Les sablières, les blochets et les statues de l'église Sainte-Pitère de Le Tréhou. I .
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Voir sur l'église de Le Tréhou :
Les deux crossettes de l'église Sainte-Pitère de Le Tréhou (vers 1555)
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—Sur les sablières bretonnes :
Les sablières, entraits et poinçons de l'église Notre-Dame et Saint-Michel de Quimperlé.
Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).
L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623), les blochets et poinçons.
L'intérieur de l'oratoire Notre-Dame de l'abbaye de Daoulas.
Sur les sablières et sculptures du Maître de Pleyben :
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A la naissance des Monts d’Arrée, la richesse du Tréhou s’est construite essentiellement grâce à la culture et surtout au tissage du lin entre le XIIIe et le XIXe siècle. La commune était d’ailleurs, comme d’autres, sous l’influence des «Juloded», paysans-marchands acheteurs de lin et revendeurs de toile, attestés dès le XVe siècle. On y dénombrait 27 « kandi », ces abris permettant le rouissage du lin dans un bassin, et 141 métiers à tisser. L’église Sainte-Pitère, construite au 16e siècle, est remaniée au siècle suivant.
" L'église, en forme de croix latine, comprend une nef de six travées avec bas-côtés et un choeur terminé par un chevet à pans coupés. Au droit de la troisième travée, plus longue, deux chapelles en ailes forment faux transept. L'édifice actuel, du type à nef obscure et lambrissée, date du XVIIe siècle et a été remanié au XVIIIe siècle. Les grandes arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers octogonaux sans chapiteaux. Dates relevées : 1753 sur le pilier sud du choeur, 1772 dans la nef" (Couffon)
Mais il faut ajouter que si le clocher porte la date de 1649, le chevet porte celle de 1555, le calvaire la date de 1578, la sablière du porche sud celle de 1610. Enfin, la statue du Christ aux liens (infra) est datée de 1547.
Les sablières Renaissance, les blochets et les statues les plus anciennes de l'église peuvent donc être datées entre 1547 et 1610.
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Je vais faire un tour de l'église, attentif à toutes ses sculptures intérieures, mais les éléments les plus remarquables sont :
Sablières : les deux licornes (au nord) et la scène de labour (au sud)
Statues : le Christ aux liens (1547) ; sainte Marguerite ; les saints Adrien, Sébastien et Roch invoqués contre la peste ; sainte Pitère.
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Premier entrait à engoulant de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Le premier entrait à engoulant.
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Premier entrait à engoulant de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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LES BLOCHETS DE LA NEF.
Ils représentent tous des hommes barbus tenant un livre sous le coude, et, la plupart, un bâton brisé (croix ? crosse ? canne ? ). La partie inférieure du corps manque. Ils sont vêtus d'un manteau dont il tienne l'un des pans, et d'un pourpoint à boutons ronds médians. On peut penser aux apôtres, ou à des pèlerins.
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LES SABLIÈRES ET BLOCHETS DES BAS-COTÉS .
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Les sablières du Tréhou en bois polychrome ne manquent pas d'intérêt, et Sophie Duhem, dans son étude des sablières sculptées de Bretagne de 1997, y a consacré plusieurs pages, soulignant l'intensité des couleurs et surtout l'emploi de la technique du dégradé, comme à Saint-Thomas de Landerneau : des dégradés délicats assurent en effet la transition des tons.
Deux scènes sont particulièrement remarquables, celle des licornes affrontées tenus par un homme (bas-coté nord) et celle du labour (chapelle du bas-coté sud) à laquelle je consacre un article séparé.
Mais le déploiement du vocabulaire Renaissance mérite aussi l'attention, avec les mascarons, les cuirs, les putti, les volutes.
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Les quatre sablières sculptées du bas-coté nord. N1 à N4.
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Première sablière sculptée N1 .
Vue générale.
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Vue de détail de N1 : main tenant un phylactère AGNUS DEI et ange allongé tenant un panneau muet.
Dégradés bleu, jaune, rose de la tunique de l'ange.
Première sablière sculptée du bas-coté nord de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Deuxième sablière nord : N2. mur ouest de la chapelle du bas-coté nord.
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Sablière N2 : feuillage, cuir découpé, bande à volute, anges présentant un panneau.
Note : seule la moitié supérieure est conservée.
Deuxième sablière sculptée du bas-coté nord de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Troisième sablière nord N3.
Vue générale.
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La sablière N3 : masque animal puis homme tenant les cornes de deux licornes.
"L'origine des modèles ne fait aucun doute : tous [grylles, sirènes, centaures] proviennent de l'imagerie bas-médiévale européenne. Ce que nous avons observé pour la sirène, et qui s'avère valable pour les centaures et les licornes.
Ces dernières apparaissent sur une trentaine de sablières sous l'apparence commune de chevaux dotés de cornes frontales. Si quelques licornes sont représentées isolées ( à Gourin, Malestroit, Plouaret, chapelle Saint-Eloi de Saint-Nicolas-du-Pélem, Ch. de Burtulet à Saint-Servais), la plupart sont insérées dans des saynètes classiques de l'iconographie médiévale. L'image de la licorne affrontée au lion [se trouve à ] Châtelaudren, Grâces-Guingamp, Trémeur et Locmalo (Ch. de Kerlénat) [ou en 1652 à la chapelle N.D de Crénénan à Ploerdut.] Sur quelques poutres, le lion est remplacé par une hydre ou un dragon comme à Kerpert, Grâces-Guingamp et Saint-Gilles-Pligeaux (Ch. St-Laurent)]. Une autre variante existe à Lanmérin, sous la forme d'une licorne pourchassée par une meute de chiens. (La scène est représentée sur un entrait de la chapelle Saint-Jérôme).
Les artisans actifs autour de Kerlénat ont préféré la représentation moins classique de deux licornes affrontées, disposées de part et d'autre d'un homme en buste tenant leurs barbiches. Ce thème est illustré sur les charpentes de Locmalo, de Bieuzy, de Baud, de Guern (Ch. St-Jean), et il semble qu'il ait également inspiré les sculpteurs de Cléguérec, (Ch. de la Trinité), de Guengat et du Tréhou.
Deux exemples, qu'il faut rattacher aux nouveautés du répertoire renaissant, s'écarte des modèles habituels : à Confort-Berhet, l'animal sort d'une corne d'abondance, et à Pleyben, son corps est végétalisé.
La plupart des représentations sont donc relativement stéréotypées, et conformes aux sujets en circulation à partir de la fin du XVe siècle." S. Duhem page 169.
Je remarque que cette scène n'a rien de commun avec le thème (religieux ou mystique issu du Physiologus) de la Licorne de l'Annonciation, ni avec celui de la Chasse de la Licorne, tous deux en relation avec la croyance que la licorne, pour être chassée, devait être "appâtée" par une jeune fille vierge.
Voir l'Annonciation à la licorne ou Chasse mystique de Schongauer à Colmar (v.1480) et
Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Sens.
Au contraire, nous sommes ici dans le domaine profane et ornemental qui recherche dans les créatures chimériques, imaginaires ou exotiques des sujets distrayants propres à séduire l'imagination. Malgré notre avidité à trouver du sens à ces images, et malgré notre réticence à accepter que le sacré voisine avec les drôleries (ou les obscénités), nous sommes invités à accepter les changements de point de vue et à découvrir ceux de nos ancêtres : ce n'est pas la moindre des aventures auxquelles la visite d'une église bretonne nous convie.
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Homme tenant les cornes de deux licornes, sablière du bas-coté nord de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Quatrième sablière nord N4.
Vue générale.
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Quatrième sablière du bas-coté nord de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Sablière N4 : masques anthropoïdes et animaux ; homme mordu par deux oies.
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Détail de N4 : masque anthropoïde de profil dont le nez et l'oreille sont mordus par deux oies.
Un autre exemple de dégradés entre les bleus et les roses.
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Détail de N4 : masque anthropoïde de profil dont le nez et l'oreille sont mordus par deux oies, sablière du bas-coté nord de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Le bas-coté sud (de l'est vers l'ouest) : les trois sablières S3 à S1.
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La troisième sablière sud S3.
Vue générale.
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Vue générale rapprochée.
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La sablière S3 : Un cuir à enroulement portant la sainte Face ; un ange entre deux têtes animales ; un putto tenant un voile.
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Si il s'agit bien de la tête du Christ portant la couronne d'épines, c'est alors le seul motif religieux avec l'ange de N1 et celui qui suit.
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Sablière S3 du bas-coté sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Sablière S3 du bas-coté sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Deuxième sablière sculptée sud S2.
Vue générale (S2 à droite).
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Deuxième sablière sculptée S2 : masque anthropoïde de profil végétalisé et tenant des tiges florales ; masque à oreillettes (bandeau frontal noué en boucle sur les deux oreilles) ; feuillage et ?
Seule la moitié supérieure est conservée.
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Le blochet de la sablière S2. Pieuse femme, portant une fraise autour du cou, mains jointes.
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La chapelle latérale sud et la sablière S1 encadrée de deux blochets.
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La sablière S1 : un masque de profil tenant dans sa bouche des tiges végétales. Blochet : un ange tenant un phylactère muet. Un semeur et son van. Scène de labour. Blochet de droite : saint Augustin.
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Cette sablière fera l'objet de l'article suivant.
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Saint Augustin vêtu en évêque d'Hippone (crosse, mitre), un livre pendu à sa ceinture dans son sac, et présentant son cœur.
... comme à gauche du porche de l'église de Daoulas.
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LES STATUES ET RETABLES.
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Saint Jean-Baptiste. Bois polychrome.
tenant l'Agneau de Dieu. Bras droit perdu.
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Autel de la chapelle du bas-coté nord et retable de sainte Anne.
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Autel de la chapelle du bas-coté nord, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Sainte Pitère dans la niche à gauche de la toile peinte. Bois polychrome.
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Notez le voile blanc couvrant l'arrière de la tête avant de revenir derrière la nuque pour rassembler les nattes avant qu'elles ne se libèrent en rivières d'anglaises blondes sur les épaules.
Sainte Pitère est la patronne de l'église, et elle a aussi sa statue dans le chœur, sa statue de pierre au dessus du porche sud, ou sur le calvaire. Cette vierge espagnole du VIIIe siècle est représentée tenant une palme (de martyre) d'une main et un livre de l'autre.
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Sainte Pitère, autel de la chapelle du bas-coté nord, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Sainte Pitère, autel de la chapelle du bas-coté nord, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Sainte Pitère a aussi sa bannière, où, misère !, elle a perdu son livre de prière.
En velours ponceau et rinceaux brodés au fil d'or, lambrequins à redans, frange de cannetille, pompons de même, et avec l'inscription SANTEZ BIZER PEDIT EVIDOMP (*) et le monogramme SB.
(*) "Sainte Pitère priez pour nous".
https://www.argedour.bzh/sainte-pitere-santez-bizher-5220917/
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Saint diacre en chasuble dans la niche à droite de la toile peinte. Bois polychrome.
Ce diacre est peut-être saint Laurent, mais aussi saint Yben.
Le manipule passé au dessus du poignet gauche est un indice précieux du diaconat.
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Saint diacre, autel de la chapelle du bas-coté nord, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Saint diacre, autel de la chapelle du bas-coté nord, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Saint évêque. Bois polychrome.
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Saint évêque. Bois polychrome.
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Sainte Marguerite. Bois polychrome.
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Pour bien comprendre ce qu'on voit, il faut savoir que Marguerite d'Antioche a été avalée par un dragon, toute habillée. Mais aussitôt dans le ventre infect de la bête, elle a procédé à une laparotomie et est sortie par l'incision, faite au moyen d'un petit crucifix dont elle ne se séparait jamais (j'ai toujours pensé que c'était celui de son chapelet). On voit donc l'extrémité de la robe rouge, qui pend de la gueule du monstre, et que j'ai longtemps confondu avec la langue (rouge également, mais fumante) de l'animal. Mais lorsque Marguerite va cesser sa prière à genoux, et qu'elle va vaquer à ses saintes occupations, elle va tirer sur l'étoffe, qui va vous ramoner l'estomac du méchant et trop gourmand reptiloïde. Voilà qui lui servira de leçon.
Comment briller en société ? En rappelant qu'on ne dit pas que sainte Marguerite est figurée ici "sortant du dragon", (et encore moins "se hissant hors " du dragon), mais "issant du dragon". Car elle se réserve le privilège de l'emploi du participe présent d'issir, ne le partageant qu'avec quelques féru en héraldique.
Le vieux verbe issir, "sortir" était déjà hors d'usage à l'infinitif en 1680, lorsque Pierre Richelet indiquait qu'il n'est usé qu'à son prétérit "je suis issu".
Notez aussi le serre-tête orné d'une pièce frontale, accessoire souvent porté aussi par saint Michel.
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On trouvera de nombreuses statues semblables, mais j'ai en mémoire celle du jubé de La Roche-Maurice. Sainte Marguerite appartient avec sainte Catherine et sainte Barbe aux grandes saintes auxiliatrices présentes dans tous les livres d'Heures : son intercession est demandée devant les dangers de la grossesse et de l'accouchement.
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Sainte Marguerite issant du dragon, bas-coté nord, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Sainte Marguerite issant du dragon, bas-coté nord, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Sainte Marguerite, bas-coté nord, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Saint Sébastien. Bois polychrome.
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Vue générale.
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Saint Sébastien, pilier gauche de la nef, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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L'éphèbe vêtu d'un short doré est lié à un arbre, main droite derrière le dos, bras gauche levé, selon une tradition tenace. Il est parfaitement indifférent aux flèches que lui décochent les archers dont il est l'officier, et dont une plaie est bien visible sur la face externe de la cuisse droite.
C'est l'un des saints auxiliateurs, dont l''aide est demandée face aux épidémies (qui pleuvent sur les humains comme des flèches).
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Saint Sébastien, pilier gauche de la nef, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Saint Adrien . Bois polychrome.
Couffon suggère saint Mélard. Mais c'est bien saint Adrien de Nicomédie qui est représenté ici en officier, — ou plutôt en homme d'armes du XVIe siècle — avec son casque aux bords relevés, sa cape à fermail, son armure, son épée, une enclume et un marteau.
Pourquoi une enclume ? Pourquoi un marteau ? Est-ce là le grand saint Éloi ? Non pas, mais parce qu'il subit, nous explique Benoît Ruteau en 1637, l'affreux tourment du Crucifrage. "
"Le crurifrage était un supplice, auquel on rompait les jambes du coupable sur une enclume avec des leviers de fer, ou de bois."
Eh voilà, un mot nouveau en plus ! Mais pourquoi le crucifragea-t-on ?
Adrien était un noble, officier romain dans l'armée de l'empereur Maximian Galère qui faisait appliquer avec zèle les édits de persécution des chrétiens décrétés par Dioclétien. Vers 306, alors qu'Adrianus avait vingt-huit ans, et devant le courage de trente-trois chrétiens de Nicomédie que Galère avait ordonné de supplicier, il se convertit avec son épouse Nathalie .
Apprenant cette conversion, l'empereur fit emprisonner Adrianus avec les autres chrétiens puis, quelque temps après, le fit comparaître devant lui en présence de ses compagnons pour le faire bastonner ; les coups furent si violents qu'à la fin les entrailles d'Adrianus sortaient de son corps. C'est ainsi qu'il est représenté, entrailles béantes, à la chapelle Saint-Adrien de Plougastel. Puis Adrianus et ses compagnons furent de nouveau jetés en prison.
L'empereur Galère ordonna qu'on tranche les pieds puis les jambes des prisonniers puis qu'on fasse brûler leur corps. Adrianus fut le premier supplicié et on lui coupa également une main, en présence de Nathalie son épouse.
L'empereur ordonna qu'Adrien et ses compagnons seraient rompus vifs à coups de massues de fer sur une enclume ...Sainte Natalie obtint que l'exécution commence par son mari. Saint Adien étendit avec gaieté ses jambes sur l'enclume, et souffrit constamment que le bourreau les brisât à coups de massue, et en coupât les pieds, que la généreuse Natalie eut la fermeté de tenir sur l'enclume.Ensuite à la prière de son épouse pour achever son sacrifice, il étendit pareillement son bras droit pour être brisé et coupé par le bourreau. Abrégé de la vie, martyre, translations,&miracles du glorieux martyr Saint Adrien, Louvain 1722
Une partie de ses reliques furent transportées au monastère de Grammont en Flandre, dont le lion est l'emblème.
On comparera cette statue avec le dessin de Hans Holbein le Jeune (1497-1543) :
https://www.photo.rmn.fr/archive/91-004949-2C6NU0H5HXY2.html
Il est particulièrement intéressant de savoir qu'Adrien est l'un des cinq saints invoqués contre la peste, tout comme saint Sébastien, et saint Roch. Car, au Tréhou, les trois statues de ces saints sont placées en encadrement à l'entrée du chœur, complétées par celle de sainte Pitère.
La peste (ou les épidémies de pestilence qu'on désigne sous ce terme) est attestée en Bretagne au XVIe siècle à Nantes en 1501, 1522, 1523, 1529, 1530, 1567, 1568, 1569, 1570 et 1576, à Rennes en 1560, à Quimper en 1533, 1564, 1565, 1586, 1594 et 1595, à Plougastel-Daoulas en 1598.
Le développement des enclos paroissiaux, le choix de leur décors ou de leurs saints ne s'explique pas seulement par la grande prospérité économique liée au commerce du lin et du chanvre, et par les voies d'échanges maritimes avec l'Espagne et le Languedoc et avec l'Europe du Nord (Flandre), mais aussi avec le climat de peurs liées aux disettes, aux épidémies et aux guerres, au XVe siècle comme le souligne Jean-Pierre Le Guay mais aussi au XVIe siècle.
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Saint Adrien est honoré à Spézet (fontaine Saint-Adrien ou Sant-Rien) , à la chapelle Saint-Adrien de Plougastel, à celle de Scaër , à la chapelle Saint-Maudé de Guiscriff (Morbihan)
La chapelle Saint-Adrien à Saint-Barthélémy (56), accompagnée de sa fontaine, contient une statue d'Adrien et de son lion. J'emprunte la photo au site https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/chapelle-saint-adrien-a-saint-barthelemy
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J' avais pris à la chapelle Saint-Adrien de Saint-Barthélémy la photo suivante :
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Après-coup...
Je découvre l'article de l'abbé Yves-Pascal Castel qui complète ma description, mais méconnaît le motif de l'entérophorie.
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Saint en armure, coté gauche du chœur, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Saint Éloi, coté gauche du chœur, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Saint Éloi, coté gauche du chœur, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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La chapelle nord formant faux transept.
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Vierge ou sainte femme, bois polychrome, chapelle latérale nord.
Vierge, chapelle à gauche du chœur, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Vierge, chapelle à gauche du chœur, église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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J'ai omis de photographier deux belles statues, de sainte Pitère et de saint Michel terrassant le dragon.
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Saint apôtre ou évangéliste (comparable aux blochets de la nef avec son livre, son attribut brisé en forme de bâton ... ou de clef ?)
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Saint André et sa croix en X.
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Saint Roch et son fidèle Roquet.
C'est le troisième saint qui protège des épidémies de peste, puisqu'il a été victime lui-même de la peste noire ou bubonique. Et c'est bien le bubon de sa cuisse droite qu'il nous montre en soulevant sa tunique. Il est vêtu comme il se doit en pèlerin (il s'était rendu de Montpellier à Rome) avec la pèlerine, le chapeau, la besace à la ceinture, et le bâton ou bourdon, qui a été brisé. S'étant retiré dans les montagnes par mesure d'isolement, il a été miraculeusement nourri par Roquet, le chien d'un seigneur local, qui lui apportait un pain rond chaque jour.
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Saint Roch, dernier pilier droit de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Saint Roch, dernier pilier droit de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Le Christ aux liens. Pierre polychrome, 1547.
La Notice de la base Palissy indique une taille de 112 cm. La statue est classée au 20/05/2010.
On fera le parallèle entre ce Christ aux poignets liés, les reins ceints d'un pagne, la tête couronnée d'épines, le corps sanguinolent des blessures du fouet clouté, et le saint Sébastien vu précédemment. Avec, en filigrane, l'idée que cette représentation du corps divin souffrant n'est pas étrangère à la recherche d'une protection contre les épidémies et les blessures.
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Christ aux liens (1547), bas-coté sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Sainte femme tenant un livre ouvert. Kersanton.
Sainte ? Anne ? Vierge ? La femme porte un collier, est voilée et enveloppée dans un manteau.
Sainte, kersanton, bas-coté sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
Retable de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Retable de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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La sablière S1 et ses deux blochets.
On y trouve successivement un masque de profil libérant des tiges florales par sa bouche, le blochet d'un ange présentant un phylactère, un paysan lors des semailles, un panier en main et puisant dans un sac de graines, puis la scène de labours, et enfin le saint évêque du blochet d'angle .
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Je consacre l'article suivant à cette scène du labour et à ses difficultés d'interprétation.
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Sablière S1, coté ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Sablière S1, coté ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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Le blochet d'angle de la chapelle latérale sud : saint Augustin.
Objectivement, c'est un saint évêque (crosse, mitre, sac dans un étui pendu à la ceinture) qui tient un cœur sur la poitrine. C'est ce cœur qui permet l'identification, car c'est l'attribut de saint Augustin, évêque d'Hippone. Voyez sa statue du contrefort gauche du porche du cimetière de l'ancienne abbatiale de Daoulas, tenant un cœur enflammé.
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Saint Augustin, blochet d'angle de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou. Photographie lavieb-aile août 2017.
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SOURCES ET LIENS.
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— APEVE
Sablières et statues : http://www.apeve.net/spip/spip.php?article141
Statues de sainte Pitère : http://www.apeve.net/spip/spip.php?article142
http://www.apeve.net/spip/spip.php?article130
http://www.apeve.net/spip/spip.php?article133
Christ aux liens : http://www.apeve.net/spip/spip.php?article143
— BASE PALISY :
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Le%20Tr%e9hou&DOM=Tous&REL_SPECIFIC=3
— BEAULIEU (François de), Les enclos paroissiaux de Bretagne, article du 11 janvier 1997 du Courrier du Léon.
https://static.fnac-static.com/multimedia/editorial/pdf/9782737369353.pdf
— CASTEL (Yves-Pascal), 1997, Le Tréhou. Saint Adrien. Identification d'une statue.
“1281 Le Tréhou, identification d'une statue... 11.01.97.,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 15 septembre 2017, https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/2797.
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/18875f74c37fb063526f777bfb3fbb3e.jpg
— COUFFON (René), 1988
https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/56a53f3ee05cfb4060f6a6fa70341225.pdf
“Couffon, Répertoire des églises : paroisse de LE TREHOU,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 15 septembre 2017, https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/909.
— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes, 1997 - 385 pages, pages 169, 220, 231 à 236, etc.
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