Aux entomologistes soucieux de connaître à quel saint adresser leurs prières et leurs demandes d'observer moult insectes, je recommande Saint Fiacre, patron de l'église de Guengat.
En tant que patron des cochers de carrosse, le saint homme n'est pas débordé; mais il est aussi patron des jardiniers, et c'est une autre paire de gants. L'un veut la pluie, l'autre le soleil, le troisième un bon coup de gel, mais pour tout ce qui concerne la météo, il les renvoie à Saint Médard, et c'est terminé. Son truc, c'est les plants, leurs racines, leur développement, la pollinisation, et la protection des nuisibles. C'est là qu'il est intéressant, Saint Fiacre, pour les entomologistes, sauf s'ils demandent des doryphores ou la piéride du chou.
C'est Jacques de Voragine, dans sa Legenda aurea, qui nous raconte que Saint-Fiacre, alors qu'il bêchait son jardin, constata que tous ses plants d'oseille avaient été dévorés. Il se concentra, invoqua les cieux, ce qui lui réussissait bien, d'habitude, plaça son étole sur les châssis dévastés, la retira : aucun résultat. Il se penche et remarque des animalcules, des bêtes-au-malin qui se gobergeaient sans complexe : alors il traça un signe de croix sur ces mange-oseilles, et aussitôt apparurent une armée de cuirassiers rouges qui fit un sort à cette racaille. Saint Fiacre les baptisa bêtes-à-Bon-Dieu, d'un coup de goupillon, et chacune des sept gouttes d'eau bénite s'inscrivit sur leur armure écarlate comme autant de stigmates sacrées.
L'histoire des mange-oseilles aurait été mieux connu si un moine copiste de l'abbaye de Landevennec n'avait pas commis un lapsus calami et écrit sur son manuscrit "mange-oreille" à la place de "mange-oseille". Et c'est ainsi que l'on raconte que Saint Fiacre eût affaire à un monstre qui dévorait ses oreilles, ce qui est encore représenté sur les sablières de l'église :
Ici, nous voyons Saint Fiacre avec sa bêche et, dans la main droite, le châssis de serre contenant son oseille.
A sa droite, nous reconnaissons Saint Yves venu en voisin et qui demande à boire à la servante.
Là, on fait bombance pour fêter le miracle de Saint Fiacre, où la mâle peste des pucerons a été détournée de la paroisse: le tonneau de cidre a été mis en perce.
J'étais venu de Brest faire mes dévotions à Saint Fiacre : l'hiver était long, qui n'offrait pas de petites bêtes à mon objectif macro, et je le priais de faire surgir les insectes, papillons et libellules qui avaient enchanté mon été. Aussi miraculeux que cela paraisse, la première chose que je vis en sortant, ce fut un papillon, un citron très affairé. Puis ce fut un skimia dont les fleurs bourdonnaient de guèpes ou de mouches. Et enfin, je découvrissur les massifs de l'enclos parroisial une soixantaine de bêtes-à-bon-dieu qui se prosternaient à qui-mieux-mieux:
N.B Pour une histoire véridique de l'Eglise de Guengat et de son Saint Patron, on sera avisé de consulter d'autres sources.