Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 août 2024 1 05 /08 /août /2024 14:22

Le calvaire "aux trois larmes" (kersanton, XIVe siècle, Prigent ?) de la chapelle Saint-Herbot à Saint-Thonan et ses armoiries.

 

 

Ce calvaire de la chapelle Saint-Herbot est-il dû à l'atelier des Prigent ? Pour en juger, je propose de découvrir  d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:

 

et hors blog: 

 

 

Attribution personnelle hors catalogue Le Seac'h :

 

 

 

 

 

 

 

 

PRÉSENTATION. Site de la commune.

"La chapelle de Saint-Herbot est située au sud de la commune, en bordure de la VC1 menant vers Landerneau. Auparavant rattachée au domaine du Botiguéry, la commune de Saint-Thonan est devenue propriétaire de l'édifice en 1958 par acte de donation des époux Villiers, propriétaires du domaine.

Edifiée au XVIème siècle, la chapelle au plan rectangulaire est surmontée d'un clocheton carré couvert d'une flèche. Les rampants sont hérissés de crochets Renaissance et se terminent par des gargouilles en forme d'animaux symboliques. La porte gothique est surmontée d'une statue de saint Herbot, saint patron des bêtes à cornes.

La chapelle abritait plusieurs statues en bois polychrome datant également du XVIème siècle. Elles ont été restaurées. Quatre statues ont été replacées dans la chapelle et deux autres sont conservées en l'église Saint-Nicolas, située au bourg.

En 1987, la couverture de la chapelle, la porte et les vitraux ont été restaurés et l'extérieur a été aménagé.

Courant 1995, l'intérieur de la chapelle a été rénové par les bénévoles du comité de Saint-Herbot qui a financé une partie des travaux. La charpente présente la forme originale d'une coque de bateau renversée.

A quelques mètres de la chapelle, un calvaire représente la Vierge et Saint-Pierre, Saint-Jean et Madeleine, ainsi qu'un ange agenouillé.

Depuis 1979, le comité de Saint-Herbot organise chaque année les courses cyclistes sur le circuit du Botiguéry avec une arrivée devant la chapelle. Cette année 2022, les courses auront lieu le dimanche 12 juin.

A Saint-Herbot, il est également de tradition ancienne de sonner les cloches de la chapelle en l'honneur des mariés issus du secteur. Encore aujourd'hui, les voisins continuent de se réunir le jour des noces autour des mariés et leur famille à la chapelle pour célébrer l'événement au son des cloches de Saint-Herbot."

Le manoir de Botiguéry

"Unique maison seigneuriale de la commune, le manoir de Botiguéry est composé de plusieurs corps de bâtiments, dont la partie centrale, remaniée, est la plus ancienne.

La tour carrée comporte des fenêtres à larmier et une porte qui pourrait provenir de l'ancien manoir. Flanquée de pilastres ioniques, elle est surmontée d'un fronton orné d'un macaron en bosse. L'aile ouest date de la fin du XIXème siècle. Au début du XXème siècle, l'ensemble domanial est encore agrandi.

Situé en contrebas, l'ancien moulin est partiellement conservé."

 

La description d'Yves-Pascal Castel en 1980.

2863. Saint-Herbot, chapelle, granite, kersanton, hauteur=5 m. XVIè s. Tertre. Socle cubique. Fût rond, écots. Croisillon, culots, écu au cerf, autre mi-parti, au revers, statues géminées: Vierge-Pierre, Jean-Madeleine, ange à genoux. Croix détruite, il reste un Christ lié. [YPC 1980]

 

Description.

L'exploration de la carte IGN Geoportail  montre la proximité de cette chapelle Saint-Herbot avec le château de Botiséguy, et montre aussi le paysage valloné par les rivières, (avec leurs moulins) qui se jettent dans l'Elorn en aval de Landerneau.

C'est à Landerneau qu'était établi un prolifique atelier de sculpture de kersanton, une pierre extraite dans la rade de Brest et conduite par bateau à Landerneau : l'atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577). J'ai décrit dans ce blog les nombreux calvaires qui leur sont attribués, et dont l'une des particularités, non constante et non propre exclusivement à cet atelier, tient dans le trois larmes sous les yeux des personnages réunis au pied de la croix, Marie, Jean et Marie-Madeleine, assistant à la Crucifixion de Jésus. Tout près de cette chapelle, on peut envoir à Saint-Divy et à La Forest-Fouenant de magnifiques exemples.

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

Le calvaire est placé devant la chapelle, à son sud, et ses deux faces sont orientées ouest-est. La face principale, orientée vers l'ouest, a perdu son Christ en croix, mais le croisillon porte encore la Vierge au calvaire, éplorée, à notre gauche, et Jean, également en larmes, à notre droite. L'écu au cerf entre les bras du croisillon renvoie à la famille Le Jeune [LE YAOUANCQ], seigneur de Botiguéry aux XVe et XVIe siècle.

L'autre face montre sur le croisillon Marie-Madeleine, tenant son pot d'aromates et portant les mêmes larmes groupées par trois que Jean (avec lequel elle est géminée) et la Vierge. Saint Pierre, portant sa clef à anneau losangique, est géminée avec Marie. Au centre, le Christ en Croix s'adossait vraisemblablement au crucifix perdu.

On trouve également sur cette face, au diamant du croisillon, un écu mi-parti, dont les armes de l'époux, en 1, sont celles de la famille Parscau. On sait que Vincent de Parscau (né à Saint-Thonan vers 1527 et décédé en 1591) épousa vers 1555 Jeanne Le Jeune dame de Botiguery, fille d'Hervé Le Jeune (ca 1530) et de Catherine du Com. Ils eurent un fils Olivier de Parscau qui épousa en 1581 Anne de Kersulguen, dont Jeanne du Parscau. Le blason mi-parti ne correspond néanmoins pas à l'alliance Parscau/Kersulguen (ni à l'alliance en 1559de Vincent de Parscau avec Françoise de Penfentenyo), les armes en 2 associant une croix pattée centrale et trois coquilles Saint-Jacques (Kerven ?).

 

https://gw.geneanet.org/akermadec?n=le+jeune+de+botiguery&oc=&p=herve

https://gw.geneanet.org/jcbo?lang=fr&p=jeanne&n=le+jeune&oc=1

https://abers-patrimoine.bzh/kpoi/site-archeologique-dilliz-coz/

C'est ce couple Vincent de Parscau/Jeanne Le Jeune qui fit construire l'église Saint-Nicolas de Saint-Thonan en 1586 : la pierre d'angle portant leurs armes mi-parti a été retrouvée dans le presbytère en 1966.

 

 

 

 

I. LA FACE PRINCIPALE.

Sur le fût de granite à écots (reliant la croix à la symbolique de l'arbre) est scellé le croisillon de kersanton qui porte sur les côtés les statues de la Vierge au calvaire et de Jean au calvaire ; au centre, sans écu, le bas-relief du cerf passant des Le Jeune de Botiguéry. Au centre, le crucifix perdu, avec sa croix, est remplacé par un socle cubique sculpté d'un ange orant (l'autre face de ce socle n'est que dégrossi, témoignant d'un réaménagement ou d'un réemploi). Posé sur ce socle, le Christ aux liens est ici vu de dos.

 

 

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

 

1°) La Vierge aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.

Cette Vierge au visage encadré d'un voile épais, "en coque" et vêtu d'un manteau dont le pan droit revient se fixer à la ceinture sous le coude gauche a eu la tête brisée et rescellée, mais elle a perdu une partie du nez de la bouche et du menton.

Les yeux sont globuleux et semblent fermés, et les trois larmes sous chaque paupière ont bien les caractéristiques de ce milieu du XVIe siècle, avec un filet se terminant par une goutte épaisse. Ces larmes se retrouvent sur des panneaux peints, sur des retables (nord de la France et Pays-Bas), mais aussi, sur une bonne part des Passions des maîtresses-vitres du Finistère, et sur les Vierges de Pitié et Déplorations Bretonnes, réservés aux trois mêmes personnages, Marie, Jean et Marie-Madeleine. Elles témoignent de l'importance du culte du sang versé par les Christ et des larmes versées en retour par gratitude et compassion, justifiant la floraison de ces calvaires, de ces Vierges de Pitié et de ces Passions dans les diocèses de Basse-Bretagne.

https://www.lavieb-aile.com/2020/11/devotion-franciscaine-aux-plaies-du-christ-a-la-cour-ducale-de-bretagne-au-xve-siecle-l-exemple-d-isabelle-stuart.html

.

On peut noter ici la coiffe fine en dentelle sous le chaperon épais ; les deux mains jointes ; ou les solides chaussures de cuir.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

 

2°) Saint Jean aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.

Jean, imberbe, cheveux bouclés, tête grave (avec une petite bouche fortement concave et une lèvre inférieure faisant lippe), porte une robe boutonnée sous un manteau fermé par une patte, la main sur la poitrine tandis qu'il retient le pan du manteau de la main gauche, est pieds nus comme tout pôtre.

Ses trois larmes sous chaque paupière sont parfaitement visibles.

.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

.

.

L'ange orant. Kersanton, XVIe siècle.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

.

.

Le cerf sculpté en bas-relief sur le diamant du croisillon : les armes des Le Jeune.

 

Depuis le XVe siècle, la famille Le Jeune ou Jaouancq détient le fief de Botiguéry avec Rivoallon, puis Yvon, ect.

Lors de la Réformation de l'évêché de Léon en 1443, une seule famille noble est mentionnée à Saint-Thonan :

an Iaouancq (an) ou Le Jeune, seigneur de Botiguéry, paroisse de Saint-Thonan. Leurs armes sont  de sable au cerf passant d’argent.

https://man8rove.com/fr/blason/q2evs1x-le-jeune-alias-le-jaouancq#google_vignette

On le retrouve , dans un écu, sur un culot de la statue de saint Herbot au dessus de la porte de la chapelle.

 

Statue en kersanton de saint Herbot, chapelle Saint-Herbot. Photo lavieb-aile 2024.

 

 

Armoiries des Le Jeune, chapelle Saint-Herbot. Photo lavieb-aile 2024.

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024.

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.

 

 

II. LA FACE SECONDAIRE : SAINTE MARIE-MADELEINE ET SAINT PIERRE. CHRIST AUX LIENS.

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

 

 

1°) Sainte Marie-Madeleine aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.

La sainte a une place majeure dans l'expression du chagrin devant la mort du Christ, et dans le versement de larmes ; elle vient immédiatement après la Vierge et Jean dans toutes des Déplorations, tandis que les peintres et sculpteurs la représentent agenouillée au pied de la Croix, se tordant les mains de douleur en voyant le sang couler des pieds du Rédempteur. Dans les Évangiles, elle tient la première place dans les soins apportés au Tombeau et dans les Apparitions du Christ réssuscité. Dans maintes œuvres, on la voit tenir le flacon d'aromates nécessaires à l'embaumement, voire même pratiquant des gestes de tendresse et de soins au cadavre du Christ.

Ici, elle tient le récipient (type albarello avec un couvercle à bouton) devant sa poitrine, les yeux ouverts mais au regard lointaint et triste.

Le visage est caractérisé par des yeux très globuleux, sans pli palpébral , un nez étroit, une toute petite bouche sous le philtrum, et un menton fin, en avant et pointu.  Les trois larmes sont bien là, parfaitement visibles.

Sa robe à col rond est ajustée sur sa poitrine, son manteau  forme un pan qui revient sous la manche gauche où il est fixé, mais on remarquera surtout ses cheveux très longs descendant sur le côté, et mieux encore la manère par laquelle les nattes sont entourées d'un voile : celui-ci, dont je fais remarquer régulièrement l'existence dans la statuaire de Basse-Bretagne au XVIe siècle, tant il est singulier, ne couvre pas la tête, mais seulement l'occiput avant de passer derrière la nuque. Voir mes développements ici.

 

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

 

 

2°) Saint Pierre tenant sa clef. Kersanton, XVIe siècle.

Il s'agit à l'évidence d'une statue du même atelier, qui a produit des quantités de statues de saint Pierre soit pour les calvaires (*), soit pour les séries d'apôtres des porches.

(*) Dinéault, Quimper-Locmaria

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

 

 

Le Christ aux liens. Kersanton, XVIe siècle.

 

Là encore le Christ aux liens est très fréquent sur les calvaires bas-bretons du XVIe siècle : par exemple  à Bourg-Blanc, au Folgoët, Guisssény, Landerneau, Loc-Brévalaire, Saint-Divy.

On retrouve sur ce visage le traitement de la barbe peignée et de la moustache adoptée pour le saint Pierre.

Le Christ porte la couronne d'épines et le manteau de dérision sur un pagne court ; ses poignets sont liés, et il tenait, avant qu'il ne se brise, un roseau.

.

 

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

 

 

Les armoiries mi-parti De Parscau /de Kerven.

Le milieu du croisillon porte un écu mi-parti qui a échappé aux marteaux des révolutionnaires. En 1, on reconnait les armes de la famille Le Pascau, de sable à trois quintefeuilles d’argent, ce qui renvoie à priori à Vincent de Parscau, écuyer, seigneur de Menan à Plouguerneau, né à Saint-Thonan,  décédé en  1591 et qui devint seigneur de Botiguéry par son mariage avec Jeanne Le Jeune, héritière de Botiguéry fille de Hervé Le Jeune et de  Catherine du Com.

Note : Olivier Parscau représente encore sa paroisse de Plouguerneau (comme seigneur de Menan) à la Montre de 1557, mais la famille quitta Menan envahi par les sables et s'établit ensuite à Botiguéry.

https://man8rove.com/fr/blason/q2evs1x-le-jeune-alias-le-jaouancq#google_vignette

Mais en 2, ce ne sont pas les armes de la famille Le Jeune. On remarque au centre une croix potencée, et deux coquilles, ce qui correspond aux armes de Kerven ou Kerguend’argent à la croix potencée ou alisée, au pied fourché, d’argent, accompagnée de 3 coquilles de même, 2 en flancs et 1 en pointe  (Vicomte Frotier de la Messelière ). Cette alliance est cohérente avec le fait que les deux familles Le Jeune et Kerven sont citées parmi les familles nobles de Ploudaniel, mais n'est pas cohérente avec les données généalogiques.

Je pose l'hypothèse suivante : le calvaire avec ses deux statues géminées et son Christ aux liens du XVIe siècle (et pour moi attribuées à Prigent avant 1577) aurait été remonté sur un croisillon ultérieur; ce qui expliquerait la fraicheur ou bonne conservation des armes des deux faces. 

Le seul indice pour une alliance Pascau/Kerven est un échange sur le forum du Centre généalogique du Finistère évoquant une "Marie, dame de Kerven" qui pourrait correspondre si je comprends bien à Marie Liminic, dame de Plessis, épouse de Bernard de Pascau, sr de Botiguery (fils de Claude et petit-fils de Vincent), ou bien à leur fille.

Mais ceci est très aventureux : je conserve néanmoins mon hypothèse : ces armoiries ne dateraient pas du XVIe siècle, et pourraient même être assez récentes.

 

 

  •  
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet  2024

Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024

 

 

SOURCES ET LIENS.

 

—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Saint-Thonan n° 2663 "saint-Herbot n°1" Atlas des croix et calvaires du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/saint_thonan.html

—COUFFON (René); 1988, , "Notice sur Bourg-Blanc", Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/SAINTHON.pdf

"CHAPELLE SAINT-HERBOT A Bodiguéry. Edifice de plan rectangulaire à clocheton très évidé amorti par une petite flèche carrée. Il remonte au XVIè siècle mais a été très remanié. Mobilier Statues - en bois polychrome : sainte Trinité qui a perdu son Christ, saint Jean, saint Herbot, saint non identifié ; - en kersanton, autre saint Herbot, au-dessus de la porte gothique.

 Sur le placitre, croix de granit : statues géminées sur le croisillon, Crucifix manquant, Christ aux liens."

—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne. Les ateliers  du XVe au XVIIe siècle, PUR éditions.

— autres

http://www.infobretagne.com/saint-thonan.htm

https://www.saint-thonan.fr/tourisme/patrimoine.html

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Calvaires Prigent Kersanton Larmes Héraldique
29 juillet 2024 1 29 /07 /juillet /2024 21:30

Le calvaire (XVIe siècle, atelier Prigent?, & 1927) de la chapelle Saint-Urfold à Bourg-Blanc. La Vierge de Pitié aux sept larmes. Saint Yves .

 

— Voir  d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:

 

et hors blog: 

 

 

Attribution personnelle hors catalogue Le Seac'h :

.

 

 

L'abbé Yves-Pascal Castel a décrit ce calvaire en 1980 dans son Atlas.

" Saint-Urfold no 1, kersanton. 5 m. XVIè s., restaurée 1927. Erigée sur le mur d’enclos. Cinq degrés, de plan semi-octogonal. Socle cubique, groupe N.-D. de Pitié. Fût à pans. Croisillon récent, statues géminées: Madeleine géminé avec abbesse au livre (l’abbesse est, en fait, un saint Yves à tête en ciment!), saint Urfold (?) géminé avec saint Jean au livre , crucifix, croix à branches rondes. [YPC 1980]"

 

Schéma par Yves-Pascal Castel 1980

 

Il n'y aurait pas grand chose à ajouter, si ce n'est de faire remarquer que la Vierge de Pitié présente les larmes habituelles aux productions de l'atelier de Bastien et Henry Prigent à Landerneau (1527-1577), mais ici au nombre de sept (comme son homologue du Musée départemental Breton) et que saint Yves, malgré sa tête refaite en ciment, présente les deux caractéristiques si passionnantes, le livre de ceinture, et le geste d'argumentation, la pulpe de l'index droit contre la pulpe du pouce gauche, propre à ses fonctions d'Official de Tréguier et d'avocat des pauvres.

Par ailleurs, ce calvaire a été fortement remanié, puisqu'on constate l'absence de la statue de la Vierge  à droite au pied de la croix. On voit aussi que saint Jean (géminé avec le très probable saint Urfold)  est orienté à l'envers, puisqu'il devrait normalement être (et qu'il était certainement initialement) à gauche du Christ en croix. On peut ajouter que l'ensemble du calvaire a perdu sa probable orientation initiale, celle où le Christ en croix, entouré de sa mère et de Jean, est tourné vers l'ouest, alors qu'il fait face au sud aujourd'hui. Il est probable qu'au départ, la statue géminée de saint Yves/ Sainte Marie-Madeleine appartenait à un autre ensemble. Le croisillon qui porte la date de 1927 est entièrement du XXe siècle.

  Enfin, on peut envisager, certes avec la prudence qui s'impose, l'attribution de cette Vierge de Pitié, et des statues géminées en kersanton, à l'atelier Prigent, hors du catalogue de cet atelier établi par Emmanuelle Le Seac'h.

.

I. LA FACE PRINCIPALE DU CALVAIRE.

.

 

Le calvaire de la chapelle Saint-Urfold à Bourg-Blanc.

.

.

1°) LA VIERGE DE PITIÉ.

.

La Vierge est assise et porte le corps de son fils sur ses genoux, le genou droit dressé soutenant le buste et le genou gauche, fléchi, le bassin. Elle est vêtu d'un voile qui forme une coque aux plis fermes à angles droits autour du visage, et qui se poursuit par le manteau aux plis verticaux formant des volutes au dessus du pied droit. La Vierge porte la guimpe, couvrant sa poitrine. Son visage est remarquable par ses deux sourcils épais très froncés, par sa bouche triste, et par les trois larmes s'écoulant sous la paupière inférieure droite et les quatre larmes de la paupière gauche, en forme de filets s'achevant par une goutte épaisse. Il faut y voir un rappel de la liturgie des sept douleurs telles que nous les relatent les textes évangéliques  : - La prophétie de Syméon sur l'Enfant Jésus (Lc 2, 34-35). - La fuite de la sainte Famille en Egypte (Mt 2, 13-21). - La disparition de Jésus pendant trois jours au Temple (Lc 2, 41-51). - La rencontre de Marie et Jésus sur la Via Crucis 2 (Lc 23, 27-31). - Marie debout au pied de la Croix (Jn 19, 25_27). - Marie recevant dans ses bras son Fils mort (Mt 27, 57-59). - La mise au tombeau de Jésus (Jn 19, 40-42). Cette dévotion apparue en 1221 est reprise au XVe siècle par les divers ordres religieux.

Le Christ, très cambré et à la tête refaite (ciment-pierre), a, comme c'est ici l'usage, le bras droit qui tombe verticalement et le bras gauche horizontal  qui est caressé par sa mère. Les plaies des clous sont rectangulaires. Les  genoux sont fléchis, les jambes non croisées, les pieds ont été brisés puis refaits. La tête devait, initialement être soutenue par la main de sa mère.


 

 Voir sur les Pietà ou Vierges de Pitié du Finistère :

et hors blog: 

Comparez avec la Vierge de Pitié du cimetière de Bourg-Blanc,  Atlas n° 84, différente et sans larmes :


 

Vierge de Pitié, cimetière de Bourg-Blanc. Photo lavieb-aile.

Comparez surtout avec la Vierge de Pitié "aux sept larmes" du Musée départemental Breton :  malgré des différences évidentes, les points communs sont nombreux, notamment la forme et le nombre des larmes.

Vierge de pitié, XVIe siècle, kersantite, Musée départemental Breton de Quimper. Photo lavieb-aile.

 

 

 

Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Tête du Christ refaite en ciment, Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Tête du Christ refaite en ciment, Vierge de pitié (XVIe s. kersantite) du calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

.

 

 

 

2°) Sur le croisillon, à droite du Christ : Marie-Madeleine tenant son flacon d'onguent.

.

 

Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Marie-Madeleine (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Marie-Madeleine (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

 

3°) Sur le croisillon, à gauche du Christ : un saint barbu muni d'une canne et tenant un livre : saint Urfold.

.

Saint Urfold. Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Urfold. Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Le Christ en croix (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Le Christ en croix (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

 

II. L'AUTRE FACE DU CALVAIRE / SAINT JEAN AU PIED DE LA CROIX et SAINT YVES.

Face nord. Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Face nord. Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

 

 

1°) Saint Jean au pied de la croix.

Nous l'avons vu, il n'occupe pas sa place initiale, à gauche du Crucifix. On l'identifie par son visage imberbe, ses cheveux mi-longs, son geste ému main sur la poitrine, son évangile en main gauche, sa robe aux poignets boutonnés sous le manteau, et serrée par une ceinture plate.

.

 

Saint Jean  (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Jean (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

 

 

2°) Saint Yves, son geste d'argumentation et son livre de ceinture. Tête refaite en ciment-pierre.

Je ne reviens pas sur la description de ces deux attributs de saint Yves, official et Tréguier et avocat des pauvres que j'ai longuement ou décrit aussi souvent que j'en ai rencontré des exemples : voir :

 

.

 

 

Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Yves   (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

Saint Yves (XVIe siècle, kersanton). Calvaire de la chapelle de Saint-Urfold. Photo lavieb-aile 2024.

 

 

SOURCES ET LIENS.

 

—ABGRALL ( Jean-Marie), 1903, “Notices sur les paroisses : Bourg-Blanc“ in Bulletin de la Commission diocésaine d'Architecture et d'Archéologie, Vol. 3,  p.357- 364

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/23f0175e72d2c8991d01eca6c9559db0.pdf

—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Bourg-Blanc n° 97 "Bourg-Blanc" Atlas des croix et calvaires du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/bourg_blanc.html

—COUFFON (René); 1988, , "Notice sur Bourg-Blanc", Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/BOURGBLA.pdf

—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne. Les ateliers  du XVe au XVIIe siècle, PUR éditions.

— Autre

https://abers-patrimoine.bzh/kpoi/chapelle-saint-urfold/

 

Partager cet article
Repost0
4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 13:05

La chaire à prêcher extérieure/ calvaire (granite, XVIe siècle) de Notre-Dame-de-Kérinec à Poullan-sur-Mer (29).

.

Voir :

La chaire-calvaire (granite, XVe siècle vers 1420-1440)  de l'église de Runan. Les gargouilles de la façade nord. Diverses sculptures.

.

PRÉSENTATION.

.

La Bretagne conserve quelques chaires à prêcher extérieures non accolées à l'édifice religieux :  ce sont celles de Runan, de Pleubian , de Saint-Gonery à Plougrescant dans les Côtes-d'Armor, celle de Plougasnou, dans le Finistère nord, et celles de Kerinec à Poullan, de Notre-Dame des Trois-Fontaines à Gouezec, de la chapelle de Plas-ar-Horn de Locronan , de Tréminou en Plomeur, ou de Notre-Dame d'Izel-Vor à La Forest-Fouesnant, en Finistère sud. Ce sont des chaires-calvaires, des calvaires entourés d'un muret d'appui pour le prédicateur. Elles ont été bâties pour répondre à l'afflux de foules de fidèles lors de pèlerinages ou de pardons.

La construction de la chapelle Notre-Dame de Kérinec, perdue dans la campagne, débute vers 1280 (chœur) et se poursuivit à la fin du XIVe (façade orientale), et au début du XVIe (nef). Le calvaire-chaire date du XVIe siècle.

Ce calvaire en granite de 5,50 m  possède un soubassement de trois degrés, le dernier étant ceinturé d'une balustrade formant chaire à prêcher de plan circulaire : sur cette balustrade, un pupitre, soutenu par un masque grotesque qui se bouche les oreilles, permettait au prédicateur de placer ses notes et ouvrages.

À l'intérieur de cette chaire, un socle cubique reçoit une croix monolithe de section octogonale, portant selon Castel "les gibets des larrons sur les branches (disparus)".

Par contre, j'ai été surpris de trouver au sommet de cette croix un Christ en croix, et en avers une Vierge à l'Enfant qui me semblent dater du XVe siècle, et dont Yves-Pascal Castel ne signale l'existence que par un laconique "Croix à pans, crucifix". Le caractère très rustique de ces deux sculptures, la flexion accentuée des genoux du crucifié, ses cheveux formant deux tresses sur les côtés, son bras droit escamoté, les deux visages frustes de la Vierge couronnée et de l'Enfant, et surtout l'accolade gothique d'un dais, m'évoquent les crucifix à dais du XVe siècle. Je regrette de n'être revenu chez moi qu'avec une photo médiocre du Christ, mais la photo de la Vierge est acceptable au vu des conditions difficiles d'éclairage de sous-bois.

Je serai heureux de recevoir des avis éclairés sur ce Crucifix. Quelques articles illustreronst ces crucifix à dais gothiques du XVe siècle :

.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

Le masque barbu du pupitre, se bouchant les oreilles.

.

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

La chaire-calvaire de la chapelle Notre-Dame de Kérinec à Poullan-sur-mer. Photographie lavieb-aile 2023.

 

 

SOURCES ET LIENS.

—CASTEL (Yves-Pascal) 1980 Atlas des croix et calvaires du Finistère

2547. Kerinec, chapelle, g. 5,50 m. XVIè s. Soubassement formé d’une chaire à prêcher de plan circulaire, pupitre soutenu par un masque grotesque qui se bouche les oreilles. Socle cubique. Croix monolithe de section octogonale, portant gibets des larrons sur les branches (disparus). Croix à pans, crucifix. [YPC 1980]

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/poullan_sur_mer.html

—GRAND (Roger), 1924, "Les chaires à prêcher au dehors des églises", Bulletin Monumental  Année 1924  83  pp. 305-325

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1924_num_83_1_11783

— KERVILER (René), LE BARS (Alfred), in   INFOBRETAGNE

http://www.infobretagne.com/bretagne-chaires-exterieures.htm

— PLATEFORME OUVERTE DU PATRIMOINE POP

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00090313

—WAQUET (Henri), 1919, « Chapelle Notre-Dame de Kérinec », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 1919, t. XLVI, p. 153-167. 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077286/f218.item

 

—WIKIPÉDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Notre-Dame-de-K%C3%A9rinec

"Près de la chapelle, se trouve un calvaire à degrés du xvie siècle. La croix, assez grossière, est mince, élevée, sans autre personnage que le Christ. Elle est entourée d'une curieuse chaire pour jours de pardon, sur l'appui de laquelle repose un pupitre. Sous le pupitre est sculpté un grotesque semblant se boucher les oreilles."

État de la chaire-calvaire en 1880.photo wiki

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Calvaires Chapelles bretonnes
14 septembre 2023 4 14 /09 /septembre /2023 13:06

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy (29).

 

 

 

 

 

.

.

PRÉSENTATION.

.

Ce calvaire fait partie des plus anciens de Basse-Bretagne, et appartient, par son matériau (kersanton) et par son dais gothique en auvent, à un petit groupe d'une dizaine de sites. Il a en commun avec les calvaires de Rumengol et de Dirinon de comporter, au dos du Christ en croix, une Vierge à l'Enfant présentant un fruit. Autre élément notable, la présence de deux anges entre les personnages géminés. Enfin, un masque singulier entre le Christ et Marie au calvaire attire notre attention.

C'est dire l'intêret remarquable de ce calvaire. Il est l'élément le plus ancien de l'enclos, l'église lui étant postérieure.

"Saint-Eloy est une ancienne trève de la paroisse d'Irvillac, et Forsquilly et ses terres étaient au 12e siècle une prévôté dépendant de la seigneurie de Irvillac.

Située au bourg, une chapelle dédiée à Saint-Eloy, existait dès le 15e siècle. Indiquée ruinée sur le cadastre de 1825, on retrouve quelques pierres sculptées utilisées en remploi dans la maçonnerie de maisons au bourg. L'église paroissiale (consacrée en 1531 par Jean du Largez, évêque d'Avesnes), implantée à l'est de l'ancienne chapelle, a été érigée par les moines de l'abbaye de Daoulas qui, fuyant la peste, se sont installés à Saint-Eloy en 1521.

Au 15e siècle, le 4 mai 1485, François II, duc de Bretagne, autorise la tenue d'une foire."

Les autres calvaires du XVe siècle :


 

.

Description.

.

Dans le cimetière situé au sud de l'église de  Saint-Eloy, le calvaire du XVe siècle en kersanton, à un seul croisillon, est placé au sommet d'un fût plus récent en granite implanté sur un soubassement moderne en schiste du pays, à deux degrés et un socle à corniche,  portant l'inscription IESU sur le plat. L'ensemble mesure 4,50 m de haut. 

.

Dessin par Yves-Pascal Castel 1980.

.

La croix portant le Christ d'un côté et la Vierge à l'Enfant de l'autre, le croisillon et les deux statues géminées sont sculptés dans un seul bloc de pierre de kersanton.

Sur la face occidentale , le Christ en croix est entouré de la Vierge à sa droite et de Jean à sa gauche. Entre le Christ et Marie, un masque humain est sculpté en bas-relief.

Du côté oriental, la Vierge à l'Enfant est encadrée par saint Paul à sa droite et saint Pierre à sa gauche.

Les statues géminées (Marie/Pierre et Jean/Paul) comportent sur leur face latérale une tête d'ange.

Les éléments sculptés sont recouverts par plages de lichens blancs ou  grisâtres ou de mousses et sur leur face humide d'un biofilm vert, rouge ou orangé par prolifération de cyanobactéries et d'algues ( ce pourrait être Trentepohlia et notamment T. iolithus).

.

Je décrirai la partie ancienne, en kersantite. La datation du XVe siècle basée sur la présence d'un dais et le style du sculpteur est confirmée par les chaussures à extrémités pointues de la Vierge à l'Enfant. Les premières réalisations des sculpteurs de la pierre de kersanton en Basse-Bretagne sont postérieures à 1423 (au Folgoët), et ce calvaire date plutôt de la deuxième moitié du XVe siècle.

.

 

 

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

LA FACE PRINCIPALE.

.

Elle est, comme c'est la règle, orientée vers l'ouest.

.

 

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

Sur la croix  à fleurons carrés et sous le titulus INRI en lettres gothiques, le Christ a la tête inclinée vers la droite. Ses longs cheveux peignés retombent latéralement. Les côtes sont horizontales, le pagne affleure le nombril. Les jambes sont parallèles mais les pieds sont superposés.

.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

Le dais en auvent.

.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

Le titulus aux belles lettres gothiques INRI.

.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

La Vierge.

.

Son voile forme une sorte de bérêt rond assez particulier. Le bas du visage est triangulaire. Les cheveux retombent sur les épauiles. Les mains sont croisées devant la taille. La pointe de petites chaussures s'échappent de la robe.

Notez l'extension des lichens crustacés.

.

 

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

Le masque : un voile de sainte Véronique ?

.

Le masque anthropomorphe ressemble au visage du Christ. Il doit sans doute son existence à la présence de l'Enfant du côté oriental, et tire profit du dos du bloc sculpté.

.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

Saint Jean.

.

Il porte la main droite vers l'oreille tandis que la main gauche tient un livre. Il est coiffé de ce qui pourrait être un turban à médaillon central, ce qui n'a guère de sens, mais qui peut correspondre plutôt  à la chevelure.

.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

LA FACE ORIENTALE.

.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

La Vierge à l'Enfant.

.

C'est une Vierge couronné, au dessus de cheveux retombant sur les épaules. Elle présente à l'Enfant un fruit (poire ?) tandis que le Fils tient des deux mains un livre ouvert vers nous. Il est vêtu d'une tunique longue et ses cheveux forment, comme pour saint Jean, une sorte de turban ou d'anneau épais.

La robe de la Vierge laisse voir deux chaussures à bouts pointus qui confirment la datation du XVe siècle.

.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

Saint Paul et son épée.

.

Les pieds sont nus, il s'agit bien d'un apôtre, a priori saint Paul. Il tient son épée (attribut lié à sa décollation) de la main droite, tandis que la main gauche retient l'extrémité d'un phylactère, comme dans les Credo apostoliques.

Nous retrouvons la même coiffure en bourrelet (proche de la tonsure romaine) que pour Jean et l'Enfant.

.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

Saint Pierre et sa clef.

.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

LES FACES LATERALES.

.

Entre les statues géminées, l'artiste a sculpté deux têtes joufflues qui sont celles d'angelots car en regardant mieux nous discernons leurs ailes, et même leur tunique. Mais leur coiffure est singulière, là encore en bourrelet.

Tout comme le masque "du voile de Véronique", ces deux anges qui ne sont retrouvés sur aucun autre calvaire confèrent le statut d'unicum à ce calvaire.

.

Du côté sud entre saint Jean et saint Paul.

.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

Du côté nord entre la Vierge et saint Pierre.

.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (kersanton, XVe siècle) de l'église de Saint-Éloy. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

SOURCES ET LIENS.

.

—CASTEL (Yves-Pascal), 1980,  Atlas des croix et calvaires du Finistère. Société archéologique du Finistère, 1980.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/saint_eloy.html

2700. Saint-Eloy, église, g. k. s. 4,50 m. XVè s. Deux degrés. Socle à corniche, sur le plat: IESU. Fût rond. Croix monolithe, croisillon aux personnages formant triades, Vierge-ange-Pierre, Jean-petit personnage-Paul. Croix à fleurons carrés, dais, crucifix, Vierge à l’Enfant, on devine un masque à droite du Christ. [YPC 1980]

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1980, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/1020

"Dans le cimetière, croix monolithe au sommet du fût : statues triples sur le croisillon, Crucifix sous un dais, Vierge à l'Enfant au revers."
 

—  L'HARIDON ( Erwana) Dossier de l'Inventaire régional  IA29005549 réalisé en 2012

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/calvaire-saint-eloy/881a4ce9-e891-4d8f-abe8-90da8c8c4634

 

"Calvaire en kersanton du 15e siècle. Antérieur à l'édification de l'église paroissiale, probablement lié à l'ancienne chapelle détruite au 19e siècle. Deux degrés en schiste. Socle à corniche en grès, sur le plat : IESU. Fût rond en granite. Croix monolithe en kersanton. Croix à fleurons carrés, dais, Vierge à l’Enfant, saint Pierre, Saint Paul, on devine un masque à droite du Christ, saint Jean, sainte Véronique."

 

— MAIRIE DE SAINT-ELOY, PATRIMOINE

https://www.saint-eloy.fr/decouverte-de-la-commune/patrimoine

"Les matériaux qui constituent la base de ce calvaire rappellent que de nombreux gisements de schiste entourent la commune de Saint Eloy. Il ne s’agit pas d’un schiste ardoisier mais d’un schiste de construction souvent utilisé dans la commune.

Cette croix monolithique fait partie d’un ensemble rare de croix à dais et à statues latérales triples. A gauche on trouve la Vierge à l’enfant et Saint Pierre, à droite Saint Jean, un petit personnage et Saint Paul."

.

WIKIPEDIA

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Saint-Eloy_3.jpg

http://www.infobretagne.com/saint-eloy.htm

Confusion possible avec le calvaire de la chapelle Saint-Eloi de Ploudaniel

 

 

.

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Sculptures Calvaires Chapelles bretonnes. Kersanton
20 août 2023 7 20 /08 /août /2023 21:12

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou.

 

Voir sur cette église :

 

 

.

PRÉSENTATION.

La Bretagne comporte de multiples simples croix antérieures à la seconde moitié du XVe siècle, mais les principaux calvaires furent érigées au XVIe siècle, témoin d'une spiritualité de méditation sur les souffrances endurées par le Christ et sur le sang versé (pour le rachat de l'Humanité) par ses cinq plaies et par la couronne d'épines. Cette floraison de calvaires fut favorisée par le développement de grands ateliers de taille d'une pierre remarquable extraite en Rade de Brest, la kersantite ou kersanton, conduite par voie fluviale à Landerneau : les deux ateliers du Folgoët de 1423 à 1509, l'atelier des Prigent de 1527 à 1577, celui du Maître de Plougastel de 1570 à 1621.

Selon Castel, ces calvaires bénéficièrenet de  l'influence de Mgr Roland de Neufville, évêque de Léon de 1562 à 1613.

Ces calvaires du XVIe siècle sont contemporains de l'édification ou de la reconstruction des principales églises et chapelles de Basse-Bretagne, et, dans celles-ci, de leurs maîtresse-vitres consacrées, dans le même souci spirituel que les calvaires, à la Passion et la Crucifixion du Christ.

Ces constructions témoignent d'un développement économique remarquable basé sur la culture du lin et du chanvre, de la production textile et d'un commerce maritime vers l'exportation.

Au Tréhou, rattachée à la Vallée de l'Elorn centrée sur son port de Landerneau, pépinière des plus grands enclos paroissiaux, c'est principalement dans le dernier quart du XVIe siècle que les calvaires furent érigés : outre celui de l'église, on dénombre celui de Brunoc S + Croas-ar-Vossen (1576), Goaz-Zu (vers 1580), Gorréquer (1575), Guernélès (1556),  Lespinou (vers 1525), et Rosnoen, daté du XVe ,  Croas-ar-Guennou (XVIè s).  [Castel 1980]. Dans le cimetière de l'église paroissiale (dont le chevet porte la date de 1555), le calvaire a été érigé en 1578 (inscription).

 

Le calvaire de Le Tréhou est édifié au cœur de la période pendant laquelle on voit éclore, en Finistère, notamment dans les enclos paroissiaux, des calvaires à deux croisillons, dont la majorité répondent à la même organisation  donnant place sur le croisillon inférieur à deux statues géminées (avec la Vierge et Jean sur la face occidentale), sur le croisillon supérieur  les deux cavaliers de la Passion se faisant face, au centre une Pietà ou Déploration, et un Christ au lien sur l'autre face, et enfin Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix. Il y a donc reprises par les ateliers de sculptures d'un modèle, jamais copié mais toujours développé. Ce sont ceux de Pencran nord (1521), Saint-Sébastien en Saint-Ségal (1541-1554), Sainte-Marie du Ménez-Hom (1544), Loc-Brévalaire (Prigent, vers 1550), Lopérec (Prigent,1542 ou 1552), Plougonven (Prigent, 1554) Loqueffret (1576 ?), Plounéventer (v.1578) Le Tréhou (1578), Locmélar ( Maître de Plougastel v. 1600), Plougastel (Maître de Plougastel, 1602-1604), Saint-Thégonnec (1610)

 

  • Pencran nord, (1521 par inscription). Trois fûts. Deux croisillons. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Deux cavaliers, Madeleine/ Yves,  Jean/Pierre. Pietà, Vierge à l'Enfant . Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.

  • Plomodiern, chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom (1544, Prigent). Deux croisillons. Jean/Pierre et Madeleine/Yves. Pietà, Christ aux liens, Vierge à l'Enfant. Ange aux calices. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.

  • Saint-Ségal, chapelle Saint-Sébastien (v.1541-1554, Prigent). Deux croisillons.Vierge et Jean  géminés avec des archers. Deux cavaliers.

  • La Forest-Landerneau. Vers 1550, atelier Prigent pour les statues réunies à l'entrée du cimetière :

    N.-D. de Pitié. Statues géminées: Vierge-Madeleine, Jean-personnage sans attribut. [YPC 1980]

     

  • La Forest-Landerneau, XVIe siècle pour le calvaire encore érigé.  Madeleine à genoux. Un seul croisillon :Statues géminées: Vierge-sainte martyre, Jean-évêque. Croix à branches rondes, crucifix, groupe N.-D. de Pitié.

  • Lopérec (1552) par "Fayet, compagnon des Prigent" (lecture fausse du mot "fayte" par Castel). Trois fûts . Deux croisillons. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. Deux cavaliers, Christ aux liens, Jean ?/Marie-Madeleine / et Vierge/Pierre, Christ ressuscité.

  • Plougonven, (1554), Henri et Bastien Prigent. Calvaire monumental. Deux croisillons.  Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. les larrons sur des croix séparées (mais depuis le XIXe), saint Yves,  Vierge et Jean non géminés. Deux cavaliers.

  • Pleyben (1555) par Henri et Bastien Prigent. Un seul croisillon. Calvaire monumental. Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.  Vierge et Jean non géminés. Cavaliers.

  • Loc-Brévalaire (v.1555), Deux croisillons. Premier croisillon, anges, statues géminées: saint Yves-Jean, Brévalaire-Madeleine. Second étage de fût: Christ lié, sur console figurée, Vierge de Pitié. Second croisillon, moulures simples. Croix, branches rondes, crucifix. Un vestige de diable avec l’âme du mauvais larron conservé dans un jardin voisin montre que le croisillon haut portait les gibets des larrons

  • Saint-Divy calvaire de 1562 Un seul croisillon. Trois croix sur les pilastres de la porte forment monument. Le fût central, rond comme ceux des larrons, porte des écots, Marie-Madeleine. Croisillon, culots: 1562, autre inscription, écu des Rohan, une macle martelée. Croix à fleurons, crucifix, statue en-dessous, au revers, Vierge de Pitié.

    https://www.lavieb-aile.com/2021/07/les-calvaires-de-l-eglise-de-saint-divy.html

  • Cléden-Poher (1575). Un seul croisillon. Soubassement rectangulaire, table d’offrande, groupe de N.-D. de Pitié, Portement de Croix, Flagellation, Cavaliers, sur le socle de celui de gauche: 1575 N PEZRON LORS F. Gibets des larrons. Fût central, écots. Croisillon, statues géminées: Vierge/Paul, Jean/Pierre. Croix à branches rondes, fleurons godronnés, anges aux calices, crucifix, Douleur du Père. 

  • Loqueffret (1576?) .  Deux croisillons. Soubassement, corniche, table d’offrande, bénitier. Fût rond, masque, sainte Geneviève. Croisillon bas, anges, statues: Vierge, Jean. Second croisillon, ange et démon (larrons disparus). Croix, petits fleurons, large titulus, crucifix, groupe N.-D. de Pitié, avec deux anges. 

  • Le Tréhou (1578) Deux croisillons. Vierge/Marie-Madeleine et Jean/? Deux cavaliers, saint Pierre et sainte Pitère sur le fût, Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix. , Pietà, Christ aux liens,

  • Plounéventer (v.1578). Deux croisillons. trois marmousets se tenant les bras, trois autres, sur les côtés et au revers, statues modernes: Jean, Yves (?), au centre saint Georges, au revers Vierge de Pitié. Croisillon du haut, formés d’anges dont les ailes se rejoignent, statues: ermite, Jean. Croix, branches rondes, fleurons, crucifix, titulus rubanné. Pièces anciennes et grosses restaurations qui semblent de la main de Larhantec. [YPC 1980]

  • Guimiliau (1581-1588)

  • Locmélar (vers 1600), par le Maître de Plougastel Deux croisillons.  Premier croisillon, anges orants, mains ouvertes, statues géminées: Vierge-Madeleine, Jean-Pierre, au centre, sur une console, Vierge de Pitié, au revers, Christ enseignant. Second croisillon, culots feuillagés, gibets des larrons, cavaliers au pied de la croix. Croix à branches rondes, fleurons godronnés, anges au calice l’un manque à droite, crucifix, Christ lié. https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/locmelar.html

  • Plougastel (1602-1604) par le Maître de Plougastel. Deux croisillons.

  • Saint-Thégonnec (1610). Deux croisillons. Trois fûts. Deux cavaliers, Pietà, Christ aux liens, Yves.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

Le calvaire mesure 6 mètres de haut et est principalement en kersanton. Au dessus du soubassement et du socle, sont superposés cinq ensembles monolithiques : un fût cylindrique écoté (imitant un tronc d'arbre) sculpté sur ses deux faces ouest et est (saint évêque et sainte Pithère), un premier croisillon (portant les gibets des larrons), un fût non écoté sculpté sur ses deux faces ( saint Pierre, et Vierge de Pitié), un deuxième croisillon (déserté de ses statues), et une croix à fût et traverse cylindrique non écoté, aux fleurons en boule, portant le Christ vers l'ouest et le Christ aux liens vers l'est.

.

.

I. LE SOUBASSEMENT : LE SOCLE AUX 12 APÔTRES.

.

Sur un soubassement carré en pierre de Logonna (microdiorite quartzique) à deux degrés dont le premier forme un banc, est posé un socle en kersanton à gros grain, dont chacune des faces est creusée de trois niches par de simples arcades. Ces niches abritent chacune un apôtre, taillé en bas-relief dans la masse du socle. Chaque apôtre tient un phylactère, dont la probable inscription peinte composait un Credo apostolique. Saint Pierre, qui débute la série, occupe le côté gauche de la face ouest.

E. Le Seac'h attribue (p. 254) ce socle au "sculpteur de Logonna-Daoulas", auteur du calvaire de Rungléo, en pierre de Logonna-Daoulas et décrit ainsi celui de Le Tréhou : "Les tuniques à la romaine laissent dépasser le bout des pieds nus . Les vêtements forment des plissés verticaux amples sans aucun mouvement. Les visages sont mangés par des barbes pointues et des moustaches rondes comme à Rungléo." Elle commet une erreur en écrivant p. 253 que ce socle est, comme à Rungléo, en pierre de Logonna. 

Je propose de reconnaître ici, en tournant dans le sens antihoraire pour respecter la séquence du Credo apostolique, Pierre (clef) André (croix en X) Jacques (bourdon) Jean (calice) Thomas (lance) Jacques le mineur (bâton de foulon) Philippe (croix à longue hampe) Matthieu (balance) Barthélémy (coutelas) Jude (hache ?) Simon (scie) Mathias (équerre).

Ce ne sont pas les identifications d'E. Le Seac'h.

De Pierre à Philippe, l'artiste suit l'ordre et les attributs  du Calendrier des bergers (1493 à 1579). Puis l'ordre est plus original, de même que sont inhabituels certains attributs notamment celui de Mathias. 

On trouve Mathias tenant l'équerre dans le porche de Lopérec, où les statues, qui datent de 1615 portent le nom de l'apôtre inscrit sur le socle. On trouve Pierre (clef), André (croix en X) Jacques (bourdon) Jean (calice) Thomas (lance) Jacques le mineur (bâton de foulon) Philippe (croix à longue hampe) Matthieu (hache) Barthélémy (coutelas) Jude (livre) Simon (scie) Mathias (équerre).

Il existe en Finistère un certain nombre de calvaires dont le soubassement abrite une succession des 12 apôtres présentant les phylactères du Credo, soit dans des niches (Kerdévot à Ergué-Gabéric ; Confort-Meilars, Trois-Fontaines en Gouézec ) soit au dessus du soubassement triangulaire (Quilinen en Landrévarzec ; Saint-Vénec à Briec-sur-Odet).

Très différente est la croix dite des Douze Apôtres, située près du hameau de  Rungléo, sur l'ancien chemin vicinal reliant Logonna-Daoulas à l'Hôpital-Camfrout.  Elle se compose d'un monolithe dressé de forme trapézoïdale à quatre faces, au sommet duquel est insérée une croix de section quadrangulaire, l'ensemble étant posé sur un bloc arrondi de granite formant socle. L'élément principal est haut de 2,20 m. Sa face antérieure est sculptée de bas-reliefs représentant les douze apôtres disposés dans des niches, dominés par la figure du Christ bénissant tenant un globe dans la main gauche. La liste et l'emplacement des apôtres serait, selon Castel, à mettre en relation avec le canon romain du rite tridentin défini par le pape Pie V en 1570, ce qui suggère une mise en oeuvre de cette croix dans le dernier quart du 16e siècle, donc en même temps que le calvaire du Tréhou.

Par ailleurs, les calvaires de Carhaix, Plouhinec, Melrand, accrochent  douze masques le long de leurs fûts. Pléchâtel (35) accorde aux apôtres une figuration en pied dans douze niches ogivales soulignées du nom qui les désigne sans erreur.

Ailleurs (mais aussi au Tréhou postérieurement au calvaire), les apôtres se succèdent pour présenter leur Credo dans les niches du porche sud. Ce thème du Credo apostolique, dont l'importance fut accrue après le Concile de Trente (1545-1563) figure aussi sur des verrières, comme à Quemper-Guézennec, à Kergoat (Quéménéven) ou à Merléac, ou sur des jubés (Kerfons; La Roche-Maurice ; Saint-Nicolas en Priziac ; Plounévez-Moédec ; Locmaria en Belle-Île-en-Terre).

Mais l'ordre dans lequel les apôtres se suivent, et leur identification par leur attribut, est très variable d'une représentation à l'autre, malgré les modèles diffusés par l'imprimerie à partir de 1492 dans les Calendriers des Bergers , et qui est le suivant Pierre (clef), André (croix en X) Jacques (tenue de pèlerin, bourdon) Jean (calice) Thomas (lance) Jacques le mineur (bâton de foulon) Philippe (croix à longue hampe) Barthélémy (coutelas), Matthieu (hache) Simon (croix) Jude (scie) Mathias (hallebarde).

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86267664/f88.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86267664/f89.item

Nous pouvons avoir parmi de nombreux exemples la séquence Pierre-André-Jacques M-Jean-Philippe-Thomas-Barthélémy-Matthieu-Jacques le Mineur-Jude Thaddée-Simon-Mathias. (verrière de Quemper-Guezennec)

Ou bien Pierre-André-Jacques Majeur-Jean-Thomas-Jacques le Mineur-Philippe-Barthélémy-Matthieu-Simon-Jude Thaddée-Matthias (Chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou)

Ou bien Pierre-André-Jacques M-Jean-Thomas-Jacques le Mineur-Philippe-Barthélémy-Matthieu-Simon-Thaddée-Mathias (Verger du Soulas)

Ou Pierre-André-Jacques M-Jean-Jacques le Mineur-Thomas-Matthieu-Barthélémy-Philippe-Simon-Jude-Mathias (Cluny).

Etc.

 

 

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

II. SUR LE SOUBASSEMENT : MARIE-MADELEINE AGENOUILLÉE AU PIED DE LA CROIX. Pierre de kersanton.

.

Cette statue se retrouve, avec ses grands traits caractéristiques comme son manteau qui a glissé dans son dos et forme une coque, ou sa posture tête en extension tournée vers le Christ, et bien-sûr son pot à onguent godronné à couvercle à bouton,  sur de nombreux calvaires de la vallée de l'Elorn et de Haute Cornouaille : À Pencran (en trois spécimens), à Saint-Divy, à La Forest-Landerneau,  à Saint-Sébastien en Saint-Ségal , à Dinéault, à Sainte-Marie-du Ménez-Hom, ou à Lopérec, sans oublier  celles qui sont incluses dans les calvaires monumentaux de Pleyben et Plougonven. 

Mais elle ne partage pas d'autres éléments vestimentaires, comme les manches bouffantes aux épaules et aux poignets, ou le bandeau occipital.

Comparez avec: 

-Pelouse nord de l'église de Pencran (Prigent v.1553).

-Calvaire monumental de Pleyben (Prigent 1554)

-Calvaire monumental de Plougonven (Prigent 1555)

-Calvaire de Sainte-Marie du Ménez-Hom (Prigent vers 1550)

-Calvaire de l'église de Lopérec (Prigent ou "fayet", 1542 ou 1552)

-Calvaire du cimetière bas de La Forest-Landerneau  (Prigent vers 1555)

Calvaire du bourg de Saint-Ségal (vers 1550)

-Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal (1541-1554)

-chapelle Saint-Tugen en Primelin, contrefort sud-ouest.

 

Nombreuses sont celles qui sont en larmes , signant le travail des Prigent. Ce n'est pas le cas au Tréhou.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2017.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2017.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2017.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2017.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2017.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2017.

.

.

Progression très rapide des lichens en cinq ans :

.

Clichés de 2023 :

 

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2023.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile 2023.

.

.

III.  LA FACE PRINCIPALE DE LA CROIX, TOURNÉE VERS L'OUEST .

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

1. Le Christ en croix.

.

On remarque l'absence du titulus portant l'inscription INRI, ce qui est très étonnant.

À la différence des calvaires de Locmélar et de Lopérec, on constate aussi l'absence d'anges hématophores recueillant le sang des plaies des mains et du flanc. Par contre, le sang des plaies des pieds est recueilli par deux anges. 

Il faudrait peut-être examiner de plus près cette absence, car la plaie du flanc est ici anormalement large, comme si le flot de sang, qui s'en échappe sur les deux autres calvaires et qui sert de fixation à l'ange de droite, avait été brisé.

Le visage (incliné vers la droite) et les bras sont particulièrement émaciés, mais les traits sont très fins. Il n'y a pas d'espace vide entre la chevelure et les épaules , un caractère stylistique que E. Le Seac'h attribue aux Prigent, et qu'on observe à Lopérec. Les côtes sont horizontales. Le dos est cambré, et décollé du fût. Le pagne est noué sur le côté gauche.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

2. Les anges hématophores du pied de la croix.

.

Ils sont beaux et joufflus, et leur sourire rappelle la facture de Roland Doré (sans que cela incite à lui attribuer ces anges).

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

3. Les bras du croisillon supérieur : un ange et un diable allongés. Ce croisillon ne porte plus de statues.

.

C'est une pièce monolithique qui débute en haut par plusieurs anneaux (dont l'un à spires et perles) sur lesquels s'appuie le carré portant les deux anges hématophores, et qui se poursuit par les croisillons proprement dits, puis par les deux personnages (ange et démon) aux pieds prenant appui sur un anneau. Cette pièce est indépendante de la pièce supérieure (croix du Christ et Christ aux liens), et de la pièce inférieure (Vierge de Pitié et saint Pierre). Ces distinctions sont importantes, car chaque pièce monolithique peut être d'un atelier, ou d'une époque, différents.

Remarque : je n'ai trouvé ce type de croisillon que sur deux des calvaires étudiés dans ce blog,  celui de Locmaria en Plabennec, datant de 1527 et celui de Saint-Herbot daté de 1575. Dans le calvaire de Locmaria, le croisillon supérieur accueille les gibets des larrons. Dans celui de Saint-Herbot, le croisllon unique reçoit les gibets, et quatre saints personnages.

.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

Le diable, placé au sud au dessus du Mauvais Larron, est cornu, grimaçant, avec de longues oreilles. Il tient dans ses mains un "objet" passé comme un sac par dessus son épaule gauche. Je ne serais pas étonné que ce fut un petit personnage (une âme damnée) dont je crois même voir le visage .

L'ange porte, de même, dans ses bras un petit personnage (une âme sauvée, peut-être celle du Bon Larron).

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

4. Saint Pierre en moyen-relief sur le fût.

.

Cet autre bloc de pierre poursuit le fût de la croix, mais est sculpté d'un côté de saint Pierre, et de l'autre d'une Vierge de Pitié.

Une pièce carrée placée au dessus du saint était sans doute destinée à recevoir un ornement religieux.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

5. Les Larrons sur le deuxième croisillon.

.

.

.

5a. Le Bon Larron (moderne).

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

5b. Le Mauvais Larron.

.

On remarque la culotte à crevés (Renaissance). Le Mauvais Larron détourne la tête du Christ et tire la langue : son âme ira en Enfer.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

6. Un blason aux armoiries mi-parti très martelé.

.

On peut encore voir en partie haute de la partie gauche une ancre, et peut-être du côté droit le haut d'un lion ?.

Ce blason a été attribué à la famille Mol, qui détenait le manoir de Guernéles au Tréhou, à 1 km à l'est du bourg :

Mol Léon 1375 - d'argent à 3 ancres de sable - Mol Enez - Trébabu Kerjan - Lanildut Rumorvan - Lesmoalec - Tréhou Guernélez - Langolian - Kerengar - Keranforest - Kermellec - Kerhuel - Runtan - Plouvien Garzian - Guipavas Le Vijac - (GDLG-T2-p371) (Michel Mauguin)

.

Voici leurs armes sculptées (au XIXe ?) sous une couronne sur la base d'un calvaire en ruine conservé dans le jardin du presbytère :

.

Blason des Mol en 1, en alliance avec des armes au dauphin. Photo lavieb-aile août 2023

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

8. Le croisillon inférieur soutenu par deux anges.

.

Ce croisillon est un bloc de pierre d'un seul tenant dont le tambour est godronné. Les anges (leurs ailes forment la plate-forme du croisillon) font un geste de salutation.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

8. Un saint évêque en moyen-relief sur le fût.

.

Ce saint n'est pas identifiable, oparmi les saints évêques du Finistère. L'absence du dragon mené par une étole exclut néanmoins, a priori, saint Pol-de-Léon.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

IV.  LA FACE  DE LA CROIX TOURNÉE VERS L'EST .

.

On y voit de haut en bas un Christ aux liens (sculpté au dépens du bloc formant le fût de la croix portant le Christ), une Vierge de Pitié, et une sculpture en moyen-relief de sainte Pithère, patronne de l'église, elle aussi sculptée au dépens du bloc formant le fût du calvaire, avec au dos le saint évêque.

.

 

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

9. Le Christ aux liens.

.

Les poignets  de ses bras croisés sont liés. Il tenait à gauche un roseau. Le manteau de dérision forme un pan dont les cinq plis  forment un éventail.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

10. La Vierge de Pitié.

.

Elle se rapproche beaucoup des Vierges de Pitié de l'atelier Prigent : elle est assise, le genou gauche fléchi, et porte son Fils, dont elle soutient le tronc de la main droite, sur ses cuisses. Le  corps du Fils ne forme pas une diagonale orientée vers le bas et la droite, mais un arc de cercle sous l'éffet de la tête qui, n'étant pas soutenue, retombe, et sous l'effet aussi des jambes fléchies à angle droit. Le bras droit pend verticalement, comme c'est l'usage, tandis que le bras gauche, horizontal est soutenu par sa Mère. Les plaies ne sont pas (ou très peu?) visibles, ce qui est rare.

La Vierge porte un voile "coqué" formant un auvent horizontal et deux ailes, et une guimpe à plis rayonnnants. Le visage est rond, les yeux, aux globes un peu protrus, sont en amande, la bouche est triste. Aucune larme n'est visible.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

11. La statue de sainte Pithère (moyen-relief au dépens du fût).

.

La sainte tient deux attributs, peu distinctifs : la palme du martyre, et le livre. Elle porte le manteau-voile, et la cotte, d'où dépassent ses chaussures à bouts ronds.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

12. La date de 1578.

.

Elle est gravée à la base cubique  du fût, dans un cartouche. L'inscription LAN 1578 se prolonge du côté nord par trois lettres, ou signes, non déchiffrés.

.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (1578) de l'enclos paroissial du Tréhou. Photographie lavieb-aile.

.

.

DISCUSSION.

.

Ce calvaire est composite. 

a) Je propose de considérer que le bloc supérieur (Christ, anges hématophores et Christ aux liens ) est de l'atelier de Roland Doré (actif de 1618 à 1663). Celui-ci a travaillé au Tréhou où il a exécuté en kersanton quatre statues d'apôtres et le Christ sauveur du porche sud (catalogue E. Le Seac'h p. 353), mais aussi des bas-reliefs héraldiques en kersantite du portail nord, présentés par des anges, et le chronogramme 1649. Cet ensemble date donc probablement du milieu du XVIIe siècle.

b) Le Bon Larron date de la fin du XIXe siècle et pourrait être de Yann Larc'hantec.

c) Les autres statues et portions de fûts sont contemporaines du chronogramme 1578, ce qui exclut que cela soit une œuvre de l'atelier des Prigent (1527-1577). On ne retrouve pas ici leur "main", les personnages n'ont pas de larmes,  mais ce calvaire est proche de leur production. Un travail iconographique sujet par sujet entre les statues du Tréhou et celles des calvaires contemporains pourrait préciser les choses. Outre les compagnons des Prigent, actifs avant 1563 notamment à Lopérec, c'est l'atelier du Maître de Plougastel qui prit la relève de la taille du kersanton de 1570 à 1621, soit sur le calvaire éponyme (1602-1604) soit sur celui de Guimaëc, soit sur celui de Locmélar au début du XVIIe siècle. Les points communs entre les calvaires de Le Tréhou et de Locmélar, tous deux à deux croisillons, ont été soulignés, notamment par Couffon.  Mais la comparaison rapprochée des éléments comparables (Mauvais Larron et Vierge de Pitié) n'est pas convaincante.

.

.

.

Ce calvaire du Tréhou a perdu ses deux cavaliers, et ses deux statues géminées. Une carte-postale célèbre montre le calvaire à une époque où étaient installés, sur le croisillon supérieur et du côté sud, un cavalier (faisant face à l'ouest) et une statue géminée ; et le titre indique que le cavalier de droite (a priori Longin) est tombé de son croisillon. La carte appartient à la production d'Émile Hamonic, mais le nom de Jean-Marie Le Doaré n'est pas indiquée : elle pourrait être antérieure à 1906.

La statue géminée a dû tomber à son tour. Tout le reste est identique au calvaire d'aujourd'hui.

.

 

.

L'existence de ces cavaliers sur le calvaire est donc certaine et attestée dans les souvenirs transmis dans la commune. Tout comme l'existence d'une statue géminée, montrant Marie-Madeleine d'un côté (Vierge/Madeleine).

Cette disposition était certainement consécutive à un réaménagement, et ailleurs (sauf à Saint-Thégonnec), les cavaliers font face au Christ, en vis à vis. C'est d'ailleurs bien plus logique, car leur base prend alors appui totalement sur le croisillon et est stable, tandis que l'installation visible sur la carte-postale est précaire. D'autre part, on ne voit nulle part un cavalier orthogonal au croisillon collé à une statue géminée. On trouve à Lannédern (XVIe s) la formule des statues géminées voisines du gibet des larrons sur le même croisillon.

On peut donc imaginer que les deux cavaliers occupaient le croisillon supérieur, l'un en face de l'autre : à droite du Christ Longin (celui qui transperce le flanc droit du Christ de sa lance), l'index pointé sur l'œil, et à gauche le Centenier proclamant sa foi par un geste.

Dans ce cas, dont je répète qu'il est largement attesté en Finistère, l'autre croisillon accueillait les deux statues géminées : Marie (géminée à Marie-Madeleine) à la droite du Christ faisant face à l'ouest, et Jean (géminé avec ?) à sa gauche. cf Plougastel ou Pencran par ex.

Si nous développons cette hypothèse, il faut alors supposer que les larrons n'occupaient pas initialement le croisillon inférieur comme aujourd'hui. Il est logique de penser qu'ils étaient placés sur leur gibet à droite et à gauche du fût central, comme dans de nombreux calvaires. À Lopérec, les deux larrons, qui n'occupent plus non plus leurs gibets initiaux, ont été replacés à côté du soubassement. 

Le fait même que le Bon Larron soit moderne témoigne des chutes et des destructions que ce calvaire, comme beaucoup d'autres, a subis.

L'absence de larmes sur le visage de Marie-Madeleine au pied de la croix, et de la Vierge de Pitié, contrairement à l'usage de l'atelier landernéen des Prigent (1527-1577) est en accord avec la date de 1578. 

Au total, le calvaire du Tréhou devait peut-être ressembler à celui de Lopérec (en ajoutant les croix des larrons) :

.

Carte-postale : le calvaire de Lopérec.

.

C'est aussi la formule du calvaire de Plougastel (avec cette fois les gibets des larrons indépendants) :

.

Calvaire de Plougastel

 

.

Certes, celui de Locmélar associe sur le croisillon supérieur les cavaliers et les larrons sur leur gibet, et les statues géminées sur le croisillon inférieur. Mais il a été restauré en 1925 par Donnard. Et le croisillon supérieur (moderne ou ancien ?) est à quatre supports.

.

 

Voir aussi :

Vierges couchées (4) : calvaire de Tronoën à saint-Jean-Trolimon (29).

Le calvaire de l'église d'Argol.

Le calvaire de Motreff.

La chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Le calvaire (Bastien Prigent, vers 1555).

Saint-Ségal : le calvaire du bourg.(vers 1550 et 1630, kersanton, atelier Prigent et Roland Doré). 

Le calvaire (kersanton, Maître de Guimiliau, 1575) de la chapelle Saint-Herbot

Le calvaire de l'église de Rosnoën. (Roland Doré)


 

.

.

.

SOURCES ET LIENS.

 

—  Association Art culture patrimoine Tréhou Mein glas, 2013, L'enclos paroissial de Le Tréhou, Sainte-Pitère, guide de visite. 62 pages  IBSN 9782954442709, 2954442700

 

— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère, Site de la Société archéologique du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/trehou.html

3061. Le Tréhou, cimetière, g. k. l. 6 m. 1578. Trois degrés, corniche. Soubassement large, table d’offrande. Socle cubique, niches, apôtres en relief, Madeleine en ronde bosse. Fût rond, écots, évêque, sainte Pitère. Croisillon, écu à l’ancre de marine, ange, démon, larrons (celui de gauche moderne), saint Pierre, N.-D. de Pitié. Second croisillon, ange, démon lubrique. Croix, fleurons, crucifix, Christ lié. [YPC 1980]

— CASTEL (Yves-Pascal), 1983,  La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1983  90-2  pp. 311-319

https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1983_num_90_2_3130

— COUFFON (René) 1988, Nouveau répertoire des églises du diocèse de Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/909

" Dans le cimetière, calvaire du XVIè siècle (I.S.), analogue à celui de Locmélar et daté 1578. Sur le socle, en bas-relief, les douze Apôtres, et en ronde-bosse, la Madeleine. Croix des larrons sur le croisillon ; Pietà et Christ aux liens."

— BASE PALISSY

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00090475

— BRETANIA  Catre postale "Le Calvaire Un des cavaliers est tombé il y a quelque temps" Hamonic Collection Calvaires de Bretagne

https://www.bretania.bzh/portail/detailstatic.aspx?RSC_BASE=AD35-IMGAVANT&RSC_DOCID=oai-images-archives.ille-et-vilaine.fr-1-190438&TITLE=&_lg=en-US

e-et-vilaine.fr/viewer/190438/?offset=#page=1&viewer=picture&o=&n=0&q=

 

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

 

— MONUMENTUM

https://monumentum.fr/monument-historique/pa00090475/le-trehou-calvaire

— Stany-Gauthier (Joseph) · 1950 ·Les calvaires bretons -

— WIKIPEDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Calvaire_du_Tr%C3%A9hou

"Le calvaire du Tréhou est érigé en 1578. Il repose sur une structure en grès rectangle pourvu de deux marches. Son socle en granit comporte des reliefs des Apôtres. Le milieu de la hampe est orné de deux sculptures, représentant un évêque (probablement saint Aurélien) et sainte Pitère. Le bas du crucifix montre saint Pierre entre les deux larrons. Sur l'autre côté, au même niveau, est sculptée une Pietà. Ces deux images sont respectivement surmontées des scènes de la Crucifixion et de l'Ecce homo.

Le calvaire du Tréhou est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 18 octobre 1926"

Partager cet article
Repost0
11 juillet 2023 2 11 /07 /juillet /2023 17:18

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h et sa Déploration ( grès arkosique ? début du XVIe siècle). 

.

Sur Plourac'h, voir :

.

Voir aussi :

 

 

 

.

.

Ce calvaire, classé depuis 1926, a été peu décrit par les auteurs. René Couffon, auteur d'une monographie sur l'église de Plourac'h pour le Bulletin monumental en 1955 y consacre quelques lignes.   Dans le cimetière se dresse un calvaire composé d'un massif d'où émergent trois colonnes. Celle du centre, plus élevée et à fût écoté, sert de support au Christ en croix refait à l'époque moderne ; les deux autres aux deux larrons. La colonne centrale porte une traverse aux extrémités de laquelle se dressent la sainte Vierge et saint Jean. Un peu au-dessous et faisant corps avec le fût, saint Michel ; enfin, au pied, Pietà à quatre personnages. La Vierge, entourée de saint-Jean et de la Madeleine, porte le corps du Christ sur ses genoux. Au revers, à la base, Notre-Seigneur attendant le supplice. C'est là un des nombreux calvaires en kersanton édifiés par les ateliers landernéens. Il est à rapprocher, notamment, de ceux de Saint-Hernin et de Braspartz, tous deux dus, d'ailleurs, à un même artiste et datant du XVIème siècle.

La plateforme POP  consacre à l'église et au calvaire une notice IA00003364 , renvoyant à la base Palissy PA00089317 précisant ceci : "A côté de l'église, dans le cimetière, est érigé un calvaire du 15e siècle [sic]. La base est surmontée de trois croix portant Jésus et les deux larrons. Sur les culs de lampe en forme de branches, deux statues de saintes femmes [sic]. Au-dessous d'elles, sur le fût, un ange porte les instruments de la Passion [sic]. Au pied de la croix, quatre personnages devant une descente de croix [sic]. A l'arrière, scène de la flagellation [sic]." Difficile de se fonder sur une description cumulant tant d'erreurs ou d'approximations.

La remarquable étude d'inventaire sur le canton de Callac de 1968 de Pavis-Hermon, Moirez et Tugores n'est consacrée qu'à l'église.

 

.

.

Repères chronologiques. Généralités.

.

Le porche de l'église de Plourac'h, par le second atelier du Folgoët, daterait vers 1510. La chapelle nord fondée par Charles Clévédé (Glévédé) est datée de 1500 ou 1506.

Le calvaire de Plourac'h adopte  la même composition que celui de Laz, de Brasparts et de Saint-Hernin (Couffon), mais aussi de Mellac et de Motreff, associant une Croix où le Christ est entouré d'anges hématophores (perdu à Plourac'h), et au verso un Christ aux liens ou un Christ de la Résurrection,  avec deux gibets des Larrons, un croisillon,  une Déploration (le plus souvent en grès arkosique, parfois en kersanton), un fût sculpté d'un saint Michel terrassant le dragon, et des marmousets. Tous sont datables de la même période, vers 1500-1527.

Les points communs avec le calvaire de Laz de 1527 et 1563 sont notables puisque Charles Clévédé était, au début du XVIe siècle, à la fois seigneur de Kerlosquet en Plourac'h  et de Coat Bihan en Laz ; et que la Déploration de "sa"chapelle de Plourac'h est issue, comme plusieurs statues de l'église, du même atelier, dit du Maître de Laz, que celle de 1527 du calvaire de Laz, et sculptée dans le même matériau extrait dans le "bassin de Châteaulin" autour de Châteauneuf-du-Faou, le grès vert "arkosique".

.

La confusion entre la kersantite et le grès arkosique est fréquente, et la distinction entre les deux pierres est parfois délicate, malgré la teinte verte du grès, surtout lorsque les lichens viennent perturber le regard. Néanmoins, il me semble que la Déploration du calvaire de Plourac'h est en grès arkosique (ce qui serait très logique dans le contexte qui vient d'être décrit). Mais il est bien difficile à un chercheur solitaire, en l'absence de documentation solide, de s'aventurer à de telles affirmations. Je les assume, et le lecteur les appréciera pour ce qu'elles sont.

.

Description rapide du calvaire.

.

Au centre du cimetière de l'église, il est correctement "orienté", c'est-à-dire que le Christ en croix est tourné vers l'occident. Il occupe sans doute son emplacement d'origine

Le soubassement monolithique carré en granite, à bords biseautés est posé sur un édifice de quatre rangs de pierres de taille doté d'une table d'offrande vers l'ouest.

Il porte trois fûts de granite : les deux gibets des Larrons, de section carrée, puis polygonale puis ronde, et le fût plus élevé et à un croisillon, alternant les mêmes sections, du Crucifix. Chacun porte, par un tambour mouluré, soit un gibet, soit une croix, cylindriques.

Sur le soubassement a été placée, devant la Croix, la Déploration à quatre personnages, peut-être en grès arkosique. Juste au dessus de ce groupe, mais sculpté dans le granite du fût, un saint Michel terrasse le dragon de la pointe de son épée. Puis deux marmousets, tenant peut-être jadis un écu, font office de croisillon, recevant les statues de la Vierge et de saint Jean (modernes : socle rectangulaire mal adapté au support). La croix cylindrique, le Christ et le titulus INRI sont modernes.

Les deux larrons en granite semblent anciens, mais de deux types différents.

Du côté oriental, un Christ aux liens en granite est posé sur le soubassement.

 

 

 

 

 

 

 

 

I. LA DÉPLORATION DU CALVAIRE.


 

1. Le matériau.

Le grès arkosique (feldspathique), à grain très fin, de couleur gris-verdâtre, du Centre Bretagne, se prête bien à la sculpture par sa relative tendreté et son aptitude à la taille. Il est abondant dans le bassin de Châteaulin, c'est-à-dire une partie du Centre-Finistère (Châteauneuf-du-faou), où il été utilisé en architecture et en sculpture (Ollivier, 1993). L'architecture domestique (bâtiments de fermes, manoirs) et l'architecture religieuse (église du Cloître-Pleyben, sacristie de Pleyben, chapelles) lui ont fait largement appel aux XVème, XVIème et XVIIème siècles. Dans le domaine de la sculpture, P. Eveillard  en a découvert l' emploi dès le second Age du fer et à la période gallo-romaine (génie au cucullus) . Aux XVIème et XVIIème siècles, il alimenta une statuaire abondante (plusieurs rondes-bosses dans les calvaires de Pleyben et de Saint Venec en Briec, par exemple) et concurrença même le célèbre kersanton. Voir l'analyse de Louis Chauris, Les grès verts de Châteaulin,  cité en bibliographie.

Il était déjà employé à Laz vers 1350, dans un groupe du cavalier mourant conservé près de l'église, déjà  présenté ici. Puis vers 1470 sur le bas-relief de la Vierge de Pitié aux anges de tendresse de la porte d'entrée de l'ancien presbytère. Puis, le sculpteur désigné par le nom de convention de Maître de Laz l'employa en 1527 pour la Déploration du calvaire de l'ancien cimetière. 

Ce Maître de Laz est aussi l'auteur de la Déploration de l'église de Plourac'h, presque similaire, mais aussi de celle de Saint-Hernin et de la Pietà de Briec-sur-Odet. Mais aussi de trois autres statues de l'église de Plourac'h, celles de Saint-Patern, de Saint-Adrien, et de Sainte-Marguerite.

Le même matériau est employé au milieu du XVIe siècle pour la belle Trinité du porche de Clohars-Fouesnant.

Il est souvent confondu avec le kersanton (comme pour cette Déploration dans la description de Y.P. Castel).

Sur les sculptures en grès arkosique feldspathique :

.

2. Le thème de la Déploration (souvent assimilé aux Vierges de Pitié)

 

Les représentations sculptées de la Vierge de Pitié, tenant le corps de son Fils déposé de la croix, soit seule (Pietà), soit entourée de plusieurs personnages (Déplorations), apparaissent au XVe siècle (Pietà du calvaire de Tronoën, de Plozévet, de  Quintin, chapelle N.D. des Portes ; Déplorations de La Chapelle-des-Fougeretz au nord de Rennes, du Musée départemental breton de Quimper etc.) et témoignent de l'importance, dans le duché de Bretagne, du culte centré sur les plaies du Christ crucifié et le sang versé, d'une part, et su les larmes ou le chagrin suscités chez le chrétien par cette mort, d'autre part.

 

 

Ce culte s'amplifie encore au XVIe siècle avec la multiplication des calvaires,  où les pietà ou déplorations sont rarement absentes, et des verrières de la Crucifixion avec leur scènes de la Pâmoison ou de la Déploration. Dans cette dévotion associant pour le fidèle méditation devant la mort du Rédempteur, élan de chagrin intériorisé, larmes versées et gratitude, Marie-Madeleine est un personnage majeur, par sa participation aux soins ("embaumement") et par l'intensité de son chagrin.

 

 

.

3. Description.

 

.

Aucune trace de polychromie n'est visible sur la pierre gris-vert seulement marquée par  des lichens ras, blancs et verts, et par des micro-organismes. La pierre est de grain fin, striée par de fines lignes obliques vers le haut et la gauche.

Jean et la Vierge sont assis et portent le corps du Christ sur leurs genoux, tandis que Marie-Madeleine est debout ; mais pourtant les trois personnages ont la même taille. Le Christ est dans la posture la plus classique dans les Vierges de Pitié, la tête vers notre gauche, le bras droit vertical et le bras gauche tenu par sa Mère ; mais de façon très inhabituelle les plaies ne sont pas figurées (alors que le nombril et les mamelons le sont). Le relief des côtes n'est pas indiquée.

Il est couronné d'épines, la bouche entrouverte, barbu, les cheveux mi-longs descendant en mèches peignées et  bouclées. Ses jambes fléchies longent la jambe gauche de Marie, les pieds ne sont pas croisés. Le corps ne repose pas sur un suaire, mais sur les pans des manteaux de Jean et Marie, qui forment sur le socle une série de plis. Seul, le pied nu de Jean est visible parmi ces plis.

Jean épaule la Vierge, mais sa tête et son regard sont tournés vers la droite, vers l'extérieur, tandis que sa main droite posée sur la joue lui donne un air consterné ou perdu.

Il est vêtu d'un manteau dont il retient le pan droit de la main gauche, et d'une robe fortement plissée aux manches, et dont l'encolure est marquée par un galon. Son visage rond est encadré par les mèches bouclées  descendant sur les épaules ; les yeux sont ombragés par des orbites profondes.

La Vierge porte le manteau-voile, qui encadre sa tête sans plis ni ailes, la guimpe, une robe aux manches aussi plissées que celle de Jean, et serrée par une ceinture de cuir. Son visage rond  est inexpressif, le nez est fort, les lèvres avancées. 

À son habitude, Marie-Madeleine brille par son élégance (la bride perlée de son manteau, le pan droit du manteau fixé par une troussière au poignet gauche) et par ses longs cheveux dénoués. Elle porte par un geste délicat de la main gauche un flacon d'aromates  au pot strié et au couvercle conique, mais rien n'indique ici qu'elle s'apprête à l'utiliser, et sa main droite repose sur sa poitrine. Elle a le visage le plus animé des trois personnages, sans doute par la ligne des paupières, et une bouche plus fine.

.

 

 

 

 

 

.

 


 

 

Voir les autres Déplorations (classées par ordre chronologique approximatif) :
 

.

 

 


 

 

 

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

Déploration (grés arkosique , début du XVIe siècle) du calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h. Photographie lavieb-aile juin 2023.

.

.

LE CALVAIRE PROPREMENT DIT.

.

I. LA FACE PRINCIPALE, OCCIDENTALE.

.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

.

.

Saint Michel [saint Georges] terrassant le dragon.

.

Ce saint est sculpté dans la masse du fût lui-même, comme à Brasparts, Saint-Hernin, Mellac, et Motreff, mais son bouclier n'est pas rond (Brasparts, Motreff), il a la forme d'un écu (Saint-Hernin, Mellac, Laz). Comme à Laz, il est orné d'une croix, ce qui peut inciter à y voir saint Georges.

Malgré l'érosion du granite, on devine qu'il est en armure  ; sa très longue épée passe en diagonale devant lui pour menacer de sa pointe la gueule d'un dragon bien moins développé que sur les autres calvaires.

.

 

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

.

.

Les marmousets formant le croisillon.

.

Yves-Pascal Castel désigne sous le nom de "marmouset" ces personnages qui fanfaronnent et bombent le torse sur tous  les calvaires de notre série. Ils peuvent être plus nombreux, mais ici ils ne sont que deux pour servir de support aux  deux personnages du pied de la croix. Ils tendent les bras en arrière pour tenir (uniquement sur cette face) un écusson. C'erst la comparaison avec d'autres calvaires, où il est plus facile d'affirmer qu'il s'agit d'un écu, qui permet de distinguer ici cet accessoire.

La forme des bonnets ou les détails des tuniques sont effacés par l'érosion.

.

 

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

.

.

Le Christ en croix, la Vierge et saint Jean.

.

René Couffon indique que le Christ et sa croix sont modernes ; mais je pense que la Vierge et saint Jean, qui regardent tous les deux en l'air et non vers le Christ, et dont le socle est rectangulaire, sont également modernes.

Il est vraisemblable que le Christ d'origine était accompagné des anges hématophores habituels.

.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

.

.

Les Larrons.

.

Ils sont liés de façon différente ; et seul le mauvais Larron a la jambe droite  fléchie à angle droit, l'autre seule étant liée. L'un porte une culotte (sans crevés, qui viendront plus tard avec la Renaissance) et l'autre un pagne. Les cheveux "en boules " du Mauvais Larron rappelent le style de l'Atelier du Folgoët (qui réalisa le porche).

.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

.

.

II. LA FACE ORIENTALE.

.

On n'y trouve que la statue en ronde-bosse, apparemment taillé dans le bloc du fût, d'un Christ aux liens en granite,  assis, lié aux poignets et aux chevilles, et dont la main droite brisée tenait sans-doute le roseau de la dérision.

.

 

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

Le calvaire du cimetière de l'église de  Plourac'h (début du XVIe siècle). Photographie lavieb-aile juin 2023.

.

.

 

SOURCES ET LIENS.

 

CHAURIS (Louis), 2010, Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne Deuxième partie : Roches sédimentaires, Revue archéologique de l'Ouest.

https://journals.openedition.org/rao/1384?lang=enLes

COUFFON (René), 1939, "Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint Brieuc et Tréguier" page 174[390] et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562108b/f202.image.r=plourach

COUFFON (René), 1955, L'église de Plourac'h, Bulletin monumental,113-3 pp.193-204.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1955_num_113_3_3777

 

COUFFON (René), 1958, L'Iconographie de la Mise au tombeau en Bretagne In: Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne vol. 38 (1958) p. 5-28.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/63d185fba515a3.55783169/1958_01.pdf

ÉVEILLARD (Jean-Yves), 1995, Statues de l'Antiquité remaniées à l'époque moderne: l'exemple d'une tête au cucullus à Châteauneuf-du-Faou (Finistère) Revue archéologique de l'Ouest année 1995  12  pp. 139-146

https://www.persee.fr/doc/rao_0767-709x_1995_num_12_1_1029

LE SEAC'H (Emmanuelle), 2015, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, Presses Universitaires de Rennes pages 249-250.

— OLLIVIER, (Sophie), 1993 -L'architecture et la statuaire en grès arkosique dans la vallée de l'Aulne centrale. Mém. de maîtrise d'histoire (inédit), J.Y. Eveillard, dir., U.B.O., Brest, 2 vol.

PAVIS-HERMON, 1968, Dossier IA0003364 de l'Inventaire général et M.M TUGORES, D. MOREZ 1968

https://www.patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/eglise-paroissiale-saint-jean-baptiste-plourac-h/b32b053d-fc6d-47a2-9d79-5d9cfde4ddd9

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00003364_01.pdf

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00003364_02.pdf

 

ROLLAND (Jean-Paul), s.d "Contexte dans laquelle cette église fut construite"

https://bibliotheque.idbe.bzh/data/cle_242/Plourach_annexe.pdf

 


 

Partager cet article
Repost0
10 juillet 2023 1 10 /07 /juillet /2023 09:44

Le calvaire du cimetière de Laz (granite et kersantite, 1563) et sa Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527).

.

 

 

 

 

 

 

 

PRÉSENTATION.

.

Le calvaire de Laz est situé aujourd'hui au centre du cimetière. Son soubassement rectangulaire ou "mace" en granite forme un emmarchement de 4 mètres où trois blocs cylindriques recoivent les fûts des trois croix. Une loge à l'arrière est fermée par une porte en bois.

Un support en granite de 1,25 m de haut, proche d'une table d'offrande, est installé devant le soubassement et porte la Déploration, datée et signée.

Les gibets de section ronde portent les larrons, celui de gauche étant moderne. Le fût central à pans sur socle cubique et console figurée porte un croisillon à deux statues modernes, celle de la Vierge et de saint Jean. Sur un nœud portant l'inscription Ecce Homo 1563, le  second étage de fût porte le Crucifix à anges aux calices, et un Christ aux liens.

Yves Pascal Castel en a donné un croquis avec relevé partiel de l'inscription de 1527 :

.

 

 

 

.

.
.


I. LA DÉPLORATION (grès arkosique, Maître de Laz/Yvon Fichaut?, 1527).

.

 

1. Le matériau.

Le grès arkosique (feldspathique), à grain très fin, de couleur gris-verdâtre, du Centre Bretagne, se prête bien à la sculpture par sa relative tendreté et son aptitude à la taille. Il est abondant dans le bassin de Châteaulin, c'est-à-dire une partie du Centre-Finistère (Châteauneuf-du-faou), où il été utilisé en architecture et en sculpture (Ollivier, 1993). L'architecture domestique (bâtiments de fermes, manoirs) et l'architecture religieuse (église du Cloître-Pleyben, sacristie de Pleyben, chapelles) lui ont fait largement appel aux XVème, XVIème et XVIIème siècles. Dans le domaine de la sculpture, P. Eveillard  en a découvert l' emploi dès le second Age du fer et à la période gallo-romaine (génie au cucullus) . Aux XVIème et XVIIème siècles, il alimenta une statuaire abondante (plusieurs rondes-bosses dans les calvaires de Pleyben et de Saint Venec en Briec, par exemple) et concurrença même le célèbre kersanton. Voir l'analyse de Louis Chauris, Les grès verts de Châteaulin,  cité en bibliographie.

Il était déjà employé à Laz vers 1350, dans un groupe du cavalier mourant conservé près de l'église, déjà  présenté ici. Puis vers 1470 sur le bas-relief de la Vierge de Pitié aux anges de tendresse de la porte d'entrée de l'ancien presbytère. Puis, le sculpteur désigné par le nom de convention de Maître de Laz l'employa en 1527 pour la Déploration du calvaire de l'ancien cimetière. 

Ce Maître de Laz est aussi l'auteur de la Déploration de l'église de Plourac'h, presque similaire, mais aussi de celle de Saint-Hernin et de la Pietà de Briec-sur-Odet. Mais aussi de trois autres statues de l'église de Plourac'h, celles de Saint-Patern, de Saint-Adrien, et de Sainte-Marguerite.

Le même matériau est employé au milieu du XVIe siècle pour la belle Trinité du porche de Clohars-Fouesnant.

Il est souvent confondu avec le kersanton (comme pour cette Déploration dans la description de Y.P. Castel).

Sur les sculptures en grès arkosique feldspathique :

.

2. Le thème de la Déploration (souvent assimilé aux Vierges de Pitié)

 

2°) Les représentations sculptées de la Vierge de Pitié, tenant le corps de son Fils déposé de la croix, soit seule (Pietà), soit entourée de plusieurs personnages (Déplorations), apparaissent au XVe siècle (Pietà du calvaire de Tronoën, de Plozévet, de  Quintin, chapelle N.D. des Portes ; Déplorations de La Chapelle-des-Fougeretz au nord de Rennes, du Musée départemental breton de Quimper etc.) et témoignent de l'importance, dans le duché de Bretagne, du culte centré sur les plaies du Christ crucifié et le sang versé, d'une part, et su les larmes ou le chagrin suscités chez le chrétien par cette mort, d'autre part.

Ce culte s'amplifie encore au XVIe siècle avec la multiplication des calvaires,  où les pietà ou déplorations sont rarement absentes, et des verrières de la Crucifixion avec leur scènes de la Pâmoison ou de la Déploration. Dans cette dévotion associant pour le fidèle méditation devant la mort du Rédempteur, élan de chagrin interiorisé, larmes versées et gratitude, Marie-Madeleine est un personnage majeur, par sa participation aux soins ("embaumement") et par l'intensité de son chagrin.

Comme dans d'autres églises, celle de Laz associe à la Déploration de son calvaire un autre groupe, celui de la Vierge de Pitié de la porte du jardin du Presbytère, en granite vers 1470. 

 

.

3. Description.

.

Sur la face antérieure du calvaire, le groupe monumental de la Déploration est posé sur ce que je compare à une table d'offrande, rectangulaire. Sa couleur tirant sur le vert et son grain très fin le détachent du reste du calvaire en granite.

Son revers est sculpté très sommairement, derrière les personnages, et pas du tout en dessous, ce qui laisse penser que ce groupe est sur son emplacement initial.

Il mesure 1,74 m. de large, 1,25 m. de haut et 37 cm de profondeur.

Les têtes et les bustes  de Jean et Marie, le buste de Marie-Madeleine, les jambes du Christ et bien d'autres endroits ont été brisés, puis ont été rescellés au ciment-pierre, ou complétés, et solidarisés par de solides crampons en bronze.

Aucune trace de polychromie n'est visible.

Selon Le Seac'h, la Déploration se trouvait auparavant près de l'église, et a été déplacée vers 1970 avec le calvaire au milieu du cimetière (celui-ci est éloigné de l'église qui est à 200m à l'est) et placée sur la table d'offrande. Les premiers clichés du dossier de l'Inventaire montrent cette ancienne situation, avec une maison en arrière-plan. Voir aussi les cartes postales Le Doaré .

.

 

.

.

.

 

 

Le calvaire du cimetière de Laz (1563) et sa Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (1563) et sa Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

.

.

L'inscription en lettres gothiques.

.

Elle est portée sur le bord du socle polygonal et on la déchiffre ainsi :

               LAN.MIL.Vct .XX. VII .YVON FICHAUT PCULCZ

 

Soit L'an mille cinq cent vingt sept Yvon Fichaut PCULCZ.

L'énigme de la lecture de PCULCZ reste débattue, mais la proposition de René Couffon d'y lire PCULUCS (Couffon 1988) ou de l'interprêter  comme p(ro)cul(eur) l(an) pour Procureur (à la tête du conseil de fabrique) (Couffon 1959)  est peu crédible.

En 2015, Le Seac'h suit la suggestion de Couffon mais donne la leçon suivante : YVON FICHAUT P[RO]CU[REUR] L[A]N, guère plus convaincante.

Y.P. Castel a transcrit PULSCS sur  une correction manuscrite du bordereau, ce qui ne semble pas confirmer par l'examen (cf. photo), puis  il opte en 1980 dans son Atlas  pour "PSULCS (sculps.)"

Le Z final peut être en effet  lu comme un S, mais cela ne change rien. Le P initial ne semble pas une forme abrégée de per, pré, pra, pro car il n'est pas affecté par un signe.

Yves-Pascal Castel écrivait en 1982  dans Sculpteurs de Bretagne au XVIe siècle  : 

" L’année même de la création du calvaire de Locmaria-Lan, en 1527, un autre sculpteur travaillait sa pierre dans un esprit différent. Le fascinant troupe de Notre-Dame-de-Pitié d’Yvon Fichaut, désormais placé sur la table d’offrande du calvaire de Laz, peut-être traité pour lui-même puisqu’il est antérieur à ce calvaire, daté 1563, un peu hétéroclite qui réunit des statues d’inspiration ancienne à des pièces refaites au 19iéme siècle. Le groupe de Fichaut est signalé dans les ouvrages qui en produisent et la date et le nom, mais se taisent sur les six dernières lettres de l’inscription qui court sur le socle, à moins qu’elles ne les transcrivent de manière incorrecte(R. Couffon 1959) Les caractères gothiques en relief sont bien dessinés et très lisibles : l’ an mil VCC xxvll yvon fichaut psulcs. Quel rébus nous proposent donc les six dernières lettres? Est-ce un anagramme volontaire, est-ce méprise d’un tailleur de pierre, illettré comme l’étaient la plupart? Telles qu’elles sont rangées, les lettres ne veulent rien dire, mais ne peut-on pas y voir celles de l’abréviation sculps(it)? en les disposant ainsi 

Yvon Fichaut serait alors le nom de l’artiste qui signe largement son œuvre et non celui d’un procureur, comme le pense R. Couffon."

La consultation du site généanet montre que le patronyme FICHAUT est attesté au XVIe siècle en Bretagne, rarement mais sans ce prénom (un seul exemple : Louis Fichaut).

A. Deshayes (Dict. des noms de famille bretonne) ignore FICHAUT mais signale (Le) FICHANT dès 1427 à Cléguerec puis à Quimper. Pour Généanet, FICHANT est très présent au XVIe siècle à Pluzunet (22).

En conclusion, il faut admettre que ces six lettres finales ne peuvent être comprises malgré nos efforts, et nos désirs d'y voir une "coquille" pour "sculpsit".

La conséquence est de taille, car soit on estime avec Castel que l'œuvre est signée et que Yvon Fichaut est le sculpteur (et on sait pourtant comme les signatures de sculptures des calvaires bretons sont rares, et comme les noms qu'on y trouve sont bien plus souvent ceux des commanditaires, les fabriciens), soit on y renonce et on désigne l'auteur de ce groupe sous le nom de convention de Maître de Laz, avec Emmanuelle Le Seac'h.

.

 

.

 

 

 

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

.

.

Description.

.

"Les trois personnages, Jean, l Vierge et Marie-Madeleine, sont assis et le corps du Christ repose sur les genoux, mais la manière doint il est allongé donne l'impression qu'il repose sur un catafalque formé de trois coussins. Le sculpteur, de façon maladroite, n'a pas aligné les formes des jambes des personnages avec le haut du corps : les plis en volutes évidés et enroulés du bas des robes ne coïncident pas avec le haut. La tête du Christ est ceinte d'une couron,ne à deux tresses. Imberbe, il est fin et maigre. Son bras droit pend jusqu'au sol. La plaie sur le côté droit est creusée. Les côtes sont apparentes." (Le Seac'h)

Son pagne aux bords gaufrés pourrait être en fait constitué du manteau maternel.

Les deux pieds sont parallèles, en léger équin.

.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

.

.

La Vierge , hiératique et imposante, s'inscrit dans un triangle central. Elle est revêtue d'un grand manteau-voile qui enveloppe son visage en le moulant avant d'écarter ses pans. L'élément caractéristique de ce sculpteur est de représenter des crans gaufrés tout le long de la bordure ; et on réalise alors que le "coussin" sur lequel est allongé le Christ est une partie de ce manteau.

Le même motif cranté se retrouve sur le bord inférieur de la guimpe. Sous celle-ci, la robe décline ses épais plis verticaux, auxquels répondent les plis des larges manches. 

Le manteau se poursuit en bas pour former des petites vagues dissimulant les chaussures.

Le visage est sévère, crispé ; le nez est droit et étroit, la bouche concave.

.

 

 

 

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

.

.

Saint Jean.

.

Sa chevelure aux boucles frisés  en bigorneaux (ou macarons formés à la douille !) témoigne de la forte influence de l'Atelier du Folgoët (1423-1509), atelier qui attribue à ses anges et ses saint Jean cette coiffure.

Il porte une pèlerine courte attachée sous la gorge, et un manteau (prolongeant peut-être la pèlerine) porté sur l'épaule gauche avant de venir servir de drap sous la tête du Christ.

Ses mains disparaissent sous le manteau.

Le regard est grave, les pupilles creusées (comme le fera ensuite Roland Doré).

.

 

 

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

.

.

Sainte Marie-Madeleine.

.

Ses longs cheveux dénoués qui ruissellent sur ses épaules forment un contre-point aux gaufrures du voile de la Vierge.

Elle porte un manteau aux pans libres, qui démarre derrière sa nuque, sert de crap aux jambes du Christ pui descend jusqu'au sol.

Sa robe à décolleté carré soulignée d'un large galon et d'un bouton (ou médaillon) recouvre une chemise fine couvrant la gorge. De ses manches, plus larges que celles de la Vierge, et plissées, sortent des mains fines, l'une soulevant le couvercle d'un pot d'aromates que l'autre soutient. Elle se prépare donc à effectuer un geste de soins.

La robe est lachement serrée par une ceinture decsndant en V sur le ventre.

Le visage est déteminé, les yeux en amande à pupille creusée donnent à la sainte une allure  éveillée tendue vers l'action.

Pour E. Le Seac'h, qui a créé le catalogue du Maître de Laz et décrit son style, "les yeux bridés participent du style du sculpteur avec  le visage rectangulaire. L'arête entre le front et les paupières est douce. Le nez est droit avec un léger raccourcissement au niveau de la pointe, ce qui atténue la sévérité des visages? En plus des gaufrures significatives du Maître de Laz, le travail sur le contraste des lignes est marquant."

.

 

 

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz.  Photographie lavieb-aile.

La Déploration (grès arkosique, Maître de Laz 1527) du calvaire de Laz. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de Laz et sa Déploration.

.

.

LE CALVAIRE PROPREMENT DIT.

.

Le calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527, granite, 1563, et XIXe). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527, granite, 1563, et XIXe). Photographie lavieb-aile.

.

.

.
.


II. LE CALVAIRE : SAINT GEORGES [ou saint Michel] TERRASSANT LE DRAGON (grès arkosique, Maître de Laz/Yvon Fichaut?, 1527). Console inférieure en forme de masque sur la face principale du fût.

.

Je décris cette statue juste après la Déploration, car je crois y reconnaître le même matériau, le grès arkosique, à son grain et à sa teinte.  Or, les auteurs l'ont décrit (en y voyant saint Michel) de façon différente.

Pour E. Le Seac'h (p. 248), c'est une œuvre du XIXe siècle.

Pour Y-P. Castel, au contraire, la statue pourrait dater de 1527 (Déploration) plutôt que de 1563. Mais elle est pour lui en pierre de kersanton. Tout en le décrivant comme un saint Michel, il souligne que la croix du bouclier en fait plutôt un saint Georges. Dans sa description de 1980, il le désigne comme saint Georges.

Deux autres critères d'attribution au Maître de Laz sont le creusement des pupilles, d'une part, et la chevelure aux boucles tressées en macarons . En outre, la console est plus étroite que le socle de la statue, ce qui indique une réalisation antérieure à l'édification du calvaire en 1563.

Le saint est en armure complète, recouverte d'une cape ; le chevalier terrasse le dragon de la pointe de son épée (brisée).

Cinq calvaires de la même époque comportent un saint "Michel" au dessus d'une Déploration :   ceux de Brasparts (vers 1500), de Mellac (vers 1500), de Motreff,  (vers 1500), de Saint-Hernin (dont la Déploration en grès est du Maître de Laz) et de Plourac'h (XVIe). Et ces calvaires ont de nombreux points en commun, comme les marmousets servant de console.

.

On comparera avec intêret ce saint Georges avec un autre chevalier sculpté par le Maître de Laz : le saint Adrien de l'église de Plourac'h. On y retrouve le même tratement de la chevelure en trois étages  de boucles-macarons, et les mêmes pièces d'armures (solerets, pièces en losange des genouillères, bords de la cotte). Je rappelle que son commanditaire, Charles Clévédé, était à la fois seigneur de Kerlosquet en Plourac'h et de Coatbihan en Laz  (en 1632, le curé de Laz était Jean de Clévédé). 

"L’ensemble castral de « RozVen Plaz » dont la fameuse chapelle castrale est devenue église paroissiale au XViéme  a constitué l’amorce du bourg de Laz. Plusieurs vestiges militent pour une résidence en ce lieu de branches de la famille « Glas » en particulier les CLESVEDE ou GLEVEDEN dont les armes, devenues celles de la commune, figurent sur une pierre ancienne, aujourd’hui encastrée dans le clocher de l’église. Cette famille était implantée depuis longtemps dans son manoir du Veroudy en Laz, aujourd’hui Coat Bihan et dominait le versant sud de la commune actuelle. Par un mariage en 1427, ils s’allient aux Glaz, sieurs de Kerohan et dominent donc aussi le versant nord, y compris le Roz Ven Plaz où ils construisent la chapelle castrale et probablement une demeure adjacente, dont le « Tribunal » pourrait être le reste." (Lazaloeil 2007)

 

.

Saint Adrien (grès feldspathique polychrome, vers 1527), église de Plourac'h. Photo lavieb-aile.

.

Saint Adrien (Maître de Laz, grès feldspathique polychrome, vers 1527) de l'église de Plourac'h. Photo lavieb-aile.

.

 

 

 

 

 

 

Saint Georges,  calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges, calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges,  calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges, calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges,  calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges, calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges,  calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges, calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges,  calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

Saint Georges, calvaire du cimetière de Laz (grès arkosique, Maître de Laz 1527). Photographie lavieb-aile.

.

.

 

 

III. LE FÛT EN GRANITE MONOXYLE DU CALVAIRE.

.

Avant d'avancer dans la description du calvaire, je voudrais souligner que le fût central, les deux masques servant de console, les deux marmousets soutenant le croisillon, et ce croisillon lui-même puis le petit personnage identifié comme Adam, sont sculptés dans une seule pièce de pierre, un leucogranite.

Au dessus du nœud polygonal, une nouvelle pièce porte la croix, le Christ, les anges, le titulus et l'inscription de 1563.

.

Les marmousets.

C'est le nom de convention choisi par Y.P. Castel pour des petits personnages servant de console sur nos calvaires, souvent habillés en écuyer avec une veste à gros boutons et un bonnet sous une chevelure mi-longue, par deux, trois ou quatre, le nez un peu épaté, grimaçant parfois, se tenant par la main parfois encore en ronde, ou, ailleurs, tenant un écu. On constate que ces marmousets se retrouvent sur les calvaires de Saint-Nic, ou de Saint-Venec en Briec, mais aussi sur les calvaires contemporains de celui-ci et comportant des déplorations ou des statues en grès arkosiques :

.

 

 

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

.

.

Le personnage au pied de la Croix serait Adam.

.

Il est vêtu d'une longue tunique et sa chevelure est abondante  ;  il est adossé au fût, le visage tourné vers le ciel, "dans l'attitude su sommeil". Emerge-t-il des limbes sous l'effet de la Rédemption ?

.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, 1563). Photographie lavieb-aile.

.

.

 

 

IV. LES STATUES DU CROISILLON : LA VIERGE ET SAINT JEAN.

.

Elles datent du XIXe siècle et sont en granite.

.

Le calvaire du cimetière de Laz (restauration, XIXe). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (restauration, XIXe). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (restauration, XIXe). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (restauration, XIXe). Photographie lavieb-aile.

.

.

 

V. LE CHRIST EN CROIX ET LES TROIS ANGES HÉMATOPHORES (1563).

.

L'ange de gauche reçoit le sang s'écoulant de la main droite et du flanc droit, celui de droite celui de la main gauche, l'ange du bas celui des plaies des pieds.

Ces anges déjà présents sur le calvaire de Tronoën (v. 1470) témoignent de l'importance donnée aux plaies du Christ crucifié et au sang versé.

Le titulus INRI est écrit en lettres bifides et perlées.

Comme pour le fût, la croix, le Christ, les anges et leur calice, les jets de sang , le Christ aux liens au verso, tout me paraît taillé dans le même bloc de pierre, ce qui est une performance remarquable. Mais je m'étonne de l'aspect très lisse et gris du corps du Christ (et du Christ aux liens) : n'avons-nous pas affaire là encore au grès arkosique ?

.

 

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

.

 

VI. AU DOS DE LA CROIX : LE CHRIST AUX LIENS  ET L'INSCRIPTION "ECCE : HOMO : 1563".

.

Il porte le manteau et le roseau de la dérision, il est couronné d'épines, et ses poignets sont liés.

 

.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

.

.

L'inscription en caractères romains.

.

 

 

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite ?, 1563). Photographie lavieb-aile.

.

.

 

VII.  À MI-HAUTEUR DU FÛT, FACE SECONDAIRE : UN SAINT ÉVÊQUE (kersanton ?, XVe siècle).

.

Y.-P. Castel et E. Le Seac'h s'accordent pour voir là la statue la plus ancienne du calvaire. Elle mesure 70 cm et Castel remarque "la pierre de kersanton  très sombre, différente des autres kersantites utilisées dans les calvaires".

C'est un saint évêque sans attribut, mitré, bénissant et tenant sa crosse (brisée), vêtu d'une chasuble gothique terminée en pointe et à plis "en becs".

.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite , XVe s). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite , XVe s). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite , XVe s). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite , XVe s). Photographie lavieb-aile.

.

.

 

VIII. LE GIBET DU BON LARRON (XIXe siècle) ET CELUI DU MAUVAIS LARRON (XIVe siècle).

.

Le Bon larron (granite, XIXe siècle ; inspiré du Mauvais larron).

.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, XIXe s). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (granite, XIXe s). Photographie lavieb-aile.

.

.

Le Mauvais larron (kersanton, XVIe siècle).

Notez les différences : les bras ne sont pas liés par les poignets  sur le devant de la traverse (ce qui rapprocherait trop ces larrons du Christ) mais ramenés vers l'arrière. Seul le pied droit est lié, l'autre, libre, est fléchi (les larrons ont eu les jambes brisées par les soldats). La braguette du pantalon est signalée par ses boutons. La ceinture est large et ornée d'un bouton. Ces détails se retrouvent sur les calvaires bretons du XVIe siècle.

Par contre, les larrons des calvaires du XVIe siècle ne portent pas, en général, le pantalon, mais une culotte à crevés. 

 

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite, XVIe s). Photographie lavieb-aile.

Le calvaire du cimetière de Laz (kersantite, XVIe s). Photographie lavieb-aile.

.

.

SOURCES ET LIENS.

 

—CASTEL (Yves-Pascal), PAVIS (F.), HERMON (J.F.) [ou PAVIS-HERMON], 1966, 1972 et 1986, Dossier IA00005124 réalisé pour l'Inventaire général et bordereau en pdf

https://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00005124_01.pdf

 

https://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ca8a0fbd-e3f6-485a-aca2-f55f79e25f75

—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/laz.html

— Base Palissy

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00005124

.

CHAURIS (Louis), 2010, Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne Deuxième partie : Roches sédimentaires, Revue archéologique de l'Ouest.

https://journals.openedition.org/rao/1384?lang=enLes

"Les grès verts du bassin de Châteaulin

Des niveaux gréseux affleurent au sein des schistes bleus du bassin carbonifère de Châteaulin. Tous les intermédiaires apparaissent entre des schistes gréseux encore fissiles, riches en minéraux phylliteux, et des grès feldspathiques plus massifs, caractérisés par leur teinte verte ou gris-vert. Le faciès gréso-feldspathique est formé de quartz non jointifs – ce qui facilite le façonnement – et de plagioclases, moins nombreux, dans un fond phylliteux qui rend compte du caractère tendre de la roche (la nuance verdâtre est due à la chlorite). Ce grès feldspathique fournit de beaux moellons et des pierres de taille, voire même des éléments aptes à la sculpture (Eveillard, 2001).

Ce matériau a déjà été utilisé dans la cité gallo-romaine de Vorgium (aujourd’hui Carhaix – cf. photo IV). Son emploi, à nouveau attesté dès le xvie siècle, prend une place essentielle dans les constructions, à Carhaix et dans ses environs : manoir de Lanoënnec (porte avec cintre en deux éléments, fenêtre avec linteau à accolade) ; manoir de Crec’h Henan (xviie siècle ? avec beaux moellons) ; manoir de Kerledan (xvie siècle, avec érosion en cupules) ; château de Kerampuil (1760, soubassement) ; Kergorvo (portes) ; manoirs de Kerniguez : grand manoir (superbes moellons) et petit manoir (moellons pouvant atteindre un mètre de long, en assises d’épaisseurs diverses, correspondant à la puissance des bancs dans les carrières). A Carhaix même, dans la maison du Sénéchal (xvie siècle), belle cheminée à l’étage. On retrouve ce grès dans les élévations de l’église de Plouguer, ainsi que dans celles de l’église de Saint-Trémeur (parties du xixe s.), dans la façade occidentale de la chapelle du couvent des Hospitalières (xviie siècle) ou au manoir de Maezroz près de Landeleau : photo V, VI… (Chauris, 2001c).

Les Travaux publics ont également fait appel à cette pierre locale. Dans les ouvrages du canal de Nantes à Brest (première moitié du xixe siècle), toujours aux environs de Carhaix, elle a été utilisée sous des modalités diverses : en beaux moellons pour le couronnement du parapet d’un pont près de l’écluse de l’Île ; en petits moellons pour le soubassement des maisons éclusières de Pont Dauvlas, de Kergouthis… ; les faciès plus schisteux – et par suite plus fissiles – ont été recherchés pour le dallage médian des bajoyers de quelques écluses (Kervouledic, Goariva), voire comme dalles devant la maison éclusière (Goariva…). De même, les infrastructures ferroviaires ont aussi employé ce matériau local (pont franchissant le canal au sud-est de Kergadigen).

Mais cette pierre n’a pas été recherchée uniquement autour de Carhaix ; en fait, elle a été utilisée un peu partout dans le bassin de Châteaulin. À Pleyben, dans l’église paroissiale – qui remonte en partie au xvie siècle – le grès vert joue un rôle essentiel en sus du granite : élévation méridionale ; sacristie édifiée au début du xviiie siècle (le grès est alors extrait des carrières de Menez Harz et de Ster-en-Golven) ; la même roche a été aussi utilisée pour l’ossuaire (xvie siècle) et l’arc de triomphe (xviiie), où elle présente quelques éléments bréchiques. également à Pleyben, la chapelle de Gars-Maria, y recourt localement en association avec des leucogranites. À Châteauneuf-du-Faou, dans la vaste chapelle Notre-Dame-des-Portes (fin du xixe siècle), ce grès est en association avec divers granites ; les traces d’outils de façonnement y sont très nettes sur les parements vus. Comme aux environs de Carhaix, les grès verts ont également été recherchés, plus à l’ouest, pour l’habitat.

Ces grès ont aussi été mis en oeuvre dans la statuaire : parmi bien d’autres, évoquons les statues dressées au chevet de l’église de Laz, la statue de Saint-Maudez au Vieux-Marché (Châteauneuf-du-Faou), celle de Saint-Nicolas dans la chapelle N.-D. de Hellen (Edern), plusieurs personnages du célèbre calvaire de Pleyben… Quelques éléments de la chapelle – ruinée – de Saint-Nicodème, en Kergloff, ont été remployés lors de la reconstruction de la chapelle Saint-Fiacre de Crozon, après la dernière guerre ; en particulier de superbes sculptures d’animaux ont été emplacés à la base du toit dans la façade occidentale (Chauris et Cadiou, 2002).

Cette analyse entraîne quelques remarques de portée générale.

Dans un terroir dépourvu de granite, artisans et artistes locaux ont su mettre en œuvre un matériau qui, au premier abord, ne paraissait pas offrir les atouts de la « pierre de grain » qui affleure au nord et au sud du bassin.

Ce matériau local, utilisé dans les édifices les plus variés, confère au bâti du bassin de Châteaulin une originalité architecturale. Son association fréquente aux granites « importés » induit un polylithisme du plus heureux effet. Parfois, le grès a même été exporté vers les bordures du bassin, au-delà de ses sites d’extraction.

Du fait de ses aptitudes à la sculpture, le grès vert a été très tôt recherché pour la statuaire. Il joue localement le rôle des célèbres kersantons de la rade de Brest, à tel point que, dans un musée dont nous tairons le nom, une statue du xvie siècle, a été rapportée au kersanton, alors qu’en fait elle est en grès vert : hommage inconscient à ce dernier matériau !

L’emploi de cette roche singulière, constant pendant plusieurs siècles (au moins du xvie au début du xxe siècle) paraît aujourd’hui totalement tombé dans l’oubli. Ses qualités devraient susciter une reprise artisanale, tant pour les restaurations que pour les constructions neuves."

 

COUFFON (René), 1988, Notice sur Laz, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/LAZ.pdf

Calvaire du XVIe siècle des ateliers de Scaër, remonté dans le cimetière : sur le massif rectangulaire, trois croix. Sur le socle, grande Pietà très semblable à la Descente de croix de Plourac'h : le corps du Christ est étendu au pied de la croix, sur les genoux de la Vierge Marie, de saint Jean et de la Madeleine. Ce groupe porte une inscription en lettres gothiques : "LAN MIL VcXXVII. YVON. FICHAUT. PCULUCS." Au revers du Crucifix, Ecce Homo daté 1563.

 

COUFFON (René),1959, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Saint-Brieuc, 1959, p. 191.

"Le calvaire porte l’inscription L’an mil vcc xxvll. Yvon fichaut p(ro)cul(eur) l(an)"

ÉVEILLARD (Jean-Yves), 1995, Statues de l'Antiquité remaniées à l'époque moderne: l'exemple d'une tête au cucullus à Châteauneuf-du-Faou (Finistère) Revue archéologique de l'Ouest année 1995  12  pp. 139-146

https://www.persee.fr/doc/rao_0767-709x_1995_num_12_1_1029

LE SEAC'H (Emmanuelle), 2015, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, Presses Universitaires de Rennes pages 249-250.

— OLLIVIER, (Sophie), 1993 -L'architecture et la statuaire en grès arkosique dans la vallée de l'Aulne centrale. Mém. de maîtrise d'histoire (inédit), J.Y. Eveillard, dir., U.B.O., Brest, 2 vol.

 

Partager cet article
Repost0