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6 mai 2024 1 06 /05 /mai /2024 14:43

L'église Saint-Monna de Logonna-Daoulas : la statuaire ancienne.

Voir : 

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PRÉSENTATION.

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Le nom de la localité est attesté sous les formes locus Monnae faisant partie d' Irvillac en 1218 (*), Locmonna en 1513, Logonna en 1535, Locgonna en 1536. Du breton lok qui signifie ermitage et de sant Monna, alias saint Nonna .  Saint Monna est aussi le patron de la paroisse de Logonna-Quimerc'h.

 

(*)"La même année 1218, Guillaume, évêque de Quimper. confirmait la donation des annates des prébendes canoniales au profit des chanoines de Daoulas, et concédait à l'abbaye du consentement du chapitre les églises de loco sanctæ Brigida Loperchet, Sanctæ Nonnita (Dirinon), sancti Baharni, saint Baharn, patron de l'église de Trévarn. ancienne trève de Dirinon; sancti Monnæ, d'Irvillac; saint Monna qui fut avant saint Pierre le patron de cette paroisse, et est encore le patron de Logonna, indùment appelé Nonna, car tous les anciens titres jusqu'au 17° siècle traduisent en latin Logonna par locus monnæ, et il n'est pas rare de rencontrer des pièces en français appelant saint Monna le patron de cette paroisse." (SAF 1895)

 

Logonna est au Moyen-Âge (1237) un prieuré-cure, "Lougonna" de l'abbaye de Daoulas, possédé par un chanoine avec un bénéfice évalué à la fin du XVIIe siècle  à 600 livres. La liste des prieurs est la suivante :

" Jean Lochan, prieur 1405.Frère Salomon Sourt ou Bouzard. pourvu 1422 ÷ 1477. Frère Jean Tartoux, pourvu 1477. Frère Riou du Guermeur, pourvu 1480. Frère Christophe Kersulguen, pourvu 1495. Charles Jégou, abbé et prieur de Logonna, avant 1535. Guillaume Rosmorduc, chanoine prieur de Logonna, 1538. Frère Olivier Le Jeune, pourvu 1548 Frère Guillaume Rosmorduc, prieur résigne 1549. Olivier Le Jeune, prieur 1553-1555. Frère Mathieu Morvan, résigne 1563 à frère Alain Maucazre 1563. Frère Alain Maucazre pourvu sur résignation en 1571. Frère Yves Maucazre, pourvu 1583. François Autret, 1601-1605. Frère Guillaume Kerouartz, pourvu 1605-1615. Frère François Boloré, pourvu 1622. 1626-1630. Tanguy Jouhan, prieur. Urbain de Kerouartz, prieur de Logonna et d'Hanvec, 1664. résigne 1671. Vincent de Kerouartz vicaire à Logonna, 1661. 1733.Guillaume Clevede (*). 1733, octobre. Nommé Pierre Le Gentil, de Quélern, licencié. 1744. Sur résignation. Michel Dumoulins, religieux profes., nommé 1758. 1758. Jean Raguénés, novice, nommé" (SAF 1895)

(*) inscription lapidaire sur le chevet de l'église avec les dates de 1710 et 1715.

Logonna était le chef-lieu du fief héréditaire de la famille de Rosmorduc (Salomon de Rosmorduc, qui vivait en 1250, est le plus ancien membre connu de cette famille) qui dès le XIIIe siècle englobait le territoire de la commune actuelle avec d'importantes emprises dans les paroisses voisines.

Logonna possédait au XVe siècle au moins deux maisons nobles : celle de Rosmorduc (qui appartenait en 1405, à Guyon, seigneur de Rosmorduc) et le manoir du Bretin, qui appartenait au sieur de Roserf. (Wikipédia)

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1°) SAINT ÉVÊQUE : SAINT NONNA ? Kersanton polychrome. XVIe siècle.

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Il existe en Finistère un grand nombre de statues de ces saints évêques du XVIe siècle, sans attributs particuliers permettant de les identifier mais dans lesquels chaque paroisse, voire chaque chapelle, voit le portrait du saint fondateur, très souvent un de ces moines venus évangéliser l'Armorique au VIe siècle et qui établit son ermitage près d'une source.

C'est le cas de saint Nonna (ou ou saint Monna à Logonna, ou saint Onna ou saint Vougay ou  saint Vio , disciple de saint Dewi, qui aurait été au vie siècle évêque d'Armagh en Irlande  avant de traverser la Manche sur un vaisseau de pierre  pour s'installer d'abord dans l'île Saint-Nonna en Penmarc'h, avant de terminer sa vie dans le Léon à Saint-Vougay [sant Nouga] où il décède vers 585.

Une inscription était peut-être lisible sur le socle, permettant à H. Pérennès de décrire : "Près de l'autel , une vieille statue en pierre de saint Monna , représenté en évêque , et dont la main droite est levée pour bénir."

Le saint porte une mitre rouge à ornements dorés rehaussés de pierreries et de perles en rosette, et de deux losanges. Il tient sa crosse par l'intermédiaire d'un linge ou  sudarium blanc. Le crosseron est centré par un quatrefeuille. On retrouve ce décor, associé à des barrettes et des losanges, sur la bande de la chasuble rouge et or, frangée au bord inférieur. Le surplis blanc à galon d'or laisse apparaître l'extrémité d'une chaussure à bout rond, aux couches de couleur noire et rouge.

Il lève la main droite pour la bénédiction épiscopale : cette main gantée (on voit le gland d'or au poignet) porte deux anneaux d'or, l'un à l'index et l'autre au majeur.

La vue de profil révèle, sous la chasuble, une tunique courte fendue latéralement , pouvant correspondre à une dalmatique ; ses bords sont perlés.

L'autre vue de profil, côté gauche, montre un manipule à l'avant-bras.

Cette statue, de même que les autres statues de pierre de l'église, n'est pas décrite par Emmanuelle Le Seac'h dans l'ouvrage de référence  Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne  ; René Couffon parle de "statues anciennes". On peut comparer cette statue à celle de Saint-Thuriau au porche sud de Landivisiau  (Prigent, 1554-1564), de saint Eloi à Plabennec (Prigent), de saint Pol-Aurélien à La Martyre (Maître de Plougastel, 1619), de saint Maudez de l'église de Plogonnec.

On prendra donc mes datations "XVIe siècle" pour ce qu'elle valent.

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Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Monna (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

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2°) SAINT  ÉVÊQUE : SAINT UGEN selon inscription. Kersanton polychrome. XVIe siècle.

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Ce saint est également représenté en évêque, mitré, tenant sa crosse (brisée) et bénissant, portant ses gants épiscopaux, ses bagues et anneaux, mais il est vêtu d'une chape rouge/bleue fermée devant la poitrine par un large entrelacs à boules, et orné sur ses orfrois (bandes latérales) de successions de roses ou quintefeuilles et de deux-points. Cette chape recouvre un surplis court et une cotte plissée d'où dépassent deux solides chaussures noires.

L'inscription sur le socle indique J: FALAFAS suivie d'une ancre de marine. Le patronyme FALAFAS n'est pas attesté (sauf une mention au XVIIIe siècle dans l'Aude sur la base Geneanet). Les généalogistes pourraient rechercher des patronymes locaux s'en rapprochant.

Quand au saint, il pourrait s'agir, si on suit l'inscription,  de saint Tugen, dont la graphie Ugen est attestée, mais son attribut, la clef, est absent.

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Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint évêque (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

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3°) SAINT YVES. Kersanton, traces de polychromie, XVIe siècle. Livre de ceinture et geste d'argumentation judiciaire.

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Cette statue est décrite par René Couffon comme un "saint moine tenant un livre dans un sac", mais nous pouvons identifier ici saint Yves, non seulement à sa tenue (camail, cotte talaire et surcot), malgré une ceinture de cordelier grossièrement repeinte, mais surtout à son livre de droit porté dans un sac de transport dont l'étoffe serré dans le poing est bloqué par une boule, et plus encore par le geste de la pulpe de l'index droit posé sur la pulpe du pouce gauche pour énumérer ses arguments juridiques (saint Yves était official de Tréguier) : ce sont là des caractéristiques qui sont presque des attributs du saint "avocat des pauvres" dans la statuaire bretonne :

Saint Yves était vénéré à Logonna-Daoulas comme ailleurs en Bretagne, et sa statue se retrouve dans la chapelle Sainte-Marguerite (revêtu de la même tenue mais coiffé de la barrette de docteur, avec son livre de ceinture au poignet droit), et ici même  (cf. infra), toujours avec son livre de ceinture. 

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Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Yves (kersanton, traces de polychromie), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

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4°) VIERGE DE PITIÉ. Kersanton polychrome. XVIe siècle.

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Les représentations sculptées de la Vierge de Pitié, tenant le corps de son Fils déposé de la croix, soit seule (Pietà), soit entourée de plusieurs personnages (Déplorations), apparaissent au XVe siècle (Pietà du calvaire de Tronoën, de Plozévet, de  Quintin, chapelle N.D. des Portes ; Déplorations de La Chapelle-des-Fougeretz au nord de Rennes, du Musée départemental breton de Quimper etc.) et témoignent de l'importance, dans le duché de Bretagne, du culte centré sur les plaies du Christ crucifié et le sang versé, d'une part, et su les larmes ou le chagrin suscités chez le chrétien par cette mort, d'autre part.

Ce culte s'amplifie encore au XVIe siècle avec la multiplication des calvaires,  où les pietà ou déplorations sont rarement absentes, et des verrières de la Crucifixion avec leur scènes de la Pâmoison ou de la Déploration. Les Vierges de Pitié sont encore fréquentes au XVIIe siècle sous le ciseau de Roland Doré.

Voir :

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La posture de Marie, figée par son chagrin, et celle du Christ reposant sur les genoux de sa mère, sont les plus courantes, mais ces Pietà se distinguent notamment par les positions des bras et des jambes du Christ : la formule choisie ici associe  la position verticale du bras droit, montrant en évidence la plaie de la paume, tandis que le bras gauche est allongé horizontalement , et que les jambes sont fléchies mais non croisées. La plaie du flanc droit est bien exposée, et son saignement est souligné par le peintre, qui en montre l'écoulement jusqu'à la cuisse. Le saignement de la tête sous l'effet de la couronne d'épines est également bien visible.

La tête aux yeux clos est paisible, les cheveux tombent en mèches peignées, la barbe est courte.

La Vierge assise soutient de la main droite la tête de son Fils et prend tendrement sa  main gauche. En réponse aux écoulements de sang, ses larmes sont présentes, mais elles ne sont pas sculptées, mais peintes. Dans l'encadrement d'un voile "coqué" (à plis raides formant des angles), le visage montre un front et des sourcils épilés, des yeux  en amandes longues et étroites dont les paupières ne sont marquées que par le peintre, un nez triangulaire, des lèvres fines et raides.

Le vêtement est original : on voit peu cette robe ajustée prés du corps, moulant la poitrine et les bras, au col mandarin remontant, et surtout à l'ouverture médiane en fente étroite. La chemise remonte également en encolure ronde.

Le long voile vient servir de drap sous le corps du Christ. Ce détail se retrouve, dans un autre style, dans les déplorations du Maître de Laz (vers 1563).
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Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Vierge de Pitié (kersanton polychrome), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

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5°) SAINT ISIDORE. Bois polychrome. Atelier du sculpteur Antoine Chavagnac,, 4e quart 17e siècle.

 

Patron des paysans, il est représenté dans son costume du dimanche sur cette statue du XVIIe siècle.  La datation de cette oeuvre est importante, puisqu'elle apporte un document iconographique sur le costume régional d'une classe sociale, et je trouve sur la fiche de Protection PM 29000524 des Monuments historiques consacrée aux 4 statues de saint Isidore, la Vierge à l'Enfant, saint Monna, saint Yves, que celles-ci sont attribuées à l'atelier d'Anthoine et datent du dernier quart du XVIIe siècle, soit 1675-1699. Il s'agirait de cet Anthoine qui a signé le Sépulcre de Lampaul-Guimiliau (Anthoine fecit) en 1676, et qui a réalisé quatre statues à L'Hopital-Camfrout (Christ, Vierge, saint Jean, saint Yves).

    Si on lit René-Yves Creston, (Le Costume breton, écrit entre 1953 et 1958, ed Tchou 1978, p. 30), on apprend que nous ne disposons pas de documents matériels sur les costumes bretons avant la Révolution en dehors des sculptures sur bois des sablières, d'ornementation de meubles, qui ne nous montrent "que des costumes d'origine française et plus particulièrement de l'époque Louis XIII", et que c'est sous cette forme qu'apparurent à la fin du XVIIIe les costumes masculins des paysans bretons, sans existence de modes locales ou régionales, le phénomène de fragmentation des modes n'apparaissant qu'après la Révolution.

   Philippe Le Stum, dans son introduction de l'ouvrage de Yann Guesdon (Costumes de Bretagne, ed. Palantines, 2009) conteste cette notion en écrivant page 12 : "On a longtemps supposé que la diversification locale des costumes ne datait que de l'extrême fin du XVIIIe siècle "...mais "le dépouillement et l'analyse des sources d'Ancien-Régime, effectués principalement par Marie-Thérèse Sclippa dans une thèse soutenue à Brest en 1982 dément cette croyance en une rupture post-révolutionnaire"..."faisant remonter la multiplication de formes locales du vêtement populaire breton au moins au début du XVIIIe siècle, et très vraisemblablement avant cette date". 

   Plus loin, cet auteur cite le travail mené par Marie-Dominique Menant, chercheur à l'Inventaire régional de Bretagne, pour classer et analyser les représentations des saints Fiacre et Isidore, tous deux protecteurs de l'agriculture et représentés dans le costume paysan contemporain du sculpteur. 

J'ai examiné ici les statues d'Elliant Costumes bretons d'Elliant : vitrail et statues. et de Brélès Église de Brélès : anges musiciens et Isidore en costume breton.

Comment est habillé ce fermier qui vient, faucille en main, offrir une gerbe de blé? 

En partant du bas (la statue est placée en hauteur...d'où ma photo en contre-plongée) on remarque les chaussures à boucles d'argent, les guêtres qui semblent de cuir mais qui étaient le plus souvent de toile, boutonnée sur le coté, qui ne couvrent pas les chaussures ;  la culotte bouffante de drap blanc semblable aux bragou braz ; le gilet de drap bleu fermé sur le coté droit par une douzaine de boutons ronds en métal ; la ceinture de flanelle, rouge, comparable au turban mais portée ici très haut.

  La veste est longue (comme dans l'habit à la française), dotée de larges poches au rabat fermé par deux boutons arrondis dorés, de manches à revers. Elle reste ouverte malgré le double alignement de boutons (boutons convexes comme nos boutons de blazer). Le col est relevé dans le cou autour du col de chemise blanche, laquelle épanouit sa corolle après avoir été sévèrement fermée par un joli petit bouton d'or:

On remarque le collier de grosses perles dorées auquel est suspendu une croix.

En résumé, ce costume fin XVII n'est pas très éloigné, pour un néophyte, de celui que porteront deux ou trois cent ans plus tard les paysans de Logonna.

  Logonna-Daloulas est placé par R.Y. Creston dans la guise de la presqu'île de Plougastel (p. 138) : le costume masculin y est décrit avec un seul gilet et une veste à manche, entièrement bleues.

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Saint Isidore, statue en bois (Atelier Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Isidore, statue en bois (Atelier Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Isidore, statue en bois (Atelier Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Isidore, statue en bois (Atelier Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

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6°) SAINT YVES. Bois polychrome. Atelier du sculpteur Antoine Chavagnac, 4e quart 17e siècle.

Le saint est présenté, dans le faste propre au XVII/XVIIIe, dans une posture d'éloquence rappellant celle des grands prédicateurs de la Cour. Il porte le costume du clergé de l'époque, avec barrette à quatre cornes,  camail noir à boutons ronds, surplis blanc sur une cotte ou soutane noire, et longue étole. Il désigne de l'index droit le texte de sa plaidoirie, en rouleau dans la main gauche.

Une confrérie de saint Yves est attestée par les comptes de la paroisse, conservés pour la période de 1764 à 1790 dans les archives départementales.

Antoine Chavagnac, qui signe "Anthoine fecit" la Mise au tombeau de Lampaul-Guimiliau de 1676, était sculpteur de la Marine de Brest au XVIIe siècle. Originaire de Clermont-Ferrand, maître sculpteur du Roi, il réalisa les figures de proue des vaisseaux de Louis XIV comme celles de "l’Admirable" et du "Souverain". 

On lui doit aussi le saint Yves et le Christ en croix de l'Hôpital-Camfrout, et, de son atelier , plusieurs statues à Lanildut et Tréglonou. Et sans doute le Christ en croix de la chapelle Sainte-Marguerite de Logonna, très proche de celui de l'Hôpital-Camfrout.

 

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Saint Yves, statue en bois (Atelier Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Yves, statue en bois (Atelier Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Yves, statue en bois (Atelier  Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Saint Yves, statue en bois (Atelier Antoine Chavagnac), église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

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Il resterait à décrire :

  • les deux autres statues du sculpteur Anthoine :  saint Monna en évêque, saint évêque portant sur le socle une inscription.
  • Le christ en croix provenant de la poutre de gloire de l'ancien chancel.

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Je place ici la description du retable en kersanton polychrome des Cinq Plaies, présenté dans l'enfeu nord. XVIe siècle.

Ce retable ou panneau globalement rectangulaire (objet classé mh) de 60 cm de haut, 43 cm de large et 10 cm de profondeur est consacré à un motif aussi courant que celui de la Vierge de Pitié et relevant du même culte du sang versé par le Christ lors de la Passion, dont la contemplation doit provoquer chez le fidèle un élan de compassion (com-passion, souffrir avec) et de reconnaissance.

Il est répandu dans toute la Bretagne, et ailleurs, et je m'étonne qu'on le considère ici, par un singulier contresens, comme le blason des carriers, à cause des plaies des mains. Et je m'étonne que ce contre sens soit repris par la base Palissy PA00090100 (qui y ajoute une autre erreur en le localisant à Logonna-Quimerc'h). 

Il représente les cinq plaies (celles des deux mains, des deux pieds et du flanc droit, remplacé par un cœur pour faciliter la compréhension), mais aussi les instruments de la Passion : la croix (tenue par un ange), la couronne d'épines, la lance et les clous.

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Panneau des cinq plaies, kersanton, église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Panneau des cinq plaies, kersanton, église Saint-Momma de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

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Un panneau sculpté presque identique a été déposé au pied de la croix de Ruliver ; mais il n'a pas conservé sa polychromie. La couronne d'épines entoure les cinq plaies, les clous et la lance sont absents, et la croix est d'une facture plus rectiligne sans doute plus récente.

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Croix de Ruliver, Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

Croix de Ruliver, Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile 2024.

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SOURCES ET LIENS.

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BEAULIEU (Michèle), 1956, De quelques sculptures finistériennes de la fin du XVIIe siecle [compte-rendu] Bulletin Monumental  Année 1956  114-3  pp. 225-226

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1956_num_114_3_4004_t1_0225_0000_2

—BLANCHARD (Romain), L'HARIDON (Erwana) 2016 & 2017, Inventaire topographique du patrimoine IA29010125 et IA29131975

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA29131461

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA29131975

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA29010125

— BROUCKE (Paul-François), MAUGUIN (Michel), 15 décembre 2012 conférence article Le Télégramme

https://www.letelegramme.fr/finistere/logonna-daoulas-29460/spanasamblesspan-au-temps-des-blasons-et-des-armoiries-1722734.php

—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/logonna_daoulas.html

—CASTEL (Yves-Pascal), 18 mai 1985, "La chapelle Sainte-Marguerite à Logonna-Daoulas vient d'être restaurée", Le courrier du Léon, 

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/f0a7793cb0c26228870959e090aed40d.jpg

— CASTEL (Yves-Pascal), 2001, "Patrimoine du Finistère : les Pietà du Finistère" , Revue Minihy-Levenez n°69 de juillet-août 2001.

—COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, "Logonna-Daoulas", Nouveau répertoire des églises et chapelles, diocèse de Quimper.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/923

—COUFFON (René), 1952, La sculpture au port de Brest aux XVIIe et XVIIIe siècle. Son influence sur l'art breton. Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3cc58712e2b705674338e2aab4352253.pdf

—COUFFON (René),  1955, De quelques sculptures finistériennes de la fin du XVIIè siècle Saint-Brieuc Presses bretonnes . 

—COUFFON (René),  1955, Les sculptures de la Marine de Brest, Anthoine, ses disciples et ses imitateurs. 8 planches. Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord p. 78-95.

—LAURENCEAU (Elise), Le château de Rosmorduc, inventaire topographique

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/IA29002850

—LE DEUNF (Roger), 2011, Les pietà de Basse-Bretagne, editions LN

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle,  1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm; Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395.  Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014. Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut

 —MAUGUIN (Michel), 2012, Les écussons de la chapelle Sainte Marguerite de Logonna-Daoulas, comm. pers..

—MAUGUIN (Michel), 2012, L'église de Logonna Daoulas. Les écussons des vitraux Une généalogie de neuf générations, de 1608 à 1890 de la maison Le Gentil de Rosmorduc. comm. pers..

— PÉRENNÈS (Henri, 1928, Notice sur Logonna-Daoulas, Bull. diocésain d'histoire et d'archéologie  du diocèse de Quimper.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/89d804ca12a441ca5235986c109d9238.pdf

—THIRION ( Jacques), 1952, La sculpture au port de Brest aux XVIIe et XVIIIe siècles [compte-rendu] Bulletin Monumental  Année 1952  110-4  pp. 379-381

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1952_num_110_4_8147_t1_0379_0000_2

—TUDCHENTIL

Shttps://tudchentil.org/spip/IMG/pdf/Le_Gentil.pdf

—Base Palissy

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000524

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00090100

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29004720

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Kersanton Chapelles bretonnes. XVIe siècle. Saint Yves
29 avril 2024 1 29 /04 /avril /2024 16:27

Les baies 7 et 9, ou verrières du Jugement dernier (vers 1540 et 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Le recteur Henry de Coatsquiriou (de Quoëtsquiriou) en donateur et ses armoiries.

 

 

Voir :

— Sur Quéménéven :

— Sur les vitraux :

PRÉSENTATION.

Bien que la chapelle Notre-Dame de Kergoat ait été reconstruite à la fin du XVIe siècle, elle conserve des vitraux plus anciens, la baie 10 des saints et anges (2ème moitié du XVe siècle), la baie 8 de l'enfance et de la Passion du Christ (fin XVe) et la baie 5 rassemblant 4 apôtres et 4 prophètes d'un Credo, datant du 4ème quart du XVe siècle. 

D'autres verrières contiennent des panneaux du XVIe siècle comme les baies 3, 4, 6 et 11, mais aussi cette baie 7 et ses panneaux spectaculaires complétés par la baie 9.

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Restaurations.

Dès 1600, les vitraux anciens du XVe et XVIe siècle furent réorganisés vers 1600, puis en 1841, Guillaume Cassaigne les modifiant, plaçant des ornements colorés dans les baies du chœur et du transept. Il replaça les panneaux qu'il remplaçait dans les petites fenêtres des collatéraux, en les encadrant de larges bordures.

En 1901, Felix Gaudin restaura les verrières du flanc nord, puis en 1922-1924 l'atelier Labouret intervint sur les trois verrières méridionales de la nef. Les vitraux furent déposés en 1942, replacés en 1954 par Gruber, entretenus par Hubert de Sainte-Marie en 1978, mais en 2005, les auteurs du volume Vitraux de Bretagne du Corpus vitrearum déploraient, dans la nef, et en particulier au nord, des trous et un état précaire.

En 2009-2010, l'atelier Anne Pinto de Tussau (Charentes) qui se charge de restaurer et surtout de protéger les vitraux. En effet, ceux-ci s'altèrent avec le temps : soit la peinture s'efface, soit la condensation (air froid extérieur, air chaud intérieur) ruisselle sur la face interne et lessive la peinture, soit celle-ci facilite le développement de micro-organismes (lichens et algues) qui rongent le verre.

  La protection mise en oeuvre par l'atelier Pinto consiste en la pose d'une verrière de protection à la place du vitrail, lequel est décalé de 3cm vers l'intérieur pour créer une ventilation : c'est désormais sur la face interne du verre de protection que l'eau de condensation se forme et s'écoule. En outre, le vitrail est désormais à l'abri des garnements qui lancent des pierres, de la grêle, du vent ou de la pollution.

   Mais l'atelier a aussi procédé à la restauration du vitrail lui-même. Des verres avaient été brisés ; certains fragments avaient été fixés par des "plombs de casse", plomb ficelle ou aile de plomb,  qui, s'ils sont trop nombreux, finissent par altérer le dessin d'origine. Les soigneurs de vitraux en ont compté en moyenne  750 par verrière ! Ils les ont déposé au profit d'un collage bord à bord par résine silicone.

   L'accumulation de poussières et de lichens avait encrassé les panneaux, en les noircissant ou les verdissant. Pire peut-être, la masse du verre se trouvait piquée de taches blanchâtres ou noires, surtout les bleus du XVe, alors que ceux du XVIe résistaient mieux. Un nettoyage au pinceau puis au coton-tige. Et puis l'ancien mastic très dur a été retiré, les verres bouche-trous ou les lacunes ont été remplacés par du verre soufflé maintenu par des cuivres Tiffany.

   J'ai appris tout cela en lisant les panneaux exposés en 2014 dans la chapelle et réalisés par l'atelier Anne Pinto

 

 http://www.pinto-vitrail.com/home/vitraux12.php.

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La baie n°7 (v.1540). Description.

 La baie actuelle mesure 2,30 m de haut et 1,40 m de large. Elle comporte deux lancettes cintrées et un tympan  à un ajour et deux écoinçons . C'est une verrière recomposée avec des éléments d'une verrière du Jugement dernier provenant probablement du transept. Elle est datée vers 1540.

Les deux lancettes réalisent un ensemble divisé en quatre registres. En haut, dans des nuées, des anges ou chérubins multicolores entourent les trompettes du Jugement (les anges qui en jouent sont placés dans les deux écoinçons du tympan). En dessous, la Vierge et Jean-Baptiste (lancette de gauche), mains jointes, lévent les yeux vers le Christ du Jugement, qui occupe le sommet du tympan, montrant ses stigmates, enveloppé dans un manteau pourpre. À leur côté (lancette de droite) sont six apôtres, dont saint Paul avec son épée et saint Barthélémy avec son coutelas.

Plus bas encore, douze saints tournent également leurs regards vers le Christ-Juge. On reconnaît parmi eux saint Étienne (en diacre, avec les pierres de sa lapidation), saint François en habit de franciscain montrant les plaies de ses mains, saint Sébastien presque nu, le corps transpercé de flèches , et saint Laurent tenant le grill de son martyr.

Enfin, les panneaux inférieurs se détachent sur un ciel rouge : à gauche est peint un ange buccinateur, et à droite, la scène emblématique de ce vitrail, souvent reproduit, une femme nue tentant d'échapper à sa damnation et poursuivie par un démon bleu qui darde vers elle une langue acérée.

 

 

 

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La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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Un démon bleu  ailé attrape une damnée par ses cheveux.

Comparez à la même scène sur la baie du Jugement dernier de Plogonnec :

Eglise Saint-Thurien de Plogonnec, baie 2 du Jugement dernier (1520-1525). Photo lavieb-aile.

 

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La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 7, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La baie n°9 (v.1540 et v.1560). Description.

 La baie actuelle mesure 2,30 m de haut et 1,40 m de large. Elle comporte deux lancettes cintrées et un tympan  à un ajour et deux écoinçons . C'est une verrière recomposée avec des éléments d'une verrière du Jugement dernier, compléments de la baie 7, et associée à un panneau provenant d'une autre baie postérieure de 10 à 20 ans où apparaît en donateur le recteur de Quéménéven Henry Quoetsquiriou, vicaire à Locronan .

 

 

-lancette de droite : en bas, la gueule du Léviathan, conforme à de nombreuses iconographies semblables, notamment sur les calvaires. Un malheureux damné déjà lacéré et transpercé continue à être frappé par la masse d'arme d'un démon, alors qu'il crache un animal (classiquement un crapaud). Ce corps, et les deux visages près de son ventre, est d'un artiste du XVie, alors que toute la partie gauche avec la tête du monstre date... de 1922, travail d'un artiste de l'atelier Labouret particulièrement doué pour l'imitation illusionniste de l'ancien.

au milieu, les élus, avec une première rangée de saintes et bienheureuses, et parmi elles Sainte Marie-Madeleine qui libère les effluves de son flacon de parfum. Au dessus, les saints, avec Saint Pierre (les clefs) et Saint Jean (le calice).

: au sommet, les trompettes de l'Apocalypse. 

 

 

 

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540 et 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540 et 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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Dans le tympan l'ajour central porte le monogramme du Christ IHS entouré de sept séraphins rouges, tandis que les écoinçons sont ornés d'anges annonçant le Jugement de leurs trompes, entourés de  séraphins rouges.

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La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540 et 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540 et 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540 et 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540 et 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La lancette de gauche, partie supérieure: un ange sauve un élu sortant de sa tombe et qu'un diable tentait de ravir.

Dans le ciel bleu, des petits nuages et deux séraphins rouges.

L'ange, nimbé, porte sur sa tunique une dalmatique aux bords frangés. L'homme dont il se saisit (un clerc, car il porte la tonsure) a un visage emprunt de frayeur.

A droite, un élu, âgé et barbu, la tête couverte du linceul, mains jointes, s'élève vers les Cieux en sortant d'eaux bleues.

Le démon est velu, cornu avec une face bestiale et une gueule munie de crocs.

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La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La lancette de droite, partie supérieure: la réunion des apôtres et des saintes.

On reconnaît saint Pierre tenant sa clef et saint Jean, imberbe et tenant la coupe de poison. Parmi les saintes, Marie-Madeleine et son flacon de parfum, et  peut-être sainte Hélène tenant la croix.

Ce panneau complète l'assemblée des apôtres et des saints de la baie 7.

 

Grandes Heures d'Anne de Bretagne

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f427.item

Jérôme Baschet:

https://journals.openedition.org/imagesrevues/878?keepThis=true&TB_iframe=true&height=600&width=1024&lang=en

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La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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Comme l'a souligné Jean-Pierre Le Bihan, il existe des ressemblances entre les apôtres de ce panneau et ceux de la baie 4 de Guengat.

Baie 4 de l'église de Guengat.
La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La lancette de droite, partie inférieure: la gueule du Léviathan. Un démon ailé bleu menace un suppplicié avec une massue ferrée. Celui-ci est soumis au supplice de la roue à couteaux. Un autre démon ailé rouge et vert grimace.

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L'imagerie des tourments de l'Enfer a été diffusée dès la fin du XVe siècle par les gravures des ouvrages imprimés, comme le Grand Kalendrier des Bergers et l'Art de bien mourir. Voir mon dossier sur Kernascleden.

La gueule du Léviathan, jaune et bleue avec un œil et des cornes rouges et de longues dents, expose les damnés à son feu. Des serpents mordent les malheureux. On les oblige (l'homme sur la roue) à avaler des aliments, pour les punir par où ils ont fauté. Les clercs (tonsurés) ne sont pas omis des sévices.

Cette scène du Léviathan et des démons est repris, à la même époque, sur les calvaires monumentaux (Plougastel, Plougonven, Pleyben, etc.)

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La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1540) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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Lancette de gauche : en bas, un donateur présenté par un ange.

Ce personnage à la  moustache en U |la tête a pu être repeinte] est vêtu comme un ecclésiastique, avec court surplis, courte soutane noire, chape damassée orange et or orfrayée présentant les douze apôtres, barrette posée à coté du livre d'heures, présente sur son prie-dieu un blason aux armes reconnaissables, celles de Henri (de) Coatsquiriou ou Quoetsquiriou, recteur de Quéménéven en 1566 (et vicaire de Locronan à confirmer). 

  À la montre de 1481 en Cornouaille, la noblesse de Quéménéven est représentée par Riou de Quoetsquiriou, seigneur du dit lieu,archer en brigandine, et Olivier de Quoetsquiriou par son fils Hervé. La seigneurie de Coatsquiriou est attestée au XVe siècle dans les paroisses de Cast (*) et de Plomodiern. En 1488, Riou Quoetsquiriou tient la terre Riou Lesmaes à Lespriten [Archives départementales de Loire-Atlantique, B 2035 cité par Tudchentil] en Briec. En 1563, le manoir de Kerhervé sur Briec appartenait au sieur de Coetquirïou ou de Coasquiriou (Tudchentil).

À la Montre de mai 1562 à Quimper (Tudchentil), sont cités :

Les nobles de Dineault.

– Jehan de Kersauson, sieur de Rosarnou, default.
– François Coatsquiriou, idem.
– Hervé Trégoasec, S.r du dict lieu, dict faire corselet et a faire avoir baillé sa déclaration.

Les nobles de Cast.

– Le sieur de Coatsquiriou, garde du sieur de Tréouret mineur, presant par Antoine le Grand, dict faire corselet et avoir baillé sa déclaration.

Les nobles de St.-Coulit.

– Jehan le Gentil, presant, dict faire arquebusier à cheval.
– Jehan Coatsquiriou, presant, idem.
– Jehan Huet, décédé, son bien en rachapt.
– M.tre Olivier du Quezmodiern, garde de la mineur, dict qu’il est sous l’esdict et avoir baillé sa déclaration.

  Le toponyme Coat Squiriou figure sur la carte IGN à 500 mètres au sud-est du bourg de Quéménéven, avec son moulin du Coat-Squiriou sur la rivière Le Steïr, la carte EM indique Coat Squirriou,  alors que la carte Cassini de 1750 mentionne "coasquiriou" avec l'indication d'un hameau et du moulin. Le site est rapproché de nemus schyrriou, propriété des vicomtes de Léon selon une chartre de 1208 ; il  y existerait une parcelle dite "ar ch'astellic" avec reste d'une motte féodale (J.P. Soubigou, Ann. Bret. n°1 à 2, 2008 p.111). Le toponyme est construit avec les mots coat-, "bois", et -squiriou, "éclat de bois".

https://remonterletemps.ign.fr/comparer?lon=-4.084206&lat=48.113025&z=14.1&layer1=8&layer2=1&mode=split-h

René Kerviler, Répertoire général de bio-bibliographie bretonne., vol. Livre premier, Les bretons. 9, 1886-1908  page 377

  C'est par "un ancien aveu" indiquant ses armes, un chesnier glanné chargé au pied d'un lépureau ou connil et sommé d'un héron que le chanoine Pérennès est parvenu à identifier ce recteur.

Pérennès ajoute : "Au-dessous de ce personnage, nous écrit. M. le comte de Rosmorduc, on lisait, dans un fragment de cartouche, l'inscription suivante qui est un distique : DEPOSCENTE BONVS FERT /MILITIS ARMA COLONVS GAVDET/ ET AGRICOLE NOMINE FORTIS EQVES". Cette inscription n'apporte pas grand chose, du moins pour moi.

 

Il est curieux de constater que le fond rouge à nuages blancs s'intègre parfaitement avec les scènes du Jugement dernier. On remarquera aussi le petit ange à l'index désignant le ciel (ou les scènes supérieures). Ce panneau est-il vraiment étranger au Jugement dernier de Kergoat?

La tenue du recteur l'apparenterait à un chanoine ou un archidiacre, avec sa chape damassée aux orfrois brodés d'apôtres (André, Jean), et avec son aumusse de fourrure (et queues) sous l'avant-bras gauche. Il m'évoque, entre autre le donateur présenté par saint Jean (vers 1520) dans la baie 2 de Saint-Nic : il porte une chape damassée dont l'orfroi est brodé des figures des apôtres  (on identifie Jean et Pierre) et il est agenouillé devant son prie-dieu, où le livre de prières est ouvert. Sur l'étoffe verte est figuré son blason, aux armes hélas effacées. Le panneau est très restauré, mais le visage aux cheveux courts est proche de celui d'Henry de Coatsquiriou, malgré l'absence de moustache. Les dentelles et le plissé du surplis sont assez proches, et on peut croire à l'existence d'une aumusse blanche tigrée de gris. Or, ce dignitaire ecclésiastique est agenouillé devant une scène du Jugement dernier, mais  plus tardive (3ème quart du XVIe siècle) et d'un style différent. On remarquera que saint-Nic et Kergoat sont séparés d'une quinzaine de kilomètres.

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Baie 2 (détail) de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photo lavieb-aile 2017

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La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La baie 9, ou verrière du Jugement dernier (vers 1560) de la chapelle Notre-Dame de Kergoat à Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

 

 

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SOURCES ET LIENS.

— COUFFON (René), 1945, La peinture sur verre en Bretagne. Origine de quelques verrières du XVIe siècle., SHAB pp.27-64

https://www.shabretagne.com/scripts/files/63d362c86e2153.67614839/1945_02.pdf

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005 "Les vitraux de Bretagne", Corpus Vitrearum France- Recensement VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes : 2005, 367pp. pages 169-171.

—LE BIHAN (Jean-Pierre), blog

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-3062028.html attribue ce Jugement dernier à l'atelier Le Sodec de Quimper

"le Jugement Dernier de Notre-Dame de Kergoat en Quéménéven, dont le même sujet, avec des cartons proches se retrouve dans différents édifices comme Guengat, baie 4, avec malheureusement plus que quelques éléments, Plogonnec, baie 2 , et à la chapelle Saint-Sébastien de Garnilis en Briec (1561).. Pour la datation de ce Jugement Dernier de Kergoat, on peut proposer la datation de 1566 si l'on admet que le donateur est bien Henri de Quoëtsquiriou, recteur de cette paroisse à cette date. Il ne faut pas négliger que l’apport de ce chanoine dans ce vitrail peut être postérieur, comme le blason du prie-Dieu"

— PÉRENNÈS (Henri), 1928, “Notre-Dame de Kergoat : notice,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, 67 pages

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/cf7c0229aee151f69ccdfe31f1ccdd37.pdf

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux XVIe siècle. Chapelles bretonnes Héraldique
27 avril 2024 6 27 /04 /avril /2024 21:14

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon.

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Voir :
 

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PRÉSENTATION.

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Après l'occupation anglaise de la ville de 1417 à 1449, les travaux de reconstruction de l'ancien prieuré reprirent vers 1470-1475, et la dédicace de l'église eut lieu le 24 octobre 1487 en présence du duc René II d'Alençon. Puis, le maître-maçon Jean Le Moyne, venu d'Argentan vers 1495 à la demande des paroissiens et des trésoriers dirigea l'édification des voûtes de la nef et des chapelles latérales entre 1500 et 1513, puis le porche flamboyant entre 1510 et 1517. La verrière de l'Arbre de Jessé fut alors réalisée, en 1511, par les frères Juissel sur commande des artisans du cuir.

Entre 1520 et 1540 furent placés les dix  verrières hautes  de la nef, financées par des donateurs. Cinq verrières nord rappellent les grands épisodes de l'Ancien Testament, tandis que les verrières homologues du côté  sud célèbre la Vierge Marie.

C'est une période cruciale, celle de la pénétration de la Réforme en France après la publication des 95 thèses de Luther à Wittenberg en 1517 et l'excommunion de ce dernier en 1521, puis les réformes de Calvin à Genève en 1541. En 1521, Jacques d'Étaples, théoricien du renouveau de l'Église, traduit la Bible en français en 1521. Alençon devient le centre d'une nouvelle réflexion acquise à l'esprit de la Réforme, sous l'impulsion du maître imprimeur Simon Dubois, installés dans la ville en 1525 avec trois autres libraires.

Et en juin-juillet 1562 puis en 1568, la fureur iconoclaste des protestants s'exerce au dépens des verrières basses.

Pourtant, comme la montré Laurence Riviale , les grandes verrières normandes créées entre 1517 (entrée de François Ier à Rouen) et 1596 (entrée de Henri IV à Rouen) sont souvent vouées à une réfutation des thèses des réformateurs, à une célébration de la Vierge et de son Immaculée Conception et à de grands tableaux de l'Ancien Testament.

Enfin, pour placer une nouvelle date-balise, la création de ce vitrail en 1530 précède la pénétration des thèmes iconographiques de la Seconde Renaissance (Fontainebleau 1540), alors que la Normandie a accueilli sous l'influence de Georges d'Amboise les motifs de la Première Renaissance dès le début du siècle. La Renaissance italienne y exerce son influence dans le premier tiers du XVIe siècle par les gravures de Raimondi diffusant les œuvres de Raphaël.

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La baie 109 est la première fenêtre haute au nord en venant du fond de la nef (première travée), et elle est consacrée, en toute logique, au récit de la Création selon le livre de la Genèse. Viendront ensuite la Chute d'Adam et l'expulsion du Paradis (baie 107 vers 1530) , puis le Sacrifice d'Abraham (baie 105 vers 1555?), la Traversée de la Mer Rouge (baie 103 en 1535), et Moïse et le Serpent d'airain (baie 101 vers 1540-1545).

Cette baie 109 est placée en vis à vis, au sud, de la baie 110 de la Présentation de la Vierge au Temple.

Les archives conservent le marché établi le 15 novembre  1529 par les trésoriers avec le peintre-verrier Pierre Leclerc, membre d'une dynastie de peintres-verriers d'Argentan (peut-être Jean Leclerc cité au XVe siècle à l'Hôtel-Dieu d'Argentan). Un autre marché du 16 février 1530 lui attribua la réalisation de la baie 107 ou Chute d'Adam et Éve. La baie 109 peut donc être datée de 1530.

Les deux verrières de Pierre Leclerc témoigneraient (Callias-Bay) du style des peintres du Maine et du bassin de la Loire.

La baie 109 mesure, comme les autres, 6,30 m de haut et 4,20 m de large et comporte six lancettes et un tympan à 38 ajours. Le récit de la Création d'Adam et Ève occupe les lancettes 3, 4,  et 5, sans cloisonnement. Ma description lancette par lancette s'en trouvera perturbée.

Elle a été restaurée par Jean-Baptiste Anglade en 1906-1907 (notamment les figures d'Adam et Ève et les lancettes latérales.

Dans son article pour le Congrès archéologique de France de 1953, Louis Grodecki note que les deux verrières de Pierre Leclerc  sont parmi les meilleures des onze verrières de la Renaissance «aussi bien pour la technique que pour le style et la conservation».

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La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

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Première lancette . La Création : un cheval blanc ; un taureau ; une vache buvant à un étang ; une colombe; un pommier; la Lune.

Inscription : In principio creavit [Deus] celum et terram  Gn 1:1.

Les pommes rouges des pommiers sont montées en chef-d'œuvre.

Sur le fond bleu entre les arbres, divers animaux à pein visibles sont dessinés d'un trait fin de grisaille, dont un éléphant, un cheval, un bélier, etc.

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La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

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Deuxième lancette : trois anges assistent à la Création, vêtus d'habits Renaissance (épaules à crevés). En arrière-plan, Dieu le Père crée Adam.

Inscription : formavit dominus deus hominem de limo terrae Genèse 2:7

Formavit igitur Dominus Deus hominem de limo terrae, et inspiravit in faciem ejus spiraculum vitae, et factus est homo in animam viventem. "L'Éternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant."

Les anges aux grandes ailes rouges ou pourpres s'inspirent peut-être de ceux peints selon Raphaël à Santa Maria del Popolo de Rome. Mais l'épaulette à crevés est étrange et incite à s'interroger sur un réemploi.

La scène en arrière-plan et en haut illustre avec précision le texte, et montre notamment, en fins traits clairs, le souffle de Dieu. De loin, on ne voit que la cape rouge du Père et sa tiare rehaussée de jaune d'argent.

Plus haut, les étoiles sont des pièces montées en chef d'œuvre sur le fond bleu. Les nombreux plombs de casse créent un réseau parasite.

 

 

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La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

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Troisième lancette : Éve debout devant Dieu, qui la tient par la main. Des lapins, un chien.

 

Inscription : Immisit ergo dominus deus soporem in adam. Genèse 2:21.

Le verset complet : Immisit ergo Dominus Deus soporem in Adam: cumque obdormisset, tulit unam de costis ejus, et replevit carnem pro ea. "Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place."

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Éve a une chevelure blonde très abondante.

Sous ses pieds sont peints deux ou trois oiseaux.

En arrière plan, "les eaux" sont peuplées de poissons de taille diverses. Dans le ciel volent de grands oiseaux. Les astres sont des pièces montées en chef d'œuvre.

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La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de la Création de l'église Notre-Dame d'Alençon.

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Quatrième lancette : Dieu le Père présentant Ève à Adam.

Inscription : Cumque obdormisset [tulis unam de] costis [ejus, et replevit carnem pro ea] et edificavit dominus. Gn 2:21-22

 

... cumque obdormisset, tulit unam de costis ejus, et replevit carnem pro ea. Et aedificavit Dominus Deus costam, quam tulerat de Adam, in mulierem: et adduxit eam ad Adam. " [Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit]; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L'Éternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et il l'amena vers l'homme."

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Dieu porte la tiare d'or (entouré d'un nimbe), et un manteau rouge à revers bleu , au dessus d'une robe à frange et glands d'or, serrée d'une ceinture rose, et d'une tunique blanche. Juste au dessus de sa tête est la colombe de l'Esprit.

Adam tend la main vers Ève.

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La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de la Création de l'église Notre-Dame d'Alençon.
La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

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Cinquième lancette : Adam accueillant Ève. En arrière-plan, la création d'Éve. Dans la tête de lancette, le Soleil.

Inscription : Dominus deus costam in mulierem et adduxit ea ad adam. Gn 2:22

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Adam est adossé à un arbre portant des fruits d'or. 

Il rappelle par sa pose un homme du Jugement de Paris gravé par Raimondi d'après Raphaël.

En arrière-plan, Dieu prend une côte sur Adam endormi.

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La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

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Sixième lancette : la Création (suite): arbre, mouton et oiseaux.

Inscription : Dixitque adam Hoc nunc, os ex ossibus meis. Gn 2:23.

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"Et Adam dit : celle-ci cette fois -ci est os de mes os et chair de ma chair. "

Un arbre au tronc veiné abrite des perdrix. Un mouton pourrait être une préfiguration du Messie.

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La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

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LE TYMPAN.

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Dans les  ajours inférieurs se succèdent 12 figures en pleine couleur.

Au dessus, la colombe nimbée du Saint-Esprit occupe l'ajour central. Il est entouré de'anges adorateurs ou musiciens, du soleil et de la lune, en grisaille et jaune d'argent ou sanguine.

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La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

La baie 109 de La Création (Pierre Leclerc, 1530) de la basilique Notre-Dame d'Alençon. Photographie lavieb-aile 2014.

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SOURCES ET LIENS.

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—CALLIAS-BEY (Martine), DAVID (Véronique), 2008, Les vitraux de Basse-Normandie, Corpus vitrearum VIII, PUR ed. pages 183-192

—DUBOIS (Jacques), 2000, Notre-Dame d'Alençon Presses Universitaires de Rennes, 2000

— GRODECKI (Louis), 1953,  Congrès archéologique de France tenu dans l'Orne 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3209998p/f27.item

— PATRIMOINE-HISTOIRE

https://www.patrimoine-histoire.fr/P_Normandie/Alencon/Alencon-Basilique-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/P_Normandie/Alencon/Alencon-Basilique-Notre-Dame2.htm

— RIVIALE (Laurence), 2007. Le vitrail en Normandie entre Renaissance et Réforme, PUR ed, pages 26-28 et 304.

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux XVIe siècle.
1 avril 2024 1 01 /04 /avril /2024 13:53

Cinq vitraux du XVIe siècle du Musée départemental breton.

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Voir sur le Musée départemental breton de Quimper :

 

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Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

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1°) Saint Yves entre le Riche et le Pauvre. Inv R.1983.114., XVIe siècle.

 

Voir :

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— Voir aussi sur saint Yves :

 

 

https://musee-breton.finistere.fr/fr/notice/r-1983-114-saint-yves-musee-departemental-breton-dc80508e-b1b3-4bb1-bf8c-694fffbaf338

"Saint Yves, vêtu d'une tunique longue recouverte d'un manteau décoré d'hermine et coiffé d'une barrette (bonnet carré), est représenté entre le Pauvre et le Riche. Il tient, dans sa main droite, le rôle (verdict) du procès. L'homme pauvre porte une tunique courte, reserrée à la taille et découpée dans le bas et aux extrémités des manches. Il est pieds nus et tient dans sa main gauche un sac et dans sa main droite un bâton qui doit lui servir de canne. L'homme riche est figuré avec une tunique recouverte d'un manteau, et porte un chapeau à plumes. Sa main droite repose sur l'épée qui est attachée à sa taille. De sa main gauche, il tend des pièces d'or (?) à Saint Yves. Décor de grisaille et de jaune d'argent." (Musée)

 

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Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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2°) Le Bon Larron, fragment d'une Passion. Inv. R.1983.111. Cornouaille, XVIe siècle.

 

https://musee-breton.finistere.fr/fr/notice/r-1983-111-le-bon-larron-musee-departemental-breton-037d330e-4a34-4163-80b1-8121e7f72f37

Hauteur en cm : 42 ; Longueur en cm : 45

"A la gauche du Christ crucifié, le bon larron (homme aux cheveux et à la barbe roux) a les bras tordus et ligaturés sur la branche supérieure d'une croix en forme de tau. Le vent de la Passion balaye ses cheveux vers la droite. Au-dessus de lui, entouré d'un halo de lumière, un ange conduit son âme, figurée sous la forme d'un être asexué."

Comparez à la même scène dans la trentaine de Passions finistériennes du XVIe siècle. L'ange a du être restauré au XIX ou XXe siècle.

 

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Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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3°) Fragment d'un Jugement dernier. Inv. R.1983.112. Cornouaille, XVIe siècle.

https://musee-breton.finistere.fr/fr/notice/r-1983-112-le-jugement-dernier-musee-departemental-breton-d770cdc1-d849-471b-b626-78dce456a76c

Hauteur en cm : 78 ; Largeur en cm : 51

 

"Un ange vient enlever du tombeau un Pape portant le suaire des morts et la tiare. Ils s'extirpent d'une masse nuageuse pour accéder au bleu du Paradis."

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Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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4°) Fragment d'une scène non identifiée. Inv. R.1983.113. Cornouaille, XVIe siècle.

https://musee-breton.finistere.fr/fr/notice/r-1983-113-vitrail-musee-departemental-breton-64488d6e-bc1f-463b-b082-7c42a97abd2a

Hauteur en cm : 60 ; Longueur en cm : 48

"Au premier plan, trois personnages. A l'arrière plan, un décor fortifié. On peut voir des flammes et de la fumée s'échapper de la tour qui se trouve au centre du vitrail."

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5°) Un saint évêque et une sainte lisant un livre. Inv. R.1983.115.  XVIe siècle. Provenance inconnue (Suisse ?)

https://musee-breton.finistere.fr/fr/notice/r-1983-115-saint-eveque-musee-departemental-breton-7d58bbb5-c945-4af0-999e-af0ae2567550

Hauteur en cm : 54,5 ; Largeur en cm : 45,5

 

"Le Saint Evêque et la Sainte au livre sont représentés debout, côte à côte (la sainte à gauche et le Saint à droite). La Sainte est vêtue d'une robe de couleur verte à liséré jaune, recouverte d'un manteau bleu. Elle porte un chapeau ou un bonnet et un livre ouvert. Le Saint Evêque est vêtu d'une tunique longue blanche recouverte d'une tunique plus courte bleue et d'une cape rouge fermée sur la poitrine. Sur sa tête, une mître et dans sa main droite, une crosse. Dans sa main gauche, il tient un livre fermé sur lequel sont posés trois objets (bourses ?). Deux mascarons ferment, en haut et en bas, cette composition.

Dans les coins, la femme au vase peut symboliser la Virginité ; celle accompagnée d'un enfant, la Charité ; le personnage au chien est peut-être la Fidélité. A droite, le personnage buvant peut évoquer l'ivresse de Noë." (Musée)

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Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental  breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

Panneau de vitrail exposé au Musée départemental breton de Quimper. Photographie lavieb-aile.

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29 mars 2024 5 29 /03 /mars /2024 12:30

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes, les saints Claude et Paul entre les donateurs Pierre Pion et Jeanne Festuot présentés par leurs patrons.

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Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

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Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

Les articles de mon blog traitant des vitraux.

 

 


 

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Datation  par document d'archive.

Cette verrière a été posée en 1534 (date du paiement des ferrures de la verrière au serrurier Pierre Belin). Au 14e siècle, aucun vitrail figuré n'est mentionné à cet emplacement mais en 1505, de la vitrerie y a été enlevée par le valet du peintre-verrier Jean Verrat.

Donateurs identifiés par leurs armoiries.

 

On reconnait sur leurs prie-dieu les armoiries à gauche de Pierre Pyon d'azur à la croix d'or à double traverse cantonné d'une étoile d'or à senestre, et à droite celles, miparti, de son épouse Jeanne Festuot en 1,  Pyon,et en 2, d'azur à trois têtes de bélier d'argent qui sont Festuot.

Ces armoiries sont reprises au tympan, soit pleines, soit miparti au centre.

Les petites ogives tréflées des lancettes contiennent un blason d'azur à la croix double d'or, surmonté d'une étoile d'or en chef. A droite, du côté opposé, le même écu, mi-parti d'azur à trois têtes de bélier d'argent, armes des donateurs Pierre Pyon et de

1. Pierre PYON ou PION 1469-1539 chevalier du Saint-Sépulcre de Jérusalem , seigneur de  Rumilly-les-Vaudes (Aube) et en partie de Ravières (Yonne), marchand de Troyes, échevin, marguillier à verge de la cathédrale.

Quelques données :

Il est fait mention d'un Pierre Pyon apothicaire à Troyes sous Louis XII

Pierre Pion se serait-il remarié ? : "Pierre Belin heritier de Pierre Pion , débouté de donation au profit de Jehan Festuot et consorts , heritiers de Jehanne Festuor , femme dudict Pion en premieres noces , par sentence du Bailly de Troyes du 10. May 1541 confirmee par Arrêt du 20 Decembre 1546 ."

Un Pierre Pyon né vers 1539 à Troyes et décédé avant 1579 est mentionné par les généalogistes.

Un Jacques PION ou Pyon (1556-1592 ) , maître orfèvre , a été député des orfèvres en 1564.

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2. Jeanne Festuot, dame de Rumilly-les-Vaudes, veuve en première noce de Claude Bury, et décédée vers 1555.

Jeanne Festuot est peut-être la fille de Jean Festuot l'aîné seigneur de Ravières et de son épouse Denise Chapalain, qui donnèrent en 1500 les verrières 129 et 229 de la nef où est représentée l'Histoire de Tobie.

Selon la généalogie Alain Beyrand, elle avait épousé Claude BURY, décédé avant 1520, 

https://gw.geneanet.org/elastoc?lang=fr&pz=marie&nz=cousin&ocz=3&p=jeanne&n=festuot

On mentionne un couple Pierre Largentier teinturier et Gilette Festuot en 1470.

https://gw.geneanet.org/jdenailly?n=festuot&oc=&p=gilette

https://gw.geneanet.org/jbuzelin?lang=fr&pz=jean+marie+robert&nz=buzelin&p=nicolas&n=festuot

 

3. Le couple Pierre PION et Jeanne FESTUOT : édification peu avant 1532 du Manoir des Tourelles à Rumilly-lès-Vaudes, fondation de la chapelle Saint-Claude en 1528. Sépulture le 24 juin 1539 en la chapelle Saint-Claude à 70 ans.

a) Le couple fait édifier le manoir des Tourelles de Rumilly-les-Vaudes :

Pierre Pion acquit en 1523 la moitié de la terre de Rumilly., et en 1532 le manoir était qualifié de tout neuf par un pèlerin. "En dépit des mutilations révolutionnaires, on peut encore y identifier les armes de Pierre Pion et de sa femme Jeanne Festuot, riches marchands troyens, et celles d'Antoine de Vienne, abbé de Molesmes."

b) Fondation de la chapelle Saint-Claude en 1528. « Doyan et Chapitre de léglise de Troyes... avons receu la somme de deux mille livres tournois de messire Pierre Pion, chevalier de Jerusalem et de dame Jehanne Festuot, sa femme, seigneur et dame de Rumilly lez Vauldes en partie... Lesdiz Pion et sa femme ont à leurs frectz et despens fait décorer et accoustrer honestement ladicte chapelle Sainct-Claude; en icelle mis... les aornemens et choses qui sensuyvent, assavoir quatre tuniques decamelot, les deux noires et les deux jaulnes; une chasuble de camelot d'or et une aultre de camelot jaulne; deux autres chasubles lune de damas noir à offroiz d'or et l'autre de camelot noir; une chappe aussi de camelot noir touz à offroiz imagez des trépassés; un poille croisé de damas blanc avec deux paremens de camelot... un calice d'argent du poix de deux marcs, armoyrié des armes des ditz Pion et sa femme; quatre nappes, ung missel, ung livre pour chanter la messe sainct Claude, deux chandeliers, ung anceau... Accordons que nous serons tenuz de faire dire, chanter et célébrer par les deux marrégliers prebtres, les soubzchantre et vicaires dicelle église chascun à son tour et ordre à l'autel et chapelle de mondict seigneur sainct Claude, qui est la deuxiesme chapelle par devers lhostel épiscopal en entrant à main droitte en la nef dicelle église par le grand portal que lon y édifie de présent, une messe basse cothidianement et par chascun jour à tousjours perpetuellement... Quatre anniversaires chascun an aux QuatreTemps de lan... Le jour de la feste sainct Claude une messe haulte à diacre et soubzdiacre... Permettons à tousjours que les corps desditz Pion et sa femme, enfans deulx et de chascun deulx ensemble leur postérité... soient sepulturez ou charnier que lesdictz Pion et sa femme ont faict faire et caver de leurs deniers en icelle chapelle... D'attacher en ladicte chapelle ung tableau de cuivre à couverture de verre ou quel sera escript, exprimé et déclaré la présente fondation ... »

Néanmoins, cette chapelle avait été vitrée dès le XVe siècle :

"Les verrières des chapelles Saint-Claude au sud et Hennequin au nord ont été réalisées par le même peintre verrier Girard Le Noquat. La verrière de la chapelle Saint-Claude est posée entre juillet 1483 et juillet 1484. Elle est payée à Girard Le Noquat par le chapitre qui en est ldonc le donateur, à moins qu'un chanoine ait donné l'argent de sa donation au chapitre, comme c'est probablement le cas pour la verrière Hennequin. Les têtes de lancette gauche et droite contiennent les écus armoriés..... Or, Pierre Pyon et sa femme Jeanne Festuot ne fondent la chapelle Saint - Claude que le 3 juillet 1528. Leurs armes ont sans doute été rajoutées sur la verrière de la chapelle à cette époque et ce ne sont pas eux qui ont offert la verrière originelle . Le thème de cette dernière , la Transfiguration , est donné par le texte d'archives lui-même . De la verrière , il ne reste que la partie supérieure ." (D. Minois)

c) Sépulture le 24 juin 1539.

"Die festo B. Johannis XXIV junii anni MVc XXXIX coram dominis hujus ecclesie canonicis comparuerunt M. Johannes Le Gruyer, presentis ecclesie canonicus, dominus temporalis de Fontanis, honorabilis vir Symon Fouchier, procurator in curia laica, Jacobus Aubry, Guilelmus Granger, clericus, assistentibus G. Rogier, notario, et Petro Belin, executores testamenti hodierne defuncti, hora secunda, ut rumor est, post mediam noctem, nobilis viri petri Pion, dum viveret militis Hierosolimitani ac matricularii ad virgam in hac ecclesia, atque presentaverunt legendum testamentum dicti defuncti, rogantes ut domini volint disponere de officio et pompa funebri, per cujus testamenti lecturam constat eum velle inhumari hora medie noctis, situs et positus in cathedra lignea aut plumbea cum una camisia tele cerate, et supra eam habere cotam seu tunicam peregrini Hierosolimitani tam affabre confectam ut possibile erit, et ferri per vicarios in capellam B. Claudii, quam in hac ecclesia fundavit dictus defunctus, que omnia consenserunt domini modo predicto fieri, orantes pro salute anime ipsius qui septuagenarius fuit .  ( Archiv. de l'Aube, reg. G. 1282, fol. 179 vo).»

847. Ce dit jour, en 1539, est décédé noble homme Pierre Pion, seigneur de Rumilly-les-Vaudes (Aube) et en partie de Ravières (Yonne), marguillier à verge de cette église en remplacement de noble homme Nicolas Laurent. Il fit le pélerinage du Saint-Sépulcre et fut reçu chevalier; à son retour il édifia dans cette église, en 1528, la chapelle Saint-Claude, dans laquelle il fonda une messe quotidienne à perpétuité et où il est inhumé. On lit dans un ancien Obituaire :

Die martis XXIV junii MDXXXIX obiit Petrus Pion, nobilis vir et miles Hierosolimitanus; novum pompe funebris genus voluit inhumari hora media noctis, situs et positus in cathedra lignea aut plumbea cum una camisia tele cerate et supra eam habens cottam seu tunicam peregrini Hierosolimitani tam affabre confectam ut possibile erit. Jacet in capella divi Claudii quam ipse fundavit et dotavit.

 

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Description.

 

C'est la première fenêtre des transepts, à l'est, la plus rapprochée du choeur. Cette baie haute de 10 m et large de 5,50 m est composée de 6 lancettes lancéolées réunies 2 à 2 sous 1 soufflet  et de 6 mouchettes et écoinçons au tympan. Un grand registre formé des 4 lancettes centrales est entourée de bordures du 16e siècle (motifs décoratifs, croix de Jérusalem alternant avec des verres colorés) au sein d'une vitrerie losangée du XXe siècle. : de g. à dr. : le donateur en armure Pierre Pyon présenté par saint Pierre ; saint Claude ; saint Paul ; la donatrice Jeanne Fuestot présentée par saint Jean l'Evangéliste.
Au tympan des  bordures du 16e siècle sont entourées d'une vitrerie losangée du XXe siècle ; dans les lobes des mouchettes inférieures sont figurées 2 têtes à l'antique (une femme et un homme de profil) ; les soufflets  contiennent les écus armoriés des donateurs dans une couronne de verre rouge.

 

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La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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La première lancette : Pierre Pyon en donateur présenté par saint Pierre.

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 Pierre Pyon est agenouillé, les mains jointes, devant son prie-Dieu, couvert d'un tapis brodé de ses armes, d'azur à la croix double d'or, avec une étoile de même au canton de sénestre. Il  s'est fait représenter avec les insignes d'un chevalier de Jérusalem. Il est couvert d'une riche armure de guerre et d'un hoqueton de soie d'azur semée de croix potencées d'or, qui est de Jérusalem; sa tête est coiffée d'un chaperon de soie noire, rembourré de coton, qui se plaçait sous le bassinet, la salade ou le chapel de fer. Derrière lui, saint Pierre, son patron, lui posant délicatement la main sur la tête et portant de la main gauche une grande clef. (Ch. Fichot)

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La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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2°) Saint Claude en évêque et saint Paul.

Saint Paul a les deux mains appuyées sur la poignée de l'épée qui rappelle sa décollation.

Les culots comportent des masques Renaissance.

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La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3°) La donatrice Jeanne Festuot, femme de Pierre Pyon, veuve en premières noces de Claude Bury, morte vers 1555.

La donatrice porte une coiffe noire perlée et un manteau violet doublé de fourrure. Une bague est visible à l'index.

 

Elle est agenouillée les mains jointes devant son prie-Dieu, avec son blason parti au 1 d'azur à la croix double d'or, accompagnée d'une étoile au canton de sénestre; au 2 d'azur à trois têtes de béliers d'argent.

 

Derrière la donatrice, saint Jean l'Évangéliste tient un calice  de poison, duquel sort le petit dragon .

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La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 214 (vers 1530) du bras sud du transept de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— ARNAUD (Anne-François), 1837, Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube, Troyes page 144.

https://books.google.fr/books/about/Voyage_arch%C3%A9ologique_et_pittoresque_dan.html?hl=fr&id=joPE2XpCkkgC&redir_esc=y

— BIVER (Paul), 1908-1935, L'École troyenne de peinture sur verre. Non consulté.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 286

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003,La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald, 

— MOREL-PAYEN (Lucien) 1910 , Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910

https://books.google.fr/books/about/Troyes_et_Provins.html?hl=fr&id=fdByEAAAQBAJ&redir_esc=y

 Camille Georges Picavet, L. Morel-Payen. — Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910 [compte-rendu] Revue internationale de l'enseignement  Année 1911  61  pp. 87-88

https://education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1911_num_61_1_8939_t1_0087_0000_2

— MOREL-PAYEN (Lucien) sd, Guide-Souvenir de la cathédrale de Troyes  Troyes, Imp. L. Droin, -

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— PIGEOTTE (Léon),1870, Étude sur les travaux d'achévement de la cathédrale de Troyes de 1450 à 1630, Paris, Librairie archéologique de Didron, page 47.

https://archive.org/details/etudesurlestrava00pigeuoft/page/46/mode/2up

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000380

https://agorha.inha.fr/ark:/54721/f47e6092-a972-473f-b6a0-70a4265e6fd3

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https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

 



 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Héraldique Donateurs XVIe siècle.
28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 18:32

La Crucifixion de la verrière (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen (canton de Briec) au Musée départemental breton de Quimper inv.1879.2.1.

 

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1°)Voir sur le Musée départemental breton de Quimper :

 

 

 

 

 

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 2°)Voir les 29 Passions des verrières du Finistère au XVIe siècle  dont beaucoup  sont attribuées à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

et dans le Morbihan :

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 On attribue aussi à l'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :

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3°) Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

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PRÉSENTATION.

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L'église Saint-Gunthiern de Langolen a été reconstruite en 1844 et ne conserve plus  que  son porche sud du XVe siècle et sa façade ouest et du clocher du XVIe siècle.

La maîtresse-vitre du milieu du XVIe siècle a été acquise pour la somme de 100 francs par la Société archéologique du Finistère et placée dans une salle basse de l'aile sud du Musée départemental breton, où elle est visible aujourd'hui, à côté de la verrière de la chapelle Saint-Exupère  de Dinéault. Sa mise en dépôt  coincide sans doute avec l'installation dans l'église de créations du Manceau Hucher en 1869. Le Musée la décrit ainsi :

"Présente trois lancettes en plein cintre. 11 panneaux de la maîtresse-vitre représentent la Crucifixion, le 12ème en bas à gauche, interpolé, provient d'une Adoration des mages (buste de Melchior et vêtements des autres mages). Composition sur fond rouge, nombreux personnages.
Sur le panneau de gauche le bon larron, le bourreau et deux cavaliers en armure (heaume, bouclier).
Sur le panneau central, le Christ sur la croix et Sainte Marie-Madeleine à ses pieds. Un homme à cheval, sur la gauche, pointe sa lance en direction du Christ. D'autres personnages sont figurés à pied.
Sur le panneau de droite, le mauvais larron, un homme à cheval, d'autres personnages munis de lances. Deux hommes montent ou descendent de l'échelle qui a servit à attacher le mauvais larron sur la croix."

Une photographie accompagne cette description. 

Il me restait à la décrire en détail dans une démarche de comparaison stylistique.

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Elle présente trois lancettes de plein cintre de 2,40 m de haut et 1,80 m de large. Nous ignorons si c'était la disposition d'origine, et, surtout, si cette verrière, qui devait occuper la position de maîtresse-vitre, disposait d'un tympan ou si ce dernier était armorié ; F. Gatouillat précise néanmoins que la verrière est "amputée de ses panneaux inférieurs et de son tympan". Un couple de donateur était-il représenté? Nous ignorons aussi la nature des autres verrières de l'église, hormis le faible indice d'une Adoration des Mages, venant peut-être du registre inférieur. Enfin la date de la verrière est estimée, mais non fondée sur une inscription.

La verrière a été restaurée avec suppression des plombs de casse par collage par le maître-verrer quimpérois Jean-Pierre Le Bihan.

Cette verrière relève a priori de l'atelier Le Sodec de Quimper, dont nous relevons certaines caractéristiques comme les lettres inscrites sur les galons des vêtements (mais par une seule occurrence), les chevaux hilares à harnachements luxueux, la posture de Marie-Madeleine et les larmes de son visage, le verre rouge gravé du nimbe du Christ, des motifs de damas.

Il est nécessaire de procéder à des rapprochements avec les autres Crucifixions finistériennes.

En effet, parmi les Passions finistériennes il faut distinguer les verrières comportant  des scènes de la Vie du Christ dont la Passion, ou bien des scènes successives de la Passion, ou bien de Grandes Crucifixions  occupant toute la vitre. La maîtresse-vitre de Langolen appartient à ces dernières.

On la comparera donc avec intérêt cette verrière de Langolen  aux verrières de La Roche-Maurice, La Martyre  et Tourc'h — et Saint-Mathieu de Quimper qui en est la copie—, du Juch, de Ploudiry et de Labadan mais surtout avec celles de Guengat, Guimiliau, Gouezec, ou Quéménéven. Tous ces vitraux sont attribués à l'atelier Le Sodec de Quimper. Ils ont, outre cette composition, et leur proximité géographique,  des points communs temporels (entre 1535 et 1560 environ) et bien-sûr stylistiques. 

On notera en particulier   la fréquence des inscriptions de lettres, souvent dépourvues de sens, sur les galons des vêtements et les harnachements, et d'autre part, la représentation de larmes sous les yeux de Marie, Jean et Marie-Madeleine au pied du calvaire.

On peut aussi classer ces Crucifixions en deux catégories : celles où le ciel est rouge, comme ici à Langolen,  mais aussi à Ergué-Gabéric, Plogonnec, Quillidoaré en Cast,  Brasparts, à Guimiliau, à Guengat , et celles où le ciel est bleu, dans tout les autres cas.

Un autre élément qui peut permettre des rapprochements iconographique est la scène, en troisième lancette, d'une déposition du mauvais larron : on la retrouve à Guimiliau (1550), à Guengat (1550) et à Gouezec (ca 1550-1575).

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Le corpus des verrières de la Passion et de la Crucifixion du Finistère au XVIe siècle.

En rouge, les verrières à comparer à celle de Langolen.

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Carte IGN

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La verrière en entier.

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Inv. 1879.2.1 « Musée départemental breton de Quimper »

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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PREMIÈRE LANCETTE, À GAUCHE : LE BON LARRON ; LES SOLDATS ; JEAN ET LA VIERGE.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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1°) Le bon larron sur le gibet, son âme emportée par un ange.

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Dans les autres verrières du corpus, le Bon Larron tourne sa tête vers le bas, sauf au Juch où elle est ainsi orientée vers le haut.

Les chausses à crevés (propre à la Renaissance) , ou la jambe gauche détachée et fléchie, sont des détails qui se retroiuvent sur toutes les verrières de l'atelier, mais aussi sur la grande majorité des calvaires paroissiaux érigés à la même époque.

Le motif fleuri formé par quatre pétales jaunes autour d'un rond sur la tunique de l'ange est propre à l'atelier Le Sodec.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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2°) Quatre soldats et cavaliers armés de lances.

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L'atelier excelle dans la représentation des chevaux vu de trois-quart, en fuite, ou de face, et le détail de leur harnachement à glands ou de leurs mors est très soigné.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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3°) La Vierge et Jean.

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Ces deux visages ont été restitués par un restaurateur pour former une continuité avec le panneau sous-jacent.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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4°) le roi-mage Melchior, réemploi d'une Adoration des Mages.

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On voit Melchior, le roi le plus âgé, prosterné [devant la Vierge et l'Enfant], tête nue, tandis que derrière lui  les deux autres rois, dont il manque la tête, portent leurs présents, l'encens et la myrrhe.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen au Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen au Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile 2024.

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DEUXIÈME LANCETTE, AU CENTRE : LE CHRIST EN CROIX, LONGIN, MARIE-MADELEINE, LES SOLDATS SE DISPUTANT LA TUNIQUE.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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1°) Le Christ en croix.

On remarque le nimbe en verre rouge gravé, les rayons étant peints au jaune d'argent.

Le buste du Christ est, selon Gatouillat et Hérold, une pièce du début du XVIe siècle, placée en réemploi. L'attention portée à l'écoulement du sang, le long des bras et du torse, est à souligner.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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2°)Le cavalier Longin transperçant le flanc droit de Jésus de sa lance. Le Bon Centenier levant les yeux vers le Christ.

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La tête de Longin a été restaurée.

Les deux cavaliers forment, sur un croisillon de nombreux calvaires du Finistère, un couple emblématique.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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3°) Marie-Madeleine en larmes au pied de la croix.

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La sainte étreint de ses jambes et de ses bras le bois de la Croix et tourne sin visage vers le sang qui s'écoule des plaies des pieds de Jésus. Son grand manteau rouge qui ne couvre plus ses épaules mais retombe derrière ses reins sur le sol est certes un détail, mais il est si caractéristique sur les calvaires du Finistère qu'il lui  devient un véritable attribut, immédiatement identifiable. 

De même, toutes les verrières du groupe de comparaison reprennent ses autres caractéristiques vestimentaires : sa coiffe perlée, ses cheveux blonds, sa chemise fine à col frisé, ses manches ouvragées et, surtout, son visage en larmes.

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 

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Marie-Madeleine au pied de la Croix, baie 0, chœur de l'église Saint-Salomon de La Martyre. Photographie lavieb-aile.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

 

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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Les larmes que l'atelier Le Sodec s'attache à tracer sous les yeux de Marie-Madeleine sur toutes les verrières où ce détail n'a pas été supprimé par les restaurateurs sont faites de trois à quatre lignes blanches (enlevées sur le fond de peinture) qui se terminent en ampoules sur la joue. Aussi passent-elles facilement inaperçues à un examen à distance.

Elles sont également présentes dans les yeux des personnages réunis à droite de la Croix (Jean, Marie et les Saintes Femmes), mais à Langolen, ces visages n'ont pas été conservés.

Elles témoignent d'une dévotion aux larmes versées devant le sang versé et les souffrances endurées par le Christ lors de sa Passion, propre au XVe et XVIe siècle en Bretagne, et on les retrouve sur les visages des calvaires du Finistère.

Voir mon étude détaillée ici : https://www.lavieb-aile.com/2022/07/la-maitresse-vitre-v.1540-de-l-eglise-du-juch.html

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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4°) Trois soldats se disputant la tunique sans couture du Christ.

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La comparaison avec les scènes homologues de Guengat, de Guimiliau, de Gouezec ou de Quéménéven montre que c'est le même carton qui a été repris, mais par un autre peintre du même atelier, ou sur un panneau considérablement restauré. Certains détails s'y retrouvent de façon troublante, comme, à Gouezec  la ligne festonnée de l'encolure de la chemise du soldat en haut à droite, tracée en soustraction ("enlevé" par le manche du pinceau)  sur le fond bistre de la carnation, ou bien la cuirasse du même homme dessinée par deux volutes, ou bien ses manches bouffantes ornées de petits ronds.

Si nous nous reportons aux verrières de Guengat ou de Gouezec, nous découvrons la partie inférieure de la scène, ici perdue : un soldat, retenu par sa chevelure, est à genoux et tente de dégainer son glaive.

https://www.lavieb-aile.com/2017/09/la-maitresse-vitre-de-la-passion-vers-1550-de-l-eglise-de-guengat-29.html

https://www.lavieb-aile.com/2017/10/la-passion-de-la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-gouezec.html

https://www.lavieb-aile.com/2020/08/la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-guimiliau.html

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Maîtresse-vitre vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

 

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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TROISIÈME LANCETTE, À DROITE : LE MAUVAIS LARRON ; DÉPOSITION ; UN CAVALIER.

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Cette troisième lancette est la plus mystérieuse et la plus singulière en raison de l'existence d'une double représentation de la confrontation du Mauvais Larron au diable, soit sur le gibet, soit lors de sa descente de ce gibet. On craindrait de ne pas l'interpréter correctement, si on ne retrouvait pas ailleurs cette déposition du Larron  à Guimiliau (1550), à Guengat (1550) et à Gouezec (ca 1550-1575). 

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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1°) Le mauvais larron sur le gibet, son âme emportée par un diable.

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Cette scène là est classique : le Mauvais Larron refuse d'être sauvé par le Christ, et détourne son regard de la Croix. Il est alors damné, et un diable emporte son âme en Enfer, en parallèle avec le panneau où un ange emportaitb aux Cieux celle du Bon Larron.

Ce diable violet est simiesque, velu, barbu, et doté d'une queue.

Le peintre fait très largement appel à la technique de l'enlevé de peinture, pour les nuages, les cheveux de l'âme, tous les détails du diable, les cheveux, la barbe et les éclats de lumière du visage du larron.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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2°) Le mauvais larron est descendu du gibet, son âme emportée par un diable.

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On pourrait d'abord croire que le personnage en rouge n'est pas un larron, — comme semble le penser le rédacteur de la notice du musée—, mais la corde blanche qui le ceinture, d'une part, la jambe droite pliée à angle droit (et donc brisée) d'autre part, et enfin le diable guettant son âme à sa droite, prouve qu'il s'agit bien de la déposition du Mauvais Larron de son gibet, l'artiste peintre plaçant deux épisodes successifs sur la même lancette. Cette Descente de gibet reprend les codes des Descentes de Croix.

Une enquête rapide ne m'a pas permis de trouver cette Descente de gibet dans les enluminures et peintures du XVIe siècle, hormis, précisément, sur les verrières de l'atelier Le Sodec,  à Guimiliau (1550), à Guengat (1550) et à Gouezec (ca 1550-1575). Mais dans ces trois derniers cas, la scène remplace celle du Mauvais Larron au gibet. D'autre part, dans ces trois cas, le larron est habillé d'une tunique blanche, et son visage se détourne vers sa gauche. Ici, à Langolen, le visage a été restauré. Deux lancettes (Mauvais Larron au gibet, et Descente de gibet du Mauvais Larron) ont-elles été habilement réassemblées en une seule ?

Mais dans ces quatre cas, c'est bien un même carton qui semble avoir été repris, même si, à Guimiliau, le diable a disparu.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

 

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

 

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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Un autre détail est troublant. D'une façon très singulière (est-ce un unicum ?), les yeux du diable (cornu et ailé) ont été percés dans le verre. C'est par ailleurs un verre bleu qui, pour le faire apparaître vert, a été soit peint au jaune d'argent, soit gravé, c'est à dire doublé d'un verre blanc, et meulé de son verre bleu pour l'éclaircir et le peindre en jaune. Les yeux résultent-ils d'un meulage à la molette (outil servant à graver le verre)?

L'effet obtenu est saisissant.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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3°) Un cavalier ( membre du Sanhédrin ?) et des soldats en armure.

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Ce cavalier est retrouvé dans toutes les verrières du corpus comparatifs, et il est facilement reconnaisable à sa coiffure à oreillettes, nouée d'un ruban à son sommet. Il lève la tête vers le Christ en croix. C'est toujours lui, ou sa monture, qui reçoivent les inscriptions à type de lettres souvent dépourvues de sens. Ici, nous ne lisons que VERE.EE sur le galon du camail.

 

 

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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SOURCES ET LIENS.

 

— ABGRALL (Jean-Marie), 1918, Notice sur Langolen, BDHA Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/74409be235347210158e84824de314c3.pdf

— BARRIÉ (Roger), 1978, Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle, Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper : Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper  ; sous la direction d' André Mussat / [S.l.] : [s.n.] ,  Thèse, Université de Haute Bretagne, Rennes. 

— BARRIÉ (Roger), 1977, "Un atelier de peinture sur verre en Cornouaille vers 1535", in Le vitrail breton. Arts de l'Ouest, numéro 3 (Centre de recherches sur les arts anciens et modernes de l'Ouest de la France, U. E. R. des arts, Université de Haute-Bretagne, Rennes)

— BARRIÉ (Roger), 1976 "Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale". In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 1, 1976. pp. 35-44.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_...

— COUFFON (René), 1945, "La peinture sur Verre en Bretagne au XVIe siècle",  Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne. p.35

http://www.shabretagne.com/scripts/files/51ebaffaede742.09604269/1945_02.pdf

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988,  Notice sur Langolen, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/LANGOLEN.pdf

—DEBIDOUR (Victor-Henri )1981 La sculpture bretonne- Rennes, éd. Ouest-France, 1981 (rééd. en 1953) p. 69

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, 365 p. (Corpus vitrearum France, série complémentaire. Recensement des vitraux anciens de la France, VII) page 186.

— LE STUM (Philippe), Nolwenn RANNOU, Michel LE GOFFIC, Patrick GALLIOU, André CARIOU, Christiane PRIGENT. 2007, "Le Musée départemental breton - Quimper" - Quimper : éd. Musée départemental breton, 2007.- 96 p. p.38, repr.

— MUSEE DEPARTEMENTAL BRETON

https://musee-breton.finistere.fr/fr/notice/1897-2-1-verriere-de-l-eglise-saint-gunthiern-de-langolen-musee-departemental-breton-81582f50-cb98-4f4d-9721-ce6e9cf6a948

—"Bulletin de la Société Archéologique du Finistère", 1897, tome XXIV Séance du 25 novembre, pp. LXIII-LXIV

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207639m/f75.item

— WAQUET (Henri). 1926,"Le Musée Breton de Quimper" - Paris : Henri Laurens éditeur, p. 45

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Passion XVIe siècle. Renaissance.
26 mars 2024 2 26 /03 /mars /2024 15:03

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes : les baies 127 et 227 des Saints  et de la vie de saint Pierre, réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine-Vaudémont, évêque de Metz . Armoiries épiscopales.

 

 

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Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

 

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Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

 

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

Du côté nord du transept, l'auteur du carton des baies 213, et 215 réalisées par Jean Verrat et Balthazar Godon au début du XVIe siècle est connu, il s'agit de Nicolas Cordonnier, dit le Maître de la Légende de Santa Casa.

 

 

 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre,  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien .

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricart. Armoiries . Baie 135 très restaurée au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon et Jean Verrat ; don de Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes  ; armoiries .

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrières réalisées par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph fils de Jacob ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire de Suzanne et du prophète Daniel ; réalisées en 1499 , don de Jean Coiffart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

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Donation par Henri de Lorraine évêque de Metz.

À la différence des autres verrières de la nef, où une inscription du bord inférieur revendique la donation par un couple de bourgeois de Troyes, et où le donateur ou la donatrice veuve sont représentés, cette verrière ne fournit aucun indice, hormis des alerions (petits aigles héraldiques) au tympan de la baie 127. Les belles armoiries épiscopales d'Henri de Lorraine sur le tympan de la baie 227 ne sont pas d'origine, car ce tympan a subi les conséquences d'un incendie de 1700.

Mais Léon Pigeotte s'est basé sur les comptes de la cathédrale pour en attribuer la donation à un "monseigneur de Metz", rapproché de Henri de Lorraine-Vaudémont (1425-1505), évêque de Metz de 1485 à 1505, fils d'Antoine de Lorraine et frère du duc Jean de Lorraine.

"La première verrière du côté gauche, vers la rue, représente plusieurs saints, notamment l'apôtre saint Pierre, saint Etienne, etc. Au pied de ce vitrail on ne voit point par une inscription quel en serait le donateur, mais nous pensons cependant qu'il aurait été donné par "Monsieur de Meitz". On voit en 1501-1 502 une dépense de roseaux « pour clore la verrière de Monsieur de Meitz » et une autre dépense au couvreur "pour faire escharfaud pour prendre la mesure de la verrière de Monsieur de Meitz..." au mois de mai et au mois de juillet 1502, les armatures de fer fournies par le serrurier avaient été directement payées par le donateur, ainsi qu'il résulte d'une mention écrite en marge de l'article de dépense qui lui-même est biffé (Comptes de l'année 1501-1502). Si nous attribuons le don de la verrière de la première grande fenêtre vers la rue, au personnage désigné par les indications que nous avons relevées , c'est que l'on connaît les donateurs des quatre autres grandes verrières de ce même côté par les inscriptions qui se trouvent au pied de chaque vitrail et qu'il est naturel de penser que  ce "Monsieur de Metz", donateur d'une verrière qui est indéterminée, est celui qui a donné la verrière qui ne révèle aucun nom..

Quel est ce personnage désigné sous le nom de Monsieur de Meitz ou Metz ? Nous ne saurions le dire exactement. M. Arnaud, dans son travail, en parlant de cette verrière, rapporte que l'on y voit les armes de Lorraine, et par suite en attribue le don à Louis de Lorraine, évêque de Troyes vers 1545, depuis cardinal de Guise. Cette opinion est inadmissible. Lors de sa nomination, Louis de Lorraine n'avait que 18 ans, il était par conséquent né vers 1527 ; or, le vitrail de M. de Metz existait au moins quinze ans avant 1527, car nous rencontrons dans les comptes de l'année 1511-1512 l'article que voici : « Payé à Jehan Verrat pour avoir relevé deux des panneaulx de la verrière de Monseigneur de Metz, y avoir fait des pièces selon les couleurs des histoires, les quels panneaulx avoient esté gastés quand la fouldre tomba sur le [grand] clocher (Comptes de l'année 1511-1312; dépense commune. ). » Il semble même résulter des comptes cités quelques lignes plus haut que ce vitrail aurait été posé dès 1501 ou 1502. A cette époque le siège épiscopal de Metz était occupé par Henri II de Lorraine-Vaudemont, fils d'Antoine de Lorraine, comte de Vaudemont, sire de Joinville. Ce prélat, qui fut évêque de Metz de 1484 à 1505, est probablement le donateur de notre verrière. Le passage du compte de 1511-1512 qui se réfère à la même verrière, nous apprend que Jean Verrat fut chargé de la réparer, serait-il téméraire d'en conclure qu'elle était sortie de son atelier ?" (Léon Pigeotte 1870)

Cette hypothèse est admise aujourd'hui par tous.

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Armoiries épiscopales d'Henri de Lorraine.

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Charles Fichot soulève une hypothèse complémentaire, celle d'un canonicat d'Henri de Lorraine à Saint-Etienne de Troyes, expliquant que saint Etienne soit ici présentant un donateur ; mais je n'ai pu vérifier cette information.

"Nous avons souvent remarqué dans nos recherches que certain chanoine de l'église collégiale et royale de Saint-Étienne  était assisté du patron de cette église dans les verrières où il se faisait représenter. Les verrières du sanctuaire de l'église d'Aulnay, près Lesmont, nous en donnent un exemple: maître Claude de Gyé, doyen de l'église Saint-Étienne et curé d'Aulnay, est représenté assisté de saint Etienne et non de saint Claude, son véritable patron.

Cet enseignement fait naître dans notre esprit la pensée qu'Henri II de Lorraine pourrait bien avoir fait partie de ce chapitre avant son épiscopat, ce qui expliquerait sa générosité à l'égard de la cathédrale de Troyes." (Fichot 1889)

Par contre, le fait que Henri de Lorraine-Vaudémont reconnaisse saint Etienne comme son patron est établi par le vitrail de la chapelle Sainte-Anne de Joinville, sur lequel il est agenouillé en donateur, présenté par saint Etienne, avec un phylactère énonçant Ora pro me beate prothomartyr Stephane" (Priez pour moi, bienheureux Etienne, premier martyr).   Ce vitrail de 1502 est exactement contemporain des baies 127-227.

D'autre part, Henri de Lorraine était évêque de la cathédrale Saint-Étienne de Metz, et cela me semble être la raison principale de son choix de patronage. Il a été le commanditaire en 1504 de la verrière du transept nord de sa cathédrale réalisée par Théobald de Lixheim.

 

Note : En 1500-1501, le sculpteur Jacques Bachot quitta Troyes pour réaliser à Joinville le tombeau de Henri de Lorraine-Vaudémont, dans la collégiale Saint-Laurent, chapelle du château, propriété de sa famille depuis des siècles. L'évêque de Metz suivait là une tradition familiale qui avait débuté avec le chroniqueur Jean de  Joinville. C'était une grande chasse en marbre décorée de figures de saints (mais lesquels ?) et un grand buste en bronze de Henri Costerel, de Troyes.  Le sculpteur revint à Troyes en 1505.

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Attribution possible à Jean Verrat.

Comme on vient de le lire sous la plume de Léon Pigeotte, cette attribution se base sur le fait que Jean Verrat répara cette baie en 1511-1512. En outre, Jean Verrat est un peintre-verrier très actif à cette époque de 1502 à Troyes et en la cathédrale de Sens. 

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Le sujet : la Vie de saint Pierre.

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La Vie de saint Pierre est illustrée, en peinture, sculpture et verrières, dans les nombreuses cathédrales  dont Pierre est le saint Patron (à Poitiers, Rennes, Vannes, Montpellier, Beauvais, ou, partagé avec saint Paul, à Troyes  et à Nantes). Au XIe siècle, quatorze scènes de la vie de saint Pierre, tirées de Matthieu, de Luc, des Actes des apôtres, des Actes apocryphes du pseudo Marcellus, étaient peintes en l'église Saint-Pierre de Saint-Benoît-sur-Loire. On la trouvait à Troyes figurée sur la baie 204  du chœur, au XIIIe siècle. Elle figure bien-entendu aussi dans de nombreuses églises. Voir par exemple dans ce blog, au XVIe siècle :

 

Elle est ici incomplète, et réduite à cinq épisodes. Le registre inférieur des deux premières lancettes comportait-il un scène de donation avec saint Etienne présentant le donateur en robe rouge?

L'unité des panneaux est assurée par celle des fonds puisque la même tenture bleue damassée et frangée est retrouvée de scène en scène, sur un gazon plus ou moins fleuri.

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Description.

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Ces deux verrières occupent la cinquième travée de la nef, côté nord. 

La baie 227, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes, et un tympan à treize ajours et écoinçons, mesure 10 m de haut et  6 m. de large.

La baie 127, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

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Les baies 127 et 227 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 127 et 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 127 et 227 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 127 et 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 127 (TRIFORIUM).

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Les descriptions, différentes,  des auteurs montrent que cette baie a été modifiée et restaurée au XIXe siècle.

"Dans les arcades des tribunes au-dessous, on voit d'abord des figures incomplètes de vieillards, qui remplissent les deux premiers panneaux. Au troisième, un vieillard près de la tête duquel est écrit un nom que quelques lettres transposées ou enlevées rendent illisibles.

Au troisième panneau est représentée la vraie croix, qui en occupe toute la hauteur, et auprès un vieillard debout, qui indique du doigt le signe de la rédemption autour duquel est un rouleau chargé d'une inscription.

Au quatrième panneau, saint Antoine, avec son compagnon, tient un livre ouvert et semble lire en marchant. Le fond est une étoffe bleue brochée et d'un dessin fort riche.

Les cinquième et sixième arcades sont occupées par des figures auxquelles on a rapporté quelques pièces qui sont tout à fait étrangères au sujet. La dernière est celle d'un évêque, dont il ne reste que la partie supérieure.

Dans les cercles à jour, au-dessus des figures, sont multiplices les bandes de gueules chargées des trois alerions d'argent de Louis de Lorraine. Ce blason répété, du même évêque, peut faire présumer avec quelque vraisemblance qu'il est le donateur de tout le vitrail de cette fenêtre. Louis de Lorraine, évêque de Troyes en 1545, mourut le 28 mars 1578, sous le nom du cardinal de Guise, après avoir été archevêque de Sens et abbé de Saint-Victor de Paris." (A. F. Arnaud 1837)

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"Les vitraux de cette galerie sont composés de figures de saints n'ayant aucun rapport avec le sujet principal de la grande fenêtre; ce sont, entre autres, saint Antoine, saint Louis, saint Gond et sainte Catherine, toutes figures endommagées et rapportées, provenant, à n'en pas douter, de la première fenêtre du transept." (Charles Fichot 1889)

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"Vitraux réalisés pendant les années 1500-1505 ; selon Biver et Fichot les figures de saint Gond, sainte Maure et saint Louis (auxquelles se rattacheraient saint Claude et saint Michel de la baie 213) proviendraient d'une verrière du bras nord du transept (la baie 217) peinte en 1505 par Jean Verrat et Balthazar Godon d'après un carton de Nicolas Cordonnier." (Brunon Decrocq, Palissy)

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La baie 127 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 127 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1 et 2. Saint Gond. Saint Claude accompagné d'un enfant.

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1. Saint Gond ou Godon ou Gaon ou Gand est un moine du VIIe siècle, neveu de saint Wandrille. Il fonda l'abbaye de Saint-Pierre-en-Oyes, ou Prieuré de Saint-Gond, dans la Marne.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Gond

Le saint tonsuré, en habit monastique recouverte d'une chape rouge à bords perlés et tenant la crosse abbatiale, est identifié par l'inscription St GO[N]D. Il tient sous le bras le livre (bleu) des fondateurs d'abbaye.

Fond damassé.

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2. Le saint évêque est identifié comme étant saint Claude car il est accompagné d'un enfant agenouillé. Il est placé dans une niche architecturée gothique flamboyant à maçonnerie, proche mais différent des niches de la baie 215.

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Dans le tympan, les bandes rouges chargées d'aigles sur fond jaune rappellent les armoiries du donateur supposé, Henri de Lorraine, d'or à la bande de gueules chargé de trois alerions d'argent. Ces motifs se retrouvent dans les tympans voisins.

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La baie 127 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 127 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3 et 4. Sainte Maure tenant la palme de martyre. Saint Louis tenant la couronne d'épines et portant le collier de l'Ordre de Saint-Michel.

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Inscription Se MAURE.

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Le collier de l'Ordre de Saint-Michel, avec coquilles et aiguillettes date de la création de l'Ordre en 1469 (il n'a pu être porté par saint Louis) et a été modifié en 1515 par François Ier : les aiguillettes  seront alors remplacées par des entrelacs. Le médaillon de saint Michel terrassant le dragon est bien présent, à l'extrémité de la main gauche, sur la poitrine du roi.

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La baie 127 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 127 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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5 et 6. Saint Claude. Saint Antoine et son cochon.

5. Inscription SAINCT CLAUDE. Comme en 2. , ce "saint Claude" est placé dans une niche architecturée. Mais il est ici agenouillé mains jointes, comme un donateur. Il ne porte pas de nimbe. L'inscription a-t-elle été ajoutée ou remplace-t-elle une invocation ? Ne serait-ce pas l'évêque de Metz Henri de Lorraine figuré comme donateur ?

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6. Saint Antoine est identifiable par sa canne en tau, par son cochon, et par les flammes rouges qui rappellent qu'il soigne le "mal des ardents", ou ergotisme.

 

Source : égliseduconfluent.

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La baie 127 (1502)  de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 127 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 227.

 

 

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1 et 2. - Première apparition de Jésus-Christ à saint Pierre après sa résurrection.

Le saint, dans un manteau rouge,  est agenouillé, les mains jointes, sur le seuil d'une grotte. Jésus debout devant lui porte le nimbe crucifère et la croix symbole de sa résurrection. Il est torse nu et enveloppé dans le manteau rouge de sa gloire (manteau ici lie-de-vin et ourlé de perles), laissant visible la plaie du flanc. Sur la banderole qui occupe les deux panneaux on lit : CONFIDE FRATER QUIA MORS MEA. L'inscription complète se retrouve sur le panneau de l'apparition du Christ à Saint Pierre de la baie 9 de 1510  de l'église Saint-Etienne  d'Arcis-sur-Aube, Confide frater quia mors mea salus tua, "Mon frère, ayez confiance, parce que ma mort est votre salut". Je n'ai pu trouver l'origine de cette citation.

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Note : dans ce panneau, comme dans les suivants, et comme dans l'Histoire de Job de la verrière n°231, la bouche de saint Pierre est montée en chef d'œuvre dans le verre blanc de la barbe.

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La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3 et 4. Saint Pierre en présence de Néron.

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L'empereur Néron, assis sur un siège romain en X, la tête couverte d'un turban surmonté d'une couronne d'empereur, le sceptre en main, et les pieds posés sur un coussin damassé. Devant lui, saint Pierre est conduit par un soldat. Un phylactère se développe sur les deux panneaux, sur lequel on lit les paroles de saint Pierre devant le Sanhedrin OBEDIRE OPOTET DEO MAGIS  [quam hominibus], "Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes." (Actes des Apôtres V,29).

Le soldat, qui grimace accumule les caractères vestimentaires des "méchants" selon le code de l'iconographie des vitraux et enluminures : couleurs verte et jaune, chaussures (en patte d'ours) à crevés, chausses à rayures, et tunique à taillades.

 

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La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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 5 et 6.  Saint Pierre ressuscite la charitable Tabithe, à Joppé.

La scène est décrite dans les Actes des Apôtres 9:36-43. Apprenant le miracle de la guérison d'un paralytique, deux hommes de la ville de Jaffa [Joppé] viennent demander à Pierre de ressusciter Tabitha morte en odeur de sainteté. Il s'y rend, fait sortir les pleureuses de la chambre et se met à genoux . "Pierre dit : 'Tabitha, lève-toi', elle ouvrit les yeux, et voyant Pierre, elle se mit sur son séant." Il rappelle ensuite hommes et femmes qui attendaient dehors et leur présente la femme vivante.

 

On la voit ici affaissée sur le bord d'une fosse, les mains jointes, les cheveux épars, dans un linceul ; devant elle, saint Pierre portant sa clef et bénissant. Il dit, suivant le phylactère qui se déroule à la hauteur de sa bouche THABITA SURGE "Tabithe, lève-toi." Un personnage, peut-être Simon le corroyeur, hôte de saint Pierre à Joppé, est debout derrière cette femme.

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La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la Vie de saint Pierre de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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REGISTRE INFÉRIEUR

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7 et 8. Saint Étienne en diacre martyre et saint Claude  en évêque.

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"Au bas de la fenêtre, à gauche, on distingue la figure de saint Étienne portant dans sa dalmatique, qu'il soulève de la main gauche, les pierres qui ont servi à le lapider, en même temps qu'il tient la palme de son glorieux triomphe. Le bras et la main droite se soulèvent en avant : c'est l'attitude ordinaire d'un saint patron à l'égard du donateur qui devait se trouver devant lui dans le deuxième panneau, qui fut brisé en 1701 la chute du clocher du transept et par l'incendie qui se propagea sur les combles des bas côtés.

Cette figure de donateur a été remplacée par un saint Claude provenant de la première fenêtre du transept nord (baie 217), dont les verrières ont été complètement détruites par le même incendie. Cependant la première figure du donateur dont nous parlons a laissé des traces de son passage et de la position qu'elle occupait. On remarque au bas des pieds de saint Étienne un fragment de la queue de la soutane rouge que portait ce grand dignitaire de l'église de Metz, détail précieux qui confirme notre raisonnement et remplace toute espèce de supposition par une certitude. Ce prélat était à genoux devant un prie-Dieu chargé de ses armes et accompagné de saint Étienne, son protecteur, comme dans toutes les verrières anciennes." (Charles Fichot)

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La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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9 et 10. Saint Pierre, assis sur une cathèdre, vêtu de la chape et de la tiare papales, reçoit et bénit Lin et Clet, qu'il ordonna évêques de Rome.

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Lin et Clet sont plutôt les assistants de Pierre, ses épiscopes, l'un pour l'enceinte de la ville, l'autre hors des murs; selon la tradition, se livrant tous deux à la prédication, ils convertirent beaucoup de monde et ils guérirent beaucoup de malades.

Ils sont représentés dans l'attitude du recueillement et les mains jointes. L'un des deux, la tête découverte, fléchit le genou; l'autre, debout, est coiffé d'un bonnet pointu à bourrelet ; ses épaules sont couvertes d'un camail.

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La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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11 et 12. Dernière apparition de Jésus à saint Pierre.

On lit sur le phylactère qui se déroule au-dessus de la tête de l'apôtre DOMINE QUO VADIS, "Seigneur, où allez-vous?"  Une banderole devant la tête de Jésus lui répond: VADO ROMAE ITERUM CRUCIFIGI , "Je vais à Rome me faire crucifier de nouveau."

https://fr.wikipedia.org/wiki/Quo_vadis,_Domine_%3F

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La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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Toutes les verrières de la partie ogivale de la fenêtre ont été renouvelées après l'incendie de 1700 par un damier de lozanges rouges séparées par des bandes bleues avec des rosettes d'or et d'argent. Dans les lobes du centre, quatre anges, qui auraient échappé à l'incendie  portent les armes du duché de Lorraine d'or à la bande de gueules, chargé de 3 alérions d'argent (XIXe siècle ?) et traversées d'une crosse en pal.

Ces armoiries épiscopales sont comparables à celles qui accompagnent Henri de Lorraine sur le vitrail de la chapelle Sainte-Anne de Joinville, réalisée aussi en 1502.

Il est évident que si ces armoiries étaient d'origine, le problème de l'identification du donateur ne se posaient pas.

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Henri de Lorraine agenouillé en donateur, chapelle Sainte-Anne de Joinville.Site ducs de lorraine.canalblog.com

 

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Tympan de la baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 227 (1502) de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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SOURCES ET LIENS.

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— ARNAUD (Anne-François), 1837, Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube, Troyes page 144.

https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=joPE2XpCkkgC&q=verri%C3%A8re#v=snippet&q=verri%C3%A8re&f=false

"Les compartimens de l'ogive de la cinquième fenêtre sont remplis par des lozanges rouges séparées par des bandes bleues avec des rosettes d'or et d'argent comme à la fenêtre en regard. On y remarque l'écu deux fois répété de l'évêque Louis de Lorraine, qui est d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent, et la crosse d'or adossée. Louis de Lorraine, évêque de Troyes en 1545, mourut le 28 mars 1578, sous le nom du cardinal de Guise, après avoir été archevêque de Sens et abbé de Saint-Victor de Paris. Au-dessous sont des figures d'anges en attitude d'adoration.

L'intervalle des meneaux est occupé par deux rangs de figures de saints, grandes comme nature et détachées sur un fond d'étoffe bleue brochée de feuillages.

Dans le premier panneau, en haut, on voit premièrement saint Jean-Baptiste devant lequel est agenouillé saint Pierre, en chape papale de couleur pourpre et bordée de perles. Derrière le prince des apôtres est une grotte ouverte dans un rocher.

Aux deuxième et troisième panneaux, saint Pierre, toujours en chape papale et avec le nimbe entouré de perles d'or, est amené devant Agrippa assis sur son trône et coiffé d'un turban. Saint Pierre a la tête chauve entourée d'un nimbe bordé de perles avec une chape rose bordée de même.

Aux quatrième et cinquième panneaux, saint Pierre, vêtu de même, guérit une femme en présence de son mari.

Au deuxième rang, on voit d'abord saint Étienne vêtu en diacre, tenant une palme d'or et portant dans un pli de sa tunique plusieurs pierres pour rappeler le genre de son martyre. Vient ensuite un saint archevêque au nimbe de pourpre, tenant une croix et un livre ouvert sur lequel il a les yeux baissés.

Aux troisième et quatrième panneaux, on voit un personnage richement vêtu, coiffé d'un turban, qui accompagne un jeune homme prosterné aux pieds de saint Pierre, assis sur un trône d'or à dossier, revêtu d'une magnifique chape verte avec la tiare ornée des trois couronnes, et tenant à la main les deux clefs, signe caractéristique de la puissance qu'il a reçue du Christ. Ces trois dernières figures n'ont pas de nimbe.

Dans les cinquième et sixième panneaux sont encore les figures de saint Pierre tenant une énorme clef d'argent; sa tête est détachée sur un nimbe vert entouré d'un cercle d'or. Puis celle de saint Jean, en manteau rouge, et tenant une croix d'or; de la bouche de ces deux saints partent de longs rouleaux chargés d'inscriptions. Les figures des sujets supérieurs dont nous venons de parler ont aussi de semblables rouleaux déployés autour de la tête.

Le fond des douze panneaux de cette dernière fenêtre est une étoffe bleu foncé, brochée à fleur, d'un dessin assez riche.

Dans les arcades des tribunes au-dessous, on voit d'abord des figures incomplètes de vieillards, qui remplissent les deux premiers panneaux. Au troisième, un vieillard près de la tête duquel est écrit un nom que quelques lettres transposées ou enlevées rendent illisibles."

 

— BIVER (Paul), 1908-1935, L'École troyenne de peinture sur verre. Non consulté.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

 

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003,La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald, 

— MOREL-PAYEN (Lucien) 1910 , Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910

https://books.google.fr/books/about/Troyes_et_Provins.html?hl=fr&id=fdByEAAAQBAJ&redir_esc=y

 Camille Georges Picavet, L. Morel-Payen. — Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910 [compte-rendu] Revue internationale de l'enseignement  Année 1911  61  pp. 87-88

https://education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1911_num_61_1_8939_t1_0087_0000_2

— MOREL-PAYEN (Lucien) sd, Guide-Souvenir de la cathédrale de Troyes  Troyes, Imp. L. Droin, -

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— PIGEOTTE (Léon),1870, Étude sur les travaux d'achévement de la cathédrale de Troyes de 1450 à 1630, Paris, Librairie archéologique de Didron, page 47.

https://archive.org/details/etudesurlestrava00pigeuoft/page/46/mode/2up

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

 

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000390

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000391

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https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Héraldique Inscriptions XVIe siècle.
24 mars 2024 7 24 /03 /mars /2024 20:26

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes : les baies 128 (1499 et XIXe) et 228 (1449) des saints et saintes,  par les  peintre-verriers Balthazar Godon et Jean Verrat ; don de Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes  ; armoiries .

 

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Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

 

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Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

 

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

Du côté nord du transept, l'auteur du carton des baies 213 et 215 réalisées par Jean Verrat et Balthazar Godon au début du XVIe siècle est connu, il s'agit de Nicolas Cordonnier, dit le Maître de la Légende de Santa Casa.

 

 

 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre.  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien .

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricart. Armoiries . Baie 135 très restaurée au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon ; don de Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes  ; armoiries .

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrières réalisées par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph fils de Jacob ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire de Suzanne et du prophète Daniel ; réalisées en 1499 , don de Jean Coiffart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

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Datation en 1499 et donateurs: par inscription.

Le bord inférieur des quatre lancettes médianes de la baie 228 porte l'inscription :

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MAÎTRE JEHAN HUARD CHANOINE DE CESTE EGLISE ET Me GUILL[AUM]E HUYARD ADVOCAT DU ROY A TROYES  ET GRA|N]T MAIRE DE CESTE DICTE EGLISE ONT FAIT METTRE CESTE VERRIERE LAN MIL IIIIcc IIIIxx. ET XVIII [1498]

Les donateurs seront présentés avec les panneaux où ils figurent.

La date de réalisation des verrières est postérieure d'un an à leur donation, d'où la date estimée de 1499.

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Attribution à Jean Verrat et Balthazar Godon : par document d'archive.

 

Dans les comptes de la fabrique 1498-1499 on trouve cette mention: "Payé à Jean Verrat et Balthazard verriers auxquels a esté deu pour la fin de la Verrière Monseigneur l'Advocad."

Jean Verrat et Balthazar Godon ont souvent travaillé ensemble entre 1497 et 1515, pour ces baies 128 et 228, pour les baies 213 des Saints du diocèse et 215 des Prophètes,apôtres et évangélistes  (1506) de la cathédrale,  pour la verrière de la Passion de l'église Saint-Syre de Montceaux-les- Vaudes (vers 1525-1530), ou avec Lyevin Varin pour la rose sud de la cathédrale de Sens (1502), L'invention des reliques de Saint-Etienne (1502), la Translation des reliques de Saint-Etienne (1502)  l'Arbre de Jessé (1503-1504).

Sur la baie 213, Jean Verrat a indiqué son nom, lacunaire : "l'an . mil . cinq [...]/ ble . homme Jehan [...]/ verrier . prie . Dieu"

Jean Verrat est seul mentionné pour les baies 135 et 235 de l'Exaltation de la Croix (1502).

Il est intervenu en 1512 en la cathédrale de Troyes pour "relever deux des panneaux de la verrière de Monseigneur de Metz" ou baies 127-227.

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Sujet et relation avec le théâtre religieux en Champagne.

Le sujet est la représentation  de neuf saints et saintes vénérés dans le diocèse de Troyes (notamment saint Loup saint Nizier, sainte Hélène et sainte Mathie), rassemblés autour de la Vierge à l'Enfant.

Ce sujet met en évidence la présence  des reliques des saints locaux évangélisateurs du diocèse.  "Il est fréquent de sortir ces reliques lorsque la Cité est touchée par un fléau, afin d’invoquer la protection du saint, tout en récitant la litanie des saints protecteurs du diocèse et de la Cité. Établir le lien entre les reliques et les thèmes hagiographiques des verrières c’est nous permettre de valoriser le trésor de la cathédrale d’une part, l’ecclesia-matrix surtout, comme haut lieu de pèlerinage, et d’autre part de mettre en avant le chef spirituel du diocèse : l’évêque et ceux qui en sont délégués, les chanoines et les prêtres." 

https://abel-lamauviniere.webnode.fr/les-confrerie-sreligieuses-a-troyes/

Ce sujet n'est pas issu du théâtre médiéval, mais il est capital, pour la relation, que j'ai développée tout au long de la description des verrières de la nef, de ces peintures avec le Mistère du Vieil Testament à personnages, de remarquer que le donateur  Guillaume Huard a organisé en 1489 une représentation theâtrale de la Passion à Troyes :

5 novembre 1489.— « Ce jour, messieurs ont permis à messieurs maistres Guillaume Huyard et Symon Liboron, advocas en la court séculière, requérans qu'il pleust à messieurs leur bailler congyé, permission et licence, de jouer le Mystère de la Passion ou cloistre, y faire escharfault ; laquelle requestre messieurs ont consenti et ont permis mesdits sieurs que ceux qui vouldront jouer y puisse jouer, pourveu que trois ou quatre des plus souffisans se obligeront de rendre et restituer tous les intérestz et dommaiges tant ou cloistre que en l'esglise. » (Ibidem, 6G, 8, reg; f°37.) (Le théâtre à Troyes aux quinzième et seizième siècles / par Octave Beuve, 1913, p. 19).

https://gw.geneanet.org/royerc2?n=huyart&oc=&p=guillaume

 

Simon Liboron fut maire de Troyes en 1497.

 

 

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Description.

Ces deux verrières occupent la cinquième travée de la nef, côté sud. 

 

La baie 228, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes, et un tympan à treize ajours et écoinçons, mesure 10 m de haut et  6 m. de large.

La baie 128, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

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Les baies 128 et 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 128 et 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 128 et 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 128 et 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 128.

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Cette verrière réalisée en 1499 a été très restaurée au 19e siècle ; Anne-François Arnaud décrit à cet emplacement en 1837 les vitraux de la baie 130, Charles Fichot y décrit les fragments d'une Transfiguration et enfin, en 1905, Morel Payen y décrit les vitraux actuels.

Dans la baie 135, également profondément restaurée à la même époque, les tympans conservaient des armoiries et devises d'origine. Il ne semble pas que ce soit le cas ici.

Le Christ et saint Jean datent de la fin du XIXe siècle. Les 2 lancettes de gauche et les 2 lancettes de droite comportent encore quelques pièces de la fin du 15e siècle.

"Dans le triforium, on voit des fragments encore assez considérables d'un vitrail de la Transfiguration. Jésus-Christ, vêtu de blanc, le visage resplendissant comme le soleil, les mains étendues; autour de lui une banderole, où on déchiffre ces paroles du Sauveur à ses apôtres Surgite nolite timere, Levez-vous et ne craignez pas. A sa droite est Moïse, à sa gauche Élie. Les apôtres Pierre, Jacques et Jean contemplent avec admiration; quelques fragments d'inscription rappellent les paroles de saint Pierre: Domine, faciamus hic tria tabernacula, tibi unum, etc., Seigneur, faisons ici trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, une pour Élie. (Charles Fichot)

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La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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n°1 : deux pharisiens assistant à la Crucifixion. n° 2 : deux saintes femmes.

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Tympan : losanges rouges centrés sur un fleuron blanc ; croisillons bleus.

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La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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n°3 : Marie et Jean assistant à la Crucifixion. n° 4 : le Christ en croix  et Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.

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Tympan : losanges rouges centrés sur un fleuron blanc ; croisillons bleus.

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La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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n°5 et n°6 : pharisiens, notables et soldats assistant à la Crucifixion.

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Tympan : losanges rouges centrés sur un fleuron blanc ; croisillons bleus.

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La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 128 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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LA BAIE 228.

Cette verrière a été mise en place en 1499 mais porte la date de 1498,  elle a été réalisée par Jean Verrat et Balthazar Godon, après le don de Jean Huyard chanoine de la cathédrale et de Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes ; les vitraux d'origine du tympan ont été incendiés en 1700  et remplacés par des  losanges fleurdelisés par entrecrosiement des bandes bleues. L'ensemble a été  assez restauré à la fin du XIXe siècle, notamment les têtes de sainte Hélène, sainte Mâthie, saint Loup et de la Vierge.

La décoration de cette fenêtre ne ressemble en rien aux verrières précédentes, surtout comme facture. Les sujets dont elle se compose sont simplement la représentation de saints et de saintes honorés pour la plupart dans le diocèse de Troyes. Douze figures grandes comme nature, disposées sur deux rangs, occupent toute la hauteur des lancettes, dans des niches à colonnes et arcades feuillagées, au dessus d'un phylactère portant leur nom. Les six panneaux du registre inférieur sont tenus par deux putti, tandis que pour le registre supérieur, les arcades sont des tressages de rinceaux, avec des putti en tête de lancette pour les deux premiers.

Les donateurs occupent, respectivement présentés par saint Jean-Baptiste et par saint Guillaume, la première et la sixième lancette au registre inférieur.

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La baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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I. LES DONATEURS.

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1°) Le chanoine Jean Huyard présenté par saint Jean-Baptiste. Première lancette, registre inférieur.

N.b : les formes Huyart et Huyard sont équivalentes.

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Jean-Baptiste s'identifie par son agneau tenant dans la patte gauche l'étendard de la résurrection, par sa barbe et ses cheveux longs, par sa tunique de poils de chameau. Il porte un manteau rouge.

Le chanoine porte l'habit de chœur avec l'aumusse fourré d'hermines à l'avant-bras gauche et le collier bleu du chapître de Troyes.

Le fond est orné de losanges bleus et verts fleuronnés par entrelacs de rubans rouges.

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En 1504, plusieurs chanoines portaient le nom de Jean Huyart.

a) Il y avait d'abord Jean Huyart l'ainé, fils cadet de Nicolas Huyart, dit Vinneret, tabellion de la cour de Troyes. Il était, en 1438, chapelain de la chapelle de SainteMadeleine à la cathédrale, en 1444, maître ès-arts et chanoine prébendé de Saint-Etienne et de Saint-Urbain ; et  en 1449, chanoine de Saint-Pierre. En 1482, il était curé de Saint-Nizier. Il mourut le 27 mars 1505. Le 9 avril 1505, un executeur du testament de  Jean Huyard offre un livre de parchemin en grande lettre de forme muni de deux fermoirs d'argent émaillés contenant le canon de la messe.  C'est a priori notre donateur.

On mentionne un "Jehan Huyart seniori," dans un texte de 1531 : 

— A Nicolas Halins, ymagier, le XIIIIe jour de janvier, baillé la somme de six livres tournois, sur et en déduction de la somme de XXXVI 1. tournois à quoy il a marchandé à messieurs le doyen J. Huyart sen. et moy de faire trois ymages, assavoir Nostre Dame de Pité, Sainct Jehan et la Magdelene aux deux boutz, selon le volume et ordre que le maistre maçon de ceste église luy a donné, pour ce cy VI 1. t. J. Huyart Sen. = seniori : il s'agit de Jean Huyart, l'aîné. — Texte mentionné par KMV, p. 72, d'après Pigeotte, Etude sur les travaux d'achèvement de la Cathédrale de Troyes, p. 118. 

b) Ce Jean Huyart avait un neveu, nommé comme lui Jean Huyart, et surnommé le jeune ; à la mort de son oncle, il prit le nom de Jean Huyart l'ainé. Il était chanoine de Saint-Pierre au moins depuis 1487, et c'est lui qui fut nommé doyen de Lirey le 28 octobre 1504. Il fut également curé de Saint-Nizier, dont la reconstruction, commencée vers 1528, reçut probablement son concours; il y succéda peut-être immédiatement à son oncle; il fut aussi curé de Montceaux et de Vaudes. ("Monseigneur Jean Hyuart le vieil, chanoine de la cathédrale", doyen de  l'église Notre-Dame de Lirey, contribue à cette église). Dans une délibération à laquelle il assiste avec son neveu Jean Huyart le jeune, il est surnommé Vinneret. Il laisse par testament, le 20 novembre 1539, de quoi augmenter les fondations de son oncle et institue pour exécuteurs testamentaires son neveu Antoine Perricard, chanoine de Saint-Pierre, et Jean Colet, official de l'évêché. Sa mort arriva à Lirey le 14 juin 1540. Il est mentionné dans un baillage de 1509.

https://linceul.org/pour-scavoir/pour-scavoir.shtml, 

 

Ce Jean Huyard, ancien curé de l'église Saint-Nizier à Troyes, doyen de Lirey, chanoine de la cathédrale en même temps que marguillier et comptable de la fabrique, en 1533, et curé de Montceaux, offrit à l'église de Montceaux-lès-Vaudes un lutrin aigle portant ses armoiries et son portrait.

Jean Huyard avait été curé de Saint-Nizier de Troyes.

c) Un troisième Jean Huyart, neveu du doyen de Lirey et petit-neveu du premier Jean Huyart, était surnommé le jeune depuis que le doyen de Lirey avait été surnommé l'aîné; il fut pourvu du canonicat et de la prébende de son grand-oncle qui avait résigné en sa faveur le 26 mars 1505. De 1507 à 1536, le doyen de Lirey, son oncle, est la plus grande partie du temps à Lirey, où il surveille et active la reconstruction de l'église; aussi, dans les délibérations du chapitre de Saint-Pierre, l'on ne rencontre guère alors que le nom de Jean Huyart le jeune. Nous le trouvons cependant en 1520 à Saint-Étienne, où il rend compte de 15 sous qu'il a reçus de la confrérie de Sainte-Clotilde. Il est alors le seul Huyart faisant partie du chapitre de cette collégiale. Le vendredi 13 avril 1526, il assemble, avec Juvenel Coiffart, les officiers de la seigneurie d'Isles chez l'avocat Huyart, son frère, pour leur communiquer des pièces relatives à une affaire, pendante entre le chapitre de la cathédrale et le seigneur d'Isles.

 

Un autre Jean Huyart, de Lanis, né à Laines-aux-Bois , chanoine de la cathédrale, ne  parait pas avoir appartenu à la même famille. Il est mort vers 1532, et apparaît dans les comptes pour l'année 1525-1526 et 1527-1528

 

d) Pour mémoire, il existe un Etienne Huyart curé de Pont-sur-Seine, et un Etienne Huyart chanoine de la cathédrale au XVe

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Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes : les baies 128 et 228 des saints et saintes.

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Les armoiries de la famille Huyard sont présentées par deux angelots aux ailes bleues : elles se blasonnent  d'argent , à trois têtes de faucon au naturel arrachées , à la bordure engrelée de gueules.

Il pourrait s'agir d'armes parlantes, le "huard" etant un aigle de mer.

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Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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2° Guillaume Huyard avocat du Roi  de la cathédrale, présenté par saint Guillaume archevêque de Bourges. Dernière lancette, registre inférieur.

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Le donateur est agenouillé mains jointes, il porte un manteau rouge traversé par une bande noire longitudinale (marque d'avocat ou chaperon?) et une aumônière bleue.

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L'inscription indique Me GUILL[AUM]E HUYARD ADVOCAT DU ROY A TROYES ET GRANT MAIRE DE CESTE DICTE EGLISE

Charles Fichot commente le terme "maire" ainsi : "Parmi les officiers laïques de la cathédrale, le maïeur ou bailly tient le premier rang. Il est nommé par le chapitre et reçu par le lieutenant général de Troyes. En quelque lieu de la ville où il demeure, il est de la paroisse du Sauveur (chapelle de la cathédrale qui avait le titre de paroisse), lui, sa femme, ses enfants et ses domestiques. » (Courtalon, tome II, page 109.)"

Léon Pigeotte, citant Arnaud, lit plutôt "écuyer, maire de la ville et marguillier de la dite église".

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Guillaume HUYARD, avocat du roi, bailli de Brienne en 1483, licencié en lois,  est né vers 1430 à Troyes, et décédé vers 1510, à l'âge d'environ 80 ans ; il fut inhumé dans la cathédrale Saint-Pierre. Il fut Député aux Etats Généraux en 1484.

Dans l'Obituaire de Saint-Pierre, publié par M. l'abbé Lalore, il est dit que Jean et Guillaume Huyard étaient inhumés sous l'arcade de la grande vitre qu'ils ont fait mettre avec celle de dessous (le triforium); que les deux frères auraient fait décorer cette travée de peintures (ou de bas-reliefs) représentant la mort et l'assomption de la Vierge, et d'une statue de Notre-Dame de Pitié; qu'entre les deux piliers, il y avait deux tombes, une blanche pour la sépulture de Jean et une noire pour celle de Guillaume, et que toute cette travée était consacrée à cette famille. (C. Fichot)

https://gw.geneanet.org/castel974?n=huyart&oc=&p=guillaume

Il était, comme son frère cadet Jean, le fils de Nicolas HUYART, tabellion en la Cour de Troyes et conseiller de la ville né à Beaufort ca 1390-1441. Il épousa  Isabeau GUERRY ca 1430, fille d'Antoine GUERRY, licencié en lois ca 1390-ca 1474 et de Jeanne HENNEQUIN ca 1400-1474/) dont un fils,  Antoine HUYART, avocat du roi,  lieutenant général au baillage de Troyes (1504-1513), seigneur d'Argentolle, ca 1460-1513 épousa  Guillemette LESGUISE ca 1465.

Guillaume Huyard fut député du tiers-état pour le bailliage de Troyes aux états de Tours, tenus en 1483. Sous Charles VIII, il y soutint avec honneur les droits de ses commettans.

En 1530, Antoine Huyard, escuyer, licencié en lois, fut élu maire de la ville de Troyes, au bailliage duquel il était conseiller.

Les généalogistes signalent une sculpture sur une poutre de gloire de la chapelle latérale nord de l'église Saint-Quentin du Meix-Tiercelin (51), aux armes du couple HUYART/HENNEQUIN.

 

Un carreau en terre rouge foncé provenant de l'ancien château de Lirey (Aube), donné au Musée de troyes en 1874, porte des armes écartelées ; il porte au 1 et 4 les armes de la famille Huyart: et  au 2 et 3, les armes de la famille Guerry des Essarts. La réunion de ces armoiries rappelle l'alliance de Guillaume Huyart, conseiller du roi et son avocat au bailliage de Troyes, vivant en 1495, avec demoiselle Ysabeau Guerry des Essarts, dame de Lirey, fille ou sœur d'Antoine Guerry, seigneur des Essarts ou de Lirey. La famille Guerry des Essarts descend de Jean Guerry « le jeune » prévôt de Sens en 1333. Elle a donné un gouverneur de Champagne, un lieutenant général au bailliage de Chaumont, un prévôt de Troyes, une prieure de Foicy, des chanoines de la Cathédrale. Alliée aux d'Avelly, de la Haye, de Dormans, Hennequin, Huyart, Milon, Piedefer, de Roffey, etc., elle a possédé les seigneuries d'Avirey, Lignières, Lingey, Lirey, SaintBenoit-sur-Vanne, etc. (Louis Le Clert)

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Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Je décrirai les autres panneaux en partant du coin supérieur gauche.

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1. Saint Loup évêque de Troyes, terrassant de la pointe d'une épée  un dragon ailé rouge.

"Saint Loup, évêque de Troyes, terrassant l'hérésie, représentée par un monstrueux dragon, souvent symbole des fléaux; on sait que saint Loup protégea la ville de Troyes contre l'armée d'Attila. Le saint évêque tient sa crosse de la main gauche; de la main droite, il transperce la gorge de l'animal de la pointe de son épée. Au-dessous de lui est écrit Saict Loup." (Charles Fichot)

Le visage a été restauré au XIXe siècle.

La représentation du saint est archetypale depuis le XVe siècle, on la retrouve sur le vitrail de 1505 de l'église Saint-Denis à Torvilliers.

Le Trésor de la cathédrale contenait jadis une "chasse de Saint-Loup", travail d'orfèvre réalisée en 1503  à la demande de Nicolas Forjot, abbé de Saint-Loup de Troyes, et surmontée du buste de saint Loup en grandeur naturelle, coiffée de sa mitre ornée de pierres précieuses. Son socle était décoré de seize émaux racontant sa vie. Ces émaux ont échappés à la destruction de la chasse à la Révolution et sont soigneusement reproduits par Charles Fichot.

 

Fond à croisillon verts formant des losanges jaunes .

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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2.  Saint Savinien de Sens, apôtre et martyr.

Il est vêtu d'une longue robe bleue tombant sur les pieds nus et d'un manteau jeté sur l'épaule, se drapant en sautoir sur le corps, tenant un livre fermé de la main droite et un bâton fleuri de la main gauche, emblème du messager de la paix. Au-dessous de lui on lit: S. favinic.

Saint Savinien (IIIe siècle) fut envoyé de Rome vers les Gaules avec ses compagnons Potentien et Altin. Il est fêté le 31 décembre.

La tradiotion y voit le premier évêque de Sens. Il fut décapité à la hache à l'emplacement de l'actuelle église Saint-Savinien de Sens.

Les quatre lancettes de la deuxième verrière du chœur de la cathédrale de Troyes côté gauche, datée de 1240-1250 raconte la Légende de saint Savinien.

Fond à croisillon verts formant des losanges jaunes .

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3.  La Vierge à l'Enfant.

Son visage date du XIXe siècle. Elle est couronnée et porte un manteau bleu doublé d'hermines et à fermail agrafé d'un médaillon perlé, sur une robe rouge. De sa main gauche elle tient une tige fleurie , auquel l'enfant, tenu sur le bras droit, cueille une fleur. Elle repose sur une console soutenue par deux putti.

Dans la tête de lancette, la colombe du Saint-Esprit (allusion à l'Annonciation) est posé sur un entrelacs de lys, symbole de pureté.

Fond à crosillons rouges, fleurons blancs et losanges verts.

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La Vierge de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La Vierge de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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4. Saint Pierre tenant sa clef.

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"Saint Pierre, le prince des apôtres, la barbe frisée, la tête chauve, tenant une grosse clé de la main droite et un livre ouvert de la main gauche." (Fichot)

Nous retrouvons la console soutenue par deux putti,  la colombe du Saint-Esprit dans la tête de lancette sur un entrelacs de lys, et le fond à crosillons rouges, fleurons blancs et losanges verts : les deux panneaux centraux de la Vierge et de saint Pierre sont appariés.

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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4. Saint Paul tenant son épée.

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Saint Paul, longue chevelure dégarnie en région frontale et longue barbe, tient l' épée la pointe en l'air  de sa décollation, et un livre ouvert.

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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5. Saint Nizier archevêque de Lyon.

 

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Il est représenté de trois-quart ; il tient sa croix et son livre d'heures ouvert. Au-dessous de lui est écrit : Sainct nicier.

L'église Saint-Nizier de Troyes en conservait les reliques.

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https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/Pe-Nizier.php#:~:text=Saint%20Nizier%20de%20Lyon%20(513,de%20saint%20Martin%20de%20Tours.

 

 

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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REGISTRE INFÉRIEUR.

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6. Saint Étienne, martyr, tenant une palme de la main droite, vêtu de sa dalmatique de diacre qu'il soulève de sa main gauche et dans laquelle il porte les pierres qui ont servi à le martyriser.

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Une autre pierre est posée sur son crâne tonsuré. Il porte le manipule vert frangé et orné de croix. Amict perlé.

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7. Sainte Hélène d'Athyra.

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Sainte Hélène, dont le corps fut transporté de Constantinople à Troyes par le chapelain de l'évêque Garnier de Trainel, en 1209, était la fille du roi de Corinthe. Elle porte une couronne d'or d'où s'échappe une belle et longue chevelure; elle est vêtue d'une robe et d'un manteau royal et porte une palme de la main droite; elle tient de ses deux mains un livre ouvert devant elle. Son nom HELENA est inscrit sur une petite bordure jaune à côté de sa figure.

Ses reliques byzantines ont été retrouvées dans le Trésor de la cathédrale. Il s'agit de deux fragments de samit de soie et de fils d'or, représentant un cavalier, probablement dans une scène de fauconnerie.

Visage restauré au XIXe siècle.

Fonds à croisillons rouges délimitant des carrés à étoiles jaunes.

La baie 210 (1240-1250) du choeur de la cathédrale de Troyes est consacrée à la Translation des reliques de sainte Hélène. La baie 211 est consacrée à sa vie. 

Sainte Hélène, mais c'est alors la mère de Constantin figure aussi sur la baie 235.

 

 

Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7. Sainte Mâtie patronne de Troyes.

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 Sainte Mâthie ou Mâtie vécut à Troyes au IIIe/IVe siècle, en même temps que Savinien. Elle était la servante ou la fille d'un boulanger, dont elle distribuait le pain aux pauvres. Elle aurait subie la décapitation.

Cette sainte, représentée en regard de sainte Hélène, a le front ceint d'un anneau d'or orné d'un camée et de pierres précieuses, comme en portaient les dames nobles du xve siècle, destiné à maintenir sa longue chevelure. Elle est vêtue d'une robe jaune, et un grand manteau rouge doublé d'hermine, avec une bordure bleue garnie de perles, descend de ses épaules à ses pieds. Elle tient une palme de la main gauche et un livre d'heures de la main droite. Le vitrail ne fait aucune allusion au "miracle des roses" (les charbons ardents que lui lançait son père se transformaient en roses).

Même fond que le panneau précédent.

Plusieurs  autres vitraux lui sont consacrés.

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Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saintes de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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8. Saint Jacques le Majeur .

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Saint Jacques le Majeur, debout et au repos, les mains appuyées sur son bourdon. Il est vêtu en pèlerin et la tête est couverte d'un grand chapeau avec coquillages, relevé sur le devant et noué sous le menton par un ruban rouge. Sa pèlerine bleue porte également une coquille de pèlerinage.

Les chaussures sont remarquables, en cuir brun fendu au cou de pied.

 

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Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les saints de la baie 228 de la nef de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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SOURCES ET LIENS.

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— ARNAUD (Anne-François), 1837, Voyage archéologique et pittoresque dans le département de l'Aube, Troyes page 144.

https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=joPE2XpCkkgC&q=verri%C3%A8re#v=snippet&q=verri%C3%A8re&f=false

"Les divers cadres de la partie ogivale de la cinquième fenêtre sont remplis par des lozanges formées de bandes bleues avec des rosettes rouges à leur intersection; et le reste est occupé par douze figures de saints honorés à Troyes, grandes comme nature, et disposées sur deux rangs. En commençant vers le choeur, on voit d'abord saint Loup, évêque de Troyes, vainqueur du monstre, symbole de l'hérésie. Puis saint Savinien, le premier apôtre de Troyes. Ensuite la Vierge et l'enfant Jésus : la reine des anges a sur la tête une magnifique couronne d'or. Puis vient saint Pierre, tenant un livre et les clefs d'or, symbole du pouvoir qui lui a été donné; saint Paul, tenant un livre et l'épée. Puis saint Nizier, tenant une croix. Les noms de ces saints se lisent en noir au bas de chaque figure.

Au deuxième rang, au-dessous, vers le choeur, saint Jean Baptiste, reconnaissable à ses attributs, présente l'un des donateurs de ce vitrail : c'est un ecclésiastique revêtu de son aube, il est à genoux, tourné vers l'ouest, et les mains jointes, au bas de la figure est l'écu de ses armes qui sont d'argent, engrelé de gueules avec trois têtes d'épervier au naturel, et pour supports des anges nuds agenouillés. Viennent ensuite trois figures de saints et saintes. Premièrement saint Etienne, premier martyr, représenté en diacre avec une grosse pierre sur la tête et d'autres qu'il porte dans sa robe. Puis sainte Hélène avec une couronne d'or et un manteau de pourpre, un livre à la main. Puis sainte Mathie, patronne de la ville, placée en regard; elle a aussi un manteau de pourpre avec un nimbe d'or et tient un livre avec une palme verte; ensuite saint Jacques en costume de pèlerin avec le bourdon et les coquilles à son large chapeau. Puis enfin saint Guillaume qui présente le second donateur dont il est le patron. Celui-ci est tourné vers le chœur et en robe rouge avec une escarcelle ou carnacière bleue suspendue à sa ceinture. Près de lui est reproduit l'écu aux trois têtes d'épervier avec les supports dont nous avons parlé ce qui indique qu'il est de la même famille.

Au bas du vitrail, on lit sur deux lignes cette inscription: Maistre Jean Huyard, chanoine de ceste église, et Guillaume Huyard, avocat du Roi à Troyes, escuyer, maire de ceste dicte ville et mareglier de ceste dicte église, ont fait mettre ceste verrière l'an mil IIIIC IIIIXX et XVIII.

Jean Huyard avait été curé de Saint-Nizier de Troyes. Guillaume Huyard fut député du tiers-état pour le bailliage de Troyes aux états de Tours, tenus en 1483. Sous Charles VIII, il y soutint avec honneur les droits de ses commettans.

En 1530, un Antoine Huyard, escuyer, licencié en lois, qui était de cette famille, fut élu maire de la ville de Troyes, au bailliage duquel il était conseiller.

Dans le fond de la tribune, au-dessous de cette cinquième fenêtre, on remarque plusieurs figures bibliques premièrement les prophètes Johel, Abdias, puis Moïse et le buisson ardent; Gédéon et l'ange, puis Jérémie; saint Guillaume, archevêque, occupe la dernière ogive vers l'orient. Toutes ces figures ont autour de la tête des rouleaux déployés sur lesquels on lit leurs noms écrits en grosses lettres d'or."

 

 

 

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

 

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003,La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald, 

— MOREL-PAYEN (Lucien) 1910 , Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910

https://books.google.fr/books/about/Troyes_et_Provins.html?hl=fr&id=fdByEAAAQBAJ&redir_esc=y

 Camille Georges Picavet, L. Morel-Payen. — Troyes et Provins (les villes d’art célèbres). — Paris, Laurens, 1910 [compte-rendu] Revue internationale de l'enseignement  Année 1911  61  pp. 87-88

https://education.persee.fr/doc/revin_1775-6014_1911_num_61_1_8939_t1_0087_0000_2

— MOREL-PAYEN (Lucien) sd, Guide-Souvenir de la cathédrale de Troyes  Troyes, Imp. L. Droin, -

 

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— PIGEOTTE (Léon),1870, Étude sur les travaux d'achévement de la cathédrale de Troyes de 1450 à 1630, Paris, Librairie archéologique de Didron, page 47.

https://archive.org/details/etudesurlestrava00pigeuoft/page/46/mode/2up

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

 

 

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000392

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000393

 

 

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https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Héraldique Inscriptions XVe siècle XVIe siècle.
20 mars 2024 3 20 /03 /mars /2024 15:45

Les vitraux de la nef de la cathédrale de Troyes : les baies 135 et 235 de l'exaltation de la Sainte Croix. Réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricart. Armoiries.

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Voir sur les verrières hautes de la nef  de la cathédrale de Troyes :

 

 

 

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Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

 

 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre.  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien .

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricart. Armoiries . Baie 135 très restaurée au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon ; armoiries (identifiées) : Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes 

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrières réalisées par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph fils de Jacob ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire de Suzanne et du prophète Daniel ; réalisées en 1499 , don de Jean Coiffart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

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Donateur et datation établie par inscription :

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La baie 135 comporte sur une banderole du tympan l'inscription :

CESTE PRESENTE VERRIERE FUT FAICTE L'AN MIL CINQ CENT ET UNG.

Cette inscription avait déjà été relevée par l'abbé Coffinet en 1858, elle n'est pas attribuable aux restaurateurs du XIXe siècle.

La baie 235 comporte en son bord inférieur l'inscription de donation suivante :

DAMOISELLE CLAUDE DORIGNY VEUVE DE FEU NOBLE JEHAN PERICART DEMEURANT À TROYES A DONNE CESTE VERRIERE L'AN MIL CINQ CENT ET UN. PRIEZ DIEU POUR ELLE.

Les armoiries du couple Pericart/ Dorigny figurent sur le panneau représentant la donatrice.

Les armoiries pleines des Pericart d'or au chevron d'argent accompagné en pointe d'une ancre de sable, au chef aussi d'azur chargé de trois molettes d'or brisée d'une bordure de gueules figurent au tympan de la baie 135 à côté de celles en alliance Pericart/Dorigny.

Claude Dorigny, fille de Jean Dorigny et de Marie Robelin [fille de Jean Robelin et Jeanne Largentier], a épousé (vers 1460?) Jean Péricart (Perricard, Le Pericard, fils de Pierre et de Catherine de Pleurre), dont elle eut trois enfants, Jeannette, Marguerite et Jacques.

-Jeannette Péricart épousa vers 1480  Nicolas Colinet Mauroy (ca 1455-1510) dont trois enfants Jehannette, Guillaume et Claude.

-Jacques Péricart, seigneur de Champgrillet et de Colaverdei, marchand bourgeois de Troyes, décédé le 13 juillet 1525 à Paris, épousa Catherine Huyart, dont deux enfants Jacques et Guillemette.

Un document permettrait de rattacher la famille à Jean Dorigny (1469) , tanneur, qui eut comme enfants Claude Dorigny, écuyer, et Nicolas Dorigny conseiller au Parlement de Paris, chancelier de l'Université de Paris ; Marguerite Dorigny , épouse de Jacquet Phelippe , sieur de Bligny et Claude Dorigny épouse de Jean Péricard , décédé vers ou avant 1493 (D'azur et argent, l'art du blason en Champagne, Association des Amis des archives de l'Aube, 2000).

 

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Plus tard, Claude Dorigny, écuyer, seigneur du Cormont, épousa Louise Lingault, dont Pierre, dont Claude seigneur de Chalette. Ces Dorigny de Chalette sont cités parmi les familles protestantes de Vitry-le-Français.

https://gw.geneanet.org/adecarne?n=dorigny&oc=&p=claude

Les Dorigny, seigneur de Saint-Parre-aux-Tertres, des Minots (c. de Pargues), de Vauchassis, et pour moitié de Fouchères et Rosson (c. de Doches)  sont une grande famille de Troyes.

Jacques Dorigny seigneur de Fontenay fut maire de Troyes de 1524 à 1528.

Leurs armoiries sont d'azur à trois chandeliers d'or accompagnés en chef d'une étoile du même.

La baie 8 de l'église Saint-Pantaléon de Troyes, consacrée à l'histoire de Daniel, porte les armoiries de Pierre Dorigny et de Nicole Molé fille de Jean. Cette baie du côté sud du chœur dans la première chapelle Dorigny a été offerte en 1531.

https://agorha.inha.fr/ark:/54721/e49f7097-8d92-4239-9675-b8334b7721cf

Dans la même église, les clefs de voûte du chœur montre les armes en alliance de la famille Molé avec la famille Dorigny  (Claude II Molé et Simone Dorigny, fille de Jean seigneur de Fouchères et de Nicole Molé ) ou de la famille Pericart (Jacques Pericart et Catherine Molé).

Les Péricart ou Péricard sont mentionnés en Bourgogne et en Normandie, où un Jean Péricard fut avocat puis Procureur général au Parlement de Rouen au XVIe siècle ; il eut six fils et deux filles. Ses deux frères étaient Guillaume Péricard, chanoine de Rouen , abbé de Saint-Taurin , plus tard vicaire général du cardinal de Bourbon , et Odard Péricard.

L'armorial du département de l'Aub indique  "PÉRICARD et LE PÉRICARD, originaire de Normandie, Troyes, seigneur de Bierne, Chassoy (auj. Chassois, c. d'Herbisse). D'or, à un chevron d'azur accompagné en pointe d'une ancre de sable ; au chef aussi d'azur chargé de trois molettes d'or. (d'Hozier.)"

Les archives départementales de Côte d'or indiquent un Jean Péricard, de Troyes, chanoine trésorier, conseiller au Parlement, enterré au couvent des Cordeliers.

Parmi les Péricard de Troyes, T. Boutiot  mentionne Antoine, chanoine de Saint-Pierre de Troyes, Colin, Edme, François, chantre de Saint-Etienne de Troyes, François, évêque nommé de Troyes et évêque d'Avranches en 1588 après son frère Georges, Jacques, drapier de Troyes, Jacques, échevin de Troyes, Jean, Nicolas maire de Troyes, Odard maire de Troyes, Odard secrétaire du duc de Guise Henri Ier de Lorraine, Pierre, marchand, député aux Etats Généraux de Tours enn 1468, Pierre, conseiller de ville à Troyes. Vers 1431, T. Boutiot mentionne une "messe perricart" en la salle royale à Troyes.

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Attribution au peintre-verrier Jean Verrat par document d'archive :

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Les comptes de la cathédrale en 1501 indiquent : "payé à un maçon pour ayder à Jean Verrat à morteller la verrière perricarde."

Jean Verrat, actif de 1497 à 1515, est l'auteur des baies 215 et 218  datant de 1499 de la cathédrale de Troyes, de la baie de la Passion de l'église Sainte-Syre de Montceaux-les-Vaudes, de cinq verrières sud de la cathédrale de Sens (avec Balthazar Godron et Varrin Liévin).

 

Les archives mentionnent  un règlement effectué "À Jehan Verrat, verrier, pour avoir livre et mis le verre au Relicquière de la Vraye-Croix, et au joyau des relicques nouveau faict".

 

 

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Le sujet : l'Exaltation de la Sainte Croix.

J'ai d'abord pensé que le sujet était la Légende de la Vraie Croix, telle qu'elle fut  racontée au XIIIe siècle dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, qui décrit notamment l'invention (découverte des reliques) de la croix sur laquelle le Christ fut crucifiée par Hélène mère de l'empereur  Constantin, son vol par le roi perse Chosroes II, et sa récupération par Héraclius.

 https://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/L%E2%80%99Invention_de_la_sainte_Croix

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_L%C3%A9gende_de_la_Vraie_Croix

Elle est représentée sur ces baies de la cathédrale de Troyes, sur une baie datant de 1520 de l'église Saint-Nizier de Troyes, puis plus tard au XVIe siècle sur une baie représentant Le triomphe de la Croix de l'église Sainte-Madeleine de Troyes et sur une verrière de l'église Saint-Pantaléon de Troyes, ou bien à l'abbatiale Saint-Martin de Clamecy ou à l'église Saint-Etienne de Bar-sur-Seine.

Mais il faut voir ici plutôt une Exaltation de la Croix, dans une démarche typologique soulignant le rôle de la Croix (symbole de la Mort rédemptrice) dans l'histoire du Salut.

C'est dans cette réflexion théologique que s'explique l'introduction ici d'un épisode du Livre d'Esther.

À Troyes, l'importance de cette vénération de la Croix était fondée sur la possession jusqu'à la Révolution, au Trésor de la cathédrale, d'une relique de la vraie croix de 25 cm de long, dont une inscription précisait qu'elle fut "tirée du trésor même où Héraclius avait déposé la Croix, dont il avait obtenu la restitution du Roi des Perses, Chosroès".

D'autres reliques de la croix étaient conservées à l'abbaye N-D. des Nonnains de Troyes.

La fête religieuse de l'invention de la sainte Croix a lieu le 3 mai.

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Description.

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Les baies 135 (triforium) et 235 occupent la première travée de la nef  côté nord. 

La baie 235, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes, et un tympan à treize ajours et écoinçons, mesure 10 m de haut et  6 m de large.

La baie 135, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

 

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Les baies 135 et 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 135 et 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 135 et 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 135 et 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE N°135  (TRIFORIUM).

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Ensemble très restauré au 19e siècle ; en 1837 l'absence de vitraux à cet emplacement est signalé par Arnaud, ils sont rétablis en 1889 du temps de Charles  Fichot, qui les décrit en 1889.

Lancettes réunies 2 par 2 sous 1 tympan à 2 mouchettes et 1 soufflet.

https://www.eglisesduconfluent.fr/imagesNT/NT-VitrailCroix/Croix_10Troyes_CathedraleStPierreStPaul-Vitrail-F-Bg.jpg

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La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1, 2 et 3. Haman ministre d'Assuerus fait dresser une croix pour y pendre le Juif Mardochée.

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La scène est extraite du Livre d'Esther, comme l'indique l'inscription JUBE PARARI CRUCEM Esther 5:14 :

Responderuntque ei Zares uxor ejus, et ceteri amici: Jube parari excelsam trabem, habentem altitudinis quinquaginta cubitos, et dic mane regi ut appendatur super eam Mardochaeus, et sic ibis cum rege laetus ad convivium. Placuit ei consilium, et jussit excelsam parari crucem.

 "Zéresch, sa femme, et tous ses amis lui dirent: Qu'on prépare un bois haut de cinquante coudées, et demain matin demande au roi qu'on y pende Mardochée; puis tu iras joyeux au festin avec le roi. Cet avis plut à Haman, et il fit préparer le bois."

Rappel : le peuple Juif a été mené en exil en Perse. Mardochée est l' oncle d'Esther, qui est devenue reine. Il accéde alors à un poste important à la cour d'Assuérus, mais il refuse de se prosterner devant le grand vizir Haman. Celui-ci décide d'exterminer tous les Juifs du royaume, puis de faire pendre Mardochée à une potence. Esther use de sa beauté et de ses charmes pour obtenir du roi tout ce qu'elle voudra. Haman est pendu à la potence dressée pour Mardochée, lequel devient vizir et fait exterminer les ennemis des Juifs. Les dix fils d'Haman furent pendus. C'est l'origine de la fête juive de Pourim. "Esther s'étant présentée devant le roi, le roi ordonna par écrit de faire retomber sur la tête d'Haman le méchant projet qu'il avait formé contre les Juifs, et de le pendre au bois, lui et ses fils. C'est pourquoi on appela ces jours Purim, du nom de pur. [sort] Esther 9:25

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Dans le premier panneau figurent Haman (inscription AM.EN) et un de ses  fils. Dans le deuxième panneau, un fils ou un ami  d'Haman est devant la croix et une banderole porte ses paroles "Jube parari crucem".

Dans le troisième panneau, Mardochée se tient appuyé sur une canne. Inscription MARDOCHE

 

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La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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La tête de lancette de la troisième lancette montre le blason de la famille Pericart d'or au chevron d'argent accompagné en pointe d'une ancre de sable, au chef aussi d'azur chargé de trois molettes d'or, brisée d'une bordure de gueules Une sangle rappelle la ceinture Espérance.

La tête de lancette de la quatrième lancette montre le blason mi-parti du couple Pericart/Dorigny (d'azur à trois chandeliers d'or accompagnés en chef d'une étoile du même.)  Une sangle rappelle la ceinture Espérance.

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La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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4, 5 et 6. Sainte Véronique et les filles de Jérusalem lors de la montée au Golgotha. Jésus portant sa croix. Deux soldats.

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Jésus se retourne vers les femmes, et leur adresse les mots inscrits sur la banderole : FILIE JHRLEM, NOLITE FLERE SUPER ME, "Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi", citation de l'évangile de Luc Lc 23:28. Il s'agit de l'incipit d'un cantique.

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La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 135 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE n°235 : LES LANCETTES .

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7. La donatrice Claude Dorigny .

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Elle est agenouillée mains jointes refermée sur un crucifix, devant son prie-dieu où est ouvert son livre de prières, mais, de façon inhabituelle, elle n'est pas présentée par son saint patron, mais en premier plan devant les soldats de la troupe d'Héraclius, et incorporée à une scène répartie sur trois lancettes. Parmi ces hommes, le dernier est un cavalier tenant les rènes, l'un tient une trompette (le héraut?), et le premier, hors lancetten est un archer tenant sa flèche.

Claude Dorigny porte une coiffe à bonnet rouge bordeaux, de la même couleur que sa robe à traine et à larges manches.

Devant elle, sur le drap du prie-dieu, le blason mi-parti Pericart/Dorigny.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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8 et 9. L'empereur Héraclius Ier fait son entrée à Jérusalem, tenant la croix. À la porte de la ville, fermée, un ange l'accueille avec une banderole  .

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Héraclius Ier, portant la couronne d'empereur romain d'orient est en armure recouverte d'une tunique d'or aux aigles bicéphales noirs. Il monte un cheval blanc harnaché de rouge et au front orné de plumets. De même l'écuyer est vêtu de rouge et porte une toque à plumets.

L'ange déroule un phylactère portant l'inscription REX CELORUM HUMILITATIS EXANPLAR RELIQUIT, "Le roi des cieux nous a donné l'exemple de l'humilité" . 

Je ne trouve pas cet épisode dans la Légende dorée, mais dans le Panthéon de Godefroi de Viterbe (1133?-1191). Voir  BnF Latin 4935 f.49.

Voir aussi Jean Mancel, La Fleur des hystoires, enluminé par le Maître de Hérion entre 1450-1474, Bibl. Mazarine Ms 1560 f. 343v

Selon Svetlana Luchitskaya, 2019


"Au XIIe siècle, la tradition narrative ayant trait à Héraclius était bien développée et l’on en retrouve certains éléments dans la chronique de Godefroi de Viterbe. C’est ainsi que Godefroi raconte un épisode qui est peu présent dans les autres chroniques relatant le mythe de la « race des circoncis ». Voici l’épisode. Héraclius rapporte la sainte relique à Jérusalem. Il descend du Mont des Oliviers et arrive devant la porte par où était entré Jésus Christ, la veille de la Passion. Or, voici que les pierres de la porte se rejoignent de façon à former un mur. Au dessus de la porte, l’on voit apparaître l’ange tenant en main le signe de croix. L’ange rappelle à l’empereur l’entrée de Jésus à Jérusalem : ce n’est pas avec un luxe princier, mais en pauvre, monté sur un petit âne, que le fils de Dieu est entré par cette porte, laissant un bel exemple d’humilité.

Héraclius, tout en larmes, descend alors de son cheval, se déchausse, se dépouille de ses vêtements jusqu’à sa chemise et, prenant la croix du Seigneur, il en frappe humblement la porte qui, se soulevant, lui permet de passer avec toute sa suite. Ce sujet est connu dans la littérature médiévale sous le nom de porta clausa. Il est traité dans de nombreux textes liturgiques et hagiographiques. Godefroi de Viterbe et les autres auteurs médiévaux avaient probablement emprunté ce passage (de même que la description du combat singulier sur le Danube ou le récit sur le roi perse Chosroès, qui voulait s’assimiler à Dieu) à la source la plus ancienne. Il s’agit du texte liturgique intitulé Reversio Sanctae Crucis, que l’on a attribué très longtemps à l’écrivain du ixe siècle Raban Maur et qui circulait dans la société médiévale entre les VIIIe et XIIIe siècles.". Le savant suédois S. Borgenhammar a pu montrer dans sa recherche que ce texte avait été créé entre la fin du VIIe et le milieu du VIIIe siècle par un auteur italien anonyme qui s’appuyait sur les sources byzantines et orientales ; voir Borgehammar, « Heraclius Learns Humility », p. 145-202.

 

S.  Luchitskaya ajoute :

 

"On remarque que dans le Pantheon et les autres textes médiévaux, Chosroès est représenté comme l’Antéchrist, tandis que l’empereur byzantin est assimilé au Christ : ainsi, comme le Christ a triomphé de la mort avec l’aide de la croix, Héraclius a remporté la victoire sur ses ennemis. Dans les écrits des chroniqueurs, Chosroès-Antéchrist manifeste de l’orgueil (superbia) en s’assimilant à Dieu, tandis qu’Héraclius qui transporte la vraie croix à travers la Porte Dorée fait preuve d’humilité (humilitas) en imitant Jésus-Christ. On voit que l’image d’Héraclius construite par Frédégaire et ses compilateurs est très ambiguë : d’une part, l’empereur byzantin est considéré comme un véritable pécheur, ses défaites représentant le châtiment divin de ses crimes ; d’autre part, il est représenté comme le souverain chrétien idéal qui a récupéré la sainte relique pour le monde chrétien."

 

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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10, 11 et 12. L'empereur Héraclius vêtu en pénitent obtient l'ouverture des portes de Jérusalem .

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Héraclius et sa suite se présentent en chemise, pieds nus, mais l'empereur a conservé sa couronne afin que nous l'identifions. 

Le gouverneur les accueille, chaperon en main et la main sur le cœur.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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13, 14 et 15. Sainte Hélène, mère de Constantin, assiste à la découverte de la Vraie Croix par un vieillard barbu (Judas). Elle est accompagnée d'une servante et de six hommes discutant vivement.

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"Alors la reine les congédia tous a l’exception de Judas, à qui elle dit : « Choisis entre la vie et la mort ! Si tu veux vivre, indique-moi le lieu qu’on appelle Golgotha, et dis-moi où je pourrai découvrir la croix du Christ ! » Judas lui répondit : « Comment le saurais-je, puisque deux cents ans se sont écoulés depuis lors, et qu’à ce moment je n’étais pas né ? » Et la reine : « Je te ferai mourir de faim, si tu ne veux pas me dire la vérité ! » Sur quoi elle fit jeter Judas dans un puits à sec, et défendit qu’on lui donnât aucune nourriture.

Le septième jour, Judas, épuisé par la faim, demanda à sortir du puits, promettant de révéler où était la croix. Et comme il arrivait à l’endroit ou elle était cachée, il sentit dans l’air un merveilleux parfum d’aromates ; de telle sorte que, stupéfait, il s’écria : « En vérité, Jésus, tu es le sauveur du monde ! »

Or, il y avait en ce lieu un temple de Vénus qu’avait fait construire l’empereur Adrien, de façon que quiconque y viendrait adorer le Christ parût en même temps adorer Vénus. Et, pour ce motif, les chrétiens avaient cessé de fréquenter ce lieu. Mais Hélène fit raser le temple ; après quoi Judas commença lui-même à fouiller le sol et découvrit, à vingt pas sous terre, trois croix qu’il fit aussitôt porter à la reine." Jacques de Voragine, Légende dorée.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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16, 17 et 18. Judas élève la croix et la cadavre d'un jeune homme ressuscite, devant trois Juifs stupéfaits. Deux autres Juifs maugréent.

Un personnage richement vêtu, suivi de deux autres, et au-dessus de la tête duquel on lit le nom de Judas, tient la croix du Sauveur. C'est lui, en effet, qui avait indiqué le lieu où la croix était enfouie. Il maintient la croix horizontalement au dessus du cadavre d'un jeune homme, qui, ressuscité à son attouchement, est assis sur le bord de la fosse, les mains jointes, couvert de son linceul. Un personnage accourt pour voir le miracle, et trois autres sont dans une attitude qui marque une grande surprise. 

"Restait seulement à reconnaître celle de ces croix où avait été attaché le Christ. On les posa toutes trois sur une grande place, et Judas, voyant passer le cadavre d’un jeune homme qu’on allait enterrer, arrêta le cortège, et mit sur le cadavre l’une des croix, puis une autre. Le cadavre restait toujours immobile. Alors Judas mit sur lui la troisième croix ; et aussitôt le mort revint à la vie. D’autres historiens racontent que c’est Macaire, évêque de Jérusalem, qui reconnut la vraie croix, en ravivant par elle une femme déjà presque morte. Et saint Ambroise affirme que Macaire reconnut la croix à l’inscription placée jadis par Pilate au-dessus d’elle.

Judas se fit ensuite baptiser, prit le nom de Cyriaque, et, à la mort de Macaire, fut ordonné évêque de Jérusalem." Jacques de Voragine, Légende dorée.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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19 . L'échelle mystique du songe de Jacob.

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Inscription IACOB.

Le Christ en tête de lancette.

Les trois panneaux 19, 20 et 21 établissent, selon la démarche typologique de la Biblia pauperum, des relations entre la Croix et destextes de l'Ancien Testament.

Ici, l'échelle que vit Jacob lors de son songe, reliant la Terre et les Cieux et où des anges montaient et descendaient, est mise en parallèle avec la Croix, signe de nouvelle alliance entre Dieu et les hommes.

Dans le Speculum  Humanae Salvationis, l'échelle de Jacob était mise en relation avec l'Ascension.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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20 . La Croix unissant la terre et le ciel.

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Pour souligner la valeur de la comparaison entre la Croix et l'échelle de Jacob, des anges montent de la terre vers des nuées devant la Croix, tenant dans leurs bras des âmes sauvées. 

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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21. Moïse et le serpent d'airain.

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Une femme, étendue à terre, a succombé à la blessure d'un serpent venimeux. Moïse, tenant sa verge, montre aux israélites mécontent la statue d'un serpent (dragon ailé) élevé au sommet d'une colonne.

 

Inscription MOISES.

Rappel : 

Lors de l'Exode du peuple d'Israël hors d'Égypte vers le Pays de Canaan, Moïse, après avoir reçu les Tables de la Loi, fait face au mécontentement du peuple.

 

"Le peuple s'impatienta en route, et parla contre Dieu et contre Moïse: Pourquoi nous avez-vous fait monter hors d'Égypte, pour que nous mourions dans le désert? car il n'y a point de pain, et il n'y a point d'eau, et notre âme est dégoûtée de cette misérable nourriture. Alors l'Éternel envoya contre le peuple des serpents brûlants; ils mordirent le peuple, et il mourut beaucoup de gens en Israël.Le peuple vint à Moïse, et dit: Nous avons péché, car nous avons parlé contre l'Éternel et contre toi. Prie l'Éternel, afin qu'il éloigne de nous ces serpents. Moïse pria pour le peuple.

L'Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et place-le sur une perche ; quiconque aura été mordu, et le regardera, conservera la vie.

Moïse fit un serpent d'airain, et le plaça sur une perche ; et quiconque avait été mordu par un serpent, et regardait le serpent d'airain, conservait la vie. » Nombres 21:8-9  

Dans la même démarche typologique que précédemment,  l'exaltation du serpent d'airain sauvant les Israélites des morsures de serpent est mis en parallèle avec l'élévation du  Christ sur la Croix  guérissant par sa mort et sa réssurection le genre humain des morsures du péché.

Dans la Biblia Pauperum, l'image de cette scène est placée à côté de celle de la Crucifixion.

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Coll. Le Louvres

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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22, 23 et 24. Héraclius reprend la Croix à Chosroes roi des Perses .

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Sur le panneau n°22, Héraclius en guerrier, vêtu de son armure et de son surcot d'or brodé d'une aigle noire à deux têtes, menace de son épée Chosroës, qui, en grand costume, lui fait face assis sur son trône.

 Chosroes II, roi des Perses,trône sous un pavillon de soie de diverses couleurs, couronne d'or en tête, sceptre en main, vêtu de pourpre.

Sur le panneau n°24, le peuple, représenté par des hommes et des femmes, se prosterne devant lui et semble l'adorer. Derrière ce groupe, une colonne surmontée d'un coq d'or. Vainqueur, il menace de substituer la religion des Mages à celle de l'Évangile.

En 615, Chosroës, roi des Perses, soumit à son empire tous les royaumes du monde. Il vint à Jérusalem, se rendit au Saint-Sépulcre et emporta la portion de la vraie croix que sainte Hélène y avait laissée. Chosroës, voulant se faire adorer par tout le monde, ordonna d'élever une tour d'or et d'argent, garnie de pierres précieuses; alors il abandonna le royaume à son fils, se retira dans ce phare lumineux et ordonna à son peuple de l'appeler Dieu. Chosroës, assis sur un trône, comme Dieu le Père, mit la croix à sa droite, à la place du fils de Dieu, et un coq d'or à sa gauche, pour représenter le Saint-Esprit.

Inscriptions : ERACLIVS. COSDROS. LE PEVPLE.

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La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

La baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE n°235 :  LE TYMPAN .

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Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Registre inférieur : trois prophètes portant des banderoles avec les inscriptions: Benedictu lignum "Bois béni" (Livre de la Sagesse, 14, 7). — Exaltavi lignum. "J'ai élevé l'arbre" Ezéchiel 17:24 et Super montem caliginosum "sur la montagne couverte de nuages [élevez un signal]" (Isaïe 13:2).

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La démarche typologique se poursuit ici avec la présentation de versets relatifs à l'élévation d'un bois, d'un arbre, ou d'un signal. 

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Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Deux anges portant les instruments de la Passion : la Croix et le marteau, la tenaille et la lance.

Sur les phylactères, les inscriptions : O CRUX AVE / NOSTRA SPES "Salut, ô croix, notre espérance".

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Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Deux anges portant les instruments de la Passion : la colonne et les verges de la Flagellation ; les clous, et le roseau portant l'éponge .

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Sur les phylactères, les inscriptions : O CRUX BENEDICTA / BENEDICTA SANCTA .

 

 

 

 

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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Au sommet du tympan, une croix dressée sur un ciel étoilé, au dessus de phylactères. De chaque côté, des clercs et des laïcs agenouillés.

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Les phylactères portent les inscriptions SALVE CRUCE SANCTA/ O CRUX BENEDICTA.

Le soufflet de gauche montre un pape, un cardinal et un jeune laïc ou clerc.

Celui de droite montre un empereur, puis peut-être un noble ou un magistrat et un bourgeois.

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Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 235 de l'Exaltation de la Croix de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858, Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

 

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 "Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560)" .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003, thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald,  La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  "Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle)", Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— TRIDON (Abbé), 1866,  Visite de la cathédrale de Troyes

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/fa6e003ba720fd499741406274f973dd.pdf

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/NT-Croix2.php

 

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000406

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000407

 

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https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

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https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux : Troyes. Héraldique Inscriptions XVIe siècle.
2 mars 2024 6 02 /03 /mars /2024 21:38

Les vitraux de la cathédrale de Troyes : la baie 236 ou Histoire de Daniel réalisée par un verrier anonyme , don en 1499 de Jean Corart ou Coiffart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme. La baie 136 est moderne sauf le tympan aux monogrammes JC.

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Voir :

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE.

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Avec 1 500 m² de verrières, allant du XIIIe au XIXe siècle, la cathédrale de Troyes est   l’un des plus vitrées de France.  Elle possède un triforium totalement vitré, (situé à mi-hauteur et qui fait le tour du bâtiment), ce qui est assez exceptionnel. Les vitraux de la cathédrale de Troyes sont considérés comme une œuvre majeure de la peinture sur verre en France. 

 

Les 20 verrières hautes de la nef forment un ensemble homogène. Elles ont été réalisées entre 1498 et 1505 par plusieurs peintres-verriers  dont le nom de certains sont connus (Pierre Maçon, Jean Verrat, Balthasar Godon, Lievin Varin et le cartonnier Nicolas Cordonnier). Parmi les 66 « verriers » recensés dans les archives entre 1470 et 1560, 37 peuvent être considérés comme des peintres verriers. Regroupés autour de la collégiale Saint- Urbain, ils travaillaient au sein de structures familiales et fondaient des dynasties, comme les Verrat ou les Macadré. Leur atelier était une petite structure dirigée par un peintre verrier qui n’employait qu’un ou deux serviteurs, selon ses moyens, comme on le voit à Paris et en Provence (D. Minois).

Selon le rédacteur de la notice de l'Inventaire, rédigée en 1999, "Leur iconographie répond à la seule volonté des multiples donateurs. Leur véritable lien provient plus de la technique que du style : les peintres-verriers ont mis l'accent sur la lisibilité des compositions (larges registres de scènes, mise en valeur des faits et gestes des personnages par la réduction du rôle de l'architecture et des arrières-plans, modelé très appuyé, absence de chef-d'oeuvre et de gravure sauf dans la baie 233). Certains aspects rappellent les vitraux du milieu du 13e siècle des parties hautes du choeur : la gamme colorée très vive avec barbes et cheveux en pleine couleur, la mise en plomb des yeux de certains personnages, les fonds de mosaïque. Si la Renaissance italienne ne s'y fait pas encore sentir, Jean Lafond reconnaît une influence venue de l'est dans la verrière de saint Pierre (notamment l'atelier strasbourgeois de Pierre d'Andlau). Pour Emile Mâle, la présence dans ces verrières d'une forte veine d'inspiration populaire évoque l'imagerie d'Epinal."

Au contraire, Danielle Minois (2003 ; 2005) souligne la cohérence de ces ensembles qui illustrent en un discours argumenté et savant l’histoire du salut. "Seul un clergé cultivé a pu élaborer ces programmes ; il l’a donc imposé aux donateurs qui l’ont financé. Parce que « le choix des sujets des verrières posées dans les églises est un reflet de la vie intellectuelle et religieuse », elle signale en outre les réactions des commanditaires face à la Réforme à travers les thèmes choisis, surtout après 1550 : l’histoire de Daniel ou de Tobie, la légende de l’hostie profanée. Elle montre comment les mêmes thèmes peuvent changer de sens face à un climat de remise en cause de l’Église romaine." (L. Rivale)

Ces 20 verrières hautes de la nef se répartissent entre les baies du triforium (galerie à trois arcades entre chaque travée), qui portent les numéros 127 à 136, et, au dessus de celles-ci, les baies hautes homologues portant les numéros 227 à 236. Selon la numérotation internationale des vitraux, les baies nord portent un numéro impair et les baies sud un numéro pair.

Les baies 136 (triforium) et 236 occupent la première travée côté sud. 

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Nous avons donc ainsi :

a) du côté nord, depuis le transept vers le fond de la nef :

-baies 127 et 227 : Saints ; vie de saint Pierre.  réalisée en 1502, don d'Henri II de Lorraine Vaudémont, évêque de Metz ;

-baies 129 et 229 : Histoire de Tobie. 1500 ; don de Jean Fuestot l'Aîné (marchand et bourgeois de Troyes dans l'Aube) et de Denise Chappelain sa femme. Monogramme [du peintre verrier en tête de lancette de la baie 129].

-131 et 231 : Adoration des mages, et Histoire de Job. Don de Jeanne de Mesgrigny veuve de Jean Molé. 1501. Inscription et armoiries. Monogramme d'un verrier au tympan.

-133 et 233 : légende de saint Sébastien ; réalisée en 1501 par Lievin Varin, don de la confrérie de saint Sébastien ; un écu armorié d'Odard Hennequin mis en place en 1502-1503 par Jeancon Garnache et Nicolas Hulins a disparu.

- 135 et 235 : Légende de la Vraie Croix ; réalisées entre 1501 et 1502 par Jean Verrat, don de Claude Dorigny, veuve de Jean Péricard. Armoiriesidentifiées. Monogrammes. Très restaurées au XIXe.

b) du côté sud :

-baies 128 et 228 : Calvaire ; saints et saintes. 1499 ; peintre-verrier Balthazar Godon ; armoiries (identifiées) : Jean Huyard chanoine de la cathédrale, et Guillaume Huyard avocat du roi à Troyes 

-baies 130 et 230 : Arbre de Jessé. Verrière réalisée par Lievin Varin entre 1498 et 1499, don de Jean de Marisy et Guillemette Phélipe sa femme. En baie 230, toute la famille de Jean de Marisy et de Guillemette Phélipe (ses frères, ses 9 filles et belles-filles) est représentée au bas de cette verrière. Armoiries.

-baies 132 et 232 :  Annonciation et Nativité. Parabole du Fils Prodigue. Don de Guillaume Molé et Simone Boucherat , 1499.  Réalisée en 1499 peut-être par Pierre I maçon (inscription ne notant que son prénom). Armoiries identifiées, devise "en attendant", monogrammes [du verrier]

-baies 134 et 234 : Vie de Joseph (biblique) ; réalisée en 1499, don d'Agnès Bonjean, veuve de Jehan Thévenin (écuyer et notaire royal à Troyes) son mari . Armoiries identifiées et monogrammes en baie 134. Inscription mentionnant le commanditaire et la date en baie 234.

-baies 136 et 236 : Histoire de Suzanne et du prophète Daniel ; réalisées en 1499 , don de Jean Corart, marchand de Troyes et de Marguerite, sa femme (inscription) ; les vitraux du 15e siècle du triforium (baie 136) ont disparu et sont remplacés par des vitraux du 20e siècle sur le thème de l'histoire de Daniel.

 

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Datation vers 1500 et donation par Jean et Marguerite COIFFART.

Les données s'appuient sur l'inscription qui court le long du bord inférieur de la baie 236 et qui énonce :

 Jean Corart marchant demeurant a Troyes et Marguerite sa femme ont donnée ceste verriere lequel trepassa le 4 jour de septembre l'an mil IIII IIII et XIX [1499]. Priez Dieu pour eulx .

On estime (D. Minois) qu'il faut compter un an entre la donation, et la réalisation d'une verrière.

"La formulation , qui donne la date du décès du donateur ... laisse entendre que la donation faisait partie de son testament. Cette inscription est la seule indication de cette verrière dont aucun texte d'archives ne fait mention . Le nom de famille de la donatrice n'est pas connu . Aucun blason ne permet de confirmer l'identité des donateurs . Il est probable que ceux-ci avaient offert les deux niveaux de la verrière , triforium et baie haute .. Le sujet développé dans les lancettes est l'Histoire de Daniel, issue de l'Ancien Testament. Au tympan, au milieu d'une cour de séraphins aux ailes bleues, trônent le Christ et la Vierge, surmontés par la colombe de l'Esprit. L'auteur de cette verrière n'est pas connu. P. Biver, avec beaucoup de prudence, suggère que ce pourrait être Pierre, l'auteur du Fils Prodigue. Toutefois, aucune trace d'archive ne confirme cette hypothèse"

https://www.cairn.info/revue-histoire-urbaine-2016-3-page-29.htm#re61no127

Aucune donnée d'archive ou de généalogie ne donne des renseignements sur ce couple "CORART". Mon hypothèse est la suivante : il faudrait lire plutôt "COIFFART/COIFFARD" arprès une faute de graphie par l'artiste initial ou les restaurateurs.

La famille Coiffart (ou Coiffard) est à la fin du XVe et au XVIe siècle une famille considérable de Troyes,  qui sera alliée aux Hennequin , aux Mesgrigny, puis en 1644 aux Molé (les familles donatrices des vitraux de la cathédrale) et dont un membre, Nicolas, devint maire de la ville en 1534 et 1550-54. Les Archives départementales référencient onze membres, dont cinq Jehan ou Jean.  Un Jean Coiffart est chanoine de la cathédrale de Troyes. Un Jehan Coiffart est Tabellion de l'officialité (en ?).   En 1478-1480, Nicole Coiffart, chanoine, verse 50 sols pour la verrière de la bibliothèque de la cathédrale. Il fut enterré à dans la cathédrale Saint-Pierre le 7 mai 1494. On peut le rapprocher de Nicolas Coiffart, doyen du chapitre de la cathédrale de Troyes. Un autre chanoine se nomme Juvénal Coiffart.

"Une autre tombe couvrait le corps de Nicole Coiffart, doyen de l'église de Troyes. Il est représenté dans un cercle, vu à mi-corps, en costume, la tête nue, et au moment où il consacre l'hostie les mains jointes au-dessus du calice. Autour de sa tête est un rouleau déployé sur lequel on lit: Deus propicius esto michi peccatori; dans le cercle, cet acte de foi: Credo quod redemptor, meus vivit in novissimo die de terra surrecturus sum et rursum circumdabor pella mea et in carne mea videbo Deum salvatorem meum. Et au-dessous du cercle l'épitaphe ainsi disposée :

Cy gist vénérable et discrète personne maistre Nicole Coiffart, prestre, licencié ès-lois et décrets, doyen et chanoine en ceste église, en laquelle a fondé en son vivant la feste de l'Ascencion notre Seigneur, festée le jour et le lendemain, vne messe de requiem solemnelle, qui trespassa l'an mil CCCC 1111xx et XIII, le VIIe jour du moys de may.Demandons à Dieu que par sa grâce, De ses péchés pardon lui face. Amen." (A. F. Arnaud)

En 1499, la famille de marchand n'avait pas été anoblie, et aucun blason ne figure sur cette verrière, à la différence des autres. Plus tard Nicolas Coiffart seigneur de Saint-Benoît-sur-Seine, portera comme armoiries  de gueules à trois coiffes ardentes d'or.

La lignée de Jehan COIFFART et Marguerite XXX est parfaitement  référencée par les généalogistes  :

https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=jean&n=coiffart&oc=1

 Jehan Coiffart, fils de Colin, et de Marguerite Le Celtier, eurent 14 enfants entre 1424 et 1449, mais la plupart décédèrent et, outre Avantin Coiffart, chanoine de Soissons , on retient essentiellement leur fils Guyon.

Guyon Coiffart 1449-1509 Lieutenant à la prévôté de Troyes marié à Jeanne Piétrequin †1518, dont 1. Jean Coiffart (mars 1487 julien – Troyes, -31 août 1494  - Saint-Rémy - Troyes, à l'âge de 7 ans. 2. Nicolas Coiffart 1490-1559, écuyer, lieutenant civil au baillage de Troyes seigneur de Saint-Benoit-sur-Seine maire de Troyes en 1534 marié à  Guillemette Pinette , dont Nicole Coiffart 1535-1567 et Edme Coiffart 1544- seigneur de Marcilly-Le-Haye qui épouse Edmée Le Gras de Vaubercey, fille de Pierre Le Gras de Vaubercey, dont : Marguerite Coiffart qui épousa  Jérôme de Mesgrigny, seigneur de Villebertain (1582 - 1636). Un Jean Coiffart seigneur de Vermoise, est juge-consul de Troyes en 1575.

Outre cette généalogie, mon meilleur indice sur le couple Jehan Coiffart et son épouse Marguerite est un obit de l'obituaire de l'abbaye de  Saint-Loup, située alors à Troyes intra-muros. On y lit l'obit de Jehan (Johannis) COIFFART, clerc et marguilier de Saint-Loup et son épouse Marguerite (Margarete) par lequel ils ont versé trente livres tournois pour un office anniversaire du décès de Jehan Coiffart le 28 novembre 1484 après 59 ans de mariage. Soit un mariage en 1424-1425, cohérent avec les données généalogiques.  Il est possible que la donation de la verrière a été faite par Marguerite Coiffart décédée plus tardivement.

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Obituaire de Saint-Loup

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Pour être complet, signalons un Nicolas COCHART mentionné dans les comptes de la cathédrale comme clercs jurés  en 1408.

 

 

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Attribution.

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L'artiste n'apparait pas dans les comptes de la cathédrale. On a évoqué le nom du verrier "Pierre".

Le tympan de la baie 136 montre un monogramme aux lettres J et D (?) entrelacées, comme dans la baie 234. Mais comme ce vitrail a été refait au XXe siècle, il y a un doute sur la validité de cette information.

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Restauration.

En 1558, Pierre Soudain, verrier (auteur de la Rose de la cathédrale), reçoit IX l. pour avoir lavé, nettoyé et "racoustre" la verrière de l'Hystoire de Daniel."

Les vitraux de la cathédrale ont été restaurés par Vincent-Larcher à partir de 1845

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Description.

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La baie 236, avec six lancettes réunies deux à deux sous deux mouchettes ( décor réparti en trois registres ) , et un tympan à treize ajours et écoinçons , mesure 10 m de haut et  6 m . de large.

La baie 136, en dessous, au triforium, avec ses six lancettes réunies deux à deux sous un tympan à deux mouchettes et un soufflet, mesure 3, 50 m de haut et 6 m. de large.

Toutes les deux sont consacrées à l'histoire de Suzanne (chapitre 16 de la tradution du Livre de Daniel de la Bible dans la Septante) et au prophète Daniel (Bible, Livre de Daniel), ont été réalisées par le même  peintre verrier anonyme (monogramme JD) et ont été commanditées par Jean Corart [sic] et son épouse Marguerite.

Je débuterai par la baie 136, moderne, pour respecter le fil narratif du Livre de Daniel. Puis je poursuivrai le récit sur la baie 236. Je présenterai ensuite le couple des donateurs et je terminerai par le tympan.

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Le thème du Livre de Daniel, les verrières de Troyes et le théâtre.

J'ai déjà souligné les rapports des thèmes des verrières hautes de la nef de Troyes, toutes offertes à la toute fin du XVe siècle ou en 1500, celles de Job, de l'Adoration des Mages et de Tobie, avec le théâtre religieux et les Mystères dont le jeu est attesté à cette époque. J'ai fait remarquer les rapports de ces histoires bibliques avec les textes du Mistère du Vieil Testament , fort répandu vers 1480, dont les manuscrits sont perdus mais qui fut imprimé à Paris en 1494 et réédité ensuite.

Dans la deuxième partie du Vieil Testament, le chapitre XLI traite de l'histoire de Suzanne et de Daniel , juste après les histoires de Job (XXXIX), et de Tobie (XL). Cette histoire est narrée en 2166 vers, le jeu impose douze acteurs.  Elle est divisée en épisodes "Comme Susanne s'en va en son jardin....Des faulx juges et de Joachim. Comme les faulx juges guettent Suzanne. De l'adoration du dieu Bel et des viandes qu'on lui apportoit [...] Comme Daniel fut getté en la fosse aux lions. De Suzanne et des hjuges qui l'abusent." Dans Le Viel Testament, l'histoire de Suzanne est tissée dans tous les autres épisodes du Livre de Daniel, sans doute pour en faire, sur scène, un personnage navette que les spectateurs suivent comme guide.

Je donnerai deux extraits de ce texte dans mon commentaire de cette verrière.

J. de Rothschild a recensé les treize pièces théâtrales  consacrées à Daniel en latin du XIIe au XVIIIe siècle (Danielis Ludus), les neuf versions en français (la première à Abbeville en 1477), les trois versions italiennes, les treize versions allemandes et une version polonaise : c'est dire la popularité de ce Jeu. L'Histoire de Suzanne fait elle aussi l'objet de multiples drames, par exemple L'Histoire de saincte Susanne, Troyes, Nicolas Oudot 1621.

Il me semble tout à fait plausible que les divers bourgeois donateurs des verrières de Troyes aient assisté à ce Mistère du Vieil Testament, et que ces jeux aient inspiré leur choix.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5051p

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5055x/f50.image.r=suzanne

 https://docenti.unimc.it/claudio.micaelli/teaching/2020/22371/files/vol.%205%20Le_Mistere_du_Viel_Testament.pdf

https://books.google.fr/books?id=-6jnG1emOHgC&newbks=1&newbks_redir=0&printsec=frontcover&pg=PA220&dq=civitas+ninive&hl=fr&redir_esc=y#v=onepage&q=civitas%20ninive&f=false

Le Livre de Daniel et les enlumineurs de Champagne.

La scène de Suzanne et les vieillards, ou celle de Daniel dans la fosse aux lions,  ont été également très représentées par les enlumineurs des Bibles historiées, Bréviaires ou des Livres d'Heures. Et notamment, les Heures de Louis de Laval, gouverneur de Champagne entre 1465 et 1473, consacrent une quarantaine de folios (329v et suiv) à Daniel, avec les enluminures de Jean Colombe et autres artistes locaux. On sait que l'iconographie de ce livre se retrouve dans le Livre d'Heures de Guyot le Peley, bourgeois de Troyes affilié aux donateurs des verrières de Troyes.

 

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Les baies 136 (triforium) et 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les baies 136 (triforium) et 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE  136 (XXe SIÈCLE).

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La baie 136, qui avait été brisée (Fichot 1899 p.230), a été refaite "au XXe siècle" hormis les tympans qui sont d'origine. L'artiste a repris le thème de l'histoire de Daniel, qui devait y figurer puisque tout le début du Livre manque dans la baie 236.

Histoire de Daniel,  baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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1 et 2. Les deux premières lancettes de gauche. Deux des songes de Nabuchodonosor.

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Nabuchodonosor, roi de Babylone, a assiégé Jérusalem et a emmené ses habitants en exil, et, parmi eux, Daniel et ses trois amis Ananias, Azarias et Misaël. 

 Livre 1 Le roi ordonna à Ashpénaz, chef de ses eunuques, de faire venir quelques jeunes Israélites de race royale ou de famille noble. Ils devaient être sans défaut corporel, de belle figure, exercés à la sagesse, instruits et intelligents, pleins de vigueur, pour se tenir à la cour du roi et apprendre l’écriture et la langue des Chaldéens.[...] Parmi eux se trouvaient Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, qui étaient de la tribu de Juda.

Le deuxième année de son règne le roi fit un songe, et il exigea de ses devins et mages non seulement qu'ils l'interprètent, mais aussi qu'ils puissent le deviner auparavant, sous peine de mort. Ils échouent.

Mais le Dieu d'Israël révèle à  Daniel et à ses compagnons  le rêve du roi.

Daniel se présente à lui et dit :

"Ô roi, voici ta vision : une énorme statue se dressait devant toi, une grande statue, extrêmement brillante et d’un aspect terrifiant. Elle avait la tête en or fin ; la poitrine et les bras, en argent ; le ventre et les cuisses, en bronze ; ses jambes étaient en fer, et ses pieds, en partie de fer, en partie d’argile. Tu étais en train de regarder : soudain une pierre se détacha d’une montagne, sans qu’on y ait touché ; elle vint frapper les pieds de fer et d’argile de la statue et les pulvérisa. Alors furent pulvérisés tout ensemble le fer et l’argile, le bronze, l’argent et l’or ; ils devinrent comme la paille qui s’envole en été, au moment du battage : ils furent emportés par le vent sans laisser de traces. Quant à la pierre qui avait frappé la statue, elle devint un énorme rocher qui remplit toute la terre."

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Description : Le peintre-verrier a représenté le roi endormi sur son lit avec l'inscription NABUCODONOSOR. Au dessus de lui, un arbre est enchainé et malgré ses feuilles, il ne peut s'élever et son tronc est tronqué. Au pied du lit, sur un tabouret, la statue se dresse, en chef de guerre couronné, tenant le sceptre, et en armure. Une pierre rose se dirige vers ses pieds et va le frapper.

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Le songe de l'arbre enchaîné.

L'arbre se réfère au deuxième songe de Nabuchodonosor, selon le chapitre 4 :

 "Moi, Nabucodonosor, j’étais tranquille dans ma maison et satisfait dans mon palais. J’ai eu un songe : il m’a effrayé. Sur mon lit, je fus troublé par des pensées obsédantes et, dans mon esprit, par des visions. J’ai donné l’ordre d’introduire en ma présence tous les sages de Babylone, pour qu’ils me fassent connaître l’interprétation du songe.  Alors, les magiciens, les mages, les devins et les astrologues entrèrent, et je leur racontai le songe, mais ils ne m’ont pas fait connaître son interprétation.  En dernier lieu, Daniel se présenta devant moi – son nom est Beltassar, selon le nom de mon dieu, et il a en lui l’esprit des dieux saints. Je lui racontai le songe : « Beltassar, chef des magiciens, tu as en toi l’esprit des dieux saints, je le sais, et aucun mystère ne t’embarrasse. Voici le songe que j’ai fait ; dis-moi son interprétation.

Sur mon lit, je regardais les visions de mon esprit : Voici un arbre, au milieu de la terre, d’une gigantesque hauteur. L’arbre grandit, et il devint puissant, sa hauteur atteignait le ciel, et on le voyait de toute la terre. Son feuillage était beau et son fruit abondant ; il y avait en lui de la nourriture pour tous. Les animaux sauvages s’abritaient sous lui ; les oiseaux du ciel demeuraient dans ses branches ; toute créature se nourrissait de lui. Sur mon lit, je regardais les visions de mon esprit, lorsqu’un Vigilant, un être saint, descendit du ciel.  Il criait à pleine voix : Abattez l’arbre et coupez ses branches ! Arrachez son feuillage et jetez son fruit ! Que les bêtes quittent son abri, et les oiseaux, ses branches ! Mais la souche avec les racines, laissez-les dans la terre, dans des chaînes de fer et de bronze, dans l’herbe des champs. L’arbre sera trempé de la rosée du ciel, il partagera avec les bêtes l’herbe de la terre.  Son cœur d’homme sera changé, un cœur de bête lui sera donné. Alors, des temps, au nombre de sept, passeront sur lui.

"Tel est le songe que j’ai eu, moi, le roi Nabucodonosor. Toi, Beltassar, donne-moi son interprétation, car aucun des sages de mon royaume n’a pu m’en faire connaître l’interprétation. Mais toi, tu le peux, puisque l’esprit des dieux saints est en toi. »  

Beltassar répondit : « Mon seigneur, que le songe soit pour tes ennemis, et son interprétation pour tes adversaires ! L’arbre que tu as vu, grand, puissant, élevé, atteignant le ciel et visible de toute la terre, dont le feuillage était beau et le fruit abondant, en qui il y avait de la nourriture pour tous, sous lequel s’abritaient les animaux sauvages, et dans les branches duquel demeuraient les oiseaux, c’est toi, ô roi ! Tu es devenu grand et puissant, tu as grandi au point d’atteindre le ciel, et ta domination s’étend jusqu’aux extrémités de la terre.Puis, ô roi, tu as vu un Vigilant, un être saint descendu du ciel et qui disait : “Abattez l’arbre et détruisez-le, mais laissez dans la terre la souche avec les racines, dans des chaînes de fer et de bronze, dans l’herbe des champs, et qu’il soit trempé de la rosée du ciel, et partage le sort des animaux sauvages, jusqu’à ce que sept temps passent sur lui.”

 Cette vision, ô roi, en voici l’interprétation, la décision du Très-Haut qui atteint mon seigneur le roi : Tu seras chassé d’entre les hommes, tu auras ta demeure avec les animaux sauvages, on te nourrira d’herbe, comme les bœufs, tu seras trempé de la rosée du ciel, et sept temps passeront sur toi, jusqu’au moment où tu reconnaîtras que le Très-Haut est maître du royaume des hommes et le donne à qui il veut.  Et si l’on a dit de laisser en terre la souche avec les racines de l’arbre, c’est que ta royauté se maintiendra quand tu auras reconnu que le Ciel est le maître. Aussi, que mon conseil te paraisse bon, ô roi : rachète tes péchés par la justice, et tes fautes par la pitié envers les malheureux. S’il en est ainsi, ta tranquillité se prolongera. »

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Extrait du  texte du Vieil Testament :

—Daniel "Le quart régne qui regnera Par les jambes de ceste ymage Qui sont de fer , a bref langage, Est signifié , sans mescompte .  Tout ainsi commele fer dompte Tous autres metaulx, on verra Que ce régne cy domptera Autres régnes : soyez certains, Sera le régne des Rommains,  Qui sera en haulte excellence" .

 

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Histoire de Daniel,  baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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3. et 4. Daniel interprète le songe de la statue aux pieds d'argile : la prophétie des quatre royaumes.

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"C’est à toi, le roi des rois, que le Dieu du ciel a donné royauté, puissance, force et gloire. C’est à toi qu’il a remis les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, quelle que soit leur demeure ; c’est toi qu’il a rendu maître de toute chose : la tête d’or, c’est toi. Après toi s’élèvera un autre royaume inférieur au tien, ensuite un troisième royaume, un royaume de bronze qui dominera la terre entière.  Il y aura encore un quatrième royaume, dur comme le fer. De même que le fer brise et écrase tout, de même, il pulvérisera et brisera tous les royaumes. Tu as vu les pieds qui étaient en partie d’argile et en partie de fer : en effet, ce royaume sera divisé ; il aura en lui la force du fer, comme tu as vu du fer mêlé à l’argile. Ces pieds en partie de fer et en partie d’argile signifient que le royaume sera en partie fort et en partie faible. Tu as vu le fer associé à l’argile parce que les royaumes s’uniront par des mariages ; mais ils ne tiendront pas ensemble, de même que le fer n’adhère pas à l’argile. 

Or, au temps de ces rois, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et dont la royauté ne passera pas à un autre peuple. Ce dernier royaume pulvérisera et anéantira tous les autres, mais lui-même subsistera à jamais. C’est ainsi que tu as vu une pierre se détacher de la montagne sans qu’on y ait touché, et pulvériser le fer, le bronze, l’argile, l’argent et l’or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit ensuite advenir. Le songe disait vrai, l’interprétation est digne de foi. »

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Description : Daniel, imberbe et jeune dans sa tunique blanche ( c'est un tout jeune homme) , est nimbé. Ses trois compagnons, en désaccord avec le texte biblique, sont âgés, barbus,  et montrent des éléments les présentant comme Juifs selon les codes du temps : bonnet conique, franges aux bords des vêtements, coiffe à oreillettes et châle sur la tête.

Devant eux est assis Nabuchodonosor  sous un pavillon près de son garde à hallebarde et plumet.

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Note : l'inscription en grisaille NABUCODONOSOR imite les lettres gothiques aux fûts perlées des vitraux de  la baie 236, mais le peintre du XXe siècle pourtant remarquable est incapable de reprendre le tour de force de tracer cette inscription en lettres isolées, faites d'une pièce de verre coloré. Nous évaluons mieux l'art des verriers de Troyes vers 1500.

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Histoire de Daniel,  baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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5 et 6. Nabuchodonosor reconnaît le Dieu d'Israël.

 

" Alors, le roi Nabucodonosor tomba face contre terre. Se prosternant devant Daniel, il ordonna qu’on lui présente une offrande de céréales et un sacrifice d’agréable odeur.  Le roi prit la parole et dit à Daniel : « En vérité, votre Dieu est le Dieu des dieux, le Seigneur des rois, celui qui révèle les mystères, puisque tu as su nous révéler ce mystère. » Puis le roi conféra un rang élevé à Daniel et lui offrit de riches et nombreux cadeaux. Il lui donna autorité sur toute la province de Babylone et en fit le préfet suprême de tous les sages de Babylone. Daniel demanda au roi de confier l’administration de la province de Babylone à Sidrac, Misac et Abdénago. Quant à Daniel, il était à la cour du roi. "

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Description : Le roi est agenouillé tête nue devant Daniel qui le domine et désigne son Dieu. Le choix de montrer ici le Crucifié est discutable dans cette scène vétéro-restamentaire.

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Histoire de Daniel,  baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Le monogramme du peintre verrier ou du donateur dans les tympans du triforium.

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Comme le signale Charles Fichot en 1899, alors que les lancettes avaient été brisées, leurs tympans persistaient et le monogramme, attribué par Fichot à Jean Corart, y ont été relevées. Toutefois ce relevé est inversé et en miroir de la réalité.

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Charles Fichot p.230

 

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On peut lire ce monogramme JC ou JD. Le monogramme JC peut correspondre à Jehan Coiffart. On pourrait comprendre que le donateur, n'ayant pas d'armoiries, ait placé ici ses initiales. Les monogrammes des peintres verriers qui figurent dans les autres baies sont bien différents, à type de clefs barrées et s'apparentent aux marques des artisans tailleurs de pierre. 

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Mais le monogramme est assez proche de celui qui figure sur la baie 134 , offerte par Jehan Thévenin et Agnès Bonjean. Il a été recensé par l'abbé Coffinet dans sa monographie sur les peintres-verriers.

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Monogramme de la baie 134.

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Histoire de Daniel,  baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel,  baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 136 (triforium) de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE  236.

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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7. Suzanne ferme la porte de son jardin, accompagnée de ses deux servantes, afin de prendre un bain.

L'épouse de Joakim,  un israélite de Babylone, était très belle ; et elle se prénommait Suzanne.  Joakim était très riche, et il possédait un jardin auprès de sa maison ; les Juifs affluaient chez lui, car il était le plus illustre d’entre eux. Etparmi ceux-ci, étaient deux vieillards, élus juges cette année-là. "Lorsque le peuple s’était retiré, vers midi, Suzanne entrait dans le jardin de son mari, et s’y promenait." Livre de Daniel 13:7

Mais pour l'observer, deux juges se sont cachés dans le jardin. Car ils la désiraient.

Inscription SVSANE. (N rétrograde).

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Extrait du Vieil Testament :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5055x/f301.item.r=troyes

"—SUSANNE (à Joachin) Mon amy, affin d 'abreger mon propos, il faict si treschault Qu'il mefault aller soullager , Car en effect le cueur me fault. ' C 'est ung jardin qui beaucop vault : Il est frès, il est umbrageux ; Puis la fontaine saulte hault ; Est il possible d 'estre mieulx ?

—JOACHIN Allez , le plaisir de mes yeulx , Mon amour, la belle des belles, Humble maintien , cueur gracieux ; On n 'en trouve guéres de telles.

—SUSANNE Ou estes vous, mes damoyselles? Venez après moy vistement.

—LA PREMIÉRE DAMOYSELLE ' Nous y allons.

—SUSANNE Ça, ça , pucelles ; Cheminons tout beau , bellement."

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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8. Suzanne au bain est surprise par les deux vieillards .

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"Lorsque le peuple s’était retiré, vers midi, Suzanne entrait dans le jardin de son mari, et s’y promenait. Les deux anciens la voyaient chaque jour entrer et se promener, et ils se mirent à la désirer : ils pervertirent leur pensée, ils détournèrent leurs yeux pour ne plus regarder vers le ciel et ne plus se rappeler ses justes décrets. Tous deux brûlaient de convoitise, mais ne se l’avouaient pas l’un à l’autre, car ils avaient honte d’avouer leur désir de s’unir à elle. Chaque jour, ils guettaient avidement l’occasion de la voir. Un jour, ils se dirent l’un à l’autre : « Rentrons chez nous, c’est l’heure de déjeuner », et ils se séparèrent. Mais chacun revint sur ses pas, et ils se retrouvèrent au même endroit. Se questionnant alors mutuellement, ils s’avouèrent leur désir. Et ils se mirent d’accord sur le moment où ils pourraient la trouver seule.  Ils guettaient le jour favorable, lorsque Suzanne entra, comme la veille et l’avant-veille, accompagnée seulement de deux jeunes filles ; il faisait très chaud, et elle eut envie de prendre un bain dans le jardin. Il n’y avait personne, en dehors des deux anciens qui s’étaient cachés et qui l’épiaient. Suzanne dit aux jeunes filles : « Apportez-moi de quoi me parfumer et me laver, puis fermez les portes du jardin, pour que je puisse prendre mon bain. »Ainsi firent-elles : fermant la porte du jardin, elles entrèrent dans la maison par la porte de service pour y chercher ce que Suzanne leur avait demandé. Elles ne virent pas les anciens, qui étaient cachés."

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

 

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9. Un faux témoignage : Suzanne est accusée par les vieillards d'avoir trompé son mari avec un jeune homme.

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"Les deux anciens la voyaient chaque jour entrer et se promener, et ils se mirent à la désirer : ils pervertirent leur pensée, ils détournèrent leurs yeux pour ne plus regarder vers le ciel et ne plus se rappeler ses justes décrets. Tous deux brûlaient de convoitise, mais ne se l’avouaient pas l’un à l’autre, car ils avaient honte d’avouer leur désir de s’unir à elle. Chaque jour, ils guettaient avidement l’occasion de la voir. Un jour, ils se dirent l’un à l’autre : « Rentrons chez nous, c’est l’heure de déjeuner », et ils se séparèrent. Mais chacun revint sur ses pas, et ils se retrouvèrent au même endroit. Se questionnant alors mutuellement, ils s’avouèrent leur désir. Et ils se mirent d’accord sur le moment où ils pourraient la trouver seule. Ils guettaient le jour favorable, lorsque Suzanne entra, comme la veille et l’avant-veille, accompagnée seulement de deux jeunes filles ; il faisait très chaud, et elle eut envie de prendre un bain dans le jardin. Il n’y avait personne, en dehors des deux anciens qui s’étaient cachés et qui l’épiaient. Suzanne dit aux jeunes filles : « Apportez-moi de quoi me parfumer et me laver, puis fermez les portes du jardin, pour que je puisse prendre mon bain. » Ainsi firent-elles : fermant la porte du jardin, elles entrèrent dans la maison par la porte de service pour y chercher ce que Suzanne leur avait demandé. Elles ne virent pas les anciens, qui étaient cachés. Dès que les jeunes filles furent sorties, les deux anciens surgirent, coururent vers Suzanne et lui dirent : « Les portes du jardin sont fermées, on ne nous voit pas ; nous te désirons, sois consentante et viens avec nous. Autrement nous porterons contre toi ce témoignage : il y avait un jeune homme avec toi, et c’est pour cela que tu as renvoyé les jeunes filles. » Suzanne dit en gémissant : « De tous côtés, je suis prise au piège : si je vous cède, c’est la mort pour moi ; et si je refuse de céder, je n’échapperai pas à vos mains. Mieux vaut pour moi tomber entre vos mains sans vous céder, plutôt que de pécher aux yeux du Seigneur. »

 Alors Suzanne poussa un grand cri, et les deux anciens se mirent à crier contre elle. L’un d’eux courut ouvrir les portes du jardin. Les gens de la maison, entendant crier dans le jardin, se précipitèrent par la porte de service pour voir ce qui arrivait à Suzanne. Quand les anciens eurent raconté leur histoire, les serviteurs furent remplis de honte, car jamais on n’avait dit pareille chose de Suzanne. Le lendemain, le peuple se rassembla chez Joakim son mari. Les deux anciens arrivèrent, remplis de pensées criminelles contre Suzanne, et décidés à la faire mourir. Ils dirent devant le peuple : « Envoyez chercher Suzanne, fille d’Helkias, épouse de Joakim. » On l’envoya chercher. Elle se présenta avec ses parents, ses enfants et tous ses proches. Suzanne avait les traits délicats et elle était belle à voir.

 Comme elle était voilée, ces misérables ordonnèrent qu’on la dévoile, pour pouvoir profiter de sa beauté.

 Tous les siens pleuraient, ainsi que tous ceux qui la voyaient. Les deux anciens se levèrent au milieu du peuple, et posèrent les mains sur sa tête. Tout en pleurs, elle leva les yeux vers le ciel, car son cœur était plein de confiance dans le Seigneur.

Les anciens déclarèrent : « Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, cette femme y est entrée avec deux servantes. Elle a fermé les portes et renvoyé les servantes. Alors un jeune homme qui était caché est venu vers elle, et a couché avec elle. Nous étions dans un coin du jardin, nous avons vu le crime, et nous avons couru vers eux. Nous les avons vus s’unir, mais nous n’avons pas pu nous emparer du jeune homme, car il était plus fort que nous : il a ouvert la porte et il s’est échappé. Mais elle, nous l’avons saisie, et nous lui avons demandé qui était ce jeune homme ;  elle n’a pas voulu nous le dire. De tout cela, nous sommes témoins. » L’assemblée les crut, car c’étaient des anciens du peuple et des juges, et Suzanne fut condamnée à mort."

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Inscription SVSANE. (N rétrograde).

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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10. Joakim, les  servantes et le père de Suzanne assistent au jugement des vieillards et se lamentent.

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Inscription JOACHIN (N rétrograde).

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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11. Suzanne est conduit au supplice par deux bourreaux, devant  les deux juges.

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Inscription SUSANE (N rétrograde).

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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12. Daniel  s'écrit : "je suis innocent de la mort de cette femme !".

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 "Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla l’esprit de sainteté chez un tout jeune garçon nommé Daniel, qui se mit à crier d’une voix forte : « Je suis innocent de la mort de cette femme ! » Tout le peuple se tourna vers lui et on lui demanda : « Que signifie cette parole que tu as prononcée ? » Alors, debout au milieu du peuple, il leur dit : « Fils d’Israël, vous êtes donc fous ? Sans interrogatoire, sans recherche de la vérité, vous avez condamné une fille d’Israël. Revenez au tribunal, car ces gens-là ont porté contre elle un faux témoignage. » "

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Inscription DANIEL (N rétrograde)

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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13. Daniel siège au tribunal et confond les deux vieillards : il  innocente Suzanne .

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"Tout le peuple revint donc en hâte, et le collège des anciens dit à Daniel : « Viens siéger au milieu de nous et donne-nous des explications, car Dieu a déjà fait de toi un ancien. »  Et Daniel leur dit : « Séparez-les bien l’un de l’autre, je vais les interroger. »

 Quand on les eut séparés, Daniel appela le premier et lui dit : « Toi qui as vieilli dans le mal, tu portes maintenant le poids des péchés que tu as commis autrefois en jugeant injustement : tu condamnais les innocents et tu acquittais les coupables, alors que le Seigneur a dit : “Tu ne feras pas mourir l’innocent et le juste.” Eh bien ! si réellement tu as vu cette femme, dis-nous sous quel arbre tu les as vus se donner l’un à l’autre ? » Il répondit : « Sous un sycomore. » Daniel dit : « Voilà justement un mensonge qui te condamne : l’Ange de Dieu a reçu un ordre de Dieu, et il va te mettre à mort. »

 Daniel le renvoya, fit amener l’autre et lui dit : « Tu es de la race de Canaan et non de Juda ! La beauté t’a dévoyé et le désir a perverti ton cœur. C’est ainsi que vous traitiez les filles d’Israël, et, par crainte, elles se donnaient à vous. Mais une fille de Juda n’a pu consentir à votre crime. Dis-moi donc sous quel arbre tu les as vus se donner l’un à l’autre ? » Il répondit : « Sous un châtaignier. » Daniel lui dit : « Toi aussi, voilà justement un mensonge qui te condamne : l’Ange de Dieu attend, l’épée à la main, pour te châtier, et vous faire exterminer. »

 Alors toute l’assemblée poussa une grande clameur et bénit Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui.  Puis elle se retourna contre les deux anciens que Daniel avait convaincus de faux témoignage par leur propre bouche. "Conformément à la loi de Moïse, on leur fit subir la peine que leur méchanceté avait imaginée contre leur prochain : on les mit à mort. Et ce jour-là, une vie innocente fut épargnée. Helkias et sa femme louèrent Dieu au sujet de leur fille Suzanne, avec Joakim son mari et tous leurs proches, parce qu’il ne s’était trouvé en elle rien de répréhensible.  À partir de ce jour, Daniel devint grand aux yeux du peuple."

Inscription DANIEL (N rétrograde)

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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14 et 15 : les deux vieillards sont condamnés à mort et lapidés par deux bourreaux.

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Notez la tenue bariolée bleue et orange, et les chausses ajustées, caractéristiques des bourreaux ou des soldats, tandis que les gens biens portent des vêtements de couleur unie.

Les pierres (de même que les boules rouges dans les coins de chaque panneau) ont sans doute été montées en chef d'œuvre (malgré les plombs réparant les casses successives). 

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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16. Début de Festin de Balthazar, chapitre 5 du Livre de Daniel. L'inscription sur le mur.

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Balthazar est, dans ce Livre, le fils de Nabuchodonosor. Il adore les faux-dieux. Un jour, il donne un grand festin et fait servir les plats et les boissons dans la vaisselle spoliée par son père dans le Temple de Jérusalem. Avec ses grands, ses épouses et ses concubines.

Mais

"Soudain on vit apparaître, en face du candélabre, les doigts d’une main d’homme qui se mirent à écrire sur la paroi de la salle du banquet royal. Lorsque le roi vit cette main qui écrivait, il changea de couleur, son esprit se troubla, il fut pris de tremblement, et ses genoux s’entrechoquèrent."

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Note : le chien blanc au collier rouge rappelle le chien de Tobie dans la verrière 229.

L'inscription est tracée par la main tenant un stylet blanc. Il est étonnant que l'artiste n'en n'ait pas donné le texte, devenu  une sentence.

Voir :

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HJeures de Louis de Laval f. 338v. Gallica.

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Heures de Louis de Laval f.338v détail. Gallica

 

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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17. Suite du festin de Balthazar.

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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18. Le roi Balthazar demande sans succès à ses mages de déchiffrer l'inscription.

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"Le roi cria de faire entrer les mages, les devins et les astrologues. Il prit la parole et dit aux sages de Babylone : « L’homme qui lira cette inscription et me l’interprétera, on le revêtira de pourpre, on lui mettra un collier d’or, et il sera le troisième personnage du royaume. » Tous les sages du roi entrèrent donc, mais ils ne purent lire l’inscription ni en donner au roi l’interprétation. Le roi Balthazar en était épouvanté : son visage changea de couleur, et les grands du royaume furent atterrés."

 

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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19. Daniel donne au roi Balthazar le sens de  l'inscription "Mené, Mené Tequèl, Ou-Phrasine".

 

La reine suggère au roi de faire appel aux dons de Daniel.

" J’ai entendu dire aussi que tu es capable de donner des interprétations et de résoudre des questions difficiles. Si tu es capable de lire cette inscription et de me l’interpréter, tu seras revêtu de pourpre, tu porteras un collier d’or et tu seras le troisième personnage du royaume. » Daniel répondit au roi : « Garde tes cadeaux, et offre à d’autres tes présents ! Moi, je lirai au roi l’inscription et je lui en donnerai l’interprétation.  Ô roi, le Dieu Très-Haut avait donné à ton père le roi Nabucodonosor la royauté, la grandeur, la gloire et la splendeur. La grandeur qui lui était donnée faisait trembler de crainte devant lui tous les peuples, nations et gens de toutes langues. Il tuait qui il voulait, laissait vivre qui il voulait ; il élevait qui il voulait, abaissait qui il voulait.  Mais lorsque son cœur devint hautain, son esprit dur jusqu’à l’orgueil, il fut jeté à bas de son trône royal, et sa gloire lui fut retirée. On le chassa d’entre les hommes, son cœur devint comme celui des bêtes ; il demeura avec les ânes sauvages, on le nourrissait d’herbe comme les bœufs ; son corps était trempé par la rosée du ciel, jusqu’au moment où il reconnut que le Dieu Très-Haut est maître du royaume des hommes et place à sa tête qui il veut.

 Toi, son fils Balthazar, tu n’as pas abaissé ton cœur, et pourtant, tu savais tout cela.Tu t’es élevé contre le Seigneur du ciel ; tu t’es fait apporter les vases de sa Maison, et vous y avez bu du vin, toi, les grands de ton royaume, tes épouses et tes concubines ; vous avez entonné la louange de vos dieux d’or et d’argent, de bronze et de fer, de bois et de pierre, ces dieux qui ne voient pas, qui n’entendent pas, qui ne savent rien. Mais tu n’as pas rendu gloire au Dieu qui tient dans sa main ton souffle et tous tes chemins.

C’est pourquoi il a envoyé cette main et fait tracer cette inscription.  En voici le texte : Mené, Mené, Teqèl, Ou-Pharsine. Et voici l’interprétation de ces mots : Mené (c’est-à-dire “compté”) : Dieu a compté les jours de ton règne et y a mis fin ; Teqèl (c’est-à-dire “pesé”) : tu as été pesé dans la balance, et tu as été trouvé trop léger ; Ou-Pharsine (c’est-à-dire “partagé”) : ton royaume a été partagé et donné aux Mèdes et aux Perses. »

 Alors, Balthazar ordonna de revêtir Daniel de pourpre, de lui mettre au cou un collier d’or et de proclamer qu’il deviendrait le troisième personnage du royaume."

L'inscription condamnant le roi est souvent citée sous la forme MANÉ TECKEL PHARES.

La main de Dieu tenant la plume ou le stylet se retrouve au dessus de la tête de Daniel.

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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20. Conformément à la prophétie de Daniel, le roi Balthazar est tué le lendemain même par Darius.

"Cette nuit-là, Balthazar, le roi des Chaldéens, fut tué." Daniel 5:30

"Darius le Mède reçut le royaume. Il avait soixante-deux ans." Dn 6:1

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Inscription DARIVS.

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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21. le prophète Hababuc apporte un repas à Daniel jeté dans la fosse aux lions.

Livre de Daniel  14 29-42.

Résumé :

Sous le règne de Darius , les Babyloniens vénéraient Bēl et aussi un grand serpent. Cyrus demande à Daniel d'adorer ce dernier, ce que Daniel refuse de faire. À son tour, pour montrer que le serpent n'était pas un dieu, Daniel affirme qu'il pouvait le tuer sans épée, ni bâton. Darius lui accorde le droit de tenter. Daniel fabriqua des boules empoisonnées, que le serpent mangea et dont il mourut. Les prêtres de Bēl se retournèrent contre Darius et menacèrent de le déposer s'il ne leur livrait pas Daniel. Le roi cède et les prêtres jettent Daniel dans la fosse où se trouvaient sept lions affamés. Daniel reste six jours dans la fosse.

Le petit prophète Habacuc se trouvait en Judée ; il avait fait cuire un repas et il partait pour le donner aux moissonneurs. Or, l'ange du Seigneur le saisit par les cheveux du sommet du crâne et le transporta à Babylone, au-dessus de la fosse aux lions. Habacuc donna à manger à  Daniel.

Le septième jour, Darius vint pleurer son ami Daniel, et le trouva bien vivant ! Le roi loua le Dieu de Daniel et les prêtres de Bēl furent jetés dans la fosse et dévorés aussitôt.

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Le texte biblique est savoureux :

 

Il y avait alors en Judée le prophète Habacuc. Il venait de faire cuire une bouillie et de mettre des petits morceaux de pain dans une corbeille, pour aller les porter aux moissonneurs dans les champs. L’ange du Seigneur dit à Habacuc : « Le repas que tu tiens, porte-le à Babylone, à Daniel, dans la fosse aux lions. »  Habacuc dit : « Seigneur, je n’ai jamais vu Babylone et je ne connais pas la fosse. »  L’ange du Seigneur le saisit par le sommet de la tête, le porta par les cheveux et, dans la violence de son souffle, le déposa à Babylone au-dessus de la fosse.  Habacuc cria : « Daniel, Daniel, prends le repas que Dieu t’envoie ! » Daniel dit alors : « Tu t’es souvenu de moi, mon Dieu ; tu n’abandonnes pas ceux qui t’aiment. »

 

L'artiste a représenté Hababuc sur une nuée, transportée par l'ange qui le soutient par les cheveux.

Inscription principale : ABACHUC.

Inscription sur le galon de la manche : ABACH[UC]

Inscription sur le col : ROER

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Comparez avec :

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Bible, BM Valencienne 0007, XVIe siècle

 

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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22. Daniel dans la fosse aux lions.

Daniel 14 :39-42.

" Il se leva et mangea. L’ange de Dieu ramena aussitôt Habacuc à l’endroit d’où il venait. Le septième jour, le roi vint pleurer Daniel. Il arriva à la fosse et regarda. Voici que Daniel s’y trouvait, assis. Alors le roi s’écria d’une voix forte : « Tu es grand, Seigneur, Dieu de Daniel ! Il n’est pas d’autre Dieu que toi ! ». Puis il fit sortir Daniel de la fosse et y jeta ceux qui avaient voulu causer sa perte : ils furent aussitôt dévorés devant lui.

 

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Inscription DANIEL.

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Histoire de Daniel,  baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Histoire de Daniel, baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LES LANCETTES E ET F, REGISTRE INFÉRIEUR : LE COUPLE DE DONATEURS.

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Les donateurs (1499)  de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Les donateurs (1499) de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Jehan Coiffart présenté par saint Jean-Baptiste.

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Jean-Baptiste s'identifie par sa barbe et ses longs cheveux, par son manteau en poil de chameau, et à l'agneau posé sur le livre et tenant l'étendard de la Résurrection. Il s'identifie également par l'nscription ECCE AGNUS DEI

Jehan Coiffart est agenouillé, mains jointes sur une croix, mais à la différence des autres donateurs, bourgeois anoblis, il n'est pas face à un prie-dieu portant un livre de prières, et nappé d'un drap à ses armes.

Par contre, la couleur violette de son manteau est celle de tous les donateurs.

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Jehan Coiffart, donateur en 1499  de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Jehan Coiffart, donateur en 1499 de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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Marguerite Coiffart présentée par sainte Marguerite.

La sainte est figurée, comme toujours, sortant du dos d'un dragon ailé, et tenant en main le crucifix qui l'a aidé à s'échapper du monstre qui l'avait avalée. La queue du dragon s'élève jusqu'à la branche de la croix.

Marguerite Coiffart  est agenouillée mains jointes, elle aussi n'a pas de prie-dieu. Elle porte une robe bleue, une coiffe noire, un chapelet à gros grains, et un sac rouge coincé entre thorax et bras : ce pourrait être son livre de prière, enveloppé dans son sac de transport selon la mode des "livres de ceinture".

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Marguerite Coiffart, donatrice en 1499  de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Marguerite Coiffart, donatrice en 1499 de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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En haut, la colombe du Saint-Esprit vole dans les rayons diffusés par une nuée. Cela répond au panneau supérieur de la baie 229 (Dieu le Père) et 232 (le Christ).

Plus bas, est représenté le Couronnement de la Vierge (à gauche) par le Père (à droite) bénissant et tenant le globe du monde.  Les deux personnages, assis sur des cathèdres, se détachent sur un ciel rouge à neuf étoiles blanches.

Presque tout le reste du tympan est occupé par neuf séraphins aux ailes bleues.

Les écoinçons recoivent soit des fleurs de lys, soit des branches écotées.

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Tympan de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie 236 de la cathédrale de Troyes. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— COFFINET (Abbé Jean-Baptiste), 1858,Les peintres-verriers de Troyes pendant trois siècles depuis 1375 jusqu'à 1690 "Peintres-verriers. Nomenclature des peintres-verriers de Troyes depuis 1375 jusqu'à 1690". Annales archéologiques, 1858, t. 18, p. 212-224.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f153.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f252.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693408c/f250.item

— FICHOT (Charles), 1889, Statistique monumentale du département de l'Aube page 220

https://www.google.fr/books/edition/Statistique_monumentale_du_d%C3%A9partement/-6jnG1emOHgC?hl=fr&gbpv=1&dq=civitas+ninive&pg=PA220&printsec=frontcover

—  JUBAINVILLE (Henri d'Arbois de), 1862, "Documents relatifs aux travaux de construction faits à la cathédrale de Troyes pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles" [second article].Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1862  23  pp. 393-423

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_445819

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1862_num_23_1_461956

— LAFOND (Jean) 1955, "Les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Troyes". In Société française d'archéologie, éd. Congrès archéologique de France : 113e session, Troyes, 1955. Orléans ; Nogent-le-Rotrou, 1957, p. 29-62.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32099177/f59.item

— LEDIT (Charles-J. Abbé) 1948,  Les Hautes verrières de la cathédrale de Troyes, préfacées par S. E. Mgr Julien Le Couedic,.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3339359k.texteImage?lang=FR

— LIEZ (Jean-Luc), 2022, "Regard(s) sur l’héraldique à Troyes au XVIe siècle". ffhal-03940420f

https://hal.science/hal-03940420/document

—MARSAT (André), ‎Charles J. Ledit, ‎Angelico Surchamp · 1972 Cathédrale de Troyes, les vitraux

— MINOIS (Danielle), 2005 Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560) .Sorbonne Université presses Corpus vitrearum France Etudes VI, 1 vol. (475 p.-XXIV p. de pl.) : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 33 cm

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

— MINOIS (Danielle), 2003, thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la direction de Fabienne Joubert et Michel Hérald,  La peinture sur verre à Troyes à la fin du Moyen Age

—PASTAN (Élisabeth C.  BALCON (Sylvie), 2006,  Les vitraux du chœur de la cathédrale de Troyes (xiiie siècle), Paris, Cths, coll. « Corpus vitrearum - France II », 2006, 539 p.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2010_num_168_3_7592_t19_0308_0000_1

— RIVIALE (Laurence),  "Danielle Minois, Le vitrail à Troyes : les chantiers et les hommes (1480-1560). Paris, P.U.P.S., 2005, 475 p. (Corpus vitrearum France, études VI)." In: Bulletin Monumental, tome 166, n°1, année 2008. La galerie à Paris (XIVe-XVIIe siècle) pp. 85-86.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2008_num_166_1_2453_t14_0085_0000_1

 

— SITES

Eglises du confluent :

https://www.eglisesduconfluent.fr/Pages/VIT-10Troyes-CathStPierreStPaul.php

 

Archives de la cathédrale de Troyes :

https://www.google.fr/books/edition/INVENTAIRE_SOMMAIRE_DES_ARCHIVES_DEPARTE/RZcNAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22la+Mosl%C3%A9e%22&pg=PA315&printsec=frontcoverhttps://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Troyes-Saint-Pierre-et-Saint-Paul.htm

Inventaire :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000423

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM10000408

 

https://www.culture.gouv.fr/ar/29/5/2/2/4/Travaux-de-mise-en-securite-et-de-protection-de-la-Cathedrale-de-Troyes

https://abedehem.blogspot.com/2016/11/des-troyens-en-champagne.html

 

 

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