Le vitrail de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault (29) au Musée Départemental Breton de Quimper. Vers 1530.
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— Sur Dinéault, voir :
- L'église Sainte Marie-Madeleine de Dinéault (29). I. Les bannières.
- L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault. II. Quelques images de la messe de la Chasse.
— Sur les vitraux du XVIe siècle en Bretagne, et particulièrement en Finistère, utiliser "Rechercher" en haut à droite avec le mot Vitraux. Deux vitraux doivent être mis en lien en raison de leur rapport étroit avec ce vitrail de Saint-Exupère :
- Iconographie de saint Christophe : le vitrail (vers 1520) de l'église Saint-Hilaire de Clohars-Fouesnant (29).
- Les vitraux du XVIe siècle de la chapelle Sainte-Barbe du Faouët (56) : II. la Transfiguration. Baie 2. ca. 1512-1515.
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Comme pour beaucoup des œuvres que j'ai présenté ici, j'ai cru pouvoir rédiger un article aéré, bref et agréable à lire, mais j'ai été une nouvelle fois confronté à la complexité de mon sujet. Désolé !
Les points d'intérêt ou de discussion sont les suivants :
- Le thème (Donateur + saint-évêque+ Marie-Madeleine + Vierge)
- Les dais à angelots, d'intérêt reconnu depuis le XIXe.
- Les rapports avec les autres vitraux aux dais semblables.
- La datation stylistique et la comparaison avec les autres vitraux contemporains du Finistère
- L'inscription identifiant le saint (vite réglée : saint Exupère et non saint Paterne comme on le lit encore)
- L'identification du donateur ( Rolland de Kersauzon et non Raoul comme le proposait R. Barrié repris par le Corpus).
- L'absence de donatrice.
- L'interprétation des armoiries, particulièrement ardue.
- Les relations avec le calvaire de la chapelle, et son écu.
J'ai largement utilisé les textes des auteurs cités en référence.
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Présentation générale.
Situation de la chapelle Sant Dispar et toponymie.
Sur la carte IGN, la chapelle St Exuper apparaît légèrement en contrebas à l'ouest du hameau de Loguispar [loc-Ispar, "l'ermitage d'Ispar"], sa fontaine (point bleu) étant placée sur un petit cours d'eau, à 120 m d'altitude environ.
Si l'on suit ce cours d'eau, vers le nord, on le voit se jeter dans une courbe de l'Aulne et on y voit trois lieux-dits : Bois de Rozarnou, Le Moulin de Rozarnou, et Rozarnou. Nous verrons que les seigneurs de Rosarnou (dont le manoir a totalement disparu) vont bientôt nous concerner. Mais retenons surtout que l'ermitage de saint Dispar s'est établi — sur les pentes dénudée du Menez-Hom— au sommet d'un vallon boisé, fertilisé et animé par un cours d'eau.
La carte de Cassini, la plus ancienne dont nous disposons (vers 1780) mentionnent les lieux-dits de St Exuper, Les Guilper et Rosarnoult. La carte d'Etat-Major (1820-1866) indique St Exupère Chelle, Loguisper, et Min.
—Carte IGN et photos aériennes : http://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.132471&y=48.226700&z=16&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS&layer2=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS.1950-1965&mode=doubleMap
— Carte IGN et carte de Cassini :
http://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.132686&y=48.229366&z=15&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.CASSINI&mode=doubleMap
L'étymologie du toponyme Rozarnou s'accorde à ce paysage, puisque le radical Roz- signifie "coteau, colline" et vient du vieux-breton ros "tertre, hauteur" (voir la motte féodale du Rozenn à l'Aber de Crozon) . Peut-être "le coteau d'Arnou" (cf le patronyme Abarnou, "fis d'Arnou) ? Arthnou, apparaît au Cartulaire de Redon dans une charte de 882, et Arnou à Cleder en 1446. A. Deshayes signale le toponyme Kerarnou à Quimper.
— Cadastre napoléonien : 3P47/2/21 Section B2 de Rozarnou 1848. : Toponymes Loguisper et St Exuper, Fontaine St Exuper , Moulin de Rozarnou et Bois de Rozarnou.
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Histoire de cette verrière.
Elle aurait été offerte à la chapelle Saint-Dispar de Dinéault par Raoul ou Rolland de Kersauzon, et elle ornait le chevet de cette chapelle, avant sa reconstruction en 1892. La fabrique de la paroisse envisagea de la vendre au Musée parisien du vitrail de Lucien Magne ou à des amateurs tels Chappée du Mans. Le peintre verrier Küchelbecker avait fait office d'expert avant cette cession. En 1893, elle a été acquise par la Société archéologique du Finistère, inv. 893 1.1, et déposée au Musée archéologique, fondé en 1846 par la S.A.F. , et qui s'installa dans l'ancien évêché (l'actuel Musée Départemental Breton) à Quimper en 1911. Auparavant, la verrière a été restaurée et complétée en 1896 par le peintre concarnois Théophile Deyrolle associé au peintre parisien Megnen-Cesbron. Ceux-ci restituèrent le panneau supérieur de la lancette centrale, qui avait été remplacé au XVIIIe siècle par un morceau étranger à la verrière.
Elle occupe, au rez-de-chaussée du Musée, une salle où se trouve aussi l'ancienne maîtresse-vitre de Saint-Gunthiern à Langolen. Au centre de la pièce se trouve le gisant de Yves Le Bervet du Parc par Roland Doré (1640).
Le pourquoi et le comment de la vente. Selon Roger Barrié. Sur le blog de Jean-Pierre Le Bihan
http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/page/46
"Le 2 juin 1893, Yves Berthou, recteur de Dinéault, écrit à l’évêque de Quimper pour expliquer quelle nécessité financière conduit la fabrique à vendre cette oeuvre d’art ; on y perçoit une certaine gêne et comme une mauvaise conscience, le recteur se désolidarise de ses paroissiens et paraît trouver de la fierté, sorte de réconfort moral, à considérer non pas tant la surenchère que la sensibilité artistique des éventuels acheteurs, tous gens considérables et cultivés.
« la chapelle de saint Exupère menaçant de tomber en ruines, le conseil de la fabrique.., a décidé de la reconstruire entièrement sauf le clocher... Si Monseigneur veut bien autoriser l’aliénation du vitrail saint Exupère qui du reste ne saurait être placé désormais dans la nouvelle chapelle, n’étant pas du même style, je crois pouvoir assurer à sa Grandeur que tous les travaux seront payés à la fin de l’année courante... Pour mon conseil de fabrique et tous mes paroissiens, le vitrail de saint Exupère n’a aucune va leur je pense même qu’ils me blâment de ne l’avoir pas cédé plus tôt. »
« Monsieur Kuchetbecker estime 500 fr la valeur commerciale du vitrail. Monsieur Chappée du Mans m’a offert 500 fr. Monsieur Deyrolles de Concarneau envoyé par Monsieur le Préfet du Finistère m ‘a offert 550 Fr... »
« Monsieur le Préfet du Finistère a dit également à l’adjoint au maire de Dinéault qu’il ferait tout son Possible pour venir voir notre vitrail à l’occasion du conseil de révision. Je n’ai pas eu la visite de Monsieur le Préfet. Monsieur Foucault, de Fiers, me propose 600 Fr. Enfin Monsieur le prévost de Paris me demande de vendre le vitrail au Ministère des Beaux-Arts pour le Musée des Vitraux exposé aux Arts décoratifs en me priant d’envoyer à Paris, aux frais de l’état, un ou deux panneaux, si cela est possible, ces Messieurs des Monuments Historiques ne pouvant quitter facilement la capitale à cause de leur occupation. Monsieur Leprévost croit fermement que l’état ferait l’acquisition de notre vitrail »"
La lecture de ces auteurs va nous permettre de débuter notre visite du Musée quimpérois, en toute connaissance de cause..
Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile.
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Cette verrière, datée vers 1530-1535 par R. Barrié, est composée de trois lancettes et d'un tympan à trois ajours. Elle mesure 2,65 m de haut et 1,70 m de large. Chaque lancette mesure 1,70 m de haut et 0, 47 m de large. Le réseau en pierre reproduit l'original. Chaque lancette est constituée de deux panneaux maintenus par deux barlotières et quatre vergettes. La verrière représente une Vierge à l'Enfant au centre, entourée de Marie-Madeleine à droite, et Saint-Exupère présentant un donateur, à gauche.
LE SUJET.
La composition associant un donateur présenté par un saint qui le patronne, +/- une donatrice présentée par une sainte, agenouillés face à la Vierge, est un motif particulièrement fréquent au XV et XVIe siècle en France et en Flandres. En peinture : La Vierge au chanoine Van der Paele de Van Eyck en 1430, Nicolas Rolin et Guigone de Salins autour du Polyptique de Beaune par Van der Weyden en 1443 serviront de balises spectaculaires.
En Bretagne, le duc Jean V fit réaliser sur ses grands chantiers de mécénat des vitraux reprenant ce thème : le chœur de la cathédrale de Quimper en 1417-1419 servira de jalon, où il est figuré avec son épouse et ses enfants de part et d'autre d'un Calvaire. Dans les baies latérales du chœur, les grandes familles nobles du duché se font représenter dans la même posture, présenté par le saint de leur choix. Dans la même cathédrale, sous le règne de Charles VIII et d'Anne de Bretagne, en 1495-1497, de nouveaux donateurs font réaliser de nouveaux vitraux de 16 fenêtres hautes sur le même principe : ici, la famille de Kerguelenen. Puis, dans leurs fiefs, de nombreux seigneurs reprennent cet exemple dans la chapelle ou l'église dans laquelle ils ont des prééminences : Jugement Dernier de l'église de Guengat en 1510, chapelle Sainte-Barbe au Faouët en 1512, maîtresse-vitre de Plogonnec (1520), Vitre de Saint Sébastien de l'église de Plogonnec (1525), etc, etc.
C'est donc dans ce contexte de mécénat et d'affirmation des prééminences seigneuriales que les seigneurs bretons font représenter leurs armoiries et leur effigies sur les monuments religieux en pleine reconstruction au début du XVIe siècle. Les armoiries de Kersauzon sont sculptées sur le porche de La Martyre dès 1420.
A la chapelle Sant-Dispar de Dinéault, le seigneur de Rosarnou s'est donc fait représenter sous la protection du saint titulaire de la chapelle, saint Exupère, face à la Vierge à l'Enfant. Du coté droit, il a fait figurer sainte Marie-Madeleine, sainte patronne de l'église de Dinéault. Une donatrice était-elle représentée jadis ? Le seigneur de Rosarnou était-il alors célibataire ??
Le couple Saint-Exupère / Sainte Marie-Madeleine, emblématique de la paroisse de Dinéault, se retrouvait aussi sur la bannière ancienne (XVIe siècle) dont est conservée une copie de 1925.
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I. LA LANCETTE DE GAUCHE : SAINT EXUPÈRE PRÉSENTE ROLLAND DE KERSAUZON, SEIGNEUR DE ROSARNOU.
Lancette A. Rolland de Kersauzon présenté par saint Exupère.
"Bien conservé. Le socle, le genoux et les pièces inférieures de la cotte du donateur ont été restaurés, ainsi que l'écu armorié de la tête de lancette. "(Gatouillat et Hérold 2005)
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Lancette A, Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile.
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Le saint évêque : Exupère.
"Dans la baie à droite de la Sainte-Vierge, est un saint évêque présentant un donateur ; c'est saint Exupère, patron de la chapelle, et dont le nom se lit sur la bordure courant à la hauteur de sa tête : EXVPATER. Est-ce saint Exupère, Exuperius, évêque de Toulouse (28 Septembre), dont saint Jérôme a fait un éloge spécial ? Est-ce un saint local ? Dans le peuple, on l'appelle sant Ispar.
L'évêque est vêtu de la dalmatique rouge et de la chasuble verte, ganté de violet pâle, avec anneau au pouce de la main droite, coiffé d'une mitre très riche, et tient une crosse à pied d'argent et à volute d'or de courbe très allongée, à ornementation feuillagée. (J.M Abgrall)
Comme le Corpus Vitrearum, l'article du site de la mairie, et celui de Wikipédia, signalent qu'il s'agit de saint PATERNE, premier évêque de Vannes et l'un des sept saints fondateurs de Bretagne. Pourtant Abgrall a lu EXU / PATER, et je lis clairement PATER. L'auteur de l'inscription aurait donné au nom Exupère une tournure latine par cet "Exupater". Saint Exupère, premier évêque de Toulouse, est la forme "romaine" de saint Dispar, Sant Dispar (ce qui signifie "sans pareil en breton"), dont le nom est attesté par le toponyme Loguisper, "ermitage d'Isper.
Notons néanmoins le proximité des sonorités du nom Dispar avec le nom Spire, Saint Spire étant la forme (à Corbeil) de Sanctus Exuperius, saint Exupère.
Dans tous les cas, je récuse la notion qu'il s'agit ici de saint Paterne, dont la présence serait incompréhensible.
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Lancette A, Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile.
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Le seigneur : Rolland de Kersauzon .
"Le seigneur qu'il présente est agenouillé, les mains jointes, devant un prie-Dieu sur lequel est ouvert un livre d'heures. Il a la tête découverte, et son casque à petit panache rouge est posé à terre. Il est vêtu de l'armure de fer : brassards, cuissards, jambières, éperons à molettes pointues. Son armure est couverte d'une cotte en étoffe toute blasonnée de ses armes : écartelé au 1 et 4 de gueules au fermail d'argent, qui est Kersauson (en 1562, Jean de. Kersauson était seigneur de Rosarnou, en Dinéault), au 2 et 3, d'azur à 3 molettes d'or 2 et 1, au chef d'or à 3 molettes d'azur en fasce, avec un vairé de gueules et d'argent brochant sur le tout, qui est des Lesguern, sieurs de Rosarnou. Ce sont les mêmes blasons que l'on retrouve dans les cinq écussons du haut des baies et des deux soufflets latéraux. "(J.M Abgrall).
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1°) Identité du donateur et lecture des armoiries.
Les recherches sur l'identité du donateur ont évolué de pair avec le décryptage des armoiries.
Différentes propositions se sont succédées afin de faire correspondre cette identité à la datation du vitrail, et aux armoiries qu'il comporte dans cette lancette et sur le tympan. Celles-ci peuvent être divisées en quatre quart numérotés 1 à 4 , et un élément central.
—Chacun s'accorde à reconnaître en 1 et 4 le fermail blanc sur fond rouge de gueules au fermail d'argent ardillonné de même, des Kersauson. Laissant de coté les autres parties, le jeu consiste à désigner le membre de la famille de Kersauzon, qui soit seigneur de Rosarnou (le fief de Dinéault) et qui soit contemporain de ce vitrail. Pour cela, nous nous repérerons sur la généalogie établie en ligne par Jean-Claude Bourgeois (infra).
a) En 1907, Abgrall (citation supra) nomme un (hypothétique) Jean de Kersauzon vivant en 1562.
b) En 1923, Louis Le Guennec propose Tanguy de Kersauzon, notamment parce qu'il voit dans le tympan le collier de l'ordre de saint-Michel dont Tanguy est le premier titulaire parmi les Kersauzon. Il estime le vitrail à 1555-1560.
c) En 1970 et 1978, Roger Barrié voyait dans ce donateur Raoul de Kersauzon. En effet, il date ce vitrail, selon ses caractères stylistiques, "avant 1536", ce qui écarte Tanguy de Kersauzon. D'autre part, il écarte l'indice du "collier de Saint-Michel", qui est à l'évidence une simple guirlande végétale. Pour proposer le nom de Raoul, il se fonde sur un registre des baptêmes de Dinéault entre 1549 et 1556 conservé aux Archives du Finistère Dinéault 5E qui mentionnent 5 baptêmes entre 1560 et 1566 dont le parrain est "Nobilis vir Radulphus de Kersauson, dominus de Coatmerret" . Ce qui atteste la présence à Dinéault de Raoul de Kersauson à cette époque. Par une confusion assumée (il s'oppose délibérément au "généalogiste de la famille qui aurait confondu deux personnages"), il fait, dans l'arbre généalogique qu'il dresse page 84 de sa thèse, de ce Raoul le sieur de Rosarnou, l'époux de Louise de Launay et le père de trois enfants dont Jean de Kersauzon, "auteur" de la branche de Rosarnou.
"Ce vitrail [...] est l’oeuvre d’un atelier quimperois, possédant un solide métier pictural. L’analyse stylistique et surtout la présence de Raoul de Kersauzon, avec des armoiries difficiles à interpréter, suggèrent une date immédiatement antérieure à 1536 " Roger Barrié. Arts de l’Ouest, 1977.I U.H.B, p.17-27
"Nous concluons que ce vitrail a été commandé avant la date de 1536, date de la mort du père du donateur, aux temps où Raoul de Kersauzon n'était encore que seigneur de Coetleguer, de Coetmerret et de Rosarnou, peut-être vers 1530-1535. Selon un contrat de 1535, le fils aîné porte les titres de seigneur de Coetleguer et Coetmerret. Rosarnou resta la propriété des fils aînés de la fin du XVe au début du XVIIe siècle. Cette terre faisait partie de la manse abbatiale de Landévennec.."
d) En 2005, Françoise Gatouillat et Michel Hérold pour le Corpus Vitrearum reprennent à leur compte l'hypothèse de Barrié et identifient le donateur comme étant Raoul de Kersauzon.
e) Aujourd'hui, nous disposons de la généalogie en ligne des Kersauzon par Jean-Claude Bourgeois qui permet de suivre la succession des différents seigneurs de Rosarnou, et de rectifier : L'époux de Louise de Launay et héritier du titre de seigneur de Rosarnou vers 1530 se nomme Rolland de Kersauzon, et, si la datation est exacte, c'est lui qui figure sur ce vitrail.
Raoul de Kersauzon était son frère cadet qui était chapelain de Saint-Martin en la cathédrale St-Pol-de-Léon, comme le précise la réformation de 1669 (J-C. Bourgeois in Tudchentil), et qui était en vie en 1551:
"Les quatre et cinquieme pieces sont deux actes des 22 et 27 Janvier l551, par lesquels se voit que led. Rolland de Kersauson avoit un frere nommé Raoul de Kersauson, qui fut chapelain de la chapellenie apellee de St-Martin, desservie en l’eglise cathedrale de St-Paul de Léon, en la chapelle du meme nom de St-Martin, fondee et dottee par feu messire Guillaume de Kersauson, en son vivant eveque de Leon, leur parent, signes : Crechqueraut et M. de Letang, Parcevaux et F. Mol, Raoul de Kersauson et Gresfin ; l’une d’icelles scellee."
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Généalogie simplifiée des Kersauson seigneurs de Rosarnou d'après Jean-Claude Bourgeois :
http://gw.geneanet.org/jcbo?lang=fr&p=rolland&n=de+kersauson
—Salomon Le Ny se maria avec Marguerite de Coetelz, puuis après 1383 avec Juzette de Kersauzon, d'où :
—Hervé le Ny, Sr de Kersauzon, décédé en 1483. Il épousa Aliette de Lanros puis Marguerite de Carpont, d'où :
—Jean Le Ny de Kersauzon (décédé avant 1474), Sr de Coatleguer, marié en 1459 avec Jeanne de Kerimel, d'où :
—Hervé II de Kersauzon, Sr de Rosarnou, décédé en 1495, marié avec Isabeau de Pontplancoët, d'où :.
— Guillaume de Kersauzon, marié en 1492 avec Catherine de Boutteville, fille de Jean IV de Boutteville, d'où :
— Rolland de Kersauzon Sr de Rosarnou, Sieur de Coatleguer. Marié le 24 janvier 1520 avec Louise de Launay, d'où :
— Tanguy de Kersauzon, décédé avant 1590, Marié avec Barbe Le Sénéchal puis le 11 septembre 1578 avec Claude Le Ny, d'où :
—la "Branche du Rosarnou" initiée par Jean de Kersauzon, décédé le 20 avril 1655 - Plouzané, Marié le 13 novembre 1621 avec Marie Touronce,
— Gabriel de Kersauzon Sr de Rosarnou et Poncelin Décédé le 7 juillet 1690 - Manoir de la Haye en Plouzané Marié le 7 juillet 1651 avec Claude Gourio de Lanoster, d'où :
— (Claude) Jean Gabriel de Kersauzon, Sr de Rosarnou et Poncelin Décédé le 28 mars 1695 - Plouguerneau Marié le 5 janvier 1683 , Manoir de Kergasguen - Plouguerneau, avec Anne Gabrielle Françoise De Pontplancoët (de gueules à trois fasces ondé d'or ),
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Lancette A, Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile.
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"Là, échec de la restauration de la tête du donateur, on a voulu reprendre le trait et le modelé un peu estompé comme dans le visage du saint ; mais, après une seconde cuisson, grisaille et émaux modernes ont grippé sur la pièce originale, laissant des traînées, et continuant à s'écailler." (Roger Barrié 1978)
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Saint Exupère présentant Rolland de Kersauzon, verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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L'armure et le casque de Rolland de Kersauzon, verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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La tête de lancette. La suite des armoiries.
Les dais seront étudiés plus loin, mais nous nous arrêtons sur l'écu tenu par deux putti qui tiennent aussi la guirlande verte qui a abusé L. Le Guennec.
Avec le fermail des Kersauzon, nous avons fait le plus facile. Mais les autres quartiers des armoiries nous attendent. Précisons tout de suite que leur authenticité n'est pas certaine, pour la partie bleue et jaune. Ainsi selon Barrié, seule la partie supérieure gauche des armes figurées sur le tabard du donateur sont anciennes, c'est-à-dire au 1 celles de Kersauzon, reconstituées au 4, et au centre ("sur le tout"), le vairé d'argent et de gueules, le premier vair chargé d'une hache d'armes de gueules.
Parlons de cette partie centrale rouge et blanche répétant des motifs en pots et en cloches qui constituent le "vair" héraldique. Mais auparavant, repérez le petit dessin rouge sur la première cloche blanche : c'est lui "le premier vair chargé d'une hache d'armes de gueules". Ce vairé d'argent et de gueules a été rapproché des armes de Keranrais : "Jean de Keranrais possédait Rosarnou en 1470 et le laissa à sa petite-fille ou nièce, Isabeau de Pontplancoët, mariée à Hervé de Kersauson, dont les descendants ont conservé le vairé d'argent et de gueules des Keranrais comme le blason particulier de la seigneurie de Rosarnou." (Le Guennec).
Il y a enfin en 2 et 3 ces étoiles jaunes (quand le jaune d'argent n'a pas été effacé) sur fond bleu, discrètement surmontées d'un petit bandeau inversé, aux étoiles bleues sur fond jaune. Ces "étoiles" avec un petit trou central sont des molettes d'éperons, il faut donc blasonner d'azur à trois molettes d'or, au chef d'or chargé de 3 molettes d'azur. On s'attendrait à trouver ici les armes de l'épouse, Louise de Launay d'argent au lion d'azur. Mais non ; et aucune épouse des seigneurs de Rosarnou n'a eu les armes semblables.
En réalité on les considère, depuis l'avis du Vicomte de la Messelière, comme se rapprochant de celles de la famille de Coatleguer ou Coëtleguer qui sont Ecartelé au 1 et 4 : contrécartelé d'or et d'azur (comme Tournemine et Botloy), chacun chargé d'une étoile de l'un en l'autre ; au 2 et 3 : vairé d'argent et de gueules ; sur le tout, fascé d'or et d'azur (Guy le Borgne).
"...ecartelé aux 1 et 4 d'un ecartelé d'or et d'azur, chacun chargé d'une etoile de l'un en l'autre, aux 2 et 3 vairé d'argent et de gueules, sur le tout fascé ondé d'or et d'azur de 6 pièces. Nous avons ici : d'azur a trois molettes d'or, au chef de gueules chargé de trois molettes d'azur. Il paraît donc vraisemblable - étant donné les différences qui se rencontrent si fréquemment dans la disposition et le nombre des pièces héraldiques portées par certaines familles - d'attribuer ce blason aux Coëtléguer, en souvenir de l'alliance, vers 1270, d'Olivier de Kersauson, seigneur dudit lieu, et de Marguerite de Coëtleguer, héritière dudit lieu en Trégrom, évéché de Tréguier. (in L. Le Guennec)"
La terre de Coatleguer a également été apportée aux Kersauzon par Jeanne de Kerimel en 1459 lorsqu'elle épousa Jean Le Ny de Kersauzon. Le titre de seigneur de Coatleguer persiste dans la branche aînée dite de Brezal où il a été utilisé pour qualifier le fils aîné du vivant de son père.
Ainsi, dans les deux pièces suivantes concernant Rolland de Kersauzon puis 21 ans plus tard son fils aîné Tanguy:
Extraits réformation de 1668 :
"Sur le degré de Rolland de Kersauson, pere dud. Tanguy, sont raportées cinq pièces :
La première est une procure consentie par noble et puissant Guillaume de Kersauson, sieur dud. lieu, et Rolland de Kersauson, sieur de Coatleguer, son fils, et damoiselle Louise de Launay, compagne dud. Rolland de Kersauson, en datte du 21e Iuillet 1521.
La seconde est un contrat de mariage passé entre damoiselle leanne de Kersauson, fille de noble et puissant Rolland de Kersauson et damoiselle Louise de Launay, et nobles homs Oliuier de Tuomelin, sieur de Bouroguel, en presence et du consentemem de nobles homs Tanguy de Kersauson, sieur de Coatleguer, fils ainé, héritier principal et noble desd. Rolland de Kersauson et femme, en datte du 14 Décembre 1542, signé : Causic et Tarnet." (cité par J-C. Bourgeois dans sa généalogie de Rolland de Kersauzon)
Ce serait donc simple : Rolland de Kersauzon, encore seigneur de Coatleguer jusqu'à la mort de son père et son accès au titre de Seigneur de Kersauzon, chef de nom et d'armes de sa maison, place les armoiries de Coatleguer avec les armoiries de Kersauzon. MAIS ce ne sont pas ici les armes des Coatleguer, même si elles y ressemblent : les étoiles des Coatleguer se sont transformées en molettes d'éperon, etc. Roger Barrié explique cette modification ainsi :
"Nous avançons l'hypothèse que l'écartèlement de l'écu de Coatleguer a été modifié pour s'adapter à cette fonction [qualifier le fils aîné de Kersauson avant la mort du père] ; on introduisit aux 1 et 4 pour indiquer l'ascendance paternelle, l'écu de Kersauson, ce qui déplaça Tournemine [écartelé d'or et d'azur] aux 2 et 3, mit l'écu vairé en abyme, et chassa celui à fasces ondées qui brochait sur le tout. »
Cela n'explique pas la présence de la hache dans le premier vair. (la hache d'armes figure dans les armoiries de Claude Gourio de Lanoster, épouse de Gabriel de Kersauzon : Ecartelé, aux 1 et 4 de gueules, à deux haches d'armes, rangées, adossées, d'argent ; aux 2 et 3 d'argent, à trois chevrons d'azur.)
On peut aussi faire l'hypothèse de la création fantaisiste des restaurateurs du XIXe. On remarquera ainsi que les armoiries des têtes de lancettes sont inversées par rapport à celle du tabard du donateur : le fermail des Kersauzon sur fond rouge se retrouve en 2 et 3 (en haut à droite et en bas à gauche), les restaurateurs ayant repris les pièces anciennes en les retournant pour les combiner à des pièces modernes.
Énigme supplémentaire : le calvaire.
Devant la chapelle de Saint-Exupère à Dinéault est érigé un calvaire daté de 1590 (selon un morceau retrouvé derrière l'édifice), représentant outre le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean, saint Exupère entre saint Yves et saint François. Il porte les armoiries mi-parti avec en 1 le fermail de Kersauzon et en 2 trois fasces. Le seigneur de Rosarnou était alors Jean de Kersauzon, mais nous ne trouvons pas les armes de son épouse Marie Touronce (De gueules au chef endenché d’or, qui est Keraldanet, chargé de trois étoiles de sable), ni celles de sa mère Claude Le Ny (d'argent à l'écu d'azur accompagné de six annelets de gueules en orle).
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LA LANCETTE B (au milieu) : VIERGE À L'ENFANT.
La Vierge, assise dans une cathèdre, tient l'Enfant qui tend les bras vers le donateur.
"Dans la baie du milieu, est la Vierge assise sur un riche trône, avec dossier formant niche à coquille. Elle est vêtue d'une robe rose foncé ou lie de vin, et d'un manteau bleu. Une sorte de coiffure ou de voile bleu surmonte sa chevelure jaune d'or. Sur son genou droit est assis l'Enfant-Jésus, un peu renversé et tenant des deux mains une petite corbeille de fruits. Au-dessus de la tête de la Vierge, sur une bande faisant la bordure de la draperie du fond, est l'inscription : MATER . DEI." (J.M. Abgrall)
Si le panneau inférieur a été restauré, le panneau supérieur est totalement moderne : il avait été remplacé au XVIIIe siècle par un morceau étranger à la verrière,. Les seules pièces anciennes sont des parties bleu, jaune,rouge et vieux-rose de l'habillement de la Vierge ; le marche-pied vert ; la tête de l'enfant et le plat de fruit. Les peintres restaurateurs du XIXe se sont inspirés, pour leur Vierge, des peintres italiens de l'école milanaise et d'œuvre comme la Pala des Sforza ou la Madona del roseto de Bernardino Luini (1510) comme en témoigne la position de l'enfant, ou la suavité des visages.
"Quant à l'exécution de ce travail, […] le modelé est gauche et empâté, le trait des boucles de cheveux systématique, les verres d'une coloration acide ou glauque qui tranche nettement avec le rayonnement assourdi et profond des pièces anciennes du manteau de la Vierge ou du nœud de sa ceinture. Pour harmoniser l'ensemble et donner ici une patine artificielle, la lancette centrale a été badigeonnée à l'extérieur d'un jus épais de grisaille roussâtre. On remarque surtout des accidents dans la cuisson du jaune d'argent, qui n'a pas pénétré uniformément le verre, comme sur le nimbe, ou qui, trop poussé, s'est assombri en ocre dans l'ange musicien à gauche dans la lancette A." (Roger Barrié 1978 p. 80)
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Lancette B, Vierge à l'Enfant. Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile.
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Lancette B, Vierge à l'Enfant. Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Lancette B, Vierge à l'Enfant. Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Lancette C. Sainte Madeleine.
"Sainte Marie-Madeleine, patronne de la paroisse de Dinéault. Conservé sauf quelques pièces, dont le bas de la robe et l'écu armorié du sommet." (Corpus Vitrearum)
"Dans la baie de gauche est figurée sainte Marie-Madeleine, patronne de la paroisse. Son vêtement consiste en une robe verte et un manteau rouge très drapé, à bordure d'or avec oves. Une fine chemisette couvre à moitié ses épaules. A sa belle chevelure dorée, aux longues nattes ondées, se rattache une écharpe ou plutôt une banderole légère qui vient flotter par derrière et se rattacher à son manteau. De la main gauche, elle tient son vase de parfums, et de la droite elle en soulève le couvercle. A la hauteur de sa tête se lit également son nom : MARIA MAGDALENA. " (J.M. Abgrall)
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Lancette C, sainte Marie-Madeleine. Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile.
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Lancette C, sainte Marie-Madeleine. Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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LES SOUBASSEMENTS.
"Ce qui rend cette verrière si intéressante, c'est d'abord la composition, le dessin et le riche coloris des personnages ; mais il y a aussi l'architecture et l'ornementation des encadrements, ou plutôt du soubassement et des dais.
Pour le soubassement, ce sont des pilastres et un stylobate de marbre, avec caissons et médaillons où sont logés des personnages assis et des bustes, dans la plus belle tradition de la Renaissance." (J.M Abgrall)
"Des bustes féminins vus de trois-quart, dans des médaillons, occupent, de part et d'autre de l'avancée centrale, le corps d'un stylobate dont la cimaise et la plinthe sont décorés de feuilles stylisées. Devant les pilastres revêtus de placage, deux génies un peu orientalisant avancent une sorte de palmette. L'avancée centrale, avec un décor de serviettes pliées, marque sans aucun doute une parenté avec l'ornementation lombarde." (Roger Barrié 1978 p. 81)
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Soubassement, Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Soubassement, Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Soubassement, Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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"Deux petites inscriptions discrètes indiquent les noms des auteurs de la restauration : Restauré par Deyrolle, artiste peintre à Concarneau, 1896. Restauré par Megnen-Cesbron, artiste peintre-verrier, 13, rue Jacquement, Paris."
Signature des restaurateurs, Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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LES DAIS AUX ANGES MUSICIENS
" Dans les dais, même inspiration : niches à coquille, frontons, arcades, anges assis, jouant du biniou ou de la cornemuse ; anges debout, jouant de la flûte traversière ; petits génies groupés par trois pour former le motif central, petits anges agenouillés, portant les écussons blasonnés. Dans toute cette ornementation on ne peut trop admirer l'emploi judicieux du jaune à l'argent pour obtenir des touches chaudes réparties très savamment sur ces surfaces ton grisaille. "(J.M. Abgrall)
Un étagement d'architectures dépassant les unes derrière les autres, coiffe non sans lourdeur chaque niche d'un dais composite. Le cul de four creusé de côtes s'ouvre sur un arche surbaissé dont l'archivolte est constitué de deux quarts de cercles différents, appuyés sur un culot orné et butant sur le claveau central démesurément allongé ; ce dernier sert à la fois de retombée centrale au cul de four, de clef à l'arc et de pignon au fronton qui paraît couvrir le cul de four. (Roger Barrié 1978).
Dais de la verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
Dais de la verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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"Deux anges jouant de la cornemuse sont assis à califourchon sur le motif d'acanthes au dessus des deux portions d'archivoltes. Derrière le fronton à l'antique ajouré de baies étroites, se dresse un arc triomphal de même. Il est surmonté du blason du donateur, d'une tête d'ange et de deux angelots tenant une guirlande végétale dont le motif en orfèvrerie pend sous l'arc." (Roger Barrié 1978)
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Dais de la verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Dais de la verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Dais de la verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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"Sur les cotés deux anges jouent de la flûte traversière, sur des piles que l'on situe à peu près entre le fronton et l'arc triomphal. Le galbe du claveau central, entre son socle orné d'un rang d'oves et le sommet couronné de deux dauphins, suit la courbe des corps à demi-dévêtus, disposés autour du noyau vertical ; deux éphèbes soufflant dans de longues trompes de fantaisie encadrent un personnage barbu, hâtivement drapé, brandissant une massue."(Roger Barrié 1978)
Dais de la verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
Dais de la verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Les dais architecturés.
En 1977, ils ont retenu l'attention de Roger Barrié, qui préparait alors sa thèse sur les vitraux de Cornouaille. En effet, il les a rapproché judicieusement ceux de Clohars-Fouesnant, ceux de la chapelle Sainte-Barbe au Faouët (56) et de ceux de la chapelle Saint-Exupère de Logispar à Dinéault .
La baie de Saint-Christophe à Clohars-Fouesnant date de 1520, les baies de Sainte-Barbe datent de 1510-1515, celles de Dinéault de 1530-1535.
Les personnages sont figurés devant des tentures damassées (à Dinéault), ou devant le ciel (à Clohars-Fouesnant et au Faouët), dans des niches à coquilles surmontés de dais à putti musiciens, alors que les socles sont, à Dinéault, ornés de médaillons de têtes à l'antique.
A Clohars-Fouesnant, Roger Barrié décrit page 32 ces dais ainsi :
"L'entablement de l'arc triomphal est couronné d'une coquille cernée d'un rang d'oves et d'un ruban de billettes dont les extrémités s'enroulent sur elles-mêmes ; le tout terminé par un fleuron non éclos. La guirlande végétale, dont le motif central est ici une fleur, prend naissance dans deux oculus percés au dessus des piles et présentant un réseau losangé de vitrerie. Le claveau de l'arcature surbaissée, démesurément allongé aussi, est orné d'une étroite fenêtre aveugle et aux épaules très resserrées ; la conjonction de cette réminiscence de la grammaire gothique et du décor à l'antique tel qu'en abuse naïvement la Première Renaissance indique l'influence du décor lombard, normale au demeurant à partir de 1500, sur les modèles européens qui ont pu influencer le peintre verrier".
Dans les trois cas, les anges associés en encadrement deux à deux jouent en bas de la cornemuse, et en haut de la flûte traversière. Ils sont installés à califourchon sur un motif de feuilles d'acanthes liées.
Ce motif d'acanthes constitue l'élément de base de la décoration du Jugement dernier de Plogonnec, de l'Arbre de Jessé de Kerfeunten, de la Pentecôte de Sainte-Barbe du Faouët, etc..
La cornemuse comporte un bourdon monodique soutenus par l'épaule, un porte-vent et un chalumeau mélodique.
A la chapelle Sainte-Barbe, Roger Barrié décrit ces dais ainsi :
"Dans les lancettes latérales du Faouët, les dais ont exactement le même dessin et la même fonction que ceux du vitrail de Clohars-Fouesnant : un étagement complexe d'architectures chargées d'anges musiciens et d'ornements limite de façon un peu brutale le fond rouge de la Transfiguration. En opposition, les trois dais inférieurs, arrêtés à la hauteur du claveau central et des joueurs de cornemuse, couronnent des niches où un cul de four en coquille devait assurer la transition entre le dais et la tenture galonnée du fond. Le soubassement de chaque niche suit le plan d'un tiers d'hexagone, s'articulant sur trois éléments qui sont la reprise à même échelle du claveau du dais. Les faces méplates de ce socle en avancée imitent des bas-reliefs lourdement encadrés consistant en un motif d'ovales peu accusés."
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Dais de la verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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Tympan.
"Ajours latéraux: sur fond rouge, placés en symétrie, deux bras issant de nuées tenant les chapeaux de triomphe enrubannés qui entourent les armes des Kersauzon (écus restitués avec une partie de leur bordure)"
"Ajour supérieur : écu aux emblème de la Passion supporté par deux anges (milieu du XVIe s., panneau rapporté ; emploi de verre gravé ; fonds bleu moderne.) " (Corpus Vitrearum)
"Les deux écus des soufflets latéraux sont entourés du grand collier de la Toison d'or [sic] et suspendus à des bandelettes ou cordelières tenues par des mains aux bras armés, issant d'un nuage. L'écu en supériorité, tenu par deux anges vêtus de tuniques, est timbré des instruments de la Passion : croix, couronne d'épines, clous, lance, éponge, fouet et verges" (J.M. Abgrall)
Tympan, Lancette B, Vierge à l'Enfant. Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile.
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Tympan, Lancette B, Vierge à l'Enfant. Verrière de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault. Musée Départemental Breton. Photographie lavieb-aile février 2017.
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ANNEXES.
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ANNEXE : Le donateur du vitrail de la chapelle de Saint-Exupère en Dinéault, par L. Le Guennec
"Le beau vitrail Renaissance qui fait l'ornement du musée archéologique fut offert à la chapelle de Saint Dispar (saint local, éponyme de Brasparts, très malencontreusement remplacé par Saint Exupère), en Dinéault, près Châteaulin, par un seigneur de Rosarnou du nom de Kersauson, qui vivait dans la seconde moitié du XVIe siècle. Ce donateur a été, selon l'usage, représenté en "priant" dans l'un des panneaux du vitrail, agenouillé et revêtu de son armure, que recouvre une tunique armoriée aux 1 et 4 de gueules au fermail d'argent ardillonné de même, qui est Kersauson, aux 2 et 3 d'azur à trois molettes d'or, au chef d'or chargé de 3 molettes d'azur, sur le tout vairé d'argent et de gueules, le premier vair chargé d'une hache d'armes de gueules.
Rien de plus facile, semble t-il, que d'identifier ce personnage au moyen de l'alliance indiquée sur l'écusson ci dessus, qui se trouve répété cinq fois, entouré du collier de saint Michel, au sommet des panneaux et dans le tympan du vitrail, avec toutefois cette petite différence que la hache d'armes de gueules n'y figure pas sur le premier vair de l'écu en abyme. Par malheur on se heurte aussitôt à une difficulté fort embarrassante. Dans la généalogie parfaitement connue de la branche ainée des Kersauson, seigneurs dudit lieu en Guiclan et de Rosarnou en Dinéault, aucune des alliances mentionnées depuis la fin du XVe siècle ne blasonne : d'azur à trois molettes d'or, au chef d'or chargé de trois molettes d'azur.
Ysabeau de Pontplancoët, qui épousa vers 1460 Hervé de Kersauson, portait de queules a trois fasces ondées d'or. Catherine de Bouteville, qui épousa en 1492 leur fils Guillaume, porta d'argent à cinq fusées de gueules en fasce. Louise de Launay, qui épousa en 1524 Rolland de Kersauson, portait d'argent au lion d'azur. Enfin, la première femme de leur fils Tanguy, Barbe Le Sénéchal de Kercado, avait pour armes : d'azur à neuf macles d'or, et sa seconde femme Claude Le Ny : d'argent à l'écu d'azur accompagné de six annelets de gueules en orle.
Tous ces divers blasons sont très différents de celui que nous voyons écartelé avec Kersauson sur le vitrail. Les recherches qu'a bien voulu faire, à ma demande, notre confrère M. Guy de Kersauson-Kerjean, pourtant intéressé en la matière, puisque ce donateur est l'un de ses ancêtres directs, n'ont abouti qu'à identifier l'écusson en abyme, qui est presque certainement Keranrais. Jean de Keranrais possédait Rosarnou en 1470 et le laissa à sa petite-fille ou nièce, Isabeau de Pontplancoët, mariée à Hervé de Kersauson, dont les descendants ont conservé le vairé d'argent et de gueules des Keranrais comme le blason particulier de la seigneurie de Rosarnou.
Il parait difficile d'expliquer la raison pour laquelle le Kersauson du vitrail de Saint-Exupère a écartelé son fermail d'armoiries mystérieuses, alors qu'il avait le choix entre tant d'honorables alliances. En attendant que ce petit problème héraldique puisse être élucidé, je proposerai de voir en lui Tanguy de Kersauson, seigneur dudit lieu, Rosarnou, Lesplougoulm, Coatmerret, Coatléguer, Kerguélen, fils de Rolland et de Louise de Launay. En effet, il fut le premier de sa maison à être nommé chevalier de l'Ordre de Saint-Michel,et on le trouve qualifié comme tel dans un acte de 1585 ; or, les deux écussons placés au haut du vitrail sont entourés du collier de cet ordre dont il était titulaire. Né vers 1525, Tanguy de Kersauson a pu faire exécuter ledit vitrail vers 1555 ou 1560, dates où il avait la trentaine d'années que semble indiquer son effigie. Cette identification offre un intérêt iconographique et historique, car Tanguy de Kersauson, quoiqu'âgé, joua un certain rôle pendant la Ligue en Bretagne. Il prit part au siège du chàteau de Kerouzeré en 1590 et, rallié plus tard à Henri IV, provoqua la capitulation des Ligueurs du Léon au Folgoat, le 8 août 1591. Le roi l'en récompensa par l'octroi d'un marché par semaine et d'une foire par an sur sa terre de Kersaintgilly, en Guiclan. Tanguy de Kersauson mourut en 1599, laissant trois fils, dont le second. Louis, continua la branche aînée.
N. B. - Cette note était déjà composée, lorsqu'au récent Congrès de l'Association Bretonne, tenu à Quimper en septembre dernier, le vicomte de La Messelière, si compétent en matière héraldique bretonne, a bien voulu me faire remarquer que les armoiries non identifiées du vitrail rappelaient passablement l'une des parties de l'écusson attribué par Guy Le Borgne à la famiIle de Coëtléger : ecartelé aux 1 et 4 d'un ecartelé d'or et d'azur, chacun chargé d'une etoile de l'un en l'autre, aux 2 et 3 vairé d'argent et de gueules, sur le tout fascé ondé d'or et d'azur de 6 pièces. Nous avons ici : d'azur a trois molettes d'or, au chef de gueules chargé de trois molettes d'azur. Il paraît donc vraisemblable - étant donné les différences qui se rencontrent si fréquemment dans la disposition et le nombre des pièces héraldiques portées par certaines familles - d'attribuer ce blason aux Coëtléguer, en souvenir de l'alliance, vers 1270, d'Olivier de Kersauson, seigneur dudit lieu, et de Marguerite de Coëtléguer, héritière dudit lieu en Trégrom, évéché de Tréguier. L'écusson décrit par Guy Le Borgne semble associer les armes propres des Coëtléguer à celles des Keranrais et des Pontplancoët, à part, pour ces dernières, le changement du fond de gueules en fond d'azur."
L. LE GUENNEC. Société archéologique du Finistère. Bulletin de la Société archéologique du Finistère. . 1923 (T50) http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb34368111j/date1923
LESGUERN
par. de Plouarzel, — de Rosarnou, par. de Dinéault, — de Kerbréden, par. de Plouvien, — de Chef-du-Bois, près Landerneau.
Anc. ext., réf. 1669, neuf gén. ; réf. et montres de 1447 à 1554, par. de SaintFrégan, év. de Léon.
Pour armes antiques : d'or au lion de gueules, à la bordure engreslée d'azur, qui est Lesguern; moderne : fascé de six pièces de vair et de gueules, qui est Coëtménec'h.
Prigent de Coëtménec'h vivant en 1411, laissa de l'héritière de Lesguern: Alain, vivant en 1147, marié à Anne du Rest, dont les descendants prirent le nom de Lesguern, mais en retenant les armes de Coëtménec'h.
Jacques-Guy, épouse en 1688, Jeanne de Touronce, dame de Kervéatoux; Joseph-René, petit-fils des précédents, épouse en 1753, Marie-Jeanne de Kersulguen, dame de Chef-du-Bois ; un conseiller au parlement en 1778.
La branche aînée tombée en quenouille, a porté au XVIe siècle la terre de Lesguern dans la famille Huon de Kerézelec.
TOURONCE (dk) (ramage de Keraldanet), s’ dudit lieu, de Coëtmanac’h et de Poncelin, par. de Plouzané, — de Kervéatoux, de Kerloaz et de Guicarzel, par. de Plouarzcl, — de Mespérennez, par. de Plouider, — de Mesguen, — de GoazmérieD, — de Tenamprat, — de Gorréquer par. de Lannilis, — de Kerélec. — de Kergoff, - de Kerstang, - de Kerscau, — du Forestic, par. de Guipavas, — de Keramis, par. de Plougar, — du Lez, — de Kergaznou, — de la Haye.
Anc. ext., réf. 1669, dix gén. ; réf. et montres de 1427 à 1534. par. de Plouzané, Plouarzel et Guipavas, év. de Léon.
De gueules au chef endenché d’or, qui est Keraldanet, chargé de trois étoiles de sable. Devise : A bien viendra par la grâce de Dieu.
Quillaume, vivant en 1400, épouse l’héritière de Kervéatoux, dont : Hervé, vivant en 143), marié a Marguerite le Borgne.
La branche de Poncelin et de Mespérennez fondue dans Kersauson ; la branche de Kervéatoux fondue en 1688 dans Lesguern ; la branche de Gorréquer, fondue en dans Calloêt ; la branche de Keramis fondue dans Combout, puis le Vayer. Moderne : Kerjean.
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SOURCES ET LIENS.
— ABGRALL (Jean-Marie) 1904, Architecture bretonne, étude des monuments du diocèse de Quimper, Kerangal, page 322
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/f20eb990fd763d232327db92aeeb6869.pdf
— ABGRALL (Jean-Marie), 1907, Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, "[Notices sur les paroisses] Dinéault",Bulletin de la commission diocésaine d'histoire et d'archéologie, Quimper, 7e année, 1907, p. 171-187.
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_notices/dinault.pdf
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—[BITTEL (Philippe)] La chapelle Sant Dispar ou Saint Exupère au logis Logispar en Dinéault , http://www.dineault.fr/la-commune/le-patrimoine/patrimoine-religieux/la-chapelle-saint-exupere
— Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, "[Notices sur les paroisses] Dinéault",Bulletin de la commission diocésaine d'histoire et d'archéologie, Quimper, 7e année, 1907, p. 171-187.
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— BARRIÉ (Roger), 1978, Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle, Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper : Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper ; sous la direction d' André Mussat / [S.l.] : [s.n.] , Thèse, Université de Haute Bretagne, Rennes.
— BARRIÉ (Roger), 1977, "Un atelier de peinture sur verre en Cornouaille vers 1535", in Le vitrail breton. Arts de l'Ouest, numéro 3 (Centre de recherches sur les arts anciens et modernes de l'Ouest de la France, U. E. R. des arts, Université de Haute-Bretagne, Rennes)
— BARRIÉ (Roger), 1977, "Le vitrail de la Transfiguration de la chapelle Sainte-Barbe au Faouet", Arts de l'Ouest, 1977-1, p. 38-50 et figure 13-14.
— BARRIÉ (Roger), 1976 Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 1, 1976. pp. 35-44.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_...
— BARRIÉ (Roger), 1989, "Le vitrail breton et les Flandres" Edité par Musée Départemental Breton
— COUFFON (René), 1988 “Couffon, Répertoire des églises : paroisse de DINEAULT,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 3 mars 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/827.
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/5f1e44690060a9af93241445812e6ca8.pdf
— DOUARD Christel et Florent Maillard, du service de l'inventaire du patrimoine culturel de Bretagne, 2009, inventaire du patrimoine bâti
http://www.bretania.bzh/EXPLOITATION/Default/search.aspx?SC=DEFAULT&QUERY=Din%C3%A9ault#/Search/(query:(ForceSearch:!f,Page:0,PageRange:3,QueryString:Din%C3%A9ault,ResultSize:24,ScenarioCode:DEFAULT,ScenarioDisplayMode:display-vignet,SearchLabel:'',SearchTerms:Din%C3%A9ault,SortField:!n,SortOrder:0,TemplateParams:(Scenario:'',Scope:Default,Size:!n,Source:'',Support:'')))
—Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1893 page XXIII
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2076230/f33.image
— Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1897 page IV et V
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207639m/f15.image
— MATTE (Jean-Luc), iconographie de la cornemuse, http://jeanluc.matte.free.fr/fichpr/dbdineault.htm
— LE BIHAN (Jean-Pierre), blog
— LE GUENNEC (Louis), 1923, Le donateur du vitrail de la chapelle de Saint-Exupère en Dinéault. Bulletin de la Société archéologique du Finistère. (T50) page 57
http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb34368111j/date1923
— OTTIN (L.), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages, 4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes. page 249
https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/248/mode/2up
— TOPIC-TOPOS
http://fr.topic-topos.com/vitrail-dineault