Le calvaire (Fayet, 1552 ou Prigent 1542?) de l'église de Lopérec.
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— Voir aussi d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:
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La statue de saint Fiacre sur la chapelle Sainte Nonne de Dirinon.
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Le porche de l'église de Landivisiau III. Les apôtres et leur dais. Henry Prigent 1554-1565.
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Le porche de l'église de Landivisiau IV. Le bénitier, l'ange au goupillon.
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Le porche de l'église de Landivisiau VII. L'arcade intérieure et son tympan.
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Les sculptures extérieures du porche de l'église de Landivisiau.
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L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic III. La Pietà en kersanton polychrome par les frères Prigent.
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L'église de Guipavas III : les Apôtres du porche nord (1563).
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L'église Sainte-Marie-Madeleine de Dinéault IV. La statue de sainte Marguerite.
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La chapelle Saint-Laurent de Rozalghen en Pleyben. Le calvaire (Bastien Prigent, vers 1555).
et : La Déploration à 6 personnages de Plourin par les Prigent Les 3 larmes.
Attribution personnelle hors catalogue Le Seac'h :
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Le Noli me tangere et le Repas d'Emmaüs du Pénity de Locronan. (3 larmes)
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Ploéven II. La Déploration de l'église.(3 larmes)
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Saint-Ségal : le calvaire du bourg (vers 1550 et 1630, kersanton, atelier Prigent et Roland Doré) (3 larmes)
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PRÉSENTATION.
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L'église Saint-Pérec actuelle en forme de croix latine, date de 1894 mais, l'on a conservé de l'ancien édifice le clocher, la chapelle des fonts, le porche et la sacristie sud. Pour apprécier de quand datait le sanctuaire préexistant, on ne peut se fonder que la date de 1586 gravée sur la sablière du porche sud. L'une des statues d'apôtres du porche porte la date de 1615. On trouve aussi sur la porte, ainsi que dans ce porche le blason de la famille de Penguern, qui y avait prééminences. On sait qu'Yves de Penguern sieur du dit-lieu conclut un accord le 19 mai 1583 (fête de saint-Yves) avec les paroissiens de Lopérec. Et que ce dernier avait épousé Marie de Kermorial le 12 janvier 1576. Peut-on dire avec Couffon que ce couple est "fondateur" de l'église, ou bien la construction de l'édifice avait-elle débutée plus tôt ? Leurs armoiries étaient d’or à la fleur de lys, en abîme, de gueules, accompagnée de trois pommes de pin de même, deux en chef et une en pointe. La fondation ne date t-elle pas de son père, Jean époux d'Annie de Kersauzon, ou de son grand-père Christophe époux de Marie de Kermodiern ? Car lorsque mourut Jean de Penguern en 1579, il fut inhumé dans l'église paroissiale de Lopérec : celle-ci existait donc déjà.
"La porte du porche donnant accès à l'église date de 1586, lisible dans une inscription sur le chapiteau, avec, au sommet de l'accolade, l'écu des Penguern, rappelant la fondation de l'ancien édifice par Yves de Penguern et Marie de Kermorial, sa femme. La porte extérieure est en anse de panier, comme à Pencran et à Rumengol." (Couffon)
En effet, la présence d'un calvaire portant la date communément admise de 1552 suppose une église de la première moitié du XVIe siècle.
Les autres inscriptions sont plus tardives, sur la façade ouest "LAN 1666. MARC. FLOC'H F.", sur le clocher "C. QVEINNEC. F. 1669.", et au chevet "I. KDRAON. P. MIOSSEC. 1700." On retrouve le blason des Penguern, sculpté en kersanton, sur le chevet.
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Le fantomatique sculpteur "Fayet".
Depuis Yves-Pascal Castel, on attribue ce calvaire à un certain FAYET, dont le nom était paraît-il inscrit au sein d'une longue inscription martelée sur le croisillon. Mais le calvaire, abattu par une tempête, a été entièrement restauré en 1989, et les consoles et croisillons sont aujourd'hui vierges de toute inscription. Aucun document photographique ne permet d'étudier cette allégation (que je ne conteste pas, mais que je souhaite éprouver) et l'examen d'une carte-postale ancienne ne la confirme pas. Nous avons par contre le croquis dressé par Castel pour l'Atlas. Y.-P. Castel y a vu le nom d'un sculpteur du kersanton dont "les détails stylistiques, autant que la facture de ses visages permettent de suivre la diffusion de son talent à Coray, 1553, Plounéour-Ménez, 1554, Lothey, croix de Kerabri, 1556, Laz, 1563, ainsi qu'à Landudal, Lanneuffret, Ploéven, Plozévet et Trégourez.". Dans son Dictionnaire des artistes de Bretagne de 1987 il le décrit comme un "excellent artiste à qui l'on doit, semble-t-il la diffusion du type de calvaire aux anges porteurs de calice pour recueillir le précieux sang. Oeuvres du même type à Coray (1553), Plounéour-Ménez (1554), Laz (1563), Lanneufret, Ploéven, Trégourez."
Pourtant, la confusion avec FAYTE (une graphie pour FAITE attestée sur le calvaire de Plougonven sous le ciseau des Prigent) semble possible, d'autant que le patronyme FAYET n'est pas attesté par les généalogistes en Bretagne (Geneanet), ni étudié par Deshayes dans son Dictionnaire des noms de famille bretons. Je trouve bien un boucher d'Ille-et-Vilaine du XIXe, le "Père Fayet" tuant son cochon ... La famille noble de Fayet est du diocèse de Mende. Ou selon de Magny, du Languedoc, de Guyenne et d'Île de France. Alain-Joseph de Fayet possédait le château de Thau, à Gauriac (33). La légende du seigneur de Fayet, qui fit manger à son épouse le cœur du sieur de Coucy, concerne la Picardie.
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Emmanuelle Le Seac'h reprend à son compte l'hypothèse de Castel, et présente Fayet (1552-1563) comme le second compagnon de l'atelier landernéen de Bastien et Henry Prigent (1527-1577), lui attribuant le calvaire de Lopérec, celui de Laz, de Coat-Nan en Irvillac, du Doyenné du Folgoët, de l'école du Tromeur à Landerneau, et l'introduction des anges aux ailes déployées portant un calice.
Pourtant, E. Le Seac'h indique que "son style est si proche de celui des sculptures des Prigent qu'il est parfois difficile de les différencier : il est imprégné de leur sévérité grave et plusieurs caractéristiques de l'atelier se retrouvent chez lui : comme les trois larmes, la forme en ovale des visages et la manière de disposer les cheveux [des Christ] avec un jour entre les mèches et les épaules."
En somme, l'individualisation d'un artiste différent des Prigent (bien attestés par des inscriptions complètes, datées et vérifiables) ne repose que sur un mot isolé dans une inscription martelée, dont rien n(atteste qu'il s'agisse d'un patronyme et encore moins d'une signature.
Pour étayer sa thèse Castel rapproche ce sculpteur d'un prétendu tombier dont il croit retrouver le nom sur une dalle funéraire de la cathédrale Saint-Pol de Léon. Dans une publication de 1982 (éditée en 1985), Castel rapproche Fayet d'un mot -faict- retrouvé sur une dalle funéraire de la cathédrale Saint-Pol-de Léon, et qu'il lit "faiet" . Elle avait été relevée par Théophile Peyron (*) ainsi : Cy est la chapelle de messire et noble homme Christophe Tuonelorn de Kerautret, recteur de Ploecolm, faict M. Vcc. http://infobretagne.com/cathedrale-saintpoldeleon.htm
Castel lit "A noble home me christofle tuonelorn sr de K(er)autret chanoine de leon recteur de ploecolm faiet LMVCC" et il ajoute :
"La lecture du nom d'un sculpteur était si peu attendue à cette place que Peyron corrige faiet en faict. Mais comme il a des hésitations pour ce qui est du reste de l'inscription, omettant une partie, transformant une autre eu égard à son caractère inhabituel, nous maintenons la lecture faiet."
Le tombier Faiet pourrait être un ascendant de notre Fayet de Lopérec. D'autant plus que le matériau de la dalle funéraire de Saint-Pol et celui du calvaire est le même kersanton que l'on extrait des carrières littorales au fond oriental de la rade de Brest."
Pourtant, et comme il le reconnaît, la position de -faiet ou -faict avant la date est en faveur d'une leçon "faict [en] 1500". Et le glissement de la lettre -c en -e est rapide. Cette étayage par un tombier FAIET soudain sorti de terre et assimilé à FAYET me semble fragiliser l'hypothèse plutôt que de la renforcer.
En résumé, je suggère de ne pas recopier dans toutes les publications ce nom d'artiste (comme la signature Jost de Necker que Couffon avait cru lire au bas d'un vitrail et qui se retrouve désormais partout malgré les démentis de ceux qui ont été regardé la vitre en question) tant que l'hypothèse de Castel n'a pas été renforcée par des preuves tangibles.
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Le style et les thèmes des PRIGENT.
Voir l'Annexe.
Bastien et Henry Prigent ont sculpté les calvaires monumentaux à deux croisillons de Plougonven en 1554 et de Pleyben en 1555, mais aussi des calvaires non monumentaux à 2 croisillons (Loc-Brévalaire, Lopérec et Saint-Sébastien de Saint-Ségal) ou à un seul croisillon.
Sur les calvaires à deux croisillons, deux cavaliers (Longin et le Centenier) sont présents en dessus ou en dessous de Jean et de la Vierge (sauf à Loc-Brévalaire où deux consoles sont inoccupées).
Sur ces calvaires, Marie-Madeleine est représentée agenouillée au pied de la croix (comme aussi à Sainte-Marie-du Ménez-Hom et à Pencran).
Les Larrons occupent une place indépendante sur deux croix adjacentes : c'était le cas à Lopérec, jusqu'à leur chute.
Contexte : les calvaires à deux croisillons ( à un ou trois fûts).
Le calvaire de Lopérec est édifié au cœur de la période pendant laquelle on voit éclore, en Finistère, notamment dans les enclos paroissiaux, des calvaires à deux croisillons, dont la majorité répondent à la même organisation donnant place à deux statues géminées (avec la Vierge et Jean sur la face occidentale), les deux cavaliers de la Passion, une Pietà ou Déploration au centre et un Christ au lien sur l'autre face, et enfin Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix . Il y a donc reprises par les ateliers de sculptures d'un modèle, jamais copié mais toujours développé.
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- Pencran nord, (1521 par inscription). Trois fûts. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Deux cavaliers, Madeleine/ Yves, Jean/Pierre. Pietà, Vierge à l'Enfant . Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.
- Plomodiern, chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom (1544, Prigent). Jean/Pierre et Madeleine/Yves. Pietà, Christ aux liens, Vierge à l'Enfant. Ange aux calices. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.
- Saint-Ségal, chapelle Saint-Sébastien (v.1541-1554, Prigent). Vierge et Jean géminés avec des archers.
- Lopérec (1552) par Fayet, compagnon des Prigent. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Trois fûts . Deux cavaliers, Christ aux liens, Jean ?/Marie-Madeleine / et Vierge/Pierre, Christ ressuscité.
- Plougonven, (1554), Henri et Bastien Prigent. Calvaire monumental. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. les larrons sur des croix séparées (mais depuis le XIXe), saint Yves, Vierge et Jean non géminés.
- Pleyben (1555) par Henri et Bastien Prigent. Calvaire monumental. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Vierge et Jean non géminés.
- Cléden-Poher (1575)
- Loqueffret (1576?)
- Plounéventer (1578)
- Guimiliau (1581-1588)
- Locmélar (vers 1600), par le Maître de Plougastel
- Plougastel (1602-1604) par le Maître de Plougastel.
- Saint-Thégonnec (1610). Trois fûts. Deux cavaliers, Pietà, Christ aux liens, Yves.
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DESCRIPTION.
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Ce calvaire de 6 m de haut, en kersanton, repose sur un soubassement architecturé à table d’offrande et un socle cubique orné de demi-reliefs: Jésus et Véronique, Madeleine au jardin de la Résurrection, Marc et Matthieu, Luc et Jean. Statue de Marie-Madeleine repose sur un socle portant l'inscription CESTE CROIX FUST FAYTE EN L’AN MVCLII. Fût à pans porte le premier croisillon aux statues géminées: Vierge/Pierre, Jean/Madeleine avec, au centre, la Vierge de Pitié et au revers le Christ ressuscité. Sur le second croisillon, les deux cavaliers Longin et le Centenier. La croix, à fleurons-boules godronnés, porte le Christ crucifié dont le sang est recueilli par quatre anges aux calices. Un Christ aux lien est au revers. Les vestiges des deux larrons, à l'origine fixés sur des fûts isolés encadrant le calvaire, ont été placés, sans leur fût, de chaque coté.
Lopérec était situé au croisement de routes et entourant un enclos formé par l'église, le cimetière, l'ossuaire, le calvaire et le presbytère. Cet ensemble a été démantelé au XIXe siècle le cimetière a été déplacé, avec le calvaire en 1883 avec reconstruction de la plupart des maisons, puis le calvaire a regagné sa place. Il a été classé le 15 mai 1930.
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Relevé graphique par Y.-P. Castel en 1980. Le blason des Penguern et l'inscription 1580 ont été relevés sur l'église et ne concernent pas le calvaire. Pour l'inscription FAYET, voir supra.
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LE SOCLE.
Sur un soubassement et un premier socle chanfreiné doté du coté ouest d'une table d'offrande est posé un socle cubique orné de bas-reliefs sur ses 4 cotés : Jésus et Véronique, Madeleine au jardin de la Résurrection, Marc et Matthieu, Luc et Jean.
Note : j'aurai à cœur de rendre hommage aux photos de Bernard Bègne pour l'Inventaire Général et celles de Gilbert Lemoigne publiées pour l'Atlas : je les placerai en vignette avec un lien, avant mes médiocres clichés. On mesurera aussi ainsi l'importance de la progression des lichens sur nos monuments.
Ce socle, selon Emmanuelle Le Seac'h, la meilleure spécialiste de la sculpture bretonne sur pierre, n'est pas du même atelier que ce qui va suivre.
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Face sud : Apparition du Christ à Marie-Madeleine.
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C'est la scène du Noli me tangere où Jésus ressuscité apparaît à Marie-Madeleine sous la forme d'un jardinier. La sainte, un genou à terre, tient son pot d'aromates. Ses cheveux sont retenus derrière la nuque par un bandeau occipital.
Comparer à la même scène à Locronan.
Marie-Madeleine a eu le privilège de la première apparition du Christ ressuscité à ses disciples. C'est pour les chrétiens le premier Témoin, avant même les Apôtres et avant les Témoins d'Emmaüs.
Elle est représentée trois fois sur ce calvaire, ce qui ne peut que nous interroger. Au XVIe siècle, elle est encore la sainte, non pas de la pénitence et la repentance, mais de la participation émotionnelle avec le Christ souffrant, et avec l'effusion de son sang. La contemplation par la sainte du sang s'écoulant des plaies du Christ en croix et versé pour le Salut de l'Humanité engendre des larmes d'empathie et de reconnaissance. L'effusion des larmes répond à celle du sang. Dans sa position agenouillée au pied de la croix face au sang qui s'écoule jusqu'à terre, elle devient le modèle du chrétien appelé à "communier" spirituellement et dans un élan mystique aux souffrances de la Passion.
On remarquera qu'une fontaine de la commune porte le nom de Marie-Madeleine.
Sur le calvaire lui-même, deux détails participent à cette dévotion du sang: la représentation des larmes sur le visage de Jean, de la Vierge et de Marie-Madeleine. Et la présence des anges recueillant le Précieux Sang.
Cette mystique de la contemplation des plaies du Christ sur la croix, qui a pris précocement naissance chez les Chartreux et les Ordres monastiques, et qui s'exprime avec magnificence au Puits de Moïse de Champmol au début du XVe siècle, se traduit en Bretagne par la floraison des calvaires au XVIe siècle. Bastien et Henry Prigent se sont montrés particulièrement sensible à ce thème, et leurs sculptures sont précisément caractérisées par les trois larmes versées par les protagonistes de la Crucifixion.
Voir mon article
http://www.lavieb-aile.com/2019/09/le-puits-de-moise-de-la-chartreuse-de-champmol-a-dijon.html
Ce sera le fil rouge de notre visite de ce calvaire.
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Face ouest : Jésus et Véronique.
Le voile de Véronique est pour le christianisme celui qui a gardé miraculeusement l'image vraie (vera icona =veronique) du Christ portant la croix. La femme est assimilée à la Bérénike des évangiles synoptiques, à Marthe de Béthanie (la sœur de Marie, alias Marie-Madeleine...) et on lui donne une origine orientale dans les enluminures (Jean Fouquet 1460) ou les peintures (Robert Campin en 1430, Hans Memling en 1480-1483) en la coiffant, comme ici, d'un turban.
Selon la tradition (et la 6ème station du Chemin de croix), c'est par compassion que la femme accompagnant le Christ dans sa montée au Gogotha lui a essuyé le visage. Elle est une figure emblématique de la compassion auquel le chrétien est appelé, par une invitation à contempler le visage du Christ souffrant, dans une pratique individuelle de dévotion par ressenti émotionnel.
Elle est ... la patronne des photographes. Puisse-t-elle m'aider à améliorer mes pauvres images !
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Face nord : les évangélistes Marc et Matthieu.
Chaque évangéliste accompagné de son attribut (l'un des quatre du tétramorphe) tient le livre dont il est l'auteur, et un phylactère (autrefois peut-être peint) se déroule vers le sol.
Matthieu et l'ange. Marc et le lion.
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Face est : Jean et Luc.
Luc, barbu est à gauche, rédige son évangile accompagné de son taureau.
Jean, imberbe, est face à son aigle, aussi grand que lui, et qui tient le phylactère dans son bec.
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Le socle de Marie-Madeleine : l'inscription.
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On lit, en lettres minuscules en relief sur un cartouche, trois lignes disant :
CESTE CROIX
FUST FAYTE EN
L'AN MVc XLII
Soit "Ceste croix fust fayte en l'an mil cinq cent quarante deux (1542)"
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Ma lecture n'est pas celle de mes prédécesseurs, car je lis après MIL VC une lettre conjointe XL ; ou du moins, il est incontestable que le fût du L est enlacé en diagonale d'un autre fût avant les deux ii ; et je n'ose pas proposer MVcXII, ou MVcIIII.
Le Séac'h indique avec précision sa leçon "CESTE CROIX FVST FAYTE EN L'AN MVCLII" (page 176 note 82), tout comme Abgrall en 1902 "CESTE : CROIX : FVST : FAYTE : EN l'AN : MVCLII". Mais dans les deux cas, le V de FVST n'est pas fidèle (c'est un U); et pour Abgrall; la ponctuation par deux-points n'est pas fidèle non plus à l'original. Nous avons donc le droit de contester nos aînés les plus illustres., et, surtout, d'évaluer combien une diablerie semble frapper la transcription des inscriptions lapidaires, quelque soit le soin qui y est apporté.
La transcription devrait s'accompagner systématiquement d'un document photographique. Mais celui-ci n'est pas d'une vérité imparable, car, selon l'angle de prise de vue, l'angle de l'éclairage, ou, comme je l'ai fait, la pratique d'un estompage humide, les détails signifiants apparaissent, ou disparaissent.
Ainsi, Henri Pérénnès a lu en 1927 la date de 1557 : "CESTE : CROIX : FUST ; FAYTE : EN : LAN : MVc LVII". (Il corrige Abgrall pour le U mais non pour les deux-points).
Peu importe, je suis prêt à admettre provisoirement, et comme base de travail, la date de 1552. Elle a l'avantage d'être accordée à celle des autres réalisations des Prigent,
Il y a un autre élément intéressant. La formulation de l'inscription est exactement la même que le début de celle portée sur le calvaire monumental de Plougonvelin, réalisé par Bastien et Henry Prigent en 1554. Y.-P. Castel y a relevé : CESTE CROIX FUST FAYTE EN LAN MIL VC LIIII A L’HONNEUR DE DIEU ET NTRE DAE DE PITIE ET MONSEIGNEUR SAINCT. YVES PRIES DIEU POUR LES TRESPASSES . Hélas, je n'ai pu voir moi-même cette inscription. Quoiqu'il en soit, c'est un argument pour attribuer ce calvaire de Lopérec aux frères Prigent.
Encore une fois, on remarque la proximité de FAYTE avec FAYET lu par Castel sur le calvaire.
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diorama (cliquez). Calvaire (kersantite, 1552, Prigent) de l'église de Lopérec. Photographie lavieb-aile 2020.
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La statue de Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.
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La statue est indépendante du socle et elle a pu être déplacée. Elle est aujourd'hui positionnée de telle sorte qu'elle tournée vers le sud, au lieu de regarder le fût et de lever les yeux vers la croix. Marie-Madeleine est agenouillée, le visage levée vers le Christ en croix. Les bras aux coudes fléchis sont légèrement écartés paumes tournés vers l'avant en geste d'adoration. Les cheveux longs sont dissimulés par le manteau, après avoir été réunis et recouvert par le bandeau occipital, ici particulièrement déployé . La sainte est vêtue d'un manteau serré par une ceinture large dont la boucle et le bout libre sont détaillés avec soin (comme c'est le cas pour tous les accessoires vestimentaires chez les Prigent).
Le manteau, aux manches évasées laissant s'épanouir les plis de la robe aux poignets, se relève à l'arrière en corolle dans un mouvement ondé spectaculaire et opulent avant de recouvrir les pieds. Les trois plis en éventail, dont il est difficile de comprendre la relation avec le manteau, se retrouvent à Saint-Ségal et à Pencran.
Cette posture et ce manteau la rapprochent de la statue de Marie-Madeleine au pied du calvaire nord de Pencran, .
On retrouve en effet ce type de statues également à Pencran, par Bastien Prigent sur la pelouse du placître, à Sainte-Marie-du-Ménez-hom par les Prigent, au Tréhou, à Commana, et à Saint-Ségal au pied du calvaire du bourg et de celui de la chapelle Saint-Sébastien sans doute par les Prigent. Ou sur les calvaires monumentaux de Plougonven et de Pleyben également par les Prigent.
Leur modèle le plus ancien en sculpture est peut-être la statue (attestée mais perdue, seuls les bras croisés sont conservés) de la Grande Croix qui surplombait le Puits de Moïse à Dijon vers 1399, et en peinture le Polyptique Orsini de Simone Martini (vers 1333), précédent la fresque de Fra Angelico pour la cellule n°25 de San Marco (1437) .
Les verrières de la Passion des maîtresses-vitres des chapelles du Finistère au XVIe siècle ne l'omettent pas.
Jean Bourdichon la fait figurer — avec son foulard rayé — au folio 47v des Grandes Heures d'Anne de Bretagne .
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f103.item
Par contre, sur la Crucifixion de Rogier van der Weyden (1425-1430) à Berlin,c'est la Vierge qui enlace la Croix.
La place très particulière qui est réservée à Marie-Madeleine au pied de la Croix sur ces œuvres d'art dès le XIVe et XVe siècle a été bien analysée par les historiens de l'art (qui sont de plus en plus des historiennes) et mise en rapport avec sa place privilégiée dans les évangiles, soit comme modèle de contemplation silencieuse de Jésus avec la fameuse phrase "elle a choisi la meilleure part" (Luc 10:42) face à l'activisme ménager de sa sœur Marthe, soit comme modèle de compassion lors de la Passion ou de la Mise au Tombeau, soit comme premier témoin du Christ ressuscité prenant l'apparence d'un jardinier. Pendant tout le Moyen-Âge, Marie de Magdala a été assimilée à Marie de Bethanie, qui se livre à l'onction des pieds de Jésus par du parfum. Dans l'iconographie, elle est toujours placée aux pieds du Christ (Vermeer, 1655), notamment dans les Mises au Tombeau, où elle est souvent mise à part des autres saints personnages, agenouillée en avant du tombeau .
Ce simple lien avec les pieds du Christ pourrait justifier qu'elle embrasse le pied de la Croix, mais ce serait sous-estimer le culte qui lui fut rendue par les Ordres religieux qui en ont fait la figure du chagrin de compassion, de la contemplation silencieuse, du repentir et de l'humilité.
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LA FACE OCCIDENTALE ET SES DEUX CROISILLONS.
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Le croisillon inférieur : la Vierge et saint Jean en pleurs ; la Pietà.
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La progression des lichens défigurant nos calvaires : trois photos.
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La Vierge aux trois larmes.
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Ces larmes ne sont plus visibles sous l'atteinte lupique d"un lichen foliacé. La Vierge est voilée, porte la guimpe, et croise ses mains sur la poitrine. Le voile encadrant "en coque" aux coins carrés le visage est caractéristique des Prigent.
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Saint Jean aux trois larmes.
Jean croise les mains sur son ventre et regarde vers le bas, de façon recueillie. Il porte un manteau aux manches très larges, fermé au col par un bouton passé dans une patte ronde, et le S ainsi formé est typique de cet atelier de sculpteurs. Le visage imberbe est encadré de cheveux bouclés. Les trois larmes des Prigent tels les pendants d'un lambel sous chaque œil, sont pour l'instant encore visibles.
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La Pietà.
La Vierge au voile "en coque" et à la guimpe aux plis cassés témoigne de son chagrin par les trois larmes des Prigent. Les yeux sont en amande, le nez est fort, la bouche convexe et sévère, le menton petit et en avant.
Le corps du Christ allongé sur le genou droit de la Vierge forme une croix, le bras droit tombant verticalement et le bras gauche soutenu par sa Mère. Les jambes sont croisées. Comme sur la Déploration de Ploéven, datée ... de 1547.
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Le croisillon supérieur : le Crucifié entre les deux cavaliers.
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Le croisillon inférieur était celui des larmes; celui-ci est celui du sang. Le message est clair : le sang versé pour le chrétien doit, par compassion, faire jaillir ses larmes, par imitation de la Vierge, de Jean et de Marie-Madeleine.
C'est bien sûr celui de la Crucifixion : le sang rédempteur assurant, pour le christianisme, le Salut de l'humanité.
Celui-ci est sublimé comme "Précieux Sang" puisqu'il est recueilli par quatre anges dans des calices. Ce simple motif ouvre sur l'immense champ conceptuel et légendaire du Saint-Grall. La Fête du Précieux Sang ne fut instituée, le 1er juillet qu'au XIXe siècle.
C'est encore lui qui justifie la présence de Longin, le cavalier qui transperça de sa lance le flanc droit du Christ. Et qui, surtout, fut guéri de son trouble de vue par une goutte du sang qui jaillit de cette plaie.
Le sang qui remplissait, par image, la Fontaine de Vie du "Puits de Moïse" de Champmol s'écoule ici comme une source de vie, bénéficie aux Cavaliers dont il entraîne la conversion, suscite les saintes larmes du croisillon inférieur, puis celle de Madeleine au pied de la croix, et atteint le sol pour faire renaître Adam des Limbes.
Je ne peux qu'insister lourdement, aussi lourdement que le fait le sculpteur.
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Le Christ en croix.
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Les anges au calice.
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Les deux cavaliers.
J'ai détaillé leur identification, la tradition iconographique, notamment sur les vitraux bretons du XVIe ou l'harnachement des chevaux, dans mes articles sur les calvaires des chapelles Saint-Sébastien en Saint-Ségal et Sainte-Marie du Ménez-Hom.
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Longin, le cavalier le doigt à la paupière.
Ce détail signifiant n'est bien visible qu'en multipliant les points de vue.
Longin, barbe pointée, porte un bonnet conique très hébraïque avec son voile couvrant les oreilles et la nuque. La main droite, posée sur le genou, est celle qui tenait la lance. Celle-ci n'est-elle qu'évoquée, ou bien existait-il jadis une lance en bois qui se fixait dans la paume ? De l'autre coté, devant la selle, on voit un accessoire à forme ampullaire.
En plus des lichens, il y a de la mousse qui fait de beaux coussins verts aux poignets.
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Le bon centenier.
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Son regard est tourné vers le Christ. Il est coiffé d'un turban d'où descend un voile couvrant la nuque. Il porte l'épée au coté gauche.
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LA FACE ORIENTALE.
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Le croisillon inférieur : Marie-Madeleine et saint Pierre entourant le Christ sortant du tombeau.
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Marie-Madeleine.
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Je ne reviens pas sur les trois larmes.
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Saint Pierre.
Sa présence n'est pas justifiée par le saint patron de Lopérec, car saint Pérec (Sant Petroc), représenté en moine tenant une biche sur ses genoux, n'a rien n'a voir avec saint Pierre.
Il est présent ici, comme sur de nombreux calvaires de Basse-Bretagne, comme premier évêque de Rome, mais peut-être aussi comme premier des Apôtres et surtout, dans notre contexte, comme celui à qui le Christ ressuscité est apparu pour la troisième fois (Jean 21:14), après l'apparition à Marie de Madeleine et celle aux Apôtres réunis. C'est lors de cette troisième apparition du Christ ressuscité que ce dernier s'adressa à Simon Pierre , lui dis trois fois Simon fils de Jonas m'aimes-tu ; Pais mes brebis, puis enfin (Jn 21:19) "Suis moi".
Il y a donc une logique et une continuité entre les représentations du Calvaire, de la Sortie du Tombeau (Résurrection), de l'Apparition à Marie-Madeleine, et de celle à Pierre.
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La Sortie du tombeau.
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Le croisillon supérieur. Le Christ aux liens.
C'est bien entendu, une fois encore une image destinée à susciter la compassion.
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LES DEUX LARRONS.
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Une émouvante photo de Bernard Bègne les montre lorsqu'ils étaient en réserve avant leur montage autour du socle.
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Le Bon Larron.
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Et le mauvais qui tire la langue !
Y'a pas d'justice : c'est lui le mieux conservé.
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ANNEXE. L'ART DE SCULPTER LE KERSANTON DE L'ATELIER PRIGENT.
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Outre les porches de Pencran (1553), de Landivisiau (1554-1565), de Guipavas (1563), outre les statues isolées de divers porches ou sanctuaires, outre le gisant de Laurent Richard à Plouvien , outre les calvaires monumentaux de Plougonven (1554) et de Pleyben (1555), on conserve de l'atelier des Prigent 6 croix et 23 calvaires dont 13 sont complets. Sur ces 29 œuvres, 23 sont dans le diocèse du Léon, 6 dans celui de Cornouaille et 1 seul dans celui de Tréguier.
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Les 10 croix et calvaires complets :
Les croix et calvaires peuvent être classés en :
1°) Croix à revers figuré. Le Crucifié avec la Vierge à l'Enfant au revers .
-Le Tréhou, croix de l'ouest du bourg
-Guimiliau, croix de Laguen de 1572, signée des Prigent, avec le Crucifié avec une pietà :
-Lanhouarneau, croix de Kerlaouérat, attrib. Henri Prigent.
2°) Calvaire à un croisillon et 3 personnages. Le Christ crucifié est entouré de la Vierge et Jean sur le croisillon.
- Saint-Servais, calvaire du sud du bourg.
3°) Calvaire à un croisillon et 5 personnages (statues géminées du croisillon) ou 6 personnages (toutes les statues sont géminées, y compris celles du centre ).
-Saint Derrien, 1557 ?, C, V, J, saint Georges et pietà.
-Lanhouarneau, Croas-ar-Chor, saint Hervé au revers du Crucifié, le guide et le loup géminé avec la Vierge. Saint Houarneau sous le Crucifié
-Pleyben, chapelle Saint-Laurent, 6 personnages : Crucifié/Christ ressuscité, Vierge / Laurent, Jean/évêque. On reconnaît ici le style de Bastien Prigent.
-Bourg-Blanc, calvaire du cimetière, Crucifié/Christ aux liens, et croisillon à 3 personnages Vierge, Jean et Marie-Madeleine géminées aux trois acteurs de saint Yves entre le Riche et le Pauvre.
-Saint-Divy, croisillon vide, le Crucifié/Christ aux liens et pietà en dessous., attribué à Henri Prigent.
4°) Calvaire à deux croisillons.
-Loc-Brévalaire, église : Jean/Yves et Madeleine / Brévalaire, Christ aux liens/ pietà, selon le style délié de Bastien Prigent.
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Les 17 vestiges de croix et calvaires :
-Brignogan : calvaire de la chapelle de Pol : le Crucifié et l'ange orant, attribués à Henry Prigent Dans la chapelle elle-même, d'autres statues de Prigent, qui faisaient partie du calvaire, sont représentées dos à dos : cellesde Saint Paul Aurélien et d'un saint non identifié, ainsi que de saint Nicolas une pietà et un "Christ ressuscité" .
-Dinéault, Calvaire de l'église Sainte Marie Madeleine. les Prigent ont travaillé sur le piédestal supportant le calvaire, Bastien Prigent a sculpté Marie-Madeleine, la tête levée vers Jésus sur la croix et Jean-l'Évangéliste debout, la tête baissée et le front plissé, tandis que François d'Assise est représenté et, à l’avant du piédestal, un bas-relief représentant un moine tenant un tissu sur lequel est gravé un visage sacré. Ces œuvres datent de 1550. Les statues sur la traverse ne sont pas de l'atelier des Prigent, mais datent de 1696 et représentent géminées des statues de la Vierge jumelées à Saint Sébastien, un évêque soutenu par un pietà, Marie-Madeleine agenouillée soulève le couvercle de son pot à onguents et Jean l'évangéliste s'associe à Saint Pierre, tandis que la sculpture de Jésus crucifié renversé avec un "Christ aux liens" est attribuée à l'atelier de Roland Doré. Ce calvaire a une hauteur de 6,00 mètres. D'autres sculptures de Prigent peuvent être vues dans l'église Sainte Marie Madeleine elle-même
-Guiclan, calvaires de la Croix-Neuve et de Kersaingilly. Il y a deux calvaires dans la région de Guiclan. Parmi les sculptures impliquées dans le calvaire de la Croix-Neuve, seules la statue de Sainte Véronique et la Vierge Marie avec bébé sont de l'atelier Prigent. Le calvaire est simple et contient des statues de Sainte Véronique et de la Vierge Marie avec un enfant placé de chaque côté de la représentation du Christ crucifié. Le calvaire de Kersaingilly présente des représentations de Saint Yves, le Christ crucifié inversé avec la Vierge Marie avec son enfant et Saint Gilles. L'atelier des Prigent ne travaillait que sur la statue de Saint Yves. Bastien Prigent est attribué au travail. Saint Yves est représenté dans la robe d'un avocat. Cette statue venait de La Roche-Maurice et a été ajoutée au calvaire lors de sa restauration en 1889 par Yan Larhantec.
-Guissény calvaire du cimetière de l'église. Il est inscrit "J. Habasc gouver (neur) 1555" et les statues sont attribuées à Henry Prigent. Le calvaire était à l'origine situé à la chapelle Saint-Yves à Kervézennec, mais après le pèlerinage de 1920 ("mission"), il a été érigé à Guissény par le restaurateur Donnart. Le calvaire a une représentation de la Vierge Marie adossée à une représentation de saint Yves, du Christ crucifié inversé avec un "Christ lié" et de Jean l'évangéliste soutenu d'une représentation d'un évêque. La tête de Jean l'évangéliste a disparu et la tête de l'évêque n'est pas la tête d'origine.
-Kerlouan : Croix Saint-Sauveur : Trinité de Bastien Prigent.
-La Forest-Landerneau : cimetière haut statues géminées Jean/autre saint et Vierge/Madeleine et Pietà : présence des 3 larmes.
-La Forest-Landerneau : cimetière bas : Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix.
-Landerneau : Le calvaire de la Croix-de-la-Vierge Il y a une pietà de Henry Prigent mélangée à d'autres statues qui datent de 1681.
-Lanneufret : Calvaire de l'église Des statues géminées de l'atelier Prigent de la Vierge, associées à un "Christ liė", une pietà et à Jean l'évangéliste, associées à un moine, sont associées à une crucifixion du XXe siècle.
-Le Folgoët Calvaire de l'église Notre Dame La pietà de l'atelier Prigent sur la face ouest du calvaire est associé à une représentation du cardinal de Coëtivy par le maître du Folgoët et à une crucifixion attribuée à la Maître de Plougastel.
-Le Folgoët, musée : vestige d'un Crucifié par Bastien Prigent.
-Plonevez-Porzay : Calvaire de l'église Le Crucifié et d'un ange portant un titulus est attribuée à l'atelier de Prigent.
-Ploudaniel, calvaire de l'église : Dans la chapelle Saint-Éloi se trouvent les restes de deux calvaires. Il y a une statue géminée de Jean/un autre saint et un "Christ aux outrages".
-Ploudaniel : calvaire de la chapelle Saint-Pétronille de attribué à l'atelier de Prigent avec les statues de Saint-Pétronille et de Jean l'évangéliste de Bastien Prigent et près du corps de la croix, une Marie-Madeleine attribuée à l'atelier.
-Quimper, jardin du cloître de l'église Notre-Dame de Locmaria de Quimper, restes d'un calvaire et l'atelier Prigent est attribué à une statue géminée de la Vierge/Saint-Pierre.
-Plouider, calvaire à Brondusval : Il ne reste plus grand chose du calvaire mais les statues de saint Yves, de saint Fiacre et d'un saint non identifié sont attribuées à l'atelier de Prigent.
-Plouhinec, calvaire de la "Maison du sculpteur Quillivic" Il s’agit d’un calvaire contemporain où l’image du Christ crucifié est remplacée par la partie supérieure du cadre d’une fenêtre gothique. Le calvaire a des statues géminée de la Vierge /saint Yves et Jean
-Plouvorn, calvaire de la chapelle de Lambader : des statues de la Vierge Marie et de Marie Madeleine sont de l'atelier des Prigent qui ont également sculpté le blason d'Audren de Kerdrel et l'emblème des "Cinq-Plaies" .
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Les croix et calvaires de "Fayet" :
Pour Le Seac'h, qui suit ici Castel, on peut ajouter à cette liste les calvaires de Fayet, un compagnon des Prigent au style « si proche de celui des sculptures des Prigent qu'il est parfois difficile de le différencier », s'il n'avait signé de son nom le calvaire de Lopérec avec la date de 1552.
Il rentre dans la liste des calvaires à deux croisillons avec la Vierge/Pierre et Jean/Marie-Madeleine en bas, les deux cavaliers de la Passion sur le 2ème croisillon et le Crucifié au dessus, avec le Christ aux liens au revers et deux anges au calice sous le Crucifié. Marie-Madeleine est au pied de la croix.
E. Le Seac'h lui attribue aussi :
-Le haut du calvaire du cimetière du calvaire de Laz : le Crucifié, les anges au calice, et l'Ecce Homo au revers.
-Le Christ mutilé de Coat-Nant en Irvillac.
-Le vestige du Crucifié du jardin du Doyenné au Folgoët.
-Le vestige du Crucifié du pignon de l'école Notre-Dame du Tromeur de Landerneau
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LA STYLISTIQUE « RÉALISTE » DE L'ATELIER PRIGENT.
Henri (frère ou fils de Bastien) est le moins habile. Bastien, par sa manières plus souple, qui produit un effet expressionniste, voire maniériste, contraste avec le hiératisme , la raideur des réalisations d' Henri.
a) Le Crucifié :
Les yeux en amande à l'arcade sourcilière cassée
Les mèches de cheveux qui ne sont pas collés au cou, laissant un vide = un espace ajouré entre les mèches de cheveu et le visage.
La couronne tressée
Les yeux clos
Les grandes narines
La bouche charnue aux lèvres entrouvertes.
Une barbe étagée ou bifide
un torse étiré, aux côtes horizontales déployées en éventail ; le nombril en forme de bouton
Un pagne volant, noué sur le coté par une grande boucle
b) La Vierge
Elle porte une guimpe montant jusqu'au menton et un voile coqué.
Trois ou cinq larmes coulent sur la joue , en forme de patte d'oiseau avec une larme plus grande au milieu
Vierge de pietà : agenouillée, se tenant bien droite, le visage impassible, elle tient son Fils dans ses bras, le corps de celui-ci renversé en diagonale, en appui sur le genou de sa mère.
Marie-Madeleine agenouillée (Pleyben et Plougonven, Bastien Prigent) : tête inclinée en arrière, elle porte une robe aux plis lourds et harmonieux. Son voile a glissé sur son dos.
Par ailleurs
Visages rectangulaires ou ovales. Arcades sourcilières « aiguisées ». Les yeux sont taillés en un petit losange horizontal. Les drapés sont fluides.
« Fayet » se distinguerait par :
un style sévère avec des Crucifiés raides
l'association de la statuaire gothique et d'un décor renaissance, avec les fleurons godronnés entourés d'un galon décoratif, des consoles moulurées et des feuilles d'acanthe sur les culots.
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— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1902, Les croix et les calvaires du Finistère , Bulletin Monumental Année 1902 66 pp. 176-209, page 205.
https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1902_num_66_1_11302
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31081n/f255.item.texteImage#
"LOPÉREC. Tout près de l'église, dans l'ancien cimetière : CESTE : CRO!X : FVST : FAYTE : EN : LAN : MVc LII. Même disposition et mêmes personnages qu'à Locmélar. En plus, Ecce-Homo, .Résurrection., Saint Pierre et saint Jean. Saint François d'Assise à genoux montrant ses stigmates, la Madeleine aussi à genoux. Sur le socle, en bas-reliefs: Notre-Seigneur portant sa croix, sainte Véronique, les quatre évangélistes, apparition de Notre-Seigneur à la Madeleine sous la figure d'un jardinier portant une bêche."
— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1916, Inscriptions du Finistère, Bull. SAF
https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1916_0122_0159.html
— CPA 2939 E. Hamonic Cliché Le Douré.
https://www.delcampe.net/fr/collections/cartes-postales/france/autres-communes-29/loperec-le-calvaire-scan-recto-et-verso-608702446.html
— CASTEL (Yves-Pascal), Dictionnaire des artistes
Fayet : Sculpteur et tombier. Nom relevé sur le calvaire de Lopérec (1552) Excellent artiste à qui l'on doit, semble-t-il la diffusion du type de calvaire aux anges porteurs de calice pour recueillir le précieux sang. Oeuvres du même type à Coray (1553), Plounéou-Ménez (1554), Laz (1563), Lanneufret, Ploéven, Trégourex
— CASTEL (Yves-Pascal), 1985, "L'anonymat des sculpteurs sur pierre bretons mis en question. Signatures d'artistes sur des calvaires de Bretagne occidentale au XVIe siècle" in Océan atlantique et péninsule armoricaine : études archéologiques : actes du 107e Congrès national des sociétés savantes, Brest, 1982, Section d'archéologie et d'histoire de l'art, Paris, 350 p., p. 181-191.
Castel rapproche Fayet d'un mot -faict- retrouvé sur une dalle funéraire de la cathédrale Saint-Pol-de Léon, et qu'il lit "faiet" .
Elle avait été relevée par Théophile Peyron (*) ainsi : Cy est la chapelle de messire et noble homme Christophe Tuonelorn de Kerautret, recteur de Ploecolm, faict M. Vcc. http://infobretagne.com/cathedrale-saintpoldeleon.htm
Castel lit "A noble home me christofle tuonelorn sr de K(er) autret chanoine de leon recteur de ploecolm faiet LMVCC" et il ajoute :
"La lecture du nom d'un sculpteur était si peu attendue à cette place que Peyron corrige faiet en faict. Mais comme il a des hésitations pour ce qui est du reste de l'inscription, omettant une partie, transformant une autre eu égard à son caractère inhabituel, nous maintenons la lecture faiet."
Le tombier Faiet pourrait être un ascendant de notre Fayet de Lopérec. D'autant plus que le matériau de la dalle funéraire de Saint-Pol et celui du calvaire est le même kersanton que l'on extrait des carrières littorales au fond oriental de la rade de Brest.
Les détails stylistiques, autant que la facture de ses visages permettent de suivre la diffusion de son talent à Coray, 1553, Plounéour-Ménez, 1554, Lothey, croix de Kerabri, 1556, Laz, 1563, ainsi qu'à Landudal, Lanneuffret, Ploéven, Plozévet et Trégourez."
(*) L'inscription a été lue par Clech en 1907: "cy est la chapelle de messire et noble homme Christophe de Traonelorn de Kerautret, recteur de Ploecolm, faict M V."
— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère.
http://croix.du-finistere.org/commune/loperec.html
n° 1245. Lopérec, église, kersanton 6 m. 1552, par Fayet. Soubassement architecturé, table d’offrande. Socle cubique orné de bas-reliefs: Jésus et Véronique, Madeleine au jardin de la Résurrection, Marc et Matthieu, Luc et Jean. Statue de Marie-Madeleine: CESTE CROIX FUST FAYTE EN L’AN MVCLII. Fût à pans. Premier croisillon, large console où une longue inscription a été martelée, réservant le nom de Fayet sur la droite, statues géminées: Vierge-Pierre, Jean (?)Madeleine, au centre, Vierge de Pitié. Revers: Christ ressuscité. Second croisillon, cavaliers. Croix, fleurons-boules godronnés, crucifix, anges aux calices. Christ lié au revers. Nous pensons trouver dans le nom de Fayet celui d’un sculpteur de là première moitié du XVIè s. [YPC 1980]
—COUFFON
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/LOPEREC.pdf
"EGLISE SAINT-PEREC. L'édifice actuel, en forme de croix latine, a été bénit le 2 décembre 1894 ; il est dû aux plans de l'architecte Gassis, mais, de l'ancien édifice l'on a conservé le clocher, la chapelle des fonts, le porche et la sacristie sud. Il comprend une nef de trois travées avec bas-côtés, deux ailes formant faux transept et un choeur profond à chevet polygonal. Les bas-côtés sont doubles au droit de la troisième travée. Le vaisseau, du type à nef obscure, est lambrissé en berceau, sans entraits ni sablières. Les grandes arcades en tiers-point reposent sur les chapiteaux des piliers octogonaux. Des arcs diaphragmes séparent le transept des bas-côtés. La porte à la base du clocher, en plein cintre et encadrée de deux colonnes corinthiennes, porte sur sa clé la date de 1666, et la tour, sur sa face est, l'inscription : "C. QVEINNEC. F. 1669." Celle-ci fut reconstruite en 1764, mais une partie de la flèche ne fut pas achevée alors mais terminée seulement en 1860 par Le Naour. A l'intérieur de la première galerie, l'inscription : "RESTAURE EN 1860" rappelle ces travaux. A la naissance de la flèche, seconde balustrade, clochetons d'angle et gables ajourés. Au chevet, inscription : "I. KDRAON. P. MIOSSEC. 1700."
La porte du porche donnant accès à l'église date de 1586, lisible dans une inscription sur le chapiteau, avec, au sommet de l'accolade, l'écu des Penguern, rappelant la fondation de l'ancien édifice par Yves de Penguern et Marie de Kermorial, sa femme. La porte extérieure est en anse de panier, comme à Pencran et à Rumengol. A l'intérieur du porche, niches Renaissance abritant les statues des Apôtres en kersanton (C.) ; celle de saint Jude porte l'inscription : "LAN. 1615. CES. IMAGES. FVT. FAIT. /Y. CEVAER. FA..." Les niches sont séparées par des bandes méplates ornées de roses. Lambris avec sablières à mascarons et blochets ; l'une des sablières porte la date de 1586. Anomalie iconographique : saint Thomas porte un bâton de foulon et saint .Matthieu l'équerre. Mobilier : Transept sud, retable du Rosaire, fin XVIIe siècle ou début XVIIIe siècle (C.). Il avait été réalisé et offert gratuitement à la confrérie, ainsi que l'indique la mention suivante dans un acte "Yvo Cevaer fecit et dedit gratis pro Deo in honorem Beatae Mariae Virginis de Rosario." La confrérie avait été fondée le 19 septembre 1693. Sur l'entablement cintré, le Père Eternel entre deux anges posés sur les ailerons du fronton. Entre les deux colonnes torses, groupe du Rosaire (Vierge Marie en ronde bosse, saint Dominique et sainte Catherine en hautrelief), avec, tout autour, les médaillons des quinze Mystères. Sur les piédestaux des colonnes, saint Joseph et saint Joachim en bas-relief ; et, dans le soubassement, la Foi et l'Espérance en bas-relief polychrome. Transept nord, à l'autel Sainte-Anne, retable à deux colonnes torses et pilastres cannelés, fin du XVIIe siècle. Dans une niche posée sur l'entablement, le Père Eternel. Chaire de 1755, en chêne rehaussé de dorures aux angles : bas-reliefs des Docteurs d'Occident dans les panneaux de la cuve et du Baptiste sur le dossier, abat-voix hexagonal avec l'ange à la trompette. Fonts baptismaux : porte ajourée de bois peint sous un entablement classique porte par deux colonnes lisses. A l'intérieur, boiseries, confessionnal intégré, panneau central portant un Baptême du Christ non peint en bas-relief, XVIIIe et XIXe siècles. Deux confessionnaux à demi-dôme écaillé, de style fin XVIIIe siècle. - Stalles en place dans le choeur, sans agenouilloirs. - Le catafalque ancien a été détruit vers 1975. Statues anciennes - en bois polychrome :saint Michel terrassant le démon XVIIe (C), Christ en croix, groupe du Rosaire, autre Vierge à l'Enfant dite Notre Dame de Merci, XVIIe siècle, saint Jean-Baptiste, XVIIe siècle, saint Pierre et saint Joachim dans deux présentoirs à colonnettes torses et fronton à pots à feu (choeur) fin XVIIe siècle ; - en kersanton : les Apôtres du porche (C.), Notre Dame de Pitié, la Madeleine et une sainte Femme tenant des linges (porche), saint Pérec dans une niche au-dessus du portail ouest. Vitraux : Ensemble de Felep de Landerneau, 1840 : six saints dans les trois fenêtres du chevet ; - fenêtre à grisaille et fenêtre à saints, côté nord ; - Le Christ Juge entre la Vierge Marie et saint Joseph ("Souvenir de la Mission de 1922" - signé "Ch. Lorin Chartres 1922") et le Sacré-Coeur, côté sud ; - Le Bon Pasteur et l'Ange gardien, côté ouest. Orfèvrerie : Calice et patène en argent doré, poinçon G.D.P. de l'orfèvre Guillaume du Perron et l'inscription : "... PEREC... 1679." - Six chandeliers de cuivre argenté. Cloche portant l'inscription : "JACQVES DE PENGVERN... FAICT LAN 1681." A la sacristie : Bois : statues de saint Joseph (80 cm.), Vierge ( 40 cm.). Au presbytère, salle de catéchisme, grande statue de bois *
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"Sur la place, calvaire à double croisillon, en kersanton (C.) : Christ en croix entre deux cavaliers posés sur le croisillon supérieur, Ecce Homo au revers ; - sur le second croisillon, statues géminées encadrant une Pietà à l'ouest et Jésus ressuscité au revers, inscription martelée dont il reste un nom : "FAYET." Au bas du fût de la croix, inscription en caractère gothiques : "CESTE CROIX/ FUST FAYTE EN / LAN. M. VcLII." Sur les faces du socle carré, comme à Saint-Servais, bas-reliefs : à l'ouest, Véronique et Jésus tombé à terre ; - au sud, Jésus ressuscité apparaissant à Madeleine ; - à l'est, les Evangélistes Marc et Matthieu ; - au nord, Luc et Jean. Contre le fût, Madeleine à genoux, kersanton. Ce calvaire a été abattu par la tempête du 16 octobre 1987.
Fontaine de la Madeleine entre Lintarec et Penhoat-Saliou."
— DOUAR (Christel) TOSCER (Catherine), 1995,Calvaire de Lopérec, Dossier IA29002206 réalisé en 1995 Inventaire général
in 14e siècle : mention de la paroisse.
1552 : Date portée sur le calvaire. La famille de Penguern (voir dossier PENGUERN, manoir) finance partiellement la construction de l'église. Mise en place probable de l'ossuaire (vestiges en forme de cariatides entreposés dans l'église).
1586 Construction du porche sud qui porte la date (sablière est) ainsi que les armoiries de Penguern (Yves de Penguern avait épousé Marie de Kermorial).
1615 Date portée sur une des 12 statues d'apôtres du porche exécutées par Yves Cevaër.
Entre 1666 et 1699 Grande campagne de reconstruction initiée par Jacques de Penguern.
Un procès-verbal de 1666 fait état du clocher qui " est si caduq et indigent de réparation qu'ils [les paroissiens] sont sont obligés de le dessandre [sic] pour le réediffier de neuf " . Le pignon ouest et la nef portent, à l'extérieur et à l'intérieur, des litres peintes aux armes des Penguern et des familles alliées.
Reconstruction du massif occidental ; la porte ouest porte la date de 1666 et la partie inférieure de la tour l'inscription : C : QVEINNEC. F : 1669.
En 1699-1700, prolongement de la nef, agrandissement du choeur, mise en place d'un chevet à pans coupés de type Beaumanoir et reconstruction de la sacristie sud. Destruction des anciennes baies du choeur portant les armoiries des Penguern et réaménagement de la partie est du transept. Construction probable de la chapelle des fonts. Cloche datée 1681 donnée par Jacques de Penguern.
Fin 17e siècle Après l'achèvement des travaux de gros oeuvre, mise en place des grands retables nord et sud.
1760-1766 Importante campagne de travaux pour laquelle on utilise le granite extrait de la perrière de Locronan . Doublement probable du bras sud, élargissement du pignon ouest laissant en légère saillie la partie initiale du 17e siècle, reconstruction de la chambre des cloches et de la partie inférieure de la flèche (elle ne sera achevée qu'en 1860).
— DOUAR (Christel) TOSCER (Catherine), 1995,Calvaire de Lopérec, Dossier IA29002206 réalisé en 1995 Inventaire général
http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/calvaire-place-de-l-eglise-loperec/151aa8b8-91ad-4023-b253-c27dec9561be
kersantite h : 600.0
Le calvaire porte la date de 1552 ; il a conservé son emplacement d'origine au sud de l'église après le transfert du cimetière en 1883. Brisé par un ouragan en 1987, il fut entièrement remonté en 1989.
Ce calvaire remarquable et unique dans le canton du Faou est probablement une création des sculpteurs et frères Bastien et Henry Prigent ; il se compare à une de leurs œuvres majeures, le calvaire de Plougonven (Finistère) avec lequel il partage structure, style et matériau.
Calvaire à deux croisillons superposés et figurés. Base à compartiments enfermant des demi reliefs. Les vestiges de deux larrons, à l'origine fixés sur des fûts isolés encadrant le calvaire, sont entreposés dans l'église. Revers sculpté, calvaire à double face. Le programme iconographique qui se déroule sur les croisillons superposés et le socle est à la fois traditionnel, disert et exécuté avec une indéniable force évocatrice. Au Christ crucifié entouré de cavaliers et d´anges qui recueillent le précieux sang, à la Vierge de Pitié encadrée de saint Jean et de la Vierge correspondent, sur l´autre face, une Vierge à l´Enfant, un Christ souffrant et la Résurrection accompagnée de saint Pierre et de Marie-Madeleine. Sur les quatre faces du socle dominé par Marie-Madeleine pénitente, figurent, en bas reliefs, des scènes de la Passion, les quatre évangélistes, la sainte Face, saint Eloi (?) et Marie-Madeleine présentant le vase de parfum.
— FRÉAL (Jacques), 1981 Calvaires et enclos paroissiaux de Bretagne Page 219
"Le premier croisillon soutient les statues géminées de la Vierge et de saint Pierre, de saint Jean et de Madeleine. ... Une inscription martelée, courant sur la face ouest du premier croisillon laisse apparaître le nom de Fayet, dans lequel certains voient l'auteur de ce monument."
— PERENNES (Henri) 1928 page 256
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/89d804ca12a441ca5235986c109d9238.pdf
https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1929.pdf
Tout près de l'église, dans l'ancien cimetière, un calvaire se dresse qui, par sa disposition et ses personnages, rappelle celui de Locmélar. En haut, Notre Seigneur en croix, avec quatre anges qui recueillent dans des calices le précieux sang. Dans Ies côtés, deux cavaliers, dont l'un, saint Longin, armé de la lance, perce le flanc de Jésus. Plus bas, Notre Dame de Pitié, la Sainte Vierge et saint Jean. Derrière, Ecce Homo, Résurrection, saint Pierre et saint Jean, saint François d'Assise à genoux, montrant ses stigmates, la Madeleine également à genoux, telle qu'on la voit reproduite à Saint-Ségal, à Saint- Sébastièn de la même paroisse, à Sainte-Marie-du Ménez-Hom et à Pencran An pied de la Croix, on lit : CESTE : CROIX : FUST ; FAYTE : EN : LAN : MV" LVII. Sur Ies quatre faces du piédestal qui rappelle la disposition de la croix de Saint-Servais, des bas-reliefs représentent : N. S. portant sa Croix, sainte Véronique avec l'image de Ia Sainte-Face, Ies quatre Evangélistes, le Sauveur apparaissant à Madeleine sous la forme d'un jardinier portant une bêche.
— ROYER (Eugène), 1991 -Calvaires bretons.
— WIKIPEDIA
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lop%C3%A9rec
Cliché Henri Moreau du calvaire sur WIKIPEDIA:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/75/Lop%C3%A9rec_12_Calvaire_partie_sommitale.jpg
— WIKIPEDIA en.