689] - Quimper (Finistère, France) - Terriers | 1678 - 1682 - Geneanet

« A cause de laquelle terre et Seigneurie de guengat cy devant déclarées ledit Seigneur déclarant est patron fondateur et le premier préminancier de l'églize parroissialle de guengat, laquelle parroisse a tousiours porte le nom de la Maison de guengat comme estants Véritablement les seigneurs patrons et fondateurs d'Icelle, ainsy qu'il Se Justiffie par la déclaration cy devant où l'on a employé plusieurs tenues Situées audit bourg appartenantes audit Seigneur déclarant, en laquelle Église parroissialle de guengat tant en la maistresse Vitre aux plus haults Soufflets tant en la Maistresse Vitre, qu'aux autres Vitres de ladite Église et chapelles d'Icelle, mesme en bosse et relief autour des murailles tant par dehors que au dedans en plusieurs endroicts et en la tour et clocher d'Icelle Sont les arbres timbrés et alliances de ladite Maison de guengat et dans le coeur &  chanceau de ladite Église, au milieu proche le balustre du grand autel est Un tumbeau de pierre de taille Enlevé de terre d'Environ deux pieds et demy armoyé par dessus et à l'entour des Armes et timbres de ladite Maison de guengat, Lequel tumbeau est l'ancienne Sépulture et Enfeu prohibitif des Seigneurs de guengat proche duquel tumbeau du costé de l'Évangille est Un banc à queue et Accoudouers Aussy Armoyé des Armes de ladite Maison appartenant audit Seigneur déclarant lequel et Ses prédécesseurs Seigneurs de guengat Sont En droict et possession Immémorialle de faire mettre Une ceinture et Lizière avec leurs Armes tant par dedans que par dehors à l’entour d'Icelle Églize parrochialle de guengat à chaque décéds des Seigneurs de guengat"

PÉRENNÈS (Henri), 1941 : Guengat (Rennes) non consulté

POP.CULTURE

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00089983

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000324

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/AP29W01734

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000324

Photo Yann Celton 2019 :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/OA029_192900645

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—TORCHET (Hervé) , Famille de Saint-Alouarn

http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=670

 

— WAQUET (Henry ), 1957,  Guengat (S.F.A. - Congrès archéologique de France CXVe session 1957 Cornouaille.) -

— WAQUET (Henry ), 1942, Art breton, 2è éd., 1942, pp.145-151

— Sites divers :

http://www.guengat.com/8/eglise05.html.

— Site Tout sur l'église : http://www.guengat.com/8/eglise07.html

— Site Infobretagne : http://www.infobretagne.com/guengat.htm

http://www.guengat.fr/patrimoine/leglise

 

— Bull. SAF 1968 ...sition de fonds qui appartenoit à la Maison de St Alloarn ) les armoiries de la Maison de Saint - Alouarn et le ... Et le soufflet du milieu au plus bas desdits soufflets a aussy un griffon des armes de Saint - Alouarn les autres vitrages estans de verres peints et en assez bon estat a l'exception de deux petits trous qu'il  faut reparer , avons ..

— Daniel de Saint-Alouarn, dernier abbé régulier de l'abbaye de Quimperlé vers 1538, mort en 1553 :

https://www.google.fr/books/edition/Histoire_de_l_Abbaye_de_Sainte_Croix_de/27wGAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=Saint+-+Alouarn+griffon&pg=PA381&printsec=frontcover
 

WIKILAND

https://www.wikiwand.com/fr/Guengat

—Wikipédia (donne la date de 1426 erronée)

https://de.wikipedia.org/wiki/St-Fiacre_(Guengat)#/media/Datei:Guengat_%C3%89glise_Saint-Fiacre_Gisants_516.jpg

 

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Gisants Chapelles bretonnes. Héraldique Sculpture
5 août 2021 4 05 /08 /août /2021 21:29

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau.

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Voir sur l'art tumulaire hors Bretagne:

 

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Sur les gisants de Bretagne, voir (approximativement par ordre chronologique) :

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PRÉSENTATION.

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Bien que je n'ai pas décrit, tant s'en faut, tous les monuments funéraires nobiliaires de Bretagne aux XVe-XVIIe siècle, la liste des liens donnée supra donne une idée de ceux que nous avons conservés. J'omets les tombes ducales, bien étudiées ailleurs.

Roland Doré a produit dans son atelier de taille du kersanton à Landerneau neuf gisants pour une clientèle de grands nobles comme les Barbier, Bois-Boissel, Bréhant, de la Noé, Bervet,  ou du Chastel. On ajoutera à ceux que j'ai décrits les gisants de Thébault de Tahouarn en l'église de Plérin, de Gilles de la Noë au château de Keranroux à Ploujean, et celui d'Auffray du Chastel, que voici.

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Après Emmanuelle Le Seac'h en 2014, Jean Guichoux en a donné en 2016 une description et une analyse complète pour Kaier ar Poher. Je me contente donc de donner ici mes images.

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Le gisant mesure (Le Seac'h) 1,73 m de long, 63 centimètres de large et 36 centimètres de hauteur. Le lion mesure 58 centimètres de long, 28 centimètres de large et 23 centimètres de haut. Le tombeau mesure 2,34 mètres de long, 1, 04 mètre de large et 93 centimètres de hauteur.

 

Le gisant d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau.

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Je propose d'examiner le gisant et le bâti sur lequel il repose face par face, avec les quatre écussons de kersanton désormais apposés sur ce bâti. En tournant dans le sens horaire.

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Le chevalier de Fréminville le décrit ainsi dans ses Antiquités du Finistère, tome 2 :

 

"C'est encore un modèle curieux du costume militaire du commencement du règne de Louis XIII , époque à laquelle il fut sculpté. François du Châtel (sic) , marquis de Mesle et seigneur de Châteaugal , est ici représenté armé de toutes pièces , à l 'exception de la tête , qui est découverte. Son armure est tout à fait analogue à celle de Sébastien Barbier, sieur de Kernaou, que nous avons décrite à la 1ère partie, page 104, sur la statue de ce seigneur, datant à peu près de la même époque. François (sic) du Châtel a , selon l'usage de son temps, les cheveux coupés assez courts sur le front , mais fort longs sur les deux côtés de la tête , où ils forment une multitude de grosses boucles réunies en touffes. II porte des moustaches relevées et une impériale sous la lèvre inférieure. II a une fraise plissée autour du cou , et son épée est suspendue par une bandoulière à son côté gauche. La garde en est recouverte par un grand écusson , où l'on remarque les armes pleines de l'illustre maison des du Châtel en Léonnais , dont était issu le marquis de Mesle."

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E. Le Seac'h :

"Le gisant d'Auffray du Chastel est identique aux autres réalisés par le sculpteur [Roland Doré] : allongé, mains jointes, et vêtu de la même armure au col à plis empesés, il porte à son bras gauche l'écusson des Du Chastel, "fascé d'or et de gueules de six pièces", qui cache la garde d'une longue épée dont la lame descend jusqu'aux solerets. Ses pieds reposent sur un lion. Une banderole en breton se déploie sur le dos de la bête et donne la devise des Du Chastel e, breton : MAR : CAR : DOE, "S'il plait à Dieu". 

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Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Armoiries  Du Chastel de Châteaugal. De gueules à trois châteaux d’or, deux et un.

 

Collier de l'Ordre de Saint-Michel. Couronne de marquis. Devise : DIEV :  POVRVOIRA.  Cette devise n'est attestée ou relevée nulle part sous sa forme française, mais celle des de Goësbriand est "Dieu y pourvoira". 

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Voir le Nobiliaire de Potier de Courcy :

 

Chateaugal (de) sr dudit lieu et du Granec, par. de Landeleau, év. de Cornouaille. De gueules à trois châteaux d'or.

Jeanne, abbesse de la Joie en 1370, † 1390.

La branche aînée fondue en 1312 dans les Kermellec qui adoptèrent les armes de Châteaugal, en retenant le nom de Kermellec, d’où la seigneurie de Châteaugal a passé par alliance en 1433 aux du Chastel-Mezle.

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Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Au pied du gisant, le lion portant sur une banderole la devise MAR : CAR : DOE,  "Sil plait à Dieu", forme bretonne équivalente de  DIEV POVRVOIRA.

Selon Kerbiriou, "Depuis 1438, la seigneurie de Châteaugal était passée par alliance à cette branche de Mezle, dont la devise était : Da vad e teui et Mar car Doue. "

Dans le culturezine d'Hervé Torchet la devise est celle de Tanneguy II du Chastel en 1449 : "Devise “ marc car doué ” ( s’il plait à Dieu ) sur son écu , “ da vad  è  tevy ” ( tu n’as qu’a venir) sur sa bannière, cri de guerre de sa maison, Tanneguy II du Chastel  1449". Mais avec une erreur de transcription sur "marc" au lieu de "mar".

http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=480

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Note : j'ai eu, sur place, un doute sur le matériau dont sont sculptés les pieds et le lion du gisant. Si ceux-ci sont visibles sur la carte postale Vilard publiée par J. Guichoux, je me suis demandé s'il ne s'agissait pas d'une très habile reconstitution par P. Le Floch.

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Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Armoiries Du Chastel en alliance avec Ploeuc d'hermines à trois chevrons de gueules et Kermellec vairé d'argent et de gueules à la bordure engreslée d'azur.

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Mariage de Henri du Chastel, seigneur de Mezle et de Isabeau de Kermellec, dame de Châteaugal et fille de Jehan, vers 1420.

https://man8rove.com/fr/blason/smwz2d8-kermellec

Potier de Courcy, Nobiliaire :

https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Potier_de_Courcy_-_Nobiliaire_et_armorial_de_Bretagne,_1890,_tome_2.djvu/116

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Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Armoiries avec Kermellec et Chastel de Châteaugal en alliance Languenoez fascé ondées d'or et d'azur de six pièces ; au chef de gueules.

Jehan de Kermellec, seigneur de Châteaugal, chambellan du duc, époux de Béatrice de Languenoez, dame de Châteaugal et demoiselle de la duchesse en 1426.

https://www.repertoire-breton.org/armorial-leborgne/page/167

https://www.tudchentil.org/spip.php?article687

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Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.

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Blason placé en tête.

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Armoiries Du Chastel en alliance avec de Mezle (trois mains appaumées herminées).

 

Le mariage de Tanguy du Chastel et de Gabrielle de Mezle est daté vers 1350.

https://man8rove.com/fr/profile/ns97jede-henri-du-chastel

 

Les hermines des paumes sont bien présentes, mais j'aurai pu mieux en rendre compte par un éclairage rasant si j'avais été plus attentif. Voir sur ce détail :

http://michel.mauguin.pagesperso-orange.fr/Pennon%20Quilbignon%20de%20Coatenes.pdf

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Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.+

Le gisant (kersanton, 1638, Roland Doré) d'Auffray du Chastel en l'église de Landeleau. Photographie lavieb-aile 4 août 2021.+

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SOURCES ET LIENS.

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— ARMMA

https://armma.saprat.fr/?s=chastel

— FRÉMINVILLE (Chevalier de), 1835, Antiquités du Finistère, Brest page 200.

http://grandterrier.net/wiki/images/3/34/Fr%C3%A9minvilleAntiquit%C3%A9sBretagneFinist%C3%A8reV2.pdf

— Catalogue du musée archéologique et du musée des anciens costumes bretons de la ville de Quimper, 1885 page 95.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6527276z/texteBrut

— GUICHOUX (Jean), mars 2016, "L'église de Landeleau et l'étonnante histoire de la tombe d'Auffray du Chastel"; Kaier ar Poher n°42 pages 47 à 58.

http://www.plouye-poher.fr/ressources/files/rub/pdf/66.pdf

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, La sculpture sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle, Presses Universitaires de Rennes, pages 225-226.

— KERBIRIOU (L.), les seigneurs de Landeleau

http://www.infobretagne.com/landeleau-seigneurs.htm.

—WAQUET Henri), 1926, La statue tombale de'Auffray du 

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/r-1885-31-2-lio-fa9bb

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Published by jean-yves cordier - dans Roland Doré Sculpture Kersanton Héraldique Gisants
19 mai 2019 7 19 /05 /mai /2019 21:36

Le gisant d'Yves Bervet, sieur du Parc (kersanton, Roland Doré, 1640), au Musée départemental breton de Quimper.

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Sur les gisants, voir (approximativement par ordre chronologique) :

 

 

et aussi ailleurs :

-- Le gisant du seigneur de Liscoët en Botquélo (22), limite XIV-XVe.

-- Le gisant de Perronelle de Boutteville et Bertrand de Trogoff (église Notre-Dame-de-l'Assomption au Faouët par l'atelier du Folgoët.  Début XVe, granite, h. 1,70, 1. 0,86. Gisants représentés sur un lit funéraire : à gauche, personnage masculin (Bertrand de Trogoff?), coiffé en calotte, vêtu d'une armure; à droite, personnage féminin (Perronnelle de Boutteville,?) portant une coiffure à cornes.

-- Le tombeau de saint Jaoua à Plouvien par l'atelier du Folgoët.

--Le tombeau du chanoine de Nantes Laurent Richard en l'église de Plouvien vers 1555.

-- Le gisant gisant d’Auffray du Chastel (kersanton, Roland Doré, XVIe )

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Gisant d'Yves Bervet au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2011.

Gisant d'Yves Bervet au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2011.

 

 

 

PRÉSENTATION : LA SCULPTURE TUMULAIRE DE ROLAND DORÉ.

(D'après Le Seac'h).

L'atelier de Roland Doré (1618- Plouedern 1663), tailleur de pierre et sculpteur établit à Landerneau pour bénéficier de l'arrivée par voie fluviale du kersanton, pierre extraite sur les rivières de Daoulas et de L'Hopital-Camfrout en rade de Brest, est le plus renommé des ateliers de Basse-Bretagne pour le XVIIe siècle. On trouve les œuvres de ce sculpteur d'exception, "Michel-Ange du kersanton", dans plus de 82 paroisses, essentiellement dans le Léon et le nord de la Cornouaille. Il a exercé pour des commandes religieuses (statues, croix et calvaires), mais neuf gisants d'hommes d'armes et quatre statues en pied témoignent de son activité dans le domaine profane.

Ses neuf gisants se concentrent autour de Saint-Brieuc pour six tombeaux, et dans le Finistère pour les trois autres. Ce sont :

  • Gisant de Guillaume de Rosmadec, vers 1608. Chapelle Notre-Dame-de-la-Cour, Lantic (22). Ce serait la plus ancienne.

  • Gisant  de la famille de Bois-Boissel.  Angle sud-est du cloître de la cathédrale de Tréguier (22). 

  • Deux gisants  des Bréhant.  Cloître de la cathédrale de Tréguier (22). 

  • Gisant de Thébault de Tanouarn, vers 1655. Enfeu du transept nord de l'église de Plérin (22).

  • Gisant de Gilles de la Noë. Conservé au château de Keranroux à Ploujean (29) mais provenant de l'église de Plounez (fusionné avec Paimpol (22).

  • Le gisant de Jacques Barbier, seigneur de Kernaou à Ploudaniel. 1638.Conservé au Musée du Léon de Lesneven (29).

  • Gisant d'Auffray du Chastel, vers 1638. Musée départemental breton de Quimper, venant de l'église Saint-Théleau de Landeleau (29).

  • Gisant d'Yves Bervet, sieur du Parc (1640). Musée départemental breton de Quimper, venant de la chapelle Saint-Eutrope de Plougonven (29).

Dans tous les cas, les gisants de kersanton  sont allongés, les mains jointes, vêtu de la même armure Louis XIII au col à plis empesés en ailes de chauve-souris, les pieds posés sur un lion ou un lévrier, et l'épée au coté gauche. La tête repose sur un "carreau" ou coussin à pompons, rarement soutenue par des anges. Ils affichent un visage serein, les yeux clos dans la tradition médiévale avec une chevelure bouclée semblable à une perruque qui s'étale sur les cotés. Une fine moustache ombre la lèvre supérieure et un toupet taillé en pointe sur le menton rappelle la coiffure des mousquetaires sous Louis XIII. Un blason est parfois présent contre le bras gauche, mais les armoiries et des inscriptions sont gravés sur les flancs du monument. Un bénitier est présent dans deux cas.

Les gisants ne sont pas personnalisés, ils donnent du défunt une image idéale du seigneur dans sa fonction militaire à la fleur de l'âge : les visages, les armures et les postures sont les mêmes dans tous les cas. Seuls différent les éléments héraldiques.

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Le gisant d'Yves Bervet.

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"Le tombeau d'Yves Bervet, sieur du Parc, mort en 1640 est exposé dans les collections du Musée Départemental Breton de Quimper dans la même salle que le gisant de Troïlus de Mondragon. Il était à l'origine au cimetière de la chapelle Sainte-Eutrope à Plougonven dans le diocèse de Tréguier. Le gisant reposait sur un caisson constitué de plaques de kersanton dont les parties centrales des cotés étaient ornées de deux anges tenant un blason. Aux pieds du gisant est creusé un bénitier. Bien que ce soit un des tombeaux les plus complets parvenus jusqu'à nous, il a été démonté, et le musée n'en présente plus que le gisant, son chien et les parties latérales et médianes. Les armoiries des Bervet, d'argent à trois jumelles surmontées d'une étoile de même sont en alliance avec celle des Le Duc de La Biardais, d'azur, à trois étoiles, et celles des Huon de Kergadou d'argent à trois chevrons de gueules, une fasce d'azur brochante, sur l'autre. Sur la partie médiane, sous le chien, le bénitier est gravé des armoiries des Bervet surmontées du collier de l'ordre de Saint-Michel. Les mêmes armoiries se retrouvent sur le bouclier du gisant." (E. Le Seac'h page 225).

Aucune inscription ne précise l'identité du défunt.

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Biographie et éléments généalogiques et héraldiques.

 

Yves LE BERVET (1579-1641), écuyer, seigneur de Kergadou et de Garspern, maire de Morlaix  en 1615, chevalier de Saint-Michel, né en 1579, et décédé le 21 août 1641 à l'âge de 62 ans, fut enterré dans l' église paroissiale de Plougonven.

 

Il était le fils de  François LE BERVET, seigneur de Toulanlan 1549-ca 1630 et de Catherine de May, dame de Toulalan. François Le Bervet était, en 1600, jurat de la communauté morlaisienne et, en 1608, receveur des ports et havres de Morlaix.  Ce dernier demeurant en son manoir de Manachty en la commune de Plufur, fut autorisé par un arrêt du 12 novembre 1614 de la Cour du Parlement de Bretagne, à reprendre le nom de "du Parc" quitté par Tristan du Parc, fils de Philippe du Parc, seigneur du Parc, par son mariage, en 1405, avec Claudine Le Bervet.  

Il épousa le 5 Janvier 1605 Marie HUON, fille et unique héritière de Guyon HUON, seigneur de Kercadou.

Leur fils aîné François DU PARC ou Le Bervet, (Plusquellec,1608- manoir de Rosampoul en Plougonven, 1678),fut  conseiller du roi au Parlement de Bretagne en 1634-1673- Il épousa Marie LE DUC DE LA BIARDAIS en 1634 dont il avait deux fils : Jean (1641-1720, conseiller au Parlement de 1673 à 1699) et Joseph (mort en 1730).

Selon Courcy,  :

Duc (le), (orig. du Maine), sr de la Massais, — de la Biardais, — de la Forêt-Neuve. D'azur à trois étoiles à sept rais d'argent. Marc, président aux enquêtes en 1618 ; Jean, son fils, conseiller au parlement en  conseiller au parlement en 1643. Fondu dans du Parc-Kergadou. 

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Conclusion.

Le tombeau porte les armes d'Yves LE BERVET, mais aussi de son fille Jean DU PARC et de l'épouse de celui-ci, Marie LE DUC DE LA BIARDAIS. Cela incite à penser que c'est son fils qui a commandité cet ouvrage tumulaire par contrat avec Roland Doré, ou du moins qu'il a participé à cette commande (au plus tôt après 1634).

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Gisant d'Yves Bervet au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2011.

Gisant d'Yves Bervet au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2011.

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Gisant d'Yves Bervet au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2011.

Gisant d'Yves Bervet au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2011.

Gisant d'Yves Bervet au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2011.

Gisant d'Yves Bervet au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile 2011.

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SOURCES ET LIENS.

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— CHAURIS (Louis), 2010, Le kersanton, une pierre bretonne, Presses Universitaires de Rennes, 244 p.

https://journals.openedition.org/abpo/2187

 

GUICHOUX (Jean), 2016, L’église de Landeleau et l’étonnante histoire de la tombe au gisant d’Auffray du Chastel KAIER AR POHER N° 52 – Mars 2016

http://www.plouye-poher.fr/ressources/files/rub/pdf/66.pdf

 

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Description matérielle : 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm. Description : Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395. Édition : Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014. Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page et Fañch Roudaut pages 222-226.

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19 mai 2019 7 19 /05 /mai /2019 21:09

Le gisant de Jacques Barbier (kersanton, Roland Doré, 1638) au Musée du Léon de Lesneven.


 

 

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Sur les gisants, voir (approximativement par ordre chronologique) :

 

 

 

 

et aussi ailleurs :

-- Le gisant du seigneur de Liscoët en Botquélo (22), limite XIV-XVe.

-- Le gisant de Perronelle de Boutteville et Bertrand de Trogoff (église Notre-Dame-de-l'Assomption au Faouët par l'atelier du Folgoët.  Début XVe, granite, h. 1,70, 1. 0,86. Gisants représentés sur un lit funéraire : à gauche, personnage masculin (Bertrand de Trogoff?), coiffé en calotte, vêtu d'une armure; à droite, personnage féminin (Perronnelle de Boutteville,?) portant une coiffure à cornes.

-- Le tombeau de saint Jaoua à Plouvien par l'atelier du Folgoët.

--Le tombeau du chanoine de Nantes Laurent Richard en l'église de Plouvien vers 1555.

-- Le gisant gisant d’Auffray du Chastel (kersanton, Roland Doré, XVIe )

 

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N.B : je place en erratum à la fin de cet article celui de Claude Le Menn, du Musée du Léon, démontrant qu'il ne s'agit pas du gisant de Jacques Barbier, et qu'il n'est pas dû au ciseau de Roland Doré. Je le remercie de cette communication reçue en mai 2020.

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE : LA SCULPTURE TUMULAIRE DE ROLAND DORÉ. (D'après E. Le Seac'h).

L'atelier de Roland Doré (1618- Plouedern 1663), tailleur de pierre et sculpteur établit à Landerneau pour bénéficier de l'arrivée par voie fluviale du kersanton, pierre extraite sur les rivières de Daoulas et de L'Hopital-Camfrout en rade de Brest, est le plus renommé des ateliers de Basse-Bretagne pour le XVIIe siècle. On trouve les œuvres de ce sculpteur d'exception, "Michel-Ange du kersanton", dans plus de 82 paroisses, essentiellement dans le Léon et le nord de la Cornouaille. Il a exercé son art pour des commandes religieuses (statues, croix et calvaires), mais neuf gisants d'hommes d'armes et quatre statues en pied témoignent de son activité dans le domaine profane.

Ses neuf gisants se concentrent autour de Saint-Brieuc pour six tombeaux, et dans le Finistère pour les trois autres. Ce sont :

  • Gisant de Guillaume de Rosmadec, vers 1608. Chapelle Notre-Dame-de-la-Cour, Lantic (22). Ce serait la plus ancienne.

  • Gisant  de la famille de Bois-Boissel.  Angle sud-est du cloître de la cathédrale de Tréguier (22). 

  • Deux gisants  des Bréhant.  Cloître de la cathédrale de Tréguier (22). 

  • Gisant de Thébault de Tanouarn, vers 1655. Enfeu du transept nord de l'église de Plérin (22).

  • Gisant de Gilles de la Noë. Conservé au château de Keranroux à Ploujean (29) mais provenant de l'église de Plounez (fusionné avec Paimpol (22).

  • Le gisant de Jacques Barbier, seigneur de Kernaou à Ploudaniel. 1638, conservé au Musée du Léon de Lesneven (29).

  • Gisant d'Auffray du Chastel, vers 1638. Musée départemental breton de Quimper, puis à nouveau aujourd'hui en  l'église Saint-Théleau de Landeleau (29).

  • Gisant d'Yves Bervet, sieur du Parc (1640). Musée départemental breton de Quimper, venant de la chapelle Saint-Eutrope de Plougonven (29).

Dans tous les cas, les gisants de kersanton  sont allongés, les mains jointes, vêtu de la même armure Louis XIII au col à plis empesés en ailes de chauve-souris, les pieds posés sur un lion ou un lévrier, et l'épée au coté gauche. La tête repose sur un "carreau" ou coussin à pompons, rarement soutenue par des anges. Ils affichent un visage serein, les yeux clos dans la tradition médiévale avec une chevelure bouclée semblable à une perruque qui s'étale sur les cotés. Une fine moustache ombre la lèvre supérieure et un toupet taillé en pointe sur le menton rappelle la coiffure des mousquetaires sous Louis XIII. Un blason est parfois présent contre le bras gauche, mais les armoiries et des inscriptions sont gravés sur les flancs du monument, lorsque celui-ci est conservé. Un bénitier est présent dans deux cas.

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Le gisant de Jacques Barbier.

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Le visiteur du Musée du Léon peut (il se mordrait les doigts de s'en abstenir) pénétrer gratuitement, avant d'accéder au musée proprement dit et à ses collections lapidaires, dans le cloître de l'ancien couvent des Ursulines (créé en 1678), ou ce qu'il en reste après l'incendie de 1938. 

C'est là que Jacques Barbier l'attend, allongé comme si, crustacé touriste pétrifié, il faisait une pause au soleil après avoir déclaré "j'ai les jambes moulues!" ; une sieste qui dure depuis son décès, en 1644.

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Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

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Cet homme n'est pas un inconnu pour celui qui a eu l'occasion de visiter le château de Kerjean (à Saint-Vougay, à moins de 16 km à l'est de Lesneven) : Jacques Barbier n'est autre que le deuxième fils de Louis Barbier (1523-1596) et de Jeanne Gouzillon, les bâtisseurs du château entre 1566 et 1595 . Et d'ailleurs, il y est né, le 24 juin 1572. 

Il était un "Barbier de Kerjean", avant de prendre le titre de seigneur de Kerno ou Kernaou (sa mère avait reçu en héritage le château de Kerno). Et ses armoiries d'argent à deux fasces de sable, que le visiteur va bientôt découvrir,  sont aussi — bien-sûr— celles de son père, celles que j'ai décrites dans mon article sur la chapelle seigneuriale de Kerjean. Peut-être avait-t-il été baptisé dans cette chapelle ?

Pour ma part, je suis donc en pays de connaissance, j'ai l'impression de rendre visite à un parent (je redore mon blason à peu de frais). 

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Cartel d'exposition au château de Kerjean.  Photographie lavieb-aile.

Cartel d'exposition au château de Kerjean. Photographie lavieb-aile.

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En enjambant le muret, (et le gisant), nous découvrons le coté gauche, où les armoiries, consciencieusement martelées à la Révolution, gardent vaguement la trace des deux fasces familiales (mais aussi d'une ligne médiane troublante).

Les sans-culottes ou citoyens révolutionnaires ont également brisé les jambes (*), l'extrémité des mains, le nez et une partie du menton. C'est amusant, ce sont exactement les dégradations que subirent les gisants des Bréhant et Bois-Boissel, à Saint-Brieuc. 

(*) Le gisant avait été coupé en deux pour pouvoir être encastré sous l'arcade du maître-autel de la chapelle de l'hôpital  dédié à Saint-Maudez à Lesneven où il se trouva de 1869 à 2005. Auparavant, il avait déjà été déplacé, en 1830, du couvent des Recollets jusqu'au jardin des sœurs de la Retraite.

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Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

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Jacques Barbier, seigneur de Kernaou à Ploudaniel, gouverneur de Lesneven en 1603 puis capitaine de la ville  et maître-es-art de sa confrérie, était un homme avisé : il commanda son tombeau en 1638 alors qu'il avait 66 ans (il était né en 1572), au meilleur sculpteur de la région, Roland Doré. Mais peut-être était-il déjà fort affaibli, bien qu'il ne décéda que six ans plus tard, puisqu'il n'eut pas la capacité de signer "obstant l'empeschement de ses mains" le marché conclu avec le sculpteur le 23 février 1638 (et encore conservé dans les archives du château de Lesquiffiou à Pleyber-Christ) : ce fut son  fils, Alain, qui venait de se marier, qui signa à sa place.

Le sculpteur s'engageait à réaliser en pierre de kersanton une tombe qu'il devait placer dans la nef de l'église des Recollets de Lesneven, dans la chapelle Notre-Dame de Lorette de messire Jacques Barbier ; une tombe de deux pieds et demi de haut, non compris le personnage qui sera dessus la tombe, qui aura dessous  la tête un carreau (coussin) soutenu de deux anges et un lévrier à ses pieds et au bout du bas de cette tombe un écusson  avec les armoiries plaines de la maison de Kernaou (*),  avec à coté de la dite tombe un autre écu avec les mêmes armoiries en alliance avec celles de la maison de Kergof (**), lesquels écus auront le collier de l'ordre de Saint-Michel.

(*) Kernaou s'appelle aujourd'hui Kerno à Ploudaniel où le manoir existe toujours.

(**)Les Kergoff sont orthographiés Kergof ou Kergo dans le contrat Barbier/Doré.

 

Ce qui importe au commanditaire, c'est que ce monument soit de même taille que celui d'un autre seigneur (il ne précise pas le nom de ce modèle, mais c'est peut-être Auffray du Chastel), avec ses six pieds de long et ses deux pieds et demi de large avec les mêmes moulures et les mêmes dispositions : bel exemple de rivalité mimétique. 

De plus, il devra sculpter six autres écussons, d'un pied quatre pouces de large et un pied et demi de large : trois aux armes de Kernaou et trois en alliance avec celles des Kergo (Kergof, Kergoff).

C'est le commanditaire qui prendra en charge le charroi des pierres depuis Landerneau (où est l'atelier) jusqu'à l'église des Recollets à Lesneven, ainsi que les cordages et le bois pour l'échafaudage, et la chaux et le mortier.

L'ouvrage qui lui coûtera 198 livres tournois, devra être livré pour la Saint-Michel (le 29 septembre) ; le règlement en six versement s'étalera jusqu'au 21 juillet 1639.

C'est en 1610 que Jacques Barbier épousa Claudine de Lescoët (1580-ap. 1626), dame de Lescoët et de Kergoff (Kernoues) , de l'ancienne paroisse de Languengar, aujourd'hui en Lesneven. Elle était la fille de Prigent de Lescoët et d'Anne de Kerloec'h. Les armoiries en alliance des Kergoff honorent donc l'épouse de Jacques Barbier.

 

Jacques et Claudine eurent deux enfants, Jeanne et Alain (Alain Barbier, seigneur de Lescoët, né en 1640, marié avec Renée d'Altovity, décédé le 14 février 1692).

 

 

Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

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Le gisant mesure aujourd'hui 1,70 m de long, 54 cm de large et 38 cm de haut. Il est globalement bien conservé. 

Jacques Barbier est en  armure, équipée d'épaulières et de coudières, de genouillères en  forme de losange et de solerets en pattes d'ours.

Sa tête repose sur le carreau à glands de passementerie à chaque angle. Les anges au coin du coussin, et le lévrier aux pieds du défunt, qui étaient exigés par le contrat, ne sont pas ou plus visibles.

 Nous retrouvons la moustache et la barbiche "Louis XIII" et la coiffure bouclée triangulaire évoquant une perruque, communes à tous les gisants de Roland Doré.

Le pourpoint forme des plis transversaux au niveau des manches, et le col est à plissés plats aux extrémités pointues. Un baudrier lui ceint la poitrine, soutenant l'épée qui descend sous le genou. Ses mains sont jointes. 

Il porte une cuirasse rembourrée avec des tassettes horizontales boutonnées sur le devant, du ventre aux genoux.

Le ciselage imitant des rivets qui fixent les épaulières, les coudières et les tassettes est très soigné.

Comme cela est habituel dans l'art tumulaire, nous n'avons pas ici une représentation de l'armure réellement portée par le personnage. Ce dernier exerça réellement des fonctions militaires comme en témoignent les archives :

... Barbier de Kerno, capitaine de Lesneven à la tête de 3000 hommes pour s'opposer à un prétendu débarquement des Espagnols à Roscoff  en 1637.

... Le 14 Février 1641, il y a une montre tenue par écuyer Jean Bohier, sieur de Kerferré, lieutenant de Ia garde côtes, sous le commandement de Jacques Barbier, seigneur de Kerno,

... Son fils  présent à la date du 2 Octobre 1665, lors de la montre des mousquetaires, sous le commandement  de M. de Kerno, capitaine de Lesneven, à l'occasion de l'arrivée de Mgr le duc de Mazarin (Arch. dép. E, Fonds Barbier de Lescoet).

Les solerets et jambières  étaient alors souvent remplacés par de hautes bottes de cuir (portrait de Louis XIII vers 1639) mais cette armure n'est pas si éloignée, par les 12 lames de ses cuissards, des armures contemporaines, comme cette demi-armure vers 1630, peut-être de Richelieu (cliquez).

Voir aussi :

https://basedescollections.musee-armee.fr/ark:/66008/1014I

https://basedescollections.musee-armee.fr/ark:/66008/20150458/v0001.simple.highlight=D%C3%A9partement:%20%22Ancien/Armes%20et%20armures%22.selectedTab=thumbnail

 

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Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

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Aujourd'hui, il ne reste plus du tombeau que le gisant. Le reste a été démoli à la révolution.

Nous ne voyons donc plus les armoiries pleines de Kernaou, d'argent à deux fasces de sable qui ornaient le petit coté du caisson au bout du gisant, ni, sur l'autre coté, les armoiries des Kernaou en alliance avec celles de Kergoff d'argent à la fasce de gueules, accompagnées de six macles d'azur, 3, 3, celles-ci rangées 2e et 1. , entourées du collier de Saint-Michel.

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Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

Gisant de Jacques Barbier, cloître du couvent des Ursulines, Lesneven. Photographie lavieb-aile 18 mai 2019.

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ANNEXE : l'article de Claude Le Menn.

Avec tous mes remerciements à son auteur .

Le gisant de la famille Barbier : Jean, Jacques… ou Sébastien ?

Il semble qu’une erreur ait été commise quant à l’identification du gisant transféré, en 2005, de la chapelle Saint-Maudez au Musée du Léon. Au fil du temps, diverses identités ont été attribuées à ce personnage en pierre de Kersanton.

Jean Barbier ?

En 1946, le gisant est identifié comme celui de Jean Barbier dans la légende accompagnant une reproduction d’un dessin de Charles Corcuff qui illustre l’ouvrage du chanoine Calvez Notre-Dame de Lesneven et du Folgoët. A cette époque le gisant se trouvait encastré derrière l’autel de la chapelle Saint-Maudez.

Dans les années 1970, Ambroise Guénolé, dans ses recherches sur les Barbier de Kerno, signale que le gisant en question est “une statue de chevalier, probablement celle de Jean ou de Jacques Barbier”.

L’hypothèse “Jean” doit être écartée. Les seuls Jean Barbier connus ont été seigneurs de Kerjean aux XVè et XVIè siècles et n’ont pas vécu à Lesneven ou dans les environs. On connaît notamment un Jean Barbier, décédé en 1537, dont le gisant se trouve actuellement au château de Kerjean.

 

Jacques Barbier (1572-1644) ?

Dans les années 1920-1930, Louis Le Guennec, dans ses travaux sur les archives de la famille Barbier, estime que la statue tumulaire conservée à Lesneven, “actuellement encastrée de la façon la plus absurde, derrière le maître-autel de la chapelle de l’hôpital” est celle de Jacques Barbier, seigneur de Kerno. Ce dernier, décédé en 1644, avait effectivement demandé à Roland Doré de lui sculpter un tombeau dans l’église des Récollets de Lesneven en 1638.

Mais la description de ce tombeau de Jacques Barbier, que Le Guennec a retrouvée dans les archives, ne correspond pas à la statue en question. En effet, le gisant du tombeau sculpté par Doré comportait “sous la tête un carreau soutenu de deux anges et un lévrier à ses pieds”, éléments qui n’apparaissent pas sur la statue conservée à Lesneven. Le texte du marché passé avec Roland Doré ne mentionne rien quant à la tenue vestimentaire du gisant. Par ailleurs, le gisant de Lesneven ne correspond en rien au style de Doré, aisément reconnaissable sur de nombreuses statues de la région.

Gabriel Pondaven, dans le Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie de janvier-février 1919, se montre plutôt circonspect quant à l'identification du gisant : il signale qu'il s'agit de « la statue d'un seigneur de Kerno et emploie de prudentes parenthèses pour supposer « (sans doute Jacques Barbier, fondateur des Récollets en 1625) ».

Si le gisant en question n’est pas celui de Jacques Barbier, on ignore ce qu’il est advenu du tombeau que celui-ci fit réaliser par Doré. Toutefois, un bloc sculpté, actuellement conservé près du gisant, à proximité du Musée du Léon, et représentant un ange portant les armes (martelées) des Barbier, est vraisemblablement un reste de ce monument. En effet, la commande passée par Jacques Barbier au sculpteur mentionnait que l’un des côtés du tombeau devait porter “les armoiries de la maison de Kernaou”.

Si Jacques Barbier a bien fait construire, en 1638, un tombeau qu’il destinait à la chapelle N.D. de Lorette du couvent des Récollets de Lesneven – les quittances du sculpteur en témoignent -, curieusement, quelques années plus tard il demande par testament, si l’on en croit Louis Le Guennec, à être enterré dans la tombe de sa mère, Jeanne de Gouzillon, en l’église Saint-Michel. Le tombeau sculpté par Doré demeura-t-il donc inoccupé après la mort de Jacques Barbier en 1644 ? L’affaire se complique encore puisqu’un inventaire de 1632 signale la présence, dans cette église Saint-Michel, de “deux tombes de Messire Jacques Barbier, seigneur de Kernaou, sises sous l’arcade, entre le chœur et la chapelle de Madame Sainte Anne” et revêtues des armes de Gouzillon : “une fasce à trois pigeons”. La présence d’au moins l’une de ces tombes est confirmée en 1754 avant la reconstruction de l’église. Il n’est cependant jamais fait mention d’un gisant à propos de ce tombeau. Résumons-nous : Jacques Barbier aurait donc disposé de trois lieux de sépulture possibles : le tombeau qu’il avait fait sculpter par Doré dans la chapelle des Récollets et, dans l’église Saint-Michel, la tombe de sa mère ainsi qu’un autre tombeau élevé pour lui-même.

Quoi qu’il en soit, le gisant qui nous occupe ne saurait être, comme nous l’avons vu plus haut, celui du tombeau sculpté par Doré pour Jacques Barbier.

 

Sébastien Barbier (1640-1704) ?

Vers 1834, Y.M.G. Laouenan écrit, dans son ouvrage Kastel Ker Iann Koatanskour : “On pouvait voir également dans l’église du couvent des Récollets, à Lesneven, la statue de Sébastien Barbier, frère du précédent, le représentant ainsi que nous venons de décrire ce dernier. Cette statue, comme je l’ai appris récemment, est aujourd’hui dans la cour du couvent des religieuses de la même ville.”

Laouenan se réfère ici au gisant qu’il a observé dans l’église de Saint-Vougay et qu’il attribue à René Barbier, seigneur de Kerjean. Il décrit ainsi cette statue : “(…) revêtu de l’armure qui se portait au temps de Louis XIII. Sa tête est nue, mais ornée d’une chevelure très abondante qui retombe de chaque côté en d’innombrables bouclettes. Autour du cou une fraise plissée. Il porte une cuirasse, des épaulières et des brassards ; ses tassettes, qui bordent la cuirasse ou la cotte de fer, sont composées de nombreuses lamelles et leur donnent le style de l’armure du dix-septième siècle. Ses mains jointes comme à la prière sont nues, mais on remarque, dépassant des brassards, des manchettes plissées (…)”

Effectivement, d’après cette description, le gisant de Saint-Vougay est quasi-identique à celui de Lesneven. Mais Laouenan se trompe lorsqu’il dit que le Sébastien Barbier du gisant de Lesneven est un frère de René Barbier de Kerjean. Si le gisant de Saint-Vougay est bien celui de René 1er Barbier de Kerjean (décédé en 1619), et si celui de Lesneven est celui de Sébastien Barbier de Kerno (décédé en 1704), ce dernier n’était que le fils d’un cousin de René.

En 1836, le gisant de Lesneven, qui se trouve alors dans la cour de l’ancien couvent des Ursulines, est aussi identifié par Emile Souvestre (“Le Finistère en 1836”, publié en 1836) comme étant celui de Sébastien Barbier, seigneur de Kerno. En 1843, cela est confirmé par Marteville et Varin (continuateurs du Dictionnaire géographique et historique de la province de Bretagne écrit par Ogée au XVIIIè siècle), ainsi que par Fréminville deux ans plus tard. En 1859, dans son Voyage en Bretagne- Finistère, Edouard Vallin évoque aussi « le tombeau de Sébastien Barbier, sieur de Kernaou, placé dans la cour du couvent des Ursulines. »

Mais qui était ce Sébastien Barbier ? Il naquit en 1640, au manoir de Follezou en Duault, fils aîné et unique d’Alain Barbier et de Renée d’Altovity. Il épousa Marie Le Moyne, douairière de Kerliviry, puis, en secondes noces, Julie de Cleuz du Gage, en 1689. Cette dernière avait alors dix-huit ans et lui presque cinquante. Ce ne fut pas un mariage heureux : “il n’y a en son cœur pour moi que de l’aversion” se plaint-il. Sébastien reproche à son épouse d’avoir “un esprit occupé à tout ce qui est opposé à l’amitié conjugale”, et de n’être “pas en état de remplir aucun devoir”. Cela ne les empêcha pas d’avoir cinq enfants, tous nés au manoir de Kerno, en Ploudaniel, entre 1690 et 1698.

Chevalier, baron puis comte de Lescoët, seigneur de Kerno, Kergoff, La Villeneuve et Le Follezou, Sébastien Barbier occupait aussi la charge de gouverneur militaire de Lesneven et de capitaine des paroisses de Kernilis, Elestrec, Guicquelleau, Kernouës, Languengar et Trégarantec. Peu après son second mariage sa santé se dégrade : il souffre de fièvres, qu’il soigne au quinquina, de goutte et de sciatique. En 1703, ces maux ne lui permettent probablement pas de se rendre à la cour où il est invité comme député des Etats. En 1704, il finance des travaux sur l’église des Récollets de Lesneven où il souhaite être inhumé. Il décède à Kerno en mars de cette même année. Pour ses funérailles dans l’église conventuelle, son fils aîné composa cette épitaphe : “Cy gissent les dépouilles mortelles de très haut et très puissant seigneur Messire Sébastien Barbier, juvigneur de la maison de Kerjan Barbier et aujourd’hui chef de nom et d’armes, chevalier, seigneur comte de Lescoët, chastelain de Kergof, sire de Kernouès, seigneur de Kerno, de Kerangouez et de plusieurs autres églises, paroisses, couvents et hôpitaux, entre autres celuy de cette ville de Lesneven, de laquelle luy et ses ancêtres ont été gouverneurs pour le Roy et commandants des milices voisines. Le défunt avoit été élu par la noblesse du païs, assemblée en temps de guerre, pour estre le Major de ce corps, qui estoit commandé en chef par le marquis de Kerjan Barbier, aîné de sa maison, de laquelle il y a eu un amiral de Bretagne. Plusieurs autres ont eu des charges honorables, tant dans les armées qu’auprès de nos Roys de France qui, pour les récompenser de leurs services, en ont fait plusieurs chevaliers de leurs ordres, ont érigé de leurs terres en marquisats et leur ont accordé plusieurs autres marques de distinction et privilèges. Cette maison a des alliances avec les plus illustres maisons de l’Europe et mesmes avec des princes souverains et des testes couronnées, tant étrangères que de la Nation.” L’acte de sépulture de Sébastien Barbier a été rédigé, au couvent, en ces termes : “Le 25è mars 1704, Sébastien Barbier écuier, chevalier et comte du Lescoët, fondateur de nostre couvent fut enterré dans la voute de la chapelle où ses ancêtres ont été inhumés. Le V .P. Angélique Guillaume estant lors gardien. Requiescat in pace.” La chapelle et la crypte dont il est question dans cet acte avaient été aménagées, aux Récollets, par Jacques Barbier. En 1629, ce dernier avait, en effet, fait construire une chapelle privée qui s’ouvrait sur l’église conventuelle et qui comprenait “une voulte soubz terre pour enfeu et enterrement de 9 pieds en carré.” Sébastien a donc été inhumé dans une tombe de famille qui existait déjà, et dans laquelle reposait son père, Alain Barbier décédé en 1692. L’acte de sépulture de Sébastien ne dit pas si un gisant avait été ajouté au tombeau lors de son inhumation. Sébastien a donc peut-être été enterré dans un tombeau familial qui possédait déjà un gisant.

Le style du gisant de Lesneven, s’il s’agit de Sébastien Barbier (1640-1704) peut paraître un peu anachronique car, comme le dit Laouenan, la statue porte une armure d’époque Louis XIII (1610-1643), ce qui correspondrait mieux à la période durant laquelle vécut Jacques Barbier (1572-1644). Mais les Barbier se plaisaient, comme en témoignent plusieurs portraits, à se faire représenter dans des tenues anciennes : ils apparaissent, sur divers tableaux, et ce en plein XVIII è siècle, revêtus d’une armure de chevalier. La tenue de style Louis XIII serait donc aussi une sorte de stéréotype pour les statues tumulaires de la famille, ce qui expliquerait la ressemblance, signalée par Laouenan, entre le gisant, plus ancien, qu’il avait observé dans l’église de Saint-Vougay, et celui de Sébastien Barbier de Kerno, si c’est bien de lui dont il s’agit.

Quoi qu’il en soit, il est certain que ce gisant provient d’un enfeu de la famille Barbier de Kerno qui se trouvait aux Récollets de Lesneven. Si le sculpteur Doré a sculpté un tombeau pour cette crypte, il est également certain que le gisant qui nous intéresse ne provient pas de ce tombeau-là.

Après la profanation des tombeaux de la noblesse en 1793, le gisant avait été déposé dans le jardin de l'ancien couvent des Ursulines (actuelle Maison d'Accueil) puis avait été transporté dans la chapelle de l'hôpital, probablement lors de la reconstruction de cet édifice en 1869. Peut-être se souvenait-on, à l'époque, que les Barbier de Lescoët, ou plus précisément leurs ancêtres Gouzillon, avaient été les fondateurs de cet hôpital. Mais pour pouvoir encastrer la statue sous l'autel de la chapelle, on lui avait tout simplement - et stupidement - cassé les jambes, au niveau des genoux. Le gisant a finalement retrouvé l'endroit où il avait été placé après la Révolution : en effet, depuis 2005, il se trouve sous l'ancien cloître des Ursulines, à proximité du Musée du Léon.

Claude LE MENN (Musée du Léon, 29260 Lesneven)

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (chanoine Jean-Marie) & PEYRON (chanoine ), 1917, Notice sur Lesneven, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie de Quimper BDHA.

https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1917.pdf

— CHAURIS (Louis), 2010, Le kersanton, une pierre bretonne, Presses Universitaires de Rennes, 244 p.

https://journals.openedition.org/abpo/2187

CORDIER (Jean-Yves), 2017,  La charpente sculptée de la chapelle seigneuriale du château de Kerjean (Saint-Vougay, Finistère) par le Maître de Pleyben (vers 1570-1580) : sablières, blochets, entraits et clefs de voûte. Les armoiries des Barbier de Kerjean

http://www.lavieb-aile.com/2017/07/les-sablieres-de-la-chapelle-seigneuriale-du-chateau-de-kerjean-saint-vougay-finistere-par-le-maitre-de-pleyben-vers-1570-1580.html

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Description matérielle : 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm. Description : Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395. Édition : Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014. Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page et Fañch Roudaut pages 222-226.

Infobretagne : Suppression de la chapelle collégiale Sainte-Anne

http://www.infobretagne.com/lesneven-collegiale-suppression.htm

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Published by jean-yves cordier - dans gisants
6 mai 2019 1 06 /05 /mai /2019 10:24

Le gisant (kersanton, v. 1522) de Jehan du Vieux-Chastel, Abbé de Landévennec (1496-1522), au Musée de Landévennec.

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Voir aussi :

 

et  : Mes 150 articles sur la Presqu'île de Crozon.

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Sur les gisants, voir :

 

 

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Ce gisant du XVIe siècle est mentionné par Guy Autret de Missirien (1599-1660). Le chevalier de Fréminville l'a vu dans les ruines de l'abbaye vers 1827, "hors du chœur, du côté de l'évangile". Le chanoine Abgrall, si soucieux du patrimoine lapidaire, n'en parle pas en 1917, mais  en 1955,   Jos  le Doaré, l' éditeur de cartes postales de Châteaulin, en a laissé une photographie où la plaque du tombeau repose dans les broussailles des ruines. Il la situe alors  "dans la chapelle centrale du déambulatoire".

 Aujourd'hui, il est parfaitement présenté, devant un alignement de quatre colonnes symbolisant son environnement premier, dans le musée de l'ancienne abbaye de Landévennec. Il a conservé sur la pierre grise de kersanton sa parure de lichens blancs au grain fin. Il est presque intact, hormis l'extrémité de la crosse et la gueule du chien .

 

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C'est la partie supérieure de l'ancien tombeau du dernier abbé régulier de l'abbaye de Landévennec  entre 1496 et 1522 : Jehan du Vieux-Chastel :

L'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel.

Selon Abgrall, celui-ci portait le titre de prieur de Concarneau, titre qu'il conserva lorsqu'il accéda à l'abbatial en 1496.  En effet, l'abbaye possédait, du moins en titre, à Concarneau un prieuré, locus sancti Wingualoei in Buduc, "Saint-Guénolé de Beuzec-Conq". 

 

"Prieur de Concarneau, de la famille de Brunault, en Trébrivan,.  Ses armes se voient, dit Missirien, en toutes les vitres de l'église et du couvent, et sa tombe est élevée en belle pierre, en la chapelle, du costé de l'Evangile, hors du chœur; on montre encore de vieux ornements de draps d'or qu'il avait donnés, et un très grand et très riche calice d'argent vermeil doré."  ll restaura, nous dit Dom Mars, plusieurs des prieurés du monastère, enrichit son église de chapelles, le chœur de stalles, et la sacristie de divers ornements et peintures. Il mourut le 19 Octobre 1522, laissant 11 livres à la chambrerie du monastère, et fut enterré devant l'autel qu'il avait érigé en l'honneur de sainte Barbe, et qui, au XVIIe siècle, était dédié à Notre-Dame. Il dut faire restaurer la maison des Abbés, à Quimper, car on a trouvé, dernièrement,  en démolissant la vieille aile du couvent des Dames Ursulines, un linteau de cheminée portant ses armes." (Abgrall)

Ce fut le dernier Abbé régulier, c'est  à dire qu'après lui furent nommés des abbés commendataires, nommés par le roi, qui percevaient les bénéfices de leur titre sans en exercer obligatoirement les fonctions et qui n'étaient pas obligés de résider sur place. L'abbaye Saint-Matthieu in fine terrae fut semblablement mise en commende à la fin du XVe siècle, tandis que le premier abbé commendataire de l'abbaye de Daoulas fut nommé en 1600.

Son rôle dans l'enrichissement architectural et artistique de l'abbaye est considérable,  puisqu'il dota toutes les fenêtres de vitraux, qu'il commanda des stalles pour le chœur, fit réaliser une statue de saint Guénolé, et des peintures murales pour la sacristie.

 

"Il fit faire les grandes fenestres qui sont dans notre église, scavoir au bout de la nef, à la croisée du costé du cloistre et celles qui sont autour des chapelles. Il fit faire les chaises du chœur, le grand saint Gwennolé de pierre, qui est au grand autel, la chapelle de Sainte Barbe qui est à présent celle de Notre Dame … Il mourut l'année 1522. Cet abbé est enterré devant l'autel de Notre Dame d'à présent, dans une sépulture de pierre eslevé lequel ont mit proche de la croisée l'an 1645 quand l'on haussa l'église." Dom Noël Mars, Histoire du Royal Monastère de Landévennec.

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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On comparera avec intérêt ce gisant avec celui de Guy Le Lionnais, abbé de l'abbaye de Beaulieu entre 1477 et 1528.

http://www.lavieb-aile.com/2019/03/les-treize-gisants-du-cloitre-de-la-cathedrale-de-treguier.html

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— Matériau : kersantite (roche magmatique au très beau grain extraite en rade de Brest près de l'Hôpital-Camfrout depuis le XVe siècle). Louis Chauris indique qu'au cours de son histoire, l'abbaye a fait appel aux trois principaux types (faciès) de kersanton : gris à grain moyen — église romane—, noir à gros grain blason au griffon d'Henri de Morillon abbé de 1425 à 1442 —  et noir à grain fin, comme pour le saint Guénolé, mais aussi pour le gisant de Jehan du Vieux-Chastel, dans la même variété. 

— Datation : après 1522.

— Attribution : non fixée. L'atelier de sculpture du kersanton  des frères Prigent actif à Landerneau débuta son activité en 1527.

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1°) La partie haute : le buste, la tête et les anges.

Le père abbé est représenté (comme saint Guénolé en sa statue de kersanton) en habit titurgique propre à sa dignité : il est mitré, il porte son bâton pastoral (dont la crosse est brisée) et la chape bordée d'orfrois (pierreries en quinconces et quadrilobes).

Sa tête est soutenue par un coussin, et deux anges aux cheveux bouclés tendent l'étoffe qui recouvre celui-ci.

Au dessus du fermail de la chape, nous distinguons le col de trois vêtements : la robe à plis tubulaires, une chemise à dentelle sinueuse, et un col droit. Deux boutons ronds ornent les manches aux poignets.

Le visage allongé est noble et sévère, avec ses pommettes saillantes, et son menton carré. Les yeux sont ouverts (la pupille est creusée) ; le front est plissé de rides verticales.

Les cheveux ne sont pas visibles, et seuls dépassent de la mitre, outre les fanons, deux rangées dentelées ou festonnées comme une fraise et correspondant peut-être à un bonnet.

Les mains sont nues, quelques bagues se distinguent.

Le manipule est passé autour de l'avant-bras gauche.

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Les anges soutenant le coussin appartiennent à la tradition des gisants gothiques et Renaissance. 

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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La partie basse et l'animal d'appui.

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Les chaussures à bouts ronds (pantoufles) s'appuient sur le dos d'un animal dont la tête est brisée. La gueule de ce dernier devait certainement recevoir, comme c'est la règle, l'extrémité de la hampe de la crosse.

Il ne s'agit pas d'un dragon (l'échine est lisse, pas d'écaille, etc.), ni d'un lion ( pas de crinière). Je conclus à un chien, dont la queue passe entre les pattes arrière et se retrouve sous le ventre. Cet animal symbole de fidélité  est plus fréquent sur le gisant des femmes et des enfants, mais on le trouve aussi au pied des religieux, pour affirmer la fidélité à la règle de leur ordre.

Le bris de la tête du chien était déjà constaté en  1855 :

 

"Une statue tumulaire en pierre de kersanton, exécutée avec beaucoup d'art et paraissant appartenir au xve ou xvie siècle. Le personnage, qui paraît être un abbé, y est représenté dans ses habits pontificaux. De la droite il tient une crosse, reposant, à son extrémité inférieure, sur la gueule d'un chien couché à ses pieds. Nous avons appris que cette belle figure avait été exhumée par suite de fouilles pratiquées dans la chapelle Notre-Dame. Elle fut déposée aussitôt près du même lieu, dans l'emplacement de la basilique; mais des étrangers, pénétrant dans son enceinte, ne craignirent pas de mutiler ce précieux morceau de sculpture, en brisant la crosse et une partie de la mitre." BLOIS (M.A. de), 1855, Bulletin de l'Association bretonne, t. V. pp. 47- 

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fb5b16ca50c2bdc6ced3b3c577dfac3c.pdf

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Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Gisant (kersanton, après 1522) de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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LES ARMOIRIES DE l'ABBÉ  JEHAN DU VIEUX-CHASTEL.

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Dom Noël Mars indique (avec en notes les commentaires de Jourdan de la Passardière en 1917) :

Johannes V de Veteri Castro, ex familia Brunaltarum, prope Carhaixium, regularium postremus, initio praefectura multa tulit a Turlenano, priore Roffiacensi (4), quem nonnulli e Landevenecensibus malebant : quod ipsis noxa fuit.

Rerum dominus ut fuit Johannes, multa variis in locis et prioratibus aedificia instauravit, Ecclesiam sacellis , chorum exhoedris, sacrarium vestibus vestis et figuris instruvit.

(3) Brunault en Trébrivant.  Armes du Vieux-Chastel  à 3 fasces accompagnées de 10 hermines 4. 3.2.1. Cf Rostrenen  qui porte d'hermines à trois fasces de gueules."

(4) Ruffiac en Malestroit. Plebs condita en 883 (cartulaire de Redon). Prioratus S. Mariae de Pietnte de Rufiac , prieuré dépendant de l'abbaye de Redon. [JYC : Roffiacensi pouvait aussi renvoyer au prieuré Saint-Martial de Ruffec, dans le Berry]

Il serait donc issu   de la famille de Brunault, en Trébrivan :

Le site de généalogie de Jean-Claude Bourgeois nous donne toutes les précisions nécessaires : Jean était le fils de Guillaume VII du Vieux-Chastel (né vers 1415) et de Plézou DU FOLLEZOU. Il était  le frère cadet  de Geoffroy V du Vieux-Chastel, mort en 1488 à la bataille de Saint-Aubin-les-Cormiers, et de Catherine de Kerloaguen, dame de Brunnault (morte en 1491) .

Il avait un frère plus jeune, François du Vieux-Chastel, né vers 1460, qui fut chanoine-trésorier  de Quimper et qui obtint le poste de prieur de  de Châteaulin. Selon Abgrall et Peyron, il est mort le 4 août 1548 et cumula neuf bénéfices,  celui du vicariat de Landévennec, mais aussi ceux obtenus comme recteur de Querrien, Foinant, Plévin, Trégourez, Plouarzel et comme vicaire de Carhaix (ou de Plouguer, où l'église porte une inscription avec son nom).

Guillaume VII était le fils cadet de Guillaume VI du Vieux-Chastel, fils de Guillaume V du Vieux-Chastel, fils de Geoffroy IV  du Vieux-Chastel, fils de Guillaume IV du Vieux-Chastel, fils de Geoffroy III du Vieux-Chastel, etc.  

La généalogie de Jehan de Vieux-Chastel remonte à Geoffroy de ROSTRENEN, mort en croisade en 1272 et marié à N du Vieuxchastel, héritière du Vieux Chastel en Kerlaz.  Or, les armoiries de Rostrenen sont d'hermines à trois fasces de gueules.

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Armoiries de la famille Rostrenen D'hermines à trois fasces de gueules.

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[La sœur de Geoffroy IV du Vieux-Chastel, Aliette, épousa EON DE QUELEN (d'argent à cinq fasces de gueules).]

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Je n'ai pas retrouvé d'information sur les armoiries détaillées des membres successifs de cette famille : le lambel présent sur les armoiries de Jehan du Vieux-Chastel vient-il du fait qu'il est le fils de Guillaume VII, branche cadette (l'ainé était Jean Ier du Vieux-Chastel ?)

 

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Le blason monastique présenté par un ange est disposé, dans le musée, juste au dessus du gisant. Une photographie du XXe siècle le montre dans l'herbe haute des ruines de l'abbaye.

L'écu que je blasonne (en toute incompétence)  à 3 fasces (ou burelles) accompagnées d'hermines 4, 3, 2,1 et d'un lambel à trois pendants brochant sur la crosse, médiane et tournée vers la gauche, et sommé à sa gauche d'une mitre (brisée).

http://heraldie.blogspot.com/2013/03/monachisme-et-heraldique.html

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Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie Jos.

Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie Jos.

Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Je trouve dans les jardins de l'ancienne abbaye, un autre exemple de ces armoiries parmi une réserve de vieilles pierres :

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Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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b) Enfin, ces armoiries figurent aussi sur la statue de saint Guénolé, exécutée sur ordre de Jehan du Vieux-Chastel.

Voir : Le Pardon de saint Guénolé à l'abbaye de Landévennec le 1er mai. Prosesion ha gousperoù.

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Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

Armoiries de l'abbé de Landévennec Jehan du Vieux-Chastel. Musée de Landévennec. Photographie lavieb-aile 5 mai 2019.

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Jehan du Vieux-Chastel et la cloche de 1513 de l'abbaye.

L'abbé Jehan du Vieux-Chastel fit aussi fondre une cloche pour son abbaye : elle existe encore et c'est la plus petite des deux cloches de l'église de Landévennec, où elle a été réinstallée. Elle porte sur son inscription les noms de l'abbé, soit sous la forme IO[HANNES] DE VETERI CASTRO, soit sous celle de  LP IEHAN DV VIELCHATEAU ABE DVDIT LIEV S GVENOLLOAY .

Enfin, selon A. Bardel et R. Pérennec,  ses armoiries y sont apposées à deux reprises, sur deux sceaux de 4 cm de largeur pour 6,8 cm de hauteur. La figure accompagnant leur description ne permet pas l'analyse de ces armoiries.

https://books.openedition.org/pur/20146?lang=fr#bodyftn5

Mon cliché de ce détail de la cloche constate mieux l'existence de ces armoiries, dans la pointe du sceau, en dessous de la représentation de l'abbé entre les deux colonnes d'un dais.

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Sceau de Jehan du Vieux-Chastel sur la cloche de 1513, église de Landévennec. Photographie lavieb-aile 9 mai 2019.

 

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Cette cloche fera l'objet d'un article séparé.

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SOURCES ET LIENS.

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— ABWINNOC, 1951, Landévennec et son abbaye, photographies Jos Le Doaré.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_168/landevennec__et__son__abbaye.pdf

— ABGRALL (chanoine Jean-Marie) et PEYRON (chanoine Paul), 1917, Landévennec, [notices sur les paroisses], Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, Quimper, 17e année 1917, p. 129-142, 161-170, 193-203, 225-236.

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/017eb901a29a169d8d6edb403cc06c6b.pdf

— BARDEL (Annie), PÉRENNEC (Ronan), Les anciens fours à cloches de l’abbaye de Landévennec, in Louis Lemoine,  Bernard Merdrignac (dir.), CORONA MONASTICA. Moines bretons de Landévennec, histoire et mémorial celtique.  Mélanges offerts au père Marc Simon, p. 129-146

https://books.openedition.org/pur/20118

https://books.openedition.org/pur/20146?lang=fr#bodyftn5

 

— BOURGEOIS (Jean-Claude), généalogie

https://gw.geneanet.org/jcbo?lang=fr&p=guillaume+vii&n=du+vieux+chastel

— CHAURIS (Louis), 2011, Recherches lithologiques dans les ruines de l'abbaye de Landévennec ou "la leçon des pierres", Avel Gornog n°19, juillet 2011, pages 37 à 43.

— COUFFON (René), 1988, Notice sur Landévennec

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/LANDEVEN.pdf

— MARS (Dom Noël), 1648, Histoire du Royal Monastère de Landévennec. S. Wingaloei de landevennek  in Armorica , fr. 22358 Bibliothèque des Blancs-Manteaux

MARS in JOURDAN DE LA PASSARDIERE, 1912  S. Wingaloei in Armorica, BDHA 1912

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/21ec271e9a430068fc93b7bb4845de55.pdf

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109991x/f96.image

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109991x/f128.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109991x/f160.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109991x/f192.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109991x/f224.item

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:525_Dom_No%C3%ABl_Mars_Histoire_du_monast%C3%A8re_royal_de_Land%C3%A9vennec.jpg

— PÉRENNEC (Ronan), Landévennec 1993-1994, rapport de fouilles.

http://bibliotheque.numerique.sra-bretagne.fr/files/original/cb43488063379a623b74da92a4618da0.pdf

— SIMON (Marc ), BARDEL (Annie), 1985, L'abbaye de Landévennec de saint Guénolé à nos jours,  Ouest-France, - 315 pages

— SIMON (Marc ),  1997, Saint Guénolé et l'Abbaye de Landévennec, Editions Jean-Paul Gisserot, 1997 - 32 pages

— SIMON (Marc ),  le Folgoat de Landévennec

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54946e304c6bd5.64421131/1997_03.pdf

 

— Christophe Paulin de La Poix (chevalier de Fréminville.), 1827-1837, Antiquités de la Bretagne, Brest, Lefournier et Deperiers, 1827-1837, 7 parties en 4 vol. Monuments du Morbihan ; Finistère. - 2 vol. ; Côtes du Nord

 

"L'église de l'abbaye de Landevennec contenait encore beaux de l'abbауе plusieurs autres tombeaux remarquables, tels que celui de l'abbé Jean du Vieux Chastel, mort en 1521. Il se voyait hors du chœur, du côté de l'évangile, orné de la statue de cet abbé. Et celui d'Arnould Briand, autre abbé du même monastère, mort en 1553. Arnould Briand fit faire de grandes réparations au chœur de l'église, au milieu duquel il fut enterré.

Dans une chapelle latérale, du côté de l'évangile, était le monument de Jean Briand, abbé commandataire de Landevennec, docteur en droit, chanoine et grand archidiacre de CornouailIes, et recteur de la paroisse de Crozon. C'est lui qui fit construire les bâtimens de l'abbatiale que l'on voit encore aujourd'hui. Il mourut le 22 mai 1632.

Voici l'épitaphe qu'on lisait sur son tombeau:

Hic expectat resurrectionem mortuorum R. ас V. vir Joannes Briént curiosolita, qui superstes luris utriusque doctor archidiaconus ac canonicus Corisopitehsis hulusque cœnobii archimandrita, elusque reformationis autor, œdium œdificiorumque restauralor, novarumque pervîgil extitit extractor."

— Site Infobretagne :

 

http://www.infobretagne.com/landevennec-abbaye.htm

http://www.infobretagne.com/abbaye_de_landevennec.htm

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans gisants
23 février 2018 5 23 /02 /février /2018 14:57

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Le 11 juillet 1898, lors des travaux de réfection du pavage de l'église Saint-Louis de Brest, des ouvriers découvrirent derrière le maître-autel une pierre tumulaire dont la face avait été renversée contre le sol. La dalle de kersanton retournée laissa voir un sujet sculptural parfaitement conservé. Un chevalier, tête nue, le visage rasé, était couché, les mains jointes sur la poitrine; deux anges  soutenant un voile sur lequel repose sa tête, tandis que ses pieds s'appuyaient sur un lion tenant un écu. L'examen de l'écu, qui est seulement chargé d'un chef plein sur un champ plein, et les détails précis du costume, permirent à M. Jourdan de la Passardière d'identifier le personnage ainsi représenté. Ce serait, d'après lui, Gilles de Texue, gouverneur de Brest en 1500, et dont la famille s'est éteinte au XVIe siècle. Comme l'église Saint-Louis n'a été crée et construite que dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, et ne pouvait être la première résidence de cette tombe, on en déduisit qu'elle venait de la chapelle du château qu'il avait occupé lors de ses fonctions de gouverneur. Cette chapelle ayant été détruite lorsque l'in édifiait Saint-Louis, on y aurait transporté la dalle en même temps que beaucoup d'autres 

Gilles de Texue (1478 - 1514) fut capitaine et gardien du château de Brest de 1499 jusqu'au moins 1508. 

Il fut écuyer de la reine Anne de Bretagne et  fut choisi par la reine pour devenir capitaine et gardien du château de Brest en 1499. Le château est alors un site stratégique majeur. Il y recevra d'ailleurs  Anne de Bretagne, durant l'été 1505, à l'occasion de son pèlerinage. Il fut remplacé dans cette charge par le voyer de Trégomar, entre 158 et 1516, probablement en 1516.

 

LA FAMILLE DE TEXUE

Texue, aujourd'hui grosse métairie dans la paroisse de Pacé, était au moyen-âge un manoir qui donna son nom à une noble famille portant pour armoiries : d'argent au chef de sinople. Le premier auteur connu de cette maison fut Guillaume de Texue, mentionné par Dom Morice I.1517 dans un sauf-conduit délivré en 1357 par le roi d'Angleterre à certains écuyers de la suite de Charles de Blois. Il épousa, selon du Paz, Marie de la Roche-Épine. Robert de Texue, fils de ce Guillaume et son héritier, figure comme écuyer dans quatre monstres de Du Guesclin, une montre d'Eon de Baulon à Dinan, et une montre de Robert de Guitté à Paris. (Dom Morice).

 En 1414, Alain, écuyer, avec 13 autres écuyers de sa compagnie, fait partie du corps de 3000 hommes d'armes et 1500 hommes de trait sous Richement.

En 1419, Geoffroy, écuyer de la retenue du maréchal de Dinan, a sous ses ordres Bonabes et Bertrand de Texue, aussi écuyers, et accompagne avec eux le comte de Richement à Angers.

– Bertrand, qui avait suivi le duc Jean dans son voyage à Paris en avril 1418, aux gages de 12 livres pour un mois, et qui servait aussi dans le retenue de Bertrand de Dinan, s'arme en 1420 pour le recouvrement du duc, et figure encore en 1426 dans une monstre de Guy, sire du Gâvres.

 Bonabes prête serment au duc en 1437.

 En 1457, on trouve Noël; chevalier, l'un des gens d'armes du Maréchal de Malestroit. En 1471, il est lieutenant de Bertrand du Parc. En 1474 et 1477, il préside en cette qualité les monstres de Dinan. De 1480 à 1488, il est capitaine de Hédé.

GILLES DE TEXUE 

Quant à Gilles de Texüe, il déute en 1480 comme coustilleur dans la compagnie de 20 lances et 30 archers commandée par Thomas de Kerazret, qui devint plus tard, en 1489, capitaine de Brest.

En 1486, il reçoit mandement de rassembler la noblesse et de la conduire à Clisson pour résister aux ennemis du duc.

En 1488, il est envoyé en mission près du roi de France, et il est compris dans le béguin du duc François II pour 6 aunes de noir, pour faire robe et chaperon.

En 1489, il est capitaine de 20 hommes d'armes.

En 1495, il fallait se procurer de l'argent pour subvenir à la conquête du royaume de Naples : on fit des réductions de solde et de gages. Un état dressé à Lyon porte une réduction de 100 livres sur ceux de Texüe.

En 1489, il est compris au béguin de Charles VIII pur quatre aunes de drap noir. Il fait paryie de la maison de la Reine aux gages de 300 livres et figure au nombre des 50 hommes d'armes de sa garde, sous la charge du seigneur de Maillé.

Cette même année, il est capitaine de 20 hommes d'armes et 40 archers à la petite paye, et pourvu de la capitainerie de Brest, en remplacement de Guillaume Carrel ou Carreau.

En 1501, Gilles du Texue avait 800 livres de gages.

En 1506, il figure dans les comptes du duché comme écuyer d'écurie de la Reine Anne.

En 1508, il avait comme lieutenant à Brest Jehan de Saint-Hilaire.

Son décès se place probablement entre cette dernière date et 1516, époque à laquelle Bertrand Le Vayer de Trégomar, seigneur de la cour, est désigné comme capitaine de Brest aux gages de 700 livres. D'après Guillotin de Corson (Grandes seigneuries de Bretagne); Gille de Texüe mourut le 12 juillet 1514. Sa veuve Louise de Bintin lui survécut jusqu'en 1518.

 

La famille de Texüe s'est éteinte au XVIe siècle, et la terre de Texüe est entrée dans la famille de Brüllon en 1570 à la suite du mariage de Bonne de Texüe avec Pierre, chevalier de l'ordre du roi, veuf de Françoise de Sangay. Sébastien Brüllon, siuer de Texüe, issu de ce mariage, épousa en 1587 Claude du Chastel, et mourut sans postérité.

Son gisant en pierre noire de Kersanton, remarquablement conservé, est désormais exposé au musée naval du château de Brest ; il se trouve dans l’oratoire où Anne de Bretagne se recueillit lors de sa visite de 1505.

Au XVe siècle, la tour Duchesse Anne du château de Brest abritait le logis réservé à la résidence du duc ou de son représentant. On y trouvait, du rez-de-chaussée au deuxième étage, des celliers abritant les vivres, une vaste cuisine et deux salles de réception. Le troisième étage abritait les espaces privés de l'occupant des lieux, des chambres et un lieu de culte, l'oratoire.

Dans cette pièce à l'ornementation très simple, les arcs nervurés soutenant la voûte reposent sur des consoles sculptées qui représentent les symboles des quatre évangélistes, le lion de saint Marc, l'aigle de saint Jean, le bœuf de saint Luc et l'homme de saint Matthieu. Les baies ont gardé leur disposition d'origine, notamment celle située à l'est, pourvue de bancs occupant chacun de ses ébrasements. L'ensemble est en kersanton, une pierre extraite aux environs de Brest que l'on retrouve dans de nombreux calvaires.

Je reprends la description qu'en a donnée en 1898 Abel Chabal, président de la Société des architectes de l'arrondissement de Brest (et bien connu, avec son fils Gaston, comme architecte exclusif de la S.A de la Plage de Morgat).

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Oratoire du troisième étage de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Oratoire du troisième étage de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Oratoire du troisième étage de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Oratoire du troisième étage de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Oratoire du troisième étage de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Oratoire du troisième étage de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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 La dalle est en kersanton. La tête est nue. Les cheveux  sont longs.  La large chevelure bouclée, à frange, était à la mode sous Louis XI et Charles VIII, alors que les hommes d'armes portaient jusqu'au milieu du XVe siècle les cheveux courts.

Le visage est rasé. Deux anges soutiennent  un voile, sur lequel repose la tête. L'armure se compose d'un haubergeon dont les mailles apparaissent au cou et entre les tassettes.

 

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Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Les jambes sont recouvertes par les cuissards, avec genouillères articulées, et les grèves en deux pièces. Les cuissards sont forgés d'une seule pièce au lieu d'être à lamelles articulées .  La chaussure est celle dite "pieds d'ours", courte et large à l'extrémité : ces solerets furent à la mode de 1500 à 1530 (Wikipédia) ou entre 1485 et la fin du XVe siècle, préférées aux "poulaines " car elle n'empêchaient pas de marcher. 

Les pieds sont posés sur un lion, qui tient entre ses pattes de devant un écu retourné vers la tête du chevalier. Cet  écu est rattaché au cou du lion par une courroie bouclée.
 . Toute la sculpture est assez bien exécutée et, à part quelques cassures, dans un bel état de conservation. 

Au côté gauche une épée, droite, large, très forte et de section losangée, soutenue par deux bélières.

Gilles de la Texue serait mort dans son lit, si on en juge par la position de son casque. Certains auteurs rapportent en effet que les chevaliers qui perdaient la vie sur un champ de bataille étaient représentés le casque en tête et l'épée à la main.

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Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Sur la cuirasse, une cotte d'armes rembourrée et  courte, avec pèlerine (abandonnée sous Charles VII, elle fut reprise sous Louis XI). Un pli de cette cotte agrafé par un bouton forme la manche. Les mains sont jointes. Au côté droit de la figure sont posés, un casque du genre armet, et des gantelets articulés.

 

 

 

 

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Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Le lion présente l'écu d'argent, au chef de sinople (blanc, avec la partie haute verte) de la famille de Texue.

Pour Pol de Courcy (Nobiliaire et armorial de Bretagne, 1890)

https://fr.wikisource.org/wiki/Nobiliaire_et_armorial_de_Bretagne/T

Texue (de). sr dudit lieu, par. de Pacé, — de la Rivière, par. de Noyal-sur-Vilaine, - de Launay-Milon et de la Gouzée, par. de Gévezé, — de Sèvedavy et de’la Gérardière, par. de Saints, — de Glairefontaine, par. de Vignoc, — de Lesnen, — de Trénault. Réf. et montres de 1427 à 1513, dites par., év. de Rennes et Dol. D’argent au chef de sinople.

Qeoffroi, épouse vers 1417 Jeanne de Saint-Pern ; Gilles, capitaine de Brest en 1500. La branche ainée fondue dans la Ferrière ; la branche de la Rivière fondue dans Brullon.

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Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Le capitaine de Brest contemple fixement le plafond. 

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Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Effectivement, au croisement des nervures de l'oratoire s'est suspendu un hurluberlu nu et saugrenu qui montre son cul pour hanter le dernier sommeil d'un vieux soldat.

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Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Juste au dessus du gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Juste au dessus du gisant (kersanton, vers 1512) de Gilles de la Texue, oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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Notre défunt appellera sur lui la protection du Lion de saint Marc...

Oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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... et de l'Homme (ici chenu et barbu et aux oreilles velues) que les spécialistes considèrent paraît-il comme l'attribut de l'évangéliste Matthieu. 

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Oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

Oratoire de la Tour Duchesse Anne du château de Brest. Photographie lavieb-aile février 2018.

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SOURCES ET LIENS.

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DUCREST DE VILLENEUVE (M.E.), 1898,  "Pierre tombale découverte à Saint-Louis de Brest", Bulletin de la Société archéologique du Finistère T.XXV pages 248-254.

— L'ORME (M.A. de) 1911, "Le Tombeau de Gilles de la Texue", in "L'église saint Louis de 1870 à 1911", in "Histoire de l'église Saint-Louis",  Bulletin de la Société académique de Brest,  Imp. Kaigre, Brest, page 79

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207703m/f79.image

 

—JANNIC DE KERVIZAL (H. Le ), 1898-1899, « Une explication de la pierre tombale de l'église Saint-Louis de Brest », Bulletin de la Société académique de Brest, XXIV, 1898-1899, p. 171-192.

Cet auteur décrit le gisant, donne des informations sur Gilles de Texue, mais ne croit pas que le gisant soit le sien . C'est cependant l'identification le plus souvent retenue.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2076476/f169.image

—Lobineau Mémoires : La Texue  Archier en 1498

https://books.google.fr/books?id=53nLJ6X1NykC&pg=PA1597&lpg=PA1597&dq=gilles+de+texue&source=bl&ots=M0XcPJmYs2&sig=H7CisMYliuvfiyRLg86mQDnuk4U&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiKvbmxtrrZAhWD8RQKHWWzArkQ6AEIRDAF#v=onepage&q=gilles%20de%20texue&f=false

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Published by jean-yves cordier - dans Gisants
27 août 2017 7 27 /08 /août /2017 09:27

Le gisant (kersanton, 1460) de Jean de Kerouzéré en l'église de Sibiril (Finistère) par le Maître du Folgoët (1423-1509).

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 "Les tombeaux de saints très populaires et de membres de l'entourage princier témoignent de la volonté du pouvoir ducal sous Jean V de mettre l'art à son service. On peut penser que les commandes adressées en ces circonstances laissent une faible marge de manœuvre aux artistes" (Le Seac'h p. 91)

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— Sur les gisants, voir aussi ici :

et aussi :

-- Le gisant du seigneur de Liscoët en Botquélo (22), limite XIV-XVe.

-- Le gisant de Perronelle de Boutteville et Bertrand de Trogoff (église Notre-Dame-de-l'Assomption au Faouët par l'atelier du Folgoët.  Début XVe, granite, h. 1,70, 1. 0,86. Gisants représentés sur un lit funéraire : à gauche, personnage masculin (Bertrand de Trogoff?), coiffé en calotte, vêtu d'une armure; à droite, personnage féminin (Perronnelle de Boutteville,?) portant une coiffure à cornes.

-- Le tombeau de saint Ronan dans la chapelle du Pénity de l'église de Locronan, partiellement par l'atelier du Folgoët.

-- Le tombeau de saint Jaoua à Plouvien par l'atelier du Folgoët.

--Le tombeau du chanoine de Nantes Laurent Richard en l'église de Plouvien vers 1555.

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— Sur les réalisations de l'atelier ducal  du Folgoët entre 1423 et 1509, voir :

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Ce tombeau a été superbement décrit par Emmanuelle Le Seac'h dans sa thèse, publiée en 2014. Je ne saurai mieux rendre hommage à la qualité de son travail qu'en citant sa description (en retrait et entre guillemets), qui est un modèle du genre.

PRÉSENTATION.

C'est "un tombeau à élévation droite sur lequel repose un gisant, mesurant  0,95 m de haut, 2,21 m de long et 0,50 m de profondeur" (inventaire général du patrimoine). Il occupe le coté sud de l'église de Sibiril, à 1 km au sud du château de Kerouzéré (Maps). On demandera les clefs à la Mairie. Mais si, comme moi, vous oubliez votre matériel photo après avoir glissé les clefs dans la boite à lettre de la mairie en fin de journée, sachez qu' une habitante demeurant sur la place en possède un double. Merci à la très aimable bouchère-charcutière qui m'a donné ce renseignement et m'a permis de récupérer mon pied télescopique.

 

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"À Sibiril, dans l'église Saint-Pierre, qui est très commune, se cache un tombeau du premier atelier du Folgoët [1423-1468] d'une excellente facture. Appuyé contre un pilier séparant la nef du bas-coté sud, il est constitué d'une dalle qui repose sur un coffre formé de deux plaques latérales divisées chacune en quatre panneaux et d'une petite sous la tête du gisant. [...] Le tombeau s'inspire de celui du seigneur de Liscoët à Boquého, paroisse près de laquelle Jean de Kerouzéré avait hérité de la terre d'Avaugour en Plésidy (Copy, 1986)" (Le Seac'h)

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Jean de Kerouzéré, mort en 1460 sans héritier mâle, était échanson de duc Jean V. Il participa au siège de Champtoceaux le 5 juillet 1420. En récompense, il reçut les faveurs du duc.

Néanmoins, cette attribution communément admise a été réfutée en 2020 par Paul-François Broucke sur la base ARMMA sur de solides arguments : il s'agit en réalité du gisant d'Éon (ou Yvon) de Kerouzéré, père de Jean II et décédé en 1435 ou un peu avant. Mon article de vulgarisation, rédigé en 2017, est désormais caduque, et je renvoie à la notice de l'ARMMA :

https://armma.saprat.fr/monument/sibiril-eglise-saint-pierre-gisant-deon-de-kerouzere/

On y trouvera une passionnante analyse héraldique, stylistique et historique.
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a) Le duc Jean V captif à  Champtoceaux . 

Le 13 février 1420, la famille de Penthièvre invite son rival Jean de Montfort (le duc Jean V) sur ses terres et l'enlève. Le duc est détenu à Champtoceaux, puis promené en France de prison en prison.

Durant la Guerre de Succession de Bretagne entre Penthièèvre et Montfort, Marguerite, fille du connétable Olivier V de Clisson et dame de Champtoceaux est la prétendante des Penthièvre. Elle aspire au titre de duchesse de Bretagne, et avec l'aval du dauphin, le futur Charles VII, elle capture Jean V de Bretagne par la ruse et l'enferme dans la Tour du Diable de sa citadelle de Châmptoceaux.  Le siège de 1420 de Champtoceaux  s'étalant sur près de 3 mois,  se termine par la victoire de l'armée du duc de Bretagne. Au terme du siège, le château et la ville sont totalement rasés par les forces bretonnes. Le prisonnier libéré fera démanteler totalement la citadelle avec interdiction de reconstruire à l'intérieur de l'enceinte. 

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b) Le duc Jean V récompense les membres de la noblesse qui lui ont assuré leur appui et ont permis sa délivrance.

La petite noblesse se caractérise dans son ensemble par sa fidélité aux Montfort. Par le domaine ducal, le duc est parfaitement implanté dans tout le duché et possède de très nombreux vassaux. Par ailleurs, les faibles revenus d'une grande partie de la petite noblesse l'obligent à servir le duc pour rehausser son niveau de vie, dans la garde, l'armée et l'administration. (Coativy) Parmi les anoblis ou les familles fraîchement enrichis par la faveur ducale, on compte les Kerouzéré.  En l'espace de deux générations, cette famille passa de la moyenne à la haute noblesse, grâce aux faveurs du duc et se paye un château de pierre, une haute justice (1445) et des foires. En 1457, le duc Arthur III donne ainsi "congé au sire de Kérouzéré de fortifier la place et la maison de Kérouzéré". Puis en 1459 et 1468, François II accorde deux mandements ducaux relatifs à la fortification de Kérouzéré.

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Preuves de Dom Morice coll. 1094 Donation faite par le Duc à Jean de Kerouzéré, son eschanson: 

"Jehan par la grâce de Dieu Duc de Bretaigne, comte de Montfort et de Richemond...salut. Comme aucunes fois nous bien acertennez des bons & notables services que nous avaient faictz nostre bien amé & féal Conseiller Eon de Kerouzeré nostre President, & nostre bien amé & féal Escuier & Eschanson Jean de Kerouzéré filz dudit Eon, & en special au faict du recouvrement de nostre personne prinse & empeschée par très-faulce & desloyale trahison par Olivier de Blays, & Charles son frère, & au vengement de celle trahison, scavoir ledit Eon en conseillant & adverissant & faisant les dilligences qu'il pouvait faire, & ledit Jean employant son corps en péril & adventure, lui accompagné de plusieurs de ses amis en guerre que avoeint faicte nos bons, vrais & loyaux cousins, féaux subjectz de nos Barons, Chevaliers & Escuyerrs ausd. De Blays, & à leur mère soustenant ceste trahison, tellement mercy à Dieux que par les dilligences que avoeint faicyte nos dits cousins, féaux & subjectz la delivrance de nostre personne s'estoit ensuivie, desquelz services & à bon droicts nous nous tenions pour bien contens, & encore faisons : ...desirant l'avancement de nostredit Escuyer & Eschanson, à luy & à ses hoirs masles procréés ou à procréer en mariage en perpetuel à jamais à héritaige cinquante livres de rente, vallentes & levantes chacun an à jamais sans faillir ; & avecques cinquante livre de rente vallentes et levantes chacun an à la vie dudit Jean tant seulement à estre assises et assignées audit Jean en la chatellenie de Chastelaudren en heritaiges qui furent audit Olivier de Blays....A Vannes le 2 jour de juin l'an 1421."

"Olivier de Blays" désigne Olivier de Blois, comte de Penthièvre.

Voir aussi l'Histoire de Bretagne d'Argentré.

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c) Armorial et Nobiliaire :

 

"Kerouzéré (de), baron dudit lieu et sr. de Kersauson, en Sibiril, — de Kerménaouet et de Menfantet, en Cléder, — de Trogoff, en Plouescat, — de Kerandraon et de Keraliou, en Plouguerneau, — de Kerdrein, — de Kernavallo, — de Kerangomar, en Taulé, — de Trévéhy et de Tromanoir, en Plouénan. Réformes et montres de 1426 à 1534, dites paroisses, évêché de Léon. Blason : De pourpre, au lion d'argent. Devise : List, list (laissez, laissez).

Kerouzéré a produit :

— Eon, président universel de Bretagne en 1390.

— Jean, son fils, échanson du duc Jean V, qui bâtit le château de Kerouzéré, épousa Constance Le Barbu, dame de Trévéhy.

— Yvon, conseiller et chambellan du duc François II, en 1462.

La branche aînée fondue, en 1527, dans Kerimel de Coëtnizan, d'où la baronnie de Kerouzéré a passé par alliance aux Bois-Eon. "

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d) les titres de Jean de Kerouzéré

Échanson : ou Premier échanson, puisque les ducs de Bretagne n'eurent que des premiers écuyers et premiers échansons : voir la liste des échansons sur Infobretagne. 

Écuyer : "Les plus grands seigneurs (du duché de Bretagne) ne prenaient pas d'autre titre que celui d'écuyer, avant d'être parvenus aux honneurs de la chevalerie."  

Homme d'armesOn doit à Charles VII la constitution de la première armée de métier permanente en Europe, par la grande ordonnance de 1445 qui crée les compagnies d'ordonnance pour former la cavalerie de l'armée de campagne. Sont alors créées 15 compagnies de 100 lances, une lance étant un groupe de 6 hommes : un homme d'armes, qui dirige la lance, un coutillier (fantassin armée d'une coutille, dague qui peut être fixée à une hampe) , trois archers et un page.

Un homme d'armes est un cavalier : pour combattre, il monte un cheval de guerre ou  coursier, mais il doit posséder aussi un cheval de somme, le sommier, pour porter ses bagages. 

Pour être homme d'armes, il fallait être bon gentilhomme et avoir au moins quatre quartiers de noblesse.  Une ordonnance de Pierre de Bretagne de 1450 précise les équipements requis pour la montre, selon les richesses estimées allant de 140 à 500 livres de rentes : au minimum, être " en estat et appareil d’homme d’armes pour sa personne, bien armé son corps et bon cheval, avec un coustilleur et un page montez, les chevaulx compétantz,", pour d'autres "brigandines, bonnes salades ou à tout le moins bons paletocs armés de nouvelle façon, sans manches à lesches de fer ou mailles sur le bras, avec bons jusarmes ou arcz s’ils s’en scavent aider" et pour les plus fortunés, trois archers, un jusarmier, un coustilleur et un page " 

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Dalle du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Dalle du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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La partie supérieure (dalle ou gisant).

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"L'homme d'armes se tient les mains jointes, à plat, les manches serrées. Le col de son bliaud remonte haut sur le cou, rigide et échancré au niveau de la pomme d'Adam. Il porte sur les épaules un camail, petite cape sans manches, dont les plis en volutes richement travaillés s'arrêtent au niveau du coude." (Le Seac'h)

Il me semble que le "bliaud" et le "camail" sont en réalité un seul vêtement, la  "cotte d'armes", ou tabard, sorte de tunique mise au dessus de l'armure et portant des armoiries : Selon Wikipédia, "Aux XVe et XVIe siècles, la cotte trouve sa forme classique, composée de quatre pans inégaux de tissu : deux grands et deux petits, formant les manches. À cette époque, on voit apparaître des cottes à la finalité clairement somptuaire, faites de draps d'or, satins et damas de soie, richement brodées et frangées; cela a pour principale conséquence de rendre le vêtement lourd, rigide et peu commode sur les champs de bataille. De fait, au XVIe siècle, on le retrouve plus dans l'iconographie que sur le front. C'est ainsi le vêtement par excellence du chevalier se faisant représenter en donateur dans les œuvres de dévotion, tableaux, et vitraux."

La chemise ou la tunique, très ajustée aux poignets, n'apparaît que sous le coude, et au niveau du bassin, sous forme de pointes triangulaires.

L'écuyer ne porte ni casque, ni gants, ni éperons.

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Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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La tête du gisant.

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"La tête du gisant repose sur un coussin dont le moelleux est rendu par une house aux motifs quadrillés. Quatre pompons sphériques dont deux ornés de pampille, parachèvent la décoration soignée.

Les cheveux du gisant sont coiffés à la manière du Folgoët. Ils partent d'un point sur le haut du crâne et s'étalent en mèches ondulées puis tombent en boucles sur les cotés du visage et s'arrêtent à hauteur de mâchoire.

Le front est ceint d'un mince bandeau torsadé. Le visage est taillé en ovale avec le philtrum et la fossette mentonnière creusés. Le sillon naso-génien est légèrement creusé. Le nez est droit avec la pointe épaisse. Les yeux bridés en amande sont surlignés de paupières et les arcades sourcilières sont nettes." (Le Seac'h)
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Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Les anges.

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"Deux anges assis posent leurs mains sur le crâne avec délicatesse . Ils sont vêtus d'une aube et d'un manteau dont les pans superposés forment des plis fluides qui laissent à découvert le bout de leurs pieds. Leurs ailes sont repliées dans le dos en forme de coquillage.

Les deux anges sont coiffés pareillement avec aussi un mince bandeau qui leur enserre le crâne. Leur visage est empreint d'une douceur enfantine avec des joues pleines et rondes, le nez camus. Les lèvres sont sculptées en une moue plus triste pour celui de gauche du gisant, à droite, elle est plus gourmande." (Le Seac'h)

 

 

Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Le geste de compassion et de tendresse des deux anges.

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Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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L'ange de gauche.

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Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Le milieu du corps.

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"Le gisant est revêtu d'un bliaud dentelé et aiguisé dans le bas, resserré à la taille par une ceinture de chevalerie à boucle carrée imitant le métal et décoré sur son pourtour de la devise de la famille inscrite en caractères gothiques : « LIST, LIST » qui signifie « Laissez, laissez »." (Le Seac'h)

Je trouve dans le dictionnaire de Le Gonidec le verbe leuskel ou lezel « laisser, abandonner » ou encore dilezel, « abandonner, quitter, céder, se désister » :   https://books.google.fr/books?id=YYkCAAAAQAAJ&printsec=frontcover&dq=dictionnaire+breton&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjPx8iSsffVAhWCVBoKHeDPC4MQ6AEIJzAA#v=onepage&q=laisser&f=false

Faut-il le comprendre comme un cri de guerre adressé à l'adversaire : "Abandonne ! Abandonne ! " ou bien, ce qui semble mal convenir et être anachronique, comme une injonction personnelle de lâcher-prise ?

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Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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La ceinture et la devise.

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Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Les armes.

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"Il est équipé de genouillères et de solerets et est fortement armé avec une épée sur la hanche gauche, dans son fourreau, maintenue par une lanière passée dans la boucle de la ceinture, un sabre posé à plat entre ses jambes et une dague glissée sous la ceinture du coté droit dans une bélière* ronde qui en accueille la garde ." (Le Seac'h)

* bélière : "Anneau servant à suspendre ..., un sabre ou encore la courroie servant à attacher le sabre au ceinturon."

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Emile Souvestre  emploie en 1836 le terme d'épée portée au coté, de "jacquemart" placée au centre,  "dague" ou "miséricorde" dans sa description du gisant.

Les deux épées ne diffèrent que par leur taille (plus courte au centre) et par leur garde (avec pommeau en cœur à gauche). Elles sont toutes les deux à double tranchant (excluant le terme sabre, lame à un seul tranchant). La garde est recourbée aux extrémités. Ces lames à profil triangulaire à tranchants larges sont celles d' épées du XVe siècle,  adaptées à l'estoc et à la taille .(l'estoc est l'acte de frapper l'adversaire par la pointe de l'arme, pour le transpercer et menacer ses organes vitaux. la taille est l'acte de frapper avec le tranchant de la lame, et de causer de longues entailles).

L'une des deux épées  est peut-être plutôt une épée d'estoc, plus longue et  qui fait office de lance, et l'autre l'épée d'armes pour frapper de taille. "Les hommes d'armes des compagnies d'ordonnance avaient l'estoc accroché à un arçon de la selle, la masse d'armes à l'autre, l'épée d'armes à la ceinture, et la lance au poing" (René de Belleval, La panoplie du XVe au XVIIIe)

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L'épée est portée à gauche, comme le veut l'usage. Je distingue le fourreau et sa chappe (partie haute, triangulaire)   La lanière est bien visible, elle passe dans deux trous de la ceinture. 

 

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Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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L'épée placée entre les jambes.

Emile Souvestre la désigne sous le nom de "jacquemart", synonyme rare de braquemard ou braquemart, nom d'une "épée large et courte à deux tranchants" devenu synonyme d'épée depuis Montaigne.

[Le mot braquemard apparaît au Moyen Âge et proviendrait du mot néerlandais désignant un couteau. Celui-ci devait ainsi être robuste avec une lame courte, large et forte. Il prend la signification d’épée dans la langue française grâce à Michel de Montaigne, qui emploie le mot braquemart pour traduire l’épée des escrimeurs allemands. Par extension, le mot a servi à désigner le pénis en argot.]

Cette épée très proche de celle portée à gauche mesure une soixantaine de centimètres. Ce qui est particulier, c'est la manière dont la poignée retrousse le bas de la cotte d'armes en deux plis qui lui forment un pavillon. Je ne m'éternise pas.


 

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Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Les pieds chaussés de solerets posés sur un lion tenant un os.

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"Les pieds s'enroulent autour du corps d'un lion couché qui regarde vers lui, les pattes antérieures posées sur un os.

Cette façon d'enrouler les pieds et le geste des anges posant leurs mains avec sollicitude sur le cousin  et les bras du gisant se retrouvent aussi sur les tombeaux de Haute-Bretagne comme celui du seigneur Guillaume Le Voyer, mort en 1415, inséré dans le nu d'un mur de l'église de Trégomar dans les Côtes d'Armor." (Le Seac'h)

 

Ce lion est stéréotypé : avec sa gueule débonnaire, sa crinière méchée jusqu'à mi-corps, sa queue passant dans l'entre-pattes et étalant sur le dos son extrémité à trois pointes, et surtout l'os placé entres ses antérieures, c'est le "lion de crossettes", celui qui, à coté du dragon ou de l'Ankou, montre aux fidèles, sur le toit des églises et chapelles, que la mort menace chaque homme, qui doit veiller à s'assurer qu'il ne meure pas en état de péché.

Cet os n'a rien à voir avec celui qu'aurait dérobé un chien : il affirme la fonction psychopompe du lion, veillant à guider les défunts. 

Ce lion n'a rien à voir, non plus, avec le meuble héraldique des armes des Kerouzéré, puisqu'on le trouve au pieds de tous les gisants, depuis que l'art funéraire nobiliaire  a été établi par les sculpteurs des tombeaux des ducs de Bourgogne à Champmol.

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Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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LE SOUBASSEMENT ET ES ARMOIRIES.

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"Sur ses plaques sont figurées, en alternance, les armoiries de la famille — « de pourpre, au lion d'argent », — un casque orné de lambrequins et d'un cygne pour cimier surmontant un écusson couché figuré d'un lion. L'ensemble figure dans le même ordre des deux cotés, le lion en écu puis le casque, en partant de la tête du gisant. Le lion se retrouve ainsi à onze reprises sur le tombeau, neuf fois sur les trois faces visible du coffre du tombeau, le dixième aux pieds du tombeau, le dernier en bas-relief sur le bliaud de l'homme d'armes." (Le Seac'h)

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Le coté droit (par rapport au gisant).

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Coté droit du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Coté droit du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Armoiries du coté droit du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Armoiries du coté droit du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Le premier motif : le blason au cygne.

 

Il est décrit par Le Seac'h comme "un casque orné de lambrequins et d'un cygne pour cimier surmontant un écusson couché figuré d'un lion". Il reste à remarquer la présence du tortil au dessus du casque, et les étoiles timbrant le lambrequin.

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Armoiries du coté droit du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Armoiries du coté droit du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Le deuxième motif : le lion

On regrette l'absence de couleur, car celle du champ du blason des Kerouzéré, le pourpre, est très rare :  elle ne se retrouve en Bretagne que dans trois cas : Kerangomar, Kerouzéré, et Tromanoir.

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Armoiries du coté droit du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Armoiries du coté droit du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

 

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2°) Le coté gauche du gisant.

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Le coté gauche du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Le coté gauche du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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3°) Le petit panneau du soubassement, coté tête.

Il porte le même blason incliné sous un heaume à cygne.

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Petit coté  du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

Petit coté du soubassement du tombeau de Jean de Kerouzéré (vers 1460), kersanton, premier atelier du Folgoët. Église Saint-Pierre à Sibiril. Photographie lavieb-aile août 2017.

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SOURCES ET LIENS.

— Base Palissy : objet classé Monuments historiques 1922/01/28.

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IM29000914

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM29001134

— BROUCKE (Paul-François), Sibiril, église Saint-Pierre, gisant d'Éon de Kerouzéré; base ARMMA

https://armma.saprat.fr/monument/sibiril-eglise-saint-pierre-gisant-deon-de-kerouzere/

— COPY (Jean-Yves, 1986, Art, société et politique au temps des ducs de Bretagne : les gisants hauts-bretons. Aux amateurs de livre, 294 pages, page 140.

— INFOBRETAGNE, "Sibiril":

http://www.infobretagne.com/sibiril.htm

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. Pages 91-92.

— Bulletin SAF 1914 page 18 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207714b/f81.image

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Published by jean-yves cordier - dans Gisants kersanton Sculpture

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