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Le blog de jean-yves cordier

20 décembre 2024 5 20 /12 /décembre /2024 13:49

Les peintures murales de l'église du Mont-Dol : I :la Passion du Christ.

Les peintures murales de l'église du Mont-Dol I : la Passion du Christ (11 panneaux restant, seconde moitié du XVe siècle) .

 

 

PRÉSENTATION.

 

 

"Au Moyen-Âge, les murs des églises étaient systématiquement enduits et peints, à l’intérieur mais sans doute aussi à l'extérieur. Mais dans les régions de l'Ouest de la France, ces décors n'ont été que rarement préservés en raison de l'humidité du climat et des nombreux aménagements et des reconstructions des sanctuaires à l'époque moderne.

Pourtant, le territoire de la baie du Mont-Saint-Michel offre un remarquable ensemble de peintures murales médiévales, notamment dans les églises de Saint-Jean-le-Thomas, du Mont-Dol, et de l'abbaye du Mont-Saint-Michel.

Les décors sont réalisés avec des pigments finement broyés employés purs ou en mélange : la chaux pour le blanc, le charbon de bois et le noir de fumée pour le noir, les terres naturelles pour l'ocre rouge et l'ocre jaune, le minium (oxyde de plomb) pour le rouge éclatant, l'argile et des sels de cuivre pour les verts et bleus, le lapis-lazuli pour le bleu éclatant.

Sur nos murs, les grands éléments étaient peints a fresco, directement sur l'enduit frais (ce qui suppose une grande maîtrise de l'art car les reprises sont impossibles) et les détails étaient ajoutés après séchage (a secco) avec des pigments liés par un fixatif (colle de peau, de poisson, d'os bouilli, de blanc d'œuf ou de résine fondue. Le résultat, plus fragile que la fresque, permet des retouches à volonté."

L'église paroissiale du Mont-Dol appartenanit autrefois en propre à l'évêque et aux chanoines de Dol et a été édifiée vers 1200. Elle a fait ensuite l'objet de transformations, dont la reconstruction complète du cœur qui, autrefois, était séparé de la nef par un arc triomphal. Enfin, au XVe siècle, les fenêtres hautes de la nef nord avaient été murées (avant la mise en place des peintures de la Passion).

"Au Mont-Dol, on distingue trois phases chronologiques :

Un décor primitif peint vers 1200 lors de l'édification de l'église et dessinant sur l'élévation des murs un faux appareillage (ocre et rouge sur fond blanc), complété par une frise tracée entre les arcs et les fenêtres hautes. De très élégants rinceaux de palmes souples sont placés entre deux ordures ocre et rouge. L'avant-chœur, réservé aux chanoines de la cathédrale de Dol, est séparé de la nef par une rupture d'alignement entre l'appareillage factice et la frise entre les deuxième et troisième travées.

Un second décor peint, appliqué directement sur le précédent, a été exécuté en technique mixte — fresque et détrempe— dans la seconde moitié du XVe siècle, comme l'indiquent les costumes des personnages et les comparaisons avec d'autres peintures murales. Il est tout entier consacré à la Passion du Christ et se lit dans le sens des aiguilles d'une montre, en débutant par le mur nord. Il se continuait sur l'arc triomphal aujourd'hui disparu avant de se poursuivre sur le mur sud jusqu'à son extrémité occidentale. Ce cycle se composait de 21 panneaux (ceux du nord peints en partie sur les fenêtres alors murées) ; seulement 11 de ceux-ci ont été conservés entièrement ou sous forme de vestiges plus ou moins visibles.

Enfin la célèbre scène de l'enfer , à l'extrémité occidentale du mur sud,  ne s'articule avec le cycle de la Passion ni par son sujet, ni par les dimensions de la mise en page. Elle a été réalisée peu de temps plus tard et correspond probablement à un projet de modification des trois dernières scènes, abandonné après son exécution." (M. Déceneux)

Sa découverte en 1867, sa restauration en 1972.

Les peintures avaient été recouvertes, comme souvent, par des enduits récents, mais lors de la restauration générale de la charpente et du débouchage des fenêtres nord, un vaste ensemble de peinture est apparu, et fit l'objet d'un relevé (très sommaire) du peintre Théodore Busnel avant d'être recouvert d'un nouveau crépi...

Remis à jour en 1946 grâce à l'intervention du chanoine Descotte, ancien curé du Mont-Dol, l'ensemble fut entièrement restauré par le fresquiste Robert Baudouin en 1972. On découvrit alors de nouveaux éléments.

Comparaison avec Kernascléden (Morbihan) : ces peintures peintes directement sur la pierre vers 1464 sont contemporaines du cycle de la Passion du Mont-Dol, et présente également une peinture des Enfers, à côté d'une danse macabre.

Programme, du nord au sud dans le sens horaire :

—Côté nord :

  • L'Entrée à Jérusalem
  • Trahison de Judas (très partiellement conservé)
  • La Cène. première fenêtre du mur nord. Il ne subsiste que le tiers droit.
  • Le Lavement des pieds
  • Agonie au Mont des Oliviers. Le plus mal conservé.
  • L'Arrestation de Jésus.

—Les scènes disparues de la partie orientale du mur nord (six panneaux : Comparutions, Flagellation, Outrages, Couronnement d'épines, Ecce Homo, Portement de Croix ? ), de l'arc triomphal (Crucifixion?) et du débutr du mur sud (1 panneau). 

— Côté sud

  • Mise au Tombeau
  • Résurrection
  • Descente aux Limbes
  • Apparition à Marie-Madeleine: Noli me tangere.
  • Apparition aux Pèlerins d'Emmaüs

— Côté sud première travée :

  • Deux scènes remplacées par l'Enfer ( Apparition aux Apôtres devant Thomas ; Ascension ?)

 

 

Vue de la nef depuis le chœur. Photographie lavieb-aile 2024.

Vue de la nef depuis le chœur. Photographie lavieb-aile 2024.

 

LE CÔTÉ NORD.

 

  

Relevé de Théophile Busnel en 1867. Lithographie A. Paillard Fils de 1869. Seules les deux premùières scènes sont représentées.

 

1°) 1ère travée : l'Entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.

La scène est bien conservée, Jésus (nimbe crucifère) est monté sur son ânon, précédant les apôtres avec saint Pierre en tête. Devant Jésus, une palme est posée à terre, puis nous voyons les habitants de Jérusalem sortis des murailles pour dérouler leurs manteaux en guise  de voie d'honneur. L'iconographie traditionnelle place ici l'épisode de Zachée, le riche chef des collecteurs d'impôts, monté sur les branches d'un sycomore car il est de petite taille. Dans les Evangiles, la scène se déroule lors de l'entrée à Jéricho (Luc 19:1-10)

 

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

2°)  1ère travée, suite : La trahison de Judas.

Il ne reste aujourd'hui que la partie gauche.

Judas est nimbé, il fait face aux pharisiens, et tient une aumônière à la ceinture (non représentée par Théophile Busnel). Judas Iscariote était le trésorier du collège des apôtres, ce qui explique cette aumônière. Judas tend les mains vers la bourse aux trente deniers d'argent, remise par Caïphe et les membres du Sanhédrin en prix de son accord de leur désigner, par un baiser convenu, celui qui est Jésus parmi la troupe des disciples.

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

Les peintures murales de l'église du Mont-Dol : I :la Passion du Christ.
La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

3°) La Cène, première fenêtre du mur nord. Il ne subsiste que le tiers droit.

La scène se déroulait en grande partie sur le mur qui occultait alors la première fenêtre : lorsque les ouvertures nord ont été débouchées en 1867, les deux tiers du Dernier repas du Christ avec ses apôtres a été perdu. On ne voit plus que deux personnages, et notamment Judas, qui, de profil, identifiable à l'aumônière  de sa ceinture, tend le bras gauche vers le plat qu'un apôtre dont on ne voit que la main) lui tend. Judas porte le même nimbe et la même tenue que sur la scène n°2 avec un manteau bleu sombre et une robe blanche et l'aumônière rouge.

Comparer avec la Cène de Kernascléden (vers 1464) :

Peintures murales de Kernascléden. Cliché lavieb-aile 2015.

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

4°) Le Lavement des pieds des apôtres par Jésus (Jean 13:2-10).

Il manque le haut et la partie droite de la scène. Jésus, en robe blanche, est à genoux devant le bassin des ablutions, face à saint Pierre, dont on ne voit que le genou et la main. Derrière Jésus deux personnes sont debout, dont un qui tient le linge destiné à essuyer les pieds.

 

 

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

5°) Agonie au Mont des Oliviers : la scène la plus mal conservée.

Le panneau était peint en partie sur la fenêtre murée. Il est amputé du haut et de la moitié gauche et ses couleurs son très atténuées. Jésus est représenté à genoux, et porte la même robe blanche que dans le panneau précédent. Il a les mains jointes en signe de prière, devant l'ange portant un calice, qui n'est pas conservé.

 

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

6°) L'Arrestation de Jésus. Le Baiser de Judas.

Il manque une partie gauche. On distingue clairement Judas (même  manteau bleu et même robe blanche que précédemment) embrassant Jésus , au nimbe crucifère.

À gauche, un soldat en armure dont le bouclier appuie sa pointe au sol face aux spectateurs, tend le bras pour saisir Jésus. À droite, saint Pierre vêtu de vert, vient de trancher l'oreille de Malchus, qui est allongé au sol.

Comparer avec la scène homologue de Kernascléden :

Kernascléden, Arrestation de Jésus, peintures de la voûte du chœur. Cliché lavieb-aile 2015.

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

LE CÔTÉ SUD.

 

Relevé de Théophile Busnel en 1867. Lithographie A. Paillard Fils de 1869. Curieusement, Busnel ne reproduit pas la 5ème scène, celle des Pèlerins d'Emmaüs, pourtant en assez bon état.

 

 

7°) La Mise au Tombeau. 6ème travée.

À gauche, Joseph d'Arimathie (ou plutôt Nicodème), en manteau bleu et bonnet, barbu, portant un châle, tient les pieds de Jésus dont le corps est enveloppé d'un linceul, devant un autre personnage, en chausses, pourpoint rayé et chaussé de poulaines. D'autres personnages nimbés (probablement la Vierge et les saintes Femmes, et Jean en manteau rouge) se devinent en arrière-plan.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

8°) La Sortie du Tombeau ou Résurrection. 5ème travée.

La partie supérieure est effacée. Le Christ ressuscité enjambe le tombeau, vêtu du manteau écarlate glorieux et tenant l'étendard de sa victoire sur la Mort. Deux soldats romains sont éblouis par la scène, et un est endormi.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

9°) La Descente aux Limbes. 4ème travée.

 

Jésus, vêtu de la cape rouge et tenant son étendard, enjambe la porte des Limbes, dont sortent Adam et Ève et les autres défunts.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

10°) Apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine, ou "Noli me tangere". 2ème travée.

Le Christ, toujours vêtu du manteau rouge, portant le nimbe crucifère, et tenant la bêche, apparaît, dans un jardin clos de plessis, à Marie-Madeleine qui vient de le reconnaître malgré ses allures de jardinier et s'est agenouillée, tenant encore le flacon d'aromates destiné à l'embaumement. Elle porte un manteau rouge et une belle robe dorée cintrée sous la poitrine ; elle tend la main vers celui qu'elle vient d'appeler Rabouni. Le Christ lève la main droite pour la mettre en garde, illustrant la phrase rapportée dans l'évangile de Jean : Noli me tangere, "ne me touche pas" (Jean 20:11-18)

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

11°) L'apparition du Christ ressuscité aux pèlerins d'Emmaüs. 2ème travée.

Le Christ est assis entre les deux pèlerins et rompt le pain. Luc 24 : 13-35

 

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

 

La première travée : l'Enfer : voire partie II

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

La Passion : Peintures murales du XVe siècle de l'église du Mont-Dol. Photographie lavieb-aile 2024.

SOURCES ET LIENS.

— Source principale : panneaux explicatifs provenant d'une exposition réalisée par la ville du Mont-Dol exposés dans l'église, dont les textes sont de Marc Déceneux, docteur en histoire de l'art. 

Je salue la qualité de ces panneaux nombreux et très bien illustrés.

 

— Voir aussi :

2003, Bulletin de l'Association Bretonne T 112 130ème congrés (non consulté)

http://histogen.dol.free.fr/mont-dol/dossiers/peinmur.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/P_Bretagne/DolDeBretagne/Mont-Dol-Saint-Pierre.htm

— CHARTIER  (Jean-Jacques) : l'église du Mont-Dol. Non consulté

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans XVe siècle Passion
26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 13:52

La baie 2 de l'église de Saint-Nic.

La baie 2 (donateur vers 1520 ; Résurrection vers 1570; Jugement dernier 3ème quart XVIe ; rest. 1999) de l'église de Saint-Nic. Une représentation de l'Enfer froid ?

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Voir sur la commune de Saint-Nic :

— L'église :

  • L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic : inscriptions lapidaires, de datations et nominatives. De l'intérêt de lire les tildes.
  • Les vitraux du XVIe siècle de l'église de Saint-Nic
  • La bannière paroissiale de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic (29) par la maison Le Minor ; et les autres bannières. La dévotion des Trois Ave.
  • L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic III. La Pietà en kersanton polychrome par les frères Prigent.

 

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— La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :

  • Saint Côme et saint Damien sur le cadran solaire de 1614 de l'église de Saint-Nic (Finistère).

  • La fontaine de la chapelle Saint-Côme-et saint Damien de   Saint-Nic (Finistère) : les statues (kersanton, XVIe siècle) des saints patrons.

  • Le Pardon de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic le 3 juin 2018. Ma petite vexillologie des bannières.

  • Les statues (bois polychrome, XVIIe siècle) des saints patrons de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de Saint-Nic (Finistère).

  • Les statues des deux saints venant d'un calvaire.

  • Les statues du calvaire de la chapelle Saint-Côme à Saint Nic.

    Le vitrail de Saint-Côme et Saint Damien.

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— La chapelle Saint-Jean-Baptiste :

 

  • La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic (29) : le calvaire de 1645 et les inscriptions lapidaires.

  • La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic :   sa fontaine. Sa statuaire. Sa charpente (1653), l'inscription du recteur Perfezou et les sablières.

  • La chapelle Saint-Jean à Saint-Nic : sa charpente (sablières et blochets) et son mobilier

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PRÉSENTATION.

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Classement Monuments historiques le 10 novembre 1906.

 Le nom de la commune proviendrait du nom d'un saint breton dénommé saint Maeoc ou saint Maëc ou saint Mic ou saint Nic. Le nom de la paroisse apparaît dès le XIe siècle dans des chartes sous les noms de Plebs Sent Nic in pago Porzoed ou Plebs Sent Mic, puis au XIVe siècle sous le nom de Seinctnic, puis en 1410 sous celui de « Saint Vic » et en 1599 Saint Nic. Issue d'un démembrement de la paroisse de l'Armorique primitive de Plomodiern, Saint-Nic dépendait de l'évêché de Cornouaille, ce qui fut maintenu au Concordat. 

  D'un premier édifice, il persiste, si on suit les dadations des auteurs du Corpus vitrearum, un fragment de verrière de 1520 représentant un donateur (cf. Baie 2).  

L'église, en forme de croix latine a été reconstruite après 1550 :  les inscriptions attestent la vitalité du chantier : mur Nord ou porche datant de 1561, mur Sud de 1562,  arcades de la nef de 1566 avec l'inscription :"M. Le Parlat. Fa. 1566", et  clocher de 1576. A cette époque, elle reçut ses verrières figurées, dont un Cycle de la Passion — très certainement dans la maîtresse-vitre —, et un Jugement dernier de belle facture. Les archives mentionnent qu'en 1578, la Fabrique se pourvoit de vitraux. Certains panneaux avaient été intégrés, comme celui du donateur de l'actruelle baie 2, datant  vers 1520.

 

A une date indéterminée — sans-doute lors de la restauration générale achevée en 1838—, ces ensembles ont été regroupés dans le transept (Baie 1 au nord et Baie 2 au sud). On ôta alors les meneaux de ces baies du transept, et la partie inférieure de celle du sud fut murée pour en réduire la surface. Les panneaux qui les occupaient furent mêlés aux panneaux anciens récupérés de la vitre axiale. On relève deux Suites de la Passion différentes, l'une vers 1560, l'autre vers 1600. Or, si on se base sur les trois lancettes de la maîtresse-vitre, celle-ci n'a pu donner que six scènes en deux registres: des vitres exogènes sont donc été introduites.

Les verrières ont été restaurées en 1928 par Touraine, puis déposées pendant la guerre en  1942, remontées par Gruber en 1955, et reaturées et complétées en 1994 (baie 1) et 1998-1999 par le maître-verrier quimpérois Jean-Pierre Le Bihan.

Pour Gatouillat et Hérold, "seule une partie de ces vitraux appartenait donc à l'église, et les autres y on été rapportés pour remplir les verrières. Les panneaux de la série la mieux représentée  [la Passion] qui comportait nécessairement des épisodes supplémentaires dont une Crucifixion, paraissant trop nombreux pour avoir logé dans la maîtresse-vitre, qui n'admettait que dix scènes disposées en deux registres au vu des dimensions de ses trois lancettes, il est probable qu'ils ont été importés ici depuis un édifice inconnu."

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Description de la baie 2.

Une seule  lancette de 2,80 m de haut et de 1,70 m de large est divisée en quinze panneaux dont on décrit deux registres. Mais cette verrière est recomposée, associant 1) un donateur en bas à gauche datant vers 1520, 2) à sa droite quatre panneaux d'un Jugement dernier et Resurrection des morts datant du 3ème quart du XVIe siècle, 3) en haut au milieu une Résurrection détachée d'une Passion datant vers 1570 et 4) des panneaux ornementaux créés par Le Bihan en 1999., parfois associés en haut à des pièces anciennes (angelots, frangments d'un Baiser de Judas).

 

 

 

 

 

La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Deux panneaux inférieurs gauches. Le donateur, un dignitaire ecclésiastique présenté par saint Jean (v.1520?).

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Ce panneau provient peut-être de la maîtresse-vitre, avant qu'elle soit refaite vers 1560. La scène est surmontée d'un dais en grisaille à double volutes, identique à celui qui surmonte les scènes de la Passion de la baie 1 (mais ces dais sont-ils postérieurs?). Le sol est un  carrelage noir et blanc en dents de scie, qu'on ne retrouve pas ailleurs. Il existe de nombreuses restaurations dans la partie basse. 

Saint Jean est identifié à ses attributs : son manteau rouge, l'absence de barbe, ses cheveux blonds, son calice de poison d'où sort un dragon (ici en vert). 

Le donateur pouvait être identifié par son blason suspendu au drap vert du prie-dieu, mais celui-ci a été effacé pendant la Révolution.

L'inscription en lettres gothiques miserere mei domine ("Prends pitié de moi Seigneur") ne permet pas non plus de connaître le donateur. Il s'agit d'un verset du Psaume 6, l'un des psaumes pénitentiels.

L'élément remarquable, c'est la chape pluviale porté par le donateur, qui est donc non seulement un écclesiastique, mais un dignitaire : Évêque ? Père abbé ? l'absence de crosse et de mitre ne plaide pas en faveur de ces hypothèses. Chanoine de Quimper ? La bande blanche tigrée de gris est-elle une aumusse ?

Ce panneau est plus ancien que les autres et daterait des années 1520. Connaît-on un dignitaire du début du XVIe siècle, prénommé Jean, et attaché à la paroisse de Saint-Nic ? 

Le personnage le plus considérable fut Claude de Tréanna, "noble et discret messire, grand archidiacre de Cornouaille et recteur de St Nic". La famille Tréanna porte d'argent à la macle d'azur. Ces armes figurent sur le retable de la chapelle Saint-Côme, et le nom et le titre de Claude de Tréanna sont inscrits sur l'un des deux reliquaires provenant de cette chapelle, qui porte la date de 1680.

 

S'agirait-il d'un Abbé de Daoulas ? Dans la période concernée, nous trouvons, avec le prénom Jean : 

  • 1502-1519 : Jean du Largez, abbé de Daoulas, était originaire de Botlézan, évêché de Tréguier. En 1505, il est aussi nommé évêque suffragant de Quimper (administrant le diocèse à la place de Claude de Rohan, l'évêque titulaire, simple d'esprit) et en 1515 évêque de Vannes. Il démissionne en 1519 et meurt à l'abbaye de Daoulas le 5 juin 1533. On trouve une inscription portant son nom à Plougastel, Chapelle de la Fontaine Blanche.

  • 1550-1573 : L'abbé Jean Le Prédour gouverne l'abbaye (ses armoiries se trouvent dans l'oratoire Notre-Dame-des-Fontaines). Il était originaire de la paroisse de Plourhan, diocèse de Saint-Brieuc).

  • 1573-1581 : Jean de Kerguiziau, abbé de Daoulas, originaire du manoir de Kerguiziau en Bohars, il fut inhumé dans la chapelle du Faou, attenante à l'église abbatiale.

Jean du Largez, dans son rôle d'évêque suffragant de Quimper, serait un bon candidat dans notre recherche. Mais il n'a aucun lien connu avec Saint-Nic.

Cette chape pluviale en tissu d'or damassé est orné d'orfrois de scènes brodées rectangulaires  dont quatre sont visibles et représentent sans-doute les apôtres puisque saint Pierre peut y être identifié par ses clefs. Saint Jean (sans barbe) est vraisemblablement en dessous. 

On comparera ce donateur au portrait du recteur Henri de Coatsquiriou, peint vers 1566 à la chapelle de Kergoat à Quéménéven (proche de saint-Nic), devant un Jugement dernier (baie 9). Le visage aux cheveux courts, et toute la tenue, sont assez similaires. Les recteurs des paroisses bretonnes, d'origine nobles, portaient-ils de telles chapes?

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La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Quatre panneaux inférieurs droits. Scènes d'un Jugement dernier (vers 1550-1575).

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La scène est celle de la Résurrection des morts à l'appel des trompettes du Jugement, embouchées par les anges.

 

 

 

La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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À gauche, un ange en manteau rouge et ailes vertes souffle dans sa trompe, mais on devine au dessus des nuées les saints et saintes (dont un moine et peut-être un évêque) en grisaille qui s'apprêtent à accueillir les élus.  Il devait y avoir au moins quatre autre panneaux décrivant cette assemblée autour du Christ du Jugement.

Sous l'ange devant une architecture antique bleue, trois morts enveloppés de leur linceul, debout, mains jointes figurent parmi les élus. Ils regardent, en haut, des êtres nus poussés vers un lac par des démons (verre bleu, nuées en boucles de grisaille, personnages en grisaille, cheveux parfois rehaussés de jaune d'argent).

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La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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L'ange buccinateur de droite porte un manteau vert, des ailes violettes et un bandeau sur le front.  Au dessous, un diable monstrueux conduits des damnés enchaînés vers un lac où quatre hommes et femmes nus font des gestes de supplication.

Il s'agit là très vraisemblablement d'une représentation de l'Enfer froid, an Ifern yen, un « enfer froid » mais brûlant, d’origine celtique, une conception a-chrétienne de l’enfer qui se serait maintenue en Bretagne .

Christian Maol relève une soixantaine de références à l’« ifern yen », à l’« abim yen » (l’abîme froid) ou la « maru yen » (la mort froide)en remontant au xve siècle. Comme le dit l'inscription de l’ossuaire de La Martyre , daté de 1619, et copie directe du Mirouer de la mort, ouvrage du recteur de Plougonven, Jehan An Archer Coz de 1519  : An maro : han ba : han : ifern : ien : pa : ho : soing : den : e : tle : crena : "La mort, et le jugement, et l'enfer froid, quand l'homme y songe, il doit trembler".

Selon Christian Moal, l’enfer froid  punit les coupables de malice, de luxure et enfin d’envie. La représentation de l’enfer froid s’est formée et diffusée en France et a circulé en Bretagne où elle n’apparaît que dans une inscription de l’ossuaire de La Martyre (1619), copie du Miroir de la mort (1519), dans Buhez mab den (avant 1530) et dans la Passion d’Eozen Quilivéré (1530). Cette production, datée du XVIe siècle, s’inscrit dans un mouvement qui concerne la France et l’Europe, un thème à la mode à la Renaissance qui disparaît ensuite.

Iconographie :

 

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Jugement dernier,BnF fr 19 f.38r, Saint Augustin, la Cité de Dieu, traduite par Raoul de Presles, enluminures Maître François , vers 1469-1473.

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Tourment de l'enfer, l'enfer froid,BnF fr 19 f211r, Saint Augustin, la Cité de Dieu, traduite par Raoul de Presles, enluminures Maître François , vers 1469-1473.

 

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Kompost des bergers BNF, VELINS-518

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La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Les deux panneaux inférieurs montrent la foule des ressuscités guidés par saint Pierre, manteau rouge et robe violette, tenant la clef du royaume des Cieux. La femme nue au premier plan pourraît être Éve, et Adam pourrait être à droite de saint Pierre. Le panneau inférieur droit rassemble divers fragments et les complète.

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La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Six panneaux supérieurs droits. La Résurrection ou Sortie du Tombeau (vers 1600).

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La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

La baie 2 de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 

 — BARRIÉ (Roger) 1979  Étude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle : Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper / ; sous la direction d' André Mussat, 1979  Thèse de 3e cycle : Art et archéologie : Rennes 2 : 1979. Bibliogr. f. 9-32. 4 annexes (vol. 2)

— COUFFON (René) LE BARS 1959 1988, Notice sur Saint-Nic, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/ce04ce4688eec94939d3300b0299ab59.pdf

"Vitraux du XVIè siècle (C.) dans les fenêtres du transept : au nord, la Passion en sept panneaux, et, au sud, mosaïque d'un Jugement dernier avec donateur à genoux présenté par une sainte."

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005 "Les vitraux de Bretagne", Corpus Vitrearum France- Recensement VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes : 2005, 367pp. pages 192-193.

— LE BIHAN (Jean-Pierre) 2008  blog :

 1°) http://jeanpierrelebihan2.over-blog.com/article-19072287.html

"Saint-Nic.Dépose et éloignement des vitraux pour sauvegarde durant l'état de guerre

Publié le 26 avril 2008 par jeanpierrelebihan2 Les illustrations ne sont pas reproduites et puevnet être consultées sur l'article original.

Ces deux baies nous apprennent que l'église possèdait au XVI°siècle plusieurs vitraux de sujet diffèrent. Tout d'abord une Passion à laquelle il faut ajouter un panneau de la baie sud offrant quelques éléments de la scène où le Christ recolle l'oreille du serviteur du grand prêtre,ayant servi dans les deux lieux et l'auteur étant, il y a de grande chance, le même.Nous trouvons ensuite une Résurrection  du Christ Sujet qui occupe deux panneaux qui ne sont pas de la même main ni du même esprit que la Passion.

Par contre, pour le panneau supérieur de  Saint Nic, ici à gauche,
sauf la tête du Christ,nous relevons que ce panneau est du même carton que celle que l'on voit à l'église  de Saint-Thuriau dans le Morbihan.
Autre sujet, cette Crucifixion  du haut de la baie nord  n'est pas d'un atelier cornouaillais connu et où certaines présentations de personnages se retrouvent à Saint-Thuriau, entre autres,Marie et Marie Madeleine
Dans la baie sud,deux sujets n'ont aucun rapport entre eux: le Jugement Dernier et le Donateur.
Ce dernier pourrait provenir de la baie du chevet où aurait régner ses armoiries. Son intercesseur et saint patron est ici Saint Jean tenant de la main gauche la coupe d'où sortent les serpents

 LES ARCHIVES D'AVANT LA REVOLUTION.

il y en a peu .On sait seulement qu’en 1578, la Fabrique se pourvoit de vitraux. S’agit-il des deux baies du transept. Cette date correspondrait assez bien aux scènes de la Passion mais encore plus particulièrement aux restes d’un Jugement Dernier dont l’esprit correspond bien aux canons de l’école de Fontainebleau. Ll'église comme les deux vitraux sont bien de la seconde partie du XVI° siècle; A première vue, l’église, elle-même, semble bien être de cette époque. Le porche est daté de 1561, ainsi que les socles de certaines statues. De 1566, on relève un texte entre deux arcades de la nef avec: "Parlat Fabricien". Quant au clocher, il est de 1576.Mais aucune date n’a encore été trouvée sur le choeur.
L’abbé Corentin Parcheminou, dans "une paroisse cornouaillaise pendant la révolution " relève des débris de verre peints dans les réseaux d’autres fenêtres, ce qui indique l'ancienne présence de vitraux à sujets religieux.
A cette fin du XVIe siècle, la commune devait être assez riche, car nous découvrons qu’en 1578 la Fabrique de la chapelle Saint-Côme et Saint Damien offre un reliquaire en argent doré.
LA REVOLUTION
Cette époque a vu l'envoi,  par les mairies, du département, de peintres vitriers ou vitriers souvent  incompétants, pour supprimer les armoiries qui  étaient le symbole  de la féodalité.Cela fut le cas ici à Saint-Nic;
En novembre 1790, le conseil municipal charge le procureur de la commune, Henry Join, de faire disparaître les enfeus et armoiries   de l'église paroissial et "autres chapelles" Cependant, semble-t-il, on a hésité à briser les armoiries ds vitraux.

  Cependant le 30 avril 1791,on fit appel à un vitrier quimpérois du nom de Jean Louis Cavellier  qui se charge pour la somme de 72 livres d’enlever les écussons des vitres peintes de l’église paroissiale et de la chapelle Saint-Côme. En voulant enlever ces armoiries, il brise les vitres qui les encerclaient.Il ne semble pas avoir fait entièrement son travail, car un blason est signalé, par de Courcy en 1860, à la chapelle Saint-Côme. Cette façon de travailler a été le cas de nombreux vitraux du Finistère,
La restauration de 1929. Dès 1927, l'architecte Paul Génuys propose un devis de restauration de ces vitraux. dans lequel il signale que les deux baies ont été murées dans la partie inférieure.
 Il lui semble que les vitraux sont restés enfouis dans la maçonnerie.
Un peintre verrier parisien, Tournel, le contacte, car ce dernier souhaiterait vivement restaurer ces vitraux. C'est ce verrier,qui, a reconstitué les manques des sujets figuratifs de façon approximative.
La RESTAURATION DE LA PASSION EN 1929 ;
Suivant  le constat dressé par l’abbé Parcheminou, le verrier restaurateur s’est donc trouvé devant des vitraux dont les manques étaient en verre blanc et qui étaient évalués à une surface de 1m2 par l’architecte.
L’armature de ferrures, qui devra être conservée, partageait la verrière en 15 panneaux dont les sujets, au nombre de sept, emplissaient deux panneaux chacun.
Les manques en verre blanc concernaient les parties hautes de la Flagellation et  du Couronnement d’épines. Un filet encore en verre blanc devait courir le long des fers verticaux  et au-dessus des scènes de l’Arrestation  et du Couronnement d’épines.

L’abbé Parcheminou signalait de  chaque côté de la Crucifixion  » dans les petits panneaux, il y a un ange à genoux adorant le Christ ».Actuellement, nous n’avons rien de cela ; nous nous trouvons devant deux têtes dont une ancienne qui n’est pas, semble-t-il, celle d’un ange.
Le verrier de 1929, qui pourrait être le verrier parisien Tournel, a donc reconstitué les manques des sujets figuratifs de façon approximative sans se référer à une source possible telle qu'un carton antérieur, ce qui est le cas ici pour beaucoup de panneaux.
Les filets verticaux ont été traités en cannelures. Ces pièces n’ont pas du résister à la rouille des ferrures et à la dépose de 1942 ; De nombreux plombs de casse les défiguraient.

Pour faire une séparation entre le panneau de l’Arrestation et le bas de celui du Portement de Croix, une clôture d’enclos, dans l’esprit des arrestations du XVI°, mais incompréhensible,  a été posée.

L'abbé Parcheminou confirme en partie nos propos sauf pour ce dernier et ajoute-t-il "cela montre de façon saisissante, toute la distance qui sépare encore dans l'art du vitrail, les conceptions modernes de la technique ancienne".

La guerre 39-45
 le 6 mai 1942, l’architecte Prieur propose un devis de dépose et d’éloignement des vitraux  pour sauvegarde durant l'état de guerre. Ce qui est approuvé par Monsieur le Secrétaire général des Beaux Arts et dont l’exécution est demandée sans délai par les autorités d’occupation car «St Nic se trouve à proximité du rivage et au pied des collines du Ménez Hom. De plus cette commune se trouve sur la route de Quimper à Morgat».
Le devis se monte à 8 181 francs 35 et dans le dossier, il n’est fourni aucune photo ni carte postale comme il est demandé.
Les vitraux déposés devaient être mis en caisses avec couvercles vissés et remplies de copeaux ou de paille. Celles-ci devaient rejoindre un dépôt provisoire à Quimper. Les caisses restent dans l'église de Saint-Nic. Cela ne semble pas avoir été exécuté car la mémoire des habitants de Saint-Nic se rappelle très bien de ces caisses qui ont traversé la guerre dans l’église près du clocher et qui ont manqué d’être pulvérisées par un obus. Ils avaient subis des dégats suite à la chute de l'obus, on ne sait  qu'elle en était le style.
Pour en remplacer les restes, il est prévu une vitrerie losange. L'atelier quimpérois Le Bihan-Saluden, qui s'en charge, a une correspondance fournie en 1946 avec  Monsieur Chabal architecte des Monuments Historiques, en avril, juin et octobre 1946.
Celui-ci transmet la maquette à  Mr Cornou à l’Inspection générale.
 

 

 

2°) http://jeanpierrelebihan2.over-blog.com/article-19137442.html

Copie du texte, voir les illustrations sur le lien :

"SAINT NIC ET SAINT FIACRE DU FAOUÊT
Lors de la restauration de la Passion que nous avons mené en 1995, (Atelier jean pierre le bihan) vitraux, nous sommes donc trouvés devant trois sujets d’une Passion:l’Arrestation, la Flagellation et le Couronnement d’épines, dont la restauration de 1929 ne nous
 satisfaisait pas.Pour conforter nos propositions de remplacement des apports d’il y a soixante six ans, nous avons dû faire des recherches auprès des autres Passions du XVIème siècle. 
Trois d’entre-elles présentaient des analogies :
Un bourreau tire la langue au Faouêt, le même bourreau de Saint-Nic est moins démonstratif.
Cet échange de cartons, ou utilisation du même, nous l’avons déjà relevé entre Guengat et Gouézec pour une Passion (Cf BSAF tome CXVIII 1989).

LES CARTONS

Une quinzaine d’années maximum séparent ces deux verrières du Faouêt,  et de Saint-Nic. Nous sommes dans cette deuxième moitié du XVIème siècle qui a vu éclore entre autres de nombreuses Passions dans le Finistère et dont il nous en reste encore ving quatre. On peut estimer  que leur nombre, il y a 400ans, à plus du double.

Beaucoup d’entre elles se ressemblent et l’appétit des chercheurs bretons des XIXème et Xxème siècle en a été stimulé.Cela n’est pas spécifique à notre région et ce réemploi de cartons, autant sur le plan national qu’européen n’est pas prêt à donner son dernier mot.

Mais je pense que la région Bretagne est la première pour le remploi de cartons d’un même sujet, qui est la Passion."

 

— PARCHEMINOU (Corentin), 1930, une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf

§§§§§

Sur les tourments de l'Enfer :

 

Mes sources principales sont l'article de Christian Moal, puis les articles de Jérôme Baschet.

 — BASCHET (Jérôme), 1993 Les Justices de l’au-delà. Les représentations de l’enfer en France et en Italie (XIIe -XVe siècle), Rome, EFR, 1993, p. 437-448 et fig. 152-159.

https://journals.openedition.org/ccrh/2886

 — BASCHET (Jérôme), 1993,  Les justices de l'au-delà. Les représentations de l'enfer en France et en Italie (XIIe-XVe s.). Rome, Ecoles françaises d'Athènes et de Rome, 1993. Christe Yves, compte-rendu Cahiers de Civilisation Médiévale  Année 1995  Suppl. 1995  pp. 4-7

 En résumé, on retiendra ces quelques conclusions. L'enfer gothique est figuré le plus souvent par la gueule d'enfer — elle est déjà attestée au xne s. — d'abord comme seuil infernal, ensuite comme lieu de tourments. Celle-ci est également l'image usuelle de l'enfer dans les manuscrits contemporains. Elle est accompagnée par la marmite sur le feu qui, à partir du milieu du xine s. (Bourges, puis Rouen), tend à se confondre avec elle. Il est rare au nord des Alpes que Satan intronisé préside aux supplices infernaux. Le portail de Conques et celui de Notre-Dame de la Couture au Mans, un siècle plus tard, en présentent une illustration exceptionnelle. À cette courte liste, j'ajouterai un témoignage précoce mais très important, celui des tituli de Gauzlin pour le revers de la façade de Saint-Pierre de Fleury au début du xie s. « Satan enchaîné dans une prison qui vomit des flammes » évoque exactement le même sujet dans YHortus Deliciarum d'Herrade de Landsberg.

 

 — BASCHET (Jérôme), 1985, "Les conceptions de l'enfer en France au XIVe siècle : imaginaire et pouvoir", Annales  Année 1985  40-1  pp. 185-207

https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1985_num_40_1_283151

— BASCHET (Jérôme) "Les fresques du Camposanto de Pise"

https://e-l.unifi.it/pluginfile.php/1066072/mod_resource/content/0/BASCHET_Les%20justices...%201993.pdf

 

— FRAPPIER ( Jean), 1953,. "Châtiments infernaux et peur du Diable". In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1953, n°3-5. pp. 87-96; 

https://www.persee.fr/doc/caief_0571-5865_1953_num_3_1_2020

—KERMOAL (Christian), 2020,  « L’enfer froid en images (xve et xvie siècles) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest 

https://journals.openedition.org/abpo/6473

—MÂLE (Émile), 1908, L’art religieux de la fin du Moyen Âge en France, Paris, 1908,  p. 471-475 ;

https://archive.org/details/lartreligieuxdel00mluoft/page/470/mode/2up

 

—Photo RMN de l'enfer Camposanto de Pise

https://www.photo.rmn.fr/archive/17-501720-2C6NU0AT95HYP.html

—Maître François Vision de l'enfer d'un enfant nommé Guillaume , Musée de Chantilly

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/maitre-francois_vision-de-l-enfer-d-un-enfant-nomme-guillaume_peinture-sur-papier_parchemin

—Cathédrale d'Albi

https://www.europexplo.com/la-cathedrale-dalbi-un-joyau-dans-une-forteresse/

—Le Kalendrier des bergers  Guy Marchant (Paris) 1493 :  BnF département Réserve des livres rares, VELINS-518

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040412v/f32.item

—Compost et kalendrier des bergiers Guiot Marchant Paris 1493 BM Valenciennes, INC 66

—Compost et kalendrier des bergiers 1496  Guiot Marchant Paris

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k87105966/f76.item

—Thomas de Saluces, BnF 12559, 1403.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10509668g/f385.item

 —BnF, Rés XYLO-24, Ars moriendi…, vers 1480-1485, vue 32.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040412v/f32.item

 

 

 



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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Chapelles bretonnes. Donateurs Passion Inscriptions Saint-Nic
28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 18:32

La verrière de l'église Saint-Gunthiern de Langolen au Musée départemental breton de Quimper.

La Crucifixion de la verrière (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen (canton de Briec) au Musée départemental breton de Quimper inv.1879.2.1.

 

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1°)Voir sur le Musée départemental breton de Quimper :

 

 

 

 

 

  • Le vitrail de la chapelle Saint-Exupère de Dinéault au Musée Départemental Breton de Quimper.
  • Cinq vitraux du XVIe siècle du Musée départemental breton.
  • Les statues de la cour du palais épiscopal de Quimper.
  • Saint Yves entre le Riche... Cherchez le Pauvre! À Quimper au Musée départemental Breton.
  • L'Arbre de Jessé sculpté de l'ancienne église de Plouégat-Moysan (29).
  • Le gisant de Troïlus de Mondragon au Musée Départemental Breton de Quimper.
  • Sainte-Anne trinitaire du Musée départemental de Quimper.
  • Le gisant d'Yves Bervet, sieur du Parc au Musée départemental breton de Quimper.
  • Le couronnement de l'escalier du palais épiscopal de Quimper et ses 24 sablières.

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 2°)Voir les 29 Passions des verrières du Finistère au XVIe siècle  dont beaucoup  sont attribuées à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

  • 1476-1479 : Locronan Vie et Passion du Christ.

  • Vers 1500 : la "petite Passion" de la baie 4 de Guengat.  Vie et Passion du Christ.

  • 1510 : Vie du Christ, Maîtresse-vitre de l'église Saint-Nonna Penmarc'h, Attribuable à l'atelier Le Sodec ?. Vie et Passion du Christ.

  • 1516 : Maîtresse-vitre de l'église d'Ergué-Gabéric, Attribuable à l'atelier Le Sodec . 4 lancettes. Vie et Passion du Christ.    

  • La maîtresse-vitre (v.1520) de la chapelle de Kerdévot à Ergué-Gabéric. 

  • 1520 :  maîtresse-vitre, église de Plogonnec,  attribué à Olivier Le Sodec. 4 lancettes, 6 scènes de la Passion du Christ et 2 couples de donateurs.

  • [1519-1535 : maîtresse-vitre (détruite) de l'Abbaye de Daoulas pour mémoire et non décomptée.

  • 1525 : Pluguffan (verrière très fragmentaire de la Crucifixion).

  • Premier quart XVIe : Cast, Chapelle de Quillidouaré. 4 lancettes dont 3 pour une grande Crucifixion.

  • 1535 : Quimper, église Saint-Mathieu : Copie du XIXe siècle des verrières de Tourch ou La Roche-Maurice.. Larmes.

  • v.1535 : Vitrail du chœur de l'église de Brasparts  (ou 1560 pour J.P. Le Bihan). 3 lancettes, 12 scènes de la Passion.

  • 1539 : maîtresse-vitre de l'église de  La Roche-Maurice. Attribué à l'atelier Le Sodec. 5 lancettes, scènes de la vie et Passion du Christ dont une Grande Crucifixion centrale. Larmes.

  • 1540 La Martyre, baie 0 Cartons communs avec La Roche-Maurice. Attribué à l'atelier Le Sodec.3 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion.

  • vers 1540 La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Larmes de compassion.

  • Vers 1540 : Déploration entre deux donateurs ; Pamoîson de la Vierge  de l'église de Kergloff. Attribué à l'atelier Le Sodec. Larmes de compassion. Pas d'inscription ni de verres gravés.

  • 1550 : maîtresse-vitre de l'église de Guengat, Attribué à l'atelier Le Sodec. 6 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion. Larmes.

  • 1550 :  La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, v.1550) de l'église Saint-Miliau de Guimiliau. Cartons communs avec Guengat, et certains avec Quéménéven, Gouézec, et Tréguennec. 4 lancettes d'une Grande Crucifixion. Larmes.

  • 1550 : La maîtresse-vitre (Grande Crucifixion, Le Sodec, v. 1550) de l'église Saint-Cornely de Tourc'h. Larmes de compassion.

  • 1550-3ème quart XVIe siècle : maîtresse-vitre de l'église Saint-Idunet de Trégourez.

  • Milieu XVIe : ancienne maîtresse-vitre de Saint-Gunthiern à Langolen, aujourd'hui au Musée Départemental Breton de Quimper. Larmes. Mêmes cartons qu'à Guenguat, Guimiliau et Gouezec.

  •  3e quart XVIe siècle. La Passion de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Pierre de Gouezec.  :  Attribuable à l'atelier Le Sodec. 4 lancettes d'une Grande Crucifixion. Larmes de compassion.

  • 3e quart XVIe siècle (vers 1560),  Quéménéven église Saint-Ouen : Attribuable à l'atelier Le Sodec . Cartons communs (Le Bihan) avec Guengat, Gouezec et Guimiliau, ou La Martyre et La Roche-Maurice  (Gatouillat). Larmes de compassion (une seule femme). Pas d'inscription ni de verres gravés.

  • 3e quart XVIe siècle  Tréguennec  ; Attribuable à l'atelier Le Sodec. 5 lancettes dont une Grande Crucifixion centrale.

  • 1556 :  Saint-Herbot  (Plonévez-du-Faou) par Thomas Quéméneur de Morlaix. 6 lancettes, 12 scènes de la Passion avant la Crucifixion.

  • 1560 : Maîtresse-vitre de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Attribué à Le Sodec. 3 lancettes. 7 scènes de la Passion.

  • 1560 : Maîtresse-vitre de la chapelle  N.D-du-Crann à Spezet. 4 lancettes, 12 scènes de la Passion.

  • vers 1570 : La maîtresse-vitre (La Passion, anonyme, v. 1570) de l'église de Pleyben.  4 lancettes : scènes de la Passion  dont une Crucifixion sur 9 panneaux. Pas de larmes.

  • 1573 : chapelle de Lababan à Pouldreuzic.

  • 3e quart XVIe siècle : Ploudiry. 3 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion, proche de celles de La Roche-Maurice, La Martyre, etc.

  • 4e quart XVIe : Pont-Croix. Attribuable à l'atelier Le Sodec. 6 lancettes de la Vie du Christ à un couple de donateurs (Rosmadec).

  • 1593 :maîtresse-vitre de l' église de Saint-Goazec.  Larmes de compassion.

et dans le Morbihan :

  • 1515 : maîtresse-vitre, église de Lanvenegen 4 lancettes, 12 scènes de la Passion.

  • Milieu XVIe : Passion, Le Faouët, chapelle Saint-Fiacre, Attribué à l'atelier Le Sodec.

  • 3ème quart XVIe, Saint-Thuriau, église, baie 6. Attribué à l'atelier Le Sodec.

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 On attribue aussi à l'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :

  • vers 1520-1525 : Arbre de Jessé de Kerfeunteun à Quimper

  • vers 1528 : Arbre de Jessé de Confort-Meilars

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3°) Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

  • Les articles de mon blog traitant des vitraux.

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PRÉSENTATION.

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L'église Saint-Gunthiern de Langolen a été reconstruite en 1844 et ne conserve plus  que  son porche sud du XVe siècle et sa façade ouest et du clocher du XVIe siècle.

La maîtresse-vitre du milieu du XVIe siècle a été acquise pour la somme de 100 francs par la Société archéologique du Finistère et placée dans une salle basse de l'aile sud du Musée départemental breton, où elle est visible aujourd'hui, à côté de la verrière de la chapelle Saint-Exupère  de Dinéault. Sa mise en dépôt  coincide sans doute avec l'installation dans l'église de créations du Manceau Hucher en 1869. Le Musée la décrit ainsi :

"Présente trois lancettes en plein cintre. 11 panneaux de la maîtresse-vitre représentent la Crucifixion, le 12ème en bas à gauche, interpolé, provient d'une Adoration des mages (buste de Melchior et vêtements des autres mages). Composition sur fond rouge, nombreux personnages.
Sur le panneau de gauche le bon larron, le bourreau et deux cavaliers en armure (heaume, bouclier).
Sur le panneau central, le Christ sur la croix et Sainte Marie-Madeleine à ses pieds. Un homme à cheval, sur la gauche, pointe sa lance en direction du Christ. D'autres personnages sont figurés à pied.
Sur le panneau de droite, le mauvais larron, un homme à cheval, d'autres personnages munis de lances. Deux hommes montent ou descendent de l'échelle qui a servit à attacher le mauvais larron sur la croix."

Une photographie accompagne cette description. 

Il me restait à la décrire en détail dans une démarche de comparaison stylistique.

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Elle présente trois lancettes de plein cintre de 2,40 m de haut et 1,80 m de large. Nous ignorons si c'était la disposition d'origine, et, surtout, si cette verrière, qui devait occuper la position de maîtresse-vitre, disposait d'un tympan ou si ce dernier était armorié ; F. Gatouillat précise néanmoins que la verrière est "amputée de ses panneaux inférieurs et de son tympan". Un couple de donateur était-il représenté? Nous ignorons aussi la nature des autres verrières de l'église, hormis le faible indice d'une Adoration des Mages, venant peut-être du registre inférieur. Enfin la date de la verrière est estimée, mais non fondée sur une inscription.

La verrière a été restaurée avec suppression des plombs de casse par collage par le maître-verrer quimpérois Jean-Pierre Le Bihan.

Cette verrière relève a priori de l'atelier Le Sodec de Quimper, dont nous relevons certaines caractéristiques comme les lettres inscrites sur les galons des vêtements (mais par une seule occurrence), les chevaux hilares à harnachements luxueux, la posture de Marie-Madeleine et les larmes de son visage, le verre rouge gravé du nimbe du Christ, des motifs de damas.

Il est nécessaire de procéder à des rapprochements avec les autres Crucifixions finistériennes.

En effet, parmi les Passions finistériennes il faut distinguer les verrières comportant  des scènes de la Vie du Christ dont la Passion, ou bien des scènes successives de la Passion, ou bien de Grandes Crucifixions  occupant toute la vitre. La maîtresse-vitre de Langolen appartient à ces dernières.

On la comparera donc avec intérêt cette verrière de Langolen  aux verrières de La Roche-Maurice, La Martyre  et Tourc'h — et Saint-Mathieu de Quimper qui en est la copie—, du Juch, de Ploudiry et de Labadan mais surtout avec celles de Guengat, Guimiliau, Gouezec, ou Quéménéven. Tous ces vitraux sont attribués à l'atelier Le Sodec de Quimper. Ils ont, outre cette composition, et leur proximité géographique,  des points communs temporels (entre 1535 et 1560 environ) et bien-sûr stylistiques. 

On notera en particulier   la fréquence des inscriptions de lettres, souvent dépourvues de sens, sur les galons des vêtements et les harnachements, et d'autre part, la représentation de larmes sous les yeux de Marie, Jean et Marie-Madeleine au pied du calvaire.

On peut aussi classer ces Crucifixions en deux catégories : celles où le ciel est rouge, comme ici à Langolen,  mais aussi à Ergué-Gabéric, Plogonnec, Quillidoaré en Cast,  Brasparts, à Guimiliau, à Guengat , et celles où le ciel est bleu, dans tout les autres cas.

Un autre élément qui peut permettre des rapprochements iconographique est la scène, en troisième lancette, d'une déposition du mauvais larron : on la retrouve à Guimiliau (1550), à Guengat (1550) et à Gouezec (ca 1550-1575).

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Le corpus des verrières de la Passion et de la Crucifixion du Finistère au XVIe siècle.

En rouge, les verrières à comparer à celle de Langolen.

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Carte IGN

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La verrière en entier.

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Inv. 1879.2.1 « Musée départemental breton de Quimper »

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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PREMIÈRE LANCETTE, À GAUCHE : LE BON LARRON ; LES SOLDATS ; JEAN ET LA VIERGE.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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1°) Le bon larron sur le gibet, son âme emportée par un ange.

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Dans les autres verrières du corpus, le Bon Larron tourne sa tête vers le bas, sauf au Juch où elle est ainsi orientée vers le haut.

Les chausses à crevés (propre à la Renaissance) , ou la jambe gauche détachée et fléchie, sont des détails qui se retroiuvent sur toutes les verrières de l'atelier, mais aussi sur la grande majorité des calvaires paroissiaux érigés à la même époque.

Le motif fleuri formé par quatre pétales jaunes autour d'un rond sur la tunique de l'ange est propre à l'atelier Le Sodec.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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2°) Quatre soldats et cavaliers armés de lances.

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L'atelier excelle dans la représentation des chevaux vu de trois-quart, en fuite, ou de face, et le détail de leur harnachement à glands ou de leurs mors est très soigné.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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3°) La Vierge et Jean.

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Ces deux visages ont été restitués par un restaurateur pour former une continuité avec le panneau sous-jacent.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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4°) le roi-mage Melchior, réemploi d'une Adoration des Mages.

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On voit Melchior, le roi le plus âgé, prosterné [devant la Vierge et l'Enfant], tête nue, tandis que derrière lui  les deux autres rois, dont il manque la tête, portent leurs présents, l'encens et la myrrhe.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen au Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen au Musée départemental breton de Quimper. Photo lavieb-aile 2024.

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DEUXIÈME LANCETTE, AU CENTRE : LE CHRIST EN CROIX, LONGIN, MARIE-MADELEINE, LES SOLDATS SE DISPUTANT LA TUNIQUE.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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1°) Le Christ en croix.

On remarque le nimbe en verre rouge gravé, les rayons étant peints au jaune d'argent.

Le buste du Christ est, selon Gatouillat et Hérold, une pièce du début du XVIe siècle, placée en réemploi. L'attention portée à l'écoulement du sang, le long des bras et du torse, est à souligner.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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2°)Le cavalier Longin transperçant le flanc droit de Jésus de sa lance. Le Bon Centenier levant les yeux vers le Christ.

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La tête de Longin a été restaurée.

Les deux cavaliers forment, sur un croisillon de nombreux calvaires du Finistère, un couple emblématique.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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3°) Marie-Madeleine en larmes au pied de la croix.

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La sainte étreint de ses jambes et de ses bras le bois de la Croix et tourne sin visage vers le sang qui s'écoule des plaies des pieds de Jésus. Son grand manteau rouge qui ne couvre plus ses épaules mais retombe derrière ses reins sur le sol est certes un détail, mais il est si caractéristique sur les calvaires du Finistère qu'il lui  devient un véritable attribut, immédiatement identifiable. 

De même, toutes les verrières du groupe de comparaison reprennent ses autres caractéristiques vestimentaires : sa coiffe perlée, ses cheveux blonds, sa chemise fine à col frisé, ses manches ouvragées et, surtout, son visage en larmes.

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 

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Marie-Madeleine au pied de la Croix, baie 0, chœur de l'église Saint-Salomon de La Martyre. Photographie lavieb-aile.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

 

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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Les larmes que l'atelier Le Sodec s'attache à tracer sous les yeux de Marie-Madeleine sur toutes les verrières où ce détail n'a pas été supprimé par les restaurateurs sont faites de trois à quatre lignes blanches (enlevées sur le fond de peinture) qui se terminent en ampoules sur la joue. Aussi passent-elles facilement inaperçues à un examen à distance.

Elles sont également présentes dans les yeux des personnages réunis à droite de la Croix (Jean, Marie et les Saintes Femmes), mais à Langolen, ces visages n'ont pas été conservés.

Elles témoignent d'une dévotion aux larmes versées devant le sang versé et les souffrances endurées par le Christ lors de sa Passion, propre au XVe et XVIe siècle en Bretagne, et on les retrouve sur les visages des calvaires du Finistère.

Voir mon étude détaillée ici : https://www.lavieb-aile.com/2022/07/la-maitresse-vitre-v.1540-de-l-eglise-du-juch.html

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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4°) Trois soldats se disputant la tunique sans couture du Christ.

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La comparaison avec les scènes homologues de Guengat, de Guimiliau, de Gouezec ou de Quéménéven montre que c'est le même carton qui a été repris, mais par un autre peintre du même atelier, ou sur un panneau considérablement restauré. Certains détails s'y retrouvent de façon troublante, comme, à Gouezec  la ligne festonnée de l'encolure de la chemise du soldat en haut à droite, tracée en soustraction ("enlevé" par le manche du pinceau)  sur le fond bistre de la carnation, ou bien la cuirasse du même homme dessinée par deux volutes, ou bien ses manches bouffantes ornées de petits ronds.

Si nous nous reportons aux verrières de Guengat ou de Gouezec, nous découvrons la partie inférieure de la scène, ici perdue : un soldat, retenu par sa chevelure, est à genoux et tente de dégainer son glaive.

https://www.lavieb-aile.com/2017/09/la-maitresse-vitre-de-la-passion-vers-1550-de-l-eglise-de-guengat-29.html

https://www.lavieb-aile.com/2017/10/la-passion-de-la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-gouezec.html

https://www.lavieb-aile.com/2020/08/la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-guimiliau.html

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Maîtresse-vitre vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

 

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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TROISIÈME LANCETTE, À DROITE : LE MAUVAIS LARRON ; DÉPOSITION ; UN CAVALIER.

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Cette troisième lancette est la plus mystérieuse et la plus singulière en raison de l'existence d'une double représentation de la confrontation du Mauvais Larron au diable, soit sur le gibet, soit lors de sa descente de ce gibet. On craindrait de ne pas l'interpréter correctement, si on ne retrouvait pas ailleurs cette déposition du Larron  à Guimiliau (1550), à Guengat (1550) et à Gouezec (ca 1550-1575). 

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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1°) Le mauvais larron sur le gibet, son âme emportée par un diable.

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Cette scène là est classique : le Mauvais Larron refuse d'être sauvé par le Christ, et détourne son regard de la Croix. Il est alors damné, et un diable emporte son âme en Enfer, en parallèle avec le panneau où un ange emportaitb aux Cieux celle du Bon Larron.

Ce diable violet est simiesque, velu, barbu, et doté d'une queue.

Le peintre fait très largement appel à la technique de l'enlevé de peinture, pour les nuages, les cheveux de l'âme, tous les détails du diable, les cheveux, la barbe et les éclats de lumière du visage du larron.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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2°) Le mauvais larron est descendu du gibet, son âme emportée par un diable.

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On pourrait d'abord croire que le personnage en rouge n'est pas un larron, — comme semble le penser le rédacteur de la notice du musée—, mais la corde blanche qui le ceinture, d'une part, la jambe droite pliée à angle droit (et donc brisée) d'autre part, et enfin le diable guettant son âme à sa droite, prouve qu'il s'agit bien de la déposition du Mauvais Larron de son gibet, l'artiste peintre plaçant deux épisodes successifs sur la même lancette. Cette Descente de gibet reprend les codes des Descentes de Croix.

Une enquête rapide ne m'a pas permis de trouver cette Descente de gibet dans les enluminures et peintures du XVIe siècle, hormis, précisément, sur les verrières de l'atelier Le Sodec,  à Guimiliau (1550), à Guengat (1550) et à Gouezec (ca 1550-1575). Mais dans ces trois derniers cas, la scène remplace celle du Mauvais Larron au gibet. D'autre part, dans ces trois cas, le larron est habillé d'une tunique blanche, et son visage se détourne vers sa gauche. Ici, à Langolen, le visage a été restauré. Deux lancettes (Mauvais Larron au gibet, et Descente de gibet du Mauvais Larron) ont-elles été habilement réassemblées en une seule ?

Mais dans ces quatre cas, c'est bien un même carton qui semble avoir été repris, même si, à Guimiliau, le diable a disparu.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

 

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

 

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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Un autre détail est troublant. D'une façon très singulière (est-ce un unicum ?), les yeux du diable (cornu et ailé) ont été percés dans le verre. C'est par ailleurs un verre bleu qui, pour le faire apparaître vert, a été soit peint au jaune d'argent, soit gravé, c'est à dire doublé d'un verre blanc, et meulé de son verre bleu pour l'éclaircir et le peindre en jaune. Les yeux résultent-ils d'un meulage à la molette (outil servant à graver le verre)?

L'effet obtenu est saisissant.

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La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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3°) Un cavalier ( membre du Sanhédrin ?) et des soldats en armure.

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Ce cavalier est retrouvé dans toutes les verrières du corpus comparatifs, et il est facilement reconnaisable à sa coiffure à oreillettes, nouée d'un ruban à son sommet. Il lève la tête vers le Christ en croix. C'est toujours lui, ou sa monture, qui reçoivent les inscriptions à type de lettres souvent dépourvues de sens. Ici, nous ne lisons que VERE.EE sur le galon du camail.

 

 

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

La Crucifixion (ca 1550, atelier Le Sodec) de l'église Saint-Gunthiern de Langolen,  Musée départemental breton de Quimper  Inv. 1879.2.1 . Photo lavieb-aile 2024.

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SOURCES ET LIENS.

 

— ABGRALL (Jean-Marie), 1918, Notice sur Langolen, BDHA Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/74409be235347210158e84824de314c3.pdf

— BARRIÉ (Roger), 1978, Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle, Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper : Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper  ; sous la direction d' André Mussat / [S.l.] : [s.n.] ,  Thèse, Université de Haute Bretagne, Rennes. 

— BARRIÉ (Roger), 1977, "Un atelier de peinture sur verre en Cornouaille vers 1535", in Le vitrail breton. Arts de l'Ouest, numéro 3 (Centre de recherches sur les arts anciens et modernes de l'Ouest de la France, U. E. R. des arts, Université de Haute-Bretagne, Rennes)

— BARRIÉ (Roger), 1976 "Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale". In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 1, 1976. pp. 35-44.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_...

— COUFFON (René), 1945, "La peinture sur Verre en Bretagne au XVIe siècle",  Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne. p.35

http://www.shabretagne.com/scripts/files/51ebaffaede742.09604269/1945_02.pdf

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988,  Notice sur Langolen, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/LANGOLEN.pdf

—DEBIDOUR (Victor-Henri )1981 La sculpture bretonne- Rennes, éd. Ouest-France, 1981 (rééd. en 1953) p. 69

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, 365 p. (Corpus vitrearum France, série complémentaire. Recensement des vitraux anciens de la France, VII) page 186.

— LE STUM (Philippe), Nolwenn RANNOU, Michel LE GOFFIC, Patrick GALLIOU, André CARIOU, Christiane PRIGENT. 2007, "Le Musée départemental breton - Quimper" - Quimper : éd. Musée départemental breton, 2007.- 96 p. p.38, repr.

— MUSEE DEPARTEMENTAL BRETON

https://musee-breton.finistere.fr/fr/notice/1897-2-1-verriere-de-l-eglise-saint-gunthiern-de-langolen-musee-departemental-breton-81582f50-cb98-4f4d-9721-ce6e9cf6a948

—"Bulletin de la Société Archéologique du Finistère", 1897, tome XXIV Séance du 25 novembre, pp. LXIII-LXIV

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207639m/f75.item

— WAQUET (Henri). 1926,"Le Musée Breton de Quimper" - Paris : Henri Laurens éditeur, p. 45

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Passion XVIe siècle. Renaissance.
17 septembre 2023 7 17 /09 /septembre /2023 15:24

Le sang et les larmes : le retable de la Passion du maître d'Arndt au musée de Cluny.

Le sang et les larmes : le retable de la Passion (chêne polychrome, vers 1483) du maître d'Arndt au musée de Cluny, cl. 3269.

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PRÉSENTATION.

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Ce retable de 97 cm de haut, de 90 cm de large (ouvert) et 45 cm de large (fermé) et de 21,5 cm de profondeur a été acquis par le musée du Moyen-Âge de Cluny à Paris en 1861, de l'ancienne collection Soltykoff.

Il est attribué au maître Arndt (ou Arnt) de Zoole, et proviendrait de l'ancienne chartreuse de Ruremonde ou Roermond dans la province du Limbourg, aux Pays-Bas : le donateur qui y figure est un moine chartreux.

Ce petit retable  offre l'un des témoignages les plus expressifs de l'art de Maître Arnt, en raison de la qualité exceptionnelle de son exécution et de la polychromie originale intacte. La scène de la Lamentation du Christ au pied de la colline du Golgotha ​​est méticuleusement sculptée avec un rendu nuancé des émotions des personnages. 

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Histoire du retable :

Selon  l'hypothèse de Leeuwenberg et Gorissen il aurait  appartenu vers 1483 à la Chartreuse de  Bethlehem à Roermond (fondée en 1387 et dissoute en 1783), et aurait pu se trouver dans la cellule d'un chartreux pour sa dévotion privée sur les souffrances endurées par le Christ, dévotion conseillée par Ludolphe le chartreux prieur de Coblence dans sa Vita Christi imprimée à Cologne en 1472 . On le retrouve ensuite décrit en 1847 dans l'inventaire de la  collection privée constituée dès 1830 par  Louis Fidel Debruge-Dumenil, sous le  n°1481 (description en bibliographie), puis dans la collection privée du prince Peter Soltykoff à  Paris, jusqu'à sa mort en 1861. Elle entre alors dans les collections du Musée de Cluny, et se trouve décrit dans l'inventaire dressé par Edmond du Sommerard en 1867 n°710, avec une attribution à Martin Schongauer. Alexandre du Sommerard en avait donné une illustration en 1838 dans l'atlas de son Les Arts au Moyen-Âge en attribuant les peintures à Lucas de Leyde. Il est inscrit au Musée National du Moyen Âge - Thermes et hôtel de Cluny, Paris sous le n° d'inventaire  CL. 3269. Il est désormais attribué (Leeuwenberg et Gorissen) au Maître Arnt de Zwolle (également appelé Arnt van Swol, ou Arnt von Kalkar und Zwolle, Arndt Beeldsnider c'est à dire « Arnt le sculpteur »), peintre et sculpteur de la région du Bas-Rhin actif de 1460 à 1492 environ, et mort en janvier 1492. Son patronyme n'est pas connu. Il travaille d'abord à Kalkar (Allemagne, ex duché de Clèves, Rhénanie du Nord-Westphalie, près de Clèves) pour les ducs de Clèves avant de partir s'installer à Zwolle (Pays-Bas, province d'Overijssel), probablement pour fuir une épidémie de peste. Il est, dans les années 1460-1490, un des plus grands artistes de la région du Rhin inférieur. 

L'hypothèse d'une attribution des panneaux peints au   cercle du Maître du retable de Bartholomée (Meester van het Altaar van Bartholomeus)  a été proposée par Meurer en 1970. D'autres (Budde/Krischel 2001; Defoer 2003) y ont vu le travail d'un peintre anonyme de Nimègue. Source :

 

 https://rkd.nl/en/explore/images/288422

 

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A. du Sommerard, 1838, Les Arts au Moyen-Âge, atlas chap. XI p. II

 

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Le retable a été restauré en 2015. Il a été exposé au musée Schnütgen de Cologne en 2020-2021, dans le cadre d'une importante exposition réunissant une soixantaine d'œuvres du Maître Arnt de Zwolle.

https://museum-schnuetgen.de/Master-Arnt-a-present-from-Paris

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L'auteur du retable : le maître Arnt de Kalkar et Zwolle.

Ses sculptures s'inscrivent dans la tradition des écoles de Bruxelles, d'Anvers et d'Utrecht. Parmi les œuvres qui peuvent lui être attribuées avec certitude (selon Wikipedia):

  • un Christ au tombeau réalisé pour l’église Saint-Nicolas de Kalkar en 1487-1488 ; les saints personnages semblent en larmes, une sainte femme s'essuie les yeux ; mais la perte de la polychromie et la définition insuffisante du cliché disponible ne permet pas de s'en assurer. "La figure du "Christ au tombeau" commandée par la Confrérie Notre-Dame de Kalkar en 1487 est également de grande qualité. Elle était destinée au chœur de l'église Saint-Nicolas de Kalkar et est maintenant installée dans le chœur latéral sud. grandeur nature, sur une tumba (plus récente) Le cadavre allongé du Christ révèle les signes de la mort avec beaucoup de vérisme : le regard semble brisé, la rangée supérieure de dents est visible dans la bouche ouverte ."

  • le grand  retable de la Passion (5 mètres ouvert) ou Georgsaltar (Maître Arnt, Derick Baegert, Ludwig Jupan ) de l'église Saint-Nicolas de Kalkar, réalisé par l'atelier en 1490-1491 et dont certains éléments sont directement attribuables à Maître Arnt, comme le Lavement de pieds à la prédelle.


 

"L'autel Saint-Georges est composé d'un retable posé sur un pied d'autel. Le retable lui-même est formé d'un panneau central entièrement sculpté et de deux volets latéraux dont les panneaux sont peints. L'ensemble est posé sur une prédelle en trois compartiments sculptés, et dont le pied lui-même contient une série d'images du Christ et de saints.

La composition actuelle du retable est récente. La prédelle inférieure, avec les images du Christ et de saints peints vers 1490 par Derick Baegert, provient d'un autre retable, dédié à saint Sébastien. La prédelle supérieure montre trois compartiments de sculptures, de l'atelier de Ludwig Jupan, créés entre 1506 et 1508. Ils proviennent également d'un autre autel

La partie centrale du retable est l'œuvre de Maître Arnt, aussi appelé Arnt van Zwolle, ou Arnt Beeldesnider, et se présente dans sa forme originelle. Le panneau a été commencé vers 1480 et achevé en 1492. La vie et le martyre de Georges, comme racontés par la légende, sont décrits dans neuf scènes.

La sculpture de maître Arnt est caractérisée par un style à la fois gracieux et plein de tensions internes, rendu par un traitement très fin détaillée de la surface. On est dans la période du Moyen Âge finissant, lorsque la gravure sur cuivre ou sur bois se manifeste comme un genre nouveau qui influence aussi les autres formes d'art.

La prédelle date du début du xvie siècle. Dans sa partie supérieure, trois compartiments présentent la Lamentation, la Messe de saint Georges, et le Martyre de saint Érasme. Les peintures des ailes latérales datent de la même époque. Elle montrent, sur les panneaux intérieurs, deux épisodes de la vie de sainte Ursule, avec au fond la silhouette de Cologne, et sur les panneaux extérieurs saint Georges combattant le dragon, et saint Christophe."


 

  •  Une Adoration des mages, (Anbeitung der Heiliger drei könige), haut-relief de belle envergure 137 cm × 101 cm × 40 cm. Elle est conservée au Schnütgen Museum de Cologne et datée de 1480-1485. Quatre fragments dont trois personnages ont été retrouvés en 2019 et sont venus  compléter ce haut-relief : un serviteur agenouillé qui déballe d'un sac un cadeau pour l'enfant Jésus , et deux autres compagnons des rois, qui conversent en face à face se font face en conversation. En arrière plan, la suite royale arrive en un long cortège avec des chevaux et des chameaux. 

    L'individualisation des personnages, de plus en plus fréquente dans l'art de la fin du Moyen Âge, s'observe clairement dans les sujets représentés : les rois sont clairement reconnaissables comme représentants des trois âges. Melchior est agenouillé à gauche de Marie, tenant en offrande une pièce d'orfèvrerie en or. Un donateur, est agenouillé mains jointes à la droite de Marie : c'est un seigneur, barbu, au crâne dégarni, l'épée au côté, le casque posé à terre. Derrière lui,  deuxième roi, Gaspard un homme d'âge moyen, tient un vase rempli d'encens. Le regard de l'enfant est tourné vers le plus jeune roi, Balthasar, qui est représenté avec une couleur de peau foncée et une boucle d'oreille en tant que représentant de l'Afrique. Selon la compréhension médiévale, les trois rois représentaient non seulement les âges de la vie humaine, mais aussi les continents connus à l'époque : l'Europe, l'Asie et l'Afrique. D'un geste ample, le roi noir, vêtu d'une robe extravagante, s'apprête à retirer sa couronne-turban pour rendre hommage à l'enfant Jésus. Le bras droit de la figure du roi artistiquement sculpté dépasse le bord du relief et souligne une fois de plus la mise en scène théâtrale de cette extraordinaire Adoration des Rois Mages.

  • Une Lamentation, datée de 1480, 54 × 40 cm, au Rijksmuseum. Cette sculpture, identique à la Déploration du retable de Cluny, mais dont la polychromie est presque entièrement perdue, formait la partie centrale d'un petit retable pour une moine chartreux qui figure à genoux sur le côté droit en bas. Le relief provient probablement du monastère des chartreux de Roermond.

D'autres œuvres lui ont été attribuées, à son atelier ou à son entourage. Elles sont toutes en chêne polychrome, décapé ou peint.

  • Le maître-autel de l'église Saint-Nicolas de Kalkar. Sculptures de Maître Arnt et de ses successeurs Jan van Halderen et Ludwig Juppe, tableaux de Jan Joest et de ses élèves. 

    "Le maître-autel a été commencé en 1488 par Maître Arnt,, mais est resté inachevé à sa mort en 1492. En 1498, Jan van Halderen a contribué à son achèvement ; il a été terminé en 1498-1500 par Ludwig Jupan de Marburg. Les peintures des ailes latérales ont été créées entre 1506 et 1508 par Jan Joest.

    Le retable ouvert a pour thème la Passion du Christ. La représentation est répartie sur le panneau central, mais elle commence dès la prédelle, avec l’entrée à Jérusalem et la Cène, et se poursuit sur les tableaux du volet droit avec la Résurrection, l'Ascension, la Pentecôte et la Mort de la Vierge.

    Le retable sculpté donne à voir une superposition et un enchevêtrement d'un très grand nombre de scènes petites et grandes autour de la vie et de la Passion de Jésus avec, comme couronnement, la scène de la crucifixion dans le haut de la partie centrale. On peut observer que le retable est composé de morceaux sculptés individuellement puis assemblés; avec le temps, cette composition apparaît plus clairement. La peinture des panneaux, d'usage à l’époque, aurait caché les coupures, mais les panneaux n'ont pas été peints, soit par manque d'argent, soit parce que les goûts avaient évolué.

    Les scènes principales sont le Portement de croix, en bas à gauche, au-dessus le Christ à Gethsémani, puis encore au-dessus, et plus petit, deux scènes avec Judas et les soldats, et la trahison de Judas. Au centre, sous la Crucifixion, Marie en douleur et Véronique avec le suaire. Dans la partie droite, les soldats se disputent les vêtements du Christ ; au-dessus la Déposition et la Mise au tombeau. Il faut donc lire chronologiquement les scènes de la gauche vers la droite, sur la partie gauche de haut en bas, et sur la partie droite de bas en haut.

    Les scènes ont été sculptées avec une précision de détails et une virtuosité technique remarquables. On le voit en particulier dans les plis des vêtements et le rendu de coiffures, par exemple dans la dispute des soldats. Aussi chaque visage a une expression propre. On peut supposer que tous ces personnages ont eu pour modèle des gens de Kalkar de l’époque.

    La conception d'ensemble du retable est due à Arnt lui-même. Des documents montrent l'achat, par la confrérie de l'église, de bois en des lieux divers. Arnt travaille à Zwolle où il a son atelier. Après son décès en 1492, les diverses parties sont transportées de Zwolle à Kalkar et complétées, d'abord en 1498 par Jan van Halderen qui réalise l’entrée à Jérusalem et la Cène, dans la prédelle. La même année 1498, Ludwig Jupan est chargé d'achever le retable qu'il termine en 1500. Ludwig Jupan a été identifié au Maître Loedewich. Quelques années plus tard, il réalise l’autel de Marie, dans la même église.

    Les deux peintures tout en haut de l’autel représentent le sacrifice d'Abraham et Moïse et le serpent d'airain. Le retable fermé montre des peintures allant de l'Annonciation à la scène du temple, et d'autres événements ultérieurs, à savoir le Baptême du Christ, Transfiguration, Jésus et la Samaritaine, et la Résurrection de Lazare (représentée sur le marché de Kalkar)."

     

Sa peinture est influencée par Rogier van der Weyden et Adriaen van Wesel . Elle a également été rapprochée de celle de son contemporain, le Maître de saint Barthélemy. 

 

"Arnt, également appelé Arnt von Kalkar et Arnt von Zwolle du nom de ses principaux lieux de travail, est l'un des sculpteurs gothiques tardifs les plus importants de la région du Bas-Rhin .

Selon Heribert Meurer, toutes les sources d'archives à Clèves, Kalkar et Zwolle qui mentionnent le nom entre 1460 et 1492 peuvent être liées à sa personne. Après avoir éventuellement suivi une formation à Clèves auprès d'un sculpteur travaillant à Arnhem ou à Nimègue, Arnt a dû acquérir la citoyenneté de Kalkar en 1453. En 1460, il réalise un blason pour la cour bruxelloise du duc Jean Ier de Clèves . En 1479, il a probablement livré trois œuvres d'art commandées de lui à Zwolle de Kalkar. Il s'y installa avec son atelier en 1481/1484, mais continua à travailler pour Kalkar.

L'une de ses œuvres les plus anciennes et en même temps les plus importantes est les stalles du chœur créées en 1474 à la suite d'un don du duc Jean Ier de Clèves dans l'ancienne église minoritaire de Clèves de la conception Sainte-Marie, aujourd'hui église paroissiale catholique. Les stalles du chœur à deux rangées en chêne, qui ne sont plus complètement conservées, montrent des reliefs de diverses saintes telles qu'Elisabeth, Bernardine de Sienne, Barbara et Madeleine ainsi que des figures libres de Claire d'Assise et de Louis de Toulouse sur les deux- parois latérales de l'histoire. Des drôleries à peu près réalistes couronnent les panneaux latéraux bas et les miséricordes. 

Alors que Meurer date le sanctuaire central du retable de l'autel Saint-Georges de l'église Saint-Nicolas de Kalkar entre 1490 et 1492, Hilger soutient qu'il a été réalisé avant 1484. Un panorama uniforme forme la toile de fond de sept scènes de la légende de Saint-Georges. Le reatble a été fabriqué à partir de seulement quatre blocs de bois, seuls quelques ajouts de détails de sculpture ont été nécessaires.

En raison de sa mort en 1492, il n'a pas été en mesure d'achever les vastes travaux sur le sanctuaire central du retable du maître-autel de Kalkar, pour lequel il avait été commandé en 1488 par la Confrérie de Notre-Dame de Kalkar et dont il était responsable de la planification globale. Des parties du Calvaire ainsi que la scène de la prédelle « Le lavement des pieds du Christ » doivent être considérées comme des œuvres autographes.

Son atelier est également important  : on peut mentionner Jan von Halderen, Dries Holthuys (avant 1480-après 1528), Henrik Bernts (mort en 1509), Kersten Woyers (mort après 1520) et Tilman van der Burch ."

 

Gorissen, Friedrich, Un crucifix inconnu de Maître Arnt, dans : Simiolus 3 (1968/1969), pp. 15-21.

Hilger, Hans Peter, Stadtpfarrkirche St. Nicolai in Kalkar, Kleve 1990.

Meurer, Heribert, The Klever choir stalls and Arnt Beeldesnider, Bonn 1968 

Schulze-Senger, La décoration d'autel gothique tardif de l'église Saint-Nicolas de Kalkar: Aspects d'un développement vers la version monochrome du gothique tardif sur le Bas-Rhin, in: Krohm, Hartmut/Oellermann, Eike (éd.) Autels ailés de la fin du Moyen Âge, Berlin 1992, p.23-36

Trauzeddel, Sigrid, Arnt Beeldsnider, dans : Allgemeines Künstlerlexikon, Volume 5, 1992, pp. 254-255.

Westermann-Angerhausen, Hiltrud (Red.), Arnt von Kalkar et Zwolle - The Three Kings Relief, Cologne 1993.

 

 




 

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Retable de la Passion du Maître Arndt (v. 1483). Cliché RMN.

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LES DIX PANNEAUX PEINTS : HUIT SCÈNES DE LA VIE DE JÉSUS.

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Certains auteurs attribuent les peintures au sculpteur, le Maître Arnt. Le peintre pourrait être aussi le Maître du retable de saint Barthélémy (c. 1445 - Cologne , c. 1515), nom de convention d'un peintre et enlumineur de livres qui est vraisemblablement originaire des Pays-Bas et qui a principalement travaillé en Allemagne, en particulier à (près de) Cologne. Il est aussi appelé Maître de Saint Barthélemy .

Bien que l'on sache peu de choses sur la vie de l'artiste, son travail et sa carrière peuvent être suivis par des experts sur la base de son style. Le nom du maître fait référence à l' Autel de Saint-Barthélemy , un retable qu'il a réalisé pour l'église Saint-Kolumba de Cologne . La pièce date de la période 1505-1510 et montre l'apôtre Barthélemy en compagnie des saintes Agnès et Cécile . Il se trouve maintenant à l ' Alte Pinakothek de Munich .

Étant donné qu'une grande partie du travail de cet artiste se rapporte à l' Ordre des Chartreux , on soupçonne qu'il a lui-même été impliqué dans cet ordre en tant que moine ou en tant que frère convers.

Que le maître soit venu des Pays-Bas (du nord), ou du moins y ait été formé, peut être déduit d'un ouvrage ancien, datant d'environ 1475 : le Livre d'heures de Sophia van Bylant, une œuvre du livre gothique tardif . illumination faite dans les environs d'Arnhem ou d'Utrecht.

D'autres retables de sa main sont l'autel marial (Alte Pinakothek) datant d'environ 1480 et les pièces faites pour Cologne pour l'autel de Thomas (vers 1500) et l'autel de la croix (vers 1505), tous deux maintenant au musée Wallraf-Richartz . à Cologne.

Ses œuvres montrent des influences des peintres du sud des Pays-Bas Rogier van der Weyden , Hugo van der Goes et Dieric Bouts .

En plus du livre d'heures et des retables susmentionnés, diverses peintures de dévotion plus petites de lui sont connues.

L'art du maître du retable de Saint-Barthélemy est si distinctif que, bien qu'il y ait peu de documentation sur sa vie au-delà de ses œuvres, les érudits ont relativement facilement reconstitué sa carrière. Peintre, enlumineur et peut-être moine, il s'installe à Cologne, en Allemagne, vers 1480. Beaucoup de ses commandes les plus importantes ont été réalisées pour les Chartreux, un ordre reclus de moines qui avait été fondé près de quatre cents ans plus tôt par Saint Bruno. , originaire de Cologne. Stylistiquement indépendant, le Maître du Retable de Saint-Barthélemy ne semble pas avoir formé d'école. Les œuvres du maître, de style gothique tardif, sont admirées pour leurs gestes théâtraux, leurs couleurs exubérantes et leurs costumes ornés.

Le Maître du Retable de Saint-Barthélemy a probablement été formé aux Pays-Bas. L'une de ses premières œuvres est le livre d'heures de Sophia von Bylant, exécuté à Utrecht ou Arnheim vers 1475. Trois panneaux du retable de la Saint-Barthélemy, d'où le nom du Maître, se trouvent aujourd'hui à l'Alte Pinakothek de Munich.

Voir : https://www.nationalgalleryimages.co.uk/asset/3482/

 

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I. LES QUATRE PANNEAUX EXTÉRIEURS, VISIBLES VOLETS FERMÉS.

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Les quatre panneaux des volets fermés.

 

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La Nativité et l'Adoration des Bergers.

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La Nativité

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L'ange messager et les quatre anges orants portent des phylactères à inscription gothique indéchiffrables sur le cliché mis à notre disposition.

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Adoration des bergers.

 

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L'Adoration des Rois Mages.

Melchior, à longue barbe et aux cheveux gris, est agenouillé pour présenter l'or ; il a posé sa couronne au sol. Sous un manteau de velours noir damassé d'or et à orfrois de perles, il porte une tunique de soie bleue à manches larges et  des chausses ajustées rouges se prolongeant par des poulaines affinées en pointes.

Dans le respect de la tradition iconographique instituée par Bède le Vénérable, vient ensuite Gaspard, jeune encore, portant un coffre d'encens et montrant l'étoile qui les a guidé et est visible par ses rayons à l'union des deux panneaux. Il est vêtu d'une houppelande rouge.

Balthasar est le plus jeune, le plus fringant et, toujours selon la tradition, il a le visage noir et offre la myrrhe. Un turban souligne son origine exotique. Je ne peux préciser si il porte la boucle d'oreille habituelle. Nous remarquons en outre sa riche tunique courte de velours damassé, ses chausses vertes et ses poulaines.

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J. Leeuwenberg et Friedrich Gorissen démontrent de façon absolument convaincante que le paysage situé derrière l'Adoration des Mages peinte sur un des volets du retable du Musée de Cluny représente la ville de Kranenburg, près de Nimègue, sur le côté allemand de la frontière. On identifie, de gauche à droite, la porte de Nimègue, la cathédrale, la chapelle des Pèlerins, la tour du moulin et une autre tour à l'angle des anciens remparts. Un dessin de Cornelis Pronk montre le même aspect de la ville en 1731 et encore une photographie antérieure au bombardement de 1944.

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L'Adoration des Mages.

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Une vue de la ville de Kranenburg près de Nimègue.

 

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LES  SIX PANNEAUX PEINTS  DE LA PASSION, VISIBLES VOLETS OUVERTS.

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Les deux volets.

 

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L'Agonie au jardin de Gethsémani.

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La nuit d'agonie au Mont des Oliviers (jardin de Gethsémani).

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L'Agonie, détail : le paysage.

Est-ce, ce qui est probable, une vue identifiable d'une ville fortifiée de Rhénanie ou bien une vue stylisée de Jérusalem ?

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Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

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L'Arrestation du Christ au jardin des Oliviers.

Le même paysage est repris au fond.

L'Arrestation ; le Baiser de Judas ; Pierre tranchant l'oreille de Malchus.

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Vue de détail.

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Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

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La Flagellation.

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À l'intérieur du palais le Christ est lié à la colonne, et fouetté avec des lanières plombées de boules acérées (dont les marques s'impriment sur le corps nu), et flagellé de branchage. L'un des bourreaux, celui qui rit,  porte sur sa tunique des lettres NAT---. Un troisième bourreau gravit l'escalier avec hâte. Les costumes sont typiques du XVe siècle

Une foule de curieux observe la scène, sur fond de ville flamande.

Au premier plan sont les officiers ou les notables juifs (en arrière), richement vêtus (tunique damassée, collants, houppelande sans manches, ).

 

La Flagellation.

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Le Couronnement d'épines.

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Le Couronnement d'épines.

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Le Portement de Croix, sortie des remparts de Jérusalem. Simon de Cyrène.

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Le Portement de Croix.

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Le Portement de Croix, détail.

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Photographie lavieb-aile.

Photographie lavieb-aile.

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La Crucifixion.

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La Crucifixion.

 

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La Crucifixion, détail. Les larmes des visages.

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Nous retrouvons tous les détails habituels des enluminures, qui se retrouveront sur les calvaires bretons ou les Passions des verrières finistériennes : les deux larrons, à la braguette nouée par un lacet, liés sur leur gibet ; à gauche Longin perçant le flanc droit du Christ de sa lance ; à droite le Centenier se retournant vers ses hommes en levant le doigt pour dire vere  filius dei erat iste.

La présence de Marie-Madeleine, somptueusement vêtue,  agenouillée bras écartés devant le pied de la Croix, où ruisselle le sang du Crucifié. Son manteau qui est rejeté à l'arrière de ses épaules et tombe en traine derrière elle se retrouvera comme un stéréotype frappant sur tous les calvaires finistériens du milieu du XVIe siècle.

Marie en pâmoison, en robe bleue, voile et guimpe, soutenue par une sainte femme et par Jean, en robe rouge, qui regarde son Maître.

Mais ce qui m'intéresse le plus, c'est la présence de larmes, clairement visibles sur le visage de la Vierge. Celles-ci feront l'objet d'une discussion, après l'examen du retable sculpté, où elles se retrouveront.

 

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Les larmes sont figurées par trois traits blancs en rayons divergents sous la paupière inférieure : chaque filet se dilate en goutte ovale finale.

C'est exactement ce que les sculpteurs de pierre de Landerneau (les Prigent) reprendront au milieu du XVIe siècle.

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LE RETABLE SCULPTÉ : LA CRUCIFIXION ET LA DÉPLORATION.

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Le sculpteur a créé un espace rectangulaire étroit évoquant une chapelle, ou un chevet gothique vitré de baies lancéolées et couvert d'une voûte à croisée d'ogives et clef pendante, agrémenté d'entrelacs à crochets formant résille.

La moitié supérieure, se détachant sur les lancettes à remplage savant, représente un Calvaire, avec la Croix (ayant perdu le Crucifié) encadré en V des lances de Longin et de l'éponge de vinaigre , les larrons sur leur gibet en tronc d'arbre (dont les postures reprennent celles de la peinture correspondante  du volet), des anges voletant, le Golgotha portant les ossements (scapula ; iliaque ; fémur articulé à un tibia et un péroné, fémur seul ; vertèbres), et deux scènes à personnages de chaque côté : Judas dissimulé sous une capuche recevant les trente deniers d'un Juif à bonnet conique (avec deux nouveaux exemples d'étoffes damassées) ; et Joseph d'Arimathie en pleur  ouvrant  son tombeau qu'il met à disposition du Christ (et Nicodème ?).

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Judas et les trente deniers. Photo RMN.

 

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Joseph d'Arimathie devant son tombeau. Photo RMN.

 

 

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La moitié inférieure est réservée, de manière peu habituelle, à une Déploration à six personnages devant un moine chartreux, commanditaire, présenté par l'apôtre André.

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LA DÉPLORATION : LES LARMES DES SAINTS PERSONNAGES.

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La partie gauche est occupée par la Déploration du Christ à six personnages, et le tiers droit par un moine chartreux agenouillé en donateur sous la tutelle de saint André.

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A. LA DONATEUR, UN CHARTREUX PRÉSENTÉ PAR SAINT ANDRÉ.

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L'ordre des chartreux a été fondé en 1084 par saint Bruno en vallée de Chartreuse, près de Grenoble.

 En 1337 fut fondée la Chartreuse de Cologne, cité natale de saint Bruno, En 1371, l’Ordre comptait 150 maisons, et en 1521,  on comptait près de 200 chartreuses en activité. .Les Pays-Bas connurent une grande concentration de chartreuses : Chartreuse d'Amsterdam, de Campen, de Delft, de Monichusen, du Mont-Sainte-Gertrude, de Ruremonde,  Sainte-Sophie-de-Constantinople de Bois-le-Duc,  Saint-Sauveur de la Nouvelle-Lumière et de Zierikzee.

 

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Les chartreux sont soit des pères (qui sont prêtres), ou des frères convers, qui assurent les taches subalternes.  Il s'agit bien entendu ici d'un père, voire d'un prieur.

Le moine chartreux, identifiable quant à son ordre par sa tonsure,  sa robe blanche — à trois boutons de manchettes) et sa "cuculle", scapulaire à capuchon et bandes latérales propre à son ordre, et qui porte des sandales noires,  tient, mains jointes, un phylactère portant son oraison. Le texte semble pouvoir être partiellement relevé. 

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Voir :

—Petrus Christus, Portrait d'un Chartreux, 1446. En réalité un frère lais ou convers puisque les Chartreux ne portaient pas la barbe.

Jan Provost, La Vierge et l'Enfant et chartreux

Le retable de saint Barthélémy de l'église Saint-Nicolas de 

https://nl.wikipedia.org/wiki/Meester_van_het_Bartolome%C3%BCs-altaar#/media/Bestand:Meister_des_Bartholom%C3%A4usaltars_001.jpg

https://www.wikiwand.com/fr/Ma%C3%AEtre_du_Retable_de_saint_Barth%C3%A9lemy#Media/Fichier:Meister_des_Bartholom%C3%A4usaltars_001.jpg

Chartreuse de Champmol

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Dijon_-_Chartreuse_de_Champmol,_crucifixion.jpg

https://www.alamyimages.fr/photo-image-un-moine-en-priere-nmarble-sculpture-d-un-chartreux-a-genoux-dans-la-priere-hauteur-10-1-8-in-francais-fin-du-14eme-siecle-95817807.html

 

Henri Bellechose (actif à Dijon 1415-1430), retable de saint Denis

 

 Retable de Saint Georges avec un moine chartreux aux pieds du crucifié, milieu du XVe siècle. Dijon, Musée des Beaux-Arts (provenant de la chartreuse).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Retable_de_Saint_Georges_-_Henri_Bellechose_1416.jpg

Ce retable (Bourgogne, milieu du XVe siècle)  est le pendant du retable de saint Denis peint par Henri Bellechose en 1416 pour le chœur des convers de la chartreuse de Champmol et conservé au Louvre. Il en reprend les dimensions, la composition et le fond doré mais dans un style propre au milieu du XVe siècle. Huile sur bois transposé sur toile marouflée sur panneau.

philactère : miserere mei deus

larmes aux yeux de la Vierge

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Saint André et sa croix en X.

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Le patronage par saint André révèle-t-il le nom du moine ?

Les chartreuses vouées à saint André sont :

  • Mont-Saint-André Sint Andries Ter Zaliger Havene (près de Tournai, Hainaut, Belgique)

  • Port-du-Salut de Saint-André (près d'Amsterdam, Pays-Bas)

  • Amsterdam : chartreuse Saint-André-de-La-Porte (1393-1578) (Pays-Bas)

 

 

 

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Le chartreux.

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B. LA DÉPLORATION À SIX PERSONNAGES.

 

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Saint Jean, en larmes.

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La Vierge, en larmes, tenant le Christ dans ses bras.

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ELEMENTS DE DISCUSSION.

a)Voir la Pietà peinte par Rogier van der Weyden en 1465 National Gallery

https://www.nationalgalleryimages.co.uk/asset/3289/

 

b) Prière  « Hâtons-nous d'entrer dans le Cœur du Christ »  du Chartreux Ludolphe de Saxe (vers 1300-1378), docteur vénérable et maître en théologie dit « Ludolphe le Chartreux » après avoir été Dominicain 26 ans, prieur de la Chartreuse de Coblence en Allemagne et Auteur de « Vitae Christi » (Vie de Jésus-Christ), ouvrage qui connut en son temps une large diffusion.

« Le Cœur du Christ a été blessé pour nous d'une blessure d'amour, afin que nous par un retour amoureux nous puissions par la porte du côté avoir accès à son Cœur, et là unir tout notre amour à son divin Amour, de façon à ne faire plus qu'un même amour, comme il en est du fer embrasé et du feu. Car l'homme doit ordonner tous ses désirs vers Dieu par amour pour le Christ et conformer en tout sa volonté à la Volonté divine, en retour de cette blessure d'amour qu'il reçut pour l'Homme sur la Croix, quand la flèche d'un amour invincible perça son très doux Cœur… Rappelons-nous donc quel Amour plus qu'excellent le Christ nous a montré dans l'ouverture de son Côté en nous ouvrant par-là large accès à son Cœur. Hâtons-nous d'entrer dans le Cœur du Christ, recueillons tout ce que nous avons d'amour pour l'unir à l'Amour divin, en méditant sur ce qui vient d'être dit. Amen. » Ludolphe le Chartreux (vers 1300-1378) – « Vitae Christi » (Livre II, Chapitre 64)

 

 

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SOURCES ET LIENS.

 

Le retable.

1°) Labarte (Jules), 1847, Description des objets d'art de la collection privée de Louis Fidel Debruge-Dumenil.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65241439.texteImage

"n°1481 — Autel domestique renfermant une grande composition sculptée de ronde bosse et coloriée. = Le Christ mort.
Le corps de Jésus repose sur les genoux.de la Vierge; la Madeleine, agenouillée, contemple la tête du Sauveur; saint Jean et deux saintes femmes se tiennent debout derrière la Vierge; l'une essuie ses larmes, l'autre s'apprête à parfumer le corps du Christ. Sur le premier plan, à droite, le donataire, moine de l'ordre des chartreux, est à genoux.
Derrière lui, saint André, son patron, lui montre du doigt le fils de Dieu, mort pour racheter les péchés du monde. Dans le fond , on aperçoit le calvaire sur lequel les deux larrons sont encore en croix ; à droite, Joseph d'Arimathie et Nicodème préparent le tombeau; à gauche, quelques personnages.
Cette composition est renfermée dans une niche dont le fond est décoré de six fenêtres disposées dans le style ogival flamboyant de la fin du xve siècle. Des festons découpés à jour et dorés sont suspendus aux arceaux de la voûte, qui forme un riche dais au-dessus du groupe principal.
Le Christ et les sept figures qui l'entourent ont 26 à 28 centimètres de hauteur. La Vierge et les saints sont revêtus des plus riches habits.
Cette sculpture polychrome, exécutée avec beaucoup de perfection, appartient à l'école allemande de la fin du xve siècle.
La niche est fermée par deux volets, sur chacun desquels sont peints à l'intérieur trois tableaux de 25 centimètres de haut sur 17 de large. Les sujets représentés sont, dans le volet droit: Jésus au jardin des Olives, la trahison de Judas, la flagellation; dans le volet gauche : le couronnement d'épines, le portement de croix, la crucifixion. Ces peintures sont attribuées à Martin Schongauer ou Schon , célèbre peintre et graveur, né à Augsbourg, mort à Colmar en 1499. Les volets, réunis à l'extérieur par la fermeture, présentent encore deux tableaux : dans la partie supérieure, la Vierge, saint Joseph et les anges en adoration devant Jésus qui vient de naître; dans le bas, l'adoration des mages. Ces deux peintures sont d'un autre maître. Ce précieux monument a été publié par M. Du Sommerard, dans Son Atlas, ch. XI, pl. Il. — H 85 cent., L. 44, Profondeur20."

2°) DU SOMMERARD (  Alexandre ), 1839, Les arts au Moyen Age : en ce qui concerne principalement le palais romain de Paris l'Hôtel de Cluny, issu de ses ruines et les objets d'art de la collection classée dans cet hôtel, Paris : A l'hôtel de Cluny ... : Et chez Techenev  . Planches gravées par Alfred Lemercier et A. Godard, 

https://archive.org/details/gri_33125008573392/page/n126/mode/1up

 

3°) DU SOMMERARD (Edmond), Musée des Thermes et de l'Hôtel de Cluny. Catalogue et description des objets d'art [...], Paris : Hôtel de Cluny, 1867, 426 p. page 61.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56080940/f114.item.texteImage

 

 

 

710. —Grand triptyque ou autel domestique en bois sculpté de ronde bosse, peint et doré, fermé par des volets décorés de sujets peints à l'intérieur comme à l'extérieur; ouvrage allemand- de la lin du xve siècle.
La scène principale représente la Descente de, croix : le corps de Jésus repose sur les genoux de la Vierge ; la Madeleine agenouillée contemple la tête du Sauveur, et deux saintes femmes se tiennent debout près d'elle. Sur le premier plan, à droite, le donateur, moine de l'ordre des Chartreux, se prosterne à genoux dans l'attitude de la prière, assisté de son patron, saint André.
Dans le fond, l'on aperçoit le Calvaire et les larrons en croix, et à droite Joseph d'Arimathie et Nicodème préparant le tombeau. Au-dessus du groupe de figures règne un dais formé par des festons découpés à jour et dorés, et le fond est décoré de six fenêtres disposées dans le style ogival de la fin du xv* siècle. Le Christel les figures qui l'entourent ont 0,n,26 à 0m,28 de hauteur.
Sur les volets sont peintes diverses scènes de la passion du Christ ; sur le. volet de droite on distingue Jésus au jardin des Olives, la Trahison de Judas, la Flagellation ; sur celui de gauche, le Couronnement d'épines, le Portement, de croix et la Crucifixion.
L'extérieur des volets présente en outre deux tableaux : la Vierge, saint Joseph, la Nativité, les Anges, puis l'Adoration des mages. — Ces peintures, d'une excellente exécution, sont attribuées à Martin Schongauer ou Schon,célèbre peintre et graveur, mort à Colmar en 1499.
Cet autel domestique, qui faisait partie de la collection Debruge avant de passer dans celle du prince Soltikoff, est dans un état de conservation remarquable, et les détails de son exécution sont traités avec une habileté hors ligne. Les peintures, ainsi que la dorure, sont du temps, et n'ont subi aucune- altération. Il a été acquis par le Musée en avril 1861, lors de la dispersion de la galerie Soltikoff.  

4°) Exposition  "Arnt le sculpteur d'image maître des sculptures animées" du musée Schnütgen de Cologne 2020-2021.

https://museum-schnuetgen.de/Arnt-the-sculptor-of-images

https://museum-schnuetgen.de/Master-Arnt-a-present-from-Paris

"Qui était Maître Arnt de Kalkar et Zwolle ?
La première exposition consacrée au fondateur d'une riche école de sculpture du Bas-Rhin transportait les visiteurs à l'époque de la fin du Moyen Âge. Une soixantaine d'œuvres de l'artiste, qui a travaillé entre 1460 et 1491 environ, étaient exposées. L'œuvre gothique tardive de Maître Arnt captive par une vivacité extraordinaire, un large éventail de sujets et des détails narratifs.

Début 2019, le Museum Schnütgen a réussi à acquérir trois fragments précédemment perdus, avec lesquels un chef-d'œuvre de Maître Arnt, un panneau d'un retable avec l'Adoration des Mages, peut être complété et ainsi être montré pour la première fois.
Une autre œuvre importante du sculpteur provient de la Nicolaikirche à Kalkar. Le retable de Saint-Georges d'une largeur de cinq mètres (lorsqu'il est ouvert) est présenté pour la première fois à l'extérieur de l'église dans cette exposition.
D'autres prêts de premier plan – pour ne citer que quelques prêteurs internationaux – proviennent du Rijksmuseum d'Amsterdam, du Musée de Cluny à Paris et du Musée Art & Histoire de Bruxelles, ainsi que de nombreuses églises du Bas-Rhin.

Le Bas-Rhin et les Pays-Bas
Maître Arnt représente l'interconnexion des impulsions artistiques du Bas-Rhin avec celles des Pays-Bas voisins : de 1460 à 1484 environ, il travailla le long du Bas-Rhin à Kalkar, et de 1484 à 1491 environ à Zwolle, l'actuelle capitale de la province néerlandaise. d'Overijssel. Son atelier a fourni des sculptures pour de nombreux endroits autour d'IJsselmeer et de la région autour de Clèves.
En plus des retables avec des reliefs narratifs figuratifs et des statues de saints, des figures individuelles frappantes du Christ, des anges et de la Vierge à l'Enfant font partie de l'œuvre survivante de Maître Arnt. "

 

Les auteurs.

1°) Le Maître Arnt de Woole ou Arnt de Kalkar

—BEAULIEU (Michèle), 1958. Le maître du retable de Saint Georges à Kalkar. In: Bulletin Monumental, tome 116, n°4, année 1958. pp. 286-287.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1958_num_116_4_4040_t1_0286_0000_1 

Le maître du retable de saint Georges à Kalkar

Avec son habituelle sensibilité, Jaap Leeuwenberg tente de reconstituer, en se basant sur les seules caractéristiques du style, l'œuvre du maître anonyme du retable de saint Georges à l'église Saint-Nicolas de Kalkar. Il étudie d'abord un groupe de la Déploration du Christ récemment acquis par le Rijksmuseum d'Amsterdam, groupe qui se trouve être l'exacte répétition de la partie centrale d'un petit retable du Musée de Cluny (Catalogue des bois sculptés, 1925, n° 111). Les deux pièces ont manifestement été exécutées par le même artiste, originaire de la région de Clèves. Il convient de joindre aux groupes d'Amsterdam et de Paris, la Mise au tombeau faisant partie des collections du prince de Salm-Salm, qui présente, en effet, beaucoup d'affinités dans le type des figures et le style des vêtements. D'autre part, le retable de Kalkar offre, avec le seul retable de Paris, des ressemblances frappantes dans le traitement des rochers et surtout des touffes de chardon qui ne se rencontrent dans aucune autre sculpture du Bas-Rhin. J'avoue être moins convaincue — autant que l'on puisse juger d'après une photographie — par l'attribution au maître de Kalkar du grand calvaire appartenant aussi au prince de Salm-Salm. J. Leeuwenberg et Friedrich Gorissen démontrent de façon absolument convaincante que le paysage situé derrière l'Adoration des Mages peinte sur un des volets du retable du Musée de Cluny représente la ville de Kranenburg, près de Nimègue, sur le côté allemand de la frontière. On identifie, de gauche à droite, la porte de Nimègue, la cathédrale, la chapelle des Pèlerins, la tour du moulin et une autre tour à l'angle des anciens remparts. Un dessin de Cornelis Pronk montre le même aspect de la ville en 1731 et encore une photographie antérieure au bombardement de 1944. Le donateur du retable du Musée de Cluny, un Chartreux, avait donc vraisemblablement des rapports avec la ville de Kranenburg, dans laquelle il n'y eut cependant jamais de Chartreuse ; mais les Chartreux de Roermond avaient acquis des terres près de Nimègue et, depuis 1483, possédaient une maison dans la ville. La présence d'un tiroir dans la partie basse du retable du Musée de Cluny semble indiquer qu'il n'était pas destiné à une grande église, mais à une chapelle privée, peut-être celle des Chartreux de Nimègue. Quant au retable de Kalkar, il a été commandé par un certain Peter Gisen qui s'est fait représenter sur les volets avec toute sa famille. Le donateur est mentionné comme bourgmestre de la ville de 1483 à 1486, il mourut en 1493. — Oud-Holland, 1958.


—LEEUWENBERG, (Jaap), GORISSEN (Friedrich),1958 De meester van het Sint-Joris-altaar te Kalkar In: Oud-Holland vol. 73 (1958) p. 18-42

https://www.jstor.org/stable/42718433

https://www.youtube.com/watch?v=AAmsiv6-J-M&t=1s

2°) Le Maître de saint Barthélémy

Objection : les costumes sont différents, notamment les chaussures sont rondes et non à la poulaine.

— Descente de croix (Déposition) vers 1475-1525 (Louvre) /v. 1495 Philadelphia / 1500-1505 (NGA)

a) Le Louvre

https://collections.louvre.fr/en/ark:/53355/cl010062591

b) National Gallery

https://www.wga.hu/frames-e.html?/html/m/master/bartholo/descent2.html

Peintre par excellence de Cologne au tournant du siècle, cet artiste méconnu porte le nom du Retable de la Saint-Barthélemy aujourd'hui à Munich, et est également l'auteur d'une version beaucoup plus grande de la Déposition, aujourd'hui au Louvre. Dans les images de Paris et de la Galerie nationale, la scène semble se dérouler dans un sanctuaire sculpté et doré, imitant les tabernacles allemands sculptés du XVe siècle avec leurs entrelacs gothiques et leurs statues peintes.

Le thème est ainsi placé devant nos yeux à Cologne (du moins aurait-il semblé à un spectateur contemporain, agenouillé devant cette image en dévotion privée). Les rochers et le crâne du premier plan précisent cependant le lieu historique de la Crucifixion : Calvaire ou Golgotha (« lieu d'un crâne » dans les langues des Évangiles). Tel un maître d'école médiéval, l'artiste se propose de nous enseigner les étapes de la spiritualité chrétienne. Nous attirant par le motif, l'or et la couleur riche, il nous conduit à l'empathie sensorielle, d'abord d'un genre agréable, avec les riches textures du brocart de la Madeleine mondaine et les magnifiques perles et glands du vieux Joseph, le « riche d'Arimathie » (Matthieu 27:57). Puis il nous emmène au-delà du plaisir, vers le bois dur de l'échelle et de la croix, vers la douleur physique et la douleur mortelle. D'énormes gouttes de sang jaillissent des plaies ouvertes du Christ, et des larmes surdimensionnées scintillent sur les joues des autres personnages. Leurs yeux sont rouges à force de pleurer. Les bras du Christ sont enfermés dans la rigor mortis et son corps devient gris de mort. Comme l'enseignaient les vifs manuels de dévotion de l'époque, nous devons imprimer son message dans les cœurs purs, revivant dans la méditation ce moment le plus douloureux de la Passion. Ce n'est qu'alors que nous pourrons atteindre l'objectif des mystiques de l'imitation du Christ et de ses saints.

Les figures sont soigneusement différenciées : Nicodème sur l'échelle abaisse le corps du Christ à Joseph d'Arimathie, qui a fait don de son propre tombeau pour l'enterrement du Christ. Saint Jean soutient la Vierge évanouie. Marie-Madeleine au pied de la croix serre sa tête presque pliée de chagrin. Un jeune auxiliaire a accroché sa jambe autour de la traverse, et les deux autres Maries se tiennent au fond, l'une priant, l'autre contemplant la couronne d'épines en réconfortant la Madeleine. Hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres, trouvent leur place devant leur Sauveur crucifié.

 

c) Philadelphia Museum of Art, 1495

https://philamuseum.org/collection/object/102556

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AEtre_du_Retable_de_saint_Barth%C3%A9lemy#/media/Fichier:Bottega_del_maestro_dell'altare_di_san_bartolomeo,_deposizione,_1495_ca..JPG

3°) Les chartreux :

 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56080940/f114.image.r=chartreux#

Ludolphe de Saxe, Vie de Jésus-Christ, traduction en français de la Vita Christi. BnF Français 178,  Ludolf de Saxe (13..?-1378),  Colombe, Jean (143.-1493?). Enlumineur, Cercle Pichore (149.-151.). Enlumineur

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105206322.image

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Peinture. Retable Passion Déplorations
13 août 2023 7 13 /08 /août /2023 21:51

Les vitraux de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez.

Les vitraux (XVIe siècle, vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez.

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Sur Douarnenez, voir ici :

  • La chapelle Saint-Vendal de Douarnenez.
  • Le calvaire de la chapelle Saint-Vendal de Douarnenez.
  • Le calvaire de la chapelle Saint-Vendal de Douarnenez : de nouvelles photos.
  • Les inscriptions lapidaires (1550-1684) de l'église Saint-Herlé à Ploaré (Douarnenez).
  • Les bas-reliefs marins (Fou de Bassan et poissons, granite, 1550) de la façade occidentale de l'église Saint-Herlé de Douarnenez.
  • Profanation d'inscription lapidaire : l'église Saint-Herlé à Ploaré (Douarnenez).
  • Exposition Quilles en l'air à Douarnenez. (2013)

 

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PRÉSENTATION.

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La chapelle Sainte-Hélène a été reconstruite en 1755 dans un style néo-classique, à partir d’un réemploi de pierres plus anciennes datant de la première édification vers 1480. Elle a alors perdu son orientation vers l'est . Ce qui a été préservé de ses vitraux a été regroupé dans les deux fenêtres de la première travée de la nef, les baies n°7 et 8. Six scènes de la Passion proviennent sans doute de l'ancienne maîtresse-vitre exécutée vers 1570, et qui était jadis cimée, selon un procés-verbal de 1752, des armes de France et de Bretagne, au dessus des armes des Penfrat (Penhoët) d’azur à l’éléphant d’argent chargé d’une tour d’or, à droite, et à gauche d'armes d’azur au léopard rampant d’argent armé et lampassé de gueules, chargé au poitrail d’un losange d’or, que je n'ai pas su attribuer, et plus bas d'azur à la tour d'or . Une autre vitre portait un blason écusson d’azur au sautoir d’or cantonné de quatre croix d’or.

Les vitres bénéficièrent de divers travaux de restauration :

-En 1640, Mathieu Bernard, peintre vitrier, maître peintre verrier, aussi auteur de restauration avec son frère Yvon, à Plogonnec, répare les vitraux, 18 livres.

-En 1709, Laflandre de Quimper fait pour 45 livres 12 sols de travaux.

-En 1751,   Jean Dubois, peintre vitrier, fait dans cette chapelle 109 livres de travaux. La même année il est en l’ église Saint-Herlé de Ploaré, et travaille sur les vitraux pour 109 livres. On le retrouve pour des travaux en Cornouaille, en1741, à Primelin,en la  chapelle Saint-Tugen, avec des travaux se montant à 60 livres pour la vitre du grand chœur. En 1748, il est à Pont Croix, en l’église Notre-Dame-de-Roscudon,une fois seul , une fois avec Villereux pour plomber la vitre du rosaire, 160 livres,Il y retourne en 1751 pour mise en plomb de la maîtresse vitre. Il est à Pleyben en 1754, , chapelle de la congrégation, 180 livres de travaux.

En 1752, est donnée la description de la maîtresse vitre, détaillant les blasons mais n'indiquant aucun donateur.

En 1875, un chevet à trois pans fut reconstruit, et l'atelier du Carmel du Mans réalisé deux verrières pour l'éclairer.

En 1983-84, l'atelier de vitraux Jean-Pierre Le Bihan, maître-verrier de Quimper procéda à la restauration de l’ensemble des vitraux .

Je reprends principalement dans ma description celle de Vitraux de Bretagne de Gatouillat et Hérold 2005. Ma contribution porte, outre la documentation iconographique détaillée et commentée,  1) sur l'attribution du blason à l'éléphant à la famille de Penfrat, qui possédait le manoir de Kerdanet à Poullan-sur-mer et la terre de Lannouan en Mahalon ; 2) sur  l'attribution précise  des inscriptions de la baie n°8 au Livre de Job.

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La baie n°7 : verrière recomposée de la Passion (vers 1570).

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Deux lancettes en plein cintre à deux registres, et un tympan à trois ajours, de 2,30 m de haut et 1,15 m de large.

 

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Registre inférieur, lancette A : L'arrestation de Jésus, le Baiser de Judas.

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Comme dans les Passions finistériennes du XVIe siècle (une cinquantaine sont décrites dans ce blog, beaucoup provenant de l'atelier Le Sodec de Quimper), la scène associe le Baiser de Judas tenant sa bourse aux trente deniers, le mouvement des soldats se préparant à l'arrestation (avec les armures et le casque en hublot bien reconnaissable ), et la scène où Pierre tranche l'oreille de Malchus, serviteur du grand prêtre.

Verres colorés, verres blancs peints à la grisaille, à la sanguine et au jaune d'argent.

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Registre inférieur, lancette B : La comparution devant Pilate.

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Tandis que la foule manifeste sa violence envers Jésus, Ponce Pilate le condamne à la mort, tout en  se déchargeant de toute responsablilité en se lavant les mains. Jésus, de façon anachronique par rapport au récit évangélique, porte déjà la couronne d'épines.

Dans toutes ces scènes devant Pilate, sur les verrières mais aussi sur les gravures ou bas-reliefs, le chien blanc, signe du luxe des cours princières, est présent.

Quelques beaux portraits, comme celui de Jésus au visage sanguinolent. Cette insistance sur le sang versé est une constance de ces Passions du XVIe siècle.

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Registre supérieur, lancette A : La Crucifixion.

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D'habitude, les soldats et cavaliers encadrent la croix, et Longin portant la lance qui frappe le flanc du condamné, est à droite. Ici, ils ne sont présents qu'à sa gauche.
À droite de la croix , Marie, en bleu, est soutenu par saint Jean, en manteau rouge et robe verte. Deux saintes femmes essuient leurs larmes. Ce rôle des larmes versées est, dans la mystique de l'époque, la réponse exemplaire face au sang versé. L'état de conservation, et les plombs de casse, ne permettent pas de préciser si des larmes sont vraiment figurées aux yeux de Jean et de la Vierge.

Fond bleu à architecture évoquant Jérusalem.

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Le sang s'écoulant des cinq plaies est peint de façon ostensible. Il s'écoule le long de la croix, devant laquelle Marie-Madeleine, en rouge, est agenouillée mains jointes. Ici, les trois larmes sont très visibles, avec leur filet se terminant en ampoule, comme sur de nombreuses verrières de l'atelier quimpérois, ou comme sur les calvaires de l'atelier de sculpture du kersanton des Prigent de Landerneau.

Le harnachement des chevaux, et en particulier le modèle des mors, est également caractéristique, mais la présence d'une ferrure de protection du chanfrein est plus rare.

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Registre supérieur, lancette B : La Résurrection.

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Le Christ se dresse sur le tombeau, portant le manteau rouge glorieux et l'étendard de sa victoire sur la mort, mais montrant chacune de ses plaies attestant de son supplice et de sa mort.  Certains des soldats qui le gardent sont plongés dans le sommeil, et d'autres sont éblouis.

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Les scènes sont adaptées dans une architecture à entablement et dais ornés du putti, réalisées au XXe siècle mais s'inspirant de modèles quimpérois du XVIe siècle.

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Le tympan : buste en réemploi, saint Pierre et sainte en prière (vers 1530-1540).

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Saint Pierre est surtout identifiable par le toupet persistant en ilôt sur sa calvitie. Il dépasse de nuées qui sont surtout visibles autour de la sainte, comme dans les Jugement derniers. 

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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La baie n°8 : verrière composite de la Passion, du Jugement dernier et du Livre de Job (vers 1570).

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Registre inférieur, lancette A : L'Agonie au Jardin des Oliviers (vers 1570).

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Le Christ en bleu, prie devant un calice placé au dessus de lui, tandis que les apôtres Pierre, Jacques et Jean se sont endormis. Le jardin est entouré de palissades, et devant la porte, Judas (roux, tenant sa bourse) se prépare à guider les soldats et à leur désigner Jésus.

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Registre supérieur, lancette A : Le Portement de Croix (vers 1570).

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Jésus, ligoté, frappé par les soldats, chancelle, malgré l'aide se Simon de Cyrène.

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Registre supérieur, lancette B : Le Christ du Jugement dernier dans une gloire d'or (peu restauré, plombs de casse, vers 1550 ?) ; et fragments de personnages très restaurés.

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Registre supérieur, lancette B (suite) : architecture ornée de putti (XXe siècle).

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Registre inférieur, lancette B : scènes du Livre de Job (vers 1570).

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a) Un homme tenant la houlette de berger lève le doigt vers le phylactère supérieur qui dit : CALDEI TULERUNT --MELOS

Il s'agit d'un fragment de verset  du livre de Job 1:17 :

Sed et adhuc illo loquente venit alius et dixit: “Caldei fecerunt tres turmas et inuaserunt camelos et tulerunt eos necnon et pueros percusserunt gladio et ego fugi solus, vt nunciarem tibi.”

"Il parlait encore, lorsqu'un autre vint et dit: Des Chaldéens, formés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux, les ont enlevés, et ont passé les serviteurs au fil de l'épée. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle."

L'homme est donc ce messager survivant au massacre et qui vient avertir Job . 

Ce drame fait suite aux épreuves identiques par lesquelles Satan met la foi de Job à l'épreuve : la perte de ses bœufs et annesses et le massacre de ses serviteurs (versets 14-15) et l'incendie qui a frappé ses brebis et ses serviteurs (verset 16).

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b) Un personnage au premier plan, richement vêtu, fléchit le genou devant un paysage urbain. Il lève la main vers le ciel et est entouré d'un phylactère indiquant DO [mus quae corrue] EnS OPPRESSIT LIBEROS 

Il s'agit d'une citation du Livre de Job Job 1:19 :

repente ventus vehemens inruit a regione deserti et concussit quattuor angulos domus quae corruens oppressit liberos tuos et mortui sunt et effugi ego solus ut nuntiarem tibi

"[ 18 Il parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné ; 19.et voici, un grand vent est venu de l'autre côté du désert, et a frappé contre les quatre coins de la maison; elle s'est écroulée sur les jeunes gens[ont écrasé tes enfants], et ils sont morts. Et je me suis échappé moi seul, pour t'en apporter la nouvelle."

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Le personnage est donc également le survivant qui vient avertir Job de la mort de ses sept fils et ses trois filles.

Job réagit à cela en restant fidèle à Yahvé : "Alors Job se leva, déchira son manteau, et se rasa la tête ; puis, se jetant par terre, il se prosterna, et dit : Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L’Éternel a donné, et l’Éternel a ôté ; que le nom de l’Éternel soit béni !".

 

Nous pouvons penser que cette scène formait un commentaire de la Passion , et en particulier à la scène de l'Agonie du Christ lors de laquelle Jésus  répète, en prière d'abandon, « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »

C'est néanmoins un exemple unique de cette analyse typologique de la Passion dans les verrières finistériennes, ce qui donne toute sa valeur à ce panneau.

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Le tympan de la baie n°8 : 3 fragments en réemploi. Tête d'un clerc ; buste d'une sainte couronnée (complété) ; fragment d'un ange portant la croix, très restauré.

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Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux (vers 1540 et 1570) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Le tympan de la baie n°3 : lapidation de saint Étienne (vers 1540).

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De part et d'autre du chœur, les baies n°3 et 4 sont des verrières néoclassiques à symboles colorés posées vers 1840. Ces compositions plus élaborées que la production courante de l'époque sont remarquables par leur technique, avec des mises à plombs complexes comprenanrt des pièces posées en chef-d'œuvre.

"Saint Etienne est présenté avec tous ses attributs ;  il est à genoux, les yeux ayant la vision du Christ, il porte la dalmatique, le vêtement des diacres, ce qu’il est, les pierres de la lapidation jonchent le sol. Les verres sont en très bon état, certains  épais, comme la couleur verte, atteignent 5 mn, les bleus sont bullés et la coupe  est faite au fer rouge." (Le Bihan)

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Les vitraux ( v.1570 et 1840) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux ( v.1570 et 1840) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux ( v.1570 ) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux ( v.1570 ) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Le tympan de la baie n°4 : buste de la Vierge d'intercession du Jugement dernier ? Fragment en réemploi, 3ème quart XVIe siècle.

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"Baie 4, dans oculus de 0,40x0,40 Sainte Hélène
Datation fin XVIe,  panneau de vitrail posé  à l’envers à la fin XIX°. Relevé en 1986 .
Restauration début XIXe au plus tard par un atelier n’ayant pas de four, ni de grisaille, qui ne rabat pas les plombs. Pour le visage cet atelier met une pièce de verre dépoli et une pièce ancienne pour voile.
Représentation : buste d’une vierge en prière, voile blanc et jaune d’argent, robe dans un bleu plaqué, deuxième robe brune aussi en verre plaqué. Nimbe au jaune d’argent. Sur la droite, deux mains jointes, sur la gauche, pièces de robe bleue qu’on retrouve à droite. Grisaille noir posée au trait, lavis en demi-teinte, sanguine sur certaines parties des mains et visage ainsi que sur pièces au jaune d’argent. Verre coupé au fer rouge. Même atelier qu’à Garnilis en Briec dont il ne subsiste que peu de pièces d’origine. Les pièces bouche-trous proviennent d’un jugement dernier proche de Kergoat.

Du vitrail fin XIX°, il ne reste même pas un quart en 1983. Sur fond de losanges, au centre une grande croix de couleur  marron avec au croisement des bras de la croix un graphisme rappelant  la  couronne d’épines. De ci de là, dans  losange, incrustation d’étoiles de couleurs  jaunes. Têtes de lancettes avec graphisme rappelant  le dais  avec cul de lampe. Dans le réseau, sur fond de pièces bleues, genre couronne mortuaire de couleur verte d’où tombe une grappe de feuilles blanches." (Le Bihan)

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Les vitraux ( v.1570 et 1840) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux ( v.1570 et 1840) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux ( v.1570 ) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux ( v.1570 ) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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Baie de la fenêtre haute du fond de la nef : création de Jean-Pierre Le Bihan, maître-verrier de Quimper, 1986.

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Les vitraux ( v. 1986) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

Les vitraux ( v. 1986) de la chapelle Sainte-Hélène de Douarnenez. Photographie lavieb-aile août 2023.

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SOURCES ET LIENS.

—ABGRALL (Jean-Marie), 1907, Notice sur Douarnenez,  Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, Quimper pages 133-134.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/331

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/fb0cd6d4ef4f6e74fcaabdcced2f0374.pdf

— CELTON (Yann), 2018, clichés des baies 7 et 8 de la notice Palissy PM29000222

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000222

— COUFFON (René), LE BARS , 1988, Notice sur Douarnenez,

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/829

Vitraux : Les deux verrières anciennes conservées, de chacune quatre scènes, sont de facture inhabile mais originale, peut-être d'un artisan espagnol, fin du XVIe siècle (C.). Côté nord : Arrestation de Jésus, Notre Seigneur devant Pilate, Crucifixion et Résurrection. - Côté sud : Agonie, Portement de croix, Ascension (?), donateurs avec sainte Hélène.

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel); 2005, Le vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum VII, PUR édition, page 124-125, ill.

— OTTIN (Louis), 1896, Le vitrail, son histoire, ses manifestations diverses p.  246-247.

https://ia800302.us.archive.org/12/items/levitrailsonhist00otti/levitrailsonhist00otti.pdf

"Douarnenez (prononcez Douarnené). — A gauche et à droite quand on entre dans l’ancienne église de Douarnenez (Sainte Hélène) on a deux fenêtres dans lesquelles un vitrier plus ou moins habile a intercalé assez malheureusement huit vitraux du xvr° siècle qui ont trait à la vie de Jésus. — Ce sont, à gauche : le Crucifiement; le Christ descendant aux limbes; Caïphe se lavant les mains, et le baiser de Judas. Cette dernière scène est fort originale mais très mal restaurée. On voit sur le premier plan Malchus saignant de son oreille coupée que saint Pierre à côté tient à la main. La fenêtre de droite contient à son tour : le Portement de croix, l’Ascension, le Jardin des Oliviers et enfin pour dernier tableau, selon toute probabilité, le portrait du donateur agenouillé, ayant devant lui une banderole contournée portant les lettres suivantes : ES : OPRESSIT LIBEROS CALDEI TVLERVNT MELOSt. Un pâtre, sa houlette à la main, est derrière le donateur également agenouillé. Ces vitraux, certes, ne sont pas beaux, le dessin en est sauvage et l'exécution brutale, mais ils ont, en dépit de tout, une facture fort originale et qui sort de la banalité ordinaire.

Que l’on pourrait à la rigueur traduire de la sorte, en supposant toutefois dans cette inscription quelques fautes d'orthographe provenant du peintre : æs oppressit liberos, Chaldei tulerunt melos — les armes ont asservi ceux qui étaient libres (mais) les Chaldéens ont apporté la musique (pour se consoler dans l'esclavage)."

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Inscriptions Héraldique Passion Renaissance.
22 juin 2023 4 22 /06 /juin /2023 14:02

La maîtresse-vitre de l'église Saint-Ouen de Quéménéven (29).

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven (29).

 

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1°) Voir les 29 Passions des verrières du Finistère au XVIe siècle  dont beaucoup  sont attribuées à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

  • 1476-1479 : Locronan Vie et Passion du Christ.

  • Vers 1500 : la "petite Passion" de la baie 4 de Guengat.  Vie et Passion du Christ.

  • 1510 : Vie du Christ, Maîtresse-vitre de l'église Saint-Nonna Penmarc'h, Attribuable à l'atelier Le Sodec ?. Vie et Passion du Christ.

  • 1516 : Maîtresse-vitre de l'église d'Ergué-Gabéric, Attribuable à l'atelier Le Sodec . 4 lancettes. Vie et Passion du Christ.    

  • La maîtresse-vitre (v.1520) de la chapelle de Kerdévot à Ergué-Gabéric. 

  • 1520 :  maîtresse-vitre, église de Plogonnec,  attribué à Olivier Le Sodec. 4 lancettes, 6 scènes de la Passion du Christ et 2 couples de donateurs.

  • [1519-1535 : maîtresse-vitre (détruite) de l'Abbaye de Daoulas pour mémoire et non décomptée.

  • 1525 : Pluguffan (verrière très fragmentaire de la Crucifixion).

  • Premier quart XVIe : Cast, Chapelle de Quillidouaré. 4 lancettes dont 3 pour une grande Crucifixion.

  • 1535 : Quimper, église Saint-Mathieu : Copie du XIXe siècle des verrières de Tourch ou La Roche-Maurice.. Larmes.

  • v.1535 : Vitrail du chœur de l'église de Brasparts  (ou 1560 pour J.P. Le Bihan). 3 lancettes, 12 scènes de la Passion.

  • 1539 : maîtresse-vitre de l'église de  La Roche-Maurice. Attribué à l'atelier Le Sodec. 5 lancettes, scènes de la vie et Passion du Christ dont une Grande Crucifixion centrale. Larmes.

  • 1540 La Martyre, baie 0 Cartons communs avec La Roche-Maurice. Attribué à l'atelier Le Sodec.3 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion.

  • vers 1540 La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Larmes de compassion.

  • Vers 1540 : Déploration entre deux donateurs ; Pamoîson de la Vierge  de l'église de Kergloff. Attribué à l'atelier Le Sodec. Larmes de compassion. Pas d'inscription ni de verres gravés.

  • 1550 : maîtresse-vitre de l'église de Guengat, Attribué à l'atelier Le Sodec. 6 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion. Larmes.

  • 1550 :  La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, v.1550) de l'église Saint-Miliau de Guimiliau. Cartons communs avec Guengat, et certains avec Quéménéven, Gouézec, et Tréguennec. 4 lancettes d'une Grande Crucifixion. Larmes.

  • 1550 : La maîtresse-vitre (Grande Crucifixion, Le Sodec, v. 1550) de l'église Saint-Cornely de Tourc'h. Larmes de compassion.

  • 1550-3ème quart XVIe siècle : maîtresse-vitre de l'église Saint-Idunet de Trégourez.

  • Milieu XVIe : ancienne maîtresse-vitre de Saint-Gunthiern à Langolen, aujourd'hui au Musée Départemental Breton de Quimper. Larmes. Mêmes cartons qu'à Guenguat, Guimiliau et Gouezec.

  •  3e quart XVIe siècle. La Passion de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Pierre de Gouezec.  :  Attribuable à l'atelier Le Sodec. 4 lancettes d'une Grande Crucifixion. Larmes de compassion.

  • 3e quart XVIe siècle (vers 1560),  Quéménéven église Saint-Ouen : Attribuable à l'atelier Le Sodec . Cartons communs (Le Bihan) avec Guengat, Gouezec et Guimiliau, ou La Martyre et La Roche-Maurice  (Gatouillat). Larmes de compassion (une seule femme). Pas d'inscription ni de verres gravés.

  • 3e quart XVIe siècle  Tréguennec  ; Attribuable à l'atelier Le Sodec. 5 lancettes dont une Grande Crucifixion centrale.

  • 1556 :  Saint-Herbot  (Plonévez-du-Faou) par Thomas Quéméneur de Morlaix. 6 lancettes, 12 scènes de la Passion avant la Crucifixion.

  • 1560 : Maîtresse-vitre de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Attribué à Le Sodec. 3 lancettes. 7 scènes de la Passion.

  • 1560 : Maîtresse-vitre de la chapelle  N.D-du-Crann à Spezet. 4 lancettes, 12 scènes de la Passion.

  • vers 1570 : La maîtresse-vitre (La Passion, anonyme, v. 1570) de l'église de Pleyben.  4 lancettes : scènes de la Passion  dont une Crucifixion sur 9 panneaux. Pas de larmes.

  • 1573 : chapelle de Lababan à Pouldreuzic.

  • 3e quart XVIe siècle : Ploudiry. 3 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion, proche de celles de La Roche-Maurice, La Martyre, etc.

  • 4e quart XVIe : Pont-Croix. Attribuable à l'atelier Le Sodec. 6 lancettes de la Vie du Christ à un couple de donateurs (Rosmadec).

  • 1593 :maîtresse-vitre de l' église de Saint-Goazec.  Larmes de compassion.

et dans le Morbihan :

  • 1515 : maîtresse-vitre, église de Lanvenegen 4 lancettes, 12 scènes de la Passion.

  • Milieu XVIe : Passion, Le Faouët, chapelle Saint-Fiacre, Attribué à l'atelier Le Sodec.

  • 3ème quart XVIe, Saint-Thuriau, église, baie 6. Attribué à l'atelier Le Sodec.

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 On attribue aussi à l'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :

  • vers 1520-1525 : Arbre de Jessé de Kerfeunteun à Quimper

  • vers 1528 : Arbre de Jessé de Confort-Meilars

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2°) Voir aussi sur mes 327 articles sur les vitraux de France :

  • Les articles de mon blog traitant des vitraux.

 

 

 

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PRÉSENTATION.

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L'église Saint-Ouen fut presque entièrement reconstruite en 1881, mais sa maîtresse-vitre fut conservée et réintégrée au nouveau chevet.  Sur  trois lancettes, elle présente six scènes de la Passion aux registres inférieur et intermédiaire et une grande Crucifixion sur le registre supérieur.

Comme l'explique Françoise Gatouillat et Michel Hérold, derrière cette unité, il faut savoir découvrir sur cette verrière probablement réalisée après  1560 "un cas particulier de l'utilisation de documents graphiques plus anciens", puisque la Crucifixion reprend un certain nombre des poncifs quimpérois antérieurs d'un quart de siècle, ce qui la rattache au groupe de La Roche-Maurice (1539) et La Martyre (1540). Quant aux six épisodes de la Passion, ils procèdent de cartons d'une autre nature, avec des personnages de plus grand échelle et d'un style tout différent.

L'assemblage, d'origine, témoigne donc de la possibilité qu'avait un atelier d'associer des dessins puisés à d'autres sources.

Dans son article sur l'atelier Le Sodec, le maître-verrier Jean-Pierre le Bihan retrouve l'emploi de cartons semblables à ceux de la Crucifixion de Quéménéven dans les vitres "de  Gouézec, Tréguennec et Guengat [1550], avec des translations de quelques centimètres, voir parfois quelques millimètres, et cela pour certains personnages telles la Marie-Madeleine ou la Vierge en Pâmoison, ou même le chien". La comparaison avec la Crucifixion de Guimiliau (v. 1550) permet aussi de retrouver ces reprises de cartons.

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L'existence de larmes aux yeux des saints personnages réunis au pied de la croix  est l'un des marqueurs de cet atelier ; mais on ne les retrouve ici que sur un seul visage féminin, ce qui est étrange : soit plusieurs "mains" ont exécuté le premier vitrail, soit les restaurateurs du XVIIe ou du XIXe siècle n'ont pas pu ou pas su restituer certains détails.

D'autres marqueurs stylistiques de l'atelier, comme les inscriptions de lettres aléatoires ou d'oraisons sur les galons et harnachements, ou la gravure sur verre rouge, propres à l'atelier Le Sodec sont absents, alors qu'ils étaient présents sur les verrières modèles.

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La verrière a été restaurée au XVIIe siècle, puis sans doute au XIXe siècle lors de son installation dans le nouvel édifice, puis en 1957 par Jean-Jacques Gruber (après qu'elle ait été démontée et mise à l'abri pendant la guerre), et à nouveau par Jean-Pierre Le Bihan   en 1987-1988, qui allégea le réseau de plomb. Mais le collage bout-à-bout n'a pas supprimé l'ensemble des plombs de casse des lancettes, et aucun de ceux du tympan. Et c'est un grillage de protection, bien gênant pour le visiteur par temps ensoleillé, qui "protège" ce précieux vitrail, et non un doublage extérieur.

 

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Description.

La baie d'axe mesure 5, 50 m de haut et 2,15 m de large. Ses trois lancettes sont organisées en trois registres, sous un tympan à cinq ajours et deux écoinçons.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR : TROIS SCÈNES DE LA PASSION.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La Cène.

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Sur ce panneau, la tête de saint Jean, qui paraît insolite sur la poitrine du Christ, a été restaurée au XVIIe siècle.  On constate aussi des bouche-trous en haut à gauche, dont une tête de soldat casquée qui n'a rien à faire ici. Mais la tête du Christ, au nimbe cricifère, ou celle de saint Pierre reconnaisable à son "toupet" isolé sur la calvitie frontale, sont admirables.

C'est le moment où le Christ annonce qu'il va être trahi par celui qui avance la main vers le plat contenant l'agneau de la Pâque juive en m^meem temps que lui : Judas.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre de l'église Saint-Ouen de Quéménéven (29).
La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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Le Lavement des pieds.

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Là encore, le panneau a fait l'objet de quelques restaurations. Le Christ est agenouillé devant Pierre qui proteste. Les autres apôtres montrent aussi leur étonnement : leur Maître se met à leur service !

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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L'Agonie du Christ au Mont des Oliviers.

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Toute la moitié droite a été restaurée. Je poursuis mon examen de l'art du portrait en peinture sur verre, et de l'usage de la sanguine ou du Jean Cousin (cement à base d'oxydes de fer) pour les carnations. Ce fond brun est éclairci par zones pour des effets de brillance des modelés du visage, tandis que les traits sont faits à la grisaille pour les cernes, le contour des sourcils, les yeux et les cils, le nez et la bouche. Puis, par un outils fin (pointe du manche du pinceau par exemple; l'artiste ôte la matière colorée pour rendre les boucles des cheveux et de la barbe, les cernes concentriques de l'orbite, etc.

Le Jaune d'argent est utilisé pour les nimbes, les galons et damas des vêtements.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE INTERMÉDIAIRE : TROIS SCÈNES DE LA PASSION.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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L'arrestation du Christ : le Baiser de Judas ; Saint Pierre tranche l'oreille de Malchus.

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Tout ce panneau est bien conservé. Le Christ au nimbe crucifère est embrassé par Judas, ce qui déclenche l'arrestation par les soldats en armure et casque, armés dfe lances, de hallebardes ou brandissant des flambeaux (car l'épisode se déroule avant l'aube). 

Curieusement, le Christ est déjà ligoté.

Mais saint Pierre brandit son glaive et, trop impulsif, saisit la chevelure de Malchus, serviteur du grand prêtre et lui tranche l'oreille . 

On sait que Jésus, opposé à cette violence, recollera miraculeusement cette oreille.

On remarquera la ceinture ou tunique de Malchus, bleue et or : pour réaliser cette pièce, le peintre a dû a priori graver (ôter la couche colorée) par arcs concentriques la pièce bleue doublée, puis la peintre en jaune d'argent, puis la décorer de cercles à la grisaille, et par enlevé de peinture.

 

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La Flagellation.

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Seul le panneau supérieur est bien conservé.

Jésus est lié à la colonne et frappé par les bourreaux. Les marques des fouets apparaissent sur tout le torse sous forme de deux traits parallèles.

Le motif jaune de la cuirasse du bourreau de droite, est souvent retrouvé dans les œuvres de l'atelier Le Sodec.

Les bourreaux aux manches retroussés portent des bonnets à plumet, des vêtements à taillades, et des bas de chausses dépareillés, ou de couleur vive. Comme l'écrira Chateaubriand : "Les hauts-de-chausses, si courts et si serrés qu'ils en étoient indécents, s'arrêtoient au milieu de la cuisse; les deux bas de chausses étoient dissemblables; on avoit une jambe d'une couleur et une jambe de l'autre."

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La Comparution devant Pilate.

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Le panneau est assez bien conservé, mais la tête de Pilate a été restaurée au XVIIe siècle ; et on trouve quelques bouche-trous en bas, près du chien.

Ce chien blanc est constamment présent sur les Comparutions (ou les Crucifixions) des verrières du XVIe siècle, reflet des mœurs des cours seigneuriales contemporaines.

La présence de Jean et de la Vierge est ici un peu étonnante.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR : LA CRUCIFIXION.

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Cette grande Crucifixion sur fond de ciel bleu est bien conservée, malgré la restauration de la manche de la Madeleine, ou d'une pièce du cavalier de droite, par exemple.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La lancette A : le Bon Larron ; la Pâmoison de la Vierge.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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a) Le Bon Larron ; les cavaliers et les soldats.

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Le Bon Larron expire, la tête tournée vers le Christ à qui il a exprimé sa confiance : et son âme , dès lors sauvée, est emportée vers les Cieux par un ange.

Plus bas, parmi les soldats casqués, un officier montre du doigt le Crucifié ; s'agit-il du Bon Centenier s'écriant "Celui-ci était vraiment le Fils de Dieu"?.

La tête hilare du cheval, et son harnachement, et son mors en S, sont typiques de l'atelier Le Sodec.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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b) La Pâmoison de la Vierge entre Jean et les trois saintes femmes.

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Sous le coup de l'émotion, les jambes de la Vierge (manteau bleu) se dérobent et elle tombe à demi à genoux. 

Saint Jean (robe verte et manteau rouge) s'empresse de la soutenir.

Deux saintes femmes (Marie Salomé et Marie Jacobé, si on souhaite les nommer), la tête couverte d'un voile, se tordent les mains de chagrin.

Mais, à la différence des autres scènes, presque analogues, des autres Crucifixions de l'atelier, un seul visage est en larmes, tandis que ces larmes sont absentes sous les yeux de la Vierge, de saint Jean et de l'autre sainte femme.

Je renvoie aux liens énumérés au début (avec la mention "larmes") pour la comparaison de ces verrières.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La lancette B : le Christ en croix ; les deux cavaliers; Marie-Madeleine . Les soldats se disputant la tunique.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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Le Christ en croix entouré de Longin et  d'un autre cavalier.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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Dans le ciel bleu, les lances aux douilles  ornées de passementerie rouge, et le roseau portant l'éponge de vin aigre se détachent parmi les nuages.

À notre gauche, Longin (habillé de bric et de broc par des fragments dépareillés) transperce de sa lance le flanc droit du Crucifié. Son cheval a disparu dans la bataille des restaurations successives.

De l'autre côté, un cavalier coiffé d'un turban violet lève les yeux vers le Christ : c'est peut-être le Bon Centenier converti (si il n'était pas déjà représenté en lancette A).

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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Marie-Madeleine au pied de la croix.

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Comme sur tous les vitraux servant de modèle à celui-ci Marie-Madeleine très éprouvée par le chagrin se place au pied de la croix, juste devant les pieds du condamné dont elle fixe le sang s'écoulant des plaies, et elle élève ses mains croisées. Et comme sur tous les autres exemples, elle est richement vêtue : on voit ici le col de dentelle de sa chemise dans le décolleté carré de sa robe dorée, ou son bonnet-chaperon de coiffe au peigne de perles et d'or, ou ses cheveux blonds qui tombent sur ses épaules.

Son visage est très beau, son regard est plein de ferveur, sa bouche rehaussée de sanguine est entrouverte.

On voit encore, malgré le désordre des fragments rassemblés, ses manches vertes, et son manteau rouge rejetée derrière son dos.

Mais, à la différence des autres verrières, on ne voit pas les larmes s'écouler de ses yeux.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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Les soldats se disputant la tunique du Christ.

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Cette scène est si violente qu'on hésite à l'interpréter ainsi ; mais cette agressivité se retrouve dans d'autres œuvres, comme sur le fameux retable de Le Vaumain ou sur le tryptique de Znaim.

https://www.eglisesdeloise.com/monument/le-vaumain-eglise-saint-pierre-et-saint-paul/

Un guerrier en turban, portant les vêtements à crevés et taillade au dessus de son armure, lève son glaive au dessus d'un homme à terre, qu'il a saisi par les cheveux. Un tiers, dont le visage est perdu, mais dont les deux mains sont agrippées à la tunique, semble assuré de tenir le butin.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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La lancette C : le Mauvais Larron ; un cavalier.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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1°) Le Mauvais Larron sur son gibet, son âme emportée par un diable vers l'Enfer.

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Le diable ne subsiste que sous la forme d'un verre rouge. Une partie du thorax du larron est remplacée par un verre vert.

Le visage du larron, qui baisse la tête, est finement peint, en faisant largement appel à la technique de l'enlevé du fond de carnation.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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2°) Les soldats casqués et en armure, et les Juifs en turban ou bonnets.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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3°) Les deux cavaliers, probablement des membres du Sanhédrin.

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Ils se distinguent par la richesse de leur habillement et par un bonnet au ruban noué au sommet. On les retrouve dans de nombreuses verrières de l'atelier Le Sodec. Ils sont accompagnés d'un petit chien blanc, compagnie habituelle des seigneurs et hauts bourgeois de la Renaissance.

La vue de détail de l'harnachement recherche la présence de letttres qui y seraient inscrites , comme dans la plupart des verrières de la Crucifixion du même corpus. Mais ici, nous ne les trouvons pas.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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Le blason (verre ancien), dans lequel Couffon prétendait reconnaître les armes d'un "seigneur du Gage", associe les armes royales ceintes du collier de Saint-Michel (partiellement moderne) avec une partie supérieure. Celle-ci semble correspondre à un blason mi-parti Guengat (d'azur à trois mains dextres appaumées d'argent posées en pal)/Penfentenyo (burelé de gueules et d'argent de dix pièces). Je ne sais pas aller plus loin. F. Gatouillat suggère que cet écu posé de flanc proviendrait d'une autre baie de l'ancienne église.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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Trois anges portent les instruments de la Passion.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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Un autre ange porte un phylactère moderne avec l'inscription AGNUS DEI QUI TOLLIS.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre de l'église Saint-Ouen de Quéménéven (29).
La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, après 1560) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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—ABGRALL (Jean-Marie), 1904, Notice sur Quéménéven, BDHA Quimper

—COUFFON (René), LE BARS (Alfred) 1988, Quéménéven, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper  

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/QUEMENEV.pdf

Dans les trois lancettes de la fenêtre du chevet, verrière de la Passion, du XVIè siècle, suivant le carton de Jost de Negker ; autour de la Crucifixion, six scènes de la Passion et, en supériorité, armes des seigneurs du Gage (C.)

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum VII, PUR edition page 168-169.

LE BIHAN (Jean-Pierre), 2018, Une famille de peintres verriers, blog.

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-3062028.html

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Passion Renaissance. Héraldique
14 juin 2023 3 14 /06 /juin /2023 16:19

La maîtresse-vitre de l'église de Kergloff.

La Déploration entre deux donateurs (atelier quimpérois Le Sodec vers 1540) et la  Crucifixion et Résurrection ( Hucher du Mans 1886) de la maîtresse-vitre  de l'église saint-Trémeur  de Kergloff.

 

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—Voir sur Kergloff :

 

La Vierge de pitié aux anges de tendresse (calcaire polychrome, XVe siècle, J. Salamon) de l'église Saint-Trémeur de Kergloff (29).

 

L'église de Kergloff : la charpente du porche sud  et ses armoiries : début du XVIIe siècle, après 1617

Le armoiries de Sébastien de Ploeuc en alliance avec Marie de Rieux.

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 —Voir les 29 Passions des verrières du Finistère au XVIe siècle  dont beaucoup  sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

  • 1476-1479 : Locronan Vie et Passion du Christ.

  • Vers 1500 : la "petite Passion" de la baie 4 de Guengat.  Vie et Passion du Christ.

  • 1510 : Vie du Christ, Maîtresse-vitre de l'église Saint-Nonna Penmarc'h, Attribuable à l'atelier Le Sodec ?. Vie et Passion du Christ.

  • 1516 : Maîtresse-vitre de l'église d'Ergué-Gabéric, Attribuable à l'atelier Le Sodec . 4 lancettes. Vie et Passion du Christ.    

  • La maîtresse-vitre (v.1520) de la chapelle de Kerdévot à Ergué-Gabéric. 

  • 1520 :  maîtresse-vitre, église de Plogonnec,  attribué à Olivier Le Sodec. 4 lancettes, 6 scènes de la Passion du Christ et 2 couples de donateurs.

  • [1519-1535 : maîtresse-vitre (détruite) de l'Abbaye de Daoulas pour mémoire et non décomptée.

  • 1525 : Pluguffan

  • Premier quart XVIe : Cast, Chapelle de Quillidouaré. 4 lancettes dont 3 pour une grande Crucifixion.

  • 1535 : Quimper, église Saint-Mathieu : Copie du XIXe siècle des verrières de Tourch ou La Roche-Maurice.. Larmes.

  • v.1535 : Vitrail du chœur de l'église de Brasparts  (ou 1560 pour J.P. Le Bihan). 3 lancettes, 12 scènes de la Passion.

  • 1539 : maîtresse-vitre de l'église de  La Roche-Maurice. Attribué à l'atelier Le Sodec. 5 lancettes, scènes de la vie et Passion du Christ dont une Grande Crucifixion centrale. Larmes.

  • 1540 La Martyre, baie 0 Cartons communs avec La Roche-Maurice. Attribué à l'atelier Le Sodec.3 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion.

  • vers 1540 La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Larmes de compassion.

  • Vers 1540 : Déploration entre deux donateurs ; Pamoîson de la Vierge  de l'église de Kergloff. Attribué à l'atelier Le Sodec. Larmes de compassion. Pas d'inscription ni de verres gravés.

  • 1550 : maîtresse-vitre de l'église de Guengat, Attribué à l'atelier Le Sodec. 6 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion. Larmes.

  • 1550 :  La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, v.1550) de l'église Saint-Miliau de Guimiliau. Cartons communs avec Guengat, et certains avec Quéménéven, Gouézec, et Tréguennec. 4 lancettes d'une Grande Crucifixion. Larmes.

  • 1550 : La maîtresse-vitre (Grande Crucifixion, Le Sodec, v. 1550) de l'église Saint-Cornely de Tourc'h. Larmes de compassion.

  • 1550-3ème quart XVIe siècle : maîtresse-vitre de l'église Saint-Idunet de Trégourez.

  • Milieu XVIe : ancienne maîtresse-vitre de Saint-Gunthiern à Langolen, aujourd'hui au Musée Départemental Breton de Quimper.

  • 1556 :  Saint-Herbot  (Plonévez-du-Faou) par Thomas Quéméneur de Morlaix.6 lancettes, 12 scènes de la Passion avant la Crucifixion.

  • 1560 : Maîtresse-vitre de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Attribué à Le Sodec.3 lancettes. 7 scènes de la Passion.

  • 1560 : Maîtresse-vitre de la chapelle  N.D-du-Crann à Spezet. 4 lancettes, 12 scènes de la Passion.

  • vers 1570 : La maîtresse-vitre (La Passion, anonyme, v. 1570) de l'église de Pleyben.  4 lancettes : scènes de la Passion  dont une Crucifixion sur 9 panneaux. Pas de larmes.

  • 1573 : chapelle de Lababan à Pouldreuzic.

  •  3e quart XVIe siècle. La Passion de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Pierre de Gouezec.  :  Attribuable à l'atelier Le Sodec. 4 lancettes d'une Grande Crucifixion. Larmes de compassion.

  • 3e quart XVIe siècle (vers 1560),  Quéménéven église Saint-Ouen : Attribuable à l'atelier Le Sodec . Cartons communs (Le Bihan) avec Guengat, Gouezec et Guimiliau, ou La Martyre et La Roche-Maurice  (Gatouillat). Larmes de compassion (une seule femme). Pas d'inscription ni de verres gravés.

  • 3e quart XVIe siècle  Tréguennec  ; Attribuable à l'atelier Le Sodec. 5 lancettes dont une Grande Crucifixion centrale.

  • 3e quart XVIe siècle : Ploudiry. 3 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion, proche de celles de La Roche-Maurice, La Martyre, etc.

  • 4e quart XVIe : Pont-Croix. Attribuable à l'atelier Le Sodec. 6 lancettes de la Vie du Christ à un couple de donateurs (Rosmadec).

  • 1593 :maîtresse-vitre de l' église de Saint-Goazec.  Larmes de compassion.

et dans le Morbihan :

  • 1515 : maîtresse-vitre, église de Lanvenegen 4 lancettes, 12 scènes de la Passion.

  • Milieu XVIe : Passion, Le Faouët, chapelle Saint-Fiacre, Attribué à l'atelier Le Sodec.

  • 3ème quart XVIe, Saint-Thuriau, église, baie 6. Attribué à l'atelier Le Sodec.

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 On attribue aussi à l'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :

  • vers 1520-1525 : Arbre de Jessé de Kerfeunteun à Quimper

  • vers 1528 : Arbre de Jessé de Confort-Meilars

 

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PRÉSENTATION.

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La fenêtre d'axe de l'église Saint-Trémeur avait été bouchée à la Révolution, et le recteur Henri Bernard l'a fit déboucher en 1886 pour découvrir sous la maçonnerie d'importants restes de la maîtresse-vitre. Ceux-ci ont été  conservés dans le registre inférieur mais le restaurateur, Eugène Hucher, directeur de la Manufacture du Carmel du Mans, s'est inspiré de la maîtresse-vitre de Pleyben (1570) — il est intervenu dans cette église— pour les compléter, pour tout le registre supérieur des lancettes (sauf la Pâmoison) et le tympan, en 1886.

Hucher a également complété, au registre inférieur, une grande partie de la lancette D où figurait la donatrice. Il lui a attribué les armes des Rosmadec, ce qui a conduit H. Frotier de la Messelière à y reconnaître Jeanne de Rosmadec épouse de Vincent I de Plœuc. Celui-ci testa (et est donc décédé) en 1520. Reprenant cette identification, et ne décelant pas ici la restauration moderne pourtant bien visible, René Couffon en a conclu à l'existence de deux verrières, l'une, avec les donateurs, datant de 1500-1520, et l'autre, étant une copie de Pleyben et  datant des années 1590. 

L'influence des écrits de René Couffon est telle que cette identification des donateurs et ces datations sont encore largement reprises.

Françoise Gatouillat et Michel Hérold ont pourtant pu, dans leur Vitraux de Bretagne du Corpus vitrearum (2005), dater la partie ancienne des années 1540 par l'examen des verres, et l'attribuer à un atelier quimpérois, "probablement celui de Gilles Le Sodec". Ils considèrent, logiquement, que le donateur, présenté par Vincent Ferrier, est Vincent de Plœuc, mais afin d'être cohérent avec la datation basée sur la stylistique, ils y voient Vincent II (ou III selon les généalogies), décédé sans héritier en 1549. Dès lors, ils en déduisent que la donatrice serait son épouse Marie de Quélen, qu'il épousa le 24 août 1526, fille de Jean de Quélen et Jeanne de Tronguidy.

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À cette proposition s'opposent deux faits :

1°)La donatrice est présentée par saint Jean-Baptiste, ce qui s'accorde avec l'hypothèse qu'elle se prénomme Jeanne. Le buste du saint et l'agneau sont des pièces d'origine, le choix du saint n'est pas celui du restaurateur.

2°) Dans sa Communication de 1886, l'abbé Bernard, en contact avec Hucher qu'il a commandité,  rapporte que "La figure seule [de la donatrice] a dû être refaite à la place de l'ancienne, qui n'existait plus". Qu'entendre par "figure" : le visage, ou le personnage ? Cela peut laisser supposer que Hucher, même s'il les a refait, a vu sur les anciens verres les armes des Rosmadec.

Peut-on envisager que les donateurs de cette verrière aient été  Vincent de Plœuc et Jeanne de Rosmadec, mais que le vitrail a été réalisé vingt ans plus tard du vivant de leur fils Vincent II ?

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Description.

 

Cette baie de 3,50 m de haut et 2,45 m de large comporte deux lancettes plein cintre, dont le décor est réparti sur deux registres, et un tympan à 10 ajours et 5 écoinçons.

Il a été classé en 1967, et restauré en 2017 par Virginie  Leliepvre, maître verrier installé à Domfront, en collaboration avec Éric Sanchez pour la serrurerie et la metallerie, pour un coût de 39.264 €. 

Les 29 panneaux de verre composent ce vitrail ont été protégé verrière des agressions extérieures par un double vitrail. Les verres ont été nettoyés de la mousse et des lichens, les verres cassés ont été réparés par collage, "il a fallu repeindre l'ensemble à l'identique à la grisaille (une couleur vitrifiable à haute température) et cément (qui permet de lier les couleurs à haute température). Ensuite, il a fallu remonter l'ensemble sur des baguettes de plomb.», précise Virginie Lelièpvre.

En 2023, le dossier de restauration et l'étude sans doute réalisée par  la Drac n'étaient ni numérisés, ni disponibles en mairie. Lors des discours d'inauguration, il fut question, selon les articles des journalistes, d'un vitrail datant de 1570.

 

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR.

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Au dessus d'un soubassement (moderne) à médaillons de profil, quatre arcs à décor Renaissance délimitent de chaque côté deux niches à tentures damassées bleues, pour les donateurs, et au centre un double espace boisé au pied du Golghota, sur fond de ciel rouge, montrant une Déploration.

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

La maîtresse-vitre (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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I. LE REGISTRE INFÉRIEUR : LES DONATEURS, VINCENT DE PLOEUC ET MARIE DE QUELEN OU JEANNE DE ROSMADEC.

 

 A. LE DONATEUR PRÉSENTÉ PAR SAINT VINCENT FERRIER.

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Le fonds damassé bleu frangé d'or porte un motif à roue crantée, habituel à l'atelier Le Sodec.

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Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Saint Vincent Ferrier est représenté tonsuré, vêtu d'une  chape bleu sombre à scapulaire et capuce, et d'un habit de dominicain blanc. Il lève la main gauche vers une figure du Christ du Jugement, assis sur un arc-en-ciel.

Il est nimbé ( il a été canonisé en 1455).

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On connaît l'importance de l'influence de Vincent Ferrier (1350-1419) en Bretagne, en particulier pour Jean V duc de Bretagne. Il prêcha en Bretagne de 1417 jusqu'à sa mort en 1419 à Vannes, où il est enterré.

Le saint est représenté comme sur l'enluminure du Livre d'Heures du duc Pierre II de Bretagne (1418-1457). Dans celle-ci, il désigne le Christ en Gloire entre deux chérubins rouges, au nimbe crucifère, seulement vêtu du manteau rouge de la Résurrection, montrant ses plaies,  assis sur un arc-en-ciel et les pieds sur le globe terrestre, sur un fond étoilé. C'est donc cette figure christique qui est,assez  exactement, reproduite dans le vitrail.

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Livre d'Heures de Pierre II de Bretagne. Bibliothèque nationale de France. Département des Manuscrits. Latin 1159 folio 128v.

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Cette représentation de Vincent Ferrier est très répandu si bien que le Christ du Jugement est devenu un attribut du saint :

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Peinture vers 1456 par Pedro Garcia de Bennavarre. Musée national de Catalogne

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Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Saint Vincent Ferrier (atelier quimpérois, v.1540) registre inférieur de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Saint Vincent Ferrier (atelier quimpérois, v.1540) registre inférieur de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Saint Vincent Ferrier (atelier quimpérois, v.1540) registre inférieur de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Saint Vincent Ferrier (atelier quimpérois, v.1540) registre inférieur de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Saint Vincent Ferrier (atelier quimpérois, v.1540) registre inférieur de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Saint Vincent Ferrier (atelier quimpérois, v.1540) registre inférieur de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Vincent de Plœuc est figuré en posture stéréotypée du donateur, en armure complète recouverte d'un tabard à ses armes d'hermines à trois chevrons de gueules,  mains jointes devant le prie-dieu où est ouvert le Livre d'Heures, méditant devant la Déploration qu'il regarde. Son casque à plumet rouge est posé à ses pieds. Le prie-dieu est recouvert d'une étoffe damassée au même motif de roue dentée que la tenture de fond.

Les solerets de l'armure sont à bouts arrondis conformes à la date estimée de 1540. Les cheveux sont mi-courts, et Vincent de Plœuc ne porte pas la barbe que voulait la mode lancée par François Ier.

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Selon l'hypothèse de Gatouillat et Hérold, il s'agit de Vincent II de Plœuc :

 

Vincent II, sire de Plœuc, chevalier, seigneur du Tymeur et de Plouyé, décédé en 1549, épouse le 24 août 1536 Marie de Quelen, fille de Jean, sire de Quelen, chevalier, baron du Vieux-Chastel seigneur de Plounevez-Quintin, de Troran, de Kergasnou, de Keraznon, du Cosquer, du Roscoët, de Keranno, de Quistinic et autres lieux, sergent féodé du prieuré de l’île Tristan, et de sa première épouse Jeanne de Troguindy, dame de Launay, de Kervéguez et de Kerfault, décédée avant le 22 octobre 1528, sans postérité.

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Selon l'hypothèse de Frotier de la Messelière reprise par René Couffon, il s'agit de Vincent Ier de Plœuc :

 

"L'église de Kergloff a son chevet plat orné d'une grande Crucifixion, généralement attribuée aux premières années du XVIème siècle en raison des portraits des donateurs, Vincent de Plœuc et Jeanne de Rosmadec, mariés aux environs de 1500 [Note : L'identification des donateurs a été donnée par le Vicomte Frotier de la Messelière dans son article : Iconographie des tombes et verrières de Bretagne (Association bretonne, 3ème série, t. XXXV 1923, p. 112).

— Vincent de Plœuc, troisième fils de Guillaume et de sa première femme Jeanne du Juch, devint seigneur de Plœuc et du Tymeur après la mort sans hoirs à Nantes, en 1486, de son frère aîné Guillaume, son second frère Jean, étant chanoine de Tréguier. Il avait épousé en premières noces Isabeau de Malestroit, dont il eut deux filles, et, en secondes noces, Jeanne de Rosmadec, fille d'Alain et de Françoise du Quellenec, qui lui donna quatre garçons et deux filles. (Bibliothèque Nationale f. fr. 31153, dossier Plœuc)].

L'identification de ces personnages ne prête en effet, à aucun doute ; car, d'une part, c'est là l'unique alliance Plœuc-Rosmadec mentionnée dans les généalogies si documentées de ces maisons, notamment dans celles dressées sur titres par Du Paz et Guy Autret [Note : La généalogie de Rosmadec a été publiée par Du Paz dans sa Généalogie de la maison de Molac, Rennes. 1629. in–4°. La généalogie manuscrite de la maison de Plœuc, dressée par Guy Autret de Missirien, est conservée à la Bibliothèque Nationale (f. fr. 31153, dossier Plœuc). Si elles ne mentionnent qu'une seule alliance Plœuc-Rosmadec, elles en renferment, par contre, plusieurs Rosmadec-Plœuc], et d'autre part, leurs costumes, dénotent manifestement les toutes premières années du XVIème siècle. Jeanne de Rosmadec, en particulier, porte sous son chaperon une riche résille brodée et perlée (Note : Semblable à celle de la sainte Catherine de l'église de Brou) et a sa cotte décolletée en carré : quant à son mari, il a, posé près de lui, un armet à plumail d'autruche encore dénué de crête. On sait également que Vincent de Plœuc testa le 26 août 1520 (Note : Denis de Thézan, Généalogie de la maison de Plœuc, Beauvais, 1873, in fol.) ; il convient donc de dater entre 1500 et 1520, et vraisemblablement plus près du premier de ces millésimes, ces deux portraits, extrêmement expressifs et d'excellente facture.

"L'examen du vitrail indique, par contre, qu'en dehors de ces deux portraits, cette uvre ne date que des toutes dernières années XVIème siècle. Son carton et sa facture sont, en effet, identiques à ceux de la maîtresse vitre de Pleyben, montrent ainsi que ces deux oeuvres ont été exécutées par le même atelier et à peu d'intervalle, aux environs de 1590. La Madeleine a sa robe décorée des mêmes arabesques si caractéristiques et que l'on retrouvait également sur le vitrail un peu plus tardif de la Véronique de Bannalec, daté de 1622 et pulvérisé par la foudre au milieu du XXème siècle. Il eut donc été naturel d'y découvrir les portraits d'autre Vincent de Plœuc, décédé en 1598, et de sa troisième femme, Moricette de Goulaine qu'il avait épousée le 15 mai 1579, ceux-ci préférèrent, ainsi que nous venons de le voir, conserver les portraits de leurs grands parents, que l'on retrouvait en d'autres lieux et notamment dans l'un des vitraux de la chapelle de la cathédrale de Quimper dédiée à saint Charles Borromée (Note : Denis de Thézan, Généalogie de la maison de Plœuc, Beauvais, 1873, in fol., p. 289). Cette incorporation de portraits anciens dans une verrière plus récente est assez rare en Bretagne et méritait, croyons-nous, d'être signalée ; on en rencontre un autre exemple à Maël-Pestivien [Note : Rappelons que la verrière de Maël-Pestivien, datant des environs de 1520, renferme les portraits de Jean de Coatgourheden et de Mabille de la Chapelle-Pestivien, mariés vers 1425, donateurs identifiés par le Vicomte de la Messelière]" (René Couffon).

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Roger Barrié, dans une note parue dans le Bulltin de la S.A.F. 1977, p. 176-178, relève "une similitude irrécusable" dans les têtes des donateurs, René ou Pierre de Rohan à La Martyre, Jean Le Barbu à Saint-François de Cuburien, Vincent de Ploeuc à Kergloff et celui de Keruzoret en Plouvorn. Et il conclut que les donateurs sortent d'un même atelier (vers 1540) et qu'on y utilisait "un stéréotype pour la représentation des donateurs."

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Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Le portrait montre la maîtrise à laquelle le peintre sur verre  est parvenue : le fond de grisaille et de sanguine  est modelé par éclaircissement ou au contraire par renforcement des parties à l'ombre, les mèches de la  chevelure sont rendues par enlevé à la pointe et boucles de grisaille, les traits marquent les yeux, les cils, les paupières et les rides, le nez et la bouche ; des hachures renforcent les reliefs, etc. La brillance de la conjonctive est présente, ainsi que le reflet cornéen savamment placé.

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Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Vincent de Plœuc, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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La donatrice : Jeanne de Rosmadec [Marie de Quélen].

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Malgré la réflexion de F. Gatouillat et M. Hérold, c'est bien, par les armoiries mi-parti Ploeuc/Rosmadec, et par sa présentation par Jean-Baptiste, Jeanne de Rosmadec qui nous est montrée là, et rien ne permet de s'écarter de cette hypothèse. 

Il est évident que la tête du saint et celle de la femme, sont modernes, tout comme la robe armoriée ; et seuls sont d'origine le buste du saint , vêtu d'un manteau rouge sur une peau de chameau, l'agneau portant l'étendard et posé sur le livre des sceaux, et quelques pièces comme les mains. 

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Donatrice, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Donatrice, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Donatrice, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Donatrice, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Donatrice, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Donatrice, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Donatrice, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Donatrice, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540/Hucher 1886) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR : LA DÉPLORATION AVEC GESTE D'EMBAUMEMENT .

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Cette scène centrale occupe la partie basse de deux lancettes ; elle est bien conservée, hormis la tête du Christ, le buste et le bras droit qui sont modernes (1886), ainsi que le visage d'une sainte femme.

Elle est passionnante à découvrir pour plus d'un titre. En premier, les visages de cinq personnages ont les yeux marqués de 3 larmes sous chaque œil. Ce détail, qui participe d'un culte des plaies et souffrances du Christ en Bretagne depuis le XVe siècle  et d'un élan participatif émotionnel des fidèles prenant comme modèle Marie-Madeleine, se retrouve sur les vitraux de l'atelier Le Sodec :  

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Les trois larmes.

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Cette tradition se retrouve fréquemment sur les vitraux des Passions et Crucifixions finistériennes, mais encore faut-il la rechercher avec soin, aux jumelles puissantes ou au zoom, en ne laissant pas la lumière dissimuler ces traits blancs.

Elle est contemporaine de l'attachement de l'atelier Prigent de Landerneau (1527-1577) de placer, sous les mêmes personnages (Jean, la Vierge, Marie-Madeleine, et aussi Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix) de leurs calvaires en kersanton trois larmes de pierre, fines mais s'épaississant en une goutte terminale.

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Les calvaires, Pietà et Déplorations de l'atelier Prigent :

 

  • Les calvaires de l'église de Saint-Divy I: le calvaire de 1562 (kersanton, atelier Prigent).

  • Le calvaire (kersanton, Prigent ?, XVIe siècle ; 1762 ; 1887, mission) du cimetière bas de La Forest-Landerneau.

  • Fragments d'un calvaire (kersanton, vers 1555, atelier Prigent) au cimetière de La Forest-Landerneau. (3 larmes)

  • L'enclos paroissial de Dirinon VIII: la statue de saint Antoine par les frères Prigent (XVIe siècle).

  • La statue de saint Fiacre sur la chapelle Sainte Nonne de Dirinon.

  • Le porche de l'église de Landivisiau III. Les apôtres et leur dais.  Henry Prigent 1554-1565.

  • Le porche de l'église de Landivisiau IV. Le bénitier, l'ange au goupillon.

  • Le porche de l'église de Landivisiau. I. L'extérieur.

  • Le  porche de l'église de Landivisiau VII. L'arcade intérieure et son tympan.

  • Les sculptures extérieures du porche de l'église de Landivisiau.

  • L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic III. La Pietà en kersanton polychrome par les frères Prigent. (3 larmes)

  • L'église de Guipavas II. Le porche de 1563 : l'extérieur.

  • L'église de Guipavas III : les Apôtres du porche nord (1563).

  • L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault IV. La statue de sainte Marguerite.

  • Le calvaire de l'église de Dinéault (XVIe s, Prigent et XVIIe s. Roland Doré). (3 larmes)

  • L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault III. Le calvaire sculpté par Bastien Prigent puis Roland Doré. (3 larmes)

  • La Collégiale du Folgoët XIII. Le calvaire. (Pietà : 3 larmes)

  • La Collégiale Notre-Dame du Folgoët. V. Les statues de kersanton par l'atelier des Prigent (1527-1577). (Saint Yves, Vierge à l'Enfant, Christ aux liens ...)

  • La chapelle Saint-Laurent de Rozalghen en Pleyben. Le calvaire (Bastien Prigent, vers 1555). (3 larmes)

  • Le calvaire (Fayet, 1552 ou Prigent 1542?) de l'église de Lopérec. (3 larmes)

  • La Vierge de Pitié (kersanton, milieu XVIe siècle, atelier Prigent ) du monument aux morts du cimetière de Plouvorn. La Vierge de Pitié (kersanton, milieu XVIe siècle, atelier Prigent) de la fontaine de dévotion de la chapelle de Lambader. (3 larmes)

  • Le calvaire (kersantite, XVIe siècle vers 1550, atelier Prigent, et anonyme, 1910) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. (3 larmes)

  • Le calvaire (kersanton, v.1550, atelier Prigent), de Croas-Lambader à Plougourvest et deux pièces (Vierge de Pitié et Jésus parmi les Docteurs) d'un calvaire monumental (kersanton, v. 1550 ou 1600) de Lambader. (3 larmes)

  • Le porche de Pencran : les statues (kersanton, notamment v.1553, Prigent) des contreforts.  Quelques autres statues de l'atelier Prigent. (3 larmes)

  • la Pietà du calvaire de la rue de La Tour d'Auvergne à Landerneau (Prigent, kersanton, 3 larmes).

et hors blog: 

  • La Déploration à 6 personnages de Plourin par les Prigent  Les 3 larmes.

  • La Pietà du calvaire de Kerabri à Gouezec vers Lothey, datée de 1556 par inscription. Trois larmes. Atlas n°1260.

  • La Pietà de la chapelle St-Pol à Brignogan.

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Attribution personnelle hors catalogue Le Seac'h :

  • Le Noli me tangere et le Repas d'Emmaüs du Pénity de Locronan. (3 larmes)

  • Ploéven II. La Déploration de l'église.(3 larmes)

  • Saint-Ségal : le calvaire du bourg (vers 1550 et 1630, kersanton, atelier Prigent  et Roland Doré) (3 larmes)

  • La chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal : le calvaire ( 1541-1554, kersanton et Logonna, atelier Prigent).(3 larmes)

  • La Pietà aux trois larmes (kersanton, XVIe, atelier Prigent) de la croix de Tal-ar-Groas à Crozon. (3 larmes)

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Les larmes de la peinture sur verre ont le même nombre, et la même forme que celles des sculpteurs sur pierre : un long filet s'achève par une gouttelette, tout cela en blanc par enlevé de la sanguine.

Mais le peintre ajoute un très discret détail que le sculpteur peine à rendre : il trace, toujours par enlevé, un petit lac lacrymal sur la paupière inférieure en blanchissant la conjonctive.

 

Pour peu qu'on veuille se donner la peine de les observer, ces détails sont là, intacts depuis 500 ans, et éminemment émouvants.

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J'ai déjà signalé dans ce blog combien cette effusion lacrymale relève, non pas seulement d'un souci de réalisme, mais d'une mystique de la participation aux souffrances du Christ, où la contemplation méditative du sang versé par le Rédempteur doit susciter, en retour, chez le fidèle, le versement des larmes. Et J'ai montré comment Marie-Madeleine était le modèle proposé à l'adepte de cette devotio moderna et d'abord, avant tout, aux moines des couvents franciscains pour l'initier à une Imitation à l'empathie et à la gratitude, non pas cérébrale, mais émotionnelle.

  • Dévotion franciscaine aux Plaies du Christ à la cour ducale de Bretagne au XVe siècle : l'exemple d'Isabelle Stuart méditant devant la Pietà, étudié par les enluminures.

  • Le Puits de Moïse (Claus Sluter et atelier. 1395–1404 ) de la Chartreuse de Champmol à Dijon

 

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Sur les maîtresses-vitres du Finistère au XVIe siècle, on les trouve sur les visages de Marie, Jean et Marie-Madeleine, voire des Saintes Femmes, sur les Crucifixions principalement autour de 1540-1550, ce qui confirme la datation proposée par Gatouillat pour Kergloff  (mon décompte n'est pas exhaustif) :

  • 1535 : Quimper, église Saint-Mathieu : Copie du XIXe siècle des verrières de Tourch ou La Roche-Maurice. Larmes de compassion.
  • 1539 : maîtresse-vitre de l'église de  La Roche-Maurice. Attribué à l'atelier Le Sodec. 5 lancettes, scènes de la vie et Passion du Christ dont une Grande Crucifixion centrale. Larmes.

  • vers 1540 La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Larmes de compassion.

  • Vers 1540 : Déploration entre deux donateurs ; Pamoîson de la Vierge  de l'église de Kergloff. Attribué à l'atelier Le Sodec. Larmes de compassion 

  • 1550 : maîtresse-vitre de l'église de Guengat, Attribué à l'atelier Le Sodec. 6 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion. Larmes (Marie-Madeleine).

  • 1550 :  La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, v.1550) de l'église Saint-Miliau de Guimiliau. Cartons communs avec Guengat, et certains avec Quéménéven, Gouézec, et Tréguennec. 4 lancettes d'une Grande Crucifixion. Larmes.

  • 1550 : La maîtresse-vitre (Grande Crucifixion, Le Sodec, v. 1550) de l'église Saint-Cornely de Tourc'h. Larmes de compassion.

  • 3e quart XVIe siècle. La Passion de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Pierre de Gouezec.  :  Attribuable à l'atelier Le Sodec. 4 lancettes d'une Grande Crucifixion. Larmes de compassion.

  • 1593 :maîtresse-vitre de l' église de Saint-Goazec.  Larmes de compassion.

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Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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DU CÔTÉ GAUCHE : SAINT JEAN, LA VIERGE ET UNE SAINTE FEMME, TOUS EN LARMES.

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Sous l'arcade Renaissance, le ciel est rouge : on se souviendra que les Crucifixions finistériennes du XVIe siècle se répartissent entre celles à ciel bleu et celles à ciel rouge.

L'horizon vallonné est marqué de quelques arbres rappelant les oliviers de Jérusalem. Une prairie et une route sont dessinés sur le fond vert.

Les trois personnages nimbés entourant le Christ ont les yeux baissés, et mi-clos. La Vierge est assise et tient le Christ sur ses genoux, les deux autres sont peut-être assis ou debout.

À gauche, saint Jean porte la couronne d'épines qu'il vient d'ôter à son Maître. Il est blond, aux cheveux mi-courts comme le donateur, et imberbe ; il porte un manteau rouge et une robe violette.

La Vierge, sous son manteau-voile bleu, porte la guimpe, une robe rouge, et des chaussures de cuir rouge. 

La Sainte Femme, à robe rouge, porte sur la tête un voile blanc à galon d'or, qui revient sur l'épaule et dont elle essuie ses larmes.

Les vues suivantes détailleront chaque visage pour en montrer les trois larmes. Mais aussi pour faire admirer la technique de peinture avec tous ses tours de main, les rehauts au jaune d'argent (sourcils de Jean), de sanguine (lèvres, ombrages), etc. La comparaison avec les visages d'Eugène Hucher, quelque soit le talent de ce dernier, montre qu'au XIXe siècle, nous sommes très loin de ces prouesses.

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Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Les verres anciens du corps du Christ montrent avec quel souci de détail et de vraisemblance l'artiste, ici comme sur les autres travaux de l'atelier, peint les marques de flagellation (les lanières des fouets sont armés de pointes en fourche) et marque surtout l'écoulement du sang à partir de la plaie bien ronde du dos de la main. Il s'agit toujours de donner à voir au fidèle la réalité du supplice enduré pour réaliser sa Rédemption (celle de toute l'Humanité) ; il s'agit aussi de montrer le sens de l'Eucharistie. Mais cette plaie, l'une des cinq plaies du Christ, et ce sang versé vont prendre plus d'importance encore dans la scène de droite, qui incite non seulement à l'élan du cœur de la gratitude et de la compassion, mais au geste de soin prodigué au défunt.

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DU CÔTÉ DROIT : GESTE D'EMBAUMEMENT PAR MARIE-MADELEINE.

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Après cette scène renvoyant à un summum de l'émotion humaine dans sa relation à autrui, la douleur de la perte d'un fils, d'un ami, avec l'élan de gratitude incommensurable qui l'accompagne lorsque cette perte est consécutive à un sacrifice, un don de soi, nous parvenons au deuxième versant de cette Déploration, où cet élan du cœur se traduit par un geste de tendresse et de soin lié à l'un des rites premiers d'Homo Sapiens, celui de sépulture et de funérailles.

Marie-Madeleine, que la tradition assimile à Marie de Magdala et Marie de Béthanie,  et qui est alors citée douze fois dans les évangiles canoniques, celle qui a été la disciple du Christ, qui a oint les pieds de Jésus  d'un parfum hors de prix et les a essuyé de ses cheveux dans la maison de Lazare (et Jésus répond à celui qui s'offusque de ce geste "laisse-la : c'est pour le jour de ma sépulture qu'elle devait garder ce parfum") , qui est sera la première à qui il apparaîtra après sa résurrection, et qui sera tenue comme l'apôtre des apôtres, Marie-Madeleine effectue sur cette verrière un geste de soins sur les plaies du Christ après sa dépose de la Croix.

Car c'est ainsi qu'il faut interpréter le geste que nous la voyons effectuer, penchée avec sollicitude vers la plaie sanguinolente de  la main gauche du défunt, tandis qu'elle tient le flacon d'aromates (ou d'onguent, c'est pareil) nécessaire à l'embaumement.

Si nous avions un doute sur cette interprétation, il suffit de constater d'une part la présence, derrière elle, d'un homme vêtu comme un notable juif (probablement Joseph d'Arimathie ou même plutôt Nicodème) tenant une fiole ; et de confronter cela à un corpus d'images que j'ai réuni dans mon article sur ce geste :

 

Un geste d'embaumement par Marie-Madeleine sur la Déploration ("Piétà") de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Dépôt du Louvre Cl 18509.

Depuis la rédaction de cet article en avril 2023, mon attention et ma compréhension de cette scène sont plus vives, et la même  image a pu m'échapper dans ma description de la trentaine de verrières finistériennes réunies dans ce blog. 

Mais ici, ce geste d'embaumement me semble particulièrement évident.

 

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Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Le notable juif tenant un flacon destiné à l'embaumement.

Sa barbe longue et blanche, son bonnet conique rouge à rabat d'oreille, le camail couvrant ses épaules sont les indices le désignant comme Juif au milieu du XVIe siècle. Son regard baissé témoigne du caractère rituel du geste qui s'effectue.

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Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Marie-Madeleine en pleurs.

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Comme les saints personnages de la partie gauche, Marie-Madeleine est en pleurs, et l'artiste a repris tous les codes stylistiques de l'atelier pour représenter ces larmes : le petit lac lacrymal au dessus de la paupière inférieur et les trois filets blancs divergents (même si deux seulement sont bien visibles sur le verre altéré). La paupière supérieure est affaissée, signe de chagrin, et la bouche est crispée.

Les cheveux blonds et bouclés descendant devant les épaules sont un des attributs de la sainte. Le turban blanc retenu par un linge doré sous le menton est également codifié par les critères iconographiques. Le détail du manteau (violet) qui glisse de ses épaules vers son dos serait insignifiant, si on ne le retrouvait pas, plus accentué encore qu'ici, sur tous les statues des calvaires ou Marie-Madeleine étreint la croix.

En dessous du voile blanc qui couvre sa poitrine, sa robe est verte à motif de damas géométrique (proche de celui du prie-dieu de la donatrice).

 

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Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Le jeune homme juif accompagnant Nicodème.

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Le verre représentant un visage d'allure féminine portant également un turban au dessus d'un bonnet de coiffe me semble trop peu altéré pour être d'origine, mais Gatouillat et Hérold ne signalent pas qu'il est du à la restauration du XIXe siècle. Aucune larme n'est visible. Le modelé du visage ne fait pas appel au savant emploi des hachures et réseau de lignes, ou à l'emploi raisonné de la sanguine. Il suffit de comparer ce verre avec celui de la femme suivante pour se convaincre que cette pièce a été réalisée par Huchet.

D'ailleurs, ce devait être à l'origine un personnage masculin peut-être jeune, mais juif, comme l'indique le chapeau conique qui a été conservé au dessus du turban. Il n'est pas nimbé, ce n'est pas, comme je l'avais d'abord cru, une sainte femme.

Car sinon, nous aurions quatre saintes femmes.

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Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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La troisième sainte femme.

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Sous le nimbe rayonnant et la bonnet-chaperon de coiffe, ce magnifique portrait reprend les codes de chagrin déjà remarqués, mais les trois larmes s'associent à un rictus  de la bouche entrouverte et à une contraction des muscles mentonniers très expressifs.

C'est elle qui soulève le bras de Jésus et  présente la plaie à Marie-Madeleine, tout en effectuant un geste éloquent d'invite de la main gauche.

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Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Au total l'attention de  ces quatre personnages convergent vers la plaie de la main, plaie arrondie et béante, et dont la forme est repris au niveau des deux pieds ; et l'artiste a pris soin de montrer, sur les cuisses, les marques de flagellation, et sur les chevilles l'écoulement du sang.

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Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration, registre inférieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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III. LE REGISTRE SUPÉRIEUR : UNE CRUCIFIXION SUR TROIS LANCETTES, ET LA RÉSURRECTION.

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Eugène Hucher a repris pour ce registre supérieur la Crucifixion de la maîtresse-vitre de Pleyben, à la restauration de laquelle il semble avoir participé. Mais ce choix ne s'avère pas très heureux, car cette verrière de Pleyben, plus tardive de 30 ans des panneaux anciens de Kergloff, ne s'accorde pas avec le seul panneau du XVIe siècle qui a été conservé ici, celui de la Pâmoison de Marie. Celui-ci est typique de l'atelier quimpérois des années 1540, tandis  la maîtresse-vitre de Pleyben ne répond pas du tout au style des maîtresse-vitres de la région, et nous n'y retrouvons aucune des marques caractéristiques de l'atelier Le Sodec de Quimper : aucune inscription sur les galons et les harnachements, aucune larme aux yeux de Marie, Marie-Madeleine ou Jean, aucun de ces chevaux hilares inimitables. Et bien-sur aucune reprise de cartons des églises avoisinantes. À Pleyben, la qualité des visages est bien inférieure à celle  que nous avons vu au registre inférieur, et les profils au nez camus — celui de Marie-Madeleine au pied de la croix— sont disgracieux. Enfin, la copie de Hucher est bien pâle, et dépourvue des verres rouges gravés de Pleyben, par exemple.

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Certes  la composition générale des scènes de la Passion est reprise aux verrières contemporaines, de même que celle de la Crucifixion avec une lancette par croix,  Marie en pâmoison du côté du Bon Larron, et le ciel hérissé des lances des cavaliers et soldats.

De même, on retrouve la tenue vestimentaire des Larrons, avec leur chausses à crevés, ainsi que le motif de l'âme du Bon, emportée par un ange, et du Mauvais, saisie par un diable.

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I

 

Registre supérieur  de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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LA CRUCIFIXION.

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Lancette A : Le Bon Larron ; la pâmoison de la Vierge.

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Je ne décrirai pas en détail les panneaux restaurés. Je renvoie à mon article sur la verrière de Pleyben.

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Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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La pâmoison de la Vierge. Atelier quimpérois, vers 1540. Panneau presque intact.

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Dans les bras de saint Jean (non conservé), la Vierge terrassée par le chagrin s'effondre, et ses jambes ne la portent plus. Pleine de sollicitude et de compassion (ses vertus cardinales), Marie-Madeleine se penche vers elle.

Marie est vêtu d'un manteau bleu, d'une robe parme et de chaussures rouges.

Marie-Madeleine a les cheveux dénoués mais retenus partiellement par un voile blanc. Elle porte une robe verte frangée d'or sur des manches violettes. Son manteau, une fois de plus, retombe sur ses reins.

Les deux visages ne montrent pas de larmes, mais, par les bouches entrouvertes, les signes de la plus vive émotion.

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Pâmoison de la Vierge, registre supérieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Pâmoison de la Vierge, registre supérieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Pâmoison de la Vierge, registre supérieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Pâmoison de la Vierge, registre supérieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Pâmoison de la Vierge, registre supérieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Pâmoison de la Vierge, registre supérieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Pâmoison de la Vierge, registre supérieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Pâmoison de la Vierge, registre supérieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Pâmoison de la Vierge, registre supérieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Pâmoison de la Vierge, registre supérieur (atelier quimpérois, v.1540) de la maîtresse-vitre de Kergloff. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Lancette B : le Christ en croix ; Marie-Madeleine étreignant la croix ; les cavaliers et notables.

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Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Lancette C : le Mauvais Larron ; les soldats jouant au dès la tunique du Christ.

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Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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J'avais fait remarquer qu'à Pleyben, les dès n'étaient pas conformes, par la distribution des chiffres, aux dès réels, indiquant que l'un des joueurs avait tricher.

Intentionnellement ou pas, deux des dès représentés par Hucher sont également non conformes.

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Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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Lancette D : La Résurrection ou Sortie du Tombeau.

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Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Registre supérieur de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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LE TYMPAN. Eugène Hucher 1886.

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Le maître-verrier a figuré ici les anges portant les instruments de la Passion, et, au sommet, l'écu aux armes des De Plœuc.

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Tympan de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Tympan de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Tympan de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Tympan de la maîtresse-vitre de Kergloff, E. Hucher 1886. Photographie lavieb-aile juin 2023.

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SOURCES ET LIENS.

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—ABGRALL (Jean-Marie), PEYRON (Henry) 1915, Notice sur la paroisse de Kergloff  Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, BDHA, Quimper.

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2020/12/kergloff.pdf

— BERNARD (abbé H), 1886, Communication, Bull. Société nationale des antiquaires de France p.89-93

https://archive.org/details/bulletin188687sociuoft/page/n95/mode/2up

M. l'abbé Bernard fait la communication suivante :

« Kergloff est une petite commune du Finistère, à quatre kilomètres de Carhaix. Son église, avec ses nefs à toiture aplatie, pour prêter moins le flanc aux vents de la montagne, atteste une construction gotbique, reprise à différentes époques, vu la forme des piliers et des fenêtres ; son clocher ressemble à tous les clochers bretons. Rien de remarquable ne parait devoir attirer et arrêter sous ces modestes voûtes l'attention d'un antiquaire.

« Derrière le maître-autel, le fond de l'abside est percé d'une large fenêtre ogivale, que l'on avait eu la malencontreuse idée de boucher en remplissant la baie par un mur de maçonnerie légère. Un jour, la pensée vint de démolir ce mur pour rendre au sanctuaire sa clarté primitive, et l'on mit en lumière une magnifique verrière à quatre meneaux, datant des premières années du xvie siècle. Le recteur de Kergloff, M. l'abbé Bernard, a chargé M. Hucher, du Mans, de restaurer cette verrière ; l'artiste a bien voulu nous envoyer la maquette pantographiée que nous mettons sous vos yeux.

 De la partie supérieure de ce vitrail, il ne reste que la mort de la sainte Vierge ; les autres sujets ont malheureusement disparu, mais la partie inférieure est demeurée à peu près intacte. Elle est enfermée dans un encadrement architectural d'une grande élégance; au sommet, les quatre baies cintrées présentent une figure ailée qui tient le centre de chaque voussure; à la base, huit figurines disposées en médaillons alternent avec des consoles, les unes libres, les autres en partie engagées dans les meneaux. La portion du vitrail comprise entre ces motifs d'architecture a échappé aux injures du temps, et surtout à la maladresse des ouvriers chargés de boucher la fenêtre ; elle représente la Descente de croix.  La scène est à huit personnages, dont deux femmes vêtues et coiffées à la mode du temps; la première, à côté de la sainte Vierge, d'un rang plus élevé, comme l'indique la bande d'or qui orne sa coiffure, s'essuie les yeux avec un mouchoir; la seconde supporte d'une main le bras inerte du Sauveur, Marie Madeleine, avec le vase de parfums, est agenouillée aux pieds du Christ. Nicodème se reconnaît à la mixture d'aloès dont parle l'Evangile. Auprès de la sainte Vierge apparaît Joseph d'Arimatbie, avec la couronne d'épines appuyée contre sa poitrine. Cette descente de croix se distingue par un grand caractère de tristesse, et les personnages sont bien groupes dans l'espace limité par les deux meneaux du centre.

 Les deux meneaux extrêmes sont remplis, l'un, du côté de l'Évangile, par le portrait de Vincent de Ploeuc, l'autre, du côté de l'épitre, par celui de son épouse, Jeanne de Rosmadec, tous deux seigneurs de Kerlégouan, dont les ruines subsistent encore à un kilomètre du bourg de Kergloff.  Vincent de Ploeuc figure dans la réformation des fouages de la paroisse de Kergloff, en 1535. Il avait épousé en 1503 Jeanne de Rosmadec.  Le vitrail représente Vincent de Ploeuc, à genoux, les mains jointes devant un prie-Dieu où s'étale ouvert un grand livre de messe in-4°. Son pourpoint couvert de ses armes laisse dépasser le bas d'une cotte de mailles; les brassards, les cuissards et les jambards, l'épée et les éperons sont de l'époque; le casque surmonté d'un panache est à terre. Un peu en arrière se dresse la figure de saint Vincent Ferrier, son patron, habillé en dominicain, le soutenant d'une main, et de l'autre montrant un nuage lumineux, où parait Notre-Seigneur, les mains élevées vers le ciel. Saint Vincent Ferrier, mort à Vannes en 1419, fut canonisé en 1455.

Jeanne de Rosmadec est également agenouillée, les mains jointes, devant un prie-Dieu et son livre de messe ouvert. Derrière, saint Jean-Raptiste, debout, la soutient de la main gauche, tandis que de la droite il porte un livre avec un agneau couché et traversé par une croix. Saint Jean est vêtu, sous son manteau, d'une tunique simulant les poils de chameau.  Jeanne de Rosmadec est en grande toilette de l'époque. La figure seule a dû être refaite à la place de l'ancienne, qui n'existait plus. Son voile, gracieusement relevé et retombant sur les épaules, ne laisse point voir les cheveux, mais un bonnet de couleur jaune, semé de petits carrés très réguliers, avec un bord formé de feuilles de trèfle. Un collier de perles s'enroule autour du cou. Les manchettes sont à tuyaux. Le corsage, d'hermines comme le mantelet, est fermé par un large galon d'or ouvragé; ils descendent plus bas que la ceinture. Le reste du corps disparaît sous un écusson aux armes de Ploeuc et de Rosmadec.  Ploeuc porte d'hermines, à trois chevrons de gueules, et Rosmadec porte d'argent et d'azur, à six pièces.

 La famille de Ploeuc est une des plus anciennes de Bretagne, où ses alliances lui avaient donné autant de puissance que de renom. Tanneguy du Châtel, vicomte de la Bellière, conseiller et chambellan du roi, grand maître de l'écurie de Charles VII, on 1454, grand écuyer de France en 1455, était fils puîné d'Olivier du Châtel et de Jeanne de Ploeuc. Tanneguy du Châtel épousa une fille de Jean de Malestroit, maréchal de Bretagne. En 1443, Guillaume de Malestroit occupait le siège épiscopal de Nantes. « il avait, dit l'auteur  de la Gallia Christiana, l'âme haute et les sentiments « élevés. » En 1462, il abdiqua en faveur de son neveu, Amaury d'Acigné, fils de Jean et de Catherine de Malestroit.  François Hyacinthe de Ploeuc du Tymour était évêque de Quimper en 1707.  La famille de Rosmadec n'est pas moins illustre. Sébastien de Rosmadec était évéque de Vannes en 1622; il eut l'honneur de diriger les enquêtes qui amenèrent le rétablissement du culte de sainte Anne, la patronne des Bretons, au village de Keranna, près Auray. En 1646, il se démit de sa charge en faveur de son neveu Charles de Rosmadec. »

 

—COUFFON (René), LE BARS (Alfred) 1988, Kergloff, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/KERGLOFF.pdf

Le porche, couvert d'une charpente du XVIe siècle, a son ouverture en arc brisé très aigu.

— COUFFON (René), 1948, Remarques sur quelques verrières finistériennes du XVIe siècle, SHAB

https://m.shabretagne.com/scripts/files/5f47181a637417.41967597/b1948_07.pdf

—  FROTIER DE LA MESSELIERE (Henri), 1924, Iconographie des tombes et verrières de Bretagne /  in Association bretonne [1851-1946], Vol. 35, du 1923. 

—  FROTIER DE LA MESSELIERE (Henri), 1926, Les seigneurs de Tymour dans la verrière de  Kergloff, La Bretagne touristique illustrée octobre 1926 pages 223-224.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2008,  Kergloff

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-15477309.html
—GARREC (Roger), 1998, "La trève de Kergloff au XVIIIè siècle", Bulletin de la Société archéologique du Finistère pages 381 à 398

 

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum VII, PUR edition.

— L'HARIDON (Erwana), notice IM 29004118 de l'Inventaire

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/verriere/59b84203-5853-4340-9868-35280fd36219

 

Restauration en 2017

https://www.letelegramme.fr/finistere/kergloff-29270/spaneglisespan-restauration-du-vitrail-3013843.php

https://www.letelegramme.fr/finistere/kergloff-29270/spaneglisespan-le-vitrail-restaure-inaugure-3091689.php

https://www.ouest-france.fr/bretagne/kergloff-29270/le-vitrail-de-l-eglise-saint-tremeur-ete-restaure-5257332

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Renaissance. armoiries Passion
16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 20:37

Le Retable en pierre de la Passion du Christ, exposé au musée de Cluny Cl.11494.

Un geste d'embaumement du Christ : le retable en pierre de la Passion , provenant peut-être de Saint-Denis, deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Pierre (calcaire) avec trace de polychromie.

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Ce retable montre dans la sixième niche un geste d'embaumement du Christ : voir :

  • Un geste d'embaumement par Marie-Madeleine sur la Déploration ("Piétà") de Tarascon (peinture sur noyer, Jacques Dombet ?, vers 1456-1457) du musée du Moyen-Âge de Cluny. Dépôt du Louvre Cl 18509.

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Voir aussi sur le musée du Moyen-Âge de Cluny à Paris :

  • La chapelle de l'Hôtel de Cluny.
  • Les cheminées du Mans exposées au Musée du Moyen-Âge de Cluny.
  • Les vitraux de l'église de Betton (35) exposés au musée de Cluny.
  • Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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La notice du musée :

"Ce retable en haut-relief de forme rectangulaire ornait peut-être l’autel d’une chapelle de l’abbatiale de Saint-Denis, mais cela n’est pas assuré. Une autre hypothèse le fait provenir de l’église Saint-Gervais de Paris.

Quoi qu’il en soit, il s’agit de l’un des plus beaux exemples conservés de l’art du retable en Île-de-France au milieu du 14e siècle. Six scènes de la Passion du Christ (de gauche à droite : Arrestation du Christ, Flagellation, Portement de croix, Mise au tombeau, Résurrection, Descente aux limbes) sont placées sous des arcs supportés par des colonnettes et couronnés de gables et d’arcatures ajourées.
Ce cadre de microarchitecture très élaboré évoque une structure monumentale telle qu’un jubé, comme si les scènes étaient abritées dans un espace semblable à l’église où se tient le fidèle.
Il manque sur ce retable une représentation de la Crucifixion, généralement placée au centre. Sans doute faut-il imaginer qu'elle était figurée au-dessus du retable, sous la forme d’une statue du Christ en croix ou même d’une image peinte, créant un élan ascensionnel en contrepoint de la succession horizontale des autres scènes.

 Acquisition en 1887. N° Inventaire : Cl. 11494

Hauteur : 81 cm.Largeur : 215 cm Lieu de production : Ile de France. Lieux de destination : abbatiale de Saint-Denis; [ou] église Saint-Gervais. Période : 2e quart du 14e siècle

Techniques : sculpture en haut-relief; sculpture"

https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/retable-de-la-passion.html

http://mistral.culture.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=DOMN&VALUE_98=sculpture&NUMBER=36&GRP=386&REQ=%28%28sculpture%29%20%3aDOMN%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=100&DOM=All

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Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

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1.Arrestation du Christ. Le baiser de Judas. Pierre rengaine son glaive après avoir trancvhé l'oreille du serviteur du grand prêtre.

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Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

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2. La Flagellation ; le Christ a les mains liées à la colonne (brisée).

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Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

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3. Le Portement de croix.

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Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

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4.L'embaumement sur la pierre de l'onction.

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Sur la scène de la "Mise au tombeau", ou plus précisément de l'embaumement sur la pierre de l'onction , un homme barbu coiffé du bonnet conique verse le contenu de son flacon d'aromates sur le corps du Christ, entre deux autres notables Juifs, a priori Joseph d'Arimathie et Nicodème, qui soutienne le corps par l'intermédiaire du suaire.

 

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Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

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Détail.

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Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

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5. La Résurrection ou Sortie du Tombeau.

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Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

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6. La Descente aux limbes.

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Le Christ vêtu du manteau de la résurrection, et montrant la plaie de son flanc droit, tend la main  à Adam et Ève qui sortent de la gueule du Léviathan.

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Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

Le retable en pierre de la Passion , deuxième quart du XIVe siècle. Musée de Cluny Cl. 11494. Photographie lavieb-aile 2023.

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